fr - EESC European Economic and Social Committee

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fr - EESC European Economic and Social Committee
LLP
Regulation & Competition Economics
Comité économique et social européen
"Une étude sectorielle des délocalisations:
arrière-plan factuel"
Rapport final
19 mai 2006 DI_49/2006 rév.
www.reckon.co.uk
DI/CESE 49/2006 rév. EN-JG/RD/ldl
FR
TABLE DES MATIERES
1. RESUME ...........................................................................................................................................3
Définition opérationnelle des délocalisations .......................................................................................3
Notre approche.......................................................................................................................................3
Secteurs couverts par le rapport ............................................................................................................4
Constats relatifs à l'existence de données pertinentes ..........................................................................6
Conclusions concernant les délocalisations..........................................................................................8
Structure du rapport...............................................................................................................................9
2. DESCRIPTION DES DONNEES ET DES INDICATEURS UTILISES ..................................10
Données statistiques relatives au commerce extérieur .......................................................................10
Base de données STAN de l’OCDE pour l’analyse industrielle.........................................................10
Statistiques structurelles sur les entreprises (SBS).............................................................................11
Tableaux d'entrées-sorties symétriques...............................................................................................12
Observatoire européen des restructurations .......................................................................................12
Investissements directs étrangers et formation intérieure de capital fixe ..........................................13
Industrie européenne et associations commerciales...........................................................................14
3 ANALYSE SECTORIELLE .............................................................................................................
La structure des analyses sectorielles........................................................................................................
Aéronautique.............................................................................................................................................
Automobile ...............................................................................................................................................
Ciment.......................................................................................................................................................
Produits chimiques....................................................................................................................................
Ingénierie électromécanique .....................................................................................................................
Services financiers ....................................................................................................................................
Aliments et boissons .................................................................................................................................
Verre .........................................................................................................................................................
Fer et acier.................................................................................................................................................
Services d’entreprises à forte intensité de savoir ......................................................................................
Cuir, habillement et chaussures ................................................................................................................
Métaux non ferreux...................................................................................................................................
Papier et pâte à papier ...............................................................................................................................
Produits pharmaceutiques .........................................................................................................................
Plastiques ..................................................................................................................................................
Équipement ferroviaire .............................................................................................................................
Construction navale ..................................................................................................................................
Textile .......................................................................................................................................................
Bois ...........................................................................................................................................................
ANNEXE 1: APERÇU BIBLIOGRAPHIQUE ................................................................................15
ANNEXE 2: RECOUPEMENT ENTRE LES SECTEURS ET LES SÉRIES DE DONNÉES…...
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-3-
1. Résumé
Le 14 juillet 2005, le Comité économique et social
européen (CESE) a adopté un avis intitulé "Portée
1
et effets de la délocalisation d'entreprises" . Cet
avis fait observer, au paragraphe 2.6, que "certains
secteurs se trouveront plus affectés que d'autres par
la délocalisation". Le Bureau du CESE, au cours de
sa réunion tenue le 12 juillet 2005, a autorisé la
Commission consultative des mutations industrielles
(CCMI) à élaborer un rapport d'information intitulé "Une étude sectorielle des délocalisations"-,
dans le but d'approfondir cette observation et de
procéder à une évaluation sectorielle des
délocalisations.
2.
L'objectif du présent rapport est d'étayer la
rédaction de ce rapport d'information, en examinant
les données empiriques sur les délocalisations dans
un ensemble de 19 secteurs au sein de l'Union
européenne. Cette étude a principalement pour but
de compiler et de présenter les données pertinentes
qui existent et, lorsque de telles données sont
disponibles concernant un secteur, de fournir une
analyse synoptique des délocalisations. L'analyse
est effectuée à l'échelon de l'Union européenne (UE)
et à l'échelon de chaque État membre.
3.
Les termes de référence utilisés dans le cadre de
ce rapport, qui ont été établis par la CCMI, exposent
clairement ce qui n'est pas du ressort de l'étude.
Nous n'avons pas pour objectif de collecter des
données primaires; notre mission est d'examiner les
données existantes et publiées. En outre, nous
n'avancerons pas de suggestions relatives aux
mesures susceptibles d'être prises.
1.
Définition opérationnelle des délocalisations
4.
Il n'existe pas de point de vue unanime sur ce que
recouvre l'expression "délocalisation": c'est ce qu'on
peut déduire d'un examen des publications de nature
politique et universitaire sur la question et des
1
Comité économique et social européen (2005). "Portée et
effets de la délocalisation d'entreprises", CCMI/014 –
CESE 851/2005.
discussions avec les acteurs concernés. Nous ne
2
proposons pas un réexamen de ce débat , ni même
d'y contribuer, dans la mesure où il nous a été
demandé d'adopter la définition employée dans
l'avis du CESE du 14 juillet 2005. Dans son
paragraphe 1.18, cet avis définit la délocalisation
(qui, dans la version anglaise du texte, est utilisée de
manière interchangeable avec le terme "relocation")
comme suit:
"Phénomène correspondant à la cessation, partielle ou
totale, d'une activité suivie de sa réouverture à
l'étranger à travers un investissement direct".
L'avis effectue ensuite une distinction entre
délocalisation interne et délocalisation externe; la
délocalisation interne a trait à des cas où l'activité
reprend dans un autre État membre de l'Union
européenne, et la délocalisation externe à des cas où
elle reprend ailleurs.
6.
Le présent rapport s'intéressera en particulier à la
délocalisation externe. Il signalera toutefois les cas
où les données révèlent que des délocalisations ont
eu lieu à partir d'anciens États membres, de l'UE-15,
vers les dix pays qui ont nouvellement adhéré à
l'UE, ou les cas inverses.
5.
Notre approche
7.
Les données relatives au volume ou à la valeur des
activités ayant cessé dans un État membre et ayant
repris ailleurs à travers un investissement direct ne
font pas l'objet d'une collecte cohérente ou
exhaustive par secteurs à l'échelon européen. Par
conséquent, on ne dispose pas de données à partir
desquelles effectuer une évaluation directe des
délocalisations telles que définies ci-dessus.
8.
À la lumière de ces éléments, nous avons procédé
à la sélection d'un ensemble d'indicateurs qui, bien
qu'ils constituent des mesures imparfaites de la
délocalisation, y sont associés. Nous avons fait
appel à un examen bibliographique afin d'être en
mesure de définir un ensemble d'indicateurs
2
Cela dit, l'annexe 1 comporte un bref examen des définitions
concurrentes des délocalisations trouvées dans les références
bibliographiques.
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-4pertinents, lequel ensemble est détaillé dans le
tableau 1.1 qui figure sur la page ci-après.
9.
La sélection des indicateurs a été dominée par une
exigence: qu'ils puissent être calculés sur la base de
données publiées cohérentes et suffisamment
complètes.
10.
Il n'y a aucun lien direct entre quelque indicateur
que ce soit parmi ceux qui figurent dans le tableau
1.1 et les délocalisations. Par exemple, on ne peut
appréhender dans quelle mesure l'activité de
production a été transférée à l'étranger à partir d'un
examen qui porterait sur les tendances de la
production intérieure. Les délocalisations affectent
la production intérieure, mais il est clair que
plusieurs autres facteurs, étrangers aux décisions
des entreprises relatives à la délocalisation, ont
également un impact sur elle. Le même constat est
valable pour les tendances des balances
commerciales, des niveaux d'emploi, les tendances
de la part de la production intérieure consommée
dans les pays de l'OCDE (qui reflètent la position du
secteur sur le marché mondial) et, en fait, pour
l'ensemble des indicateurs envisagés.
11.
Dans la mesure où les indicateurs sélectionnés ne
constituent que des mesures imparfaites des
délocalisations, il est crucial de croiser et comparer
différents indicateurs de mesure, afin d'élaborer une
évaluation des délocalisations qui soit solide.
12.
La nécessité de se pencher sur différents
indicateurs et non sur un seul est encore appuyée
par le fait que les séries de données desquelles sont
tirés les indicateurs ne sont pas elles-mêmes
parfaites. Nonobstant les défauts méthodologiques
qu'elles peuvent comporter, aucune des séries de
données ne couvre de manière complète tous les
secteurs, dans tous les États membres, sur une
période suffisamment longue.
13.
Dans la section 2, nous présentons de manière
détaillée les indicateurs pris en compte et les séries
de données utilisées pour les calculer.
Secteurs couverts par le rapport
Ce rapport se penche sur 19 secteurs, qui ont été
sélectionnés et définis par le groupe de pilotage de
la CCMI:
a) Aéronautique
b) Automobile
c) Ciment
d) Produits chimiques
e) Ingénierie électromécanique
f) Services financiers
g) Aliments et boissons
h) Verre
i) Fer et acier
j) Services d'entreprises à forte intensité de savoir
k) Cuir, habillement et chaussures
l) Métaux non ferreux
m) Papier et pâte à papier
n) Produits pharmaceutiques
o) Plastiques
p) Équipement ferroviaire
q) Construction navale
r) Textile
s) Bois
15.
Sur 19 secteurs étudiés, 17 relèvent de l'industrie
manufacturière; ces derniers employaient en 2003
près de 25 millions de personnes, ce qui représente
3
80% des emplois industriels dans l'UE-25 . Les
deux secteurs qui ne relèvent pas de l'industrie
manufacturière sont les services financiers et les
services d'entreprises à forte intensité de savoir.
16.
Certains secteurs sont définis de manière plus
restreinte que d'autres. Le secteur de l'aéronautique
est, par exemple, relativement étroit: il englobe
l'industrie aéronautique et aérospatiale ainsi que la
remise en état des avions, la maintenance et la
réparation de leurs moteurs. Les services des
entreprises à forte intensité de savoir incluent en
revanche une gamme plus large d'activités, dont
certaines ont trait à l'immobilier, à la location de
machines et d'équipements sans opérateur, à la
location de biens personnels et domestiques, aux
14.
3
A partir de notre analyse des statistiques structurelles sur les
entreprises (SBS), Eurostat.
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-5activités informatiques, aux services de conseil en
matière
juridique,
comptable,
d'audit
et
d'architecture, à la publicité et au nettoyage
industriel. Les sous-rubriques correspondantes de la
section 3 énumèrent les activités comprises par
chaque secteur.
Tableau 1.1: Les indicateurs de la délocalisation pris en compte
Indicateur
Définition
Source
Production
intérieure
Production intérieure en valeur et en pourcentage du PIB
SBS (Eurostat)
Emploi
Emploi en termes absolus et en part de l'emploi global au niveau
national
SBS (Eurostat)
Part dans la
consommation de
l'OCDE
Part de la production intérieure consommée dans les pays de l'OCDE
SBS (Eurostat), STAN
(OCDE)
Pénétration des
importations
Ratio entre les importations et la consommation intérieure
SBS, COMEXT
(Eurostat)
Coefficient
d'autosuffisance
Ratio entre la production intérieure et la consommation intérieure
SBS, COMEXT
(Eurostat)
Entrées-sorties au
sens étroit
Ratio entre les biens intermédiaires importés du secteur étranger X et
la valeur ajoutée du secteur domestique X
Eurostat
Entrées-sorties au
sens large
Ratio entre les biens intermédiaires importés et la valeur ajoutée du
secteur domestique X
Eurostat
Balance
commerciale
Balance commerciale (exportations nettes), pour quatre groupes
distincts de pays partenaires: tous les pays, UE-15, UE-10 et pays en
développement
COMEXT (Eurostat)
Investissements
directs étrangers
Investissements directs étrangers, en faisant la distinction entre ceux
intérieurs et extérieurs à l'UE-15, intérieurs et extérieurs à l'UE-25 et
ceux de l'UE-10.
Économie et finances domaine de la balance
des paiements (Eurostat)
Investissements en
capitaux internes
Investissements dans des actifs immobilisés internes
Catégorie des données
comptables nationales
annuelles (Eurostat)
Pertes d'emploi
ERM
Nombre de pertes d'emploi dues aux délocalisations, à partir de la
base de données ERM, classées en fonction des zones de destination
des délocalisations: vers l'UE-10, l'UE-15, vers l'OCDE et les pays
qui ne font pas partie de l'UE, vers les pays en développement
Observatoire européen
des restructurations
(EMCC)
Note: SBS se rapporte aux statistiques structurelles sur les entreprises, STAN à l'analyse structurelle et COMEXT au commerce extérieur.
Pour de plus amples informations, voir la section 2 de ce rapport.
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-6-
Constats relatifs à l'existence de données
pertinentes
17.
La base de données relative aux statistiques
structurelles sur les entreprises (SBS), publiée par
Eurostat, est la meilleure source de données
disponibles pour établir des mesures de l'activité.
Cette base de données apporte des informations sur
la valeur de la production et sur les niveaux
d'emploi dans la plupart des secteurs couverts par
cette étude. La base de données SBS porte sur
l'ensemble des 25 pays de l'Union européenne et sur
la période 1995-2003.
18.
Elle comporte toutefois des lacunes significatives.
Par exemple, certains États membres, notamment la
Grèce, Malte, Chypre et la Suède, sont l'objet
d'informations assez incomplètes pour plusieurs
secteurs. Les données relatives à l'Allemagne et à
certains des pays de l'UE-10 ne sont disponibles que
pour la période 1999-2003. Aucune donnée n'est
disponible concernant le secteur des services
financiers. Les données relatives au secteur de la
construction navale sont relativement rares. Malgré
ces lacunes, nous continuons d'estimer que c'est la
base SBS qui apporte les meilleures données de
manière cohérente sur l'ensemble de l'UE et que,
dans la mesure où elle propose des informations
plus complètes, il est préférable d'avoir recours à
cette base, plutôt qu'à Europroms, qui est également
publiée par Eurostat et apporte des données relatives
à la production.
19.
La base de données COMEXT, publiée par
Eurostat, a trait au commerce extérieur à destination
et en provenance des États membres. Les données
sont disponibles pour la période 1995-2004 en ce
qui concerne les pays de l'UE-15 et pour la période
1999-2004 en ce qui concerne les pays de l'UE-10.
20.
Toutefois, COMEXT comporte quelques lacunes.
Elle ne traite en effet que le commerce de biens
physiques et ne couvre donc pas les activités
relatives au secteur des services d'entreprises à forte
intensité de savoir et au secteur des services
financiers. En outre, pour la Slovaquie et la
Pologne, seules les données concernant l'année 2004
sont disponibles.
21.
Malgré ces difficultés, la base de données
COMEXT est suffisamment complète pour
présenter un intérêt du point de vue de cette étude.
22.
Les tableaux entrées-sorties publiés par Eurostat
constituent une source d'information utile pour
cerner le phénomène d'externalisation à l'étranger
("offshore outsourcing"). Ces tableaux permettent
de construire des indicateurs des niveaux de
pénétration des biens intermédiaires importés dans
le processus de production national. Si, d'une
certaine manière, il est certes éclairant de dresser un
bilan de la pénétration des biens intermédiaires
importés sur une année donnée, il est
particulièrement intéressant d'observer la variation
du niveau de pénétration au fil du temps.
Malheureusement, l'élaboration de ces tableaux est
rare, la plupart des États ne les établissant que tous
les cinq ans. Lorsque tel est le cas, nous disposons
de données concernant deux années, le plus souvent
1995 et 2000. Certains États membres n'ont élaboré
ces tableaux que pour l'une des années de la période
d'observation retenue. Ainsi, ces tableaux ne
présentent des informations utiles que concernant
dix États membres.
23.
L'utilisation des tableaux entrées-sorties pose
d'autres problèmes, s'agissant notamment du niveau
d'agrégation des catégories de produits, étant donné
que, pour certains secteurs, la catégorisation des
activités correspond à un niveau d'agrégation plus
élevé que celui des secteurs étudiés. Il existe par
exemple des tableaux entrées-sorties pour tout un
ensemble d'activités désigné comme "autres
matériels de transport" qui regroupe le matériel
ferroviaire, l'aéronautique et la construction navale.
24.
La base de données de l'Observatoire européen
des
restructurations
(ERM)
publiée
par
l'observatoire européen du changement (EMCC)
renseigne quant aux restructurations dans l'Union
européenne. Cette base de données comporte des
informations détaillées s'agissant des types de
restructuration, notamment des transferts d'activité à
l'étranger ("offshoring") et des délocalisations, des
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-7secteurs touchés et du nombre d'emplois perdus ou
gagnés.
25.
Source d'information utile, la série de données
ERM présente néanmoins un nombre considérable
de lacunes d'ordre méthodologique, qui sont liées au
mode de collecte des données. Celles-ci sont
recueillies en passant en revue une sélection de
quotidiens européens et en recensant les
informations faisant état de suppressions d'emplois
du fait de restructurations. Ainsi, la base de donnée
recense des pertes d'emploi, même lorsque les
chiffres qui s'y rapportent reposent sur de simples
déclarations d'intention des représentants des
entreprises. En réalité, le nombre effectif de
suppressions d'emploi faisant suite à une opération
de délocalisation peut considérablement différer des
prévisions initiales. Les révisions ex post de ces
chiffres ne sont pas faciles à suivre; c'est pourquoi
elles ne sont pas incorporées à la base de données.
Nous reprenons les chiffres pertinents de cet
ensemble de données dans les tableaux qui
accompagnent les analyses sectorielles, sans
toutefois nous en servir pour dresser un aperçu
global des délocalisations.
26.
De plus, à l'instar des tableaux entrées-sorties, la
catégorisation des secteurs dans la base de données
ERM ne correspond pas réellement à la définition
retenue pour de nombreux secteurs par la présente
étude. Ainsi, la série de données ERM fait état de
pertes d'emplois pour une catégorie désignée
comme "métaux" qui recouvre les activités du
secteur de l'acier et du fer et les activités du secteur
des métaux non ferreux. Nous avons résolu ce
problème en reclassant les entrées de la base de
données ERM en fonction des secteurs que nous
étudions, ce que nous avons pu faire sur la base des
informations complémentaires, plus détaillées, qui
sont proposées pour chaque donnée recensée.
27.
Les données relatives aux investissements directs
étrangers (IDE) et à l'investissement national sont
publiées par Eurostat. Elles sont ventilées par
activité et région de destination.
28.
Nous estimons que la mesure des délocalisations à
l'aune des données relatives aux IDE donne lieu à
des imprécisions particulièrement importantes. En
effet, tout investissement réalisé par une entité
nationale dans une entreprise étrangère par
l'acquisition de plus de 10% du capital de
l'entreprise bénéficiaire est défini comme étant un
IDE et pris en compte dans ces données. Tous les
investissements étrangers ne sont pas motivés par
une délocalisation et toutes les délocalisations ne
sont pas effectuées au moyen d'IDE. Les données
sur les IDE incluent également le flux des
désinvestissements des entités nationales dans le
secteur étranger concerné.
29.
Les informations relatives aux IDE sont d'autant
moins fiables qu'il existe un nombre relativement
important de lacunes dans les données Eurostat et
qu'il s'avère en général impossible d'en déduire
quels sont les flux d'IDE émanant d'entités d'un
secteur donné situées dans un État membre à
destination d'un pays en particulier (par exemple, la
Chine, l'Inde ou le Brésil) voire vers un ensemble
plus vaste de "pays en développement". Si l'on
souhaite obtenir des résultats moins lacunaires, il
convient de se baser sur un niveau d'agrégation des
pays de destination qui aille au-delà de celui de
l'UE-25.
30.
De plus, à l'instar des tableaux entrées-sorties, la
classification utilisée par la série de données sur les
IDE correspond à un niveau d'agrégation plus élevé
que la définition des secteurs retenue dans la
présente étude, ce qui nuit également à
l'applicabilité des données concernant les IDE à
l'étude des secteurs visés ci-dessus. La classification
sectorielle des données relatives aux IDE proposée
par Eurostat correspond uniquement à quatre des
secteurs qui nous intéressent: aliments, ingénierie
électromécanique, services d'entreprises à forte
intensité de connaissance et services financiers.
S'agissant de ces secteurs, nous reprenons dans la
présente étude les données pertinentes relatives aux
IDE. Pour les raisons qui ont été succinctement
mentionnées ci-dessus, nous considérons que
l'utilisation de ces données en tant qu'indicateurs des
délocalisations comporte des lacunes considérables
et notre étude sectorielle ne s'en inspirera pas.
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-8L'annexe 1 expose plus en détail les carences des
données concernant les IDE à cet égard.
31.
Pour certains des secteurs, nous avons utilisé des
données sur les niveaux d'activité publiées par les
fédérations des secteurs concernés. Dans la plupart
des cas, ces données complètent les informations
tirées des séries de données évoquées
précédemment. Toutefois, s'agissant de la
construction navale, nous avons choisi d'utiliser les
données fournies par le Comité de liaison des
constructeurs de navires de l’Union européenne
(CESA) en matière de production et d'emploi plutôt
que celles proposées dans la base SBS. Il nous
apparaît que les données du CESA décrivent plus
précisément que celles du SBS d'Eurostat les
activités entrant dans la catégorie "construction
navale", telle que définie aux fins de la présente
étude. La couverture proposée par la série de
données du CESA présente en outre moins de
lacunes bien qu'elle ne porte que sur les pays
membres du CESA et que seuls 14 États membres
de l'UE y soient affiliés.
Conclusions concernant les délocalisations
32.
La section 3 analyse pour chacun des secteurs les
données concernant les délocalisations. À partir de
ces analyses, nous avons dégagé un certain nombre
de conclusions générales.
33.
À deux secteurs près, les données ne font
apparaître aucun élément probant attestant de
délocalisations au niveau de l'Union européenne
dans son ensemble. Les deux secteurs pour lesquels
les données semblent confirmer l'existence de
délocalisations sont le textile et le secteur désigné
comme "cuir, habillement et chaussures". Ces
secteurs sont étroitement liés en ce sens que la
production du secteur textile constitue en amont un
élément majeur entrant dans la fabrication de
vêtements et d'accessoires.
34.
Dans le secteur de l'ingénierie électromécanique,
les données font apparaître des signaux mitigés. La
production européenne dans ce secteur a diminué
progressivement et l'emploi plus fortement encore,
cependant que la part de ce secteur dans l'économie
a reculé entre 1999 et 2003. À l'inverse de cette
tendance, la balance commerciale de l'Europe s'est
améliorée dans ce secteur, notamment vis-à-vis des
pays en développement. En les rapprochant, ces
éléments pourraient être interprétés de manière à
laisser penser que la productivité du travail en
Europe a progressé, conduisant à une contraction de
l'emploi, et que les résultats à l'exportation se sont
améliorés. À contrario, ces éléments peuvent
également être considérés comme autant de signes
indiquant que certaines activités sont délocalisées de
l'Europe vers les pays en développement mais que,
du fait de l'augmentation des exportations vers ces
pays, les données commerciales masquent ce
phénomène.
35.
Les données ne permettent ni de mettre en
évidence un État membre duquel l’activité
économique se serait globalement délocalisée, ni
d’en identifier un qui, d’une façon générale, aurait
attiré l’activité délocalisée en provenance d’autres
pays.
36.
Outre les délocalisations dans les secteurs
européens du textile et du cuir, de l’habillement et
des chaussures en général, notre analyse n’a mis en
évidence que trois autres cas où ce phénomène est
attesté par les données statistiques. Dans le secteur
des produits chimiques, les données laissent à
penser qu’une délocalisation a pu avoir lieu à partir
du Royaume-Uni et de la Slovaquie. Dans le secteur
des équipements ferroviaires, elles suggèrent une
délocalisation à partir de l’Allemagne et dans le
secteur de la construction navale, à partir de
l'Allemagne et du Danemark.
37.
Les données n’indiquent nullement que les États
membres de l’UE-10 ont bénéficié d’une
délocalisation interne importante. Dans les deux
secteurs identifiés comme ayant été confrontés à des
délocalisations importantes à savoir, les textiles et le
secteur "cuir, habillement et chaussures", il semble
que le transfert d’activité se soit fait vers des pays
en développement. En fait, au vu des seules données
commerciales, la balance commerciale entre le
groupe des dix nouveaux États membres et celui des
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-9pays de l’UE-15 a eu tendance à évoluer en faveur
de ces derniers.
38.
Aucun motif permettant d’établir un lien entre la
propension d’un secteur à se délocaliser et sa
relative maturité n’a été mis en évidence.
Structure du rapport
39.
Le reste du présent projet de rapport final est
structuré comme suit:
(a) la section 2 décrit les séries de données et fournit
une définition des indicateurs utilisés,
(b) la section 3 contient l'ensemble des analyses
sectorielles spécifiques,
(c) l'annexe 1 indique les éléments bibliographiques
pertinents et inclut une liste de références,
(d) l’annexe 2 établit une correspondance entre les
secteurs étudiés dans le rapport et la catégorisation
des données utilisée dans les séries sur lesquelles se
base l’étude.
40.
Un fichier Excel joint au présent rapport expose
les données à partir desquelles a été dressée la
présente analyse.
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- 10 -
2. Description des données
et des indicateurs utilisés
Cette section présente une description détaillée
des sources de données sur lesquelles se base le
rapport ainsi qu’une description des indicateurs
utilisés pour caractériser la délocalisation. Les
informations relatives aux bases de données
employées proviennent en grande partie des métadonnées correspondantes publiées par Eurostat.
1.
Données statistiques relatives au commerce
extérieur
2.
Les données relatives au commerce extérieur
proviennent de la base de données COMEXT
publiée par Eurostat. Cette base de données porte
sur la circulation des marchandises à travers les
frontières des États membres de l’Union.
3.
Les données relatives au commerce extra
communautaire sont collectées sur la base de la
copie statistique des déclarations en douane. Les
statistiques du commerce intracommunautaire sont
établies à partir de données fournies directement par
les opérateurs commerciaux. Cependant, toute entité
assujettie à la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) dans
un État membre et faisant du commerce
intracommunautaire en dépassant un certain seuil,
est tenue de rendre compte de la valeur des
transactions auprès des autorités statistiques
nationales.
4.
Les principaux indicateurs publiés dans cette base
de données sont les importations et les exportations,
en valeur et en volume, classées par groupes de pays
rapporteurs, de pays partenaires et de produits. Aux
fins de la présente étude, l’on a eu recours aux
chiffres du commerce extérieur en valeur (en
millions d’euros).
5.
La base de données couvre le commerce extérieur
pour chaque pays rapporteur, vers et à partir de pays
non communautaires et d’autres pays membres de
l’Union.
6.
La base de données concerne l’ensemble des biens
mobiliers et physiques mais n’inclut pas le
commerce des services. Plus de 10.000 produits
différents y sont repris et classifiés selon la
nomenclature combinée (NC).
7.
La base de données couvre les 25 pays membres
de l’Union. Elle porte sur la période 1995-2004
pour l’UE-15, et sur la période 1999-2004 pour les
dix nouveaux États membres.
8.
L’indicateur balance commerciale utilisé dans le
cadre de la présente étude se fonde sur les données
des importations et des exportations reprises dans
COMEXT. Ces données ont d’abord été agrégées
selon les groupes de produits correspondant le plus
aux secteurs définis aux fins de l’étude. Elles l’ont
ensuite été selon les groupes de pays partenaires, en
vue d’obtenir des chiffres relatifs au commerce
extra
communautaire,
au
commerce
intracommunautaire et au commerce avec les pays
en développement. Aux fins de l’analyse, ont été
considérés comme pays en développement ceux qui
ne sont membres ni de l’UE, ni de l’Organisation de
coopération et de développement économiques
(OCDE). La balance commerciale (ou les
exportations nettes) est calculée en soustrayant les
importations des exportations. Les agrégats établis
au niveau de l’Union pour le commerce extra
communautaire l’ont été en additionnant les valeurs
des exportations et des importations extra
communautaires pour chaque État membre.
Base de données STAN de l’OCDE pour
l’analyse industrielle
9.
La base de données pour l'analyse structurelle
(STAN) que publie l’OCDE comprend des données
de production, de main-d’œuvre et de commerce
extérieur pour différentes activités.
10.
Elle couvre l’ensemble des pays membres de
l’OCDE ainsi que toutes les années entre 1995 et
2003, et présente des données compilées à partir des
comptes nationaux des différents États membres.
11.
Les activités reprises dans la base de données sont
classifiées selon la Classification internationale
type, par industrie, de toutes les branches d’activité
économique (CITI, rév. 3).
www.reckon.co.uk
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.../...
- 11 La base de données STAN est utilisée pour
calculer la variable consommation de l’OCDE, en
additionnant la production et les importations, avant
de soustraire de cette valeur celle des exportations
des pays membres de l’organisation. Nous utilisons
cette variable comme indicateur de la
consommation globale.
12.
Statistiques structurelles sur les entreprises
(SBS)
13.
Les statistiques structurelles sur les entreprises
(SBS) sont une série de données publiée par
Eurostat qui fournit divers indicateurs relatifs à la
nature et aux niveaux de l’activité économique au
sein de l’UE.
14.
La base de données couvre les activités dans tous
les États membres. Elle est élaborée par Eurostat sur
la base des informations transmises par les instituts
nationaux de statistiques de chaque État membre.
15.
Ceux-ci rassemblent les données provenant
d'études statistiques, de sources administratives ou
du registre des entreprises. Pour cet exercice, l'unité
de sondage est l'entreprise, définie par le règlement
du Conseil 696/93 (CEE) comme
"la plus petite combinaison d'unités légales qui
constitue une unité organisationnelle de production de
biens et de services jouissant d'une certaine autonomie
de décision, notamment pour l'affectation de ses
ressources courantes"4.
Les données sont ventilées au niveau des groupes
de produits sur la base du système de classification
NACE rév. 1 (nomenclature statistique des activités
économiques dans la Communauté européenne).
17.
La base de données a été mise en place en 1995 et
a fonctionné de manière transitoire entre 1995 et
1998. Aussi certaines données sont-elles
incomplètes pour cette période. Les données sont
toutefois plus complètes de 1999 à 2003. Au
moment de la rédaction du présent rapport, les
données pour 2004 n'étaient pas encore disponibles.
18.
La valeur de la production mesure la valeur réelle
des biens et services, en euro, vendus par une
16.
4
Statistiques structurelles sur les entreprises, métadonnées
Eurostat en format SDDS, résumé de la méthodologie.
entreprise durant l'année de référence. Cette variable
est utilisée dans la présente étude afin de mesurer la
production.
19.
L'emploi est défini comme le nombre de salariés,
c'est-à-dire le nombre de personnes liées à
l'entreprise par un contrat de travail et auxquelles
celle-ci verse une paie ou un salaire. Cette variable
n'inclut pas les travailleurs contractuels qui ne sont
pas directement employés par l'entreprise.
20.
La consommation apparente est la somme de la
production et des importations, à laquelle on
soustrait les exportations pour chaque groupe de
produits. La valeur de la production est tirée de la
base de données SBS, tandis que les données
relatives aux importations et aux exportations
proviennent de COMEXT.
21.
La part de la production dans le PIB, exprimée en
pourcentage, est la part de la production globale
d'un secteur dans le PIB d'un État membre.
22.
La part de la production dans la consommation
OCDE, exprimée en pourcentage, est la part de la
production d'un secteur dans la consommation
apparente consolidée des produits de ce secteur dans
tous les pays de l'OCDE. Cet indicateur peut être
utilisé comme valeur de remplacement pour obtenir
la part d'un secteur dans la production mondiale,
c'est à dire sa part du marché mondial.
23.
Le coefficient d'autosuffisance est le ratio entre la
production d'un secteur donné dans un État membre
et la consommation apparente du même secteur
dans cet État membre.
24.
Le coefficient de pénétration des importations est
le ratio entre les importations dans un secteur et la
consommation apparente dans ce secteur pour
chaque État membre.
25.
La part de l'emploi global, exprimée en
pourcentage, est le ratio entre le nombre de salariés
dans un secteur et l'emploi global dans tous les
secteurs d'un État membre.
26.
Les agrégats communautaires pour la production,
l'emploi et la consommation apparente sont calculés
en additionnant les valeurs de chaque État membre.
L'agrégat communautaire pour la part de la
production dans le PIB est le ratio entre l'agrégat de
www.reckon.co.uk
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.../...
- 12 production de l'UE et son PIB consolidé. L'agrégat
communautaire pour la part de la production dans
la consommation OCDE est le ratio entre l'agrégat
de production de l'UE et la consommation totale de
l'OCDE.
27.
Lors du calcul des agrégats communautaires, si
des données sur la production ou l'emploi dans un
État membre n'étaient pas disponibles pour l'année
2003, la valeur correspondante pour l'année 2002 a
été utilisée à leur place. Lorsque les données ne sont
pas disponibles pour une année entre 1995 et 2003,
l'interpolation linéaire a été utilisée pour combler la
donnée manquante.
Tableaux d'entrées-sorties symétriques
Les tableaux d'entrées-sorties symétriques sont
publiés par Eurostat après avoir été rassemblés
auprès des départements de comptabilité des
instituts nationaux de statistiques. Ces tableaux
d'entrées-sorties symétriques sont élaborés en
convertissant les tableaux des ressources et des
emplois, à prix constants. Parmi ces tableaux, ce
sont les tableaux d'entrées-sorties symétriques pour
les importations et les tableaux d'entrées-sorties
symétriques pour la production intérieure qui
présentent un intérêt pour la présente étude.
29.
Les tableaux d'entrées-sorties symétriques ne sont
pas élaborés annuellement, mais tous les cinq ans et
Eurostat ne publie pas ces tableaux pour un grand
nombre d'États membres. Nous n'avons recouru aux
données de ces tableaux que lorsqu'ils existent pour
au moins deux périodes consécutives.
30.
Les tableaux d'entrées-sorties symétriques
répertorient 60 groupes d'activités, sur la base du
système de classification NACE rév. 1.
31.
Les
tableaux
d'entrées-sorties
pour
les
importations indiquent la valeur totale de chaque
bien intermédiaire importé ventilée par activité
intérieure consommatrice de ce bien intermédiaire.
Les tableaux d'entrées-sorties pour la production
intérieure indiquent la valeur consolidée de tous les
biens intermédiaires importés ventilée par activité
intérieure consommatrice de ce bien intermédiaire.
28.
Les tableaux indiquent également la valeur ajoutée
par chaque activité intérieure.
32.
La mesure restreinte de l'externalisation à
l'étranger est le ratio entre la valeur des biens
intermédiaires importés appartenant à une classe
d'activité donnée et la valeur ajoutée par les
entreprises intérieures consommatrices finales
appartenant à la même classe d'activité.
33.
La mesure large de l'externalisation à l'étranger
pour une classe d'activité donnée est le ratio entre la
valeur de tous les biens intermédiaires importés et la
valeur ajoutée par les entreprises intérieures
consommatrices finales au sein de cette classe
d'activité.
34.
Étant donné que les classes d'activité présentent
parfois un niveau d'agrégation plus élevé que les
secteurs à l'étude ici, les mêmes données sont
utilisées pour certains secteurs appartenant à cette
classe d'activité. Par exemple, des tableaux
d'entrées-sorties existent pour la division 26 de la
classification NACE, qui couvre la fabrication des
"autres produits minéraux non métalliques",
notamment le verre et le ciment. Les mêmes
données sont donc présentées dans l'analyse de ces
deux secteurs. Il n'est pas possible de procéder ainsi
dans certains cas. Par exemple, des tableaux
entrées-sorties existent pour la division 24 de la
même classification qui couvre les produits
chimiques et pharmaceutiques. Les tendances
enregistrées dans ces deux secteurs diffèrent à tel
point qu'il est difficile d'utiliser des données
combinées. C'est là une faiblesse inhérente à ces
données pour les objectifs de la présente étude.
35.
Des agrégats communautaires ne peuvent être
calculés pour ces mesures, étant donné que les biens
intermédiaires importés ne sont pas ventilés en
importations
intracommunautaires
et
extracommunautaires.
Observatoire européen des restructurations
36.
L'observatoire européen des restructurations
(ERM) est publié de manière continue par
l'Observatoire européen du changement, basé à
Dublin.
www.reckon.co.uk
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.../...
- 13 L'ERM note tous les cas de restructuration
industrielle qui:
(a) touchent au moins un pays de l'UE;
(b) impliquent une réduction annoncée ou réelle d'au
moins 100 emplois; ou
(c) concernent des sites employant au moins 250
personnes et affectant au moins 10% de la maind'œuvre; ou
(d) créent au moins 100 emplois.
38.
L'Observatoire européen du changement note ces
informations en procédant à une revue de presse
d'une sélection de quotidiens dans l'ensemble des 25
États membres.
39.
Les données sont classées selon le type de
restructuration. La base de données compte huit
types de restructurations, dont "transfert d'activité à
l'étranger (offshoring)/délocalisation".
40.
Pour chaque cas de restructuration, la base de
données indique les informations suivantes:
(a) nom de l'entreprise;
(b) secteur;
(c) type de restructuration;
(d) date de l'annonce;
(e) nombre d'emplois perdus ou créés;
(f) destination de la délocalisation (si connue),
(g) résumé de l'information pertinente au cas.
41.
Le recensement des cas a débuté en janvier 2002
et se poursuit de manière continue.
42.
La variable perte d'emplois est calculée en
additionnant le nombre d'emplois perdus pour
chaque cas dans un secteur et un État membre
donné.
43.
Ici également, comme dans le cas des tableaux
d'entrées-sorties, les secteurs définis dans la base de
données ERM présentent souvent un niveau
d'agrégation trop élevé pour les besoins de la
présente étude. Dans de tels cas, les relevés
pertinents sont utilisés afin de reclasser les cas
individuels dans les secteurs que nous avons définis.
37.
Investissements
directs
étrangers
et
formation intérieure de capital fixe
44.
Les données relatives aux investissements directs
étrangers (IDE) sont publiées par Eurostat sous le
thème Économie et finances, balance des paiements.
45.
Eurosat définit les IDE comme:
"la catégorie d'investissements internationaux
reflétant l'objectif d'une entité résidente dans une
économie (investisseur direct) d'obtenir un intérêt
durable dans une entreprise résidant dans une autre
économie (entreprise d'investissements directs
étrangers). L'intérêt est considéré durable si
l'investisseur direct acquiert au moins 10% du
capital social de l'entreprise d'investissements directs
étrangers".
Les données sont ventilées par pays déclarant,
classe d'activité de l'investisseur direct, région de
destination et année de l'investissement. Les
données couvrent l'ensemble des 25 États membres
de l'UE.
47.
La base de données relatives aux IDE est utilisée
pour construire des indicateurs des investissements
directs à l'étranger réalisés par un pays déclarant
donné dans l'UE-15 et hors de cet ensemble, dans
l'UE-25 et hors de cet ensemble, et enfin dans l'UE10. Les IDE sont répertoriés selon la classe
d'activité de l'entité source des investissements,
quelle que soit la nature de la destination finale.
48.
La formation intérieure de capital fixe est publiée
par Eurostat dans le cadre des données relatives aux
comptes nationaux annuels.
49.
La formation intérieure de capital fixe est définie
par la base de données comme le
46.
"solde des acquisitions et des cessions d'actifs fixes par
les producteurs résidents au cours de la période de
référence, augmenté de certaines plus-values sur actifs
non produits découlant de l'activité de production des
unités productives ou institutionnelles".
Les données sont ventilées par pays déclarant,
classe d'activité et année de formation du capital.
Les données couvrent l'ensemble des 25 États
membres de l'UE.
51.
La formation brute de capital fixe dans un
domaine d'activité par un État membre est utilisée
pour indiquer le niveau d'investissement dans
l'économie de ce pays.
50.
www.reckon.co.uk
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.../...
- 14 -
Industrie européenne et associations
commerciales
52.
Pour étayer notre analyse, nous avons recouru aux
données récoltées auprès de diverses associations
commerciales et organes de l'industrie. Dans la
plupart des cas, les données proviennent de sources
publiées. Toutefois, pour ce qui est de l'industrie de
la construction navale, les données ont été fournies
directement par l'association.
53.
Les données relatives à l'industrie de la
construction navale ont été fournies par la
Communauté des associations de chantiers navals
européens (CESA). Elles couvrent l'emploi pour la
période 1995-2004 et la production pour la période
1997-2004 dans tous les pays membres de la CESA.
Étant donné que seuls 14 pays membres de la CESA
sont des États membres de l'UE, l'analyse se limitera
à ces pays.
54.
D'autres données complémentaires ont été tirées
de diverses publications des associations suivantes:
(a) Conseil européen des fédérations de l'industrie
chimique (CEFIC)
(b) Confédération des industries agroalimentaires de
l'UE (CIAA)
(c) Organisation européenne de l'habillement et du
textile (EURATEX)
(d) Union des industries ferroviaires européennes
(UNIFE)
(e) Confédération des associations nationales de
tanneurs et mégissiers de la Communauté
européenne (COTANCE)
(f) Confédération européenne des industries du bois
(CEI-Bois)
(g) Comité permanent des industries du verre
(CPIV)
(h) Confédération européenne des industries du
papier (CEPI)
(i) Association des industries aérospatiale et de
défense européennes (ASD)
(j) Association européenne des constructeurs de
matériel aérospatial (AECMA)
(k) Association
européenne
du
ciment
(CEMBUREAU)
www.reckon.co.uk
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.../...
- 15 -
Annexe 1:
Aperçu bibliographique
Nous avons passé en revue les principaux
ouvrages qui traitent des délocalisations afin de
mieux appréhender:
(a) la définition des différents termes associés aux
délocalisations et la signification qui est prêtée à ce
concept;
(b) les instruments de mesure des délocalisations
employés dans les écrits qui traitent de ce thème et
les données sur lesquelles ils s'appuient;
(c) les facteurs spécifiques à une activité ou un
secteur susceptibles d'accroître la propension des
entreprises à délocaliser;
(d)
les tendances à venir en matière de
délocalisations;
(e) les effets de celles-ci.
2.
Nous aborderons dans l'ordre chacun de ces
points. Une bibliographie est jointe à la fin de cette
annexe.
1.
Définition des termes associés aux
délocalisations
3.
Les ouvrages pertinents à ce sujet ne donnent pas
de définition unique du terme "délocalisation".
Nombre de textes que nous avons parcourus
n'emploient pas le terme anglais générique
"relocation" qui correspond au transfert d'activités
économiques mais traitent de ce phénomène en le
qualifiant
d'"externalisation",
d'"offshoring"
(transfert
d'activités
à
l'étranger),
de
désindustrialisation ou de délocalisation. Par
ailleurs, tous les auteurs n'interprètent pas ces
concepts de la même façon.
4.
Pour commencer, le transfert d'activités
économiques est souvent associé au concept de
délocalisation qui au sens strict se réfère à la
cessation d'une activité suivie de sa réouverture ou
de sa sous-traitance à l'étranger (voir par exemple
Aubert et Sillard, 2005). On retrouve cette approche
dans la définition adoptée par le Comité
économique et social européen dans son avis de
5
2005 . Toutefois, l'opinion qui prévaut dans la
plupart des ouvrages sur ce thème est qu'une telle
définition des délocalisations serait trop étroite et,
comme le font remarquer Boulhol et Fontagné
(2005), qu'elle ne "recouvre pas une catégorie
statistique ou un phénomène tangible".
5.
Une grande partie des écrits définissent plutôt le
phénomène en termes d'options qui s'offrenet à une
entreprise lorsqu'il lui faut prendre des décisions de
nature organisationnelle pour la mise en œuvre d'un
processus de production donné. De telles décisions
organisationnelles renvoient au recours à
l'externalisation ou au transfert d'activités à
l'étranger et c'est à ces deux notions que se réfèrent
la plupart des publications pour traiter des
délocalisations.
6.
L'usage du terme "externalisation" et de
l'expression "transfert d'activités à l'étranger" (ou
"offshoring") n'est pas normalisée dans les ouvrages
qui traitent de ce thème. Les définitions les plus
communes sont celles proposées par la CNUCED
(2004) et Pujals (2005). Leur description de
l'externalisation repose sur une distinction entre
deux cas de figure: le processus visant à obtenir des
facteurs de production intermédiaires peut être
réalisé en interne (conservé "in-house") ou être
délégué à une entreprise extérieure (externalisation);
le terme "offshoring" est employé en référence aux
cas où le processus de production est délocalisé à
l'étranger.
7.
Le tableau A1.1 ci-dessous présente les aspects
que recouvrent les définitions de ces deux termes.
5
Comité économique et social européen (2005). “Portée et
effets de la délocalisation d'entreprises”, CCMI/014 –
CESE 851/2005, paragraphe 1.18.
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.../...
- 16 Tableau A1.1: Externalisation et "offshoring"
Production réalisée en interne
ou externalisée
Lieu de production
Réalisée en
interne
Externalisée
À l'intérieur du
pays
Internalisation
Externalisation
À l'étranger
("offshoring")
Délocalisation à
l'étranger intra
entreprise ou
captive
Externalisation à
l'étranger ou
offshore
Source: adapté à partir de CNUCED (2004) et Pujals (2005)
Les deux types de délocalisation offshore
("offshoring") présentés ci-dessus désignent
l'installation d'une partie de la chaîne de valeur à
l'étranger et ils figurent parmi les principaux
phénomènes étudiés dans les ouvrages qui portent
sur les délocalisations. Une telle interprétation ne
repose pas sur le postulat que les activités réalisées
à l'étranger doivent avoir été initialement
accomplies au niveau national pour pouvoir être
considérées comme relevant du phénomène de
délocalisation.
9.
La réflexion présentée ci-dessus définit
l'externalisation et la délocalisation à l'étranger en
référence à des biens intermédiaires, et non à des
produits bruts ou finis. Toutefois, certains
documents ne font pas cette distinction. Drumetz
(2005) définit simplement l'"offshoring"comme une
délocalisation de l'activité économique nationale à
l'étranger et il ne semble pas se limiter aux facteurs
de production intermédiaires. Une mesure des
délocalisations centrée sur les biens intermédiaires
s'intéresse avant tous aux domaines pour lesquels le
processus final de production est réalisé au niveau
national. Par exemple, si un fabricant d'automobiles
national décide de réaliser la fabrication des
moteurs à l'étranger, ces données seront prises en
compte, les moteurs constituant un composant
intermédiaire. Si en revanche, le producteur national
cesse son activité dans ce domaine et qu'il est fait
recours aux importations pour répondre à la
demande, ces données ne seront pas prises en
compte, dans la mesure où il n'y a pas d'importation
de facteurs de production intermédiaires.
8.
Certains écrits emploient une terminologie
légèrement différente pour qualifier les pratiques
décrites ci dessus. Par exemple, Geishecker (2005)
et Amiti et Wei (2005) utilisent l'expression
"externalisation à l'étranger" pour parler de
l"offshoring", tel qu'il est défini dans le tableau cidessus. Dans d'autres documents, il semble
également que les termes "externalisation" et
"offshoring" soient utilisés indifféremment pour
qualifier, de nouveau, ce qui a été présenté comme
relevant de la délocalisation à l'étranger dans le
tableau A.1.1.
11.
Les notions examinées jusqu'à présent ont pour
corollaire le concept de désindustrialisation, qui se
rapporte au processus par lequel un pays ou un
ensemble régional passe d'une économie industrielle
à une économie fondée sur les services. L'avis du
CESE de 2005 définit ce concept de manière plus
6
précise, en termes absolus et relatifs . Il présente la
désindustrialisation absolue comme "entraînant une
baisse de l'emploi, de la production, de la
rentabilité, du stock de capital de l'industrie ainsi
que des exportations de biens industriels avec
apparition de déficits commerciaux pour ceux-ci", et
qualifie la désindustrialisation relative de "baisse de
la part de l'industrie dans l'économie, qui reflète un
changement structurel dans la relation entre les
résultats de l'industrie et le secteur des services".
10.
Mesures des délocalisations
12.
Comme le remarque le rapport de l'OMC (2005),
l’un des problèmes majeurs des définitions
susmentionnées de l'externalisation et des
délocalisations à l'étranger est qu’elles ne cadrent
pas facilement avec les données économiques
recueillies officiellement. Les données sont
généralement collectées sur une base sectorielle,
alors que les décisions relatives aux délocalisations
sont prises à l'échelon de l'entreprise. Il est difficile
de faire le lien entre les statistiques d’importations
6
Comité économique et social européen (2005). “Portée et
effets de la délocalisation d'entreprises”, CCMI/014 –
CESE 851/2005, paragraphe 1.18.
www.reckon.co.uk
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.../...
- 17 et la décision de dirigeants d'entreprise de remplacer
la production d'origine interne par un produit
importé. Amiti et Wei (2005) soulignent un autre
problème potentiel: l'étude des données disponibles
peut nous conduire à sous-estimer la valeur de la
délocalisation à l'étranger, dans la mesure où les
produits sont susceptibles de coûter moins cher s'ils
sont importés que s'ils étaient achetés à l'échelon
national. Il pourrait s'avérer préférable d'utiliser des
données quantitatives, mais il n'est pas possible
d'agréger celles-ci à un niveau supérieur à celui des
produits pris individuellement de manière à obtenir
un aperçu sectoriel utile et, dans bien des cas, de
telles données ne sont pas disponibles.
13.
En l'absence de données directes en la matière, les
études réalisées ont employé des valeurs de
remplacement afin d'avoir un aperçu de l'ampleur
des délocalisations. Plusieurs indicateurs différents
ont été utilisés à cet égard, ce qui n'est guère
étonnant, étant donné l'absence de consensus quant
à la définition des délocalisations.
14.
Nous allons maintenant présenter les indicateurs
des délocalisations qui ont été employés dans les
écrits à ce sujet.
Tableaux entrées-sorties
15.
L'externalisation est généralement définie en
référence à des facteurs de production
intermédiaires et par conséquent, il est souvent fait
recours aux tableaux entrées-sorties pour construire
des évaluations. Dans le cadre d'une mesure des
externalisations à l'étranger ("offshore"), les sources
les plus exactes seraient peut-être les tableaux
entrées-sorties pour les importations et la production
nationale. Les tableaux entrées-sorties pour les
importations reprennent les importations réalisées
par chaque industrie en provenance d'autres
industries situées à l'étranger et les tableaux entréessorties pour la production nationale donnent la
valeur ajoutée apportée par chaque industrie
nationale.
16.
A l'aide de ces données, il est possible d'effectuer
des calculs donnant une mesure restreinte et large
des externalisations. Pour chaque classe d'activité
industrielle, la mesure restreinte renvoie uniquement
aux importations en provenance de la même classe
d'activité à l'étranger et concerne ainsi uniquement
l'externalisation des activités principales de
l'entreprise industrielle alors que la mesure large
s'intéresse aux importations émanant de tous les
secteurs industriels situés à l'étranger. Hijzen et al.
(2005) calculent ces mesures "restreinte" et "large"
comme suit:
(a) Au sens restreint, l'externalisation d'une industrie I
est le rapport entre les importations de produits I par
l'industrie I et la valeur ajoutée de l'industrie I.
(b) Au sens large, l'externalisation d'une industrie I
est le rapport entre la somme de tous les facteurs de
production achetés par l'industrie I et la valeur
ajoutée de l'industrie I.
17.
Le principal défaut de ces mesures consiste en ce
que les données à partir desquelles elles sont
calculées, à savoir les tableaux d'entrées-sorties
pour les importations et la production nationale, ne
sont établis qu'à intervalles espacés, en général tous
les cinq ans. Pour compenser cette lacune et pour
rendre possible la réalisation d'analyses qui
nécessitent davantage d'observations, de nombreux
auteurs, parmi lesquels Amiti et Wei (2005) ont
réalisé des calculs approximatifs de ces mesures en
utilisant une combinaison de tableaux entréessorties et de données commerciales. Les tableaux
entrées-sorties standards détaillent uniquement les
entrées dans chaque secteur industriel et ne les
ventilent pas en fonction de leur origine nationale
ou étrangère. Les auteurs utilisent ces tableaux
standards en faisant l'hypothèse que le rapport entre
les facteurs de production intermédiaires importés et
ceux fabriqués à l'échelon national est le même que
le rapport entre toutes les importations réalisées
dans le secteur et la consommation totale du secteur.
18.
La consommation ou plus précisément peut-être la
"consommation apparente", est définie comme la
somme de la production nationale et des
importations, à laquelle on soustrait les exportations
dans le secteur industriel en question. Ces deux
différentes techniques sont équivalentes lorsque la
www.reckon.co.uk
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.../...
- 18 part des biens intermédiaires importés est identique
à la part de tous les biens importés.
19.
D'autres auteurs, comme Geishecker (2005) et
Falk et Wolfmayr (2005) précisent encore ces
mesures en proposant des résultats désagrégés par
pays partenaires, qu'ils obtiennent en analysant
uniquement les importations en provenance de pays
donnés.
Données comptables nationales
20.
D'autres évaluations des délocalisations ne
prennent pas uniquement le commerce de biens
intermédiaires comme référence mais tiennent
également compte des données comptables
nationales relatives principalement aux importations
et aux exportations.
21.
Par exemple, Drumetz (2005) calcule un ratio de
pénétration des importations et un ratio de déficit
extérieur qui permettent d'évaluer indirectement
dans quelle mesure la consommation nationale
dépend de la production nationale. Les mesures
effectuées sont les suivantes:
(a) Le ratio de pénétration des importations
correspond au rapport entre les importations et la
somme de la production nationale et des
importations nettes.
(b) Le ratio du déficit extérieur est donné par le
rapport entre les exportations nettes et la somme de
la production nationale et des importations nettes.
22.
Dans son étude, l'auteur considère que des
délocalisations à l'étranger ont lieu dans un secteur
lorsque le ratio de pénétration des importations
progresse fortement, le ratio du déficit extérieur
baisse rapidement et la part de l'emploi de la
branche dans l'emploi total diminue. D'autres études
emploient également le ratio de pénétration des
importations, notamment celles d'Anderton et
Brenton (1999) et Campa et Goldberg (2005).
23.
D'autres écrits, parmi lesquels ceux d'Amiti et
Wei, s'intéressent aussi directement à la balance
commerciale (exportations moins importations) en
utilisant les importations comme valeur de référence
pour les externalisations et les exportations comme
indicateurs de "l'internalisation".
Rowthorn et Ramaswamy (1999), entre autres, se
réfèrent à la part de la production totale réalisée par
l'industrie concernée, mais ils s'en servent
essentiellement comme instrument de mesure de la
désindustrialisation et ils examinent les incidences
d'autres facteurs, comme la balance commerciale.
24.
Emploi
25.
De la même manière que Rowthorn et
Ramaswamy (1999) utilisent la part d'un secteur
industriel dans la production totale comme
instrument de mesure de la désindustrialisation, ils
emploient également la part de l'emploi industriel
dans l'emploi total comme indicateur. Boulhol et
Fontagné (2005) utilisent également cet instrument
d'évaluation dans le même contexte.
26.
Plutôt que de se pencher sur les chiffres de
l'emploi, Geishecker (2005) s'intéresse à la part de
la masse salariale dans différents secteurs industriels
et étudie l'incidence de l'externalisation à l'étranger
sur ce facteur.
27.
Aubert et Sillard (2005) soulignent l'imprécision
des mesures qui s'appuient sur les tendances de
l'emploi pour comprendre le processus de
délocalisation: les changements en termes d'emploi
sont également le reflet d'autres facteurs, qui n'ont
rien à voir avec les délocalisations, parmi lesquels
les évolutions de la pression concurrentielle, aussi
bien au niveau interne qu'externe, l'amélioration de
la productivité ou les changements en matière de
répartition capital/travail.
28.
Les données de l'Observatoire européen des
restructurations (ERM), géré par l'Observatoire
européen du changement, peuvent aussi être
utilisées comme instruments de mesure des
délocalisations. L'ERM passe en revue les articles
de presse publiés depuis 2002 dans l'UE pour
obtenir des informations sur les pertes et les
créations d'emploi dues aux restructurations des
entreprises et, ce qui est particulièrement intéressant
du point de vue de cette étude, il enregistre le
nombre de pertes d'emploi, "lorsque l'activité
continue à être réalisée par la même entreprise mais
est transférée à un autre lieu de production au sein
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.../...
- 19 du même pays". Des écrits, comme ceux de Daudin
et Levasseur (2005) et Pujals (2005) ont employé
cette source de données comme indicateur de l'effet
des délocalisations sur l'emploi. Galgoczi (2006)
remarque, selon nous à juste titre, que la base de
données
ERM
fournit
des
informations
anecdotiques qui ne peuvent pas être considérées
comme représentatives. Par conséquent, on ne peut
pas tirer de conclusions solides des données qu'elle
propose.
Investissements directs à l'étranger
Les investissements directs à l'étranger (IDE),
c'est-à-dire les investissements dans des avoirs
étrangers, peuvent prendre deux formes différentes.
Le premier type d'IDE consiste à investir dans des
entreprises étrangères existantes (dans ce cas, il
implique seulement un changement de propriétaire),
ce qui n'est quère susceptble d'amener l'entreprise
qui reçoit les investissements à exporter davantage
vers le pays d'origine des IDE. Le second type
renvoie aux investissements destinés à la création
d'une nouvelle entreprise ou capacité de production.
Cette catégorie est plus proche de la notion de
délocalisation.
30.
Dans son étude de l'utilisation des données
relatives aux IDE en tant qu'indicateurs des
délocalisations, l'Assemblée parlementaire du
Conseil de l'Europe (APCE) envisage une autre
catégorisation qui distingue les IDE verticaux et
horizontaux. Les IDE verticaux se rapportent à la
division du processus de production par une
entreprise multinationale en vue de placer chaque
étape de production dans le pays où le coût de sa
réalisation sera le plus intéressant. Les IDE
horizontaux renvoient au cas où une entreprise
multinationale exerce la même activité dans
plusieurs pays différents afin de produire des biens
destinés au marché local; ils ne font pas partie des
délocalisations. Il n'existe pas de données relatives
aux IDE qui soient présentées à un niveau
d'agrégation permettant de faire la distinction entre
les IDE horizontaux et verticaux, mis à part dans de
rares enquêtes. L'APCE (2005) souligne que "la
29.
presque totalité des études empiriques (…)
concluent que l'IDE vertical ne joue qu'un petit rôle
par rapport à l'ensemble de l'investissement direct
étranger" et reconnaît qu'il est "difficile de tirer des
conclusions simples sur les effets économiques de
l'ensemble des IDE sur les pays sources".
31.
Plusieurs études utilisent les données relatives aux
IDE dans leur examen des délocalisations. Nous
n'avons toutefois pas été convaincus par la logique
qui sous-tend l'utilisation de ces données; en
général, le seul élément qui plaide en faveur de leur
utilisation est le fait qu'elles existent. Toutefois,
l'examen critique de l'utilisation des données
relatives aux IDE a renforcé notre sentiment qu'une
portion substantielle des IDE émanant de l'UE n'est
pas liée aux délocalisations et constituerait ainsi un
indicateur peu fiable.
32.
Nous citerons à cet égard le point de vue exprimé
par Drumetz (2005) qui déclare: "les statistiques
d'IDE répondent à d'autres objectifs que la mesure
de la délocalisation et leur utilisation dans ce but est
délicate". Des IDE pourront par exemple être
réalisés sans que des équipements nationaux de
production n'aient été fermés. Aubert et Sillard
(2005) remarquent également qu'il est faux de croire
que quelque soit la production qui résulte d'un IDE
donné, celle-ci sera importée dans le pays d'origine,
voire, plus généralement, qu'elle se "substituera" à
la production nationale. L'IDE peut avoir été réalisé
dans le but d'élargir un marché qui est proche du
pays de destination. De plus, les investissements
concernés peuvent avoir un objectif purement
financier (achat d'actions cotées dans le pays de
destination) et n'avoir peu voire pas de lien avec les
décisions relatives à la production.
33.
Le Bureau fédéral du plan belge (2005) a
également évalué les difficultés posées par la
mesure des délocalisations à partir des données
relatives aux IDE.
Facteurs liés aux décisions de délocaliser
34.
Certaines études en la matière ont tenté de mettre
en lumière les facteurs qui sont liés au fait qu'une
entreprise décide de délocaliser, et plus
www.reckon.co.uk
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.../...
- 20 généralement
se
sont
intéressées
aux
caractéristiques des entreprises ou secteurs
industriels qui sont les plus susceptibles de procéder
à des délocalisations.
35.
Dans ce domaine, l'étude de la CNUCED (2004)
est particulièrement utile. Elle cite les
caractéristiques suivantes des services comme
présentant une forte probabilité de délocalisation.
(a) "la prestation du service n'a pas besoin d'être
réalisée en face à face;
(b) contenu à haute teneur en information;
(c) l'activité peut être réalisée par télétravail et
accomplie via Internet;
(d) il existe des différentiels salariaux importants
entre le pays source et le pays de destination
concernant cette activité;
(e) les barrières à l'établissement sont faibles;
(f) peu d'exigences en matière d'interactions
sociales."
36.
Un second rapport, de l'OMC (2005) cite les
paramètres suivants comme étant déterminants de la
décision d'externaliser ou non une activité:
(a) "la possibilité de séparer le technique de
l'institutionnel;
(b) le degré de normalisation de la tâche considérée;
(c) les coûts de transaction et de gestion en interne
par rapport au recours à des fournisseurs externes;
(d) les coûts de production;
(e) la taille du marché."
37.
D'autres éléments pertinents entrent en lignent de
compte lorsqu'il s'agit par ailleurs de décider s'il
convient ou non de procéder à un transfert de
l'activité à l'étranger, car la délocalisation offshore
donne lieu à d'autres frais de gestion variables qui
peuvent résulter des différences linguistiques,
juridiques, en matière de réglementations
administratives ou monétaires ainsi que de la
distance géographique entre les deux pays
concernés.
38.
Girma et Görg (2004) utilisent des données
collectées à l'échelon d'entreprises du Royaume-Uni
pour trois secteurs industriels (produits chimiques,
ingénierie mécanique et instrumentale et
éléctronique) afin d'étudier l'impact de différents
facteurs sur la propension d'une entreprise à
externaliser. Cette étude ne semble pas faire de
distinction entre l'externalisation à l'étranger et
auprès de producteurs nationaux. En prenant en
compte d'autres facteurs (taille et coût de la main
d'oeuvre), elle aboutit au résultat que les entreprises
étrangères ont davantage recours à l'externalisation
que les établissements nationaux. Différents
paramétrages de leur modèle permettent de valider
cette conclusion.
39.
Kakabadse et Kakabadse (2002) examinent les
tendances en matière d'externalisation en se fondant
sur une enquête réalisée auprès de 747 entreprises
européennes et américaines. Cette étude ne semble
pas faire de distinction entre l'externalisation à
l'étranger et à l'échelon national. Le tableau A.12,
qui figure ci-dessus présente un détail des raisons
citées par les entreprises européennes pour justifier
l'externalisation de leur activité.
40.
Rowthorn et Ramaswamy (1997) étudient les
causes et les effets de la désindustrialisation. Ils en
concluent qu'il ne s'agit pas d'un phénomène négatif
mais d'une conséquence naturelle de la poursuite de
la croissance dans les pays développés. La
principale cause citée pour expliquer la
désindustrialisation est la croissance plus rapide de
la productivité dans le secteur de l'industrie que
dans celui des services.
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.../...
- 21 Nous n'avons trouvé qu'une seule étude qui
s'intéresse à cette question d'un point de vue
quantitatif. L'article de l'institut de recherche
Forrester (2004) donne des prévisions détaillées de
la délocalisation d'emplois européens à l'étranger en
les classant par pays et par secteur pour une période
qui s'étend jusqu'en 2015. Le rapport prévoit
qu'environ 495.000 emplois seront délocalisés hors
de l'UE-15 d'ici 2010 et qu'il y aura environ
1.153.000 suppressions d'emploi d'ici 2015, ces
pertes survenant pour deux tiers au Royaume-Uni.
Le fait qu'une telle proportion des délocalisations
émane du Royaume-Uni peut s'expliquer par le fait
que chaque année l'Inde forme 2 millions
d'anglophones qui disposent de qualifications
techniques et de connaissances des techniques
quantitatives et par le fait que le marché du travail
britannique est relativement plus flexible que ceux
des autres pays de l'UE-15. S'agissant du décompte
par catégorie d'emploi, l'étude prévoit que d'ici 2015
les pertes seront réparties comme suit: 13% pour les
personnes travaillant dans le domaine des
technologies de l'information, 34% pour les
employés, 29% pour les emplois du commerce et de
la gestion, 20% pour les personnes employées dans
le secteur de la science et l'ingénierie, 3% pour le
secteur public et 1% pour le secteur des médias.
42.
Tableau A1.2: Motifs de l'externalisation
Motif
Pourcentage des participants
ayant sélectionné la réponse
Discipline budgétaire/contrôle
des coûts
59
Moyen d'assurer la mise en
oeuvre de bonnes pratiques
56
Améliorer la qualité du service
41
Se concentrer sur des
compétences clés
39
Accroître la capacité de
développer un nouveau
produit/service
35
Accès à des nouvelles
technologies et compétences
34
Réduction des effectifs
34
Réduction du coût
d'investissement
32
Accroître l'expertise en interne
30
Réduction des coûts de
transaction
27
Réduction des coûts de
promotion
23
Investissement technologique
18
Améliorer la place de
l'entreprise dans la chaîne de
valeur
17
Améliorer l'aptitude au
changement
17
Source: Kakabadse et Kakabadse (2002)
Le document souligne également que le commerce
Nord-Sud a joué un rôle mineur en matière de
désindustrialisation.
Prévision des tendances en matière de
délocalisations
41.
Nous avons pensé qu'il serait utile d'examiner les
prévisions des études concernant l'évolution
probable du processus de délocalisation, afin
d'observer si elles considèrent que ce processus va
s'accélérer au cours de la décennie à venir et que
l'orientation du flux d'activité économique va se
modifier à l'échelon mondial, et si tel le cas,
comment elles conçoivent cette évolution.
Effets des délocalisations
43.
Les ouvrages concernés abordent avec une
certaine circonspection la question des effets des
délocalisations. Il est naturel de s'intéresser à cette
question, étant données ses implications politiques
et, surtout, l'opinion communément admise (qui
n'est pas nécessairement fondée) selon laquelle le
processus de délocalisation doit continuer à
s'accroître. L'analyse des effets des délocalisations a
tendance à se concentrer sur un des deux aspects
suivants: d'une part les conséquences en matière
d'emploi dans le pays source et le pays de
destination et d'autre part les conséquences sur la
productivité de l'économie source. Nous
proposerons un résumé succinct des approches
adoptées dans les écrits pertinents.
www.reckon.co.uk
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- 22 -
Effets des délocalisations sur l'emploi
44.
Falk et Wolfmayr (2005) analysent l'impact de
l'externalisation à l'étranger sur l'emploi, à l'aide de
données relatives à l'industrie de 7 pays de l'UE
pour la période 1995-2000. L'étude établit des
équations relatives à la demande de main-d'œuvre
qui montrent que les importations en provenance de
pays à faibles salaires ont un effet statistique
significatif sur l'emploi et que les importations
issues des pays industrialisés n'ont pas d'effet sur
l'emploi. Leurs calculs montrent que les
changements observés en matière d'externalisations
dans l'UE entre 1995 et 2000 sont à eux seuls
responsables d'une réduction de l'emploi de 0,26
points de pourcentage par an.
45.
Strauss-Kahn (2003) construit un modèle destiné à
évaluer l'effet de la spécialisation verticale (part des
facteurs de production importés dans la production
– mesure large de l'externalisation) sur la part de
travailleurs non qualifiés dans l'industrie. Le modèle
est établi sur la base de données industrielles
françaises pour 14 secteurs et sur deux périodes de
référence: 1977-1985 et 1985-1993. Lors de ces
périodes, la part des travailleurs non qualifiés dans
l'emploi total a respectivement baissé de 0,49 et
0,44 points de pourcentage par an et le degré de
spécialisation verticale a respectivement augmenté
de 0.094 et 0.185 pour cent par an. L'auteur estime
que les changements qui affectent la spécialisation
verticale ont contribué à environ 11 à 15 % du
déclin de la part des travailleurs non qualifiés dans
l'emploi industriel en France pour la période 19771985 et 25% pour1985-1993.
46.
Egger et Egger (2000) étudient les conséquences
sur l'emploi de l'externalisation vers l'Europe
orientale et l'ex-Union soviétique sur un échantillon
de 20 secteurs industriels autrichiens pour la période
1990-1998. Les résultats indiquent qu'une
augmentation de 1% des externalisations au
bénéfice des pays de l'Est (en termes de production
brute) engendre une évolution de la structure de
l'emploi de 0,1% en faveur des travailleurs
hautement qualifiés. Les auteurs estiment que les
externalisations sont responsables de près d'un quart
des mutations de la structure de l'emploi en faveur
des personnes hautement qualifiées.
47.
Les Perspectives de l'emploi 2005 de l'OCDE
("The OECD Employment Outlook 2005") étudient
les coûts d’ajustement liés aux échanges sur les
marchés du travail des pays de l’OCDE. Les
principales conclusions de ce rapport concernant les
effets du commerce international sur les marchés du
travail sont les suivants.
(a) Sur une longue période, l’effet le plus important
des échanges et des investissements internationaux
sur le marché du travail est une augmentation des
salaires réels moyens, qui s’accompagne d’un
redéploiement des emplois entre les branches et les
professions. Le rapport souligne que ni la théorie
économique, ni l’expérience passée ne permettent de
penser que la situation de l’emploi s’est globalement
dégradée sous l’effet de l’intégration économique
internationale. Cela étant, il est probable que
l’expansion des échanges avec des pays à bas
salaires a contribué dans une certaine mesure à
accentuer les inégalités salariales dans de nombreux
pays de l’OCDE.
(b) L’intensification de la concurrence internationale
s'accompagne d’ajustements sur le marché du travail,
mais les échanges ne sont que l’un des nombreux
facteurs qui contribuent à la rotation des emplois et
au changement structurel.
(c) Les coûts d’ajustement paraissent plus lourds pour
les travailleurs victimes de suppressions d’emplois
dues à la libéralisation des échanges que pour les
autres travailleurs qui perdent leur emploi, car ils ont
plus de mal à retrouver des emplois et subissent en
cas de réemploi des pertes de salaire plus
importantes.
48.
Amiti et Wei (2005) tentent d'établir si
l'externalisation des services à l'étranger a conduit à
une baisse de l'emploi au Royaume-Uni. Les auteurs
utilisent des données émanant de 69 industries
manufacturières et 9 industries de service
britanniques qui couvrent la période 1995-2001 et
ils en concluent que l'externalisation n'a pas d'effet
négatif sur l'emploi industriel à un échelon sectoriel.
www.reckon.co.uk
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.../...
- 23 Ils aboutissent au même résultat pour le secteur des
services. Ces conclusions suggèrent que les
personnes qui perdent leur emploi du fait de
l'externalisation ont tendance à en trouver un autre
au sein de la même classe d'activité industrielle.
Cette étude conclut en outre que l'externalisation n'a
pas d'effet négatif sur la croissance de l'emploi à
l'échelon sectoriel.
49.
Geishecker (2005) analyse les conséquences de
l'externalisation vers l'Europe centrale et orientale
sur l'emploi relatif de travailleurs manuels en
Allemagne, à l'aide de données émanant d'un panel
de 20 industries manufacturières sur la période
1991-2000. L'étude combine des données
commerciales et des informations relatives aux
entrées-sorties pour en déduire des informations sur
l'externalisation à l'étranger et le commerce de biens
finis et distinguer les effets des externalisations dans
différents ensembles régionaux internationaux. En
appliquant une mesure restreinte de l'externalisation
et en tenant compte des autres facteurs, ils trouvent
que l'externalisation à l'Europe centrale et orientale
a diminué la part de la masse salariale des
travailleurs manuels de 2,7 points de pourcentage
entre 1991 et 2000 ce qui représente 57% de la
baisse de la part de la masse salariale des
travailleurs manuels sur l'ensemble de la période.
50.
Boulhol (2003) développe un modèle inspiré de
celui proposé par Rowthorn et Ramaswamy (1998),
dans lequel il constate que les délocalisations sont
étroitement liées aux gains de productivité. L'étude
prend pour point de départ les données de 16 pays
de l'OCDE entre 1970 et 2002. Ses résultats
viennent corroborer ceux de Rowthorn et
Ramaswamy
(1998),
à
savoir
que
la
désindustrialisation résulte principalement d'un
processus naturel d'augmentation des gains de
productivité dans l'industrie. Les évaluations
réalisées dans ce document suggèrent que le
commerce international est responsable de 15% à
peine du phénomène de désindustrialisation. À
l'origine de ce dernier, on trouve notamment
l'accroissement des importations en provenance du
Sud (pays en développement), et l'on estime qu'une
augmentation des importations en provenance des
pays du Sud équivalente à 1% du PIB engendre un
impact relatif de - 2,8 % sur la structure relative de
l'emploi.
Effets des délocalisations sur la productivité
Comme nous l'avons précédemment mentionné,
Girma et Görg (2004) observent les effets de
l'externalisation (à l'intérieur du pays et à l'étranger)
sur les entreprises nationales et étrangères, à l'aide
de données recueillies auprès de sociétés
britanniques. L'étude montre que l'externalisation
accroît tant la productivité du travail que la
productivité de tous les facteurs de production et
que cette augmentation est plus prononcée dans le
cas des entreprises étrangères.
52.
Dans une étude de suivi qui a donné des résultats
similaires, Görg et al. (2005) s'intéressent à l'impact
de
l'externalisation
internationale
sur
la
productivité, à l'aide de données émanant de
l'enquête sur les dépenses de l'économie irlandaise
pour la période 1990-1998 et collectées à l'échelon
des usines. Les analyses économétriques suggèrent
que les entreprises exportatrices qui s'engagent dans
l'externalisation à l'étranger de biens intermédiaires
en retirent des gains de productivité. L'étude montre
qu'une augmentation d'un point de pourcentage du
volume des externalisations conduit à une
augmentation de productivité à l'échelon des usines
qui s'élève à 1,7% pour les multinationales
étrangères et 0,9% pour les entreprises domestiques.
Les entreprises multinationales sont plus avantagées
en matière d'externalisation à l'étranger car elles
font partie de réseaux de production internationaux
et savent mieux où se procurer des facteurs de
production à des prix compétitifs.
51.
Résumé: conclusions sur les effets des
délocalisations
53.
Les études qui s'intéressent aux effets des
délocalisations utilisent des données différentes,
relatives à divers secteurs, pays et périodes de
référence. Dans ce contexte, il n'est peut-être pas
étonnant qu'on ne parvienne pas à atteindre un
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.../...
- 24 consensus quant aux effets des délocalisations sur
l'emploi en général. Alors que certains auteurs
trouvent que les délocalisations sont à l'origine
d'une baisse de l'emploi, un groupe d'autres
théoriciens suggèrent que celles-ci n'ont pas
d'influence sur le nombre de postes mais sur la
structure de l'emploi. Plusieurs écrits se font écho
d'un même résultat: les délocalisations conduiraient
à une modification de la structure de l'emploi au
profit des travailleurs hautement qualifiés. Une des
conclusions qui ressort des ouvrages que nous avons
passés en revue est également que les
délocalisations accentuent les différences salariales
dans le pays source.
54.
Un résultat somme toute plus surprenant est que
les études réalisées sur la question semblent aboutir
à un consensus quant aux effets positifs de la
délocalisation sur la productivité dans le pays
source.
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