Le portrait du Grand Patron - Revue des sciences sociales
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Le portrait du Grand Patron - Revue des sciences sociales
BENOÎT BRUANT Centre de recherche sur les économies, les sociétés, les arts et les techniques (CRESAT) Université de Haute Alsace <[email protected]> Le portrait du Grand Patron Enjeu de la mémoire familiale et collective L e portrait entretient de tradition des liens tellement étroits avec la mémoire, qu’évoquer la question peut paraître sans grand intérêt. La bourgeoisie de Mulhouse comme dans toute ville de province s’est adonnée avec délice à cet art avant qu’il ne batte désespérément en retraite. Lors d’une récente rénovation de ses prestigieux locaux, la Société Industrielle de Mulhouse a crée une galerie de portraits présentant plus d’une dizaine de pièces des deux siècles précédents dans la très belle salle d’honneur de son hôtel historique qui domine l’une des perspectives sur la ville. Cet accrochage inédit rassemble des huiles sur toile souvent de très grande taille, dotées de cadres intéressants et dispersées dans les locaux de la société sans doute depuis la guerre. Il offre aujourd’hui au visiteur une impression d’ensemble d’une grande austérité du patronat protestant. Cette création nouvelle renoue presque inconsciemment les fils d’une tradition perdue. Ces monuments picturaux autrefois disséminés, suggéraient de par leur format, leurs identités, leurs qualités plastiques particulières, l’existence d’un lieu auquel ils avaient été dédiés. Essentiellement esthétique, la rénovation s’est dispensée de rechercher et de comprendre les sources de cet imposant ensemble. À y regarder de plus près, les peintures se situent presque toutes dans la 44 grande tradition du portrait d’état1, leur apparence, leur format les distingue du portrait bourgeois type. Le regard distant ou pensif qu’elles portent nous renvoie à une fonction quasi sacrée de la représentation. C’est donc une démarche historique proprement patrimoniale qui nous mène à comprendre le rôle qu’a joué cette austère galerie et ce qu’elle nous dit aujourd’hui de la figure du Grand Patron. Classe dirigeante fortement endogame, les industriels offrent de par leurs réseaux sociaux très denses, l’importance qu’ils accordent à la tradition familiale et les sources variées qui sont conservées, un terrain d’étude particulièrement intéressant pour comprendre le fonctionnement collectif de la relation au portrait. Petite histoire du portrait à Mulhouse ■ La tradition du portrait d’état ne naît pas spontanément à Mulhouse, elle est la résultante tardive de deux siècles d’évolution. Les premiers portraits connus datent du milieu du 17e siècle. Ces huiles souvent négligées par les musées sont mal conservées, leur apparence peut donc souvent amener à conclure à des œuvres d’intérêt documentaire, d’aucuns parleraient de « croûtes ». A l’étude on Benoît Bruant Le portrait du Grand Patron Nicolas Koechlin (1781-1852 ). Copie d’après Claude Marie Dubufe vers 1852. Document Bibliothèque – Médiathèque de Mulhouse s’aperçoit cependant qu’un nombre significatif d’entre elles sont peintes par des artistes bâlois ou suisses de renom ou encore des portraitistes de cours de passage dans la région. La sévérité qui s’en dégage découle autant de la réalité des mœurs et de la « rusticité » des modèles qu’elle ne constitue un écho tangible du portrait hollandais. Nous pourrions conclure hâtivement à une filiation longue des représentations qui nous intéressent si la présence d’un nombre important d’œuvres d’influence aristocratiques ne venait contredire l’analyse. Dans un raccourci un peu hardi nous pouvons affirmer que toutes les modes et les artistes à la mode du genre vont durant près de trois siècles imprimer leur marque sur la pratique locale mais sans en altérer l’austérité native teintée d’un lointain écho caravagesque. Si l’artiste est de renom c’est surtout parce qu’il assure la fidélité de la représentation qui donne cette capacité dont a parlé Alberti de rendre l’absence présente. Mais à la différence de ce qu’affirme le grand maître, la tentation de l’art apparaît ici bien lointaine. Les portraits narratifs peints à Mulhouse se comptent sur les doigts d’une main, la simplicité voulue accentue les critères liés à la ressemblance physique. Dans ce monde où la famille règne en dominatrice quasi exclusive, la peinture se soumet avec obéissance aux contraintes de la seule vérité historique. En 1903 la rétrospective consacrée par le Musée des Beaux-arts au portraitiste Josué Dollfus eut un impact très profond sur une bourgeoisie en passe de devenir une diaspora « Les miniatures […] ne sont pas seulement de charmantes œuvres d’art, elles sont « ressemblantes » c’est à dire qu’elles évoquent l’image aussi exacte que possible de ceux ou de celles dont elles veulent fixer le souvenir »2. La remarque faite par un artiste apparaît banale mais elle souligne encore une fois la docilité constante de la représentation. Cette absence d’autonomie confère au portrait bourgeois un statut réellement particulier. La primauté du sujet sur la manière de l’artiste conduit à l’abondance des copies de toutes échelles et, de fait, l’intérêt relatif porté aux originaux. Les portraits ne peuvent constituer des éléments de patrimoine ordinaires, d’ailleurs ils désobéissent aux règles de transmission courantes puisqu’ils ne sont souvent pas mentionnés dans les inventaires après décès3. La richesse du patrimoine local atteste de l’ampleur du fait de société. En dehors de la miniature, tellement plébiscitée que plusieurs artistes locaux de très bonne tenue s’y sont entièrement consacrés au dix neuvième siècle4, le phénomène s’allie à la généalogie pour produire un ouvrage étonnant appelé « portraits mulhousiens » Son auteur et éditeur Camille Schlumberger, artiste de formation et industriel, a passé plusieurs années de sa vie au début de 20e siècle à répertorier et faire photographier par les techniciens de la maison Braun les représentations de tous les ancêtres des grandes familles protestantes de Mulhouse5. Cette véritable galerie collective qui circule dans le monde restreint « des familles » est distinguée par la Société Industrielle d’une médaille d’argent. Il y peu de familles qui n’en possèdent au moins un exemplaire6. Dans la suite logique du même engouement, un musée privé dévolu à la mémoire généalogique est fondé en 1912. Le musée des familles Dollfus, Mieg et Koechlin n’est pratiquement composé que de portraits7. Cet enthousiasme étonnant interroge d’autant que le prestigieux Salon de Mulhouse qui au début du siècle égale le chiffre d’affaire de celui de Bordeaux, considéré comme l’un des plus importants de l’Hexagone8, ne renvoie pas la même réalité. L’analyse des catalogues démontre, à contrario d’autres manifestations similaires en France, que ce genre 45 est tout à fait marginal puisqu’il oscille de 1876 à 1937 entre moins de 1% et 3% des œuvres présentées. Si les artistes y exposent de temps en temps le portrait d’un citadin connu, ils ne le font que munis de l’accord de leur client dans l’unique espoir d’obtenir des commandes et encore n’y voit – on presque jamais les travaux des portraitistes quasi attitrés de la bourgeoisie locale que sont les membres de la famille Benner. On identifie ici l’écho des restrictions morales et religieuses liées à la prévention de la Réforme à l’égard de l’image9. Le portrait n’est de toute évidence pas destiné à devenir public, il reste, même publié ou dévolu au musée privé, un objet strictement familial. À l’intérieur des parentèles, ces images en multiple jouent un rôle très particulier. Elles expriment un lien fort avec l’invisible ; celui de la filiation et de la descendance. Elles offrent des figures qui sont autant de jalons dans la profondeur symbolique de la généalogie. Dans le fonctionnement social de la bourgeoisie industrielle ce phénomène est essentiel. La réalité des successions dans les entreprises place à leur tête, pour des raisons de compétence, des héritiers portant des noms différents de ceux des fondateurs ou dirigeants historiques. La continuité est recréée par le recours constant de chacun à un ancêtre référent. Alfred Engel, dirigeant de Dollfus Mieg, est ainsi personnellement attaché à la mémoire de son grand-père Jean Dollfus10 tout autant que la société mulhousienne le rattache directement à cet ancêtre de référence qui assure la continuité d’une lignée d’entrepreneurs sur cinq générations. L’ancrage de ces «grands ancêtres » dans l’espace partagé devient une sorte de nécessité. Le cheminement de notre galerie, qui elle justement est publique, prend dès lors une tournure particulière. Le domaine privé ne saurait être le lieu de transmission de la mémoire durable, il faut donc à celui qui cherche à l’atteindre, accéder à la collectivité. L’espace public mulhousien est très contrôlé, nulle statue n’honore la mémoire de quiconque, longtemps les élus ne sont représentés, conformément à la tradition corporative et politique d’ancien régime, que par les armoiries de leur famille. Le portrait officiel est donc, en dehors de la carrière politique, l’unique moyen de parvenir à Frédérique Engel-Dollfus (1818-1883). Huile sur toile de Joseph Wencker, 1881. Document Bibliothèque – Médiathèque de Mulhouse la renommée. Les premiers qui soient connus sont des petits portraits gravés bien dans l’esprit du dix - huitième siècle que viennent relayer au siècle suivant les portraits lithographiés avant que la photographie ne vienne tout balayer sur son passage. La valeur de ces supports fragiles, de taille toujours modeste n’égale pas celle intemporelle de la peinture. Grâce au très large corpus disponible dans les institutions et publications que nous avons citées nous ne comptons guère plus d’une dizaine d’œuvres en trois quart pied et beaucoup moins en pied ; les grands portraits autonomes privés, de tradition aristocratique sont très rares. Il est ainsi aisé de repérer l’apparition des tableaux destinés à devenir des portraits publics, nous devrions ici parler 46 Revue des Sciences Sociales, 2005, n° 34, “Le rapport à l’image” de portraits officiels tant leur destination sociale apparaît marquée. Que la peinture ait effectivement joué ce rôle ou non ne change rien aux motivations de la démarche. Les grands patrons conformément à l’image qu’ils se font d’eux-mêmes et de leur action font exécuter des oeuvres destinées à les incarner dans leur rôle public. Daniel Dollfus le fondateur de la célèbre manufacture DMC ouvre la marche en éclaireur solitaire. L’œuvre de Dubufe11 sans doute peinte entre 1815 et 1818 nous est connue par de nombreuses copies. Elle nous fait découvrir l’industriel accoudé à son bureau, l’air pensif. Aucun décorum ne venant animer un fond très sombre, la toile est marquée du sceau de l’austérité. Entreprenant mais mort jeune, l’homme n’a pas eu le loisir d’occuper les char- Benoît Bruant Le portrait du Grand Patron Premiers portraits publics Auguste Dollfus (1832-1911). Huile sur toile de Joseph Wencker, 1885. Document Bibliothèque – Médiathèque de Mulhouse ges officielles que monopoliseront plus tard ses descendants. Le portait, hors la salle du Conseil d’Administration de l’entreprise, n’a connu que les cimaises familiales. Il faut ensuite attendre le Salon de la Société rhénane des Beaux-Arts à Mulhouse en 1839 pour voir apparaître le modèle de ce qui va devenir l’exemple du portrait patronal mulhousien. L’œuvre, aujourd’hui disparue, montre l’industriel Nicolas Koechlin (1781-1852) en redingote noire assis de manière solennelle et un peu empruntée dans un fauteuil et fixant le spectateur de face. Le tableau, également de Dubufe est doté d’un fond de draperie rouge. Cette pompe est tout à fait unique dans l’histoire du portrait à Mulhouse, mais elle souligne l’ambition de cet entrepreneur prolixe et visionnaire. Le tableau n’a pourtant rien d’original tant il emprunte à un modèle multiséculaire. Il dénoterait presque une absence de goût si la sobriété des valeurs picturales n’était le choix d’incarner l’austérité morale et la rigueur dans le travail. On notera qu’Achille Seillière ou Isaac Peirère se sont fait représenter de manière tout à fait analogue. L’exposition au Salon, assez exceptionnelle comme nous l’avons mentionné n’est pas innocente. Elle apporte la consécration publique nécessaire à la représentation d’un notable qui par son engagement républicain et industriel jouit d’une grande autorité. ■ Nous n’en sommes cependant toujours pas aux cimaises de la Société Industrielle. C’est une copie modifiée de ce portrait qui nous y conduit. Les circonstances ne nous en sont pas connues mais à la mort du grand homme en 1852 un portrait fortement inspiré du précédent, et d’une lithographie dont il reprend les traits, fait son apparition à la place d’honneur de la salle des séances. Le procédé du « collage » de motifs en fait une œuvre rigide mais un grand cadre stuqué vient lui donner tout le lustre nécessaire à sa position. La société qui l’a spécialement commandé pour l’occasion l’a fait couronner de deux allégories du commerce et de l’industrie à côté de laquelle on peut notamment admirer une locomotive. Elles entourent un cartouche cerné de feuilles de chêne identifiant la représentation. La Société peut ainsi s’honorer elle – même tout en glorifiant la mémoire du grand homme qui, il est important de le préciser ,n’a jamais exercé aucune charge en son sein. Il peut être considéré comme un bienfaiteur. Le peu de mentions du portrait dans les archives de la société nous permettent toutefois de l’imaginer dominant l’estrade où siège le Président. Il occupe en quelque sorte la place symbolique de la statue du commandeur. Le premier président à venir orner le mur au côté de Nicolas Koechlin est Charles-Emile Dollfus (1805-1858). Il est également de cette génération de notables tout à la fois industriels et hommes politiques. Le portrait lui aussi post mortem12 ne fait pas preuve de beaucoup plus de concession au coloris et à l’originalité que le précédent. Un Président et un bienfaiteur, il n’y a là bien évidemment pas de quoi constituer une galerie, pas encore… mais déjà deux qualités sociales particulières sans liens entre elles se trouvent de facto associées ; le parcours électif et le choix du don. L’exposition ne constituera donc pas une galerie de Président, le critère de présentation plus subjectif fait la part belle à la notoriété13. L’histoire se précipite après 1871. L’intervention brutale du rattachement de l’Alsace à la communauté des états allemands par le traité de Francfort est pour les Mulhousiens plus que pour tous 47 les autres un arrachement et une rupture profonde. La Société Industrielle devient dès lors une institution de protection des intérêts de la vieille bourgeoisie et de la culture française. Le passé prend la forme sentimentale du regret et de l’espérance en des temps meilleurs. L’événement et son cortège de départs de dirigeants optant pour la France, a pour notre sujet deux conséquences majeures qui se conjuguent. Il permet à la Société de racheter les hôtels particuliers qui encadrent ses locaux et de les mettre ainsi en conformité avec son importance sociale. Il donne ensuite à son cinquantième anniversaire en 1876 un très grand retentissement. Pourquoi insister sur ce point matériel ? C’est qu’ici le local, à savoir le très beau Salon de réception de l’hôtel particulier acheté aux héritiers de Nicolas Koechlin fils, en devenant la nouvelle salle du Conseil, provoque la création de toute pièce d’une galerie des bienfaiteurs et des Présidents. L’anniversaire fêté avec faste fait prendre conscience du temps écoulé et naître le désir de lui donner forme dans un lieu de mémoire. Une vue très rare de cette pièce, conservée dans les archives Engel-Dollfus, nous en montre le décor somptueux. Ne disposant pas des œuvres nécessaires, puisque la tradition est en train de se former, les familles vont prendre en charge la réalisation de copies. Les protagonistes étant décédés ce sont les portraits familiaux ou des photographies qui vont servir de modèles. En 1877 sept portraits de grande taille décorent somptueusement la salle des séances. Lui donnant un aspect funèbre et panthéique prononcé. Il n’y a pour l’instant que des copies, de qualité certes, mais l’aspect général au vu des œuvres subsistantes n’est pas très enthousiasmant. De la copie à l’œuvre originale ■ Le Styx qui mène par la médiation du grand artiste, à l’œuvre et à son immortalité, est franchi par Frédéric Engel – Dollfus. Collectionneur boulimique et mécène d’une rare intelligence, l’industriel est un passionné d’histoire. Il connaît le prix du temps qui efface les mémoires. Son geste est celui d’une conscience vive, il va modifier la pratique de l’institution. Nous le découvrons très au fait de la tra- Auguste Lalance (1830-1920). Huile sur toile de Léon Hornecker, 1911. Tableau légué par testament de son propriétaire à la Société Industrielle en 1921. Document Bibliothèque – Médiathèque de Mulhouse dition qui s’est établie au sein de la SIM « l’usage veut que le portrait d’un ancien Président soit donné à la Société Industrielle par sa famille après son décès ; il ne veut pas et cela se comprend, que celui qui préside figure déjà, en effigie, dans la salle des séances. »14 Il choisit pour peintre le Strasbourgeois Joseph Wencker avec lequel il entretient la relation riche et forte du mécène. Peint à la villa Médicis pendant le séjour du jeune Prix de Rome, le portrait est déjà l’objet d’une publicité remarquée tant dans la ville éternelle qu’en Alsace15. Sa présentation au Salon en 1881, au retour de l’artiste en France, consacre les promesses du talent flairé par le connaisseur. Les commentaires sont élogieux et la 48 Revue des Sciences Sociales, 2005, n° 34, “Le rapport à l’image” notoriété du sujet rejaillit sur l’artiste16. L’œuvre est enfin présentée lors du Salon triennal de Mulhouse de 1883 particulièrement fastueux puisqu’il préside à l’ouverture du nouveau musée. Critiques et comptes rendus s’appuyant les uns sur les autres donnent à la représentation une aura particulièrement prestigieuse17. Il est à n’en pas douter le portrait de patron mulhousien le plus célèbre de son temps et le plus beau conservé à ce jour18. Par ce processus parfaitement maîtrisé, le mécène accroît son prestige tout en donnant à son poulain un appui décisif. Il contrôle ainsi son image au-delà de sa propre destinée. Frédéric Engel-Dollfus n’a rien à craindre de sa famille qui conformément Benoît Bruant Le portrait du Grand Patron à la tradition veillera avec efficacité et constance sur sa mémoire. Par contre il se méfie ou plus exactement il exprime la prévention de la famille à l’égard de la Société Industrielle, en un mot de la collectivité. Cette distance apparaît à l’occasion du projet de portrait de Auguste Dollfus, Président dévoué de la vénérable Société dans les heures pénibles qui suivent l’annexion de l’Alsace – Lorraine. Quinze fidèles se réunissent chez le gendre19 de Auguste Dollfus. Au-delà du coût élevé de l’œuvre (12000 francs or) que plusieurs membres de la famille peuvent assumer seuls, c’est l’aspect collectif de la démarche qui paraît primordial aux initiateurs. Le but est d’honorer l’action du grand homme mais en empêchant la Société Industrielle de s’attribuer les mérites de l’initiative. On prévoit pour ce faire d’offrir le portrait à son épouse charge à elle de faire don de l’original ou d’une copie à la Société20. La maîtrise de la parentèle concerne également le choix de l’image. On s’adresse à Wencker parce que son talent, seul parmi les portraitistes actifs dans la bourgeoisie mulhousienne, est à même d’assurer la ressemblance parfaite désirée. La création de l’œuvre pendant et après son achèvement fait l’objet d’une forte publicité, le passage au Salon de Paris tout comme celui de Mulhouse apportant la consécration recherchée21. Malgré l’appel à l’artiste de renom, c’est toujours la famille qui décide de ce qu’elle accepte de rendre public ou non. En 1882 le sculpteur Auguste Désiré Ringel d’Illzach en fait l’expérience à ses dépens. Souhaitant profiter du prestige de ses commanditaires en donnant un peu de publicité au portrait médaillon des époux Jean Dollfus, qu’il a réalisé pour leurs noces d’or, il se voit très vertement convoqué et rappelé à l’ordre. Engel – Dollfus lui précise formellement : «La propriété m’en appartiendra et pas plus que Monsieur Braun vous ne pourrez le reproduire sans mon autorisation. » La représentation modifiée, démultipliée ■ L’événement de la création de deux tableaux de Wencker marque suffisamment les consciences pour qu’il y ait un avant et un après. La profondeur psycho- logique exprimée par ces deux œuvres apporte à la représentation patronale une dimension inconnue jusque là. Habitués à diriger et à entreprendre, techniciens plus que littéraires, ces hommes à l’intelligence pratique n’ont ni l’élégance ni la prestance des mondains. Si leur abord est sans apprêt, la conscience de leur rôle social et l’habitude d’être obéi tiennent leurs interlocuteurs en respect. Il faut au peintre réussir à traduire l’autorité alliée aux valeurs éthiques. Wencker a souffert sur le décor du portrait d’Engel – Dollfus « J’ai vu qu’il n’y a rien de plus difficile que l’harmonie des tons foncés. Je crois que tout est de bon goût maintenant. Une grande sobriété de couleurs, pas d’effets forcés […] Je n’ai pas détaché le costume noir en clair sur le fond. C’est forcé et ça se voyait trop que c’était forcé. »22. Il est nécessaire de préciser que l’artiste a excellé dans le rendu des jolies femmes et des étoffes chatoyantes ; le choix de la retenue et des couleurs restreintes est celui des commanditaires. Insensiblement la tradition de la représentation franchit une étape. On passe du réalisme bourgeois biographique et civique à la recherche des qualités morales. Dès lors les derniers donateurs et Présidents à se faire portraiturer23 prendront soin de choisir un artiste de talent capable de jouer de l’uniformité tonale pour faire ressortir les traits profonds de son sujet. La galerie présente encore une œuvre de Joseph Wencker24 puis trois de Léon Hornecker25. Les deux artistes, au-delà de leur carrière de portraitistes à succès, se montrent fortement attachés à l’influence des grands maîtres hollandais. Ce choix qui prolonge dans l’art du portrait moderne les goûts de collectionneurs des hommes d’affaires26 donne une profonde unité, dans l’austérité certes, à l’ensemble des œuvres rassemblées. C’est à ce prix sans doute que le grand patron peut, comme le prince, prétendre constituer une catégorie hors norme échappant à la suspicion de vanité. De ce monde bien ordonné transpire cependant une hiérarchie sociale précise. Précédant l’accrochage du portrait peint, l’hommage nécrologique illustre la manière dont la Société Industrielle, comme toute Académie savante, gère la mémoire de ses membres disparus. La publication d’une notice dans son célèbre bulletin obéit à une hiérarchie stricte et immuable.27 Un membre proche du défunt est chargé par le Président de rédiger l’éloge qui n’est publié qu’après validation du Conseil d’Administration. Autant dire que le procédé donne une lecture particulièrement lisse de la vie d’entrepreneurs aux choix politiques et sociaux parfois tranchés. Il participe de la construction consciente d’une mémoire qui met en avant les valeurs collectives d’austérité morale et de foi dans le travail au détriment de l’originalité réelle de la personnalité de nombreux dirigeants mulhousiens contraints, dans leur parcours individuel, de s’affranchir d’un milieu extrêmement normatif. À partir des œuvres de Joseph Wencker l’effigie officielle prend une importance singulière. Le portrait littéraire des « illustres » est accompagné d’une planche gravée ou photographiée. Il démultiplie l’original peint en lui assurant une résonance étonnante. L’éloge posthume d’Auguste Dollfus témoigne de cette influence de l’image. Il emprunte une partie de son développement à la description commentée de son splendide portrait qui vient d’intégrer les cimaises de la Salle des Séances. Théodore Bock, l’auteur, affirme : « Le grand portrait de notre salle des séances en porte la trace (des années des difficultés nés de l’annexion de l’Alsace). Les traits sont affermis, des plis se sont accentués, d’autres se sont creusés témoignant des inquiétudes, des soucis et des douleurs morales qui se sont accumulées pendant ces quelques mois qui conserveront le nom d’année terrible. Mais en même temps l’attitude s’est redressée sous la rafale, l’expression est plus altière, la tête haute, le geste plein d’autorité […] Il rappelait ses grands ancêtres, les citoyens de l’ancienne République qui pied à pied […] ont défendu l’indépendance politique et les intérêts économiques de la cité. »28 La figure de Frédéric Engel-Dollfus connaît une diffusion d’une ampleur inégalée jusque là. Dans les collections de la Société Industrielle subsiste une grande copie sur papier de l’original de Wencker suggérant que deux représentations décoraient les locaux de la Société. De nombreux tirages photographiques exécutés par la maison Braun, de 45 cm de haut, ce qui est déjà conséquent, existent dans plusieurs collections mulhousiennes29et permettent de déduire qu’ils jouaient le 49 rôle des portraits de nos actuels Présidents de la République. Le portrait gravé par Boisson accompagne la nécrologie de l’industriel dans le bulletin du musée historique et, plus étonnant, figure dans les premières pages du livret de prévoyance et de retraite des employés de Dollfus Mieg et Cie.30. D’autres représentations sur des supports différents sont réalisées sur demande de la famille. Exécutées après sa mort d’après documents dont le fameux portrait de Wencker elles renvoient toutes à l’idée du portrait officiel mais se distinguent d’un véritable culte de la personnalité puisque l’homme n’est plus de ce monde. On trouve ainsi un très impressionnant buste en marbre réalisé par Joseph Enderlin31 pour la Société Chorale de Dornach, une copie sera confectionnée pour le musée du Conservatoire National des Arts et Métiers en 190532 et son modèle en plâtre sera offert par l’artiste au musée des Beaux – Arts. Le même musée expose encore un très grand médaillon en Bronze, au style puissant, réalisé par Ringel d’Illzach33. De la part d’une famille d’amateurs d’art aussi avisée et passionnée il est difficile de penser que cette démultiplication de l’image n’est pas parfaitement consciente. Grâce à la qualité des œuvres choisies, le « grand homme » survit largement à son action et ce jusqu’à nos jours. Cette politique inédite de la famille Engel illustre en quelque sorte l’étape suivante de l’ancêtre de référence puisqu’elle a largement pris les rênes de l’entreprise Dollfus-Mieg. Elle crée et impose la personnalité de son héros aux générations futures. La Société Industrielle de Mulhouse, Panthéon des patrons ? ■ Notre documentation tendrait à faire penser à un lieu de mémoire unique au sein de la Société Industrielle. Les archives et le patrimoine de l’institution ont été assez malmenés par l’histoire il existe toutefois un inventaire du mobilier de ses locaux commencé en 1885 et réactualisé sans doute jusque vers 190034. Son analyse révèle le rôle étonnant des locaux de la place de la Bourse. Le document répertorie près de 190 portraits, et encore il faut considérer qu’il s’agit d’un minimum, accrochés sur tous les murs et dans à peu près toutes les pièces. L’immense majorité est constituée d’estampes ou de photographies. Les séquences d’exposition et la création d’un index alphabétique à l’inventaire papier ne sont pas les moins étonnants. La logique de présentation est ici une confirmation de la très forte hiérarchie interne de la Société. On y trouve donc dans un ordre de progression topographique qui va de l’entrée de l’étage à la salle du Conseil en passant par les différents locaux de réunion : les membres ordinaires de la Société, ceux de son Conseil d’Administration, les membres des comités puis dans l’antichambre de la salle du Conseil les anciens Présidents et donateurs importants. Cette progression introduit l’idée que la salle du Conseil proprement dite constitue une sorte de saint des saints laïque. Dans cette multitude bien ordonnée la figure des grands patrons émerge à plusieurs reprises et dans des expressions plastiques différentes suggérant une forme de surenchère entre la Société et les familles. Nous déduisons de l’index qui mentionne, pour la totalité de son répertoire, les dates de naissance et de décès des personnages représentés le prolongement de la tradition que nous avons mentionnée plus haut quant à l’accrochage postmortem des portraits. Cette incroyable muséographie funèbre qui concerne très peu l’époque héroïque de la fondation et du développement de la Société nous renvoie au second empire et à l’expansion mulhousienne. Elle est en réalité un Panthéon patronal qui témoigne d’une époque de grandeur que la férule allemande fait pressentir comme passée, conscience de soi et conscience collective de la durée allant de pair. A la différence d’autres Panthéons industriels comme celui créé par la Chambre de Commerce de Lille dans la vieille Bourse, il n’y a ici ni mise en jeu d’une représentation de l’industrie, ni programme préétabli. La galerie est une véritable création collective. Au terme de cette étude revenons aux portraits peints. Les critères de fidélité au modèle, d’austérité picturale nous ont montré une forme particulière de continuité et si la représentation s’est fait quasiment en public, les familles sont restées l’instance de contrôle de la mémoire. Ce sont elles qui font naître la galerie, ce sont toujours elles, désunies par leur dispersion après la Seconde 50 Revue des Sciences Sociales, 2005, n° 34, “Le rapport à l’image” guerre mondiale qui en perdent le fil, c’est enfin elles qui à la fin du vingtième siècle en assurent la recréation et le choix d’y ajouter des figures nouvelles pour compléter des lignées absentes jusque là comme les Mieg. Le fait familial se révèle encore ici au cœur de la notion de mémoire et de patrimoine35. Le « Panthéon » des grands patrons de la Société Industrielle nous entraîne assez loin de la galerie des illustres, de la galerie dynastique ou de l’éphémère galerie généalogique. Cette muséographie funèbre trahit nettement son essence bourgeoise et égalitaire c’est à dire que nul ne peut y briller de son vivant, seule son absence a valeur de rappel, ce qui permet de tenir les appétits individuels en respect. Elle est également bourgeoise par les valeurs de réussite morale et individuelle qu’elle met en avant au détriment de la richesse. Sa constitution n’obéit pas à la volonté d’un seul mais à une pratique collective nécessairement plus aléatoire qui ne va cependant pas jusqu’à la création de portraits de groupes36. Les enjeux de pouvoir et de mémoire autour des différentes familles qui chacune cherche à faire reconnaître ses héros, créent une tradition dynamique qui se révèle également comme une sorte de terrain neutre où les enjeux de rivalités sont gommés au profit d’une image unitaire que la dite bourgeoisie a toujours cherché à donner d’elle-même. Le grand patron intègre une catégorie hors norme dédouanée des soupçons de glorification personnelle. Le portrait d’état révèle ici une vision hiérarchisée de la société qui par la traduction de l’élection dans la grâce confère l’autorité morale supérieure pour diriger, au-delà des entreprises, le destin des hommes. La tradition est aujourd’hui éteinte et personne sans doute ne le regrettera mais par delà la mort, les représentations de ces patrons, ou du moins celles qui nous restent, témoignent de leur valeur morale commune et de leur autorité sans partage sur une partie de notre passé collectif. Benoît Bruant Notes 1. Castelnuovo Enrico, portraits et société dans la peinture italienne, Gérard Monfort, Paris, 1993, p. 57. 2. Schlumberger Camille, Note autobiographique ; les portraits mulhousiens, Bulletin du Musée Historique de Mulhouse, 1959, p. 111-128. 3. La tradition familiale à Mulhouse confirme ce que l’on sait par ailleurs du processus de transmission des portraits. Pour éviter leur dispersion lors des successions on se contente de les mentionner sans estimation. « Les portraits de famille ne font point partie des biens et appartiennent à l’aîné des enfants. Chacune des parties doit prendre les portraits de sa famille… Par la suite, les portraits de famille ne doivent point être inventoriés ». 4. Villargues Roland de (sous la direction de), Répertoire de la jurisprudence du notariat, 1843. Cité par Babelon – Chastel le notion de patrimoine p. 50. 5. Jean Benner, Josué Dollfus 6. Schlumberger Camille, Portraits mulhousiens, Ribeauvillé, 1906. Schlumberger Camille, Note autobiographie op. cit. p. 111-128. 7. Il constitue un extraordinaire ensemble sur la peinture locale que vient compléter le musée historique, le musée des Beaux-Arts et le musée de l’impression sur étoffes. Nous disposons ainsi d’un corpus très complet de plusieurs centaines d’œuvres dont certaines ont disparu et une bonne partie se trouve disséminée dans le monde entier chez les descendants des portraiturés. 8. Au départ essentiellement des copies. Greder Marc, Le musée des familles Dollfus, Mieg et koechlin, Mémoire de Maîtrise Mécadocto option muséologie, Université de Haute-Alsace, 2001. 9. Dussol Dominique, Art et bourgeoisie, la Société des Arts de Bordeaux (1851-1939), Le Festin, Bordeaux, 1997. 10. Pommier Edouard, Théorie du portrait, Gallimard, Paris, 1998, p. 192. 11. Bruant Benoît, Les mystères du tableau perdu, ou la peinture comme tentative d’introduction de l’histoire familiale dans la grande histoire, Annuaire historique de Mulhouse, 2002, p. 122-129. 12. Selon toute vraisemblance, Claude Marie Dubufe (1790-1864) 13. « L’original » peint par Jacques Eck pour la salle du Conseil de l’Hôtel de Ville est sans doute une œuvre post mortem tirée d’une lithographie représentant le député dans la pose du premier consul peint par Ingres mais dont le dessin a simplement été inversé. 14. En 1860 Daniel Koechlin chimiste de réputation internationale et industriel fait comme Daniel Dollfus peindre son por- Le portrait du Grand Patron trait. Le format et la pose sont identiques. L’homme ayant refusé la présidence il est fait président honoraire ce qui permet d’accrocher la copie de son portrait après son décès en 1871. On pourrait faire une remarque analogue avec la représentation de Daniel Dollfus – Ausset industriel et savant original qui n’a pas occupé les plus hautes fonctions de la Société mais s’est révélé un mécène généreux. 15. Archives municipales de Mulhouse fonds du Musée des familles Dollfus, Mieg et Koechlin, 66 TT B1 Lettre de Engel-Dollfus à Victor de Lacroix du 26-6-1887. 16. « Monsieur Wencker achève en même temps le portrait de M. Engel-Dollfus qui le classera certainement parmi les bons portraitistes français. » Mossmann Xavier, les Alsaciens à Rome, Revue Alsacienne, 1880 / 81, p. 114-118. 17. Centre Rhénan d’Archives et de Recherches Economiques de Mulhouse (CERARE), 95 A 1155, lettre de Wencker à Engel Dollfus du 7-10-1881. Entre autres compliments « J’ai vu hier Henner qui m’a vivement complimenté sur votre portrait. » 18. Le Temps du 11 juin 1883, Le Journal des arts du 22 mai 1883 qui précise après avoir énuméré les artistes présents et « le portrait de M. Engel-Dollfus qui il y a deux ans au Salon classa son auteur parmi nos premiers peintres de portraits. » 19. Dans le seul inventaire mobilier de la Société Industrielle conservé il est doté d’une valeur d’assurance considérable. 20. Alfred Engel début 1883, Archives municipales de Mulhouse fonds du musée des familles 66 TT B / 2 / 64. 21. Le tableau est le seul dont on peut suivre la complète pérégrination. Le don de l’œuvre donne lieu à une petite cérémonie de remerciement, celle-ci est ensuite placée dans le salon bleu de l’Hôtel particulier des Dollfus, Place de la Bourse. Auguste Dollfus se montre très attaché à son portrait. Dans un document qui exprime ses dernières volontés il évoque le souhait de le voir déposer dans la Salle du Conseil de la SIM. Le tableau est de grande taille il en a donc précisément étudié l’emplacement en prenant les mesures : « Je désire qu’il soit placé dans la salle des séances : dans ce but on pourrait déplacer le portrait d’Isaac Schlumberger et le placer dans l’un des pans d’angle, on mettrait le portrait de Georges Steinbach à la place d’Isaac Schlumberger et le mien à la place de Georges Steinbach (en face d’EngelDollfus). J’ai vérifié cela irait tout juste. » Archives municipales de Mulhouse fonds du Musée des familles Dollfus, Mieg et Koechlin, 66 TT B1 lettre datée du 10 janvier 1897 soit 14 ans avant sa cessation de fonction du fait de son décès. 22. L’Echo artistique d’Alsace mentionne en février 1885 « M. Wencker vient de passer deux mois à Mulhouse où il a peint deux remarquables portraits dont nous espérons pouvoir parler sous peu. » le mois suivant dans les préparatifs du Salon de Paris le journal mentionne : « Le portrait de M. Auguste Dollfus, que nous avons pu admirer à Mulhouse, ainsi que celui de Madame Frédéric Engel-Dollfus, que M. Wencker exposera, sont très beaux. C’est décidément un admirable peintre de portrait ; ceux dont nous parlons sont certainement les plus beaux qu’il ait jamais faits. » et dans son édition du 17 mai il mentionne effectivement l’exposition du tableau. La critique du Salon semble plutôt retenir le délicieux portrait de Madame Engel-Dollfus en soi plus gracieux et moins solennel que celui du Président de l’honorable Société Industrielle. 23. CERARE, 95 A 1155, Lettre de Wencker à Engel-Dollfus du 2-12-1880. 24. Jusqu’à la seconde guerre mondiale. 25. Georges Steinbach (1809-1893) 26. Théodore Schlumberger (1840-1917), Auguste Lalance (1830-1920), Daniel Mieg. 27. Boime Albert, Les hommes d’affaires et les arts en France au 19e siècle, Actes de la recherche en sciences sociales, 1979, N° 28, p. 57-75. 28. En 1853 le règlement intérieur de la Société est modifié afin d’intégrer un processus formel de validation des notices nécrologiques afin d’assurer un contrôle étroit face à la pression des familles. OTT Florence, La Société Industrielle de Mulhouse 1826-1876. Ses membres, son action, ses réseaux, Presses Universitaires de Strasbourg, Strasbourg, 1999, p. 237. 29. Bulletin de la Société Industrielle août / septembre 1912 p. 479- 490. 30. Société Industrielle, Musée des familles Dollfus, Mieg et Koechlin (N° 66), Musée historique de Mulhouse. 31. CERARE Fonds Engel 95 A 1107 32. Présentée au Salon de 1900. Collection du musée des familles Dollfus, Mieg et Koechlin. 33. CERARE Fonds Engel courrier échangé entre Frédéric Engel – Gros et Enderlin 95 A 1122 34. Catalogue de 1922, conservé aujourd’hui dans les greniers de la Société Industrielle de Mulhouse. 35. CERARE Fonds de la Société Industrielle, 02 A 384. 36. Babelon Jean-Pierre, Chastel André, La notion de Patrimoine, Liana Levi, Paris 1994, p. 49-56. 37. Seul les comités se font photographier en groupe, les dirigeants et donateurs font œuvre individuelle. 51