Le portrait du Grand Patron - Revue des sciences sociales

Transcription

Le portrait du Grand Patron - Revue des sciences sociales
BENOÎT BRUANT
Centre de recherche sur les économies, les
sociétés, les arts et les techniques (CRESAT)
Université de Haute Alsace
<[email protected]>
Le portrait
du Grand Patron
Enjeu de la mémoire familiale et collective
L
e portrait entretient de tradition
des liens tellement étroits avec
la mémoire, qu’évoquer la question peut paraître sans grand intérêt. La
bourgeoisie de Mulhouse comme dans
toute ville de province s’est adonnée
avec délice à cet art avant qu’il ne batte
désespérément en retraite. Lors d’une
récente rénovation de ses prestigieux
locaux, la Société Industrielle de Mulhouse a crée une galerie de portraits
présentant plus d’une dizaine de pièces
des deux siècles précédents dans la très
belle salle d’honneur de son hôtel historique qui domine l’une des perspectives
sur la ville. Cet accrochage inédit rassemble des huiles sur toile souvent de
très grande taille, dotées de cadres intéressants et dispersées dans les locaux de
la société sans doute depuis la guerre. Il
offre aujourd’hui au visiteur une impression d’ensemble d’une grande austérité
du patronat protestant. Cette création
nouvelle renoue presque inconsciemment les fils d’une tradition perdue. Ces
monuments picturaux autrefois disséminés, suggéraient de par leur format, leurs
identités, leurs qualités plastiques particulières, l’existence d’un lieu auquel
ils avaient été dédiés. Essentiellement
esthétique, la rénovation s’est dispensée
de rechercher et de comprendre les sources de cet imposant ensemble.
À y regarder de plus près, les peintures se situent presque toutes dans la
44
grande tradition du portrait d’état1, leur
apparence, leur format les distingue
du portrait bourgeois type. Le regard
distant ou pensif qu’elles portent nous
renvoie à une fonction quasi sacrée de la
représentation. C’est donc une démarche
historique proprement patrimoniale qui
nous mène à comprendre le rôle qu’a
joué cette austère galerie et ce qu’elle
nous dit aujourd’hui de la figure du
Grand Patron.
Classe dirigeante fortement endogame, les industriels offrent de par leurs
réseaux sociaux très denses, l’importance qu’ils accordent à la tradition
familiale et les sources variées qui sont
conservées, un terrain d’étude particulièrement intéressant pour comprendre
le fonctionnement collectif de la relation
au portrait.
Petite histoire du
portrait à Mulhouse
■
La tradition du portrait d’état ne naît
pas spontanément à Mulhouse, elle est la
résultante tardive de deux siècles d’évolution. Les premiers portraits connus
datent du milieu du 17e siècle. Ces huiles souvent négligées par les musées
sont mal conservées, leur apparence peut
donc souvent amener à conclure à des
œuvres d’intérêt documentaire, d’aucuns
parleraient de « croûtes ». A l’étude on
Benoît Bruant
Le portrait du Grand Patron
Nicolas Koechlin (1781-1852 ). Copie d’après Claude Marie Dubufe vers
1852. Document Bibliothèque – Médiathèque de Mulhouse
s’aperçoit cependant qu’un nombre significatif d’entre elles sont peintes par des
artistes bâlois ou suisses de renom ou
encore des portraitistes de cours de passage dans la région. La sévérité qui s’en
dégage découle autant de la réalité des
mœurs et de la « rusticité » des modèles
qu’elle ne constitue un écho tangible du
portrait hollandais. Nous pourrions conclure hâtivement à une filiation longue
des représentations qui nous intéressent si
la présence d’un nombre important d’œuvres d’influence aristocratiques ne venait
contredire l’analyse. Dans un raccourci
un peu hardi nous pouvons affirmer que
toutes les modes et les artistes à la mode
du genre vont durant près de trois siècles
imprimer leur marque sur la pratique
locale mais sans en altérer l’austérité
native teintée d’un lointain écho caravagesque. Si l’artiste est de renom c’est
surtout parce qu’il assure la fidélité de
la représentation qui donne cette capacité
dont a parlé Alberti de rendre l’absence
présente. Mais à la différence de ce qu’affirme le grand maître, la tentation de l’art
apparaît ici bien lointaine.
Les portraits narratifs peints à Mulhouse se comptent sur les doigts d’une
main, la simplicité voulue accentue
les critères liés à la ressemblance physique. Dans ce monde où la famille
règne en dominatrice quasi exclusive, la
peinture se soumet avec obéissance aux
contraintes de la seule vérité historique.
En 1903 la rétrospective consacrée par
le Musée des Beaux-arts au portraitiste
Josué Dollfus eut un impact très profond
sur une bourgeoisie en passe de devenir
une diaspora « Les miniatures […] ne
sont pas seulement de charmantes œuvres
d’art, elles sont « ressemblantes » c’est
à dire qu’elles évoquent l’image aussi
exacte que possible de ceux ou de celles
dont elles veulent fixer le souvenir »2.
La remarque faite par un artiste apparaît
banale mais elle souligne encore une fois
la docilité constante de la représentation.
Cette absence d’autonomie confère au
portrait bourgeois un statut réellement
particulier. La primauté du sujet sur la
manière de l’artiste conduit à l’abondance des copies de toutes échelles et,
de fait, l’intérêt relatif porté aux originaux. Les portraits ne peuvent constituer
des éléments de patrimoine ordinaires,
d’ailleurs ils désobéissent aux règles de
transmission courantes puisqu’ils ne sont
souvent pas mentionnés dans les inventaires après décès3.
La richesse du patrimoine local atteste
de l’ampleur du fait de société. En dehors
de la miniature, tellement plébiscitée que
plusieurs artistes locaux de très bonne
tenue s’y sont entièrement consacrés
au dix neuvième siècle4, le phénomène
s’allie à la généalogie pour produire un
ouvrage étonnant appelé « portraits mulhousiens » Son auteur et éditeur Camille
Schlumberger, artiste de formation et
industriel, a passé plusieurs années de sa
vie au début de 20e siècle à répertorier et
faire photographier par les techniciens
de la maison Braun les représentations
de tous les ancêtres des grandes familles
protestantes de Mulhouse5. Cette véritable galerie collective qui circule dans le
monde restreint « des familles » est distinguée par la Société Industrielle d’une
médaille d’argent. Il y peu de familles
qui n’en possèdent au moins un exemplaire6. Dans la suite logique du même
engouement, un musée privé dévolu à la
mémoire généalogique est fondé en 1912.
Le musée des familles Dollfus, Mieg et
Koechlin n’est pratiquement composé
que de portraits7.
Cet enthousiasme étonnant interroge
d’autant que le prestigieux Salon de Mulhouse qui au début du siècle égale le
chiffre d’affaire de celui de Bordeaux,
considéré comme l’un des plus importants de l’Hexagone8, ne renvoie pas la
même réalité. L’analyse des catalogues
démontre, à contrario d’autres manifestations similaires en France, que ce genre
45
est tout à fait marginal puisqu’il oscille
de 1876 à 1937 entre moins de 1% et 3%
des œuvres présentées. Si les artistes y
exposent de temps en temps le portrait
d’un citadin connu, ils ne le font que
munis de l’accord de leur client dans
l’unique espoir d’obtenir des commandes
et encore n’y voit – on presque jamais
les travaux des portraitistes quasi attitrés
de la bourgeoisie locale que sont les
membres de la famille Benner. On identifie ici l’écho des restrictions morales
et religieuses liées à la prévention de la
Réforme à l’égard de l’image9. Le portrait n’est de toute évidence pas destiné à
devenir public, il reste, même publié ou
dévolu au musée privé, un objet strictement familial.
À l’intérieur des parentèles, ces images en multiple jouent un rôle très particulier. Elles expriment un lien fort avec
l’invisible ; celui de la filiation et de la
descendance. Elles offrent des figures qui
sont autant de jalons dans la profondeur
symbolique de la généalogie. Dans le
fonctionnement social de la bourgeoisie
industrielle ce phénomène est essentiel.
La réalité des successions dans les entreprises place à leur tête, pour des raisons
de compétence, des héritiers portant des
noms différents de ceux des fondateurs
ou dirigeants historiques. La continuité
est recréée par le recours constant de chacun à un ancêtre référent. Alfred Engel,
dirigeant de Dollfus Mieg, est ainsi personnellement attaché à la mémoire de
son grand-père Jean Dollfus10 tout autant
que la société mulhousienne le rattache
directement à cet ancêtre de référence qui
assure la continuité d’une lignée d’entrepreneurs sur cinq générations. L’ancrage
de ces «grands ancêtres » dans l’espace
partagé devient une sorte de nécessité.
Le cheminement de notre galerie, qui
elle justement est publique, prend dès lors
une tournure particulière. Le domaine
privé ne saurait être le lieu de transmission de la mémoire durable, il faut
donc à celui qui cherche à l’atteindre,
accéder à la collectivité. L’espace public
mulhousien est très contrôlé, nulle statue n’honore la mémoire de quiconque,
longtemps les élus ne sont représentés,
conformément à la tradition corporative
et politique d’ancien régime, que par les
armoiries de leur famille. Le portrait
officiel est donc, en dehors de la carrière
politique, l’unique moyen de parvenir à
Frédérique Engel-Dollfus (1818-1883). Huile sur toile de Joseph Wencker,
1881. Document Bibliothèque – Médiathèque de Mulhouse
la renommée. Les premiers qui soient
connus sont des petits portraits gravés
bien dans l’esprit du dix - huitième siècle
que viennent relayer au siècle suivant les
portraits lithographiés avant que la photographie ne vienne tout balayer sur son
passage. La valeur de ces supports fragiles, de taille toujours modeste n’égale pas
celle intemporelle de la peinture.
Grâce au très large corpus disponible dans les institutions et publications
que nous avons citées nous ne comptons
guère plus d’une dizaine d’œuvres en
trois quart pied et beaucoup moins en
pied ; les grands portraits autonomes privés, de tradition aristocratique sont très
rares. Il est ainsi aisé de repérer l’apparition des tableaux destinés à devenir des
portraits publics, nous devrions ici parler
46 Revue des Sciences Sociales, 2005, n° 34, “Le rapport à l’image”
de portraits officiels tant leur destination
sociale apparaît marquée. Que la peinture
ait effectivement joué ce rôle ou non ne
change rien aux motivations de la démarche. Les grands patrons conformément à
l’image qu’ils se font d’eux-mêmes et de
leur action font exécuter des oeuvres destinées à les incarner dans leur rôle public.
Daniel Dollfus le fondateur de la célèbre
manufacture DMC ouvre la marche en
éclaireur solitaire. L’œuvre de Dubufe11
sans doute peinte entre 1815 et 1818 nous
est connue par de nombreuses copies. Elle
nous fait découvrir l’industriel accoudé à
son bureau, l’air pensif. Aucun décorum
ne venant animer un fond très sombre, la
toile est marquée du sceau de l’austérité.
Entreprenant mais mort jeune, l’homme
n’a pas eu le loisir d’occuper les char-
Benoît Bruant
Le portrait du Grand Patron
Premiers portraits
publics
Auguste Dollfus (1832-1911). Huile sur toile de Joseph Wencker, 1885.
Document Bibliothèque – Médiathèque de Mulhouse
ges officielles que monopoliseront plus
tard ses descendants. Le portait, hors
la salle du Conseil d’Administration de
l’entreprise, n’a connu que les cimaises
familiales.
Il faut ensuite attendre le Salon de la
Société rhénane des Beaux-Arts à Mulhouse en 1839 pour voir apparaître le
modèle de ce qui va devenir l’exemple
du portrait patronal mulhousien. L’œuvre,
aujourd’hui disparue, montre l’industriel
Nicolas Koechlin (1781-1852) en redingote noire assis de manière solennelle
et un peu empruntée dans un fauteuil et
fixant le spectateur de face. Le tableau,
également de Dubufe est doté d’un fond
de draperie rouge. Cette pompe est tout
à fait unique dans l’histoire du portrait à
Mulhouse, mais elle souligne l’ambition
de cet entrepreneur prolixe et visionnaire.
Le tableau n’a pourtant rien d’original
tant il emprunte à un modèle multiséculaire. Il dénoterait presque une absence
de goût si la sobriété des valeurs picturales n’était le choix d’incarner l’austérité
morale et la rigueur dans le travail. On
notera qu’Achille Seillière ou Isaac Peirère se sont fait représenter de manière
tout à fait analogue. L’exposition au
Salon, assez exceptionnelle comme nous
l’avons mentionné n’est pas innocente.
Elle apporte la consécration publique
nécessaire à la représentation d’un notable qui par son engagement républicain et
industriel jouit d’une grande autorité.
■
Nous n’en sommes cependant toujours
pas aux cimaises de la Société Industrielle. C’est une copie modifiée de ce portrait
qui nous y conduit. Les circonstances ne
nous en sont pas connues mais à la mort
du grand homme en 1852 un portrait
fortement inspiré du précédent, et d’une
lithographie dont il reprend les traits,
fait son apparition à la place d’honneur
de la salle des séances. Le procédé du
« collage » de motifs en fait une œuvre
rigide mais un grand cadre stuqué vient
lui donner tout le lustre nécessaire à sa
position. La société qui l’a spécialement
commandé pour l’occasion l’a fait couronner de deux allégories du commerce
et de l’industrie à côté de laquelle on
peut notamment admirer une locomotive.
Elles entourent un cartouche cerné de
feuilles de chêne identifiant la représentation. La Société peut ainsi s’honorer elle
– même tout en glorifiant la mémoire du
grand homme qui, il est important de le
préciser ,n’a jamais exercé aucune charge
en son sein. Il peut être considéré comme
un bienfaiteur. Le peu de mentions du
portrait dans les archives de la société
nous permettent toutefois de l’imaginer
dominant l’estrade où siège le Président.
Il occupe en quelque sorte la place symbolique de la statue du commandeur.
Le premier président à venir orner
le mur au côté de Nicolas Koechlin est
Charles-Emile Dollfus (1805-1858). Il
est également de cette génération de notables tout à la fois industriels et hommes
politiques. Le portrait lui aussi post mortem12 ne fait pas preuve de beaucoup plus
de concession au coloris et à l’originalité
que le précédent. Un Président et un bienfaiteur, il n’y a là bien évidemment pas de
quoi constituer une galerie, pas encore…
mais déjà deux qualités sociales particulières sans liens entre elles se trouvent de
facto associées ; le parcours électif et le
choix du don. L’exposition ne constituera
donc pas une galerie de Président, le critère de présentation plus subjectif fait la
part belle à la notoriété13.
L’histoire se précipite après 1871.
L’intervention brutale du rattachement
de l’Alsace à la communauté des états
allemands par le traité de Francfort est
pour les Mulhousiens plus que pour tous
47
les autres un arrachement et une rupture
profonde. La Société Industrielle devient
dès lors une institution de protection des
intérêts de la vieille bourgeoisie et de la
culture française. Le passé prend la forme
sentimentale du regret et de l’espérance
en des temps meilleurs. L’événement
et son cortège de départs de dirigeants
optant pour la France, a pour notre sujet
deux conséquences majeures qui se conjuguent. Il permet à la Société de racheter
les hôtels particuliers qui encadrent ses
locaux et de les mettre ainsi en conformité avec son importance sociale. Il donne
ensuite à son cinquantième anniversaire
en 1876 un très grand retentissement.
Pourquoi insister sur ce point matériel ?
C’est qu’ici le local, à savoir le très beau
Salon de réception de l’hôtel particulier
acheté aux héritiers de Nicolas Koechlin
fils, en devenant la nouvelle salle du
Conseil, provoque la création de toute
pièce d’une galerie des bienfaiteurs et des
Présidents. L’anniversaire fêté avec faste
fait prendre conscience du temps écoulé
et naître le désir de lui donner forme dans
un lieu de mémoire. Une vue très rare de
cette pièce, conservée dans les archives
Engel-Dollfus, nous en montre le décor
somptueux. Ne disposant pas des œuvres
nécessaires, puisque la tradition est en
train de se former, les familles vont prendre en charge la réalisation de copies. Les
protagonistes étant décédés ce sont les
portraits familiaux ou des photographies
qui vont servir de modèles. En 1877
sept portraits de grande taille décorent
somptueusement la salle des séances. Lui
donnant un aspect funèbre et panthéique
prononcé. Il n’y a pour l’instant que des
copies, de qualité certes, mais l’aspect
général au vu des œuvres subsistantes
n’est pas très enthousiasmant.
De la copie
à l’œuvre originale
■
Le Styx qui mène par la médiation du
grand artiste, à l’œuvre et à son immortalité, est franchi par Frédéric Engel – Dollfus. Collectionneur boulimique et mécène
d’une rare intelligence, l’industriel est un
passionné d’histoire. Il connaît le prix
du temps qui efface les mémoires. Son
geste est celui d’une conscience vive, il
va modifier la pratique de l’institution.
Nous le découvrons très au fait de la tra-
Auguste Lalance (1830-1920). Huile sur toile de Léon Hornecker, 1911.
Tableau légué par testament de son propriétaire à la Société Industrielle en
1921. Document Bibliothèque – Médiathèque de Mulhouse
dition qui s’est établie au sein de la SIM
« l’usage veut que le portrait d’un ancien
Président soit donné à la Société Industrielle par sa famille après son décès ; il
ne veut pas et cela se comprend, que celui
qui préside figure déjà, en effigie, dans la
salle des séances. »14
Il choisit pour peintre le Strasbourgeois
Joseph Wencker avec lequel il entretient
la relation riche et forte du mécène. Peint
à la villa Médicis pendant le séjour du
jeune Prix de Rome, le portrait est déjà
l’objet d’une publicité remarquée tant
dans la ville éternelle qu’en Alsace15. Sa
présentation au Salon en 1881, au retour
de l’artiste en France, consacre les promesses du talent flairé par le connaisseur.
Les commentaires sont élogieux et la
48 Revue des Sciences Sociales, 2005, n° 34, “Le rapport à l’image”
notoriété du sujet rejaillit sur l’artiste16.
L’œuvre est enfin présentée lors du Salon
triennal de Mulhouse de 1883 particulièrement fastueux puisqu’il préside à
l’ouverture du nouveau musée. Critiques
et comptes rendus s’appuyant les uns sur
les autres donnent à la représentation
une aura particulièrement prestigieuse17.
Il est à n’en pas douter le portrait de
patron mulhousien le plus célèbre de son
temps et le plus beau conservé à ce jour18.
Par ce processus parfaitement maîtrisé,
le mécène accroît son prestige tout en
donnant à son poulain un appui décisif.
Il contrôle ainsi son image au-delà de sa
propre destinée.
Frédéric Engel-Dollfus n’a rien à
craindre de sa famille qui conformément
Benoît Bruant
Le portrait du Grand Patron
à la tradition veillera avec efficacité et
constance sur sa mémoire. Par contre il
se méfie ou plus exactement il exprime
la prévention de la famille à l’égard de la
Société Industrielle, en un mot de la collectivité. Cette distance apparaît à l’occasion du projet de portrait de Auguste
Dollfus, Président dévoué de la vénérable
Société dans les heures pénibles qui suivent l’annexion de l’Alsace – Lorraine.
Quinze fidèles se réunissent chez le gendre19 de Auguste Dollfus. Au-delà du coût
élevé de l’œuvre (12000 francs or) que
plusieurs membres de la famille peuvent
assumer seuls, c’est l’aspect collectif de
la démarche qui paraît primordial aux
initiateurs. Le but est d’honorer l’action
du grand homme mais en empêchant
la Société Industrielle de s’attribuer les
mérites de l’initiative. On prévoit pour
ce faire d’offrir le portrait à son épouse
charge à elle de faire don de l’original ou
d’une copie à la Société20.
La maîtrise de la parentèle concerne
également le choix de l’image. On
s’adresse à Wencker parce que son
talent, seul parmi les portraitistes actifs
dans la bourgeoisie mulhousienne, est à
même d’assurer la ressemblance parfaite
désirée. La création de l’œuvre pendant
et après son achèvement fait l’objet d’une
forte publicité, le passage au Salon de
Paris tout comme celui de Mulhouse
apportant la consécration recherchée21.
Malgré l’appel à l’artiste de renom,
c’est toujours la famille qui décide de
ce qu’elle accepte de rendre public ou
non. En 1882 le sculpteur Auguste Désiré
Ringel d’Illzach en fait l’expérience à ses
dépens. Souhaitant profiter du prestige de
ses commanditaires en donnant un peu
de publicité au portrait médaillon des
époux Jean Dollfus, qu’il a réalisé pour
leurs noces d’or, il se voit très vertement
convoqué et rappelé à l’ordre. Engel
– Dollfus lui précise formellement : «La
propriété m’en appartiendra et pas plus
que Monsieur Braun vous ne pourrez le
reproduire sans mon autorisation. »
La représentation
modifiée, démultipliée
■
L’événement de la création de deux
tableaux de Wencker marque suffisamment les consciences pour qu’il y ait un
avant et un après. La profondeur psycho-
logique exprimée par ces deux œuvres
apporte à la représentation patronale une
dimension inconnue jusque là. Habitués
à diriger et à entreprendre, techniciens
plus que littéraires, ces hommes à l’intelligence pratique n’ont ni l’élégance ni
la prestance des mondains. Si leur abord
est sans apprêt, la conscience de leur rôle
social et l’habitude d’être obéi tiennent
leurs interlocuteurs en respect. Il faut au
peintre réussir à traduire l’autorité alliée
aux valeurs éthiques. Wencker a souffert
sur le décor du portrait d’Engel – Dollfus
« J’ai vu qu’il n’y a rien de plus difficile
que l’harmonie des tons foncés. Je crois
que tout est de bon goût maintenant. Une
grande sobriété de couleurs, pas d’effets
forcés […] Je n’ai pas détaché le costume
noir en clair sur le fond. C’est forcé et
ça se voyait trop que c’était forcé. »22. Il
est nécessaire de préciser que l’artiste a
excellé dans le rendu des jolies femmes
et des étoffes chatoyantes ; le choix de
la retenue et des couleurs restreintes est
celui des commanditaires.
Insensiblement la tradition de la représentation franchit une étape. On passe du
réalisme bourgeois biographique et civique à la recherche des qualités morales.
Dès lors les derniers donateurs et Présidents à se faire portraiturer23 prendront
soin de choisir un artiste de talent capable
de jouer de l’uniformité tonale pour faire
ressortir les traits profonds de son sujet.
La galerie présente encore une œuvre
de Joseph Wencker24 puis trois de Léon
Hornecker25. Les deux artistes, au-delà
de leur carrière de portraitistes à succès,
se montrent fortement attachés à l’influence des grands maîtres hollandais. Ce
choix qui prolonge dans l’art du portrait
moderne les goûts de collectionneurs des
hommes d’affaires26 donne une profonde
unité, dans l’austérité certes, à l’ensemble des œuvres rassemblées. C’est à ce
prix sans doute que le grand patron peut,
comme le prince, prétendre constituer
une catégorie hors norme échappant à la
suspicion de vanité. De ce monde bien
ordonné transpire cependant une hiérarchie sociale précise.
Précédant l’accrochage du portrait
peint, l’hommage nécrologique illustre
la manière dont la Société Industrielle,
comme toute Académie savante, gère la
mémoire de ses membres disparus. La
publication d’une notice dans son célèbre bulletin obéit à une hiérarchie stricte
et immuable.27 Un membre proche du
défunt est chargé par le Président de
rédiger l’éloge qui n’est publié qu’après
validation du Conseil d’Administration.
Autant dire que le procédé donne une
lecture particulièrement lisse de la vie
d’entrepreneurs aux choix politiques et
sociaux parfois tranchés. Il participe de la
construction consciente d’une mémoire
qui met en avant les valeurs collectives
d’austérité morale et de foi dans le travail
au détriment de l’originalité réelle de la
personnalité de nombreux dirigeants mulhousiens contraints, dans leur parcours
individuel, de s’affranchir d’un milieu
extrêmement normatif.
À partir des œuvres de Joseph
Wencker l’effigie officielle prend une
importance singulière. Le portrait
littéraire des « illustres » est accompagné
d’une planche gravée ou photographiée.
Il démultiplie l’original peint en lui
assurant une résonance étonnante. L’éloge
posthume d’Auguste Dollfus témoigne de
cette influence de l’image. Il emprunte
une partie de son développement à la
description commentée de son splendide
portrait qui vient d’intégrer les cimaises
de la Salle des Séances. Théodore Bock,
l’auteur, affirme : « Le grand portrait
de notre salle des séances en porte la
trace (des années des difficultés nés de
l’annexion de l’Alsace). Les traits sont
affermis, des plis se sont accentués,
d’autres se sont creusés témoignant des
inquiétudes, des soucis et des douleurs
morales qui se sont accumulées pendant
ces quelques mois qui conserveront le
nom d’année terrible. Mais en même
temps l’attitude s’est redressée sous la
rafale, l’expression est plus altière, la
tête haute, le geste plein d’autorité […] Il
rappelait ses grands ancêtres, les citoyens
de l’ancienne République qui pied à pied
[…] ont défendu l’indépendance politique
et les intérêts économiques de la cité. »28
La figure de Frédéric Engel-Dollfus
connaît une diffusion d’une ampleur inégalée jusque là. Dans les collections de la
Société Industrielle subsiste une grande
copie sur papier de l’original de Wencker
suggérant que deux représentations décoraient les locaux de la Société. De nombreux tirages photographiques exécutés
par la maison Braun, de 45 cm de haut,
ce qui est déjà conséquent, existent dans
plusieurs collections mulhousiennes29et
permettent de déduire qu’ils jouaient le
49
rôle des portraits de nos actuels Présidents de la République. Le portrait gravé
par Boisson accompagne la nécrologie de
l’industriel dans le bulletin du musée historique et, plus étonnant, figure dans les
premières pages du livret de prévoyance
et de retraite des employés de Dollfus
Mieg et Cie.30. D’autres représentations
sur des supports différents sont réalisées
sur demande de la famille. Exécutées
après sa mort d’après documents dont
le fameux portrait de Wencker elles renvoient toutes à l’idée du portrait officiel
mais se distinguent d’un véritable culte
de la personnalité puisque l’homme n’est
plus de ce monde. On trouve ainsi un très
impressionnant buste en marbre réalisé
par Joseph Enderlin31 pour la Société
Chorale de Dornach, une copie sera confectionnée pour le musée du Conservatoire National des Arts et Métiers en
190532 et son modèle en plâtre sera offert
par l’artiste au musée des Beaux – Arts.
Le même musée expose encore un très
grand médaillon en Bronze, au style puissant, réalisé par Ringel d’Illzach33. De la
part d’une famille d’amateurs d’art aussi
avisée et passionnée il est difficile de penser que cette démultiplication de l’image
n’est pas parfaitement consciente. Grâce
à la qualité des œuvres choisies, le « grand
homme » survit largement à son action et
ce jusqu’à nos jours. Cette politique inédite de la famille Engel illustre en quelque sorte l’étape suivante de l’ancêtre de
référence puisqu’elle a largement pris
les rênes de l’entreprise Dollfus-Mieg.
Elle crée et impose la personnalité de son
héros aux générations futures.
La Société Industrielle
de Mulhouse, Panthéon
des patrons ?
■
Notre documentation tendrait à faire
penser à un lieu de mémoire unique au
sein de la Société Industrielle. Les archives et le patrimoine de l’institution ont
été assez malmenés par l’histoire il existe
toutefois un inventaire du mobilier de ses
locaux commencé en 1885 et réactualisé
sans doute jusque vers 190034. Son analyse révèle le rôle étonnant des locaux de la
place de la Bourse. Le document répertorie près de 190 portraits, et encore il faut
considérer qu’il s’agit d’un minimum,
accrochés sur tous les murs et dans à peu
près toutes les pièces. L’immense majorité est constituée d’estampes ou de photographies. Les séquences d’exposition
et la création d’un index alphabétique à
l’inventaire papier ne sont pas les moins
étonnants. La logique de présentation est
ici une confirmation de la très forte hiérarchie interne de la Société. On y trouve
donc dans un ordre de progression topographique qui va de l’entrée de l’étage
à la salle du Conseil en passant par les
différents locaux de réunion : les membres ordinaires de la Société, ceux de son
Conseil d’Administration, les membres
des comités puis dans l’antichambre de la
salle du Conseil les anciens Présidents et
donateurs importants. Cette progression
introduit l’idée que la salle du Conseil
proprement dite constitue une sorte de
saint des saints laïque. Dans cette multitude bien ordonnée la figure des grands
patrons émerge à plusieurs reprises et
dans des expressions plastiques différentes suggérant une forme de surenchère
entre la Société et les familles.
Nous déduisons de l’index qui mentionne, pour la totalité de son répertoire,
les dates de naissance et de décès des
personnages représentés le prolongement
de la tradition que nous avons mentionnée plus haut quant à l’accrochage postmortem des portraits. Cette incroyable
muséographie funèbre qui concerne très
peu l’époque héroïque de la fondation
et du développement de la Société nous
renvoie au second empire et à l’expansion
mulhousienne. Elle est en réalité un Panthéon patronal qui témoigne d’une époque de grandeur que la férule allemande
fait pressentir comme passée, conscience
de soi et conscience collective de la durée
allant de pair. A la différence d’autres
Panthéons industriels comme celui créé
par la Chambre de Commerce de Lille
dans la vieille Bourse, il n’y a ici ni mise
en jeu d’une représentation de l’industrie,
ni programme préétabli. La galerie est
une véritable création collective.
Au terme de cette étude revenons aux
portraits peints. Les critères de fidélité
au modèle, d’austérité picturale nous
ont montré une forme particulière de
continuité et si la représentation s’est
fait quasiment en public, les familles
sont restées l’instance de contrôle de la
mémoire. Ce sont elles qui font naître
la galerie, ce sont toujours elles, désunies par leur dispersion après la Seconde
50 Revue des Sciences Sociales, 2005, n° 34, “Le rapport à l’image”
guerre mondiale qui en perdent le fil,
c’est enfin elles qui à la fin du vingtième
siècle en assurent la recréation et le choix
d’y ajouter des figures nouvelles pour
compléter des lignées absentes jusque
là comme les Mieg. Le fait familial se
révèle encore ici au cœur de la notion de
mémoire et de patrimoine35.
Le « Panthéon » des grands patrons
de la Société Industrielle nous entraîne
assez loin de la galerie des illustres, de
la galerie dynastique ou de l’éphémère
galerie généalogique. Cette muséographie funèbre trahit nettement son essence
bourgeoise et égalitaire c’est à dire que
nul ne peut y briller de son vivant, seule
son absence a valeur de rappel, ce qui
permet de tenir les appétits individuels
en respect. Elle est également bourgeoise
par les valeurs de réussite morale et individuelle qu’elle met en avant au détriment
de la richesse. Sa constitution n’obéit pas
à la volonté d’un seul mais à une pratique
collective nécessairement plus aléatoire
qui ne va cependant pas jusqu’à la création de portraits de groupes36. Les enjeux
de pouvoir et de mémoire autour des
différentes familles qui chacune cherche
à faire reconnaître ses héros, créent une
tradition dynamique qui se révèle également comme une sorte de terrain neutre
où les enjeux de rivalités sont gommés
au profit d’une image unitaire que la dite
bourgeoisie a toujours cherché à donner
d’elle-même. Le grand patron intègre
une catégorie hors norme dédouanée des
soupçons de glorification personnelle.
Le portrait d’état révèle ici une vision
hiérarchisée de la société qui par la traduction de l’élection dans la grâce confère l’autorité morale supérieure pour
diriger, au-delà des entreprises, le destin
des hommes.
La tradition est aujourd’hui éteinte et
personne sans doute ne le regrettera mais
par delà la mort, les représentations de
ces patrons, ou du moins celles qui nous
restent, témoignent de leur valeur morale
commune et de leur autorité sans partage
sur une partie de notre passé collectif.
Benoît Bruant
Notes
1. Castelnuovo Enrico, portraits et société
dans la peinture italienne, Gérard Monfort, Paris, 1993, p. 57.
2. Schlumberger Camille, Note autobiographique ; les portraits mulhousiens, Bulletin du Musée Historique de Mulhouse,
1959, p. 111-128.
3. La tradition familiale à Mulhouse confirme ce que l’on sait par ailleurs du processus de transmission des portraits. Pour
éviter leur dispersion lors des successions
on se contente de les mentionner sans estimation. « Les portraits de famille ne font
point partie des biens et appartiennent à
l’aîné des enfants. Chacune des parties
doit prendre les portraits de sa famille…
Par la suite, les portraits de famille ne
doivent point être inventoriés ».
4. Villargues Roland de (sous la direction
de), Répertoire de la jurisprudence du
notariat, 1843. Cité par Babelon – Chastel
le notion de patrimoine p. 50.
5. Jean Benner, Josué Dollfus
6. Schlumberger Camille, Portraits mulhousiens, Ribeauvillé, 1906.
Schlumberger Camille, Note autobiographie op. cit. p. 111-128.
7. Il constitue un extraordinaire ensemble sur
la peinture locale que vient compléter le
musée historique, le musée des Beaux-Arts
et le musée de l’impression sur étoffes.
Nous disposons ainsi d’un corpus très complet de plusieurs centaines d’œuvres dont
certaines ont disparu et une bonne partie
se trouve disséminée dans le monde entier
chez les descendants des portraiturés.
8. Au départ essentiellement des copies. Greder Marc, Le musée des familles Dollfus,
Mieg et koechlin, Mémoire de Maîtrise
Mécadocto option muséologie, Université
de Haute-Alsace, 2001.
9. Dussol Dominique, Art et bourgeoisie, la
Société des Arts de Bordeaux (1851-1939),
Le Festin, Bordeaux, 1997.
10. Pommier Edouard, Théorie du portrait,
Gallimard, Paris, 1998, p. 192.
11. Bruant Benoît, Les mystères du tableau
perdu, ou la peinture comme tentative
d’introduction de l’histoire familiale dans
la grande histoire, Annuaire historique de
Mulhouse, 2002, p. 122-129.
12. Selon toute vraisemblance, Claude Marie
Dubufe (1790-1864)
13. « L’original » peint par Jacques Eck pour
la salle du Conseil de l’Hôtel de Ville est
sans doute une œuvre post mortem tirée
d’une lithographie représentant le député
dans la pose du premier consul peint par
Ingres mais dont le dessin a simplement
été inversé.
14. En 1860 Daniel Koechlin chimiste de
réputation internationale et industriel fait
comme Daniel Dollfus peindre son por-
Le portrait du Grand Patron
trait. Le format et la pose sont identiques.
L’homme ayant refusé la présidence il est
fait président honoraire ce qui permet
d’accrocher la copie de son portrait après
son décès en 1871. On pourrait faire une
remarque analogue avec la représentation
de Daniel Dollfus – Ausset industriel et
savant original qui n’a pas occupé les plus
hautes fonctions de la Société mais s’est
révélé un mécène généreux.
15. Archives municipales de Mulhouse fonds
du Musée des familles Dollfus, Mieg et
Koechlin, 66 TT B1 Lettre de Engel-Dollfus à Victor de Lacroix du 26-6-1887.
16. « Monsieur Wencker achève en même
temps le portrait de M. Engel-Dollfus
qui le classera certainement parmi les
bons portraitistes français. » Mossmann
Xavier, les Alsaciens à Rome, Revue Alsacienne, 1880 / 81, p. 114-118.
17. Centre Rhénan d’Archives et de
Recherches Economiques de Mulhouse
(CERARE), 95 A 1155, lettre de Wencker
à Engel Dollfus du 7-10-1881. Entre
autres compliments « J’ai vu hier Henner
qui m’a vivement complimenté sur votre
portrait. »
18. Le Temps du 11 juin 1883, Le Journal des
arts du 22 mai 1883 qui précise après avoir
énuméré les artistes présents et « le portrait de M. Engel-Dollfus qui il y a deux
ans au Salon classa son auteur parmi nos
premiers peintres de portraits. »
19. Dans le seul inventaire mobilier de la
Société Industrielle conservé il est doté
d’une valeur d’assurance considérable.
20. Alfred Engel début 1883, Archives municipales de Mulhouse fonds du musée des
familles 66 TT B / 2 / 64.
21. Le tableau est le seul dont on peut suivre la
complète pérégrination. Le don de l’œuvre donne lieu à une petite cérémonie de
remerciement, celle-ci est ensuite placée
dans le salon bleu de l’Hôtel particulier
des Dollfus, Place de la Bourse. Auguste
Dollfus se montre très attaché à son portrait. Dans un document qui exprime ses
dernières volontés il évoque le souhait de
le voir déposer dans la Salle du Conseil de
la SIM. Le tableau est de grande taille il
en a donc précisément étudié l’emplacement en prenant les mesures : « Je désire
qu’il soit placé dans la salle des séances :
dans ce but on pourrait déplacer le portrait d’Isaac Schlumberger et le placer
dans l’un des pans d’angle, on mettrait le
portrait de Georges Steinbach à la place
d’Isaac Schlumberger et le mien à la place
de Georges Steinbach (en face d’EngelDollfus). J’ai vérifié cela irait tout juste. »
Archives municipales de Mulhouse fonds
du Musée des familles Dollfus, Mieg et
Koechlin, 66 TT B1 lettre datée du 10
janvier 1897 soit 14 ans avant sa cessation
de fonction du fait de son décès.
22. L’Echo artistique d’Alsace mentionne en
février 1885 « M. Wencker vient de passer
deux mois à Mulhouse où il a peint deux
remarquables portraits dont nous espérons pouvoir parler sous peu. » le mois
suivant dans les préparatifs du Salon de
Paris le journal mentionne : « Le portrait
de M. Auguste Dollfus, que nous avons
pu admirer à Mulhouse, ainsi que celui
de Madame Frédéric Engel-Dollfus, que
M. Wencker exposera, sont très beaux.
C’est décidément un admirable peintre de
portrait ; ceux dont nous parlons sont certainement les plus beaux qu’il ait jamais
faits. » et dans son édition du 17 mai il
mentionne effectivement l’exposition du
tableau. La critique du Salon semble plutôt retenir le délicieux portrait de Madame
Engel-Dollfus en soi plus gracieux et
moins solennel que celui du Président de
l’honorable Société Industrielle.
23. CERARE, 95 A 1155, Lettre de Wencker
à Engel-Dollfus du 2-12-1880.
24. Jusqu’à la seconde guerre mondiale.
25. Georges Steinbach (1809-1893)
26. Théodore Schlumberger (1840-1917),
Auguste Lalance (1830-1920), Daniel
Mieg.
27. Boime Albert, Les hommes d’affaires et
les arts en France au 19e siècle, Actes de
la recherche en sciences sociales, 1979,
N° 28, p. 57-75.
28. En 1853 le règlement intérieur de la
Société est modifié afin d’intégrer un
processus formel de validation des notices nécrologiques afin d’assurer un contrôle étroit face à la pression des familles.
OTT Florence, La Société Industrielle de
Mulhouse 1826-1876. Ses membres, son
action, ses réseaux, Presses Universitaires
de Strasbourg, Strasbourg, 1999, p. 237.
29. Bulletin de la Société Industrielle août /
septembre 1912 p. 479- 490.
30. Société Industrielle, Musée des familles
Dollfus, Mieg et Koechlin (N° 66), Musée
historique de Mulhouse.
31. CERARE Fonds Engel 95 A 1107
32. Présentée au Salon de 1900. Collection
du musée des familles Dollfus, Mieg et
Koechlin.
33. CERARE Fonds Engel courrier échangé
entre Frédéric Engel – Gros et Enderlin 95
A 1122
34. Catalogue de 1922, conservé aujourd’hui
dans les greniers de la Société Industrielle
de Mulhouse.
35. CERARE Fonds de la Société Industrielle,
02 A 384.
36. Babelon Jean-Pierre, Chastel André, La
notion de Patrimoine, Liana Levi, Paris
1994, p. 49-56.
37. Seul les comités se font photographier en
groupe, les dirigeants et donateurs font
œuvre individuelle.
51

Documents pareils