FICHE DE LECTURE 1-Analyse des personnages

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FICHE DE LECTURE 1-Analyse des personnages
FICHE DE LECTURE
TITRE : La controverse de Valladolid
AUTEUR : Jean Claude Carrière
DATE DE PUBLICATION : 1992
EDITEUR : Pocket
NOMBRE DE PAGE : 232
1-Analyse des personnages :
Le roman de Jean Claude Carrière est un roman historique. Il met principalement en scène
deux personnages qui ont existé.
-Bartholomé de las casas : C’est un Prêtre dominicain espagnol. Humaniste, il défend la
condition des indiens et le respect de leurs droits au nom même des principes de tolérance
et de paix qu’apportent le christianisme. Il considère ainsi que les indiens sont les seuls
légitimes propriétaires du nouveau monde et que la présence des espagnols ne doit être
justifiée que dans le but de leur enseigner l’évangile et non de les spolier ou de leur faire
subir des cruautés.
Il faut noter qu’il ne s'est pas toujours opposé à la conquête. En effet en 1520, quand il
arrive dans le nouveau continent, à l’instar des autres colons, il va faire travailler les indiens
et les obliger à se convertir. Devant les nombreuses cruautés dont il est témoin, sa position
évolue et il devient le défenseur des droits des indiens.
Las Casas est beaucoup plus véhément et impulsif que son rival Sépuldéva mais cela est
compensé par son expérience pratique de la vie dans le nouveau monde et les exemples
qu’il peut en tirer. Son argumentation tend à convaincre que la cruauté utilisée par les
espagnols est indigne des enseignements chrétiens. Il s’appuie surtout sur l’émotion de son
auditoire.
-Jinez de Sépuldéva : C’est un savant et brillant théologien espagnol de son époque.
Contrairement à Las Casas, il n’a pas vécu dans le nouveau monde. Néanmoins il est cultivé
et familier avec la philosophie et la rhétorique car il traduit des ouvrages d’Aristote. Il défend
le concept de la « juste guerre ». Pour Sépulvéda, les Indiens n’ont droit ni au respect ni à la
pitié de la part des espagnols.
Si son point de vue ne change pas, son argumentation évolue au fil du texte :
-Au départ, il estime que les indiens ne sont pas des enfants de Dieu puisqu’ils ne
connaissent pas le Christ. Par conséquent, ce ne sont pas des hommes et les espagnols n’ont
donc aucune obligation envers eux.
-Ensuite Sépuldéva estime que même si on reconnaît aux indiens une qualité d’êtres
humains, il y a une différence de niveau entre les races ; certaines races inférieures sont
faites pour être dominées.
Sépuldéva contrairement à Las casas est un homme calme et posé et excellent rhétoricien. Il
procède le plus souvent par des syllogismes. On reconnait facilement qu’il est un homme de
lettres.
2- LE CONTEXTE HISTORIQUE ET SOCIAL
La controverse de Valladolid intervient en 1550, c’est-à-dire 50 ans après la découverte du
nouveau monde par Christophe Colomb et sa conquête par les espagnols. Les espagnols
découvrent bientôt que ce n’est pas l’Inde orientale tant convoitée mais un nouveau
continent. Ils décident de le conquérir et le baptise : la nouvelle Espagne. Des colons s’y
installent pour mettre en valeur ce nouveau territoire. La vie des indiens, quant à elle, est
bouleversée ; la population y est décimée, pillages, commerce d’esclaves et cruauté sont
leur lot quotidien.
Lorsque Charles Quint suspend les guerres de conquête du nouveau monde, ni le statut, ni le
sort des indiens n’ont été réglementés.
De son coté L'Eglise ne comprend pas tout à fait ces nouveaux peuples dont plusieurs
représentants sont amenés en Espagne où ils sont considérés et traités comme des animaux
par les uns, et jugés dignes et égaux en tant qu’êtres humains, par d’autres. Ces courants se
retrouvent au sein même de l’Eglise : sont-ils des fils de Dieu ou des créatures du Diable ?
La couronne et l’Eglise vont donc décider de réglementer le statut des indiens à travers un
débat qui se tiendra en 1550. Ce débat va opposer deux protagonistes, tous les deux
théologiens mais avec une vision différente du problème indien. La controverse historique se
tient en deux séances d’un mois chacune et réunira outre les principaux protagonistes, des
juristes et des administrateurs de l’empire.
Le livre de Jean Claude Carrière présente un intérêt historique certain quant à la
compréhension du seizième siècle. En premier lieu il montre le poids de la religion à cette
époque. La question fondamentale sur laquelle vont s’opposer les protagonistes est : « les
Indiens sont-ils des créatures de Dieu ? ». L’issue du débat est par ailleurs arbitrée par le
légat du Pape.
D'autre part, le livre nous donne plusieurs informations sur le processus de domination des
indiens, de la découverte du nouveau continent, de la conquête en passant par la rencontre
à l’incompréhension des deux côtés de cette nouvelle population.
3-LA SIGNIFICATION DE LA CONTROVERSE
La controverse peut s’assimiler à un procès. En ce sens c’est le premier procès relatif aux
« Droits de l’Homme ».
Dans le roman, le sujet de la controverse est de déterminer le degrès d’humanité des
habitants du nouveau monde : sont-ils des animaux ? Sont-ils des hommes de race
inférieurs ? Ou sont-ils plutôt des hommes à part entière ? L’enjeu du débat est important
car de la réponse à ces questions dépendra le traitement qui sera réservé à des millions
d’indiens.
D’autres enjeux, tout aussi importants, entre en ligne de compte :
-L’Espagne doit pouvoir justifier cette colonisation ainsi que son lot de cruautés aux yeux des
autres peuples européens. Dans cette Europe fortement religieuse, le meilleur moyen de
parvenir à se justifier serait de prouver la nécessité de sauver l’âme des indiens.
-L’enjeu économique est également déterminant : si les indiens sont des êtres humains
égaux, s’ils sont des fils de Dieu, le concept de la « guerre juste » n’est plus justifié, de même
que leur asservissement. Or cette main d’œuvre bon marché est nécessaire pour la bonne
marche de la colonisation du nouveau monde.
On peut d’ailleurs conclure que malgré les arguments divers et intéressants qui ont été
évoqués, c’est l’enjeu économique qui a pris le dessus. En effet les indiens sont reconnus
comme des êtres humains au détriment des « noirs ». Le problème a simplement été
déplacé et la généralisation du commerce triangulaire sera la conséquence de cette
controverse.
Outre l’intérêt historique, les questions, abordées dans ce livre, relatives aux droits de
l’Homme et à l’égalité des peuples sont intéressantes car elles sont malheureusement
toujours d’actualité. Malgré le chemin parcouru beaucoup reste à faire et des initiatives
comme celle de la Controverse de Valladolid pourraient servir d’exemple pour trouver des
solutions.