Voici un texte concernant la Franc maçonnerie portugaise. On me l`a
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Voici un texte concernant la Franc maçonnerie portugaise. On me l`a
1 Voici un texte concernant la Franc maçonnerie portugaise. On me l'a donné lors de la visite du Musée maçonnique de Lisbonne avant une tenue à laquelle nous avons assisté en mai 2012 avec des Frères de notre Obédience. On peut la retrouver sur internet, dans le Blog de Jose-Manuel-Marques. Ce voyage avait été organisé par quatre ateliers de notre Obédience « Sur les pas des Templiers », (dont l'influence a été importante lors de la création de l'état portugais). Le titre « Grand Orient Lusitanien » ne signifie aucunement un rapport privilégié avec d'autre GO. Le mot « Lusitanie » vient du nom d'une province romaine qui comprenait une partie de l'actuel Portugal entre le Douro et le Tage, et une partie du León et de l'Estrémadure espagnols. Ses habitants étaient appelés les Lusitaniens. L'étymologie la plus communément admise du mot « lusitanien » est celte. Il s'agit de la composition des morphèmes « lus » et « tanus » qui signifieraient « tribu des Lusus ». Avant sa romanisation, la région était habitée par les Celtibères (mélange d'Ibères, les habitants primitis de la péninsule ibérique, et de Celtes, venus des Alpes). Les Lusitaniens étaient un peuple guerrier qui vivait sous forme de tribus autonomes en haut de collines (castros), qui pouvaient s'unir en cas de guerre contre des ennemis communs. Ainsi, l'arrivée des Romains sur la Péninsule Ibérique entraîna une longue guerre au cours du II siècle av. J.C, qui ne prit fin qu'avec l'assassinat de Viriate (Viriato), le vaillant chef lusitanien, par des traîtres, ses propres lieutenants. Après une intégration difficile de la Lusitanie à l'Empire romain, avec pour capitale Mérida, plusieurs siècles de pax romana s'écoulèrent, avec une romanisation plus ou moins forte selon les zones, les zones côtières, ou frontalières étant plus riches que les autres (les vestiges archéologiques y sont plus abondants, les villas plus nombreuses). La Lusitanie se caractérisait alors par une forte activité économique et une certaine richesse qui provenait de l'exploitation minière du cuivre (mines de Río Tinto en Espagne et d'Aljustrel au Portugal), et de la production et de l'exportation des conserves de poisson (il y avait, le long des fleuves Sado et Tage et de la côte de l'Algarve, des bassins dans lesquels les Lusitaniens faisaient sécher les poissons et les mollusques). La Lusitanie occupait alors la première place de cette industrie exportatrice dans tout l'empire romain et elle alimentait toute la partie occidentale 1 du bassin méditerranéen. Le drapeau portugais nous avait intrigués car les implications symboliques y sont nombreuses. Le drapeau portugais est l'aboutissement et la synthèse de l'histoire d'un pays. Depuis la création de la Nation lusitanienne, il n'a cessé d'évoluer et s'est bardé, à travers les différentes époques, des couleurs et des symboles les plus représentatifs du moment. Avant d'arriver au résultat actuel, chaque élément (couleur, symbole, proportion, 1 Source : http://lusitanie.free.fr/?p=271 2 nombre) a été pensé, pesé, discuté, adopté, a une signification, une symbolique, une histoire, notre Histoire. Le drapeau National portugais a été approuvé sous sa forme actuelle par un décret de l'Assemblée Nationale datant du 19 juin 1911, suite à l'instauration du régime républicain, se substituant ainsi à celui de la Monarchie Constitutionnelle. Le drapeau portugais est divisé en deux couleurs fondamentales, le vert foncé (2/5) et l'écarlate (3/5). La largeur horizontale doit mesurer 1,5 fois la hauteur. Le motif central est un blason blanc superposé à une sphère armillaire jaune sur fond noir. La sphère armillaire, déjà adoptée comme emblème personnel par D. Manuel I, s'inscrit dans la problématique nationale et consacre l'épopée maritime portugaise (...) fait culminant, essentiel de notre vie collective. Ainsi, le motif central du drapeau est un écusson blanc qui contient cinq écussons bleus, as quinas, portant chacun cinq points blancs. Pour les uns, ceux-ci représentent les cinq blessures reçues par D. Afonso Henriques (1143-1185), premier roi du Portugal, lors de la Bataille de Ourique. Pour les autres, il s'agit des cinq plaies du Christ. Cet écusson blanc est cerné d'une bordure rouge où sont dessinées sept places fortes. Celles qui ont été reconquises sur les Maures par Afonso III (1248-1279) et qui ont permis de fixer les limites définitives du Portugal. On définit ces symboles comme étant les plus représentatifs de l'intégrité et de l'indépendance nationale et constituant un véritable miracle humain de la bravoure, ténacité, diplomatie et audace qui sont à l'origine de la création et de l'affirmation sociale et politique de la nationalité lusitanienne. « Le Portugal est le seul Etat à oser dessiner au centre de son drapeau la « sphère armillaire », représentation de l'univers, et le seul pays chrétien qui a l'audace d'arborer sur son blason le symbole des cinq plaies du Christ. Les Portugais avaient le sentiment d'être le peuple élu par Dieu pour répandre l'Evangile et la civilisation chrétienne dans le monde entier. De là, cet esprit de croisade qui les prédisposait à combattre les infidèles et les païens. De là le « sébastianisme », c'est-à -dire la conviction que, dans les moments de crise, Dieu leur enverrait un sauveur providentiel. De là enfin, la vocation impériale : à partir des découvertes, les Portugais confondirent en effet leur destin avec celui d'un empire. Sans lui, ils ne seraient plus eux-mêmes. Sans lui, le Portugal ne serait plus qu'un canton de l'Espagne qui l'annexerait inexorablement. » (Jean-François Labourdette, Clio, Janvier 2001). La Franc- maçonnerie au Portugal La franc-maçonnerie a été introduite au Portugal en 1727, à l'initiative de commerçants britanniques installés à Lisbonne. En 1733 est fondé un deuxième atelier dont les frères sont pour la plupart des Irlandais catholiques. En 1738, conformément à la bulle de condamnation de Clément XII, la loge est dissoute. Puis un troisième atelier est également fondé à Lisbonne, en 1741, par John Coustos, un lapidaire de diamants que l'on dénonce à l'inquisition en 1742, Plusieurs des membres de cette loge sont jetés en prison, torturés et condamnés. La franc-maçonnerie est réorganisée entre 1760 et 1770 grâce à la tolérance du marquis de Pombal. On installe des loges à Lisbonne, Coïmbra, Valence, Elvas ou Olivença, Funchal et peut-être, par la suite, au Cap Vert (sur l'île de Santiago), aux Açores à San Miguel et à Porto. Après la chute de Pombal (1777), les persécutions 3 reprennent. L'inquisition et la police démantèlent pour la deuxième fois la francmaçonnerie. Cependant, quelques loges recommencent à fonctionner à Coïmbra, à Lisbonne et à Porto à partir de 1793. L'Ordre renaît grâce au débarquement à Lisbonne en 1797 d'un corps d'expédition anglais. En 1798, on dénombre trois loges militaires à Lisbonne et une quatrième acceptant des civils : toutes sont affiliées à la Grande Loge de Londres. Au début du XIXe siècle, le besoin d'organiser l'Ordre se fait sentir et Hipàlito José da Costa se déplace à Londres en 1802 où il obtient la reconnaissance du Grand Orient Lusitanien. Le juge Sebastiâo José de Sao Paio est élu Grand Maître. Huit loges travaillent alors à Lisbonne, ainsi que plusieurs autres le font à Tomar, à Porto, à Coïmbra, à Setubal, à Funchal et au Brésil. En 1809-1810 a lieu une nouvelle grande vague de persécutions, la troisième qui démantèle la franc-maçonnerie. On n'assiste à la renaissance de l'Ordre qu'une fois les invasions napoléoniennes terminées puis, en 1817, c'est une quatrième vague de persécutions qui mène le Grand Maître Gomes Freire de Andrade et plusieurs de ses compagnons à la potence. A l'avant-garde de tous les mouvements progressistes, la franc-maçonnerie veut abolir l'absolutisme. C'est d'une de ses organisations, le Sinédno (Sanhédrin) que jaillit la révolution libérale triomphante de 1820. Néanmoins, pour la cinquième fois, avec le retour de l'absolutisme en 1823, les francsmaçons sont persécutés, incarcérés et exécutés. De 1826 à 1828, on assiste à une brève renaissance de l'Ordre, qui ne résiste cependant pas à de nouvelles violentes persécutions miguélistes. Presque tous les francs-maçons se rallient à D. Pedro IV qui était francmaçon et Grand Maître de la franc-maçonnerie brésilienne. Le triomphe définitif du libéralisme en 1834 amène les francs-maçons au pouvoir. La franc-maçonnerie portugaise est alors dominée par le Grand Orient Lusitanien, également appelé Grand Orient du Portugal entre 1849 et 1859, et par ses Grands Maîtres élus régulièrement depuis 1802. Elle connaît alors plusieurs scissions et se partage de 1849 à 1867 entre cinq à huit obédiences différentes. En 1841, un Suprême Conseil portugais des Grands Inspecteurs Généraux du 33° s'est également mis en place et a autonomisé au Portugal le Rite Écossais Ancien et Accepté* (introduit en 1837). La rencontre entre les fonctions de Grand Maître et de Souverain Grand Commandeur devient institutionnelle en 1869, et la francmaçonnerie portugaise, alors unie, prend le nom de Grand Orient Lusitanien Uni, Suprême Conseil de la franc—maçonnerie portugaise. La période allant de 1834 à 1926 correspond à l'apogée de l'implantation de la franc—maçonnerie au Portugal. Son activité est notable dans tous les domaines de la vie de la nation. C'est à elle que l'on doit les grandes victoires des idées progressistes à cette époque: les abolitions de la peine de mort et de l'esclavage, la création d'écoles primaires et secondaires techniques, la généralisation de l'instruction dans les colonies, la 4 création d'orphelinats, la lutte contre le cléricalisme et l'amorce de la laïcisation des écoles, la fondation d'associations en mesure d'organiser l'instruction et l'assistance selon de nouveaux modèles, la campagne en faveur de l' inscription obligatoire sur les registres d'état civil... On lui doit également la création du jury. En 1869 1870, les francs—maçons sont près de 500 frères, répartis en 36 ateliers et le chiffre atteint, en 1913 avec 4 341 frères répartis en 198 loges et « triangles », son apogée. En 1864, la première loge d'adoption se met en place. La révolution espagnole de 1868 et le caractère irrégulier de la pratique maçonnique qu'elle entraîne amènent des dizaines de loges de toute l'Espagne et de ses colonies à intégrer la franc—maçonne rie portugaise sous l'autorité du Grand Orient Lusitanien Uni. Des loges roumaines et bulgares font de même. Au début du XXe siècle, la maçonnerie portugaise peut appuyer la constitution de la carbonaria et déclencher de façon décisive la révolution républicaine de 1910. La politisation dont la franc—maçonnerie est l'objet a pour conséquence de provoquer une multiplication des initiations. Au Parlement, la moitié ou plus de la moitié des représentants du peuple appartiennent à l'Ordre, ainsi que trois présidents de la République. Dans les gouvernements, jusqu'en 1926, de nombreux ministres sont francs—maçons. On doit aussi à la maçonnerie quelques—unes des mesures progressistes adoptées par le régime républicain : l'obligation de s'inscrire sur les registres d'état civil, les lois autorisant le divorce et décidant la séparation de l'Église et de l'état. Néanmoins, le rapprochement entre la francmaçonnerie et le Parti républicain est à l'origine de dissensions au sein de ce parti puis en 1914 à l'instar de celui—ci, la franc—maçonnerie se divise à son tour. Une nouvelle obédience est constituée : elle est appelée de façon profane Cercle lusoécossais et plus d'un tiers des francs—maçons portugais y adhèrent. A la fin de l'année 1925, les deux obédiences trouvent cependant un terrain d'entente et se réunissent en mars 1926. 11 est toutefois un peu tard pour pouvoir contrecarrer les forces de droite car, deux mois plus tard, survient le mouvement militaire du 28 mai. La dictature est instaurée. Bien que la franc—maçonnerie ait joui d'une totale liberté d'action jusqu'en 1929, les attaques s'abattent sur elle les unes après les autres. En 1929, le Grand Orient Lusitanien subit l'assaut de la Garde nationale républicaine et de la police, assistées par de nombreux civils Ce fait marque le début d'une nouvelle et grande persécution. Les années 1931 à 1935 sont en effet synonymes de discrimination. En 1935, un député du nouveau Parlement présente un projet de loi visant à interdire les « associations secrètes ». En mai, la franc—maçonnerie est légalement interdite. En 1937, une section de l'organisation fasciste Legiào Portugesa (Légion portugaise) est inaugurée au Palais maçonnique qui est confisqué par l'état. Néanmoins, le Grand Orient Lusitanien Uni résiste et devient clandestin. Le Grand Maître, Norton de Matos, démissionne, En 1937, c'est au Grand Maître par intérim, Luis Gonçalves Rebordao. qu'appartient la lourde tâche de porter le flambeau pendant 37 ans, jusqu'à la fin de la clandestinité. Il empêche ainsi que la franc— 5 maçonnerie portugaise trouve refuge dans le seul exil. Le nombre de loges tombe cependant à 13, puis à une demi—douzaine en 1973. La plupart des organismes paramaçonniques disparaissent ou perdent leur qualité maçonnique. Durant la Seconde Guerre mondiale, le Grand Orient Lusitanien Uni se trouve pratiquement isolé dans la lutte. Cependant, des négociations sont entamées avec les francsmaçonneries britannique et nord-américaine. En 1941, la constitution franc maçonnique de 1926 est sur le point d'être modifiée par l'ajout d'une déclaration de principes calquée sur les landmarks de la Grande Loge Unie d'Angleterre. Cependant, les obédiences anglo-saxonnes mettent en marge et ignorent complètement la maçonnerie portugaise en prétextant qu'elle n'était pas reconnue par le gouvernement de ce pays. Après que le Grand Orient Lusitanien Uni eut survécu à la révolution du 25 avril 1974 et fut revenu «à la lumière du jour »l'État lui restitue le Palais maçonnique et lui paie une indemnité. En 1984, une scission est menée par les franc-maçonneries anglo saxonnes dites « régulières »: elle conduit à la constitution de la Grande Loge du P.H.de O.M. Portugal (1985-1986). En 1990 est fondée une nouvelle Grande Loge Régulière du Portugal. La franc—maçonnerie « régulière» instaure également un second Suprême Conseil. De même on constitue une franc—maçonnerie féminine, dépendant à l'origine de la France, et autonome depuis 1997 sous le nom de Grande Loge Féminine du Portugal ainsi qu'une franc—maçonnerie du Droit Humain (1980) intégrée dans le mouvement international correspondant. Plusieurs loges « anglaises » dépendant directement de la Grande Loge Unie d'Angleterre se constituent également. J.J.A.D.et A Château d’Almourol