Logement collectif en canard gras : des performances préservées

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Logement collectif en canard gras : des performances préservées
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aviculture
Recherche et Développement
/ 28 juin 2013
/ 28 juin 2013
Logement collectif en canard gras :
des performances préservées
/ 28 juin 2013
Ce document provient de l’Agrithèque, base de connaissances des Chambres d’Agriculture de Bretagne. Toute reproduction sous quelque forme que
ce soit, n’est autorisée que dans le cadre de l’usage privé du copiste ou dans le respect de la réglementation en vigueur.
Valérie et Jean-Luc Le Cam (au centre),
producteurs en prégavage et gavage, entourés
de Johann Guillossou et Olivier Nedelec à
gauche (respectivement vice-président de
l’association Euralis palmipèdes grand Ouest
et responsable des productions animales Ouest
chez Euralis), et d’Anthony Pinson à droite
(également vice-président de l’association).
Nouvelles cages :
que dit la réglementation ?
Le passage au logement collectif pour les canards en gavage
est établi par la convention européenne sur la protection des
animaux dans les élevages, adoptée le 22 juin 1999. L’article
10 présente les recommandations du comité permanent sur
les systèmes d’hébergement.
Toutes les installations devront être mises aux normes d’ici
le 31 décembre 2015.
Article 10-2 : les canards doivent disposer d’installations
conçues de façon à leur permettre de couvrir leur tête avec
de l’eau et, avec le bec, de projeter de l’eau sur leur corps
sans difficulté. Les canards devraient pouvoir plonger leur
tête sous l’eau.
Article 10-7 : Les systèmes d’hébergement pour les canards
doivent permettre aux animaux de :
- se tenir debout dans une posture normale,
- se retourner sans difficultés,
- déféquer en effectuant des mouvements normaux,
- battre des ailes,
- effectuer des mouvements normaux de lissage de plumes,
- interagir normalement avec d’autres individus,
- accomplir les mouvements normaux liés à la prise d’aliment et d’eau.
Caractéristiques des logements (selon note de service
DGAL/SDSPA/N2011-8176 du 25 juillet 2011)
- minimum 3 canards par logement,
- surfaces minimales disponibles par groupe :
4 000 cm3/3 canards, 5 000 cm3/4 canards, 1 200 cm3/canard
si groupe > 5 canards,
- abreuvoir de 80 cm de long minimum.
Le passage au logement collectif s’effectue
progressivement pour la filière de canard
gras. Pour rappel, la réglementation
européenne impose aux producteurs de se
mettre aux normes d’ici fin 2015. Quels sont
les bienfaits de ces nouvelles cages sur le
bien-être animal ? Quel bilan faire à deux
ans et demi de l’échéance ? Rencontre avec
Jean-Luc et Valérie Le Cam, producteurs en
pré-gavage et gavage à Callac (22) en cours
de mise aux normes.
60 à 70 euros par place, tel est
le coût moyen pour s’équiper
de nouvelles cages. Le couple
Le Cam a franchi le cap en
octobre 2012 pour 50 % de son
atelier gavage, soit 750 places.
L’acquisition de logements collectifs sur l’ensemble du site
est prévue en juin 2013. Cette
période transitoire est l’occasion de faire le point entre les
deux systèmes.
Les cages collectives optimisent
le métabolisme digestif des animaux. "Les canards en cages
collectives calent plus vite, ils
digèrent mieux que ceux en
cages individuelles", explique
Jean-Luc. Mais en contrepartie les animaux bougent plus
et consomment davantage de
maïs, donc l’indice est légèrement dégradé. Le gain de place
favorise les mouvements et facilite le nettoyage des animaux,
qui sont plus propres qu’en épi-
nettes. L’homogénéité des lots
a un impact sur la mortalité en
logement collectif. "Un travail
est à fournir en amont lors de la
phase élevage", précise Oliver
Nedelec, responsable des productions animales Ouest chez
Euralis. "Réduire la densité
en pré-gavage limite les problèmes d’aplombs qui génèrent
de la mortalité en gavage". Si
le gaveur observe un animal
mal-en-point, ce dernier est
mis dans une cage à part afin
de lui donner une chance de se
rétablir.
Garder
le même potentiel
de gavage
L e s lo g e m e n t s co l le c t i f s
i m p l i q u e n t d a va n t a g e d e
technicité dans les pratiques
d’élevage. Passer du gavage
horizontal au gavage vertical
est un frein pour beaucoup de
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L’atelier gavage de Jean-Luc et Valérie Le Cam comprend 750 places en logement collectif (à gauche) et 750 places en cage individuelle (à droite).
Toutes les cases seront aux normes en juin 2013.
producteurs. La phase d’adaptation à ce système dure deux
lots en moyenne ; Jean-Luc
et Valérie s’y sont vite accommodés. Ils ont investi dans un
modèle d’équipement Materlap,
comprenant quatre canards par
cage. Ce choix est justifié par
leur volonté de garder le même
potentiel de gavage. La grille
supérieure des cages s’abaisse
par des vérins électriques pilotés par télécommande. "Ce
système est indispensable" ,
commente Jean-Luc. Chaque
ligne reste contentionnée 30
minutes, le temps pour les animaux de recevoir leur repas.
Olivier Nedelec souligne que
les producteurs s’étant mis
aux normes souffrent moins
au niveau des épaules. La
manutention des canards en
épinettes a été incriminée, via
les mouvements répétitifs du
gaveur, dans l’apparition de
TMS (troubles musculo-squelettiques). L’ergonomie est étudiée pour réduire ces troubles
en logement collectif.
Outre le coût élevé des investissements, "l’appréhension
des performances techniques
peut être un frein pour les
producteurs devant se mettre
aux normes. Maintenant ce
système nous convient, nous
sommes plutôt contents de
changer les anciennes cages",
ajoute l’éleveur, avant de confier
qu’il préfère le gavage en logement collectif. Des essais réalisés en station expérimentale
confirment le maintien des
performances techniques. Les
producteurs observent même
une augmentation du poids du
magret.
Une filière
qui a de l’avenir !
Chez Euralis, 15 % des sites
sont en cours de reconversion.
L’objectif à atteindre est de 30
% d’ici fin 2013 et 50 à 60 % d’ici
fin 2014. "Nous estimons que
10 à 15 % des producteurs ne
Euralis et son association de producteurs
Euralis est une coopérative dont le siège social est situé dans le Sud-Ouest, à Pau. Ce leader
mondial commercialise sa production de foie gras sous les marques Montfort et Rougié.
Euralis grand Ouest en quelques chiffres, ce sont :
- 330 producteurs, dont 130 situés en Bretagne,
- 4,5 millions de canards gras produits par an, abattus aux Herbiers (Vendée),
- 40 % de la production est bretonne,
- 220 000 places à reconvertir dont 85 000 en Bretagne,
- taille moyenne : 900 à 1 000 places/UTH,
- prime de 0,2 €/canard pour la mise aux normes.
L’association Euralis palmipèdes grand Ouest, créée en juillet 2012, rassemble les éleveurs et
engraisseurs de canard gras situés sur le grand Ouest. "Son but est de représenter les producteurs auprès de la coopérative", souligne Anthony Pinson, vice-président de l’association.
Mais sa vocation ne s’arrête pas là : communiquer, échanger, partager, créer des liens, se faire
connaître sont autant d’actions mises en œuvre pour pérenniser la filière.
se mettront pas aux normes",
explique Olivier Nedelec, décision justifiée notamment par
des départs à la retraite. Dans
cette filière où il est difficile
d’avoir recours à une maind’œuvre salariée, les producteurs en place ne pourront
pas compenser la perte d’activité liée aux arrêts. Le groupe
cherche 10 à 15 nouveaux bâtiments par an dans le grand
Ouest, non pas pour se développer mais pour maintenir sa production. Dans un contexte où la
filière avicole bat de l’aile, voilà
qui est de bon augure pour les
personnes souhaitant découvrir
de nouveaux horizons !
CONTACT
Pour des informations
sur Euralis :
Olivier Nedelec au 02 97 27 04 25
ou www.euralis.fr
Sur l’association Euralis
palmipèdes grand Ouest :
Johann Guillossou
au 06 89 90 28 38 (Locarn).
Rozenn
Mairet
Pôle aviculture
[email protected]
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