La puissance américaine s`adapte à l`après
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La puissance américaine s`adapte à l`après
La puissance américaine s'adapte à l'après-guerre froide Le document qui nous est proposé est un discours de George H. Bush, prononcé devant le Congrès le 11 septembre 1990. Il permet de mettre en valeur l’émergence de l’hyperpuissance américaine à l’issue de la guerre froide. Dans son discours, Bush met en valeur le nouvel ordre mondial qui émerge après la guerre froide. A la date du discours, la « confrontation Est-Ouest » est en effet terminée depuis un an avec la dislocation du bloc de l'Est. Un ordre mondial multipolaire reposant sur « l’action concertée des Nations Unies » semble succèder à l'affrontement des blocs. Bush ne manque pas d'expressions frappantes pour qualifier le tournant des années 8990, qui représente « un moment unique et extraordinaire », « une période historique de coopération », la naissance d'un « nouveau monde (…) bien différent de celui que nous avons connu » : son discours présente un ton idéaliste marqué. En effet, la fin du monde bipolaire ouvre en 1989 et dans les années suivantes l'espoir d'une pacification durable de la planète. L'ONU débarrassée de la rivalité des superpuissances peut enfin jouer le rôle qui lui avait été attribué en 1945 (« un dictateur ne peut plus compter sur la confrontation Est/Ouest pour bloquer l'action concertée des Nations Unies »), et ses interventions se multiplient rapidement, comme lors de la crise du Golfe. Le discours est prononcé en pleine « crise du Golfe ». En effet, en août 1990, l'Irak de Saddam Hussein envahit son voisin koweitien pour élargir sa façade maritime et s'approprier ses réserves pétrolières. Comme George Bush le souligne, l'URSS et les Etats-Unis sont en accord sur la façon de gérer la crise de façon multilatérale : « c'est la vision que j'ai partagée avec le président Gorbatchev à Helsinki ». De fait, la crise du Golfe est largement gérée dans le cadre onusien, avec la condamnation de l'invasion irakienne du Koweit par le Conseil de Sécurité, puis l'envoi d'une force multinationale dont les Etats-Unis représentent le fer de lance. Les Etats-Unis, à l'opposé de la période précédente, n'agissent plus comme le leader d'un bloc en lutte contre un autre bloc. Au contraire, ils apparaissent comme une « des nations du monde », agissant dans un cadre multilatéral pour faire respecter « les droits du faible », en l'occurence des Koweitiens. Toutefois, l'extrait qui nous est proposé ne montre pas que les Etats-Unis ont conçu l'effondrement du bloc de l'Est comme leur victoire et celle de leur modèle politique et économique. Il s'agit pour eux d'une nouvelle preuve de leur « Destinée Manifeste ». Aussi pensent-ils que le leadership mondial, et le rôle de « gendarme du monde », leur revient de droit. Et ce d'autant plus que l'ONU ne peut se passer de leur puissance militaire pour imposer des sanctions aux dictateurs qui, comme Saddam Hussein, menacent la paix internationale et qu'aucune puissance n'est alors en mesure de leur disputer la suprématie. D'autre part, le Koweit détient une part importante des réserves mondiales de pétrole, indispensables aux économies développées représentées par les « dirigeants d'Europe » et les Etats-Unis. L'intervention américaine dans le Golfe n'est donc pas totalement exempte d'arrières-pensées intéressées, et reflète une politique qui mêle idéalisme et réalisme. Ce document montre donc bien comment les Etats-Unis s'adaptent à un nouvel ordre mondial multipolaire. Dans ce nouvel ordre mondial, ils entendent bien cependant jouer un rôle important, comme le montre la multiplication de leurs interventions dans les années qui suivent la crise du Golfe. Toutefois, cette parenthèse multilatérale sera brève et se refermera à partir de 1995.