Lutter contre les discriminations raciales sur le marché du travail
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Lutter contre les discriminations raciales sur le marché du travail
GUIDE PRAT I Q U E SEPTEMBRE 2000 LUTTER CONTRE LES DISCRIMINATIONS RACIALES SUR LE MARCHE DU TRAVAIL CONTRATS DE VILLE DU XII PLAN EME LUTTER CONTRE LES DISCRIMINATIONS RACIALES SUR LE MARCHE DU TRAVAIL GUIDE PRATIQUE VOLUME 2 SEPTEMBRE 2000 DIV, DPM, DGEFP, FAS VOLUME 2 - 2000 - 1 SOMMAIRE 3. DES METHODES 3.1. 3.2. 3.3. La conduite d'un plan de lutte, logique de projet 4 Une stratégie autour d'un principe d'action et d'une mise en œuvre pragmatique 5 5 dossiers méthode pour guider les plans de lutte 5 Dossier méthode n° 1 : Diagnostic territorial des discriminations 7 3.1.1. Principes d'action pour un diagnostic local 7 3.1.2. Informations disponibles 9 3.1.3. Etudes complémentaires mobilisables 12 3.1.4. Démarche d'analyse qualitative 14 Dossier méthode n° 2 : Accompagnement vers l'emploi 17 3.2.1. Identification des enjeux et des acteurs à mobiliser 18 3.2.2. Élaboration d'une stratégie d'intervention 18 3.2.3. Création d'une offre spécifique en fonction des besoins repérés 19 Dossier méthode n° 3 : Mobilisation des intermédiaires du marché du travail 3.3.1. 3.4. 3.5. Connaissance des intermédiaires et de leurs pratiques d’accompagnement 23 3.3.2. Développement de la connaissance partagée 26 3.3.3. Amélioration les pratiques d’accompagnement 26 Dossier méthode n° 4 : Mobilisation des employeurs et de leurs partenaires 29 3.4.1. Contacts 29 3.4.2. Stratégies 33 3.4.3. Actions 35 Dossier méthode n° 5 : Mobilisation du territoire 3.5.1. 41 Démarche générale d'un plan de lutte contre les discriminations sur le territoire 41 Mobilisation des acteurs autour d’objectifs de lutte contre les discriminations 42 3.5.3. Plan de lutte contre les discrimination dans un contrat de ville 45 3.5.4. Plan de lutte contre les discriminations dans un contrat de ville en neuf questions 48 3.5.2. 2 22 LUTTER CONTRE LES DISCRIMINATIONS RACIALES SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL 4. SOURCES 4.1 4.2 Bibliographie 51 4.1.1. Lutte contre les discriminations : aspects généraux et politiques 51 4.1.2 Discriminations à l’emploi (études et articles) 52 Présentation des dispositifs et des structures de lutte contre les discriminations 55 4.2.1. 55 Articles et déclarations Fiche 14 La dimension européenne de la lutte contre les discriminations : l’article 13 du Traité d’Amsterdam. 55 Fiche 15 Déclaration de Grenelle sur les discriminations raciales dans le monde du travail. 58 4.2.2. 60 Dispositifs de lutte contre les discriminations Fiche 16 Numéro d’appel gratuit 114 sur les discriminations raciales. 60 Fiche 17 Accord-cadre du 17 février 1999 sur la mobilisation du service public de l’emploi contre les discriminations raciales. 61 Fiche 18 Description de la démarche du parrainage à l’emploi. 63 Fiche 19 Conventions nationales avec des têtes de réseaux associatifs en vue du parrainage. 66 4.2.3. 70 Structures publiques et associatives Fiche 20 Le GIP-GELD (Groupe d’études et de lutte contre les discriminations). 70 Fiche 21 Les CODAC (Commissions Départementales d’Accès à la Citoyenneté). 71 Fiche 22 Le FAS (Fonds d’Action Sociale). 72 Fiche 23 Le HCI (Haut Conseil à l’Intégration). 74 Fiche 24 La CNCDH (Commission nationale consultative des droits de l’Homme). 75 Fiche 25 SOS Racisme. 76 Fiche 26 MRAP . (Mouvement Contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples) 77 Fiche 27 Ligue des Droits de l’Homme. 78 Fiche 28 LICRA (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme). 79 Fiche 29 ADRI . (Agence pour le Développement des Relations Interculturelles) 80 Fiche 30 CREPI (Clubs Régionaux d’Entreprises Pépinières pour l’Insertion). 82 Fiche 31 FACE (Fondation Agir contre l’Exclusion). 84 VOLUME 2 - 2000 - 3 DES MÉTHODES La conduite d'un plan de lutte, logique de projet Au-delà des différentes expériences décrites, l’enjeu d’une démarche plus structurée de lutte contre les discriminations dans les contrats de ville est essentiel. Ce chapitre propose un cadre méthodologique pour que l’ensemble des partenaires de la politique de la ville puisse s’engager dans des démarches de diagnostic, d’action et d’évaluation. Envisagée comme un objectif opérationnel de la politique de la ville, la lutte contre les discriminations peut suivre la logique de conduite d’un projet. Elle sera régie par plusieurs principes essentiels 1. Trois niveaux sont à distinguer : la société elle-même, où émergent les problèmes discriminatoires et où se déploient les effets du plan de lutte; le dispositif d'action, où s'organise la politique de lutte contre les discriminations, à travers le choix d'objectifs et de moyens, et la mesure des résultats; les méthodes d'intervention, où se met en œuvre le plan de lutte. Agir avec pertinence, c'est analyser, en amont et en aval de l'action, la réalité et l'évolution concrète des phénomènes discriminatoires sur le territoire. C’est rendu possible par une démarche de diagnostic de la société et de mesure des effets de l'action. Agir avec cohérence, c'est définir des objectifs qui ont le lien le plus étroit possible avec les phénomènes que l'on veut influencer. Agir avec efficacité, c'est maîtriser l'enchaînement objectifs-méthode-résultats, afin de peser sur les différents leviers que l'on veut utiliser dans la société. Société PROBLÈMES DISCRIMINATOIRES À L'EMPLOI cohérence Dispositif d'action Méthode d'intervention efficacité OBJECTIFS DIAGNOSTIC TERRITORIAL EFFETS pertinence efficience MOYENS "effectivité" RÉSULTATS ACTIONS SUR LE SYSTEME D'EMPLOI - Accompagnement vers l'emploi - Mobilisation des intermédiaires - Mobilisation des entreprises MOBILISATION DU TERRITOIRE (Plan, négociation, pilotage, évaluation) 1 Inspiré de J. Planque, université Laval, Québec, "Principes d'une évaluation socialement utile". 4 LUTTER CONTRE LES DISCRIMINATIONS RACIALES SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL Une stratégie autour d'un principe d'action et d'une mise en œuvre pragmatique La mobilisation autour de la lutte contre les discriminations raciales dans l'emploi doit s'envisager d'abord autour d'un principe d'action. Cela engage nécessairement certains acteurs. Pour tous, mais au premier titre pour les acteurs publics de l'État, la discrimination raciale doit être toujours considérée comme un délit. Et non comme un simple sujet de préoccupation. Il est essentiel de réaffirmer ce principe aux niveaux de décision les plus forts, sur le plan national comme sur le plan local. Cela passe par des actes symboliques : chartes, déclarations, événements-rencontres, notes de service… À ce prix s'engageront d'autres acteurs politiques à fort effet de levier : élus des collectivités, syndicats d’employeurs et de salariés, corps intermédiaires représentant le monde économique (chambres consulaires, branches, réseaux économiques…). Ces actes sont également des appuis importants pour aider l'ensemble des professionnels du service public de l'emploi et des structures associées (missions locales et PAIO, structures délégataires de service public de l'ANPE) dans leurs actions quotidiennes. Un plan de lutte efficace contre les discriminations raciales doit être mis en œuvre avec un grand pragmatisme. Les expériences décrites dans les fiches font le plus souvent appel à une combinatoire d'acteurs et d'actions très variables. Selon les discriminations et ce qui les a provoquées, selon la sensibilité du public et celle des acteurs du marché de l'emploi, les leviers à manœuvrer varient d'un territoire à un autre, d'une période à une autre. Tout en gardant en ligne de mire notre principe d'action, on s'appuiera sur les opportunités suivantes : • Choix des acteurs les plus mobilisables à court terme. • Mise en place de stratégies de contournement pour engager dans l'action des opérateurs économiques que le concept même de discriminations raciales pourrait bloquer. • Commencer par des actions modestes qui produisent vite des résultats tangibles. Il appartiendra aux pilotes politiques et techniques du contrat de ville de gérer de manière créative la tension entre principe d'action et conduite pragmatique du plan de lutte. Méthodes pour guider les plans de lutte Pour guider ces pilotes, nous envisagerons ainsi, dans un premier dossier méthode, la démarche de diagnostic territorial des discriminations (dossier méthode n° 1). Cela consiste à identifier les réalités des discriminations à l’emploi sur un territoire de la politique de la ville, et à savoir comment le partager et le rendre mobilisable. Dans un souci de pragmatisme, nous présenterons trois dossiers relatifs aux différentes actions possibles sur le système d’emploi local 1. Celui-ci est au cœur de la lutte contre les discriminations, même si nous avons rappelé l’importance d’autres : logement, accès aux loisirs et à la culture, citoyenneté et tranquillité publique… À la lumière des différentes expériences analysées sur le terrain (voir fiches d'expériences), nous décrirons les trois leviers principaux de ce système d’emploi, à travers ses trois familles d’acteurs. 1 On nomme “système d'emploi local” l'ensemble des articulations entre les acteurs de l'offre d'emploi (employeurs), les acteurs de la demande d'emploi (demandeurs) et leurs différents intermédiaires (ANPE, missions locales…). VOLUME 2 - 2000 - 5 L’accompagnement individuel vers l’emploi (dossier méthode n° 2) regroupe les formes de lutte contre les discriminations à l’emploi autour de la personne : parrainage, aide au recrutement ou à l’accès à la formation, aide à la création… La mobilisation des intermédiaires du marché de l’emploi (dossier méthode n° 3), acteurs publics de l’État et des collectivités, structures associatives, consulaires et privées. Ce sont des intermédiaires incontournables entre offre et demande d’emploi. Par le diagnostic partagé, par la formation, par l’engagement professionnel… ces acteurs peuvent jouer un rôle de levier dans la lutte contre les discriminations. La mobilisation des employeurs et de leurs partenaires (dossier méthode n° 4). En tant qu’acteurs économiques, ils détiennent une clé essentielle de la lutte contre les discriminations. Nous dégagerons les démarches concrètes à même de susciter l'implication des dirigeants, cadres, représentants patronaux et syndicaux. Notre dernier dossier méthodologique présentera le cadre envisageable de mobilisation du territoire (dossier méthode n° 5) : • Comment techniciens de la politique de la ville, services publics, acteurs associatifs et économiques peuvent-ils se retrouver dans une démarche de lutte contre les discriminations à l’emploi ? • Sur quels territoires et avec quels moyens un plan de lutte doit-il être mis en œuvre ? • Comment en assurer le pilotage et l’évaluation ? 6 LUTTER CONTRE LES DISCRIMINATIONS RACIALES SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL [ ] 3.1. Dossier méthode n° 1 Diagnostic territorial des discriminations Le plus souvent, la mise en œuvre d'un diagnostic des discriminations à l'emploi doit préluder à toute mobilisation territoriale. Une telle démarche paraît difficile à beau coup d'acteurs de la politique de la ville, tant la question peut sembler délicate sur le terrain. Comment traduire des faits discriminatoires sous forme de données tangibles? Comment associer les partenaires locaux à la collecte de ces données, sans stigmatiser tel acteur, ni même le mettre sur la sellette ? Compte tenu des obstacles et aussi des leviers existants, des principes d'action (§ 3.1.1) peuvent gouverner la formulation d’un diagnostic territorial des discriminations. Nous proposerons alors un inventaire des informations disponibles sur le terrain (§ 3.1.2) et des études complémentaires mobilisables (§ 3.1.3). Nous conclurons par des pistes d'études complémentaires susceptibles d’être lancées sur le territoire (§ 3.1.4). 3.1.1. Principes d'action pour un diagnostic local • Des informations statistiques sont disponibles localement. On affirme souvent que “les critères statistiques français, celui de la nationalité en particulier, ne semblent pas suffisamment pertinents pour aboutir à une connaissance quantitative affinée du problème des discriminations en général et de celui des discriminations dans le monde du travail en particulier” 1. En effet, la discrimination peut toucher de nombreux signes distinctifs individuels, tels que la race, la couleur, la langue, la religion. Et, conformément aux principes du droit français 2, la plupart de ces critères ne sont pas dénombrés statistiquement. Analyser des phénomènes discriminatoires liés à l'origine des personnes est pourtant bien possible statistiquement. Les données du recensement accessibles pour l'ensemble des communes françaises recèlent des données précises sur la nationalité et le lieu de naissance de chaque individu, ainsi que sur la composition de l'ensemble des ménages. Des études plus ponctuelles sur l'emploi et la mobilité permettent de décrire les mouvements sociodémographiques selon l'origine des personnes. Toutes ces données sont accessibles localement. On en déduira les repérages de la problématique des discriminations. • Leur usage nécessite une certaine déontologie vis-à-vis du droit des personnes. Seuls les critères de description objective de la population sont utilisables statistiquement : le lieu de naissance, la nationalité, l'âge ou le sexe sont des critères objectifs, la race ou l'ethnie n'en sont pas. Il est ardu de mesurer l'ampleur des faits de discrimination raciale alors que le concept de race n'existe pas. Caractériser une partie de la population comme "d'origine immigrée" à partir de sa langue maternelle ou des consonances de ses patronymes ne présente aucune garantie scientifique. Une telle démarche expose à des risques de dérapage. Les termes “immigré” ou “étranger” sont à clarifier entre les partenaires avant d'engager toute analyse (voir encadré cidessous). 1 2 Rapport 1999 de la CNCDH p.112. Article2 de la Constitution: “Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits”. VOLUME 2 - 2000 - 7 Néanmoins, des études locales peuvent être établies à partir de monographies de situation, d'étude de faibles échantillons de population. Et les critères utilisés doivent faire l’objet d’un débat avec les partenaires, respecter l'anonymat des personnes et être rappelés dans leurs sources et leurs limites d'interprétation. Au prix de ces précautions, il est préférable de débattre de manière contradictoire d'indicateurs imparfaits, plutôt que de chercher seul à obtenir des données indiscutables. • Leur mobilisation doit se faire dans un souci d'ouverture vis-à-vis des acteurs locaux. "La discrimination est un racisme sans trace", dit SOS Racisme 1. La discrimination s’exprime le plus souvent par un non-choix (pas de rendez-vous, refus d’embauche…). Il est donc difficile de l’établir formellement et, partant, de la quantifier. La recherche d'indices de discrimination n'est pas aisée sur le plan juridique. Elle risque de désespérer les populations exposées en cas d'échec. En outre, une démarche trop inquisitrice risque de rigidifier les positions des employeurs ou de leurs représentants et de bloquer tout dialogue. Un diagnostic local des discriminations dans l'emploi doit s'envisager le plus souvent à travers une analyse large, de nature systémique. Les données collectées sont censées permettre d'identifier des faits et des interactions entre l'ensemble des acteurs. "Diagnostiqueurs" et "diagnostiqués", "victimes" et "coupables" doivent aller au-delà de leur premier regard sur les faits pour analyser leurs influences réciproques, dans le respect le plus partagé du droit. Enfin, différentes grilles d'analyse territoriale sont nécessaires pour raisonner sur le quartier comme sur le bassin d'emploi. • Le territoire d'analyse est à plusieurs échelles. Il n’y a pas d’adéquation entre les données relatives à un territoire d’habitat, le quartier, et celles du marché du travail, du bassin d'emploi. Dans les territoires fortement urbanisés concernés par la politique de la ville, les frontières des bassins d’emploi dépassent les critères administratifs de zonage des quartiers. Les identifier nécessite souvent de prendre en compte des périmètres d’analyse plus larges. Au contraire, les phénomènes discriminatoires peuvent être vécus de manière très aiguë dans tel quartier ou commune souffrant d'un a priori négatif dans l'opinion publique, et beaucoup moins criant à l'échelle de l'agglomération. Les acteurs mobilisables se situent eux-mêmes à divers niveaux de compétence géographique et territoriale. Un plan de lutte contre les discriminations raciales passe donc par une approche articulant territoires et thématiques : territoires du quartier, de la commune, de l'agglomération voire au-delà, croisés avec les problématiques des populations, d'une part, et celles de l'emploi, d'autre part. • Le diagnostic doit s’intégrer à la politique de prévention et de lutte contre le chômage de longue durée et les exclusions. En tant que sources d’exclusion du marché du travail, les discriminations à l’embauche doivent être prises en compte dans le diagnostic partagé et le plan d’action local du service public de l’emploi au niveau de la zone d’emploi. Le diagnostic partagé prend en compte trois éléments : le bilan des actions menées l’année précédente, l’analyse des besoins des publics, et l’analyse des potentiels d’emploi. Il aboutit à l’élaboration d’un plan d’action local qui intègre la contribution des politiques en faveur de l’emploi et de la formation professionnelle. Ce plan prend aussi en compte les politiques de prévention et de lutte contre les exclusions (circulaires DGEFP n° 99/24 du 26 mai 1999 et 99/37 du 30 novembre 1999). L’ensemble des données pertinentes relatives au marché du travail local (demande et offre) est intégré dans ce diagnostic. Lorsque les éléments relatifs aux discriminations raciales n’y figurent pas, certains éléments statistiques pourront être appliqués aux ressortissants étrangers hors UE. Ils apporteront alors des indications complémentaires (cf. 3.1.2). Ils 1 8 Contribution de SOS Racisme au rapport 1999 de la CNCDH (p.96). LUTTER CONTRE LES DISCRIMINATIONS RACIALES SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL devront être complétés par des analyses qualitatives tenant notamment aux représentations qui pourront être effectuées par enquête, sondage… (cf. 3.1.4). La démarche de diagnostic partagé et de plan d’action local des politiques de prévention et de lutte contre le chômage de longue durée, de lutte contre les exclusions et pour l’insertion dans l’emploi des personnes en difficulté a fait l’objet d’un guide méthodologique en 1999. Il est en cours de mise à jour. Disponible pour les membres du service public de l'emploi, il précise notamment l’articulation du plan d’action local et du contrat de ville. • La démarche doit être mobilisatrice. La production de premières informations de terrain peut permettre une sensibilisation des partenaires du contrat de ville. Mais il n’est pas évident de concilier la diffusion de diagnostics sur les discriminations, et le lancement d'analyses approfondies nécessitant des démarches partagées. On verra plus loin (§ 3.5) l’importance d’une analyse des acteurs et niveau territoriaux pertinents pour engager un plan de lutte contre les discriminations. La mesure de la réalité des discriminations à l’emploi sur un territoire ne suffit pas à emporter l’adhésion active des partenaires. La démarche de partage et de mise en débat du diagnostic est sans doute aussi importante que la qualité du recueil des données. Des instances de travail et de pilotage permettant l'implication des partenaires devront y contribuer. 3.1.2. Informations disponibles Dans une phase de réflexion préalable, un minimum de repères s’impose. Ils sont tout à fait à la portée des techniciens des contrats de ville. Les tableaux suivants en proposent une liste indicative. Chacune des données relevées mérite une analyse comparative selon les années, les territoires, les secteurs professionnels : du recensement de 1990 à celui de 1999, d'une commune ou d'un quartier à un autre, d'une branche professionnelle à une autre… Les données les plus significatives sont à rechercher le plus souvent dans les comparaisons et les tendances, dans les analyses d'écart, et à partir de la maille territoriale le plus fine possible. Les notions d'étranger et d'immigré dans l'appareil statistique, par CERC Association 1 "La notion d'étranger est définie en fonction d'un critère de nationalité et se fonde sur la situation juridique de la personne au regard du droit de la nationalité. Ainsi… un étranger peut acquérir la nationalité française au cours de sa vie. L'appareil statistique l'enregistre alors comme "français par acquisition" par opposition aux Français de naissance. L'immigration est, quant à elle, une notion de flux : on parle de "courants migratoires". Cependant, on peut définir une population vivant en France issue de l'immigration. Le Haut Conseil d'intégration a préconisé l'utilisation et, à terme, l'institutionnalisation de la catégorie statistique d'"immigré" fondée sur le double critère de la nationalité et du lieu de naissance : "Est immigrée toute personne née étrangère, dans un pays étranger, qui vit en France." Insatisfaits de la seule catégorie statistique d'immigré, certains démographes ont proposé et défini la catégorie de "personnes d'origine étrangère". Il s'agirait des personnes nées en France d'un parent ou d'un grand-parent ayant immigré en France. Cette catégorie ne repose sur aucun critère juridique. Elle recouvre surtout des personnes françaises que le système statistique enregistre comme des "Français de naissance"… " Extrait du dossier n°3 de CERC Association, “Immigration, emploi et chômage, un état des lieux empirique et théorique”, 1999, (page7). 1 VOLUME 2 - 2000 - 9 Dans les fiches des expériences, on trouvera cette expression générale de “personnes d'origine étrangère”, pour désigner de manière encore imprécise la population la plus souvent visée par les dispositifs de lutte contre les discriminations raciales. Le débat sur les mots et concepts est ainsi important à tenir entre les partenaires du plan de lutte contre les discriminations. Repères statistiques pour une réflexion préalable sur les discriminations à l’emploi Source et niveau le plus fin disponible 1. Données relatives à la population Répartition de la population par nationalités, lieux de Recensement 1999 (quartier) naissance et pays de naissance (France, UE, hors UE) Répartition par âges et par sexes (id.). Recensement 1999 (quartier) 2. Données relatives à l'éducation et à la formation Évaluation du niveau en CE2 et en 6e par établissements \Données annuelles Éducation Taux de passage en seconde par établissement \nationale % d'enfants ayant des parents étrangers par établissement \ % d'enfants étrangers par établissement \ Répartition de la population par niveaux de formation, par Recensement 1999 (quartier) nationalités, lieux et pays de naissance Part des jeunes étrangers accueillis dans la mission Rapport annuel d’activité ML/PAIO locale/PAIO et dans TRACE (base PARCOURS, zone d'intervention de la ML/PAIO) 3. Données relative à l'emploi Poids de la main-d’œuvre étrangère (UE et hors UE) dans Déclaration annuelle de l’emploi, par CSP, sexe, branche professionnelle main-d’œuvre DDTEFP. (commune) Taux de chômage par nationalité et par zone d’emploi. / Taux de chômage de longue durée (id.). / Demandeurs d'emploi fin de mois (DEFM) par ancienneté / de chômage, sexe, âge, nationalité (UE et hors UE) / Part des ressortissants hors UE dans les dispositifs de /Statistiques mensuelles DDTEFP formation et d'emploi : - SIFE, alternance, nouveaux services (emplois jeunes), CEC, CES… - Stages AFPA /(zone d'emploi et commune) / / Statistiques mensuelles AFPA (commune) 4. Autres données Quelques utiles des recensements 1990-1999 concernant l’immigration. Nombre d’actesvariables racistes déclarés sur le territoire. Statistiques annuelles ministère de Niveau individu Nombre d'accès au 114 et typologie des cas donnant l’Intérieur. (départemental) CODAC (départemental) lieu à signalement 10 LUTTER CONTRE LES DISCRIMINATIONS RACIALES SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL Noms de variable Intitulés Modalités NAT Indicateur de nationalité 11 : Français de naissance 12 : Français par acquisition 20 : étranger INAI Indicateur du lieu de naissance 1 : né en France métropolitaine 2 : né dans un DOM 3 : né dans un TOM 04 : né à l’étranger PNAI Pays de naissance détaillé (individus Code sur trois caractères nés hors de France) Source : Espace, Population, Société 1996-2, Suzanne Thaye “Les sources statistiques d’étude sur les immigrés en France”. Niveau ménage Noms de variable Intitulés Modalités NBIM Nombre d’immigrés dans le ménage. 0 à 9 (9 = 9 ou plus) PRIM Indicateur d’immigration de la personne de 1 : oui* référence du ménage. CPRIM Indicateur d’immigration du conjoint de la personne de référence du ménage. PNAICM Pays de naissance détaillé du conjoint de la 2 : non 1 : oui 2 : non Code sur 3 caractères personne de référence du ménage (individus nés hors de France). AGECM Âge détaillé du conjoint de la personne de référence du ménage. NATCM Nationalité détaillé du conjoint de la personne 00 à 99 Code sur 3 caractères de référence du ménage. Source : “Espace, Population, Société 1996-2”, Suz Thaye ("Les Sources statistiques d’étude sur les immigrés en France”). Les découpages territoriaux disponibles Il faut noter que la CNIL impose à l’INSEE de ne pas diffuser de fichier permettant d’identifier des zones infracommunales de moins de 5000 habitants 1. À partir des données de chaque recensement, la DIV et l'INSEE publient une “fiche profil” pour chaque quartier de la politique de la ville (ZUS, ZRU, ZFU). Elle compare les données de la zone considérée avec celles de la commune, de l'unité urbaine et de l'ensemble des quartiers de la politique de la ville. 1 Les fichiers de l’INSEE sont disponibles sous forme écrite ou informatique dans chaque direction régionale de l’INSEE. Les données détaillées du recensement 1999 devraient être disponibles d’ici à la fin de 2000. VOLUME 2 - 2000 - 11 La “fiche profil” DIV INSEE recense les données suivantes pour chaque quartier de la politique de la ville • Population et ménages : données relatives aux âges, à la composition des ménages, aux nationalités (français, dont français par acquisition, étrangers UE et hors UE) et à la répartition des ménages par nationalités. • Population active, emploi, chômage : données relatives au taux d'activité et lieux d'emploi, aux taux de chômage comparés entre Français et étrangers, et à la durée de chômage. • Logement : période de construction, statut d'occupation, confort, surpeuplement et mobilité résidentielle. • Familles et diplômes : ventilation des ménages et diplômes, par sondage au quart. • Activités économiques et composition socioprofessionnelle : répartition des actifs par secteurs d'activités, statuts d'emploi, CSP (par sondage au quart). • Nationalités détaillées : population et ménages selon nationalité française, étrangère UE, dont Italiens, Espagnols, Portugais, et hors UE, dont Algériens, Marocains, Tunisiens et Turcs (sondage au quart). 3.1.3. Études complémentaires mobilisables Dans une phase de sensibilisation des décideurs institutionnels du contrat de ville à la question des discriminations, au-delà des premières informations identifiées cidessus, des études statistiques existantes sur des échantillons nationaux peuvent être mobilisées. Elles ne permettent pas de produire des données locales, mais leur bonne représentativité nationale permet d’ouvrir le débat sur la réalité de certains phénomènes discriminatoires. Des enquêtes sur échantillon L’enquête sur l’emploi Enquête annuelle de l’INSEE sur l’emploi, portant sur un échantillon d’environ 150000 personnes. Comme le recensement, elle permet de connaître la nationalité et le pays de naissance des individus. Mais elle détaille annuellement de nombreuses données sur les professions, la durée du travail, l’activité des femmes et des jeunes, les emplois précaires, les salaires, le chômage. Elle permet de suivre les changements de situation professionnelle pour les immigrés (carrière, chômage…). Enquête disponible à l’INSEE, parution en mars de chaque année. L’enquête “Mobilité géographique et insertion sociale” (MGIS) Enquête réalisée en 1992 par l’INED avec l’appui de l’INSEE, portant sur 12000 immigrés de 20 à 59 ans vivant en ménage ordinaire, 400 immigrés logés en foyer et 2500 personnes de 20 à 29 ans nées en France d’une mère ou d’un père immigré espagnol, portugais ou algérien. Les données sont relatives à l’histoire migratoire, la nationalité, les parents, la fratrie, la vie matrimoniale, la fécondité et la contraception, les enfants, l’alphabétisation, la scolarité et la formation, la vie professionnelle, le logement, les revenus, les loisirs. Enquête disponible à l’INED. 12 LUTTER CONTRE LES DISCRIMINATIONS RACIALES SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL Dans une phase de mise en œuvre d’une analyse approfondie, toutes les possibilités sont ouvertes pour des études statistiques locales de tous ordres. Selon les problématiques que l'on tentera de décrire et d'analyser localement, plusieurs méthodes et combinaisons de méthodes pourront être envisagées, en suivant les principes généraux présentés en 3.1.1. On peut citer ainsi : • des études longitudinales, centrées sur l'analyse de parcours d'accès à la formation et à l'emploi de petits échantillons de population (voir fiche n° 3 : Montbéliard) ; • des études de perceptions et de pratiques, centrées sur telle ou telle famille d'acteur du marché de l'emploi, notamment dans leur approche des phénomènes discriminatoires (voir fiche n° 11 : PLIE Louviers, et dossier méthode n° 3) ; • des diagnostics locaux d'intégration, tels qu'ils sont lancés par le FAS sur certains territoires 1 ; ceux-ci tentent d'engager, avec les partenaires publics, une analyse globale de l'intégration des populations d'origine immigrée, et, selon les cas, de mettre en œuvre un diagnostic des problématiques de discrimination à l'éducation, au logement, à l'emploi… Ces analyses approfondies sont aujourd’hui encore trop rares. Elles doivent être largement encouragées. Les directions régionales de l’INSEE et les services des préfectures peuvent appuyer la formalisation de projets d’études locaux. Quelques études locales mises en œuvre 2 Étude sur l’accès à l’emploi de jeunes d’origine étrangère à Roubaix, Tourcoing et Marseille (publié dans “Migration étude” n° 38-39, 1993) Étude sur les pratiques discriminatoires diffuses du bassin d’emploi d’Alès, dans “Le Racisme au travail”, Philippe Bataille, Seuil, 1997. L’insertion professionnelle et l’accès à l’emploi des jeunes d’origine étrangère à Cergy-Pontoise, Anne-Marie Frerand (publié dans “Migration étude” n° 42, 1993). Jeunes issus de familles immigrées : accès à l’entreprise et processus de discrimination, Olivier Noël ("Notes et études” n° 2, ISCRA, 1999). Les représentations et stratégies des intermédiaires sur le bassin d'emploi de Nîmes, Olivier Noël ("Notes et études” n° 1, ISCRA, mars 1998) Les discriminations dans l'emploi et leurs impacts, l'exemple roubaisien, Ahmed Benyachi, Saïd Bouamama ("Voix de nanas”, mars 2000). Conditions d'accès à l'entreprise des jeunes étrangers ou d'origine étrangère. Nature des résistances. Bassin d'emploi de Seine-Saint-Denis. Mouna Viprey, Luc Deroche (IRES, mars 1998). Les discriminations raciales dans l'accès à l'emploi des jeunes en Alsace. Fabrice Dhume, Assina Idiri (Observatoire régional de l'intégration des jeunes en Alsace, novembre 1997). Diagnostic local d'intégration de Poitiers, FAS, ACT consultants, Claude Cohen et Sonia Fayman (juillet 1999). Diagnostic local d'intégration de l'agglomération lilloise, FAS, Cabinet Haas, décembre 1999 : analyse portant notamment sur les discriminations dans l’accès à l'éducation. Mais la plupart des premières études locales engagées depuis quelques années dans certains territoires passent rapidement de l’analyse statistique à l’analyse qualitative. Il est indispensable de collecter en amont toutes les informations quantitatives disponibles sur le terrain, en s'inspirant des indicateurs recensés ci-dessus. Mais, au-delà, la démarche de diagnostic local des discriminations nécessite de construire de nouvelles données, souvent plus qualitatives, pour engager une étude plus globale. Production des données et mobilisation des acteurs (voir dossier méthode n° 5) iront alors souvent de pair. Diagnostics réalisés à Poitiers, Lille, agglomération tarbaise, Port-de-Bouc, Angoulême, Val-de-Bièvre, Montereau, diagnostic lancé à Limoges. 2 Voir également bibliographie en §4.1. 1 VOLUME 2 - 2000 - 13 Les diagnostics locaux d'intégration appuyés par le FAS Ces diagnostics se structurent notamment autour d'un cahier des charges. Le diagnostic proposé pour l'agglomération de Limoges (été 2000) précise ainsi les objectifs et la démarche à adopter. 1. Le diagnostic local d'intégration prendra en compte les aspects suivants : Éléments de cadrage statistique sur la présence et les caractéristiques locales de l'immigration, son inscription dans le contexte historique, économique, social et culturel du site. 2. Évaluation du potentiel, des besoins recensés et des demandes des acteurs locaux de l'intégration sur le site, y compris celles que soutient le FAS. Quelles sont les compétences et connaissances construites en matière d'actions d'intégration? Quel en est l’impact? Quels seraient les ajustements à envisager ? 3. Identifier les freins et les blocages aux processus d'intégration au niveau local dans tous les domaines de la vie, et en priorité sur les questions d'accès à l'emploi et au logement à partir du constat des difficultés rencontrées par les différentes populations concernées. 4. Propositions et préconisations pour dégager des priorités opérationnelles d'intégration à inclure dans la programmation annuelle du contrat de ville dès 2000, en termes de résolution des faiblesses, de renforcement des atouts et de réorientation des trajectoires. Les propositions faites seront fondées sur le repérage de logiques d'acteurs dynamiques et sur les partenariats concrets envisageables, compte tenu du développement et de la culture du territoire (zones de convergence de ces logiques). Elles identifieront les leviers de transformation des logiques mentales et culturelles (des populations immigrées et de la société d'accueil, au niveau notamment des dispositifs de droit commun et du monde économique) et les stratégies d'évolution positive à concevoir sur la question de l'intégration dans la durée : actions de sensibilisation et de coordination, susceptibles de modifier les représentations et les comportements; détermination des opérateurs et des réseaux… 3.1.4. Démarche d'analyse qualitative Les données statistiques nous autorisent déjà à formuler plusieurs hypothèses sur la réalité des discriminations. À ce stade, les techniciens du contrat de ville peuvent proposer une première note problématique. Ce document relève les faits statistiques saillants : différences de taux de chômage entre quartiers, nationalité, origine, différences d’accès à la formation ou aux contrats aidés pour les jeunes d’origine immigrée… Certes, ces constats peuvent contribuer à faire reconnaître l’existence de discriminations sur un territoire. Mais ils ne sont pas forcément suffisants pour en comprendre les causes et en identifier les leviers de réductions possibles. Il faut pour cela avoir une vision plus systémique de la relation entre acteurs locaux et discriminations. Les discriminations découlent de facteurs multiples et interdépendants dans un système complexe : le territoire. 14 LUTTER CONTRE LES DISCRIMINATIONS RACIALES SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL Discours et politiques des acteurs publics Pratiques d'embauche et de management des entreprises Pratiques d'accompagnement des intermédiaires de l'emploi Discriminations +/Influence de l'opinion publique Histoires et dynamiques +/- portées par les populations locales Qualité du cadre de vie et des projets collectifs Une approche systémique de l'analyse des discriminations sur le territoire • Employeurs, intermédiaires de l’emploi et acteurs publics s’influencent mutuellement, dans leurs stratégies comme dans leurs subjectivités. • Les différents acteurs du tissu social du territoire sont portés par leur histoire, leurs dynamiques tout autant que leurs propres subjectivités. Ils sont confrontés à un cadre de vie et à des pratiques collectives qui peuvent réduire ou attiser les pratiques discriminatoires. • Baignés par les principes républicains d’égalité et de nation intégratrice, les uns et les autres expriment un rejet de principe à l’égard de la discrimination. Mais cet unanimisme apparent rend le débat difficile à engager. Il réduit d’autant les engagements concrets vis-à-vis de mesures de lutte 1. Une démarche de diagnostic territorial des discriminations doit ainsi tenter cette approche systémique. Le tableau ci-dessous résume les différentes démarches qui peuvent élargir le diagnostic. Ces analyses ne relèvent pas toutes des techniciens chargés des contrats de ville. 1 Voir les résultats du sondage Louis Harris, “Les attitudes des Français face au racisme”, publié par le CNCDH en mars2000. VOLUME 2 - 2000 - 15 Démarches de diagnostic global sur le territoire Acteurs et relation aux problématiques discriminatoires Démarches de diagnostics possibles Données essentielles Histoires et dynamiques des populations locales Analyse des flux migratoires sur le territoir e Analyse des dynamiques associatives et collectives Qualité du cadre de vie et des projets collectifs Analyse des parcours résidentiels Analyse des pratiques d’accueil des équipements de quartier Analyse des perceptions vis-à-vis de l’immigration Analyse des perceptions vis-à-vis du racisme Origines du peuplement du territoire Principaux groupes sociologiques Densité du tissu associatif issu des habitants Existence de coordinations interassociatives Pratiques des bailleurs sociaux Mixité des origines de population dans les écoles et centres sociaux Opinion sur le peuplement du territoire Degré de tolérance des populations entre elles Représentations sociologiques de l'immigration Évolution du vote extrémiste se réclament de thèses discriminatoires Capacité d'accompagnement renforcé et d'ouverture vers des partenaires compétents Capacité de prise de recul et d'influence vis-à-vis de pratiques discriminatoires des employeurs Niveau d'engagement des organisations patronales et syndicales sur la lutte contre les discriminations raciales Forme de mobilisation actuelle ou future possible sur le bassin d'emploi Influence de l’opinion publique. Pratiques d’accompagnement des intermédiaires de l’emploi Pratiques d’embauche et de management des entreprises Discours et politiques des acteurs publics 16 Analyse des pratiques d'accueil des populations d'origine immigrée Analyse des pratiques de médiation offre/ demande d'emploi Analyse des positions et initiatives des institutions sur le thème des discriminations Inventaire des initiatives individuelles et collectives des cadres et dirigeants en matière de lutte Analyse des stratégies politiques des différents leaders locaux Analyse des pratiques discriminatoires et anti-discriminatoires des institutions publiques LUTTER CONTRE LES DISCRIMINATIONS RACIALES SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL Discours sur l’immigration et évolution dans le temps Organisation de la relation avec les habitants Initiatives d’ouverture des quartiers et populations entre elles Pratiques d’accompagnement des populations nouvelles arrivantes Stratégies de mobilisation autour de la lutte contre les discriminations (CODAC, outils locaux…) [ 3.2. Dossier méthode n° 2 Accompagnement vers l'emploi ] Comment ajuster les pratiques d'accompagnement vers l'emploi pour prendre en compte les discriminations dont sont victimes les populations issues de l'immigration? Quelle stratégie et quels outils adopter pour aider ces personnes à surmonter les barrières discriminatoires et pour instaurer une réelle égalité des chances ? Après un repérage des enjeux prioritaires en termes de publics, il s'agit d'identifier les défaillances du processus d'accès à l'emploi. Objectif : définir les outils à mettre en œuvre pour soutenir l'insertion professionnelle de ces publics. La mise en cohérence de véritable parcours vers l'emploi nécessite en amont la définition d'une stratégie portée par l'ensemble des acteurs intervenant dans l'accompagnement vers l'emploi. Identification des enjeux et des acteurs : partage du diagnostic : Quels sont les publics discriminés ? Quels sont les processus à soutenir ? Et avec quels acteurs ? MOBILISER LES ACTEURS LOCAUX Définir un principe d'intervention : Une diversité de démarche à définir en fonction du diagnostic et à combiner avec un dispositif d'évaluation centré sur les populations issues de l'immigration. ELABORER UNE STRATEGIE d'intervention Formation Accès à la formation, initiale et professionnelle Définir et articuler les niveaux d'intervention : - Formation et emploi-formation : valoriser et consolider des compétences en amont de la recherche d'emploi. - Accompagnement : soutenir l'accès à l'emploi. - Création : appuyer l'accès au développement économique. - Prévention : accompagner les personnes en situation d'emploi. Emploi-formation Stages en entreprises, Contrats en alternance IDENTIFIER DES MÉTHODES ET DES OUTILS Accompagnement Parrainage, réseaux d'experts, clubs de jeunes diplômés Prévention Formation, débat, respect de la légalité au sein de l'entreprise Création Soutenir la création d'entreprise ▲ Accompagnement pour une insertion sociale et professionnelle réussie au sein de l'entreprise VOLUME 2 - 2000 - 17 3.2.1. Identification des enjeux et des acteurs à mobiliser Il s'agit de repérer les enjeux prioritaires à partir du diagnostic territorial des discriminations (cf. dossier méthode n° 1). On répondra aux trois questions suivantes. Cellesci portent sur les caractéristiques des publics discriminés, sur la nature des processus défaillants en matière d'accès à l'emploi et sur la qualité des acteurs à mobiliser. Des réunions spécifiques avec les acteurs locaux autoriseront un partage et un approfondissement du diagnostic dans un souci opérationnel. Ce diagnostic partagé favorisera la mobilisation des maillons de l'accompagnement à l'emploi (voir dossier n° 3). Et il confortera l'efficacité des outils mis en œuvre en renforçant leur légitimité et en favorisant leur articulation. Quels sont les publics victimes de pratiques discriminatoires ? Pratiques discriminatoires repérées Caractéristiques des publics discriminés Âge Sexe Niveau de qualification Origine Lieux de résidence Quels sont les processus d'accès à l'emploi défaillants ? Formation initiale et professionnelle Stage Contrats en alternance Missions d'intérim Recrutement par le secteur privé Recrutement par le secteur public dans l'entreprise Intégration, maintien et évolution Pratiques discriminatoires repérées Quels acteurs soutenir et mobiliser ? (Voir tableaux dossiers nos 3 et 4) Acteurs à mobiliser Enjeux Intérêt Apport Partenariat Outils à à développer mobiliser Institutionnels (État, collectivités…) Intermédiaires de l'éducation et de la formation (lycées, CFA, organismes de formation…) Intermédiaires de l'emploi (cf. dossier n° 3) Employeurs et salariés (entreprises, acteurs publics, consulaires, syndicats…) 3.2.2. Élaboration d'une stratégie d'intervention Comment cibler l'intervention afin de rétablir une réelle égalité des chances ? Plusieurs approches sont envisageables. La démarche peut ainsi être exclusivement orientée en direction des publics issus de l'immigration ou prendre en compte les difficultés spécifiques de ces publics à travers des actions globales. Cellesci peuvent être centrées sur les personnes en difficulté d'accès à l'emploi ou sur les 18 LUTTER CONTRE LES DISCRIMINATIONS RACIALES SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL territoires où vivent ces populations. Les différentes expériences présentées ici montrent que le choix de la démarche dépend du type d'outil employé et du diagnostic réalisé en amont. Ainsi, le comité de bassin d'emploi de Lille (fiche n° 4) a choisi de concentrer son intervention sur les populations issues de l'immigration. Le cabinet de consultants Management Ressources Humaines a également ciblé ce public pour répondre aux besoins des jeunes diplômés dont les difficultés étaient principalement liées à leur origine (fiche n° 5). À l’inverse, les actions de parrainage s'adressent à l'ensemble des jeunes en difficulté d'insertion professionnelle (fiche n° 1), tandis que les modalités de recrutement développées par Continent se sont appuyées sur un principe de préférence locale à l'embauche fondée sur la définition d'un territoire à privilégier (fiche n° 7). Cette dernière expérience montre, avec celle de Leroy-Merlin et de l'ANPE, l’efficacité d’une démarche transparente et négociée avec l'ensemble des acteurs locaux (cf. dossiers méthodologiques n° 3 et n° 5), mais également avec les populations bénéficiaires par l'intermédiaire de réunions d'information et d'échanges. Au-delà de la démarche retenue, la volonté affirmée de lutter contre les discriminations raciales à l'embauche doit se traduire par un dispositif de suivi et d'évaluation. On pourra ainsi s'assurer de l’impact de ces actions sur les populations issues de l'immigration. Identifier des niveaux prioritaires d'intervention À partir des enjeux identifiés lors de la première phase, il s'agit de repérer les niveaux d'intervention les plus pertinents en fonction des spécificités locales analysées. Les niveaux d'intervention diffèrent selon les caractéristiques des publics souffrant de discriminations et les défaillances repérées des processus d'accès à l'emploi : • Les priorités peuvent ainsi être orientées en amont de la recherche d'emploi sur la formation initiale (orientation) ou professionnelle afin de valoriser ou de renforcer les compétences des publics et pour lutter contre les discriminations intervenant à ce niveau. • Face aux inégalités de traitement à l'embauche ou à une certaine méconnaissance de l'entreprise par ces publics, on peut centrer l'action sur l'accompagnement individualisé à l'emploi et la mise en place de passerelles en direction du monde économique. • De même, une faible représentation des personnes d'origine étrangères parmi les créateurs d'entreprise peut justifier le développement d'outils spécifiques dans le cadre du système local de soutien à la création . • Enfin, le repérage de difficultés d'insertion au sein de l'entreprise ou de pratiques discriminatoires influant sur les carrières conduira au développement d'actions de prévention au sein de l'entreprise en partenariat avec d'autres acteurs. Ces actions sont développées dans le dossier n° 4. L'élaboration d'un plan local de lutte contre les discriminations permettra de renforcer les articulations et les synergies entre ces différents niveaux d'intervention (cf. dossier n° 5). 3.2.3. Adaptation de l’offre aux besoins repérés Principalement expérimentés dans le cadre général de l'accompagnement vers l'emploi, divers outils ont d'ores et déjà montré leur pertinence en matière de lutte contre les discriminations raciales à l'emploi. Ouverture d'offres de stages, parrainages, clubs de jeunes diplômés, réseaux d'experts… ces outils interviennent à différents stades des trajectoires d'insertion. Et ils mobilisent différents acteurs. Le tableau synoptique suivant en présente les caractéristiques. Celles-ci seront approfondies dans les fiches des expériences auxquelles il est fait mention. VOLUME 2 - 2000 - 19 Outils et ressources selon les niveaux d'intervention Outils/actions Constats Publics Caractéristiques Orientation et accès à la formation professionnelle (pas d'expérience identifiée) Faible présence des jeunes immigrés dans les formations qualifiantes Jeunes issus de l'Éducation nationale (après la 3 e et après le bac) Accompagnement renforcé vers la formation Accès à des stages en entreprise (fiche n° 6) Absence de réseau professionnel Discriminations dans l'accès aux stages Élèves de lycées professionnels et de la formation professionnelle Élèves de l'enseignement supérieur Négociation d'offres de stages au sein de grandes entreprises et de PME-PMI Formations en alternance (fiche n° 9) Faible accès des jeunes d'origine étrangère aux dispositifs de formation en alternance Jeunes issus de l'immigration Information en direction de jeunes, des familles et des entreprises Méconnaissance de l'entreprise, discriminations raciales à l'embauche Demandeurs âgés de 16 à 25 ans, prêt à l'emploi mais éloignés de l'entreprise Accompagnement de demandeurs d'emploi par des parrains bénévoles issus de l'entreprise, des retraités, des élus, des militants associatifs… FORMATION ACCOMPAGNEMENT Parrainage (Fiche n° 1) Mise en œuvre lors de la recherche d'emploi et pendant la période d'intégration Réseau expert (fiche n° 12) Démotivation vis-à-vis d'un projet professionnel absence de réseau professionnel Jeunes issus de l'immigration Jeunes diplômés issus des quartiers défavorisés Mobilisation d'un réseau d'experts travaillant dans le domaine d'activité recherché par les jeunes Club de jeunes diplômés/ (Fiches n° 5 et n° 12) Discriminations raciales à l'emploi,, autodéqualification Jeunes issus de l'immigration Jeunes diplômés issus des quartiers défavorisés Accompagnement individuel et collectif au sein de clubs de jeunes diplômés Des jeunes issus de l'immigration faiblement représentés parmi les emplois jeunes et les créateurs Jeunes issus de l'immigration Repérage des jeunes issus de l'immigration potentiellement porteur de projets, mise en place "d'agents d'émergence et de développement de micro-activités" CREATION Soutien à la création d'entreprise (Fiche n° 4) 20 LUTTER CONTRE LES DISCRIMINATIONS RACIALES SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL Points forts/leviers Points faibles/obstacles Acteurs CIO, intermédiaires de l'emploi, organismes de formation publics et privés, familles, jeunes Expérience qualifiante au sein de l'entreprise Changements des représentations des tuteurs et des jeunes ➩ Présence d'un médiateur entre secteur de la formation et secteur économique Faible disponibilité des tuteurs Accueil d'élèves en grande difficulté parfois complexe à organiser ➩ Améliorer la préparation des tuteurs à l'accueil de jeunes en grande difficulté Organismes de formation publics, et privés entreprises, réseaux d'entreprises ➩ Des actions concrètes centrées sur l'alternance insérées dans un plan global de mobilisation des acteurs (voir dossiers n° 1 et n° 5), entreprises, intermédiaires de l'emploi, jeunes et familles. Faible légitimité locale, fragilité des partenariats Organisme de formation public et privé, entreprises, réseaux d'entreprises, familles, jeunes Des rencontres interculturelles personnalisées : changements des représentations des parrains et des jeunes. Démystification de l'entreprise Détections de difficultés non professionnelles liées à la possibilité de débat sur la relation privilégiée avec un adulte pendant 6 à 9 mois Résultats significatifs en termes de placements Des adaptations nécessaires pour un public peu qualifié Tensions entre une approche centrée sur la lutte contre les discriminations et une démarche pragmatique axée sur l'accès à l'emploi qui réduit les questions de discrimination ➩ Alliance entre des réseaux d'entreprises et des structures d'accueil des demandeurs d'emploi ➩ Mobiliser les structures de proximité, ancrer les actions au sein d'un partenariat local Intermédiaires de l'emploi, réseaux d'entreprises, entreprises, jeunes, structures de proximité Appui financier de l'État et des conseils régionaux. Lien possible avec le dispositif TRACE ➩ Identifier des prestations spécifiques pour intégrer des publics plus en difficulté ➩ Nécessité de définir des objectifs partagés par l'ensemble des partenaires ➩ La mobilisation des entreprises à travers les réseaux d'experts se fait sur des objectifs précis exigeant un investissement peu important qui facilite leur engagement. ➩ Construire des partenariats des réseaux locaux notamment en direction des entreprises Intermédiaires de l'emploi, réseaux d'entreprises, entreprises, jeunes, structures de proximité Résultats en termes d'accès à l'emploi, d'acquisition d'une confiance sociale et professionnelle et d'élaboration de projets professionnels. Fatalisme des jeunes, difficiles à mobiliser Faiblesse des partenariats locaux Intermédiaires de l'emploi réseaux d'entreprises, entreprises, jeunes, structures de proximité ➩ Partenariat fort avec les structures locales, une démarche volontaire en direction des publics dans les quartiers Réseaux d'accompagnement des créateurs, jeunes, structures de proximité VOLUME 2 - 2000 - 21 [ 3.3. Dossier méthode n° 3 Mobilisation des intermédiaires du marché du travail ] Les intermédiaires du marché du travail sont représentés principalement sur le territoire par les agences locales de l’ANPE, les entreprises de travail temporaire, les cabinets de conseil en recrutement, les missions locales et PAIO, les plans locaux d’insertion et d’emploi (PLIE) et leurs partenaires, les organismes de formation, les organismes consulaires. Ces acteurs peuvent exercer une influence considérable contre les discriminations. À l’image des expériences mises en œuvre autour du parrainage (fiche n° 1, Missions locales de l'Est lyonnais) ou de formations “marché du travail et discrimination” auprès de partenaires de PLIE (fiche n° 13, PLIE Louviers), des actions de mobilisation ayant une certaine efficacité peuvent être largement encouragées par les contrats de ville auprès de tels partenaires. Le schéma 15 illustre les quatre leviers de cette mobilisation, tels qu’ils sont notamment proposés par Olivier Noël, de l’ISCRA 1. Après avoir repéré les acteurs locaux et leurs pratiques, le contrat de ville peut solliciter tout ou partie de ces leviers, en fonction des actions déjà engagées sur le bassin d’emploi considéré. Une démarche générale de mobilisation des intermédiaires du marché du travail ➀ Connaissance des intermédiaires et de leurs pratiques d'accompagnement Diagnostics locaux emploi, bilans PLIE, volet “emploi” du contrat de ville ➁ Développement de la connaissance partagée et évolution des représentations 2.2. Des processus de discrimination sur le marché du travail 2.1. Des caractéristiques des populations immigrées Espaces de parole et de rencontre entre professionnels et usagers Formations interinstitutionnelles ➂ Amélioration des pratiques d'accompagnement 3.1. Autour du respect du droit Appui aux victimes de discrimination Veille sur les pratiques d'embauche 3.2. Autour de la valorisation des compétences Mobilisation des entreprises Formes de bilans partagés et de capitalisation Professionnalisation de l'accompagnement Médiation ➃ Évaluation des pratiques de lutte contre les discriminations 1 Voir "Jeunes issus de familles immigrées: accès à l’entreprise et processus de discrimination. Les représentations et stratégies des intermédiaires sur le bassin d’emploi de Narbonne". Olivier Noël, “Notes et études” n° 2, septembre 1999, ISCRA. 22 LUTTER CONTRE LES DISCRIMINATIONS RACIALES SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL 3.3.1. Connaissance des intermédiaires et de leurs pratiques d’accompagnement Les intermédiaires de l’emploi présents sur le territoire d’un contrat de ville sont, a priori, déjà connus et même mobilisés, dans le cadre du volet “emploi” de ce même contrat. Leur rapport aux discriminations n’en est pas pour autant toujours appréhendé avec précision. De même, les intermédiaires ne sont pas toujours en contact direct avec les professionnels des contrats de ville. En effet, ils sont moins traditionnellement appuyés par les acteurs publics : antennes des organismes consulaires, unions patronales et artisanales ou encore cabinets de recrutement… Un inventaire plus systématique de ces intermédiaires sur le territoire, de même qu’une analyse de leurs pratiques (cf. tableau ci-dessous), prendra ainsi tout son intérêt. Le professionnel d’un contrat de ville qui connaît déjà bien ses partenaires intermédiaires de l’emploi sur un bassin peut aisément réaliser ce premier repérage. Mais de nouveaux partenaires, pas encore repérés institutionnellement, existent sans doute sur le territoire. De nombreux projets associatifs sont nés ces dix dernières années sur les communes, au-delà des réseaux traditionnels d’accompagnement à l’emploi. Il sera intéressant de les recenser. Association de quartier proposant des conseils en orientation, club de retraités lançant des parrainages, mouvement militant de jeunes croisant antiracisme et accompagnement à l’emploi… Voilà autant de partenaires potentiels à identifier! Les coordonnateurs emploi-formation 2, délégations départementales à la Vie associative 1 et réseaux associatifs présents sur le territoire 3 peuvent y contribuer. C’est aussi le cas des bureaux d’information de la jeunesse et des services associatifs des mairies, parfois oubliés dans les partenaires potentiels… Au-delà du territoire du contrat de ville (commune ou agglomération), la plupart des intermédiaires de l'emploi sont fédérés dans des structures départementales ou régionales : délégations départementales de l'ANPE, union régionale des ML/PAIO ou des organismes de formation, chambres régionales consulaires… Ils représentent autant de leviers potentiels, le cas échéant, pour obtenir des informations sur l'état de la mobilisation locale de leurs réseaux et sur la question des discriminations à l'emploi. Si nécessaire, ils peuvent jouer un rôle de relais sur le terrain. 1 2 3 A joindre auprès des DDTEFP. Le plus souvent localisés au sein des DDJS. Centres sociaux, maisons des jeunes, fédérations d’éducation populaire, foyers de jeunes travailleurs, opérateurs des PLIE… VOLUME 2 - 2000 - 23 Portrait des intermédiaires de l’emploi Intermédiaire et relais de Contact Zone d’intervention Public concerné CIO M. ou Mme X Quartier Nombre de personnes Missions locales/PAIO Tél. : Commune accompagnées par an Agence locale ANPE Bassin d’emploi Part de personnes PLIE Agglomération issues de l’emploi présents sur le territoire Intérim et conseil en recrutement l’immigration Part des moins de 26 ans. SIAE : EI, AI, ETTI, RQ * Organismes de formation Cabinets de recrutement Antenne CCI Chargé de mission Union patronale ou fédération d’artisans Autres structures d’accompagnement * SIAE: structures d’insertion par l’activité économique. Entreprise d’insertion, associations intermédiaires, entreprises de travail temporaire d’insertion, rég Plus délicate est l’analyse des pratiques d’accompagnement de ces structures vis-à-vis des questions de discrimination. Par souci de traitement égalitaire de l’ensemble du public accueilli, et pour éviter de stigmatiser qui que ce soit, la plupart des structures n’ont pas organisé leur collecte d’informations et donc leur réflexion sur les discriminations. Les perceptions institutionnelles et professionnelles des problématiques des discriminations raciales sont ainsi peu explicitées et rarement débattues. De nombreuses pratiques innovantes peuvent être repérées autour d’un accompagnement renforcé des publics identifiés comme "les plus éloignés de l’emploi", sans qu’elles éveillent nécessairement des prises de conscience sur la nature discriminatoire de certaines difficultés rencontrées sur le bassin d’emploi. De même, le risque existe d'une stigmatisation trop rapide et exagérée de la discrimination raciale comme cause première des difficultés d'accès à l'emploi rencontrées par les personnes d'origine immigrée accueillies par les intermédiaires. Le poids des images est important, pour les jeunes comme pour les accompagnants. Les discriminations raciales à l'emploi doivent être nommées pour être combattues, autant sur le plan institutionnel qu'au niveau des professionnels. Mais elles doivent aussi être analysées dans leurs origines et leurs effets réels, afin de combattre la tendance des accompagnants à enfermer les personnes d'origine étrangère dans un 24 LUTTER CONTRE LES DISCRIMINATIONS RACIALES SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL Rôle intermédiaire Accueil Sensibilité à la Mobilisation problématique possible/contrat discriminations ville ++/+/-/-- ++/+/-/- Orientation Formation Eventuelles actions Parrainage spécifiques engagées Mise à l’emploi Aide à l’embauche Autre gies de quartier. rôle de victime, tendance qui peut être véhiculée par les personnes elles-mêmes. C'est le sentiment d'impuissance et la résignation aux pratiques discriminatoires de la part des intermédiaires de l'emploi qui est à combattre. Et ce, dans les perceptions autant que dans les faits. Prendre le risque de "perdre un client" en opposant à des pratiques discriminatoires une grande fermeté de principe quant à l'égalité d'accès à l'emploi pour tous n'est pas si simple pour les acteurs du marché de l'emploi. Cela nécessite un accompagnement subtil, dans la durée, et un engagement institutionnel à tous les niveaux hiérarchiques. Le contrat de ville peut contribuer à cet accompagnement. Et d'abord, il suscitera des travaux plus précis de diagnostic de la prise en compte des questions discriminatoires par les intermédiaires 1. Afin d'engager ces démarches, une estimation pragmatique de la sensibilité relative des structures à ces problématiques (cf. tableau) permettra d’établir rapidement le cadre des acteurs mobilisables ou résistants. 1 Voir les analyses engagées par certaines Collectivités, DDTEFP ou délégations régionales du FAS (Nîmes, Narbonne, Montbéliard, fiche n°3…). VOLUME 2 - 2000 - 25 3.3.2. Développement de la connaissance partagée Au-delà de ce premier repérage, le contrat de ville est un levier important pour mieux informer les intermédiaires des caractéristiques des populations immigrées sur le territoire, et des processus de discrimination à leur encontre, sur le territoire en général et au sein du marché de l'emploi en particulier. Selon les opportunités et besoins concrets, de nombreuses pistes peuvent être engagées : • Communication d’un premier diagnostic de situation des discriminations sur le territoire, à l’occasion du projet de programmation annuelle (cf. dossier méthode n° 1). • Financement de formations interstructures sur la connaissance des problématiques de l’immigration et des discriminations (cf. fiche n° 1, PLIE Louviers, et offre de formation du FAS 1 et de différents réseaux). • Appui à la création de groupes d’échange de pratiques entre professionnels des mêmes structures sur un territoire plus vaste (agglomération, canton, département, région), ou entre structures différentes sur un même territoire. Ces groupes peuvent contribuer à un travail en commun sur les représentations institutionnelles et professionnelles de la discrimination à l'emploi. Ils peuvent surtout favoriser l'écoute des professionnels dans leurs difficultés de terrain et susciter, par l'échange d'expériences, des pratiques nouvelles. • Aide à l’expérimentation d’espaces de parole entre professionnels et public exposé à des discriminations. L’appui le plus efficace est sans doute ici la mise à disposition de compétences de communication et d’animation de rencontres collectives avec les usagers des structures. Donner véritablement la parole aux usagers n'est pas encore monnaie courante en matière d'emploi. Ainsi, l'échange ouvert entre professionnels et publics de toutes origines contribuera à éclaircir les visions des uns et des autres. • Appui à la mise en relation entre les professionnels des structures intermédiaires et des acteurs de l’embauche en entreprise (cabinets de recrutement, directions des ressources humaines, cadres dirigeants de clubs d’entreprises…) ; échange de pratiques, appropriation mutuelle des règles de droit et des difficultés quotidiennes face à aux pratiques discriminatoires… De telles actions peuvent faire l’objet d’un plan d’information et de formation des intermédiaires du bassin d’emploi. Celui-ci sera financé conjointement par les fonds mutualisés de formation des réseaux existants, et par les partenaires du contrat de ville. 3.3.3. Amélioration les pratiques d’accompagnement En tant que partenaires de la mise en œuvre du service public sur le territoire, au titre de l’emploi, de la formation et de l’intégration, les intermédiaires de l’emploi doivent également faire évoluer leurs pratiques d’accompagnement vers un plus fort respect du droit. Difficile mais nécessaire vis-à-vis des discriminations à l’emploi, cette perspective nécessite un accompagnement pour être vraiment opérationnelle. Là aussi, plusieurs pistes peuvent se construire avec les structures : • L’amélioration de l’accueil et de l’orientation des victimes de discrimina tions est rendue possible par une meilleure information des professionnels et des 1 Offre de formation FAS présentée en annexe 26 LUTTER CONTRE LES DISCRIMINATIONS RACIALES SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL usagers, sur leurs droits et les recours envisageables. Le développement du rôle des CODAC 1 et la mise en place du numéro d'appel gratuit 114 contribueront à mieux accompagner les démarches individuelles, relayées par les intermédiaires de l'emploi. Le contrat de ville aidera à développer cette information et à créer des liens plus faciles avec les interlocuteurs pertinents sur le terrain du droit : préfet et procureur (coprésidents des CODAC), inspection du travail, barreaux des avocats, associations de défense des droits… • Tout en évitant les stigmatisations dangereuses, le contrat de ville peut aider les professionnels à étayer leurs relations avec leurs partenaires économiques dans le rappel du droit. Les structures doivent pouvoir rappeler aux employeurs que les pratiques discriminatoires en matière d'embauche sont illégales, sans craindre une éventuelle rupture de leurs relations de service avec ces entreprises. Une action concertée de l'ensemble des intermédiaires de l'emploi sur un bassin est donc nécessaire pour que ce même message soit transmis progressivement à tous les employeurs, par le terrain comme par les institutions, et dans une démarche d'accompagnement et de service avant toute attitude accusatrice. Regroupant des professionnels de l’accompagnement à l’emploi, les structures intermédiaires peuvent enfin être aidées autour de leur cœur de métier, la gestion des compétences et des différences sur un bassin d’emploi. La valorisation des compétences des publics accompagnés est essentielle. De nombreuses pistes sont là aussi à creuser avec les structures elles-mêmes, en fonction des besoins du bassin d’emploi en matière de médiation entre offre et demande, comme en fonction du degré de professionnalisation des intervenants. • Développement des savoir-faire de rapprochement offre-demande (comme la méthode IOD). • Renforcement des moyens et méthodes d’accompagnement des publics les plus exposés aux discriminations : parrainages, aides au recrutement et à la création, mise en place de fonctions de médiation (cf. fiche n° 10, “Médialogue”, et dossier méthode n° 2). • Recherche de solutions innovantes d'appui au recrutement des populations les plus exposées aux discriminations (cf. fiches n° 7, Continent, et n° 13, LeroyMerlin). • Développement d'un savoir-faire de conseil et d'appui aux employeurs dans la gestion des représentations des différences, la valorisation des dimensions interculturelles du recrutement autant que la valorisation des compétences distinctives des personnes, au-delà des origines (cf. fiche n° 13, Leroy-Merlin). Le contrat de ville peut ici contribuer, politiquement et financièrement, à impulser de telles actions. Proposant l’ensemble de leviers décrit précédemment, le plan de lutte contre les discriminations peut être un outil d’animation dynamique de la relation avec les structures intermédiaires. Il nécessitera une démarche partagée de programmation, de suivi et d’évolution (cf. dossiers nos 3 et 5). 1 Commissions départementales d'accès à la citoyenneté, présentées en annexe. VOLUME 2 - 2000 - 27 28 LUTTER CONTRE LES DISCRIMINATIONS RACIALES SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL [ 3.4. Dossier méthode n° 4 Mobilisation des employeurs et de leurs partenaires ] Dans le cadre d’une lutte contre les discriminations raciales au travail, l’entreprise est un partenaire incontournable 1. Pourtant, sa mobilisation apparaît souvent comme un phénomène complexe et peu naturel dans le cadre de la politique de la ville, alors que beaucoup de problèmes constatés aujourd’hui dans les quartiers se résorberaient plus facilement si la question de l’accès à l’emploi et à l’entreprise était résolue. Les entreprises peuvent être associées de différentes manières à des actions conduites ou suscitées par les acteurs de la politique de la ville, dans le cadre de stratégies de mobilisation variées. Le responsable d’entreprise, son équipe, ses salariés et leurs éventuels représentants sont les partenaires incontournables d’une mobilisation de l’entreprise dans son ensemble. Nous examinerons le cas des entreprises privées. Toutefois, nous aborderons plus spécifiquement la question de l’employeur public. 3.4.1. Contacts Un certain nombre de relais apportent des informations utiles sur la politique de telle ou telle entreprise ou catégorie d’entreprises et sur la possibilité de travailler avec elles pour lutter contre les discriminations raciales sur le marché du travail. Le diagnostic local d’intégration peut également fournir des éléments intéressants pour identifier les entreprises A. Les contacts avec les organisations patronales et les institutions économiques Les principaux contacts sont présentés dans le tableau suivant : Nous entendons “entreprise” au sens de structure employant du personnel, que son statut juridique soit privé, associatif ou public (une collectivité locale, une administration…). 1 VOLUME 2 - 2000 - 29 Type d’organisme Enjeux par rapport à la lutte contre les discriminations Les collectivités locales : régions, départements et communes En tant qu’employeurs, donneurs d’ordres, développeurs et aménageurs du territoire, les collectivités locales peuvent montrer l’exemple et inciter leurs partenaires à mener une politique d’égalité des chances Employeurs, donneurs d’ordre et souvent en contact direct avec le public, ils peuvent montrer l’exemple et impulser une démarche de lutte contre les discriminations Fédérateurs d’acteurs économiques et lieu de rencontre entre les partenaires, ils peuvent jouer un rôle d’information, de sensibilisation et d’impulsion d’actions Les grands employeurs publics Les réseaux interpartenariaux : comités de bassin d’emploi, agences de développement, comités d’expansion, réseaux Entreprises Territoires et Développement Les organisations patronales interprofessionnelles : le MEDEF, la CGPME, l’UPA au niveau régional ou départemental Les organisations patronales de branche : la CAPEB, la Fédération du bâtiment, l’UIMM, la Fédération de la plasturgie, Fédération de la propreté, de l’hôtellerie-restauration… Les organismes paritaires collecteurs agréés (OPCA), collecteurs des fonds de formation des entreprises, au niveau interprofessionnel ou au niveau des branches Les organismes de formation des branches professionnelles Par exemple : le CFA du BTP Les organismes consulaires : chambres de commerce, les chambres d’agriculture et les chambres des métiers Les clubs d’entreprises ou de dirigeants d’entreprises, qu’ils soient territoriaux (correspondant à une zone géographique) ou thématique (insertion, développement local, développement des compétences…) Exemples que l’on peut trouver sur l’ensemble du territoire : centres des jeunes dirigeants, jeunes chambres économiques, groupement d’employeurs pour l’insertion et la qualification (GEIQ), les CREPI, les clubs FACE… Les grandes entreprises Les fondations 30 Des positions nationales ont été prises sur la non-discrimination (déclaration de Grenelle) Certaines d’entre elles sont sur des secteurs d’activité qui connaissent des problèmes de déficit de main d’œuvre et portent des actions sur le développement des compétences Présents sur les départements, ils ont souvent une incidence sur le recrutement et la gestion des emplois dans les entreprises, de par leur mission de conseil en formation Ils sont souvent confrontés à des difficultés pour trouver des candidats pour les formations qu’ils mettent en place à la demande des entreprises; ils jouent un rôle d’intermédiaire entre les entreprises en recherche de compétences et les différentes structures travaillant avec les jeunes (Éducation nationale, missions locales, PAIO…) Ces organismes participent à la formation du personnel des entreprises à travers notamment les CFA Les clubs regroupent des entreprises qui ont déjà une volonté de travailler en réseau, de résoudre collectivement des problèmes et souhaitent travailler pour que la commune, le bassin, le département d’implantation ait une image positive. Ils constituent des relais intéressants car ils regroupent des responsables souvent impliqués et dont les préoccupations sont plus larges que la réussite de l’entreprise En tant que donneurs d’ordres et partenaires des petites entreprises, elles peuvent montrer l’exemple et lancer une politique pour l’égalité des chances sur leur territoire d’appartenance LUTTER CONTRE LES DISCRIMINATIONS RACIALES SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL Caractéristiques de ces partenaires sur votre territoire Contacts VOLUME 2 - 2000 - 31 B. Les contacts avec les représentants des salariés sur le territoire Les principaux relais sont les suivants : - les organisations syndicales interprofessionnelles ; - les organisations syndicales de branches. Ces deux types d’organisations sont présents au niveau national, bien sûr, mais aussi régional et départemental. Les organisations interprofessionnelles sont aussi présentes au niveau local à travers les unions locales. La déclaration de Grenelle du 11 mai 1999 sur les discriminations raciales sur le marché du travail, signée par l’ensemble des organisations syndicales représentatives peut constituer une clé pour ouvrir le dialogue avec ces relais. Au niveau des comités d’entreprise, il existe dans certains départements des regroupements de comités d’entreprises, qui peuvent servir de relais. Un engagement précis de ces organisations constitue un appui non négligeable de mobilisation des sections syndicales et des élus dans les entreprises. C. Le contact direct avec les employeurs et les représentants des salariés dans l’entreprise Certaines entreprises acceptent de mener une politique d’ouverture pour le recrutement de personnes d’origine étrangères parce qu’elles y trouvent un intérêt économique ou parce que cela leur permet de régler un problème. L’identification d’entreprises susceptibles de se mobiliser peut être effectuée à partir des contacts avec les relais économiques du territoire (voir tableau pages précédentes). Le cas des employeurs pratiquant la discrimination raciale, lorsqu’ils sont identifiés par les partenaires, doit également être traité : il appartient aux acteurs politiques et associatifs de se saisir de ce problème, ces entreprises se situant dans l’illégalité. Article L 122-45 du Code du travail “Aucune personne ne peut être écartée d’une procédure de recrutement, aucun salarié ne peut être sanctionné ou licencié en raison de son origine, de son sexe, de ses mœurs, de sa situation de famille, de son appartenance à une ethnie, une nation, ou une race, de ses opinions politiques, de ses activités syndicales ou mutualistes, de ses convictions religieuses ou, sauf inaptitude constatée par le médecin du travail (…), en raison de son état de santé ou de son handicap (…) Toute disposition ou tout acte contraire à l’égard d’un salarié est nul de plein droit.” Article 225-1 du Code pénal “Constitue une discrimination toute distinction opérée entre les personnes physiques à raison de leur origine, de leur sexe, de leur situation de famille, de leur état de santé, de leur handicap, de leurs mœurs, de leurs opinions politiques, de leurs activités syndicales, de leur appartenance ou non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nationalité, une race ou une religion déterminée.” Au niveau du personnel, les délégués sont habilités à porter auprès de l’employeur les réclamations individuelles de salariés relatives aux discriminations dans l’emploi et disposent d’un droit d’alerte. Le comité d’entreprise peut aussi intervenir si la politique générale de l’entreprise est en 32 LUTTER CONTRE LES DISCRIMINATIONS RACIALES SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL cause (par exemple, le règlement intérieur, les méthodes et techniques de recrutement…) 1. Les sections syndicales des entreprises, les élus du CE ou du CHSCT peuvent être également sollicités pour des actions de prévention volontaristes, à partir des préoccupations qui leur sont propres. Pour le CHSCT, la question des accidents du travail est une clé d’entrée intéressante. En ce qui concerne les sections syndicales, elles peuvent être sensibles à l’engagement de leur confédération ou tout simplement à l’intérêt de la question. 3.4.2. Stratégies Pour travailler avec les entreprises sur l’égalité des chances, et selon les objectifs que l’on poursuit et les acteurs avec lesquels on est amené à travailler, la stratégie d’approche sera différente. Au-delà des grands principes d’action, le choix de la stratégie doit être avant tout pratique, opéré en fonction des effets recherchés, des résultats attendus et des types d’interlocuteurs. Les acteurs de la politique de la ville et leurs partenaires devront donc combiner différentes approches, selon les objectifs poursuivis et les acteurs mobilisés. A. Mobilisation individuelle et mobilisation collective Selon les résultats recherchés et les partenaires sollicités, les acteurs de la politique de la ville peuvent être amenés à utiliser deux types de démarches pour travailler avec les entreprises : la mobilisation collective et la mobilisation individuelle. Mobilisation collective Menée avec un réseau patronal, un club d’entreprises ou des organisations syndicales, une démarche collective fait jouer une dynamique. Ainsi, elle permettra d'associer à l’action les entreprises ou les organisations les moins motivées. Le risque est de s'aligner sur le moins-disant ou d'être paralysé par la lourdeur des négociations. Cependant, l’impact sera beaucoup plus important et significatif. Et ce type de démarche a l’avantage d'élargir le débat. Une démarche collective permet de diffuser une information, de sensibiliser et d’impulser une dynamique de lutte contre les discriminations à l’échelle d’un territoire ou d’un groupe. Cela permet d’envisager un impact large de l’action. Des actions se prêtent plus particulièrement à ce type d’approche : - la mise en place d’une formation à la diversité culturelle pour des chefs d’entreprises ou des cadres dirigeants en interentreprise ; - la formation à la diversité culturelle d’élus de CE, de responsables de sections syndicales, de permanents ; - l’élaboration puis la signature d’une charte sur la non-discrimination raciale à l’échelle d’un territoire. Mobilisation individuelle Une démarche individuelle implique de travailler en profondeur avec chaque entreprise, voire avec chaque cadre dirigeant. Il peut s’agir d’une bonne méthode de lancement d’action, un ou deux exemples réussis et la possibilité de faire témoigner un chef d’entreprise ou des organisations syndicales peuvent permettre de 1 “Comment prévenir les discriminations raciales à l’emploi - Guide pratique pour réussir la diversité culturelle en entreprise” Ouvrage collectif sous la direction de Jacques Brouillet, édité par MRH. 1999 avec le soutien du FAS, de l’ANDCP, de l’IES et du GEC. VOLUME 2 - 2000 - 33 convaincre plus facilement d’autres acteurs. L’ADEJ (fiche 9) a tenté les deux démarches. Elle travaille avec les réseaux patronaux sur le développement des stages pour les personnes issues de l’immigration. Et elle s’est résolue à fonctionner en individuel avec les entreprises pour compenser les atermoiements du MEDEF, qui hésitait à afficher et à développer une formation interentreprise à la diversité culturelle. De son côté, le travail d’ASPECT (fiche 2) au niveau collectif avec les partenaires sociaux régionaux a facilité les contacts individuels sur le terrain et la négociation d’accords d’entreprise. La signature d’accords d’entreprise, mais aussi une formation du personnel en interne, un travail sur l’évolution des critères de recrutement permettant de faciliter l’accès à l’entreprise pour les personnes issues de l’immigration font partie des actions susceptibles d’être conduites en individuel. B. Stratégie de contournement et stratégie directe La difficulté de mobiliser l’entreprise en matière de lutte contre les discriminations raciales conduit beaucoup d’acteurs à favoriser un travail en direction du public lui-même. Lorsqu’une démarche visant à réduire et à éliminer les discriminations raciales implique une entreprise ou des responsables d’entreprise, cette problématique fait souvent l’objet d’un contournement. Il ne s’agit plus de lutter pour l’égalité des chances, mais de favoriser l’insertion de publics en difficulté, d’aider des jeunes à découvrir le monde du travail, etc. Si les discriminations raciales ne sont pas forcément reconnues, la question de leur traitement et de leur éradication reste posée. Au contraire, une stratégie directe consiste à partir du problème et à en chercher les causes multiples et les solutions avec l’entreprise. Selon les partenaires, et ce que l’on attend d’eux, on utilisera une stratégie directe ou on contournera la question des discriminations raciales. Une approche directe de la question sera privilégiée avec certains acteurs : les organi sations patronales ou syndicales, les établissements publics, les intermédiaires du marché du travail… Ainsi, ils réaffirmeront avec force et clarté leur position pour l’égalité des chances. Avec les entreprises elles-mêmes, les chefs d’entreprise… une stratégie de contournement peut être plus efficace, selon les cas. Les objectifs poursuivis, les effets recherchés, les types d’acteurs sollicités doivent permettre d’utiliser l’une ou l’autre des stratégies pour développer différents niveaux d’action. Stratégie de contournement Dans certains cas, une stratégie de contournement évite de cristalliser des positions qui ne se présentent pas comme telles dans l’entreprise. En évitant d’aborder en direct les discriminations raciales, on empêche l’irruption et l’expression d’un racisme qui jusqu’alors n’était ni constitué ni avéré dans l’entreprise. Dans cette stratégie, les actions conduites avec les entreprises visent à résoudre des problèmes d’ordre économique ou de ressources humaines ou à les impliquer dans des actions d’insertion pour des personnes en difficulté d’accès à l’emploi. Différents types d’arguments et de clés d’entrée peuvent être utilisés. Il est ainsi possible de partir des préoccupations concrètes des entreprises : - les compétences des personnes, en lien ou non avec le déficit de main d’œuvre (des personnes issues de l’immigration sont compétentes, qualifiées et diplômées : elles sont disponibles pour l’entreprise) ; - la possibilité de développer la clientèle, notamment d’origine étrangère pour ce qui concerne les services, la grande distribution, etc. ; - l’amélioration de l’intégration de l’entreprise dans son environnement afin d’éviter des tensions et des difficultés pénalisantes ; - la valeur ajoutée apportée par la diversité culturelle pour certaines entreprises travaillant à l’international ; 34 LUTTER CONTRE LES DISCRIMINATIONS RACIALES SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL - l’amélioration du management en intégrant la gestion de la diversité culturelle ; - la sécurité, qui implique de travailler dans de bonnes conditions avec le public des quartiers ; - l’amélioration de l’image sociale de l’entreprise dans le cadre d’une politique d’image ou d’une stratégie d’entreprise citoyenne susceptible d’avoir des déclinaisons locales… Le travail avec des entreprises concernées par un déficit de main-d’œuvre ne doit pas faire oublier les risques dus à l’ethnicisation de certaines fonctions ou de certains niveaux d’emplois. Ainsi, les personnes issues de l’immigration sont souvent bien accueillies sur des postes d’ouvriers ou d’employés, mais beaucoup moins dans les postes à responsabilités. Elles sont également bienvenues dans des secteurs et des métiers difficiles et peu reconnus : agent de sécurité ou de médiation, technicien de surface… L’ambition d’un plan d’action pour l’accès à l’emploi de ce public doit se situer sur l’ensemble du marché du travail et à tous les niveaux de responsabilité dans l’entreprise. Il faut veiller à ne pas enfermer les personnes d’origine étrangère dans des catégories d’emplois sans avenir ou sans influence. Dans le cadre de la stratégie de contournement, l’impact peut être positif. Les entreprises mènent rarement des actions contre les discriminations. Mais, ce faisant, elles participent malgré tout à cette lutte : des personnes d’origine étrangères sont placées, trouvent un emploi… En revanche, si l’on considère que la discrimination raciale est aussi le fait du personnel, du collectif de travail, l’évolution du chef d’entreprise ou du DRH qui a parrainé un jeune d’origine étrangère ne se répercutera pas automatiquement sur l’entreprise. De même, le recrutement de personnel issu de l’immigration ne conduira pas forcément à son acceptation et sa pleine intégration dans l’entreprise. Stratégie directe Une approche directe du problème a le mérite d’apporter des évolutions profondes et durables. Ce type d’approche nécessite en premier lieu de faire prendre conscience au DRH ou au chef d’entreprise que sa démarche d’embauche, communément appliquée et jugée normale est en fait discriminatoire. Il doit voir que sa gestion du personnel conduit de fait à des pratiques discriminatoires. Les représentants du personnel doivent comprendre qu’il existe peut-être chez eux des problèmes de racisme qui ne se disent pas… La stratégie directe implique aussi l’ouverture d’un débat dans l’entreprise entre les partenaires sociaux et avec les salariés. À ce prix, la majorité des salariés pourra s'impliquer contre la discrimination et pour une vigilance collective par rapport à ces phénomènes. Par la suite, la signature d’accords pour l’égalité de traitement, la mise en place de formations à la diversité culturelle… pourront être des outils pertinents. L’accompagnement d’une action volontariste doit aussi bénéficier d’une communication interne renforcée et maîtrisée. 3.4.3. Actions Il existe plus d'une méthode de mobilisation des entreprises. Selon l’objectif recherché, nous pouvons distinguer trois axes de mobilisation autour de la lutte contre les discriminations. Selon les cas, ces axes s’appuieront sur les différentes stratégies que nous avons présentées précédemment (voir schéma ci-dessous). VOLUME 2 - 2000 - 35 Typologie des actions de mobilisation des entreprises sur la lutte contre les discriminations dans l'emploi Travail sur les représentations ● Formation à la diversité ● Parrainages et réseaux d'experts ● Sensibilisation générale aux problématiques ◆ ◆ ◆ ◆ ◆ ◆ ◆ ◆ discriminatoires Démarches contractuelles ● Accords de branche ● Accords d'entreprise ● Accès à l'emploi public ● Respect du droit ◆ ◆ ◆ ◆ ◆ ◆ ◆ ◆ ◆ ◆ ◆ ◆ ◆ ◆ ◆ ◆ ◆ Développement du management et gestion des différences ● Discrimination positive dans l'accès à la formation ● Discrimination positive dans l'accès à l'emploi ● Management interculturel A. L’action sur les représentations individuelles Il s’agit ici de convaincre - par le discours, l’information, la formation ou l’expérience des responsables ou des salariés de changer leur regard sur les personnes issues de l’immigration dans leur entreprise. On peut citer par exemple : • La mobilisation de chefs d’entreprises, de cadres, de salariés pour le parrainage ou le tutorat de personnes issues de l’immigration (fiche n° 1 : Mission Locale, fiche n° 6 : France Télécom) 1. Le parrainage a bien sûr pour objectif principal de placer des jeunes mais nous ne l’évoquerons ici qu’en fonction de la mobilisation qu’il implique de la part des entreprises (voir dossier 3). 1 36 LUTTER CONTRE LES DISCRIMINATIONS RACIALES SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL • La mobilisation de chefs d’entreprise, de cadres, de salariés pour participer à des réseaux d’experts ou devenir des personnes ressources pour des personnes issues de l’immigration (fiche n° 12, AFIJ, et fiche n° 5, MRH). • La formation des cadres, des cadres intermédiaires, du personnel pour changer les représentations et les pratiques du management. • La sensibilisation et l’information des chefs d’entreprise, des relais d’entreprises ou des représentants des salariés. La formation La formation constitue un outil important pour faire évoluer les représentations sur les personnes issues de l’immigration. Les images négatives véhiculées dans les médias, la peur des banlieues, certains discours politiques conduisent souvent à des amalgames dangereux et à un rejet global d’une population. Un éclaircissement et une ouverture sur la culture, la religion, les traditions d’une population d’une autre origine apporte un nouveau regard et facilite la modification des attitudes. Elle peut concerner des managers, du personnel ou des représentants de salariés selon les objectifs fixés. • La formation au management interculturel a pour objectif d’aider des cadres supérieurs ou intermédiaires à comprendre les différences de culture susceptibles d’interférer dans l’organisation du travail et donc à gérer des équipes pluriculturelles. • Les formations à la diversité culturelle visent à favoriser une compréhension des contextes culturels des personnes issues de l’immigration afin de permettre une meilleure collaboration et d’éviter des attitudes négatives, fruits d’une méconnaissance de l’autre. Elles peuvent concerner l’ensemble du personnel d’une entreprise. • D’autres types de formations s’adressent plus particulièrement aux représentants du personnel, pour les aider à agir contre les discriminations raciales dans l’entreprise, en leur apportant une information précise sur les phénomènes discriminatoires et les moyens de lutte dont ils disposent. Qu’une formation concerne la diversité culturelle, le management interculturel ou les discriminations raciales à l’emploi, elle devra avant tout répondre à une demande! Les personnes bénéficiant de la formation dans l’entreprise doivent être prêtes à la suivre et à en tirer profit. C’est ainsi que la STAS a d’abord constitué des groupes d’analyse de la pratique avant de mettre en place une formation à la diversité culturelle. Cette formation a émergé comme une demande du groupe. En outre, la formation ne peut pas apporter toutes les solutions : une politique globale claire de l’entreprise doit pouvoir l’encadrer. Le parrainage ou les réseaux d’experts Ce type d’action concerne plus particulièrement des individus : il ne s’agit pas forcément d’une politique de l’entreprise elle-même. Cependant, ce type d’action peut conduire à un changement de regard sur les personnes issues de l’immigration si la relation se passe bien ainsi qu’à une prise de conscience de l’existence de discriminations individuelles. Ces changements peuvent alors être réinvestis dans l’entreprise si le parrain ou l’expert a un poste de responsabilité au sein de la société, au sein d’une section syndicale ou dans des réseaux divers. Les partenaires du contrat de ville peuvent susciter ces actions, et contribuer à les développer. Des actions complémentaires de formation des parrains ou des experts à la question des discriminations peuvent faciliter le changement de regard et d’attitude. La sensibilisation et l’information Les actions de sensibilisation peuvent s’adresser à différents types d’acteurs et prendre la forme de colloques, d’expositions - à l’exemple de celle du FAS sur les “Mémoires VOLUME 2 - 2000 - 37 d’immigrés” -, de rencontres, de films vidéo… Il s’agit d’apporter aux responsables économiques un éclairage sur l’histoire de leur bassin d’emploi et celles de la population immigrée, de mettre en lumière ce qu'ont ressenti les personnes issues de l’immigration, d’apporter un regard positif différent de celui que véhiculent souvent les médias, d’ouvrir un débat sur les discriminations associant les entreprises, etc. Ces actions peuvent être portées, lancées ou coordonnées par le contrat de ville. Par ce biais-là, mais aussi par des rencontres plus individuelles ou dans le cadre de clubs d’entreprises, il s’agit aussi de faire prendre conscience aux responsables d’entreprises et à leurs partenaires que leurs politiques de recrutement, de formation, d’évolution professionnelle, d’accueil de stagiaires ou de jobs d’été produit de la discrimination raciale puis de les inciter à inverser la tendance. Des actions simples comme le recrutement de stagiaires ou de jeunes l’été sur un critère local et non pas uniquement familial (enfants du personnel) peuvent permettre une première évolution et faciliter le premier pas dans l’entreprise de jeunes issus de l’immigration. La mobilisation du chef d’entreprise est importante mais non suffisante. Lorsqu’ils sont présents, les représentants du personnel sont des partenaires incontournables, notamment lorsqu’il s’agit de faire évoluer les règles d’embauche d’enfants du personnel. Pour aller plus loin et faire de l’égalité des chances une politique pérenne et acceptée dans l’entreprise, l’engagement contractuel est une voie à explorer. La sensibilisation, mais aussi la formation des représentants des salariés (fiche n° 2 ASPECT) doit faire partie d’une politique de mobilisation des entreprises contre les discriminations raciales. B. La démarche contractuelle Accords d’entreprise Si les dispositifs législatifs et le Code du travail sont clairs sur l’égalité des chances et la lutte contre les discriminations, l’application de ces principes dans l’entreprise est un chantier à ouvrir. Il est important que ces règles soient posées et reconnues et que des moyens soient dégagés pour faire de ce principe une réalité quotidienne. La signature d’un accord d’entreprise peut officialiser et donc rendre opposable le principe d’égalité des chances. Il permettra de fixer des points de vigilance et d’engagement. L’ensemble du personnel dispose ainsi d’une politique claire et les partenaires sociaux se portent garants du respect de ces engagements. Cette démarche nécessite de travailler avec les responsables d’entreprises, les sections syndicales et le comité d’entreprise afin d’ouvrir un débat sur ce sujet, d’accepter et reconnaître les problèmes et de se mettre d’accord sur les solutions à apporter. D’autres occasions de dialogue social non spécifiques peuvent être également saisies : la réduction du temps de travail, le plan de formation peuvent faire émerger cette question. Par ailleurs, la CODAC et ses partenaires peuvent engager un travail renforcé sur le recrutement avec des entreprises déficitaires en main-d’œuvre qui s’engagent, par le biais d’une charte sur l’égalité des chances, à respecter un certain nombre de principes pour l’accès à l’emploi et à l’évolution professionnelle des personnes issues de l’immigration. La diffusion de l’information sur les avancées réalisées par certaines entreprises ou collectivités locales peut ouvrir une voie de développement à ce type de démarche contractuelle. Accords de branche La même démarche peut être envisagée avec les branches professionnelles. Même si l’accord d’entreprise reste l’élément mobilisateur principal, un accord de branche peut engendrer une dynamique sur l’ensemble des entreprises du secteur. En revanche, les partenaires sociaux de la branche peuvent jouer un rôle moteur auprès de leurs membres, les inciter et les accompagner dans cette démarche d’ouverture de débat et de signature d’accords. 38 LUTTER CONTRE LES DISCRIMINATIONS RACIALES SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL Accès à l’emploi public L’entreprise privée ne propose qu’une partie des emplois en France. Les collectivités locales, l’État et ses services déconcentrés, les organismes de Sécurité sociale, les établissements publics, et notamment les hôpitaux, sont également de grands pourvoyeurs d’emplois. Pourtant, des postes restent fermés aux étrangers en raisons de dispositions légales parfois anciennes ou d'une volonté délibérée de les écarter. De leur côté, les personnes issues de l’immigration de nationalité française parviennent difficilement à y accéder. Dans son discours du 18 mars 2000 1, Lionel Jospin a réaffirmé que le critère de nationalité serait maintenu pour l'accès à la fonction publique, mais que la voie de la naturalisation serait privilégiée pour les postulants étrangers. "Les jeunes qui ne sont pas nés en France mais qui y ont suivi toute leur scolarité pour ront d'ailleurs bénéficier d'une procédure simplifiée et raccourcie de naturalisation." Une campagne d'information sera lancée à ce sujet dans les établissements scolaires. L’accès des personnes issues de l’immigration aux emplois des différentes fonctions publiques ne se fait pas facilement. Elles sont proportionnellement mal représentées dans ces catégories d’emplois. Les contrats de ville peuvent mener un travail de mobilisation des employeurs publics les plus importants du territoire (hôpitaux, collectivités locales, autres établissements publics…) pour développer l’accès des personnes issues de l’immigration aux stages ou à des postes de contractuels, mais aussi pour mettre en œuvre un dispositif d’aide à la préparation des concours de la fonction publique territoriale, d’État (avec l’IRA) et hospitalière. Là encore, une diffusion des décisions et engagements pris par les employeurs peut constituer une piste de mobilisation des autres catégories d’entreprises. Une certaine exemplarité de l’emploi public peut être une source d’implication. C. Le développement du management et la gestion des différences La démarche interne de management et de gestion des différences suppose, de la part de l’entreprise, une reconnaissance de l’existence de phénomènes de discrimination en son sein, ou tout du moins une reconnaissance des difficultés particulières de ce public (pour des raisons historiques et sociales) à s’adapter aux critères fixés par l’entreprise (évolution des compétences, méthode de recrutement). Il ne s’agit pas de niveler ces critères, mais de mettre en place une adaptation intelligente des moyens pour que ces personnes parviennent à les atteindre, sans remettre en cause les objectifs de l’entreprise. Au-delà, les différences culturelles peuvent être aussi des leviers de compétitivité pour les entreprises, dans une économie mondialisée. Action positive dans l’accès à la formation Le développement des compétences du personnel issu de l’immigration permet de ne pas le déqualifier et de préserver son emploi : le personnel issu de l’immigration 2 en place a souvent, pour différentes raisons, plus de difficulté à s’adapter à de nouvelles normes. Par exemple : mauvaise maîtrise de la langue impliquant une difficulté à suivre des consignes écrites nécessaires dans le cadre d’une démarche qualité. Au lieu de décider de recruter des personnes plus performantes, l’entreprise peut organiser une formation et un accompagnement permettant à ces personnes d’atteindre le niveau souhaité et de conserver leur emploi. Action positive dans l’accès à l’emploi De nouvelles méthodes de recrutement, des modifications de critères permettent le recrutement de personnes issues de quartiers en difficulté et de jeunes issus de l'immigration. Ainsi, la méthode des habiletés développée par l’ANPE permet de recruter à partir des compétences requises par un poste sans passer par les critères tradi1 2 Allocution de Lionel Jospin, Premier ministre, lors des Assises de la citoyenneté à la Défense, 18mars 2000. Travail mené actuellement en Alsace. VOLUME 2 - 2000 - 39 tionnels de diplômes ou d’expérience professionnelle. Une chance réelle est ainsi offerte aux personnes issues de l’immigration peu qualifiées ou ayant connu des difficultés antérieures (fiche n° 3, ANPE, Leroy-Merlin). Une action positive en faveur des habitants des quartiers en difficulté et des jeunes issus de l'immigration, accompagnée d’une formation et d’un parcours, permet de leur donner une réelle chance de recrutement et de réussite dans l’entreprise. Le management interculturel Force est de constater que la présence de personnes issues de l’immigration dans une entreprise et dans une équipe n’est pas toujours bien acceptée. Souvent, des blocages naissent d’une certaine incompréhension, d’images négatives liées à l’amalgame avec la peur des banlieues… Des formations à la diversité culturelle pour le personnel contribueront à résoudre le problème. Le chef d’équipe, le chef d’atelier, le contremaître doivent être informés de ces blocages et de leurs enjeux, disposer d’une vision claire des différences culturelles et être à même de faire évoluer leur équipe de manière cohérente et soudée. Et non en exploitant et en alimentant les divergences! Le rôle du cadre intermédiaire est primordial pour la réussite d’une politique de non-discrimination dans l’entreprise : sa sensibilisation, sa formation, son accompagnement sont indispensables. Pivot entre les employés et la direction, l’égalité des chances dans l’entreprise ne peut se construire de manière concrète qu’avec son adhésion et son évolution. 40 LUTTER CONTRE LES DISCRIMINATIONS RACIALES SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL [ ] 3.5. Dossier méthode n° 5 Mobilisation du territoire 3.5.1. Démarche générale d'un plan de lutte contre les discriminations sur le territoire La création d'un plan de lutte contre les discriminations dans un contrat de ville fait écho, dans ses principes, aux démarches plus globales de projet de territoire 1 ou de plan d’action local sur l’emploi 2. Après la production d’un diagnostic local sur les discriminations, les partenaires doivent formuler, au sein du contrat de ville, des orientations stratégiques, pouvant au mieux répondre aux problématiques et enjeux essentiels du territoire. Inséré dans le programme d’action pluriannuel du contrat de ville ou dans sa convention d’application, ainsi que dans d’autres programmes thématiques de développement de l’emploi et de la formation ou de l’intégration, le plan de lutte contre les discriminations doit alors se concevoir dans un cadre pluriannuel et annuel. En continu et au final, les évaluations de ce plan et des divers programmes qui le concernent permettent de revenir aux différentes étapes de projet ainsi mises en œuvre. Processus de construction d'un plan de lutte contre les discriminations Initiation de la démarche … Diagnostic de la problématique des discriminations sur le territoir e PROBLÉMATIQUES et ENJEUX Évaluations PLAN ANNÉE 2 PLAN ANNÉE 1 Orientations stratégiques CONTRAT DE VILLE Programme d'action pluriannuel PROGRAMME D'INTÉGRATION PROGRAMME EMPLOI-FORMATION Plan de lutte contre les discriminations pluriannuel AUTRES PROGRAMMES (Lutte contre les exclusions, développement économique…) PILOTAGE 1 2 Voir notamment "Construire un projet de territoire", CLCBE, DATAR, Emploi, Équipement, septembre 1997. Voir "L’analyse des besoins du marché du travail et l’élaboration du plan d’action local", Quartenaire, ministère de l’Emploi, 1993. VOLUME 2 - 2000 - 41 On a pu voir dans le dossier méthode n° 1 quelles informations pouvaient être mobilisées autour du diagnostic. De même, les dossiers 2, 3 et 4 apportent des repères sur les contenus des actions pouvant constituer un plan de lutte contre les discriminations. L’objet central de ce dossier n° 5 est d’identifier comment les partenaires du territoire peuvent se mobiliser sur des orientations stratégiques touchant à la lutte contre les discriminations, comment les intégrer efficacement au contrat de ville, comment enfin piloter et évaluer ces plans de lutte. 3.5.2. Mobilisation des acteurs autour d’objectifs de lutte contre les discriminations La mobilisation des acteurs économiques n’est pas naturelle aujourd’hui sur la question des discriminations (voir dossier méthode n° 4); elle reste bien souvent à travailler avec les acteurs publics, État et collectivités, autant qu’avec le tissu associatif et les structures intermédiaires. Si ceux-ci peuvent paraître globalement plus impliqués depuis un an ou deux dans le débat sur le racisme en France, leurs intérêts à agir peuvent être très inégaux d’un territoire à un autre. La mobilisation de l’État est forte sur le plan national, autour des engagements du ministère de l’Emploi et de la Solidarité et du ministère de l’Intérieur. Mais elle est plus fragile sur le plan régional ou départemental. C’est dû au manque de correspondants spécifiques sur la lutte contre les discriminations, et à la difficulté d’articuler les actions des différents départements ministériels et moyens financiers disponibles. Au titre de leurs compétences, les collectivités ne se sentent pas toujours concernées par des démarches d’action organisée autour de la lutte contre les discriminations. Ce domaine est perçu par certaines comme une prérogative de l’État. D’autres y voient une zone de risque politique, face au danger de poussée des sentiments racistes et xénophobes. Les associations et les intermédiaires de l’emploi ne sont pas beaucoup plus centrés sur ces enjeux aujourd’hui. À l'exception des mouvements militants des droits de l’homme et de la lutte contre le racisme. Aussi significatif soit-il, un diagnostic de situation, mettant en avant les enjeux de la lutte contre les discriminations, ne suffit donc pas à créer l’adhésion spontanée de l’ensemble de ces partenaires. Il est nécessaire d’étudier plus en détail les groupes d’acteurs qui peuvent être les plus influents autour du contrat de ville et de la lutte contre les discriminations. Leurs stratégies peuvent être analysées selon la démarche que nous proposons ci-après. 42 LUTTER CONTRE LES DISCRIMINATIONS RACIALES SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL VOLUME 2 - 2000 - 43 À la lumière des concepts de la sociologie des organisations 1, l’analyse des différentes stratégies d’acteurs, en fonction de leurs intérêts enjeu sur le territoire considéré, peut être tout à fait éclairante. Le tableau ci-dessous en propose le cadre. Stratégies des acteurs principaux face à la lutte contre les discriminations Territoire : Famille d’acteurs Relation à la Intérêt à l’action Handicap vis-à-vis problématique Convictions de l’action État: préfecture, FAS, Objectifs affichés institutionnelles Faiblesse des DDTEFP, ANPE… Contact avec les Convictions moyens Collectivités: région discriminations personnelles Désaccords département, agglomération, (ou non contact) Enjeu politique internes Commune Action directe engagée de plus haut Absence Elus, techniciens Maîtrise d'un des niveau d'enracinement Associations et leviers de la situation Enracinement local intermédiaires: ML/PAIO, local Organismes $$$f°$$$, PLIE, militants… Acteurs économiques : entreprises, clubs, branches, syndicats… Capacité de mobilisation (pour ou contre) ● ● ● Stratégie Engagement Suivisme Neutralité Opposition Négation Survalorisation ● L'analyse de ces stratégies d'acteurs permettra aux professionnels en charge de la préparation du contrat de ville d'identifier quels sont les alliés immédiats et potentiels d'une telle démarche de lutte contre les discriminations. Elle anticipera les points de blocage éventuels et permettra d'identifier les stratégies alternatives de mobilisation pouvant les contourner. • L'engagement de certains acteurs dans la lutte contre les discriminations raciales sur le marché de l'emploi est un premier atout qu'il faut savoir détecter d'abord, promouvoir et accompagner ensuite. La mobilisation se fait le plus souvent au pas à pas, en valorisant les prises de conscience et expériences réussies, notamment au sein d'entreprises qui ont, les premières, tenté d'agir contre les discriminations. Face à des expériences positives valorisées, la tentation naturelle au suivisme du milieu ambiant peut alors faciliter d'autres engagements. • Face à la neutralité affichée de certains partenaires ("la discrimination existe, mais ce n'est pas notre affaire"), il convient de rappeler les engagements nationaux, éventuellement régionaux, des institutions auxquelles ceux-ci sont rattachés. La lutte contre les discriminations est portée, dans le discours tout du moins, par la plupart des formations politiques et corps intermédiaires (cf. § 1.3). Elle légitime localement l'intervention des acteurs publics et des partenaires sociaux. • L'opposition exprimée face à un plan de lutte trouvera son origine le plus souvent dans les modes d'action proposés ("il faut agir contre les discriminations, sans stigmatiser"). Une réelle ouverture au débat entre les partenaires sur les différentes composantes du plan de lutte et des alternatives aux actions les plus contestées doivent permettre de dépasser ces oppositions. • La négation de la réalité du phénomène est plus difficile à travailler ("les discriminations n'existent pas"). La production d'informations précises issues du diagnostic doit souvent s'accompagner d'une ouverture des perceptions individuelles et collectives. Et cela passe par une démarche à long terme. • La survalorisation des discriminations peut être tout aussi handicapante ("tous des racistes!"). Elle peut amener certains partenaires à une attitude relativement radicale et pénalisante pour l'action collective. Les échanges doivent ici amener à mieux prendre en compte la complexité des phénomènes discriminatoires, leurs origines multiples et la limite de leurs effets dans une démarche partagée. 1 Cf. M.Crozier, E.Friedberg : "L’Acteur et le système", Seuil; ou J. Fauvet: "La socio-dynamique", éditions des Organisations. 44 LUTTER CONTRE LES DISCRIMINATIONS RACIALES SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL 3.5.3. Plan de lutte contre les discriminations dans un contrat de ville L'analyse proposée précédemment autour des stratégies d'acteurs peut être représentée globalement sur le territoire. Les acteurs les plus directement mobilisables et les actions à engager dans un plan de lutte contre les discriminations sont visualisés clairement, comme dans l'exemple ci-dessous. Exemple d'un projet de plan de lutte autour de deux axes : accompagnement à l'emploi et respect du droit VOLUME 2 - 2000 - 45 Cette forme de représentation cartographique donne une vision simplifiée des multiples facteurs que le plan de lutte devra intégrer : - quels partenaires doivent être impliqués dans les actions, et avec quels efforts de mobilisation selon les stratégies en présence ; - quelles coordinations sont nécessaires à mettre en œuvre, en utilisant notamment les lieux et instances existantes (dans notre exemple, autour des parrainages, le comité de bassin d'emploi, ou autour du respect du droit, la CODAC) ; - quels sont les territoires pertinents pour l'action, selon les acteurs et actions concernés. En matière de lutte contre les discriminations, les limites communales sont vite dépassées. Le bassin d'emploi et les partenaires de niveau extracommunal sont souvent nécessaires pour une mobilisation efficace. De même, la plupart des actions du plan de lutte reposent sur une implication conjointe de partenaires de l'État, des collectivités, des acteurs économiques tout autant que du tissu associatif, comme de nombreux axes du contrat de ville. Pour réussir de telles articulations entre acteurs et territoire, maintenir le niveau de proximité le plus proche dans les actions de terrain, mais aussi coordonner les engagements des partenaires à la bonne échelle territoriale, des structures de travail à deux niveaux seront souvent nécessaires. L'exemple suivant illustre une telle organisation autour d'un comité de pilotage et d'une cellule technique du plan de lutte contre les discriminations. 46 LUTTER CONTRE LES DISCRIMINATIONS RACIALES SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL Exemple d'une organisation territoriale autour d'un plan de lutte contre les discriminations raciales dans l'emploi VOLUME 2 - 2000 - 47 3.5.4. Neuf questions pour un plan de lutte contre les discriminations dans un contrat de ville En neuf questions essentielles, voici un repérage pour la construction d'un plan de lutte contre les discriminations à l'emploi dans un contrat de ville. • Quel affichage ? La lutte contre les discriminations se positionnera plus efficacement dans un contrat de ville comme un objectif stratégique transversal, mais aussi comme une composante nécessaire de tous les volets thématiques. Dans le domaine de l'emploi, bien sûr, mais aussi dans l'habitat, le logement, l'éducation, la citoyenneté, la culture… le contrat de ville pourra chercher à décliner des actions relatives aux luttes contre les discriminations. • Quels territoires ? Le premier niveau territorial d'engagement doit être celui de l'agglomération. La lutte contre les discriminations doit pouvoir s'inscrire dans le territoire le plus large de la politique de la ville, et notamment les contrats d'agglomération et les contrats de plan État-région. Il est important de légitimer l'action locale en s'appuyant sur les engagements de ces niveaux supracommunaux, qu'ils fassent, explicitement mention de la lutte contre les discriminations, ou qu'ils l'intègrent dans un objectif plus global de développement humain solidaire sur le territoire. Le diagnostic global d'agglomération réalisé au titre de la préparation des contrats de ville du XIIe Plan est le cadre d'une analyse, puis d'un engagement politique des acteurs publics sur le territoire le plus large. Dans ce cadre, la lutte contre les discriminations doit s'inscrire comme une priorité communale, dépassant les frontières des quartiers ciblés par la politique de la ville. Les programmes locaux de lutte contre les discriminations raciales dans l'emploi trouveront ainsi leur place dans les conventions d'application du contrat de ville à l'échelle des communes. • Quels objectifs ? Dans le cadre du présent guide, le plan peut s'articuler autour des quatre axes suivants : - développer la connaissance et la prise de conscience, ; - accompagner les victimes potentielles de discrimination vers l'emploi ; - mobiliser les acteurs économiques ; - mobiliser le territoire. Ces axes prioritaires peuvent évoluer dans leur contenu en fonction du diagnostic local réalisé en amont. Et ils doivent pouvoir être déclinés en objectifs opérationnels et en indicateurs. • Quels indicateurs ? Comme dans toute conduite d'action, il faut distinguer les indicateurs de moyens et les indicateurs de résultat. On proposera ici l'exemple suivant : 48 LUTTER CONTRE LES DISCRIMINATIONS RACIALES SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL Exemple d'indicateurs Indicateur de moyens = apport du contrat de ville Indicateur de résultats = évolution de la problématique de discriminations Axe 1 Connaissance et prise de conscience Existence d'un diagnostic structuré et partagé des discriminations à l'emploi Opinion sur la nécessité d'une lutte contre les discriminations à l'emploi (cf. sondage CNCDH) Axe 2 Accompagnement à l'emploi Nombre de personnes issues de l'immigration accompagnées spécifiquement Évolution du taux de chômage des quartiers en catégorie 1/moyenne communale Axe 3 Mobilisation des acteurs économiques Nombre d'entreprises engagées dans des actions de lutte contre les discriminations à l'emploi Évolution de la proportion de salariés issus de l'immigration dans les secteurs professionnels visés Nombre d'accords d'entreprise signés Axe 4 Mobilisation du territoire Fonctionnement effectif d'instances de pilotage du plan de lutte contre les discriminations Lancement d'actions de lutte contr e les discriminations au-delà du contrat de ville • Quels partenaires ? Les cinq groupes d'acteurs suivants doivent être engagés dans la contractualisation autour d'un plan de lutte : - les représentants de l'État ; - les collectivités locales des territoires concernés ; - les acteurs de la politique de la ville ; - les acteurs économiques ; - le tissu associatif. Un effort important est à déployer la plupart du temps pour obtenir l'engagement des acteurs économiques, et trouver les formes de représentation efficace de la diversité du tissu associatif. Les acteurs de la politique de la ville eux mêmes devront pouvoir se faire les relais et les leviers de cet engagement. • Quels engagements des partenaires ? Par ordre décroissant d'importance stratégique, les engagements recherchés sont les suivants : - Engagements politiques : pour mobiliser réellement l'ensemble des institutions et, au-delà, l'opinion publique. - Engagements opérationnels : pour faciliter l'utilisation de l'ensemble des dispositifs de droit commun et des dispositifs spécifiques autour des actions à engager; pour montrer l'exemple en matière de pratiques non discriminatoires. - Engagements financiers : pour aider à la création ou au renforcement d'actions qui ne pourraient se mettre en œuvre sans un soutien particulier. • Quelle programmation ? Les contrats de ville 2000-2006 sont, dans la plupart des territoires, déjà construits dans leurs grandes orientations. La majorité de ces documents inclut les éléments d'affirmation politique préalables à un plan de lutte contre les discriminations. C'est donc VOLUME 2 - 2000 - 49 à travers la programmation annuelle, qui se structurera vraiment à partir de 2001, que ce plan peut se bâtir. Diverses stratégies d'engagement dans le temps sont possibles en fonction du territoire : - lancer un plan d'ensemble sur 5 ans, lorsque les partenaires sont déjà sensibilisés et engagés ; - lancer un diagnostic approfondi en 2000-2001 pour structurer un plan de trois ans, lorsque la mobilisation est à affermir ; - lancer quelques actions à court terme pour ouvrir les possibilités d'une mobilisation réelle (par exemple, parrainage ou formation des intermédiaires…). • Quels coûts ? À travers les actions de lutte dont le coût peut être approché approximativement, et compte tenu du volume financier engagé dans les contrats de ville, un effort d'au moins 500000 F à 1 MF annuel semble être un premier seuil de mobilisation, à l'image des données indicatives suivantes. Quelques coûts Diagnostic local 70 à 300 kF Selon la complexité du territoire Formation à la diversité culturelle (coût pour une semaine) 40 à 70 kF Selon taille et diversité des groupes Parrainage 2 à 5 kF par personne parrainée Selon intensité accompagnement Groupes de 12 à 25 binômes Médiation offre-demande 250 kF par an Pour 1 poste de médiateur (masse salariale chargée) • Quel pilotage et quel suivi ? Les instances mises en place dans le cadre du contrat de ville doivent permettre de gérer au jour le jour les actions du plan de lutte : équipe MOUS, comité technique, comité de pilotage… Pour compléter ces instances, il paraît nécessaire de constituer une rencontre spécifique des différents partenaires engagés dans la contractualisation et les actions de lutte contre les discriminations. Compte tenu des indicateurs retenus, l'équipe MOUS pourrait proposer un tableau de bord d'avancement du plan, pour alimenter cette rencontre annuelle par hypothèse. • Quelle évaluation ? Les différentes analyses mises en œuvre autour du diagnostic local des discriminations, de même que le tableau de bord réalisé par l'équipe MOUS, peuvent être les supports privilégiés d'une démarche d'évaluation en continu et au final. 50 LUTTER CONTRE LES DISCRIMINATIONS RACIALES SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL SOURCES [ 4.1. Bibliographie ] 4.1.1. Lutte contre les discriminations : aspects généraux et politiques m Faire France : une enquête sur les immigrés et leurs enfants. Par Michèle Tribalat. Paris. Éditions de la Découverte, 1995. 232 p. m Déclaration commune sur la prévention de la discrimination raciale et de la xénophobie et la promotion de l'égalité de traitement sur le lieu de travail. Adopté lors du sommet du dialogue social à Florence le 21 octobre 1995. Commission européenne. 15 p. m Rapport public 1996. Sur le principe d'égalité. Conseil d'État. Paris. La Documentation française, 1997. 509 p. m Les Immigrés en France. INSEE. Contours et caractères. Février 1997. 140 p. m Union européenne : traité d'Amsterdam. Luxembourg. Office des publications officielles des communautés européennes, 1997. Page 26. m Discrimination dans le monde du travail. In rapport 1997 de la CNCDH sur "la lutte contre le racisme et la xénophobie". Commission nationale consultative des droits de l'homme. Paris. La Documentation française, avril 1998. Pages 80 à 115. m Lutte contre les discriminations : faire respecter le principe d'égalité. Rapport au Premier ministre. HCI (Haut Conseil à l'Intégration). Paris. La Documentation française, 1998. 127 p. (Coll. des rapports officiels.) m Lutte contre le racisme et la xénophobie. Circulaire du garde des Sceaux, JUS.D.98300 94 C du 16 juillet 1998 ministre de la Justice. m La politique d'intégration Communication en Conseil des ministres de Mme Martine Aubry, ministre de l’Emploi et de la Solidarité le mercredi 21 octobre 1998. Ministère de l’Emploi et de la Solidarité. 1998. 15 p. + annexes *. m Lutte contre les discriminations raciales sur le marché du travail. Circulaire du ministère de l’Emploi et de la Solidarité - DGEFP n° 98/36 du 21 octobre 1998. VOLUME 2 - 2000 - 51 m Lutter contre les discriminations. J.-M. Belorgey. Rapport à la ministre de l’Emploi et de la Solidarité. Paris : ministère de l’Emploi et de la Solidarité, 1999. 59 p. + annexes. * m Table ronde sur la lutte contre les discriminations raciales dans le monde du travail. État et partenaires sociaux. Revue de presse. Ministère de l’Emploi et de la Solidarité, Paris. Mai 1999. p. mult. * m Lutter contre les discriminations au travail et en formation. “Inffo Flash” numéro spécial (supplément Inffo Flash n° 512, janvier 1999), 27 p. Centre Inffo. Paris-la Défense. m Création de commissions départementales d'accès à la citoyenneté : CODAC. Circulaire NOR/INT/A/99-00013 du 18 janvier 1999 du ministre de l'Intérieur, circulaire 4.735/SG du Premier ministre du 2 mai 2000. m Une priorité : la lutte contre les discriminations. Dossier in “La Lettre du FAS” n° 52. Paris : Les Temps Modernes, mai-juillet 1999. p. 243-267. m Discriminations au travail : la déclaration de Grenelle. In “Inffo Flash” n∞ 522. 1999/06. Pages 1-2. Centre Inffo. Paris-la Défense. m Le territoire de la cité au service de l'emploi. Ch. Robin-Rodrigo et P. Bourguignon : rapport au Premier ministre, juin 1999. 139 p. m Les lois antiracistes. Les guides de la Justice - ministère de la Justice - service de l'information et de la communication, décembre 1999. 31 p. m Migrations et nationalité en France 1998. A. Lebon. Ministère de l’Emploi et de la Solidarité, DPM. Documentation française, décembre 1999, 118 p. m Mise en place d'un numéro de téléphone gratuit (114) pour lutter contre les discriminations raciales. Circulaire de la ministre de l’Emploi et de la Solidarité et du ministre de l'Intérieur du 10 mai 2000 *. m Un tournant en matière de preuve des discriminations. M.-T. Lanquetin. IRERP. Université Paris X-Nanterre. In “Revue de droit social” n° 6, juin 2000. Pages 589-593. 4.1.2. Discriminations à l'emploi (études et articles) m La prévention du racisme dans l'entreprise (Véronique de Rudder avec la collaboration de Maryse Tripier, François Vourc’h). Paris. CNRS-URMIS, 1994. 65 p. + annexes. m Le racisme au travail P. Bataille. Paris. Éditions de la Découverte et Syros, 1997. 263 p. m La prévention de la discrimination raciale, de la xénophobie et la promotion de l'égalité de traitement dans l'entreprise. Une étude de cas en France. Rapport pour la Fondation européenne pour l'amélioration des conditions de vie et de travail. Véronique de Rudder, C. Poiret, François Vourc’h. CNRS, universités de Paris VII et Paris VIII. Paris : université de Paris VII, mars 1997. 55 p. 52 LUTTER CONTRE LES DISCRIMINATIONS RACIALES SUR LE MARCHÉ DU TRA VAIL m L'insertion des étrangers sur le marché du travail en période de difficultés économiques. In Revue française des affaires sociales n° 2. A. Lebon. Paris : la Documentation française, avril-juin 1997. Pages 119-126. m Conditions d'accès à l'entreprise des jeunes étrangers ou d'origine étrangère, nature des résistances. Étude FAS. J. Fressinet, M. Viprey, J. Deroche. IRES (Institut de recherche économique et sociale). Noisy-le-Grand : IRES, mars 1998. 221 p. m Jeunes issus de familles immigrées : accès à l'entreprise et processus de discrimination. Les représentations et stratégies des intermédiaires sur le bassin d'emploi de Nîmes. Noël. ISCRA (Institut social et coopératif de recherche appliquée). Montpellier : ISCRA, février 1998. 51 p. m Les discriminations dans le monde du travail. Bilan de connaissance. P. Bataille, M. Poinsot. ADRI (Agence pour le développement des relations interculturelles). Paris : ADRI, 1998. 63 p. + bibliographie 9 p. (Savoirs et Perspectives.) m Repérer les discriminations ethniques et raciales dans le monde du travail et de l'emploi. Rapport URMIS sur les discriminations. Étude ISERES-FAS-IRES. C. Poiret, F. Vourc'h. ISERES (Institut syndical d'études et de recherches économiques et sociales). Montreuil : ISERES, 1998/04. 99 p. (Études et recherches n° 167.) m Face aux discriminations raciales au travail : quel droit pour quelle pratique syndicale? Les outils conventionnels, statutaires, législatifs existants : quelles utilisations, quelle évolution aux plans de l'entreprise, national et européen ? Journées d'études européennes 26 et 27 novembre 1998 à Lille au Palais des Congrès. CGT. Montreuil : ISERES, 1998/11. p. mult. m Accès à l'emploi et canaux d'entrée sur le marché du travail des populations immigrées et d'origine étrangère. Le cas de la zone d'emploi de Sélestat/SainteMarie-aux-Mines. In “Les Cahiers de l'observatoire” n° 27. M. Maffessoli. ORIV (Observatoire régional de l'intégration et de la ville). Strasbourg : ORIV, 1998/01. 97 p. + annexes (44 p.). m Politiques pour faciliter l'accès à l'emploi des populations immigrées. P. Aubert. Ministère de l’Emploi et de la Solidarité. Direction de la population et des migrations (DPM). Notes et documents n∞ 45, novembre 1999 (12 p). * m Parrainage pour l'emploi des jeunes. Guide pratique. FAS, LE FRENE, DPM. Paris : DPM, 1999. 71 p. *. m Comment prévenir les discriminations raciales à l'emploi ? Guide pratique pour réussir la diversité culturelle en entreprise. J. Brouillet. Dir. MRH (Management ressources Vernouillet : MRH, 1999 93 p. humaines). m Immigration. Les enfants d'immigrés sur le marché du travail : les mécanismes d'une discrimination sélective. In Formation Emploi n∞ 65. CEREQ (Centre d'études et de recherche sur les qualifications). Marseille : CEREQ, 1999/01-03. Pages 31-56. VOLUME 2 - 2000 - 53 m Discrimination ethnique à l'embauche des jeunes. Le point de vue de la psychologie sociale. Étude FAS-Nord/Pas-de-Calais. M. Rebzani. FAS, délégation régionale Nord/Pasde-Calais. Lille : FAS, 1999/02. 52 p. m Contre le racisme dans l'entreprise. Guide pratique pour l'élu de CE. ACENER (Association des comités d'entreprises de Nantes et la région), AICES (Association intercomité d'entreprise de la Sarthe), CELIDE (Conseil d'expertise liaison information débats études), CFDT. Paris : CELIDE, 1999. 72 p. m Égalité des chances et lutte contre les discriminations raciales en milieu de travail. Étude FAS-DPM. LASAIRE (Laboratoire social d'actions, d'innovation, de réflexions et d'échanges). Paris : LASAIRE, 1999/07. 143 p. + annexes. m Jeunes issus des familles immigrées : accès à l'entreprise et processus de discrimination. Les représentations et stratégies des intermédiaires sur le bassin d'emploi de Narbonne. m Noël. Rapport d'étude. ISCRA (Institut national et coopératif de recherche appliquée). Montpellier, 1999/03. 56 p. m L'insertion professionnelle des jeunes diplômés issus de l'immigration. Étude du FAS. AFIJ (Association pour faciliter l'insertion professionnelle des jeunes diplômés), décembre 1999, 92 p. + annexes. m Agir contre les discriminations raciales au travail. In “Entreprises Formation” n° 117. Montreuil : Entreprises formation, janvier-février 2000. Pages 19-30. m Une forme méconnue de discrimination : les emplois fermés aux étrangers. GED (Groupement d'intérêt public-groupe d'étude des discriminations), note du GED n∞1, mars 2000 m Les discriminations dans l'emploi en France et leurs impacts : l'exemple roubaisien. A. Benyachi et S. Bouamama. “Voix de Nanas”, mars 2000. 95 p. m L'emploi des immigrés en 1999. S. Thave. INSEE Première n° 717, mai 2000. 4 p. m Emploi et discrimination raciale : le dégel ? “Économie et Humanisme” n∞ 353, juillet 2000. 71 p. * Ces documents peuvent être consultés sur le site Internet du ministère de l’Emploi et de la Solidarité : www.social.gouv.fr i : dpm\échanges\ci2\guide.dis transnationale ; 54 LUTTER CONTRE LES DISCRIMINATIONS RACIALES SUR LE MARCHÉ DU TRA VAIL [ ] 4.2. Présentation des dispositifs et des structures de lutte contre les discriminations 4.2.1. Articles et déclarations Fiche 14 Article 13 du traité d’Amsterdam La dimension européenne de la lutte contre les discriminations : l'article 13 du traité d'Amsterdam L'article 13 du traité d'Amsterdam confère à l'Union européenne des compétences spécifiques pour promouvoir l'égalité de traitement et combattre la discrimination. L'article 13 stipule : "Sans préjudice des autres dispositions du présent traité et dans les limites des compétences que celui-ci confère à la Communauté, le Conseil statuant à l'unanimité sur proposition de la Commission et après consultation du Parlement européen, peut prendre les mesures nécessaires en vue de combattre toute discrimination fondée sur le sexe, la race ou l'origine ethnique, la religion ou les convictions, un handicap, l'âge ou l'orientation sexuelle." La Commission a proposé à cet effet un ensemble de mesures visant à lutter contre la discrimination sur la base de cet article, consistant en : - une directive horizontale consacrée à la lutte contre la discrimination en matière d'emploi dont l'intitulé est le suivant : "Proposition de directive du Conseil portant création d'un cadre général en faveur de l'égalité de traitement en matière d'emploi et de travail"; - une directive de portée plus large visant à lutter contre la discrimination fondée sur la race ou l'origine ethnique dont l'intitulé est le suivant : "Proposition de directive du Conseil relative à la mise en œuvre du principe de l'égalité de traitement entre les personnes sans distinction de race ou d'origine ethnique"; - un programme d'action communautaire, établi pour la période 2001-2006, destiné à soutenir et compléter la mise en œuvre des directives. La directive relative à la mise en œuvre du principe de l'égalité de traitement entre les personnes sans distinction de race ou d'origine ethnique a été adoptée sous présidence portugaise de la Commission. Le Conseil "Emploi et politique sociale" a en effet donné son accord politique sur ce texte le 6 juin 2000. Les travaux se poursuivent sous présidence française pour l'examen de la proposition de directive relative à la discrimination dans l'emploi et du programme d'action communautaire. Contenu des deux propositions de directives Ces deux propositions de directive sont de conception similaire. Elles comportent des dispositions juridiques communes. a) La proposition de directive visant à combattre la discrimination sur le marché du travail L'avant-projet couvre les points suivants : - Les différents motifs de discrimination visés à l'article 13, à l'exception de la discrimination fondée sur le sexe. L'égalité entre hommes et femmes sera toutefois un objectif pris en compte dans la lutte contre chaque motif de discrimination. - Les situations pouvant intervenir tout au long de la carrière des individus tant dans le secteur public que dans le secteur privé. VOLUME 2 - 2000 - 55 Au titre des "clauses générales", l'avantprojet impose l'absence de toute discrimination directe ou indirecte entre les personnes et interdit le "harcèlement" considéré comme une discrimination. Il autorise des différences de traitement fondées sur l'âge, en particulier en vue d'assurer la protection des jeunes et des travailleurs âgés, et met l'accent sur la nécessité de prévoir les aménagements nécessaires pour permettre une meilleure prise en compte des besoins des personnes handicapées sur le marché du travail. L'avant-projet prévoit, en outre, au titre des "mesures de protection" un droit de recours pour les associations, les organisations ou les personnes morales et institue un aménagement de la charge de la preuve sur le modèle de la jurisprudence communautaire relative aux discriminations fondées sur le sexe. Il invite, enfin, les États membres à favoriser le dialogue social en vue de promouvoir le principe d'égalité de traitement. b) La directive destinée à lutter contre la discrimination fondée sur la race ou l'origine ethnique Cette directive comporte des "clauses générales" et des "mesures de protection" identiques à celle du projet de directive visant à combattre la discrimination dans l'emploi. Elle présente les spécificités suivantes : - elle vise expressément les seules discriminations à raison de la race ou de l'origine ethnique ; - son champ d'application est très vaste : elle couvre à la fois le domaine de l'emploi et ceux de la protection sociale, de la sécurité sociale, de l'éducation, et enfin de l'accès et de la fourniture de biens et services ; - elle invite les États à mettre en place un dispositif permettant notamment de recevoir les plaintes des personnes qui estiment être victimes de discrimination et d'y donner suite. Le plan d'action communautair e (2001-2006) La Commission propose un programme d'action qui viendra appuyer et compléter les efforts déployés par les États membres et propose de le financer à hauteur de 100 millions d'euros sur six ans. 56 Une synergie devra être assurée entre ce programme et d'autres actions communautaires qui permettent de lutter contre la discrimination notamment le programme d'initiative communautaire EQUAL qui mobilise le FSE pour éliminer les discriminations en matière d'emploi pour la période 20002006. Le Fonds social européen : EQUAL et l'Objectif 3 L'égal accès de tous au marché du travail est une des lignes directrices de la stratégie européenne pour l'emploi. La lutte contre les discriminations raciales participe à cet objectif et constitue une des priorités d'intervention du FSE tant dans l'objectif 3 que dans le PNAE. L'Objectif 3 Principal programme d'intervention du FSE, il soutient la stratégie européenne pour l'emploi et les actions du PNAE pour la période 20002006. Il couvre cinq domaines (axes) politiques : - les politiques actives du marché du travail ; - l'égalité pour tous dans l'accès au marché du travail, en particulier pour les personnes menacées d'exclusion ; - l'éducation et la formation tout au long de la vie y compris la formation initiale ; - l'adaptation des travailleurs, l'esprit d'entreprise, les ressources humaines dans la recherche et le développement ; - la participation des femmes sur le marché du travail (égalité des chances entre hommes et femmes). Trois priorités doivent en outre prises en compte de façon transversale : - les initiatives locales de création d'emploi ; - l'impact social et le volet “emploi” de la société d'information ; - l'égalité des chances entre hommes et femmes. Trois types d'interventions sont financés : - principalement les aides aux personnes (formation, aides à l'emploi, conseil, orientation) ; - les aides aux systèmes et structures : formation de formateurs, modernisation des services ; - les actions d'accompagnement (gardes d'enfant, suivi sociopédagogique). LUTTER CONTRE LES DISCRIMINATIONS RACIALES SUR LE MARCHÉ DU TRA VAIL L'enveloppe pour la France est de 30 milliards de francs sur 7 ans, soit plus de 4 milliards de francs par an. Deux tiers des financements FSE seront gérés au niveau régional. La lutte contre les discriminations raciales en matière d'emploi est prise en compte dans ce programme à plusieurs titres. Seront soutenues au niveau national les actions menées par la DPM et le FAS. Elles sont présentées au titre de l'axe 2. Cette problématique est aussi reprise dans le même axe pour les actions menées dans le cadre de la politique de la ville; des financements du FSE sont donc mobilisables au niveau régional. De même, la lutte contre les discriminations notamment raciales apparaît aussi expressément dans l'axe 4 pour des actions visant à favoriser le dialogue social. En outre, sur l'axe 5 un montant de 40 MF est aussi disponible au niveau régional pour le cofinancement d'actions spécifiques en direction des femmes soutenues par le FAS. Ces actions devront viser à permettre d'aider des projets de création d'activités dans les quartiers ou viser à la construction de parcours d'insertion sociale ou professionnelle et au développement de nouvelles compétences. dans chaque pilier. La lutte contre les discriminations à l'embauche et en situation de travail devrait être l'un des thèmes retenus par la France EQUAL finance les activités suivantes : - l'instauration des partenariats de développement et de la coopération transnationale ; - la mise en œuvre des programmes de travail des partenariats de développement (cette phase devrait couvrir une période de deux ou trois ans) ; - la mise en réseau thématique, la diffusion de bonnes pratiques. Le plan stratégique présenté par la France doit être transmis le 15 septembre. Le premier appel à projets aura lieu au cours du 1er semestre 2001. Au titre de ce programme, 301 millions d'euros sont mobilisables. Tous renseignements complémentaires sur ces deux programmes peuvent être obtenus auprès des correspondants FSE des DRTEFP. EQUAL Ce programme d'initiative communautaire vient d'être lancé pour la période 20002006 (JOCE C127 du 5 mai 2000). Il vise à promouvoir de pratiques nouvelles contre les discriminations et inégalités de toute nature en relation avec le marché du travail. Elle constitue un laboratoire permettant d'élaborer de nouvelles manières de mettre en œuvre les politiques de l'emploi et de soutenir la stratégie européenne pour l'emploi. EQUAL finance des actions innovantes partenariales et transnationales établies sur une base sectorielle ou territoriale dans un certain nombre de domaines thématiques et susceptibles d'avoir un impact sur les politiques nationales. Les thèmes proposés par la commission s'inscrivent dans les quatre piliers de la stratégie pour l'emploi; l'un de ces thèmes est la lutte contre le racisme et la xénophobie. Chaque État membre doit choisir au moins un thème VOLUME 2 - 2000 - 57 Fiche 15 Déclaration de Grenelle Déclaration de Grenelle sur les discriminations raciales dans le monde du travail qui est engagée à l'égard des victimes et devant l'atteinte aux principes de notre démocratie. Une réaction est nécessaire. Adoptée par consensus, le mardi 11 mai 1999 par l'État et les partenaires sociaux Cette réaction passe d'abord par la réaffirmation et la mise en œuvre des principes d'égalité, de non-discrimination et de laïcité qui constituent le pacte fondamental de la République. Les discriminations fondées sur l'origine étrangère, réelle ou supposée, de personnes vivant en France ont tendance à se banaliser. S'il est délicat d'apprécier leur évolution d'un point de vue quantitatif, force est de constater qu'elles trouvent souvent à s'exprimer ouvertement, méconnaissant les principes élémentaires du droit, sans que ces atteintes à la dignité et au principe d'égalité soient réellement réprimées. Ce constat est préoccupant, notamment en ce qui concerne le monde du travail. Bien sûr, tout dans la situation au regard de l'emploi des étrangers et des personnes issues de l'immigration ne s'explique pas par des comportements ou des réactions racistes. En fait, ces discriminations sont un phénomène complexe : avant l'embauche, elles affectent déjà la formation, les stages, les emplois d'été; au sein du monde du travail, elles peuvent exclure de l'accès à l'emploi, elles freinent l'évolution de la carrière, l'accès à certains postes, à certains droits ou à certaines responsabilités; elles se traduisent souvent par des actes qui, insidieusement, excluent ceux qui en sont victimes; elles peuvent entraîner une certaine tension des relations au travail. Elles n'épargnent aucune catégorie sociale, de la personne faiblement qualifiée au jeune diplômé d'études supérieures; elles frappent les jeunes en se perpétuant à tous les âges. Enfin, elles touchent les personnes étrangères et celles que leur origine, leur patronyme ou leur apparence physique conduisent à supposer étrangères. La part la plus manifeste et la moins acceptable de ces discriminations repose sur des comportements sciemment racistes, xénophobes ou antisémites. Mais l'identification des raisons et des actes qui manifestent l'existence de ces discriminations est souvent difficile. Bien plus que la responsabilité de quelquesuns, c'est la responsabilité de toute la société 58 Ces principes ont trouvé un écho dans plusieurs textes internationaux applicables en France et dans la déclaration adoptée à Florence le 21 octobre 1995 par les représentants des employeurs et des salariés. Les partenaires du monde du travail ont permis de faire progresser l'égalité des droits. Leur action contribue à l'insertion et à la cohésion sociale. Aucune discrimination n'est acceptable, quels qu'en soient l'auteur, le lieu ou les motifs. Rétablir une condamnation sociale spontanée de ces phénomènes est la base de toute lutte collective contre les discriminations. Chacun, à sa place, doit refuser de laisser se dérouler des actes qui aboutiraient à une inégalité de traitement à raison de la seule origine réelle ou supposée de la personne. Chacun doit, à ce titre, invoquer la loi qui, le cas échéant, permet de condamner celui qui discrimine comme elle protège la victime et ceux qui lui viennent en aide. Toutefois, avant même que le juge intervienne, c'est du consensus de la société que doit venir un refus capable, à terme, d'étouffer toute velléité de discriminations. C'est la responsabilité des pouvoirs publics de créer des conditions permettant d'agir avec l'ensemble des partenaires sociaux pour favoriser ce consensus. Plusieurs facteurs concourront à cette expression collective du refus de l'intolérable - D'abord, le développement de la compréhension des mécanismes, souvent complexes, qui conduisent aux discriminations. - Ensuite, le soutien constant des pouvoirs publics qui s'engagent à faire mieux respecter la loi en utilisant tous les instruments existants et, le cas échéant, en les renforçant. LUTTER CONTRE LES DISCRIMINATIONS RACIALES SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL - Enfin, la sensibilisation, l'information, la prévention et la pédagogie pour lesquels les syndicats, les organisations professionnelles et les employeurs pourront trouver, avec le soutien des pouvoirs publics, un nouvel élan. Cette mobilisation, au-delà de la seule dénonciation, condition nécessaire mais non suffisante, doit déboucher sur des actions portant sur les facteurs objectifs contribuant aux discriminations. Il ne s'agit pas de stigmatiser quiconque mais, plutôt, de chercher à supprimer les préjugés, générant des comportements et des attitudes discriminatoires. L'acte d'embauche comme ceux qui facilitent la carrière ne peuvent avoir pour objet que l'intérêt de l'entreprise. Mais, dans ce cadre, il faut débattre, négocier et alerter et, pour ce faire, apprendre à discuter des discriminations, former ceux qui auront à en connaître, dans l'entreprise comme dans les services publics. Les pouvoirs publics s'engagent à examiner précisément les pratiques et les règles en vigueur dans le secteur public, ainsi qu'à accompagner et à soutenir les démarches des partenaires sociaux. Seule une mobilisation durable, constante et déterminée, permettra de répondre non seulement aux attentes de ceux qui sont victimes de discriminations mais, plus largement, aux exigences de la démocratie, pour que nous vivions mieux ensemble en France. VOLUME 2 - 2000 - 59 4.2.2. Dispositifs de lutte contre les discriminations Fiche 16 Numéro d’appel gratuit 114 Objectif et public visés Accessible depuis le mois de mai 2000 sur l’ensemble du territoire français (métropole et DOM), ce dispositif permet à tout individu, témoin ou victime de discrimination, de dénoncer cette pratique. Tout appel doit faire l’objet d’un traitement local. Fonctionnement Le dispositif 114 dispose d’une structure nationale de réception d’appels, accessible du lundi au samedi de 10 heures à 21 heures, qui écoute les personnes et les oriente vers le secrétariat de la CODAC de leur département. Procédure • Sélection des appels afin d’écarter les appels fantaisistes ou malveillants. • Transmission de ces appels à des écoutants spécialement formés. • Traitement de l’appel. Il existe trois types de traitements : - si l’objet de l’appel n’entre pas dans le cadre de la lutte contre les discriminations, il est transmis à une structure susceptible d’apporter une aide ; 60 - si l’appelant souhaiter garder l’anonymat, on l’informe des différentes structures qu’il peut joindre (organisation syndicale, association, service public) ; - si l’appelant souhaite révéler son identité, les informations le concernant sont notées sur une fiche nominative (coordonnées, nature des actes discriminatoires subis). Cette fiche est automatiquement transmise au secrétariat de la CODAC, chargé du traitement et du suivi des situations. • Le secrétariat de la CODAC entre en liaison avec l’appelant dans les quinze jours, vérifie la matérialité des faits, désigne un référent pour résoudre le problème posé. Une fois rendues anonymes, ces fiches sont exploitées par le groupe d’intérêt public GED (Groupe d’étude sur les discriminations) dans le cadre de son rapport annuel sur les discriminations. Contact Affiches et dépliants de présentation du 114 disponibles auprès de la CODAC de votre département. LUTTER CONTRE LES DISCRIMINATIONS RACIALES SUR LE MARCHÉ DU TRA VAIL Fiche 17 Accords-cadres signés à la suite de la circulaire du 21 octobre 1998 sur la mobilisation du service public de l'emploi dans le domaine de la lutte contre les discriminations raciales À la suite de la communication présentée en Conseil des ministres par Martine Aubry le 21 octobre 1998 sur la politique d'intégration et la lutte contre les discriminations raciales et de la circulaire de la même date adressée au SPE, deux accords-cadres ont été signés, l'un avec l'ANPE, l'autre ave l'AFPA. Accord-cadre avec l'ANPE Un accord-cadre a été signé le 17 février 1999 entre la DGEFP, la DPM, le FAS et l'ANPE pour favoriser l'insertion professionnelle des demandeurs d'emploi issus de l'immigration et lutter contre les discriminations raciales. c) susciter la création de réseaux de parrainage de jeunes, notamment à partir des agences locales pour l'emploi, de façon que, dans le cadre du "nouveau départ" du PNAE, un accompagnement par le parrainage puisse être proposé aux jeunes en même temps que des offres d'emploi. Par ailleurs, le parrainage de demandeurs d'emploi chômeurs de longue durée de plus de 26 ans sera expérimenté. Les différents points de l'accord seront mis en œuvre, notamment, dans le cadre de conventions régionales d'application. Contact Il prévoit plusieurs dispositions • Faciliter l'accès aux services de l'ANPE et à l'emploi. Action : développer des services d'interprétariat et de médiation interculturelle au sein des agences locales pour l'emploi. • Faciliter l'accès à la formation linguistique des demandeurs d'emploi. Action : systématiser la mise en place d'évaluations du niveau de connaissance linguistique (ENCL) des demandeurs d'emploi immigrés mis au point en Ile-de-France, à partir d'un cahier des charges réalisé en commun avec le FAS et sur la base du référentiel des formations linguistiques utilisé par le FAS. • Lutter contre les discriminations raciales à l'embauche. Actions : a) évaluer l'ampleur et les formes de ces pratiques, les moyens pour l'ANPE de lutter contre elles, à partir d'un diagnostic fait dans quelques ALE : constitution d'un groupe de travail DGEFP-DPM-FAS-ANPE ; b) développer la formation des personnels des agences locales à la lutte contre les discriminations, notamment en utilisant le dispositif de formation des acteurs du FAS ; Direction générale de l'ANPE, "Le Galilée" 93198 Noisy-le-Grand cedex Joëlle Casorla Tél. : 0149317603 Fax : 0143051551 Protocole d'accord avec l'AFPA Un protocole d'accord pour l'insertion professionnelle des personnes issues de l'immigration et la lutte contre les discriminations raciales a été conclu le 14 janvier 2000 entre la DGEFP, la DPM, le FAS et l'AFPA. Il prévoit plusieurs actions : Développer la collaboration dans la mise en œuvre des prestations d'orientation et de form a t i o n en faveur des publics migrants ou issus de l'immigration (appui au projet professionnel, avec notamment une meilleure prise en compte des besoins en formation linguistique, recherche de complémentarité entre l'AFPA et le FAS pour les prestations de bilan d’orientation et de formation). Impliquer l'AFPA dans le développement du parrainage, dans le cadre des formations qualifiantes, notamment en liaison avec l'ANPE au titre du "nouveau départ" du PNAE. VOLUME 2 - 2000 - 61 Mobiliser l'AFPA dans la lutte contre les discriminations raciales : sensibilisation et formation des personnels des centres AFPA, prise en compte de la diversité culturelle dans l'élaboration des parcours et l'approche des processus d'apprentissage, prise en compte des questions de l'immigration, de la diversité culturelle et de la lutte contre les discriminations dans les filières de formation des acteurs de la formation et de l'insertion. Contact AFPA, 13, place du Général-de-Gaulle 93108 Montreuil cedex Jean-François Mézières Tél. : 0148705029 Fax : 0148705264 62 LUTTER CONTRE LES DISCRIMINATIONS RACIALES SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL Fiche 18 Parrainage Les jeunes éprouvent souvent des difficultés pour accéder à un premier emploi. C’est notamment le cas de ceux qui sont sortis du système scolaire sans diplôme ou qui n'ont pas acquis une qualification ultérieure. milieu du travail en assurant la médiation entre les jeunes, l'entreprise et leur environnement de vie quotidienne : transport, santé, logement, loisirs… Publics concernés En outre, l'élargissement de la fracture sociale ainsi que la montée du racisme et de la discrimination ont aggravé la situation d'exclusion de beaucoup de jeunes, de plus en plus éloignés des réseaux relationnels d'accès à l'emploi. Ainsi, le taux de chômage des jeunes étrangers originaires des pays n'appartenant pas à l'Union européenne a atteint 42,6 % en 1999, contre 26,1 % pour les jeunes Français. C'est à la suite de ce constat qu'est née en 1993 l'idée de parrainer et d'accompagner vers l'emploi des jeunes en difficulté d'insertion professionnelle. Des actions expérimentales de parrainage ont progressivement été mises en œuvre depuis 1994. L'initiative en revient à la direction de la Population et des Migrations, à la délégation interministérielle à l'Insertion des jeunes et au Fonds d'action sociale pour les travailleurs immigrés et leurs familles. Ces structures ont travaillé avec la délégation générale à l'Emploi et à la Formation professionnelle, la direction de l'Action sociale et la délégation interministérielle à la Ville. Ces actions consistent à mettre en relation les jeunes qui rencontrent des difficultés d'insertion professionnelle avec des "parrains". Ceux-ci sont des personnes connues des employeurs et ayant de ce fait leur confiance. Bénévole, la fonction est assurée à l'extérieur de l'entreprise. Cela la distingue de celle du “tuteur”, exercée au sein de l'entreprise par un membre du personnel qui aide le jeune à acquérir les savoirs professionnels. La fonction de parrain se distingue aussi de celle du conseiller chargé du suivi du jeune dans la structure qui soutient l'opération. En substance, le dispositif du parrainage consiste à "donner des relations à ceux qui n'en ont pas", à faciliter leur accès à l'emploi, et à les aider à se maintenir dans le Les jeunes de 16 à 25 ans prêts à l'emploi, mais rencontrant des difficultés d’insertion professionnelle. Ils présenteront au moins l'une des caractéristiques suivantes : - un faible niveau de formation ; - un milieu social défavorisé ; - le risque de discrimination en raison de leur origine ethnique ou de leur lieu d'habitation ; - l’absence de relations pour les introduire auprès des employeurs. Développement du parrainage et résultats Le parrainage est mis en œuvre par la DPM, la DIIJ, la DGEFP, la DIV, la DAS et le FAS, sur la base d'une circulaire annuelle. Les financements sont limités à 2000 F par an par jeune parrainé. Déconcentrés au niveau régional ou départemental, ils proviennent de la DPM, de la DIIJ, de la DGEFP, du FAS et des conseils régionaux. S'y ajoutent des crédits du FIV, des cofinancements locaux et des crédits du FSE. Pour mesurer l'efficacité de cette action, le dernier bilan exhaustif est celui de la campagne 1996, arrêté au 31 décembre, portant sur plus de 4000 jeunes parrainés. Les principaux résultats sont les suivants : - taux d'accès à l'emploi au terme de 6 mois de parrainage : 52,7 % ; - entrée dans des formations à visée professionnelle : 8,5 % ; - autres solutions (création d'entreprise, intérim, vacations…) : 7,8 % ; - parrainages toujours en cours : 31,6 % ; - abandons : 7,2 % ; - jeunes issus de l'immigration : 45,8 % ; - jeunes de bas niveau de qualification : 71,5 % ; - coût moyen par jeune parrainé : 1 550 F. VOLUME 2 - 2000 - 63 Années Nombre de régions Nombre de projets Nombre de jeunes Nombre de parrains 5 30 1 000 770 1995 10 67 3 000 1 500 1996 14 125 5 000 2 000 1997 22 330 13500 6 000 1998 22 300 10000 5 000 1999 22 480 20000 9 000 22 700 30000 13000 1993-1994 2000 1 1 Prévisions. Nouvelles orientations du parrainage Il a été décidé depuis 1999 d'inscrire fortement le parrainage en appui des politiques publiques d'insertion professionnelle et de lutte contre les discriminations. Le parrainage vient en appui aux deux principaux dispositifs du Plan national d'action pour l'emploi, concernant l'accès à l'emploi des jeunes : • Le "nouveau départ" consiste à offrir à tout jeune au chômage depuis six mois un diagnostic approfondi suivi d'un accompagnement personnalisé à la recherche d'un emploi, ou d'une proposition de formation ou de stage. Le parrainage pourra ainsi constituer une réponse à apporter au jeune à l'issue de cet entretien. • Le programme TRACE a pour objectif de proposer aux jeunes les plus éloignés de l'emploi un parcours d'insertion professionnelle personnalisé pouvant durer dix-huit mois. Le parrainage pourra être proposé avant chaque mise en emploi du jeune durant le parcours et à la fin du trajet d'accès à l'emploi pour conforter les chances d'insertion professionnelle durable. • Les réseaux de parrainage, opérant au niveau des territoires et mobilisant les acteurs locaux, seront également des instruments privilégiés de la politique de la ville. Et le développement de cette démarche sera pris en compte lors de la négociation des futurs contrats de ville. 64 Les conseils régionaux ont une compétence de droit commun décentralisée en ce qui concerne l'accès des jeunes à la formation professionnelle et à l'emploi. C'est pourquoi nombre de régions participent déjà au développement du parrainage aux côtés de l'État. Ce partenariat devra être amplifié et intégré dans la négociation des prochains contrats de plan. Par la médiation qu'il organise entre le jeune et l'entreprise, le parrainage constitue aussi l'un des instruments de lutte contre les discriminations raciales. Il concourt à rétablir l'égalité des chances dans l'accès à l'emploi, notamment dans les plus petites entreprises. Le développement des réseaux de parrainage a été approuvé à l’unanimité par les partenaires sociaux le 11 mai 1999 lors de la table ronde avec la ministre sur la lutte contre les discriminations raciales dans le monde du travail. Un tel développement du parrainage nécessite une mobilisation des réseaux économiques au niveau national et sur le plan régional. a) Au niveau national : - par la signature, le 27 juillet 1999, d'une charte nationale avec de grands réseaux économiques représentatifs de “l'entreprise citoyenne” ; - par la conclusion d'accords de partenariat avec de grandes têtes de réseaux économiques pour la diffusion du parrainage dans ces réseaux (1998-1999 : fondation FACE, Fédération nationale des CREPI, CCCA-BTP ; 1999-2000 : CNCE-GEIQ, ANPE, AGIR LUTTER CONTRE LES DISCRIMINATIONS RACIALES SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL abcd, AFIJ; 2000-2001 : APCM, CLCBE, association La Boucle, ministère de l'Éducation nationale, expérimentation à partir de lycées techniques). b) Au niveau régional : - par la signature, fin 1999 et courant 2000, de chartes régionales avec les acteurs économiques et sociaux intéressés, dont le comité d'animation permettra à toutes les structures conduisant des opérations de parrainage, qu'elles soient financées ou non sur crédits publics, de présenter leurs actions et leurs résultats et de dialoguer entre elles ; - par la mise en place progressive d'une animation régionale du parrainage qui, dans la région, favorisera l'émergence de nouveaux projets sur chaque territoire et apportera l'assistance technique nécessaire aux réseaux en cours de création et à ceux qui existent déjà. Contact Chargé de mission parrainage de la DRTEFP Pour aller plus loin : Circulaire du 7 juin 2000 DIIJ-DPM-DGEFP-DIVDAS n° 000/313 relative à la mise en œuvre de la campagne 2000 de parrainage Guide pratique : “Parrainage pour l'emploi des jeunes” - DPM - juin 1999 (seconde édition). VOLUME 2 - 2000 - 65 Fiche 19 Parrainage : conventions nationales avec des têtes de réseaux associatifs La DPM souhaitait diversifier les structures portant les réseaux de parrainage. Et elle tenait à ancrer cette démarche à partir d'organismes issus du monde économique. En association avec la DIIJ, la DIV, la DGEFP ou le FAS, la DPM a signé depuis 1998 une série de conventions avec de grands acteurs de la vie économique et sociale afin d'expérimenter et de diffuser le parrainage au sein de ces structures. Tous ces accords prévoient d'accorder une attention particulière aux publics issus de l'immigration. L’objectif est de faire du parrainage un instrument pour combattre les discriminations à l'entrée dans la vie professionnelle. Les accords prévoient une phase d'information en interne sur le parrainage et ses enjeux pour la structure contractante, la détermination des relais locaux qui vont créer les réseaux de parrainage expérimentaux, l'assistance technique pour le montage des réseaux, ainsi que la mise au point d'un module de formation des parrains. Les réseaux expérimentaux sont ensuite financés sur un an par la DPM. Ils passent une convention particulière avec elle. Des accords peuvent aussi être conclus au niveau local avec les missions locales. La finalité sera d’alimenter en jeunes les réseaux de parrains ainsi constitués. Cette démarche jettera les bases de nouveaux partenariats avec le réseau d'accueil. À la fin de l'action, la structure nationale évalue les opérations, et elle précise les possibilités de diffusion future du parrainage. Conventions 1998-1999 Fondation FACE Expérimentation du parrainage à partir de quatre clubs d'entreprises FACE (Angers, Chambéry, Lille et Marseille). Ces actions concernent 110 jeunes. D'autres projets de parrainage sur financement déconcentré sont mis en œuvre à Amiens et à Beauvais. Contact Fondation agir contre l'exclusion 48, rue de la Roquette 75011 Paris 66 Dorothée Chéret Tél. : 0149237778 Fax : 0149237794 Fédération nationale des clubs régionaux d'entreprises pépinières d'insertion (CREPI) Expérimentation du parrainage à partir de huit CREPI (Mulhouse, Tarbes, Toulouse, Paris, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Valde-Marne, Val-d'Oise), en plus d'une expérience sur financement local à partir de 1997 pour le CREPI de Tours. 125 jeunes sont parrainés au titre de cette convention. Contact Fédération nationale des CREPI, EIFFAGEConstruction Tour Morane 3, avenue Morane-Saulnier 78140 Vélizy-Villacoublay Catherine Giner Tél. : 0134658589 Fax : 0143658506 Comité central de coordination de l'apprentissage dans le bâtiment et les travaux publics (CCCA-BTP) : dans le cadre d'un accord-cadre plus général sur la lutte contre les discriminations, signé avec la DPM, la DIIJ et le FAS, expérimentation du parrainage pour faciliter l'entrée en apprentissage, éviter les abandons en cours de formation et aider à l'insertion professionnelle des apprentis après l'obtention du diplôme. À la suite du CFA de ClermontFerrand, qui a monté un réseau de parrainage en 1997, six CFA ont créé des réseaux au titre de la convention (SaintDenis, Perpignan, Le Mans, Saint-Étienne, Antibes, Chartres). 120 jeunes ont été concernés par cette opération. Contact Comité central de coordination de l'apprentissage dans le bâtiment et les travaux publics 19, rue du Père-Corentin 75014 Paris Michèle Noël Tél. : 0140642652 Fax : 0140642601 LUTTER CONTRE LES DISCRIMINATIONS RACIALES SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL Conventions 1999-2000 Comité national de coordination et d'évaluation des groupements d'entreprises pour l'insertion et la qualification (CNCE-GEIQ) Une sensibilisation au parrainage a été menée auprès des GEIQ. Mais un seul a créé un réseau de parrainage, à Vervins, dans l'Aisne. Le parrainage concernera des publics jeunes et adultes. Contact CNCE-GEIQ 5, rue d'Alsace 75010 Paris Jean Dalichoux Tél. : 0146073333 Fax : 0146073366 Association pour faciliter l'insertion professionnelle des jeunes diplômés (AFIJ) Faisant suite à des études de cet organisme sur les difficultés particulières d'accès à l'emploi rencontrées par les jeunes diplômés issus de l'immigration et des quartiers, la convention signée entre l'AFIJ, la DPM, la DIIJ et la DIV prévoit : - la conception et l'expérimentation d'un accompagnement vers l'emploi prenant en compte les problèmes spécifiques aux jeunes diplômés issus de l'immigration, à partir de la méthodologie du parrainage ; - à cette fin, l'expérimentation et la validation du concept de "réseaux d'experts", proposé par l'AFIJ, cadres d'entreprises (essentiellement fonctions DRH et recrutement) qui réaliseront une interface individuelle entre les jeunes et les entreprises ; - la méthodologie ainsi définie sera par la suite mise à disposition de l'État et de tous les partenaires souhaitant monter des réseaux de parrainage en direction des jeunes diplômés ; - en 1999-2000, l'AFIJ s'engage à parrainer 500 jeunes des quartiers de niveau bac + 2 minimum, dont au moins 50 % seront issus de l'immigration. L’opération portera sur dix sites : Avignon, Marseille, Montpellier, Nîmes, Toulon, Toulouse, Bourges, Grenoble, Lyon, Paris, Strasbourg et Tours. Contact AFIJ 10, impasse Robiquet 75006 Paris Frédérique LEBEL Tél. : 0153638314 Fax : 0153638319 AGIR abcd L'association AGIR abcd regroupe des bénévoles retraités intervenant notamment dans le domaine humanitaire. Elle est partenaire du parrainage depuis plusieurs années sur la base d'une convention passée en 1996 avec la DIIJ. Et elle a mis à la disposition des missions locales et des PAIO 205 retraités en 1997-1998, qui ont parrainé 620 jeunes. L'objet de la convention signée le 23 juillet 1999 entre AGIR, la DPM et la DIIJ est d'organiser la généralisation de l'intervention de cette association sur l'ensemble du territoire et d'apporter un appui technique et financier au développement de son action. Ainsi le nombre de parrains mis à disposition par AGIR devrait s’élever à 500 en 1999-2000. Cela permettra le parrainage de mille jeunes ! Contact AGIR abcd 8, rue Ambroise-Thomas 75009 Paris Jean-Claude Jacquin Tél. : 0147701890 Fax : 0147703626 ANPE : Au titre de l'accord-cadre signé le 17 février 1999 entre l'ANPE et la DGEFP, la DPM et le FAS sur la lutte contre les discriminations raciales, le développement du parrainage de jeunes bénéficiaires du "nouveau départ" du PNAE a été prévu, ainsi que l'expérimentation du parrainage de publics adultes. L'ANPE mène ces dernières actions avec la Fondation de la deuxième chance (expérimentations en Seine-Saint-Denis et à Marseille). Contact Direction générale de l'ANPE "Le Galilée" 93198 Noisy-le-Grand cedex Joëlle Casorla Tél. : 0149317603 Fax : 0143051551 VOLUME 2 - 2000 - 67 Conventions 2000-2001 AFPA : dans le cadre du protocole d'accord sur la lutte contre les discriminations raciales, signé le 14 janvier 2000 entre la DGEFP, la DPM, le FAS et l'AFPA, le parrainage va être expérimenté à partir de centres AFPA en Nord-Pas-de-Calais, Rhône-Alpes et PACA. Il sera utilisé dans deux cas de figure : - aider des jeunes ou des adultes à trouver une entreprise d'accueil dans le cadre des parcours qualifiants, notamment à l'occasion d'un contrat de qualification ou pour lutter contre les abandons en cours de formation ; - après l'obtention du diplôme, pour faciliter l'accès à l'emploi. Contact AFPA 13, place du Général-de-Gaulle 93108 Montreuil cedex Jean-Philippe Milesy Tél. : 0148705390 Fax : 0148703865 Conventions en cours de signature Assemblée permanente des chambres de métiers (APCM) Quelques chambres de métiers ont déjà mené des opérations de parrainage et il est prévu dans la convention une diffusion plus large du parrainage par la création de réseaux de parrainage à partir de 15 chambres de métiers, dans le cadre des contrats d'apprentissage. Les actions visées sont les mêmes que celles prévues dans conventions AFPA et CCCA-BTP et le parrainage sera utilisé en amont, pendant et en aval de la formation. Il est prévu le parrainage de 200 jeunes. convention, Il est prévu de créer 10 réseaux de parrainage par les CBE et d'accompagner vers l'emploi deux cents personnes, dont cent jeunes de moins de 26 ans. Contact CLCBE 10-16, rue Brancion 75015 Paris Jean Maillet Tél. : 0153861150 Fax : 0153861151 Association "La Boucle" Cette association constitue la tête de réseau des quatorze "boutiques-clubs-emploi", qui aident des chômeurs, surtout de longue durée, à se motiver de nouveau dans leur recherche d'emploi, notamment par des techniques de dynamique de groupe (clubsemploi, réseaux de soutien à l'emploi). La convention prévoit de développer du parrainage dans dix boutiques-clubs-emploi (Argenteuil, Athis-Mons, Meaux, Gennevilliers, Villiers-le-Bel, Rouen, Limoges, Valenciennes, Vire, Fort-de-France). 150 personnes seront parrainées par d'anciens bénéficiaires des boutiques et par des parrains recrutés parmi les partenaires locaux de ces boutiques. Contact La Boucle 157, rue Marcadet 75018 Paris Thierry BENOIT Tél. : 0142570700 Fax : 0142570760 Parrainages à partir de lycées professionnels Contact APCM 12, avenue Marceau 75008 Paris Christine SALVAT Tél. : 0144431080 Fax : 0147203448 Depuis quelques mois, un rapprochement a été opéré entre la DPM et la direction de l'Enseignement scolaire du ministère de l'Éducation nationale. L’objectif est de permettre une meilleure insertion professionnelle des jeunes issus de l'immigration et de lutter contre les pratiques discriminatoires lors de l'entrée dans les stages en entreprise. Comité de liaison des comités de bassin d'emploi (CLCBE) À la suite des comités de bassin d'emploi de Saint-Quentin et de Laon, qui ont créé des réseaux de parrainage, le CLCBE a décidé de développer cette action. Au titre de la C'est ainsi que la lutte contre les discriminations a été reconnue comme l'une des priorités du programme "Nouvelles Chances" lancé par Claude Allègre en octobre dernier pour faciliter l'insertion professionnelle des 57000 jeunes qui quittent chaque année le 68 LUTTER CONTRE LES DISCRIMINATIONS RACIALES SUR LE MARCHÉ DU TRA VAIL système scolaire sans qualification. Dans ce cadre, le MEN a décidé d'expérimenter avec la DPM, le FAS et la DIIJ le parrainage à partir de lycées professionnels dans les académies d'Amiens, de Créteil et de Montpellier. Une attention particulière est portée aux élèves issus de l'immigration. Ces projets ont été repris dans les décisions des Assises de la citoyenneté. Huit lycées techniques vont expérimenter le parrainage à partir de la rentrée : cinq en Picardie, deux en Seine-Saint-Denis et un dans l'Hérault. Et des conventions seront signées entre chaque établissement et la DPM. De dix à quinze jeunes par établissement devraient être accompagnés. La DPM a mobilisé des réseaux nationaux ou locaux : FACE, CREPI, association Jeunesse et Entreprises, associations de retraités, caisses de retraite de cadres, missions locales… Les établissements recherchent également des parrains auprès des anciens élèves, des associations comme le Rotary et le Lion's Club, ainsi que dans les entreprises locales. Le parrainage sera utilisé par chaque lycée pour résoudre le problème de son choix : accès aux stages en entreprise, accès à l'apprentissage, aide aux élèves démotivés abandonnant les cours, aide à l'insertion professionnelle, appui pour une nouvelle préparation d'examens par l'alternance pour des élèves ayant échoué en juin, appui pour l'accès au bac pro pour des élèves sortant de BEP… Contact Ministère de l'Éducation nationale DESCO A7 142, rue du Bac 75007 Paris Arlette Roumengous Tél. : 0155551081 Fax : 0155552162 VOLUME 2 - 2000 - 69 4.2.3. Structures publiques et associatives Fiche 20 Structure : GIP-GED (Groupe d’étude contre les discriminations) Rôle Mode d’intervention Créé en avril 1999, le GED, groupement d’intérêt public, a été conçu comme un lieu de concertation entre les pouvoirs publics et des représentants de la société civile (partenaires sociaux, organisations de lutte contre le racisme). Ses missions : analyser les discriminations et formuler des propositions de nature à les combattre. Il vise ainsi deux objectifs : - donner à comprendre et à connaître les processus discriminatoires aux pouvoirs publics et acteurs économiques et sociaux ; - organiser la concertation entre pouvoirs publics, syndicats, associations, entreprises afin de formuler ensemble des propositions, des pistes d’action de lutte contre les discriminations. Son champ d’action couvre la vie sociale : emploi, logement, culture, loisir, santé, éducation, formation, protection sociale, accès aux services publics. L’activité du GED se manifeste en premier lieu par les productions issues de groupes de travail, animés par des membres de son Conseil d’orientation, composé de chercheurs et d’universitaires spécialistes des discriminations. Ces travaux sont conclus par des notes présentant un état des lieux de la question traitée ainsi que des recommandations. Le programme d’activités du GED pour l’année 2000 comprend six groupes de travail : - les emplois fermés aux étrangers ; - procédures d’attribution des logements ; - le rapport au droit : la preuve de la discrimination et le “testing” ; - la sensibilisation et la formation des fonctionnaires ; - la mesure des publics discriminés ; - violences institutionnelles et symboliques animées. Contact Au début de l’année 2001, le numéro d’appel gratuit 114 sera rattaché au GIP-GED. Le groupement produira un rapport annuel sur les discriminations raciales, à partir de son activité, des données issues du 114 et de l’action de la CODAC. Il changera de dénomination pour s’appeler “Groupe d’études et de lutte contre les discriminations” (GIPGELD). 70 Groupe d’étude des discriminations 8-10, rue du Général-Renault 75011 Paris Tél. : 0155283919 Fax : 0155283050 e-mail : [email protected] Directeur : Jérôme Guedj LUTTER CONTRE LES DISCRIMINATIONS RACIALES SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL Fiche 21 Structure : les CODAC (commissions départementales d’accès à la citoyenneté) Rôle Créée en janvier 1999 par le ministère de l’Intérieur, la CODAC est un lieu d’écoute, de réflexion et de mise en œuvre d’actions de lutte contre les discriminations. Le rôle de cette commission est multiple. D’une façon générale, elle aide les jeunes Français issus de l’immigration à se faire une place dans la société par : - l’accès à la citoyenneté ; - l’accès à l’emploi ; - l’accès aux concours de la fonction publique; - l’accès au logement ; - l’accès aux loisirs. Ses missions : • Favoriser l’échange d’informations. La CODAC permet aux services de l’État, aux collectivités territoriales, aux partenaires sociaux, aux associations et aux organes consulaires concernés de définir un programme d’actions contre les discriminations. • Concevoir, mettre en place et coordonner les actions. Chaque année, et à partir d’un diagnostic établi localement, un programme d’actions et de priorités est déterminé par le préfet, au nom des administrations de l’État. • Améliorer les signalements pour permettre une plus grande efficacité de la réponse judiciaire. La présence du procureur de la République du chef-lieu du département, en tant que vice-président d’une CODAC aux côtés du préfet, doit favoriser l’amélioration de l’efficacité de la saisine de l’autorité judiciaire. Être informé des pratiques discriminatoires, les analyser et essayer d’y apporter une solution… Ces tâches relèvent également de leur mission. groupes de travail thématique, auxquels on attribue différentes missions : - étude des différents aspects que prennent les discriminations ; - formulation de diagnostics et de propositions d’action. Ces groupes de travail doivent faire une large place aux jeunes issus de l’immigration ou membres d’associations. Des actions concrètes sont menées : analyse et constat des pratiques discriminatoires, saisie du parquet afin de les condamner et incitation au respect des devoirs, etc. Exemple : mise en place au mois de mai 2000 du numéro gratuit 114 (voir fiche dispositif n° 4.2.). Le secrétariat de la CODAC Le secrétariat permanent de la CODAC doit assurer la préparation et l’évaluation des actions mises en œuvre par la commission (réception et suivi du traitement des appels au numéro 114). Il doit veiller à : − assurer la confidentialité de la réception et de la conservation des fiches nominatives et de l’ensemble de la procédure de prise en charge des situations signalées ; − constituer et animer des réseaux de référents à même d’assurer le traitement et le suivi du signalement ; − analyser et répartir les dossiers en désignant pour chaque cas un référent ; − assurer le suivi de l’activité des référents et l’information locale et nationale. De façon générale, le suivi de l’ensemble du dispositif national est effectué par un comité interministériel. Mode d’intervention Contact La commission départementale Cette commission se réunit trimestriellement en assemblée plénière. Autour du préfet se rassemblent des représentants de l’autorité judiciaire, de services administratifs de l’État, de chambres consulaires et de services publics et des jeunes. Préfecture : secrétaire permanent de la CODAC du département Voir notamment les échanges organisés lors des Assises nationales de la citoyenneté et des luttes contre les discriminations, à Paris, le 18 mars 2000. L’assemblée plénière met en place des VOLUME 2 - 2000 - 71 Fiche 22 Fonds d’action sociale Dispositif national de formation des acteurs Le Fonds d’action sociale (FAS) est un établissement public financier à caractère administratif. Touchant à tous les domaines de l’activité sociale et culturelle, sa mission consiste à faciliter l’intégration des personnes d’origine étrangère qui ont choisi la France pour y vivre durablement. Par l’intermédiaire de délégations régionales présentes sur tout le territoire, le FAS finance des actions compatibles avec son objet social. 5000 organismes environ, aux statuts juridiques variés, sont ainsi bénéficiaires des subventions allouées par les instances paritaires de décision. Le FAS finance également des études, des recherches, des évaluations, des publications, des colloques… Autant d’actions ou de programmes divers susceptibles de faire progresser la connaissance et la compréhension des processus à l’œuvre dans les domaines qui relèvent de sa compétence. Les savoir-faire ainsi capitalisés par l’établissement public l’ont conduit progressivement à intervenir dans le secteur de la formation. Un dispositif national est proposé à tous les acteurs de la formation et de l’insertion professionnelle. L’accès à ce dispositif est gratuit. Une exigence de professionnalisme et de qualité L’intégration des populations d’origine étrangère est un processus complexe. Non réductible, elle réclame la conjugaison d’actions sur le public à intégrer et aussi sur la société d’accueil. Ces actions sont complémentaires. Leur enchaînement est souhaitable. Elles ne peuvent en aucun cas se substituer l’une à l’autre. Certes, il s’agit de faciliter l’intégration personnelle, culturelle, sociale et professionnelle des personnes désireuses de s’installer durablement sur le territoire national. Mais, en parallèle, il convient aussi de créer l’environnement et les conditions favorables à l’installation dans la société française. Cette double exigence s’impose d’autant que les “candidats” à l’intégration se situent dans 72 des couches sociales défavorisées, sont peu ou pas alphabétisés, primo-arrivants, de faible niveau de qualification, demandeurs d’emploi, non francophones, etc. Ces personnes font souvent l’objet de représentations négatives. Elles éprouvent des difficultés à bénéficier d’actions adaptées. Ce constat concerne tous les domaines d’intervention du FAS. En particulier, la formation et l’emploi. Malgré de nombreux dispositifs de droit commun, les actions proposées ne répondent pas à tous les besoins des personnes soumises à des difficultés particulières ou spécifiques d’intégration. D’ailleurs, on sait que l’efficacité des actions dépend pour beaucoup de leur pertinence, mais aussi des compétences professionnelles des personnes chargées de les conduire. Ces actions doivent être ciblées, adaptées au public et répondre à des besoins identifiés. En même temps, les acteurs qui les conduisent doivent manifester la compétence et le savoir-faire nécessaires pour s’adapter aux situations, comprendre la diversité culturelle et assumer l’hétérogénéité des publics. Le dispositif national de formation des acteurs de la formation et de l’insertion professionnelle du FAS répond à ces exigences de qualité et de professionnalisme. Chaque année, un marché public pour sélectionne les organismes qui présentent les meilleures offres. Finalité Il s’agit de favoriser l’égalité accès à la formation et à l’emploi des personnes d’origine étrangère. Comment? En proposant des formations de qualité aux acteurs des deux domaines. L’objectif est d’améliorer leur niveau de compétences pour une meilleure prise en compte des publics. Trois thématiques sont retenues : • L’apprentissage de la langue La maîtrise du français constitue une véritable nécessité en situation de migration pour toute personne désireuse de s'intégrer. C’est la langue de l’unité nationale, du lien social, de la communication, de la culture commune… L’apprendre est une des conditions de l’auto- LUTTER CONTRE LES DISCRIMINATIONS RACIALES SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL nomie, de l’épanouissement personnel, mais aussi de l’accès à l’emploi. Pour le public le plus défavorisé, l’accès à la maîtrise de la langue demeure trop souvent du domaine de l’aléatoire. L’action du FAS consiste à faire accéder le plus grand nombre à une formation de qualité. À cet égard, l’enseignement d’une langue étrangère à des publics analphabètes ou peu scolarisés requiert des compétences spécifiques. Celles-ci imposent de plus en plus le recours à des professionnels formés. Ces différents acteurs interviennent notamment dans : − la conception et le pilotage de dispositifs territorialisés de formation et d’insertion professionnelle ; − l’animation et la gestion d’actions de formation ; − l’accompagnement des personnes dans des parcours de formation et d’insertion professionnelle ; − la gestion de l’accès à l’emploi et de l’organisation du travail. • L’approche interculturelle Dans le secteur de la formation, les agents suivants sont concernés : formateurs, coordinateurs pédagogiques, conseillers et ingénieurs en formation, responsables d’organismes de formation, intervenant tant dans le secteur public que dans le secteur privé, etc. La formation permet de mieux comprendre et gérer la diversité culturelle. Il s’agit de donner aux différents acteurs le bagage requis pour traiter eux-mêmes, dans leur institution ou activité professionnelle, les problèmes éventuels avec les populations d’origine étrangère, réelle ou supposée. Il s’agit de dépasser le cadre des représentations ou la croyance en la nécessité d’une prise en charge spécifique. La gestion de la diversité est une compétence qui s’acquiert. Elle réclame un effort de construction intellectuelle. Son acquisition passe par une modification du regard porté, des attitudes et du comportement. • La lutte contre les discriminations Parce qu’elles empêchent l’intégration sociale et professionnelle, les discriminations à l’emploi exigent une attention particulière. La lutte contre les discriminations implique un travail préliminaire de connaissance, d’évaluation de l’ampleur du phénomène et de ces différentes manifestations. C’est particulièrement vrai dans le domaine de l’emploi. La formation permet de mieux appréhender la complexité des processus à l’œuvre et des mécanismes susceptibles de générer des pratiques discriminatoires, le plus souvent non intentionnelles. La formation permet la construction de réponses locales et l’élaboration d’un projet partagé par les différents acteurs. Dans le domaine de l’emploi, plusieurs catégories d’acteurs sont intéressées : agents intervenant pour faciliter l’accès à l’emploi : intermédiaires, agents du service public de l’emploi, ANPE, AFPA, réseau d’accueil et autres structures d’accueil des jeunes, responsables du recrutement, personnes ayant une fonction d’encadrement sur le lieu du travail, DRH, partenaires sociaux, élus, etc. Bien que national, le dispositif proposé est d’une grande souplesse. En tout point du territoire, pour accompagner les dynamiques locales et la mobilisation des acteurs, toute action de formation peut être mise en place dès que huit personnes en émettent la demande. Il suffit alors de s’adresser à l’organisme organisateur de la formation, qui aura été retenu à la suite de la procédure du marché public. Un catalogue des formations proposées est disponible sur simple demande. Contact FAS 209, rue de Bercy 75585 Paris Karine Bagoë Tél. : 0140027714 Fax : 0143460427 Bénéficiaires de la formation Tous les acteurs du monde de la formation et de l’emploi sont susceptibles de bénéficier du dispositif national de formation. Direction formation-emploi : Nourredine Boubaker, Christine Candide, Jean-Paul Mangon. VOLUME 2 - 2000 - 73 Fiche 23 Haut Conseil à l'intégration (HCI) 1. Mission du Haut Conseil à l'intégration L'article 1er du décret du 19 décembre 1989 modifié prévoit que le "Haut Conseil à l'intégration a pour mission de donner son avis et de faire toute proposition utile à la demande du Premier ministre ou du comité interministériel à l'Intégration, sur l'ensemble des questions relatives à l'intégration des résidents étrangers ou d'origine étrangère. Il élabore, chaque année, un rapport qu'il remet au Premier ministre." 2. Membres du Haut Conseil à l'intégration Selon l'article 2 du décret du 19 décembre 1989 modifié, le Haut Conseil à l'intégration est composé de vingt membres au plus nommés pour trois ans, par décret du président de la République sur proposition du Premier ministre. Leur mandat est renouvelable une fois. Membre nommé par décret du 19 octobre 1998 Roger Fauroux Ancien ministre Membres nommés par décret du 17 mars 1999 : Bernard Birsinger Député-maire de Bobigny Amin Boutaghane Commissaire de police Sara Briolin Proviseur de lycée François Chaves Directeur d'hypermarché Hanifa Cherifi Chargée de mission Christian Delorme (2e mandat) Prêtre Roger Errera Conseiller d'État 74 Anne-Marie Idrac Député des Yvelines Jeanne-Hélène Kaltenbach (2e mandat) Responsable d'association Nacer Kettane Président de radio Christine Lazerges Député de l'Hérault Gaye Petek-Salom Présidente d'association Aïcha Sissoko Présidente d'association Michèle Tribalat Démographe René Vandierendonck (2e mandat) Maire de Roubaix Membre nommé par décret du 23 novembre 1999 Patrick Weil (2e mandat) Directeur de recherche au CNRS 3. Rapports du Haut Conseil à l'intégration “Pour un modèle français d'intégration” (1990). “La Connaissance de l'immigration et de l'intégration” (1991 et 1992). “Les Conditions juridiques et culturelles de l'intégration” (1992). “Les Étrangers et l'emploi” (1993). “Liens culturels et intégration” (1995). “Affaiblissement du lien social, enfermement dans les particularismes et intégration dans la cité” (1997). “Lutte contre les discriminations : faire respecter le principe d'égalité” (1998). Ces rapports ont été publiés à la Documentation française. Rapport en préparation : "L'Islam dans la République". LUTTER CONTRE LES DISCRIMINATIONS RACIALES SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL Fiche 24 Structure : CNCDH (Commission nationale consultative des droits de l’homme) 1. Rôle La CNCDH a été créée par l’arrêté du ministre des Affaires étrangères du 27 mars 1947. Elle couvre la totalité des champs des droits de l’homme depuis le décret constitutif du 30 janvier 1984. La commission est composée de dix membres : diplomates, magistrats, avocats, universitaires… La CNCDH exerce une double fonction de proposition et de vigilance. D’une part, son rôle se situe en amont de l’action gouvernementale, lors de l’élaboration de projets de loi ou de règlement, de politiques et de programmes… D’autre part, elle intervient en aval dans les pratiques administratives ou dans les actions de prévention. Commission indépendante, elle joue un rôle consultatif vis-à-vis du gouvernement. Ses avis et ses études sont rendus publics. Le 13 juillet 1990, la commission reçoit sa consécration législative. Ce jour-là est votée la loi qui tend à réprimer tout acte raciste, antisémite et xénophobe. Dès lors, la commission est dans l’obligation de présenter un rapport annuel. À la suite des réflexions menées ces deux dernières années, ce rapport contient une étude sur les discriminations racistes et xénophobes dans l’emploi, le logement et les services. Enfin, en 1999, elle a largement traité la question des discriminations à l’embauche et sur les lieux de travail. Elle a souhaité que le dernier sondage effectué présente, de façon très réaliste, l’opinion des Français sur cette question. 2. Mode d’intervention Remise d’un rapport annuel au Premier ministre. Parmi les dernières publications de la Commission nationale consultative des droits de l'homme : “La Lutte contre le racisme et la xénophobie” (la Documentation française, 1999). VOLUME 2 - 2000 - 75 Fiche 25 Structure : SOS Racisme Créée en 1984, SOS-Racisme a orienté de plus en plus son action vers le terrain. L’association a été guidée par le souci d'une approche plus pratique des problèmes posés par le racisme. Elle a intensifié son action dans les quartiers en développant la lutte contre les discriminations dans tous les domaines de la vie sociale, économique et culturelle. Par le biais d’actions collectives, l'association cherche à mobiliser la jeunesse, y compris celle qui est issue de l'immigration. Parmi les actions récentes conduites par SOS-Racisme : - l'organisation d'universités d'été (celle de 1999 a été consacrée en grande partie aux 76 discriminations dans le logement, dans l'accès aux loisirs et à l'embauche) ; - la campagne "La discrimination tue les talents", lancée en octobre 1999 ; - l'organisation d'opérations de "testing" visant à établir les preuves des discriminations qui atteignent certaines catégories de population. Contact SOS-Racisme 28, rue des Petites-Écuries 75010 Paris Tél. : 0153246767 Fax : 0140220402 Site Internet : http ://www.SOS-RACISME.org e-mail : [email protected] LUTTER CONTRE LES DISCRIMINATIONS RACIALES SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL Fiche 26 MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples) Créé le 22 mai 1949, le MRAP combat le racisme sous toutes ses formes. Il réunit plus de 170 comités locaux et fédérations. Ses réflexions et actions sont menées au niveau national par des commissions. Elles portent sur des thématiques telles que la lutte contre l'antisémitisme et le néonazisme, les problèmes rencontrés par les Tsiganes et les gens du voyage, les questions liées à l’immigration… Le MRAP conduit des actions : - au niveau juridique ; - en direction des personnes étrangères (animation de permanences d'accueil) ; - en direction des jeunes (information, conférences en milieu scolaire et élaboration d'outils pédagogiques) ; - auprès des entreprises (information en direction des comités, syndicats…) Le MRAP fait paraître une revue mensuelle : "Différences". Contact MRAP 43, boulevard de Magenta 75010 Paris Tél. : 0153389999 Fax : 0140409098 e-mail : mrap@wanadoo. fr VOLUME 2 - 2000 - 77 Fiche 27 LDH (Ligue des droits de l'homme) Le manifeste qui marque la création de la LDH date du 5 juin 1898, en pleine affaire Dreyfus ! La dynamique du mouvement civique a mené la ligue de la défense des droits acquis à la conquête des droits nouveaux. En particulier, elle s’attache à défendre les droits économiques et sociaux, consacrés en 1948 dans la Déclaration universelle des droits de l'homme. La LDH est gouvernée par un souci d'indépendance à l'égard de tous les pouvoirs, au niveau local comme au niveau national ou européen. La ligue se fait un devoir d'interpeller les pouvoirs publics chaque fois qu'elle estime qu'ils ne respectent pas les droits qu'ils ont pour tâche de garantir. 78 Ce rôle, la Ligue l'exerce quotidiennement à travers d'innombrables interventions individuelles, mais aussi en constituant des dossiers, en réalisant des enquêtes. Ces documents lui permettent de poser des questions de société : Comment assurer l'égal accès de tous aux services publics ? Quel sens donner au droit au travail, proclamé dans la Constitution? Comment reconnaître aux hommes la liberté de circulation ? Contact LDH (Ligue des droits de l'homme) 27, rue Jean-Dolent 75014 Paris Tél. : 0144088729 Fax : 0145352320 e-mail : [email protected] LUTTER CONTRE LES DISCRIMINATIONS RACIALES SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL Fiche 28 LICRA (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme) Créée en 1927, la LICRA lutte contre toutes les formes de discriminations. Elle se veut apolitique. Elle a mis en place huit commissions : mémoire historique, juridique, formation et prévention, lutte contre l'extrême droite, militantisme et motivation, Europe, action humanitaire et intégration, citoyenneté. Leurs réflexions alimentent un programme général de travail. L'accent est mis sur la prévention et l'information. De nombreuses actions sont menées en direction de la population scolaire et universitaire. La LICRA lutte pied à pied sur le plan international, partout où sont menacés les droits de l'homme. Son action est relayée par des sections en Suisse, au Luxembourg et au Portugal. La ligue fait paraître une revue mensuelle : "Le Droit de vivre". On y trouve un compte rendu précis de la vie de l'association et de ses principales initiatives. Contact LICRA 42, rue du Louvre 75001 Paris Tél. : 0145080808 Fax : 0145081818 Adresse Internet : http :// www.Licra.com e-mail : licra a licra.com VOLUME 2 - 2000 - 79 Fiche 29 ADRI (Agence pour le développement des relations interculturelles) L'Agence pour le développement des relations interculturelles (ADRI) propose aux acteurs professionnels et aux collectivités locales des outils de formation et d'information dans les secteurs de la ville et de l'intégration. Elle met en place des moyens de traitement et d'édition. Ceux-ci permettent de recenser, de capitaliser et de diffuser l'ensemble des données concernant l'intégration en France et au niveau européen. Depuis le 1er janvier 1999, l'ADRI est un groupement d'intérêt public. Cette structure réunit le ministère de l'Emploi et de la Solidarité (DPM), le FAS, la DIV, le ministère de la Fonction publique (DGAFP), le ministère de l'Intérieur (DLPAJ), le ministère de la Culture (DDAT), l'association Starter et le CIEMI. 1. Le centre de ressources Un service de documentation est ouvert au public. Le fonds comprend : − 400 ouvrages ; − 130 dossiers documentaires ; − 35 dossiers de presse ; − 5 000 adresses d'acteurs de l'intégration ; − quatre publications régulières : “ADRI Info”, “Ressources Intégration” (bulletin bibliographique du Réseau des centres ressources pour l'intégration), “Migrations Etudes”, “ADRI presse” ; − deux collections : "Point Sur" et "Savoirs et Perspectives" ; − de nombreuses monographies ; − une base de données bibliographiques partagée de plus de 12 000 références (depuis 1986) se rapportant à la politique de la ville ; − un répertoire d'adresses utiles concernant 2 500 acteurs de l'intégration en France et incluant des données qualitatives (domaine d'action, public visé, prestations). 2. Le service "Rencontres et développement" L'ADRI favorise la rencontre et la mise en réseau des professionnels soucieux des 80 problèmes d'intégration. Et cela, tant en France qu’au niveau européen. Elle organise chaque année une dizaine de colloques, séminaires thématiques, ainsi que des rencontres avec des intellectuels, universitaires, artistes, opérateurs… Dans une région différente chaque année, l'ADRI organise les “Ateliers de l'intégration locale”. Ces réunions donnent l'occasion de promouvoir de “bonnes pratiques” et d’échanger des savoir-faire et des perspectives sur les différents aspects des politiques locales d'intégration. 3. Le service information et édition Ce service édite et fabrique des périodiques : “Migrations Etudes”, “ADRI Presse”, “ADRI Info”, “ADRI Biblio”, ainsi que des guides pratiques, des répertoires d'adresses utiles, des actes de colloques, etc. Depuis 1999, il publie aussi la revue “Hommes et Migrations” (bimestriel). 4. Le site Internet de l'intégration : www.adri.fr Le site Internet de l'ADRI propose une information complète et actualisée aux acteurs de l'intégration et de la ville. Ceux-ci y trouveront : références bibliographiques, adresses d'acteurs, publications en ligne, adresses de sites Web, etc. En tout, plus de 200 Mo d'informations en ligne sont consultées régulièrement par plus de 10000 usagers de 74 pays différents ! 5. Le service formation Depuis plus de vingt ans, l'ADRI forme les acteurs investis dans l'intégration et la lutte contre les discriminations (2000 stagiaires pour 700 journées de formation). L’offre de formation est diversifiée selon la nature des demandes du terrain : accompagnement de projet, sensibilisation, formations thématiques, recherche-action… L'agence est aussi chargée par les pouvoirs publics d'assurer LUTTER CONTRE LES DISCRIMINATIONS RACIALES SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL des formations sur les dispositifs d'intégration et de lutte contre les discriminations, ainsi que sur la politique de la ville : accueil, médiation, partenariat local… sociale et culturelle dans l'espace local et dans les institutions. Public visé Les usagers du service formation sont les acteurs de l'intégration et de la politique de la ville : − les agents des services publics ; - les acteurs locaux : responsables, permanents et bénévoles ; − les fournisseurs ou les utilisateurs d'information ; − les décideurs et porteurs de projets. ADRI 4, rue René-Villermé 75011 Paris Responsable du département acteurs locaux : Chahla Beski Contact Responsable du département services publics : Guy Didier Tél. : 0140090919 Fax : 0143482517 e-mail : [email protected] Mode d'intervention du service formation Formation des acteurs de terrain Les formations de l'ADRI s'adressent en particulier aux acteurs de l'intégration intervenant sur un même territoire (personnels des services publics, collectivités locales, associations, travailleurs sociaux) et aux personnes ressources et porteurs de projet. La démarche pédagogique est adaptée à chaque demande. Cela consiste à prendre en compte les spécificités d'un territoire et à lier l'action de formation aux réalités du terrain. Les formations de l'ADRI s'efforcent d'accompagner les acteurs et de créer des réseaux locaux à partir des actions de formation. Les formations se répartissent en trois grandes catégories : les stages, les formations-actions, la formation de formateurs. Sensibilisation, informations et formation des agents des services publics L'ADRI fournit des outils de formation aux services publics pour améliorer l'accueil des populations d'origine étrangère, favoriser l'égalité des chances, lutter contre les discriminations, promouvoir la mixité VOLUME 2 - 2000 - 81 Fiche 30 Structure : CREPI (clubs régionaux d'entreprises pépinières pour l'insertion) 1. Principes de l’action En 1993, fort de son expérience dans le champ de l’insertion, le groupe Eiffage Construction (ex-SAE) imagine le concept de CREPI (club régional d’entreprises pépinières pour l’insertion). À partir du milieu des années 80, l’entreprise joint ses efforts à ceux de l’Etat, des collectivités territoriales et des bailleurs sociaux. Elle apporte son soutien aux politiques publiques de requalification urbaine et de développement social des quartiers dits “sensibles”. Eiffage Construction anime et développe le dispositif CREPI. Elle tire sa force d’un important réseau d’entreprises localement enracinées sur l’ensemble du territoire national, pour s’impliquer dans des dynamiques de développement local à l’échelle de leurs bassins d’emploi. De même, les entreprises s’investissent dans des actions pour l’insertion professionnelle sur leurs lieux d’activité. Le CREPI est une interface entre l’économique et le social. Au nombre de douze, les clubs sont des associations loi 1901 à but non lucratif et social. Les membres fondateurs et actifs sont principalement des acteurs économiques. C’est-à-dire des entreprises de toutes tailles et de tous secteurs d’activités. Les clubs fonctionnent de façon très territorialisée à l’échelle de bassins d’emploi et de sites en difficulté. Ils mettent en synergie les moyens et les compétences des acteurs économiques et sociaux de l’insertion et de la formation. La vocation des CREPI est de créer et de structurer une offre permanente d’insertion qualifiante d’accès et de retour à l’emploi en entreprise classique pour des personnes en difficulté. Chaque club fédère un maximum d’entreprises susceptibles d’offrir des postes d’insertion. Les modalités sont variées : stages de la formation professionnelle, évaluation en milieu de travail, contrats en alternance, contrats aidés (CIE), contrats classiques (CDD, CDI). Le chargé de mission du CREPI est la cheville ouvrière du dispositif, il mobilise les entre- 82 prises, construit des parcours d’insertion entre plusieurs entreprises. Il participe à l’établissement d’une formation ou encore fait intervenir les acteurs de l’accompagnement social en cas d’apparition de problèmes autres que professionnels. Le CREPI réalise l’adéquation qualitative entre l’offre des entreprises et les besoins des personnes. Ni concurrent, ni redondant, il est complémentaire de l’ensemble des structures d’insertion économique du bassin d’emploi. D’ailleurs, il œuvre de concert avec elles. Par surcroît, le CREPI s’inscrit dans le cadre des politiques de la ville et de l’emploi. En matière d’ingénierie d’insertion, le CREPI propose la mobilisation des entreprises, l’organisation des partenariats, le conseil et l’aide technique pour l’élaboration et la mise en œuvre d’un parcours d’insertion individuel et personnalisé, l’accompagnement et le suivi de la personne en entreprise. Enfin, les entreprises qui répondent à des appels d’offres de marchés publics peuvent recourir au CREPI lorsqu’une clause d’insertion l’exige. 2. Objectifs • Produire et structurer, sur un ou plusieurs bassins d’emploi, de l’offre d’insertion qualifiante d’accès ou de retour à l’emploi en entreprise classique. • Participer aux politiques de requalification urbaine et de développement social, ainsi qu’à des actions de développement local. 3. Public visé Les chômeurs de longue durée, les RMistes, les personnes peu ou pas qualifiées, jeunes en échec scolaire avec d’importants problèmes, jeunes en suivi judiciaire, chômeur devant changer de métier, acquérir une formation complémentaire, demandeur d’emploi qualifié mais éloigné depuis longtemps de l’emploi, rencontrant des difficultés sociales. LUTTER CONTRE LES DISCRIMINATIONS RACIALES SUR LE MARCHÉ DU TRA VAIL 4. Partenaires Un CREPI s’appuie sur une réelle dynamique partenariale. Celle-ci associe les secteurs économiques, institutionnels et politiques, les acteurs sociaux, ainsi que ceux de l’insertion et de la formation. Son comité de pilotage réunit ainsi : ville, conseil général et conseil régional, Préfet, CDC, DDTEFP, DDASS, CCAS, missions locales, PAIO, ANPES, AFPA, GRETA, entreprises d’insertion, associations intermédiaires, unions patronales, chambres consulaires, régies de quartier. Ce collectif constitue un lieu de ressources et de mise en réseau pour l’élaboration et la réalisation de projets innovants. Les domaines d’action vont de la formation qualifiante à la dynamisation d’activités, en passant par la recherche de nouveaux métiers, la création d’entreprises et le soutien aux initiatives locales. ments du Rhône, des Bouches-du-Rhône, dans la région parisienne, en Midi-Pyrénées et dans le Haut-Rhin. Contact Fédération nationale des CREPI 143, avenue de Verdun 92242 Issy-les-Moulineaux cedex Catherine Giner Tél. : 0134658589 Fax : 0134658506 5. Coût Un CREPI coûte en moyenne 500000 francs. Il est financé par les adhésions d’entreprises et par des subventions publiques ou parapubliques. 6. Résultats Au total, 12 CREPI sont opérationnels. Ils regroupent près de 400 entreprises, de l’artisan à la grande entreprise publique ou privée, via la PME. Entre 1994 et 1999, plus de 3000 personnes ont réussi un parcours d’insertion. Soit : 29 % de contrats classiques (CDD, CDI), 18 % de contrats en alternance, contrats de qualification, d’orientation, d’apprentissage. Entre 1998 et 1999, les résultats ont progressé de 7 %. 7. Géographie Les CREPI développent leur activité sur différents bassins économiques : en Lorraine, en Touraine, en Bourgogne, dans les départe- VOLUME 2 - 2000 - 83 Fiche 31 Structure : FACE (Fondation Agir Contre l'Exclusion) I. Le rôle de la fondation FACE La fondation FACE a été créée en octobre 1993 à l'initiative de Martine Aubr y et de treize chefs de grandes entreprises : AXA, Casino, Club Méditerranée, Crédit Lyonnais, Danone, Darty, Fimalac, EuroRSCG/Havas, Lyonnaise des Eaux, Pechiney, RATP, Renault et Sodexho. Elle s'est donnée pour mission de mobiliser les entreprises afin de lancer et de développer des actions concrètes de prévention et de lutte contre les exclusions. La fondation collabore avec les villes et les partenaires associatifs locaux. FACE est un réseau de clubs d'entreprises (700 entreprises à ce jour). Créés en partenariat avec les collectivités territoriales, ces clubs participent au développement économique et social de territoires en difficulté. FACE a pour vocation de faire émerger, de mettre en œuvre, de développer des actions innovantes et de les faire essaimer. Pour ce faire, la fondation sollicite une participation active des entreprises. Ce qui s'inscrit dans leur politique de responsabilité sociale. Début 2000, une vingtaine de clubs d'entreprises FACE agissent sur des territoires caractérisés par une forte densité d'exclusion, l'existence d'une volonté politique locale de combattre cette exclusion, et la présence d'entreprises et d'associations prêtes à l'action. FACE est aujourd'hui présent à Aix-enProvence, Amiens, Angers, Angoulême, Beauvais, Bron, Cabesterre (Martinique), Carros-le-Broc-Gattières (Nice), Lille, Marseille, Rennes, Saint-Étienne, SaintHerblain, Saint-Quentin-en-Yvelines, Tourcoing, Fourmies-Trélon et Vaulx-en-Velin. II. Les modes d'intervention FACE mobilise ses partenaires entreprises pour agir contre les exclusions. La fondation intervient dans plusieurs domaines. A. L'économie locale FACE contribue au retour d'activités économiques dans les territoires en difficulté, explore de nouveaux gisements d'emploi, soutient la création et le développement de 84 structures d'insertion par l'économique, et accompagne des créateurs d'entreprises. B. L'emploi et la formation Avec FACE, des entreprises accompagnent, conseillent et aident des personnes en difficulté à la recherche d'un emploi. Ce sont les opérations de parrainage de jeunes et d'adultes en difficulté. Après avoir identifié les besoins de compétences des entreprises, FACE aide les personnes en situation d'exclusion à accéder à l’emploi. La fondation élabore des parcours emploi-formation. Elle apporte son appui aux entreprises pour étudier et mettre en œuvre de nouveaux dispositifs d'organisation du travail : ARTT, GE, GEIQ… L’objectif est de créer des emplois ou de pérenniser des emplois précaires. C. La prévention de l'exclusion Combattre l'échec scolaire, lutter contre le surendettement, faire découvrir le monde de l'entreprise, redonner confiance en soi par le biais d'actions sportives et culturelles : ce sont les actions de médiation et de prévention auprès des habitants pour permettre une meilleure intégration dans la vie de la cité et de l'entreprise. De même, afin de permettre aux entreprises de s'intégrer dans leur environnement social, FACE a développé un module de sensibilisation des cadres à la diversité culturelle. Il a pour objet de les aider à appréhender la réalité sociale, économique et culturelle des quartiers en difficulté. FACE a proposé dans un premier temps des séances interentreprises. Puis ce sont les entreprises qui ont organisé des sessions en interne auprès de leurs salariés. Contact FACE Patrick Nédélec, directeur général 48, rue de la Roquette 75011 Paris Tél. : 0149237777 Fax : 0149237794 LUTTER CONTRE LES DISCRIMINATIONS RACIALES SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL VOLUME 2 - 2000 - 85 Vos interlocuteurs au FAS Liste des délégations régionales du FAS Délégation Alsace Aquitaine Délégué François Barthelme Manuel Dias Auvergne Bernard Castellan Bourgogne Catherine Hugonnet Bretagne Centre Champagne-Ardenne Pascale Petit Daniel Ropital Emmanuel Bertin Corse Franche-Comté Ile-de-France (délégué régional) Paris Seine-et-Marne Yvelines Essonne Hauts-de-Seine Seine-Saint-Denis Michel Noize Richard Jeannin Azzedine M’Rad Val-de-Marne Val-d’Oise Languedoc-Roussillon Limousin Lorraine Midi-Pyrénées Abdellah Boukellal Fadéla Benrabia Mohamed Ayadi Amina Ennceiri Agnès Le Quien Emmanuel Heyraud et Rabita Bendjoudi Catherine De Luca Eric Constantin Nouria Boggio Paulette Goldfarb Isabelle Pelle Joël Boussignac Nord/Pas-de-Calais Normandie PACA Fadila Mehal Marc Drouet Henry Dardel Pays de Loire Picardie Poitou-Charentes Marie France Flahault Nadia Bentchicou Bruno Sulli Rhône-Alpes Gérard Cugney Adresse 1, rue de la Course - 67000 Strasbourg 29, rue de l’Ecole-Normale 33073 Bordeaux cedex Cité administrative - rue Pélissier 63034 Clermont-Ferrand cedex 01 1, promenade du Rhin, BP 686 - 21018 Dijon cedex 18, place de la Gare - 35000 Rennes 23, rue de la Bretonnerie - 45000 Orléans Place Pierre Barbier, 13, bis, rue Carnot 51000 Châlons-en-Champagne 209, rue de Bercy - 75012 Paris 10, avenue Clémenceau - 25000 Besançon 209, rue de Bercy - 75012 Paris 209, 209, 209, 209, 209, 209, rue rue rue rue rue rue de de de de de de Bercy Bercy Bercy Bercy Bercy Bercy - 75012 75012 75012 75012 75012 75012 Paris Paris Paris Paris Paris Paris 209, rue de Bercy - 75012 Paris 209, rue de Bercy - 75012 Paris 1, rue cité Benoît - 34000 Montpellier 209, rue de Bercy - 75012 Paris 1, avenue Foch - 57000 Metz Résidence “Cap Wilson” - 81, boulevard Carnot BP 7163 - 31072 Toulouse cedex 7 262-266, rue Léon-Gambetta - 59000 Lille 209, rue de Bercy - 75012 Paris 51, rue Saint-Ferréol BP 211813203 Marseille cedex 01 - 13203 Marseille cedex 01 33, rue de Strasbourg - 44000 Nantes 50, rue Riolan - 80000 Amiens République II Espace 10 / 17, rue Albin-Haller 86000 Poitiers 31, cours Emile-Zola 69626 Villeurbanne cedex Au siège Direction du développement et des politiques territoriales (DDPT) Directrice : J. Bac-Teissandier 209, rue de Bercy 75012 Paris Tél. : 01 40 02 74 94. Fax : 01 43 46 04 27. Direction de la Formation et de l’Emploi (DFE) Directeur : Nourredine Boubaker 209, rue de Bercy 75012 Paris Tél. : 01 40 02 74 45. Fax : 01 40 02 77 83 86 LUTTER CONTRE LES DISCRIMINATIONS RACIALES SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL TELEPHONE 03 88 52 29 52 05 57 22 25 90 FAX 03 88 75 63 83 05 57 22 25 99 04 73 91 16 34 04 73 91 40 87 03 80 53 09 43 03 80 41 12 83 02 99 31 03 73 02 38 77 86 30 03 26 21 85 50 02 23 44 03 09 02 38 68 14 37 03 26 66 48 37 01 40 02 77 06 03 81 25 04 40 01 40 02 74 50 01 40 02 77 81 03 81 25 04 41 01 40 02 77 27 01 40 02 73 06 01 40 02 74 42 01 40 02 73 52 01 40 02 74 41 01 40 02 77 79 01 40 02 73 53 01 40 02 74 90 01 40 02 73 50 01 40 02 73 58 04 67 15 69 00 01 40 02 77 10 03 87 37 78 50 05 62 30 36 70 01 40 02 77 27 01 40 02 77 27 01 40 02 77 27 01 40 02 77 27 01 40 02 77 27 01 40 02 77 27 01 40 02 77 27 01 40 02 77 27 01 40 02 77 27 04 67 65 35 82 01 43 46 04 27 03 87 37 05 70 05 62 30 36 79 03 28 38 01 00 01 40 02 73 89 04 96 11 12 13 03 28 38 01 01 01 40 02 77 38 04 91 55 67 32 02 40 89 94 70 03 22 22 38 00 05 49 55 41 21 02 40 89 94 79 03 22 22 38 09 05 49 55 54 40 04 72 82 14 90 04 72 82 14 91 VOLUME 2 - 2000 - 87 Délégation interministérielle à la Ville (DIV) 194, av. du Président Wilson - 93217 Saint-Denis-La Plaine Direction de la population et des migrations (DPM) 10-16, rue Brancion - 75015 Paris Fonds d’action sociale pour les travailleurs immigrés et leurs familles (FAS) Tour Paris-Lyon - 209, rue de Bercy - 75585 Paris Cedex 12 Direction générale à l’emploi et la formation professionnelle (DGEFP) 7, square Max-Hymans - 75015 Paris MINISTÈRE DE L’EMPLOI ET DE LASOLIDARITÉ MINISTÈRE DÉLÉGUÉ A LAVILLE Réalisation : INSTINCTGRAFIC Imprimé en France : Atelier du Cadratin Septembre 2000 ISBN 2-11-091744-X