pourquoi diffuser sa these sur internet
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pourquoi diffuser sa these sur internet
Direction de la Recherche et des Etudes Doctorales POURQUOI DIFFUSER SA THESE SUR INTERNET ? Université Lyon 2 - extraits du site web de l'ERAD - Service Général des Publications - Cellule Edition Electronique La diffusion sur Internet ou la ré-appropriation du travail de recherche par le chercheur. Aujourd'hui, les thèses sont dès le départ des documents électroniques : elles sont rédigées à l'aide de logiciels de traitement de texte, directement sous forme numérique ; la version papier déposée, microfichée et (parfois) diffusée n'en est finalement qu'un dérivé. Ainsi, une part importante du travail préalable à la diffusion électronique est déjà faite par l'étudiant lui-même et la diffusion d'une thèse en texte intégral ne demande qu'un court délai. Il s'agit la plupart du temps d'homogénéiser le format (informatique) afin que le document diffusé soit lisible par le plus grand nombre, indépendamment des configurations informatiques de production et de consultation. En chargeant l'Université de soutenance de la mise en ligne de ses thèses, on supprime bon nombre des intermédiaires qui ralentissaient auparavant la diffusion de ces travaux de recherche. En oeuvrant localement, on assure une diffusion bien plus rapide et l'on garantit la "fraîcheur" des thèses nouvellement publiées. Cette prise en charge par l'Université permet aussi la pérennité de la diffusion : combien de thèses mises en ligne par le doctorant lui-même disparaissent de la surface du web lorsqu'il change de laboratoire, d'université… Dans ce schéma, le doctorant est replacé dans sa position de producteur et de diffuseur d'information scientifique, l'Université n'étant qu'une infrastructure assurant la mise à disposition des documents, qu'un portail de consultation. Parallèlement, le repérage et l'accès rapide au document proprement dit permettent au chercheur de gagner en efficacité, au monde de la recherche de s'ouvrir à un public plus vaste (non chercheur ou étranger) qui n'a pas toujours connaissance du mode de signalement et de consultation des thèses en France. Grâce à un signalement et une diffusion quasiment instantanés, à la mise à jour immédiate des informations et à la consultation gratuite du contenu des documents, la diffusion électronique des thèses contribue efficacement au rayonnement de l'étudiant et de l'Université. Un signalement plus efficace L'amélioration de la diffusion des thèses ne se limite pas à leur mise en ligne. La condition fondamentale pour une bonne circulation de l'information est la qualité de son signalement. Les méthodes et les outils mis en oeuvre pour optimiser la diffusion doivent notamment être adaptés au media de diffusion qu'est Internet et en particulier à ce que l'on présente souvent comme son défaut : l'augmentation exponentielle des documents accessibles rendant toute recherche délicate : "trop d'information nuit à l'information". Des solutions existent : * le contenu du signalement d'un document électronique ou "métadonnées" (ensemble d'informations décrivant la thèse / forme et contenu) doit être beaucoup plus précis que ce que ne l'est une fiche de bibliothèque classique afin d'éviter le "bruit" (information non pertinente) généré par une recherche trop vague. Il est important de pouvoir cibler correctement ses recherches ; Bernier Gildas (Université de Strasbourg ) 1 2008 - 2009 * afin d'étendre les "espaces de recherche", c'est-à-dire de pouvoir interroger simultanément plusieurs bases de données sans interroger l'ensemble de la planète, il est important de centraliser au moins les métadonnées sur des portails dédiés à l'information scientifique. L'utilisation de métadonnées normées (au sens du format informatique et du schéma logique auquel elles obéissent) est une des clés de réussite : l'homogénéité des signalements permettra d'affiner le contenu de la recherche de document et d'étendre son domaine (géographique et/ou scientifique). Comme pour la thèse elle-même, nous pensons que la mise en ligne immédiate et l'accès gratuit aux métadonnées sont des éléments essentiels et trop négligés jusqu'à présent. Numérique, multimédia : un enrichissement du document Outre l'amélioration de la diffusion du document, l'utilisation des nouveaux outils d'édition laissent au doctorant une liberté jusqu'ici inimaginable. Affranchi des limites inhérentes au support papier traditionnel, le document en général et la thèse en particulier vont pouvoir s'enrichir d'éléments nouveaux. Extraits de films, dialogues, passages musicaux, images à haute résolution, bases de données, liens vers d'autres documents, etc., vont pouvoir être directement intégrés à la thèse. Son évolution devient possible en temps réel : même si le contenu d'une thèse n'est pas sensé être modifié après son acceptation par le jury, on peut fort bien imaginer que quelques informations, telles que les coordonnées de l'auteur ou de son directeur de recherche, par exemple, soient mises à jour, qu'une note soit ajoutée par l'éditeur (l'Université) au signalement de la thèse pour indiquer l'existence de documents nouveaux du même auteur ou dans le même domaine… REPONSE AUX INTERROGATIONS DES DOCTORANTS SUR LA DIFFUSION INTERNET Le mythe du "plagiat facile": La diffusion de documents en texte intégral sur Internet fait naître de nombreuses peurs souvent injustifiées : - "Mais si ma thèse est consultable par tout le monde, on va me la copier !?!" Si une thèse n'est pas diffusée, si elle dort sur un rayon de bibliothèque, alors oui, elle risque d'être plagiée, des passages peuvent être copiés sans qu'aucune référence ne soit faite à l'auteur. Le plagiaire ne prend pas beaucoup de risques : qui pourrait bien savoir qu'il n'est pas l'auteur du texte si celui-ci n'a jamais été ouvertement publié ? Lorsqu'une thèse est diffusée sur Internet, la possibilité de plagiat existe toujours, bien sûr, mais le risque pris par le plagiaire est accru car tous les chercheurs de son domaine ont eux aussi accès au document "source". Paradoxalement, plus un document est diffusé, plus il est difficile d'en piller des extraits sans encourir le risque d'être démasqué. - "On va copier-coller des extraits de ma thèse !?!" Oui, sans doute, mais d'une part, on ne pourra plus le faire sans vous citer, d'autre part, il ne faut pas se leurrer, le plagiaire avait déjà la possibilité de le faire avec les anciens modes de diffusion (photocopie, scanner + OCR ou recopie simple…). Le Bernier Gildas (Université de Strasbourg ) 2 2008 - 2009 copier-coller facilite certes sa tâche, mais il faut plutôt l'envisager comme une aide au chercheur qui vous citera et vous permettra d'acquérir une plus grande notoriété. Ce type de diffusion est-il compatible avec une publication chez un éditeur privé ? - "Et si je voulais publier un livre d'après ma thèse ?" En général, il apparaît que la diffusion électronique d'une thèse ou d'un livre n'est ni contradictoire ni ne constitue une "concurrence" à son succès en librairie. Au contraire, la diffusion électronique constitue plutôt une publicité : * auprès des lecteurs qui, s'ils ont pris connaissance de vos travaux et s'y sont intéressés, achèteront l'ouvrage imprimé même s'ils ont lu la thèse; * auprès des éditeurs à qui vous pourrez présenter des statistiques de consultation et que vous irez ainsi démarcher avec la preuve qu'il existe un marché pour votre ouvrage. L'ouvrage publié par un éditeur privé n'est pas la "version canonique de la thèse", il est au moins remanié lors du processus d'édition, voire parfois complètement réécrit. On peut donc considérer, en général, qu'il ne s'agit pas de la même oeuvre et que les clauses (d'exclusivité en particulier), aussi strictes soient-elles, que voudrait vous imposer un éditeur, ne s'appliquent pas à la diffusion électronique par l'Université de la version primaire du manuscrit. - "Que dois-je savoir avant de signer avec un éditeur ?" Ordinairement, lorsque vos travaux de recherche sont publiés dans des actes de conférence, un journal ou un livre, il est d'usage que l'auteur signe un accord avec l'éditeur. Il est important de lire très attentivement cet accord avant de le signer, de vous assurer que vous le comprenez bien et que vous êtes d'accord avec chacun de ses termes. Si ce n'est pas le cas, vous pouvez les modifier en négociant avec l'éditeur. L'accord doit en particulier être très explicite quant aux droits que vous souhaitez retenir pour le futur. Si, en particulier, vous souhaitez reprendre le matériel publié pour un mémoire, le réutiliser dans des supports de cours, un chapitre de livre ou autre, signalez-le. En tant qu'auteur, vous êtes tout à fait habilité à discuter de ces points avec un éditeur. En conclusion Nous vous encourageons vivement à exiger de conserver le droit de diffuser librement vos travaux sur un site institutionnel public. LE PLAGIAT, Jean-Claude Guédon - Professeur titulaire - Université de Montréal La question du plagiat est souvent citée parmi les arguments utilisés pour exprimer le scepticisme à l’égard de l’idée de mettre les thèses en ligne. En résumé, beaucoup de gens pensent que, parce qu’une thèse sous forme numérique est facile à copier en partie ou entièrement, elle peut facilement être plagiée. En conséquence, si l’on suit ce raisonnement, il est préférable de ne pas diffuser ces thèses dans Internet. Cet argument est tout à fait faux et peut facilement être réfuté. D’abord, il est facile de se rappeler que l’invention des Philosophical Transactions (1665) par Henry Oldenburg, secrétaire de la Société royale à Londres, était motivée par le problème de la propriété intellectuelle. Oldenburg a fait le raisonnement suivant : si les Bernier Gildas (Université de Strasbourg ) 3 2008 - 2009 résultats de recherche du scientifique X étaient imprimés dans un journal (après avoir été certifiés comme originaux et de bonne qualité) et que ce journal était rendu accessible par la multiplication des copies, alors le scientifique X aurait une meilleure chance de dénoncer les prétentions à la propriété que s’il avait gardé ses résultats pour lui. Même si, en apparence, un ou une scientifique offre à tous les résultats de son travail, il ou elle assure sa propriété intellectuelle plus efficacement. L’aptitude à comparer de nouveaux résultats aux travaux déjà publiés rend le plagiat risqué. Les thèses ne sont pas tellement protégées actuellement. Très dispersées dans plusieurs institutions dans plusieurs pays (et dans plusieurs langues), elles sont si mal cataloguées sur une base nationale ou internationale qu’elles disparaissent souvent. Cela signifie que quelqu’un qui prend le temps de lire une thèse dans une université lointaine d’un pays où le catalogage n’est pas très organisé serait facilement capable d’utiliser cette thèse et de la faire passer pour sienne. Occasionnellement, de tels cas se produisent dans la littérature, et même aux États-Unis, malgré le fait que le catalogage des thèses y est très avancé. Le paradoxe de mettre les thèses en ligne, particulièrement si ces thèses peuvent être « harvested » avec des techniques qui impliquent une recherche plein texte peut aider à identifier les textes analogues assez facilement. Par conséquent, mettre les thèses en ligne de façon à optimiser leur accès, plutôt que de les risquer, les protège grâce à la visibilité, qui offre un moyen très efficace de protéger la propriété intellectuelle et de prévenir le plagiat. En fait, il serait probablement assez facile de créer un logiciel qui ferait des balayages périodiques dans les collections de thèses inter-opérables se basant sur des algorithmes toujours plus sophistiqués en vue de dénicher les formes possibles de plagiat. Puisqu’il y a beaucoup de langues impliquées, il est évident qu’il n’y aura jamais de solution parfaite; cependant, ces thèses accessibles en ligne seront mieux protégées que les thèses qui demeurent mal cataloguées et plus ou moins accessibles à l’extérieur de l’institution où elles se trouvent. En effet, mettre les thèses en ligne aide à redécouvrir la sagesse de Oldenburg lorsqu’il s’agit de propriété intellectuelle scientifique. Cela pourrait s’avérer le meilleur remède au plagiat, d’où qu’il puisse venir. Plus les thèses sont diffusées en ligne, plus on réduit les chances de réussite d’un plagiat. Bernier Gildas (Université de Strasbourg ) 4 2008 - 2009