s é quence 2 le récit de science
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S É Q U E N C E 2 LE RÉCIT DE SCIENCE-FICTION Sylvain Rudaz F I C H E S 1 À 9 A N N E X E S 1. Exemples de titres et de quatrièmes de couverture 2. Texte complet : Les Villes, de Gérard Klein 3. Extraits 1 à 5 (débuts de récits de science-fiction) 4. Extraits 6 et 7 (descriptions) Volume 4 Expression écrite Narrer Buts Activités Matériel Mise en situation • Identifier les grandes caractéristiques du genre sciencefiction • Activités de durée variable en fonction du choix du maître : discussion, activités-jeux, travail sur les titres, les quatrièmes de couverture, le cinéma • annexe 1 : exemples de titres et de quatrièmes de couverture • annexe 2 : Les Villes, de Gérard Klein • ce que les élèves peuvent amener, etc. Production initiale • Rédiger une brève nouvelle de SF à partir d'un canevas précis • Discussion sur les canevas puis distribution des consignes d'écriture • Echange des travaux entre élèves et établissement d'une fiche d'évaluation • dictionnaires, définitions déjà élaborées • fiche 1 Module 1 Débuts de récits • Observer des débuts variés et travailler sur cette thématique avant de remodeler l'incipit de la production initiale • Observation de débuts de nouvelles • Repérage de la logique de débuts de récits (puzzle textuel) • Reprise de la production initiale • annexe 3, extraits 1 à5 • fiches 2 et 3 Module 2 Descriptions • Observer différents types de description et les images qui les servent • Envisager une amélioration des passages descriptifs • Observation d'extraits • Rédaction de descriptions à partir d'illustrations • Travail sur les néologismes • Description distordue d'une activité courante • annexe 4, extraits 6 et 7 • fiches 4, 5 et 6 Module 3 Chronologie • Comprendre le rôle des flashback • Jouer sur l'organisation chronologique • S'exercer à l'emploi des temps verbaux • Envisager une amélioration de la production initiale • Observation de deux versions d'un extrait • Insertion d'un flash-back dans un texte • Rétablissement de formes verbales dans un récit et modification de son organisation chronologique • fiches 7, 8 et 9 Production finale • Reprendre la production initiale en vue d'une amélioration • Comparaison, réécriture • tous les outils précédents, grilles des modules, • grille finale Etapes Fi ch e 1 1/3 Canevas n˚ 1 La terre est désertée depuis longtemps. Des successions d’invasions extra-terrestres et la prolifération de virus l’ont vidée de ses habitants humains. Les survivants se sont réfugiés sur d’autres planètes, s’adaptant aux nécessités de leurs conditions de vie. Les hommes, rompus aux exigences de la survie dans des espaces hostiles, ont peu à peu muté et ne possèdent plus exactement les mêmes caractéristiques physiques que leurs ancêtres terriens. D’un système solaire à l’autre, ces descendants d’un monde perdu ne se ressemblent même plus tellement, et il ne s’agit pas seulement de couleur de peau... Pourtant, tous ont en commun un semblable désir, celui de retrouver et de réinvestir le monde de leurs lointains parents, devenus, avec les siècles, des mythes extraordinaires. S’exprimer en français, Volume IV © Corome/De Boeck, 2001 Consignes d’écriture à partir du canevas n˚ 1 (modèle spatio-temporel) • A partir du canevas n˚ 1, rédige un bref récit de science-fiction (trois pages au maximum). • Ton récit s’articulera autour d’un personnage et de l’équipage de son vaisseau qui, après un voyage de plusieurs années, sont parvenus à retrouver la terre. Le personnage central est un représentant pacifique d’un système qui veut repeupler la terre. Abandonnée des hommes depuis des centaines d’années, celle-ci ressemble à une espèce de paradis sauvage. Le vaisseau atterrit sur les ruines d’une ville européenne, recouverte de végétation. Mais les ordinateurs de bord ont déjà repéré la présence d’autres astronefs sur le continent. • Sois attentif aux points suivants : – l’histoire doit être intéressante – il ne faut pas t’en tenir aux événements mais décrire aussi les personnages et les lieux – tu raconteras ton histoire en « il ». 2. Le récit de science-fiction 2 Fi ch e 1 Canevas n˚ 2 2 Nous sommes sur terre, quelques dizaines d’années après l’an 2000. Les peuples vivent en parfaite entente. Les frontières n’existent plus et les pays sont devenus des unités de production de divers produits nécessaires au bonheur des hommes sur terre. Les véhicules polluants ont disparu. Chaque individu bénéficie d’un niveau de culture élevé, et chacun a droit à un travail. Pourtant, la peine de mort a été rétablie. Chaque année, des dizaines de milliers de personnes sont envoyées dans l’audelà, par injection de poison. En effet, toutes les personnes qui contreviennent à la loi sont jugées et exécutées dans la semaine. La loi interdit formellement toute forme de contact physique entre êtres vivants. Consignes d’écriture à partir du canevas n˚ 2 (modèle socio-culturel) • A partir du canevas n˚ 2, rédige un bref récit de science-fiction (trois pages au maximum). • Tu mettras en scène un couple (un enfant/une mère ; des amants ; un personnage/un animal, etc.) qui doit braver la loi pour retrouver le droit à un besoin vital, retrouver le contact physique. Le couple est en fuite pour échapper aux poursuivants gouvernementaux. • Sois attentif aux points suivants : – l’histoire doit être intéressante S’exprimer en français, Volume IV © Corome/De Boeck, 2001 – il ne faut pas t’en tenir aux événements mais décrire aussi les personnages et les lieux – tu raconteras ton histoire en « il ». 2. Le récit de science-fiction 2/3 Fi ch e 1 3/3 Canevas n˚ 3 Nous sommes sur terre, probablement vers 2065. La médecine a progressé à ce point que les hommes ne meurent plus vraiment au sens où on l’entendait au siècle précédent. En effet, les sciences associées ont mis au point divers produits de synthèse, notamment du sang, des cellules, des nerfs, qui fonctionnent mieux et plus durablement que les organes humains. C’est ainsi que les organes malades ne sont plus soignés, ils sont remplacés. Les os brisés ne se ressoudent pas, mais des matières dures et incassables s’y substituent. Jusqu’au cœur, qui cède sa place, après un infarctus, à une micro-pompe à pile atomique. Le problème, c’est qu’au fil des interventions, l’individu se robotise. Il perd d’abord ses sensations, puis l’acuité de ses perceptions. Ensuite, son intellect se modifie sensiblement, ses sentiments se perdent, et, lorsqu’une ultime intervention supprime son cerveau devenu inutilisable pour le remplacer par un ordinateur, il ne peut même plus réaliser qu’il n’est plus un homme. S’exprimer en français, Volume IV © Corome/De Boeck, 2001 Consignes d’écriture à partir du canevas n˚ 3 (modèle technique) • A partir du canevas n˚ 3, rédige un bref récit de science-fiction (trois pages au maximum). • Tu mettras en scène un couple dont la vie se dégrade lentement. Déjà âgés d’une centaine d’années, l’homme et la femme sont encore jeunes d’aspect. Seulement, la femme n’en peut plus de se déshumaniser et souhaite se laisser vivre sans modifier les effets du temps. En revanche, son mari, angoissé par la perspective de la dégradation, continue à glisser sur la pente de la robotisation. Ils ont de plus en plus de peine à communiquer, et ne voient plus les choses de la même façon. Bientôt, il ne sera plus humain. • Sois attentif aux points suivants : – l’histoire doit être intéressante – il ne faut pas t’en tenir aux événements mais décrire aussi les personnages et les lieux – tu raconteras ton histoire en « il ». 2. Le récit de science-fiction 2 Fi ch e 2 • Complète le tableau : INDICATEURS SF SPÉCIFIQUES Personnages Lieu, époque, objets Lois du monde Le Test 2 Oiseau de passage Les Monstres S’exprimer en français, Volume IV © Corome/De Boeck, 2001 Le Diable de la colline du Salut Pile Gravitique 2. Le récit de science-fiction 1/1 Fi ch e 3 • Voici trois débuts de nouvelles dont les paragraphes ont été séparés et mélangés. Chaque début est constitué de quatre paragraphes. • Observe attentivement chaque fragment et essaie de reconstituer les débuts. Tu dois pouvoir justifier ton choix en t’appuyant, notamment, sur la présence d’indicateurs SF. Découpe les fragments pour faciliter ton travail ! ✂ 1. Il marchait scrupuleusement au milieu de la route, les genoux un peu pliés. Ses lèvres s’étaient gelées autour d’un sifflotement absent. Il faisait avec ses souliers un petit bruit régulier et fatigant qui, pendant des kilomètres et des kilomètres, pendant des jours et des jours, n’avait pas faibli une seule fois. ✂ 2. Sa fureur s’estompait au fil des kilomètres et le déchirement ressenti à la perte de ses camarades fit progressivement place à une douleur sourde. Lentement, il réalisait qu’il s’était grossièrement trompé dans ses calculs. Il avait nettement sous-estimé la vitesse à laquelle fonçait la fusée avant de percuter le sol martien. Il avait cru avoir environ six cents kilomètres à parcourir pour atteindre la mer polaire, cette mince pellicule d’eau que ses compagnons et lui avaient pu observer lors de leur approche de la planète rouge. En réalité, le vaisseau avait dû franchir une distance beaucoup plus considérable avant de s’écraser. S’exprimer en français, Volume IV © Corome/De Boeck, 2001 ✂ 3. Il ne pouvait s’empêcher de se retourner continuellement, terrorisé à l’idée que les habitants de son village d’origine, Oal-5, ne soient à sa poursuite, entassés sur leurs engins de guerre rustiques mais dévastateurs. ✂ 4. Huit heures. Elle vit quelqu’un venir et grandir entre les hautes herbes qui émaillaient le ciment fissuré. Il flottait un air de « rien ne sert à rien », ou « à quoi bon ? » sur ses vêtements sales, sur ses paupières presque closes et sur son visage détendu. 2. Le récit de science-fiction 1/3 2 Fi ch e 3 ✂ 5. L’astronef gisait, écrasé dans le désert martien. L’équipage avait péri dans la catastrophe. 2 ✂ 6. Les jours s’écoulaient, apparemment aussi innombrables que les grains de sable qui couvraient la surface de ce monde étranger et s’infiltraient dans ses vêtements en loques. Véritable épouvantail, il continuait sa progression au sein d’un paysage aride et sans limites. Il ne pouvait se permettre d’abandonner. ✂ 7. Au loin, une lumière rasante dessinait la courbure pâle de la planète, comme une caresse sur l’horizon. Il n’y avait aucun bruit. Pas encore. Pourtant, en insistant sur les réglages de sa vision déphasée, l’androïde parvint à deviner un faible nuage de poussière, un nuage mobile. ✂ S’exprimer en français, Volume IV © Corome/De Boeck, 2001 8. Depuis deux mois, chaque matin, elle poussait la porte et regardait la route, à l’est, puis à l’ouest, mais la route demeurait silencieuse, vomissant de temps à autre un marcheur solitaire. Dans les premiers jours de l’ère nouvelle, la route avait été noire de véhicules et grondante. Puis le flot s’était tari. C’était ainsi depuis presque deux mois, et ce serait maintenant toujours ainsi, elle le savait. ✂ 9. Les soleils, malgré leur faible éclat, chauffaient la carapace métallique du robot. Ses diodes parvenaient à percevoir le bouillonnement des fluides électromagnétiques qui trahissait ce que, chez un homme, on aurait appelé de la peur. De temps en temps, la tête d’un lion des herbes surgissait dans les champs, et le bond que faisait Cybiote-H était si violent que ses batteries souffraient le martyre. 2. Le récit de science-fiction 2/3 Fi ch e 3 3/3 ✂ 10. Ses yeux étaient sûrement fermés, à l’intérieur. Ils se limitaient à un vague écran délavé, brun ou bleu ou blanc, elle n’aurait pas pu le dire. Il y passait le vent, la mer, et des reflets de flaques d’eau. ✂ 11. Pendant un moment, Bill Jenner, l’unique rescapé, hurla rageusement la même imprécation entre les rafales d’un incessant sirocco : « Pionniers de l’univers ! Pionniers de l’univers ! » Ainsi les avait-on baptisés avant qu’ils ne s’envolent pour Mars. Il s’en voulait de son orgueil lorsque, pour la première fois, il s’était entendu surnommer de cette façon. ✂ S’exprimer en français, Volume IV © Corome/De Boeck, 2001 12. Le deuxième soleil d’Aalio 23 commençait à décliner. Un vent sec couchait de son souffle chantant les herbes rases des champs de vrap-narh, de part et d’autre de la route. Cybiote-H se déplaçait avec lenteur, de ses pas silencieux, s’efforçant de ne pas soulever de poussière. 2. Le récit de science-fiction 2 Fi ch e 4 Sur quoi portent les descriptions ? 2 Comment opèrent-elles ? S’exprimer en français, Volume IV © Corome/De Boeck, 2001 Comment se prolongent-elles ? 2. Le récit de science-fiction 1/1 Fi ch e 5 • 1/3 Réalise une description à partir d’une illustration Voici quatre vignettes représentant des scènes de science-fiction. L’attention est portée sur un personnage ou sur des objets. • Tu vas en choisir deux. L’une des deux doit nécessairement être un personnage. • En plus de ce que tu vois sur le dessin, il te faudra également respecter les consi- gnes d’écriture proposées à côté de chaque vignette. Ta première description peut porter uniquement sur l’objet ou le personnage vu, mais la seconde doit intégrer ce que le personnage qui voit ressent, comme tu l’as vu dans les exemples 7 des annexes. Scène n˚ 1 Le personnage central de l’histoire s’appelle Faulkner. Explorateur terrien du 23e siècle, il vient d’arriver dans une nouvelle galaxie. La première planète semble viable. Il s’en approche et prépare son atterrissage. Au moment où son astronef arrive au sol, voici ce qu’il découvre... Consigne : S’exprimer en français, Volume IV © Corome/De Boeck, 2001 Décris ce qu’il voit comme témoin avant de décrire ce qu’il ressent. Moebius (1994), Stel, Casterman. 2. Le récit de science-fiction 2 Fi ch e 5 Scène n˚ 2 Nous sommes sur terre, à l’époque où les véhicules fonctionnaient avec des piles gravitiques, comme dans le texte n˚ 5 des annexes. Un touriste galactique se déplace dans une campagne déserte et tombe nez à nez avec ce véhicule flottant. Consigne : Décris ce qu’il voit comme témoin. S’exprimer en français, Volume IV © Corome/De Boeck, 2001 2 Moebius (1994), Stel, Casterman. 2. Le récit de science-fiction 2/3 Fi ch e 5 3/3 Scène n˚ 3 Le personnage principal est un garde gouvernemental (tu peux te référer à la fiche 1, canevas n˚ 2) à la poursuite de fuyards. Il vient d’apercevoir l’un des fugitifs sur la passerelle d’un astronef détruit, flottant encore dans l’espace. Consigne : La description porte surtout sur l’astronef sur lequel court un fuyard.. 2 Manara, Milo (1983), Trompeuse apparence, Casterman. S’exprimer en français, Volume IV © Corome/De Boeck, 2001 Scène n˚ 4 Le personnage principal est celui qui recule en criant. Il vient de s’approcher d’un vaisseau inconnu, qui s’est posé sur son terrain. Lorsque les portes s’ouvrent, il aperçoit ces créatures. Consigne : Décris ce qu’il voit comme témoin avant de décrire ce qu’il ressent Bernet et Abuli (1986), Retour, Editions Gilon. 2. Le récit de science-fiction Fi ch e 6 LES NÉOLOGISMES 1a • Voici une série de mots inconnus. Tâche de retrouver la fonction de l’objet qui porte ce nom. 1 Un androïde identificateur : _________________________________________________________________________________ 2 _________________________________________________________________________________ _________________________________________________________________________________ Une techno-émeute : _________________________________________________________________________________ _________________________________________________________________________________ _________________________________________________________________________________ Un portail distrans 1 : _________________________________________________________________________________ _________________________________________________________________________________ _________________________________________________________________________________ S’exprimer en français, Volume IV © Corome/De Boeck, 2001 1b • Dans les trois courtes phrases ci-dessous, relève le nom d’un objet ou d’un élément inconnu et explique à quoi il sert. Le cosmonaute sentit le vide se faire dans la capsule de sécurité. Avant que tout l’air dont il disposait ne lui échappe, il se précipita sur l’aéropulseur et en ferma la vanne. Nom de l’objet : _________________________________________________________________________________ Utilisation : _________________________________________________________________________________ _________________________________________________________________________________ _________________________________________________________________________________ 1. Cf. Dan Simmons, Endymion, op. cit. 2. Le récit de science-fiction 1/3 Fi ch e 6 2/3 1 Oxhôm 4 n’était pas un robot comme les autres. S’il obéissait aux mêmes règles, en revanche, il ressentait les choses, et construisait son propre réseau de sentiments. Ses puces biosoudées avaient fait de lui le premier robothomme. Nom de l’objet : _________________________________________________________________________________ 2 Utilisation : _________________________________________________________________________________ _________________________________________________________________________________ _________________________________________________________________________________ Je savais qu’il fallait s’occuper du bras de l’androïde de toute urgence avec le médipac, sans quoi il allait mourir 1. Nom de l’objet : _________________________________________________________________________________ Utilisation : _________________________________________________________________________________ _________________________________________________________________________________ _________________________________________________________________________________ S’exprimer en français, Volume IV © Corome/De Boeck, 2001 2• Voici quelques définitions d’objets encore inconnus de notre monde. Tâche de trouver un néologisme qui rende bien compte de la fonction de cet objet. Au vingt-deuxième siècle, les hommes de la terre se servent couramment d’un objet, que l’on trouve dans les cuisines, qui transforme les déchets alimentaires en une pâte épaisse, que l’on peut durcir ou laisser liquide, et dont on se sert ensuite pour nourrir les animaux domestiques. Comment pourrait se nommer cet objet ? _________________________________________________________________________________ _________________________________________________________________________________ _________________________________________________________________________________ 1. idem. 2. Le récit de science-fiction Fi ch e 6 Dans la galaxie Hybras, les habitants sont confrontés au problème de l’eau sur la planète Sekh 22. C’est en effet une planète sur laquelle il n’y pas de pluie. Les plantes transforment elles-mêmes l’humidité des molécules qui composent la terre. Les habitants ont dû inventer une machine qui récupère les molécules d’eau qui se trouvent dans l’air. Comment pourrait se nommer cette machine ? 2 _________________________________________________________________________________ _________________________________________________________________________________ Lorsque Ivan, un élève de terminale du collège secondaire, fait un exposé, il illustre son propos en projetant des diapositives en trois dimensions. L’image s’installe au centre de la classe, et tout le monde peut la regarder dans tous les sens. Comment pourrait se nommer l’appareil qui permet cela ? _________________________________________________________________________________ _________________________________________________________________________________ S’exprimer en français, Volume IV © Corome/De Boeck, 2001 _________________________________________________________________________________ 2. Le récit de science-fiction 3/3 Fi ch e 7 1/2 LE FLASH-BACK • Voici un récit de science-fiction. Il s’agit d’un extrait dans lequel des passages ont été délibérément supprimés. • Après lecture de ce texte, essaie de découvrir les endroits où des passages ont été supprimés, et quel pourrait être le contenu de ces passages. • Demande-toi également en quoi ce texte peut te sembler mal construit, incohérent, ou invraisemblable. 2 S’exprimer en français, Volume IV © Corome/De Boeck, 2001 Benjamin se sentait seul sur terre. Ils échangeaient quelques mots en faisant des calculs sur la répartition des boîtes de conserve qui leur restaient encore. Dès ce moment, Benjamin vécut sans personne avec qui échanger un mot. De temps en temps, un rat squelettique passait à proximité et reniflait les débris de cabanes ou les boîtes de fer blanc déjà léchées cent fois. Les efforts de Benjamin pour l’attirer et le caresser un peu restaient toujours vains. Sa principale activité consistait à fouiller inlassablement dans les ruines des villes pour trouver de quoi se nourrir. Il visitait des maisons ou des immeubles, d’anciens magasins ou des restaurants autrefois très fréquentés. Les survivants étaient peu nombreux, et ils s’évitaient soigneusement, chacun craignant l’autre. Il était ainsi incapable de dire qui, des Luniens ou des survivants terriens, étaient les plus dangereux. Alors qu’il rêvassait à des images du passé, il sentit qu’une ombre grondante obscurcissait le ciel. Il en connaissait la signification depuis son plus jeune âge. En se couvrant de la toile d’aluminium, il repensa aux mots de Sarah, lorsque, tremblant de tous ses membres, il réalisa qu’elle n’était plus à côté de lui. L’ombre gigantesque passa en glissant dans le ciel glacé, et s’éloigna paresseusement. Benjamin attendit un long moment avant de se relever. Son ventre criait famine. La faim le poussait toujours à réfléchir. Aussi entreprit-il de faire le compte des boîtes de conserve enterrées. Après cela, il pourrait toujours chercher un nouveau refuge. 2. Le récit de science-fiction Fi ch e 7 • S’exprimer en français, Volume IV © Corome/De Boeck, 2001 2 Voici le texte dans sa version originale. Repère, de manière précise, les passages qui manquaient dans la première version. Benjamin se sentait seul sur terre. La dernière fois qu’il avait pu parler avec quelqu’un, c’était avec sa sœur Sarah. Ils échangeaient quelques mots en faisant des calculs sur la répartition des boîtes de conserve qui leur restaient encore. Le transporteur lunien avait surgi sans crier gare et sans un bruit. En quelques secondes, il s’était immobilisé au-dessus de Sarah à laquelle Benjamin s’était agrippé, et il l’avait aspirée. Dès ce moment, Benjamin vécut sans personne avec qui échanger un mot. De temps en temps, un rat squelettique passait à proximité et reniflait les débris de cabanes ou les boîtes de fer blanc déjà léchées cent fois. Les efforts de Benjamin pour l’attirer et le caresser un peu restaient toujours vains. Sa principale activité consistait à fouiller inlassablement dans les ruines des villes pour trouver de quoi se nourrir. Il visitait des maisons ou des immeubles, d’anciens magasins ou des restaurants autrefois très fréquentés. La violence et la soudaineté des assauts luniens avaient provoqué des ravages parmi les hommes. Ceux qui n’avaient pas été tués avaient été enlevés, et la plupart des rescapés s’étaient massacrés entre eux pour de la nourriture ou des armes. Les survivants étaient peu nombreux, et ils s’évitaient soigneusement, chacun craignant l’autre. Benjamin avait appris les risques qu’il encourait à croiser d’autres humains, qui s’étaient métamorphosés en fauves, et il avait progressivement, sous la conduite de sa sœur, pris l’habitude de se terrer à la moindre alerte. Il était ainsi incapable de dire qui, des Luniens ou des survivants terriens, étaient les plus dangereux. Alors qu’il rêvassait à des images du passé, il sentit qu’une ombre grondante obscurcissait le ciel. Il en connaissait la signification depuis son plus jeune âge. Les terribles vaisseaux noirs et trapus de la Garde avaient détruit la civilisation. C’étaient eux qui avaient fait déferler sur la terre un ouragan de feu et d’oubli. C’étaient eux aussi qui avaient repéré, grâce à leur technologie, les groupes de survivants et qui les avaient fait disparaître. Sa sœur lui avait appris les astuces pour se dissimuler lorsqu’un vaisseau s’approchait. En se couvrant de la toile d’aluminium, il repensa aux mots de Sarah, lorsque, tremblant de tous ses membres, il réalisa qu’elle n’était plus à côté de lui. L’ombre gigantesque passa en glissant dans le ciel glacé, et s’éloigna paresseusement. Benjamin attendit un long moment avant de se relever. Son ventre criait famine. La faim le poussait toujours à réfléchir. Autrefois, Sarah et lui s’étaient retrouvés sans rien avaler pendant plusieurs jours, simplement parce qu’ils n’avaient pas réalisé assez tôt que, s’ils ne complétaient pas leur stock de nourriture régulièrement, ils se retrouveraient sans rien très rapidement. Aussi entreprit-il de faire le compte des boîtes de conserve enterrées. Après cela, il pourrait toujours chercher un nouveau refuge. 2. Le récit de science-fiction 2/2 Fi ch e 8 1/2 INSÉRER UN FLASH-BACK Tu vas trouver ici un texte auquel il manque un passage de retour en arrière. Il s’agit pour toi de le compléter de telle sorte que l’on comprenne bien la situation dans laquelle se trouve le personnage. • • Lis d’abord les deux fragments encadrés. • Sois attentif aux marques d’organisation chronologique et au temps des verbes. Rédige ton flash-back en tenant compte des indications données sous le premier fragment. S’exprimer en français, Volume IV © Corome/De Boeck, 2001 Pierre-Alphonse Duvoisin se hâtait le long des rues de la Vieille-Ville, et son regard ne s’arrêtait même pas sur les couples étranges qu’il croisait. Sur un banc, un Oélien à la peau bleu clair enlaçait tendrement une jeune terrienne aux longs cheveux bruns, et semblait lui conter des histoires magiques sur les étoiles de sa galaxie. Un peu plus loin, là où se trouvaient des jeux pour enfants, une jeune maman oélienne surveillait ses enfants, des oéliterriens, qui avaient conservé la peau finement bleutée de leur mère, mais hérité de l’abondante chevelure de leur père, et qui jouaient en riant sur des balançoires de bois peint. Pierre-Alphonse se souvenait bien des événements incroyables de ces dix dernières années. Jamais les habitants de la terre n’avaient imaginé sérieusement qu’une forme de vie si proche de la leur puisse exister et, surtout, parvienne à entrer en contact avec eux. Pourtant les Oéliens étaient là. Ces habitants de la troisième voie de la galaxie du Pont s’étaient battus depuis des années pour tenter de rejoindre la terre. Leurs messages ne dépassaient pas la barrière de l’atmosphère, tant l’énergie que cela réclamait était gigantesque. Leurs vaisseaux même, si semblables aux fusées rustiques que les hommes fabriquaient en l’an 2000, n’avaient pas la capacité de sortir de leur galaxie. Le miracle s’était produit en 2033. Voici quelques indications qui te permettront d’insérer un flash-back qui rende sa vraisemblance au texte : • En 2033, les Oéliens découvrent une nouvelle forme d’énergie. • La première rencontre entre Oéliens et Terriens a lieu en 2040. • Des mariages entre hommes et femmes des deux planètes se produisent rapidement. ____________________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________________ 2. Le récit de science-fiction 2 Fi ch e 8 ____________________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________________ 2 ____________________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________________ S’exprimer en français, Volume IV © Corome/De Boeck, 2001 ____________________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________________ ____________________________________________________________________________________ Pierre-Alphonse songeait à tout cela en se rendant à la clinique, un peu anxieux. Euéli- a venait de l’appeler pour lui annoncer que les contractions commençaient, et qu’elle avait besoin de lui à ses côtés pour la naissance de leur premier enfant. 2. Le récit de science-fiction 2/2 Fi ch e 9 1/1 ORGANISATION CHRONOLOGIQUE ET EMPLOI DES TEMPS • Dans le bref récit ci-après, qui raconte la mésaventure d’un savant du 20 e siècle, on a retiré un certain nombre de formes verbales. • Complète le texte en choisissant, pour chacun des verbes donnés en marge, un temps qui convienne. • Respecte le temps de base du récit, donné par la forme mise en évidence dans le 1er paragraphe. Fugue temporelle S’exprimer en français, Volume IV © Corome/De Boeck, 2001 La machine à déphaser les paradoxes du temps était prête depuis plusieurs années, mais le professeur Silène, malgré sa fascination pour l'ère secondaire, n'avait longtemps pas osé la mettre à l'épreuve. Ce matin-là, pourtant, la passion qu'il ________________ pour cette époque, toute nourrie de films à la mode, fut plus forte que ses craintes, et il ____________________ de se lancer. Destination : le jurassique. éprouver décider Le voyage ne _____________________ que le temps d'un clignement de paupière. Légèrement choqué, il ____________________ assis au milieu d'un champ, à quelque dix mètres de la machine. Soudain, des herbes gigantesques qui l'__________________ , _________________ les têtes de créatures féroces que les parois métalliques de son engin ne semblaient guère effrayer. durer se retrouver Le professeur ____________________ à la manière de ces chasseurs qui sont persuadés que des animaux qui voient l'homme pour la première fois en ont forcément peur. Il ___________________ le temps de recevoir quelques coups de dents et de griffes, heureusement mal ajustés, avant de se propulser, sanguinolent, dans la machine, pour fuir ce monde de cauchemar. réagir A peine quelques heures plus tard, le professeur Silène, de retour dans son laboratoire, recensait les innombrables plaies qu'il ____________________ lors de son bref séjour hors du siècle. Sa décision ____________________ maintenant irrévocable : l'invention à laquelle il ____________________ tout son temps, il la _________________ sans plus attendre. entourer, émerger avoir récolter être consacrer, détruire • Dans le texte que tu viens de compléter, repère où se trouvent la situation initiale et la situation finale de l’histoire racontée. • • Essaie de récrire ce texte en commençant par la situation finale. Sois attentif aux modifications que cette réorganisation entraîne (marqueurs temporels et temps verbaux, par exemple). 2. Le récit de science-fiction 2 Annex e 1 EXEMPLES DE TITRES ET DE QUATRIÈMES DE COUVERTURE Endymion Elévation Chroniques martiennes Hypérion Les Immortels Marée stellaire Peuplades Guerre des Etoiles Star Trek Bâtisseur de Cathédrales La dernière planète Le Monde perdu Les Voies d’Anubis Le Palais du Déviant L’oiseau de couleur Le Vaisseau Alien Plus noir que vous ne pensez Poker d’as Le Portail de l’espace Et bien d’autres… S’exprimer en français, Volume IV © Corome/De Boeck, 2001 2 Farhenheit 451 2. Le récit de science-fiction 1/5 S’exprimer en français, Volume IV © Corome/De Boeck, 2001 Annex e 1 2. Le récit de science-fiction 2/5 2 S’exprimer en français, Volume IV © Corome/De Boeck, 2001 Annex e 1 2 2. Le récit de science-fiction 3/5 S’exprimer en français, Volume IV © Corome/De Boeck, 2001 Annex e 1 2. Le récit de science-fiction 4/5 2 S’exprimer en français, Volume IV © Corome/De Boeck, 2001 Annex e 1 2 2. Le récit de science-fiction 5/5 Annex e 2 1/5 S’exprimer en français, Volume IV © Corome/De Boeck, 2001 LES VILLES Gérard Klein 1 La Machine rôdait, inlassable. Le vent inclinait les antennes, le soleil jaunissait les feuilles des arbres, mangeait la peinture des volets, le temps ridait les hommes et endormait la Ville, mais la Machine rôdait, éternelle. Elle parcourait, jour après jour, nuit après nuit, les rues larges et sèches, elle interrogeait les rares passants. Elle saluait les habitants. Elle s’introduisait dans les maisons, silencieuse, indécelable, et fouillait. Elle gardait et protégeait la Ville. Elle désinfectait minutieusement et détruisait avec un air de fatalité tout ce qui n’était pas de la Ville. Elle errait et cherchait entre les carrés d’herbe et les marronniers calmes, dans les cours fraîches et dans les petites forteresses tièdes et closes, les espions venus des autres villes, les étrangers. M. Ferrier était assis sur sa pelouse, ne pensant à rien, ne regardant rien. De sa maison, de toutes les maisons sortaient des bruits étranges. C’était une musique douce et lente, étirée, écœurante. L’après-midi, M. Ferrier fuyait son poste et ses écrans. Ici, le son ne parvenait qu’amorti par les murs épais, mais il persistait, imprégnait l’air comme une odeur tenace. M. Ferrier vit venir quelqu’un qu’il ne connaissait pas. C’était une chose rare. – Bonjour, dit M. Ferrier d’une voix rouillée. Il y avait longtemps qu’il n’avait rien dit de tel. Il tendit un doigt vers l’homme. – Je ne suis pas de cette ville. Un silence. – Pas exactement. Ma ville n’est pas tellement lointaine. Je parle la même langue que vous. Nous habitons le même pays. – Qu’est-ce qu’un pays, dit sentencieusement M. Ferrier, sinon de l’histoire ancienne ? Il existait autrefois des pays et des empires. Mais nous vivons maintenant au temps des Villes. Il faut se méfier de toute chose. Surtout des autres Villes. Grâce au ciel, nous pouvons nous suffire à nous-mêmes. Vous n’êtes pas un espion, au moins ? – Je ne crois pas. Je me promène simplement. Sur les routes. Savez-vous que les routes entre les Villes sont en très mauvais état ? – Cela ne m’étonne pas. – Et qu’il circulait dessus autrefois des milliers et des milliers de gens et de bolides ? – Autrefois. – Je voulais faire comme eux. Je voulais connaître d’autres Villes, d’autres endroits. Mais les Villes ne sont pas ce qu’il y a de plus intéressant. Le plus passionnant, ce sont les heures et les jours de marche entre les Villes. Avez-vous déjà marché sur l’herbe ? Avez-vous vu fuir des fourmis et jaillir des sauterelles de dessous vos semelles ? – Je... Je ne sais pas. – Toutes les Villes se ressemblent. Elles ont les mêmes petites rues chaudes bordées des mêmes petits arbres secs et rabougris, et sur leurs toits pousse partout la même floraison métallique d’antennes. Elles ont chacune le même dôme. Et chacune, la même Machine chargée de traquer ce qui est étranger. Même les habitants se ressemblent. Avez-vous une Machine, ici ? 1. Klein, Gérard (1991). Les Villes. In D’étranges visiteurs, histoires de science-fiction. Paris : Médium Poche. 2. Le récit de science-fiction 2 Annex e 2 S’exprimer en français, Volume IV © Corome/De Boeck, 2001 2 – Bien sûr. C’est absolument nécessaire. Nous sommes très fiers de notre Machine. Rien ne peut lui échapper. Vous devriez vous dépêcher de partir. Il est peut-être déjà trop tard. – Mais je ne fais rien de mal. – Vous êtes un étranger ? (Les lèvres de M. Ferrier se plissèrent.) Je ne crois pas que vous lui échapperez. Elle est extrêmement perfectionnée. Elle connaît tous les habitants par leur nom. Elle ne peut pas se tromper. Elle a une mémoire étonnante. Quand elle rencontre quelqu’un, elle sait immédiatement si c’est un ami ou un... étranger. – Vous ne trouvez pas cela dangereux ? – Dangereux ? Seulement pour les étrangers. – Si elle se trompait ? Si elle vous prenait un jour pour un étranger ? – Elle me tuerait. Mais elle ne peut pas se tromper. – Au revoir. J’ai été heureux de parler un instant avec vous. – Moi de même. Bonne chance. Pourquoi ai-je dit bonne chance ? pensa M. Ferrier. Il ne peut pas lui échapper. Il ne peut pas. Il n’a aucune chance. Il ferma à demi les yeux. Je me demande ce qu’il voulait dire par entre les Villes. Il n’y a rien entre les Villes. Peut-être, d’une colline, voit-on luire sur tout le pourtour de l’horizon des Villes, et aperçoit-on les dômes roses et luisants, et distingue-t-on à la faveur d’un éclair les reflets métalliques des Machines qui rôdent et assurent la police et cherchent les espions ? C’est peut-être beau. Il vit danser un point lumineux sur le mur d’en face. La Machine déboucha de la rue la plus proche. Il trembla : Si elle m’avait oublié ? Si elle se trompait ? Si elle ne savait pas que je suis un citoyen ? La Machine l’examina. De la sueur descendit vers les yeux de M. Ferrier pendant qu’elle le jaugeait. Si elle me prenait pour un étranger ? – Bonjour Monsieur Ferrier, dit-elle. – Bonjour. Ses mains se détendirent et ses ongles laissèrent sur ses paumes roses des arcs blancs. – Il fera beau ce soir, Monsieur Ferrier, dit la Machine. – Certainement, dit-il. – Je cherche un étranger, un espion, dit la Machine. Je sais qu’il est dans la Ville. Il vient de passer par ici. Ne l’auriez-vous pas vu ? – Je l’ai vu. Je l’ai vu. Nous avons même discuté un certain temps. – C’était votre droit. Où est-il allé ? – C’est votre métier de le savoir. Il hésita, puis il regarda la Machine, tendit très vite son bras vers le bout de la rue et dit : – Il est parti, par là. – Je vous remercie beaucoup de votre aide, monsieur Ferrier, dit la Machine. Que la Ville vous en soit reconnaissante. Soyez tranquille. Il ne m’échappera pas. Elle s’en alla au petit trot, ses roues crissant et ses pattes articulées se déployant et se repliant, avec précision, souplement. 2. Le récit de science-fiction 2/5 S’exprimer en français, Volume IV © Corome/De Boeck, 2001 Annex e 2 « Trahir. Est-ce que cela ne s’appelle pas trahir ? dit M. Ferrier en souriant légèrement. Il ne faut pas penser de cette façon. Est-ce qu’on peut trahir un étranger en le livrant à une Machine chargée de vous défendre, vous et votre Ville ? Un étranger. La Machine de ma Ville. » Il baissa les yeux vers le gazon ras. Il entendait le sable craquer lorsque la Machine tournait et freinait. Un virage. A droite. Encore à droite. Le tour du pâté de maisons. Est-ce qu’elle va revenir ici ? Est-ce qu’il s’est échappé ? Ce n’est pas possible. Ce serait terrible. Nous serions mal défendus. Puis il entendit des frôlements légers. Un bruit parfaitement étrange, inconnu, fragile. Un chant d’insecte. Couvrant le raclement lourd de la Machine. Laissant dans le silence des traces irrégulières. Des pas d’homme. Ils reviennent par ici. Pourvu que... pourvu que cela ne se passe pas dans cette rue, devant moi. La rue était trop propre et trop claire. Les arbres étaient trop soignés et les feuilles trop bien vernies. Les bruits cessèrent. Ils s’étaient arrêtés un peu avant le coin. Ils étaient invisibles, mais M. Ferrier entendait les questions sèches de la Machine, et le frottement hésitant des pieds de l’étranger sur le ciment. – Quel est votre nom ? Vous êtes un étranger ? Qu’êtes-vous venu faire dans cette ville ? – Rien. Je me promenais. Je passais. – N’avez-vous donc pas de Ville ? Etes-vous un vagabond ? – Non. J’ai une Ville, derrière ces collines. Mais je ne voulais plus y rester. Je croyais que c’était différent, ici. – Ne saviez-vous pas qu’il est interdit de pénétrer dans cette Ville ? – Je le savais. J’ai lu les pancartes. Interdit aux étrangers. – Il y a autre chose, dit la Machine. – Je sais. M. Ferrier entendit un tout petit filet de voix : Sous peine... sous peine de mort. – Avez-vous quelque chose d’autre à déclarer ? – Attendez. Etes-vous une Machine autonome ? – Je suis une Machine autonome. – Personne ne vous dirige ? – Personne. – Pas un homme qui parle par votre voix et écoute par vos oreilles ? – Personne. – Personne ne peut vous arrêter, vous modifier ? – Non. Je défends cette Ville. Je suis immortelle. Qui pourrait vouloir m’arrêter sinon des ennemis ? – Alors je n’ai plus rien à dire. Il est trop tard. – Bien. Etes-vous prêt ? Un silence. « Si seulement il y avait un souffle de vent qui fasse grincer des volets, chanter les feuilles des arbres », soupira M. Ferrier. – Je crois que je suis prêt. M. Ferrier entendit la rafale. Il devina la langue de feu, les cendres aspirées, soufflées, projetées à travers les airs. Cela n’avait rien d’effrayant. 2. Le récit de science-fiction 3/5 2 Annex e 2 S’exprimer en français, Volume IV © Corome/De Boeck, 2001 2 « Propre », dit-il. Sa langue était sèche. « C’est de sa faute. C’est de sa faute. A-t-on idée de quitter sa Ville, de se jeter dans la gueule du loup. C’est dommage, pensa-t-il, c’était un gentil garçon. Mais c’est bien fait. Un espion. Ou pire, un vagabond. » La Machine passa devant lui, pressée. – Bonjour, Monsieur Ferrier, dit-elle. – Bonjour, dit-il machinalement. Il songeait : « Il n’y a pas de regrets à avoir. Cela ne pouvait pas se terminer autrement. Ridicule... Ridicule... » Il saisit le verre sur la table et fixa le glaçon qui tourbillonnait. Un fragment brillant, plein de soleil, qui ne s’arrêterait jamais. Fondu avant de s’arrêter. Fondu avant de se reposer. Comme quelqu’un qui marcherait sur les routes abandonnées sans avoir ni Ville ni maison. Un éclair et un vent brûlant passèrent sur la Ville. Pas de fumée. Pas de flammes. « Je crois que c’est raté, dit-il. Attendons la prochaine bombe une dizaine d’années. (Il soupira). Ils visent toujours le dôme. Ils espèrent détruire le cerveau de la Ville et détruire la vie de la Ville. Il paraît qu’à l’intérieur du dôme, il y a un tas de tambours et de rubans magnétiques. Une mémoire. La gigantesque mémoire électronique de la Machine. Tous les noms, les âges, toutes les formes, les odeurs, les mesures, tous les visages des habitants de la Ville. Toute la Ville inscrite, gravée, figée sur des molécules et des cristaux de fer magnétiquement alignés. Qu’un œil humain ne peut pas déchiffrer. Le secret absolu. Une guerre de Machines entre les Villes. » Son regard caressa la courbe douce du dôme. « Personne, personne depuis des années, depuis cent ans n’y a pénétré. Depuis combien de temps ces dômes vivent-ils de leur vie secrète ? Une génération ? Trois générations ? Depuis toujours. Je me demande si... si nous envoyons aussi des bombes, et si nous visons aussi les dômes. Et si quelquefois des Villes sont détruites et s’il y a quelquefois des survivants sans Ville, sans Machine pour les protéger. Ce doit être affreux. » Le matin suivant, il prit rapidement son petit déjeuner. Il vivait seul. Tandis qu’il vidait sa tasse, il entendit des bruits et des cris dans la maison voisine. Puis le silence. Il vit la Machine sortir furtivement par une fenêtre ouverte. « Etrange », dit-il. Il découvrit soudain combien les voisins étaient lointains et étrangers. Des inconnus. Plus lointains et inaccessibles que l’homme de l’autre Ville. Il sortit et s’installa sur la pelouse. Il perçut le crissement de la Machine. La voix métallique le héla. – Sortez. Il se leva. Il se tourna vers les yeux rouges et immobiles. – Sortez. C’est à vous que je m’adresse. – A moi ? dit M. Ferrier, incrédule. – Oui, à vous. Dépêchez-vous. Il sortit. Il se tint au milieu de la rue, la Machine en face de lui. – Quel est votre nom ? – Ferrier. Vous me connaissez... – Je ne vous connais pas. Vous êtes un étranger. – J’habite cette Ville. Il se tordit les mains. 2. Le récit de science-fiction 4/5 S’exprimer en français, Volume IV © Corome/De Boeck, 2001 Annex e 2 – Vous m’avez salué hier, et tous les autres jours. Je suis un habitant de cette ville. Mon nom est inscrit là-bas. Il tendit le doigt vers le dôme. – Je ne connais personne du nom de Ferrier. – Ce n’est pas possible. (Ses ongles faisaient des taches roses sur ses mains très blanches.) J’habite cette maison. – Si vous l’habitiez, je vous connaîtrais. – Je vous jure. Ecoutez. Qui habite cette maison ? Dites-moi qui habite cette maison. Ils attendirent un instant. – Personne. Cette maison est vide, abandonnée. Je ne me souviens pas que quelqu’un l’ait jamais habitée. – Vous avez oublié, oublié. Il sanglotait. Il eut une idée. – Dites-moi qui habite cette rue. Toute cette rue. Les noms. – Personne. Personne n’a jamais habité cette rue. – Et la Ville, toute la Ville, cria M. Ferrier. Il comprit soudain le bruit et les cris insolites dans la maison voisine tôt le matin. – Personne n’habite cette Ville. Elle est déserte. Vide. Je n’ai aucune information au sujet de quelqu’un qui l’aurait habitée. Il n’y a que des étrangers. N’avez-vous pas de Ville ? demanda la Machine. – Celle-ci, dit M. Ferrier. Sa voix était faible et cassée. – Ignoriez-vous qu’il était interdit d’y pénétrer ? – Non, dit M. Ferrier, non, puisque je l’habitais. Sa lèvre inférieure s’avança comme s’il allait pleurer. – Avez-vous quelque chose à dire ? – Puis-je vous demander encore... un renseignement ? – Bien sûr, dit la Machine. Nous ne sommes pas pressés. – Il est tombé une bombe, hier soir ? – C’est exact. – Quelle sorte de bombe était-ce ? – Une bombe magnétique. Il n’y a pas eu de dégâts. Et il songea à tous les rouleaux, les rubans de l’état civil, vierges, effacés. Une bombe magnétique. La Machine amnésique. Tous des étrangers au sein de leur propre Ville. C’est logique. C’est normal. Rayé, oublié là-bas. Mort ici. – Est-ce tout ce que vous désirez savoir ? dit la Machine. – Oui, dit M. Ferrier. Je ne peux pas lui dire qu’elle a oublié. Elle ne peut pas me croire. Une Machine ne peut pas se tromper. – Vous prendrez bien soin de ma maison, n’est-ce pas ? – Etes-vous prêt ? – Je crois que je suis prêt. Ses lèvres tremblaient. – Vous ne souffrirez pas, dit la Machine. Une rafale. Une langue de feu. Des cendres aspirées, soufflées et projetées à travers les airs, planant et retombant sur la Ville désertée pour un million d’années. 2. Le récit de science-fiction 5/5 2 Annex e 3 12 DÉBUTS DE RÉCITS DE SCIENCE-FICTION 1. LE TEST Richard Matheson 1 2 C’était le soir qui précédait le jour du test. Dans la salle à manger, Les aidait son père à préparer les épreuves. Jim et Tommy dormaient à l’étage. Au salon, Terry cousait, le visage impassible, levant et abaissant l’aiguille d’un mouvement régulier. Tom Parker se tenait assis, le buste droit, les mains jointes posées sur la table, des mains maigres aux veines saillantes. Il regardait fixement son fils de ses yeux d’un bleu pâle. Il essayait de suivre le mouvement des lèvres pour mieux comprendre. Il avait quatre-vingts ans. Il allait se présenter au test pour la quatrième fois. Les lisait les textes que le Dr Trask leur avait procurés. – Allons, dit-il, répète ces séries de chiffres. – Séries de chiffres, dit Tom, essayant d’assimiler les mots qu’il entendait. Mais il n’assimilait plus les mots assez rapidement. Les mots se posaient sur le tissu du cerveau comme des insectes sur la peau d’un carnivore indolent. Il se répéta les mots à lui-même : série de... série de chiffres... Allons, il avait maîtrisé les mots. Il regarda son fils et attendit. S’exprimer en français, Volume IV © Corome/De Boeck, 2001 2. OISEAU DE PASSAGE Robert A. Heinlein 2 Je m’appelle Holly Jones et j’ai quinze ans. Je suis très intelligente, mais cela ne se remarque pas parce que j’ai l’air d’un ange à l’état d’ébauche. Insignifiante. Je suis née ici même, à Luna City, ce qui semble surprendre ceux de la Terre. En réalité, je suis de la troisième génération ; mes grands-parents faisaient partie des pionniers qui fondèrent la Colonie n˚ 1, où se trouve maintenant le Monument commémoratif. J’habite chez mes parents, au groupe Artemis, le nouveau bloc d’immeubles coopératifs dans Pression Cinq, à deux cent quarante mètres au-dessous de la surface du sol, près de l’hôtel de ville. Mais je ne suis pas souvent à la maison ; je suis trop occupée. Le matin, j’assiste aux cours du collège supérieur technique. L’après-midi, j’étudie ou je vais voler avec Jeif Hardesty — c’est mon coéquipier — ou bien, chaque fois qu’un astronef de tourisme vient d’arriver, je guide les rampants. Aujourd’hui, le Gripsholm a débarqué ses passagers à midi, aussi me suis-je rendue directement de l’école à l’American Express. Le premier troupeau de touristes sortait par petits paquets des locaux du Service de Santé, mais je ne me précipitai pas pour prendre mon tour, car Mr. Dorcas, le directeur, sait bien que je suis la meilleure. Je ne sers de guide qu’à titre temporaire (Je suis en réalité dessinatrice d’astronefs), mais quand on fait un travail, on doit s’appliquer à bien le faire. 1. Matheson, Richard. Le Test. Marabout. 2. Heinlein, Robert A. (1997). Oiseau de passage. In Histoires de Planètes. Paris : Le Livre de Poche (coll. Les Maîtres de la science-fiction). 2. Le récit de science-fiction 1/3 Annex e 3 2/3 12 3. LES MONSTRES Robert Sheckley 1 Hum et Cordovir, de la colline, assistèrent à l’événement nouveau. Tous deux en retirèrent une impression favorable. Indubitablement, c’était la plus grande nouveauté survenue depuis un certain temps. – Je suis d’accord, fit Cordovir. Mais qu’est-ce qui la fait tenir en l’air ? Dans la vallée, se poursuivait l’événement nouveau. Un objet pointu se tenait en suspension au-dessus du sol. Une substance semblable au feu s’échappait de l’une de ses extrémités. Cordovir se haussa davantage sur sa queue épaisse, pour mieux voir. A ce moment, l’objet prit contact avec le sol et le feu s’arrêta. – Entendu. Je pense que nous avons le temps... non, attends ! Quel jour sommesnous ? Hum fit un silencieux calcul. – Zut, dit Cordovir, il faut que je rentre chez moi tuer ma femme. – Tu as le temps. Le soleil ne se couche que dans plusieurs heures. Cordovir était incertain. S’exprimer en français, Volume IV © Corome/De Boeck, 2001 4. LE DIABLE DE LA COLLINE DU SALUT Jack Vance 2 Quelques minutes avant midi, le soleil fit un bond vers le sud et se coucha. Sœur Mary arracha le casque qui couvrait ses cheveux blonds et le jeta sur le canapé — réaction qui surprit et troubla son mari, le frère Raymond. Il entoura de son bras les épaules tremblantes de sa femme. Les larmes coulaient sur les joues de sœur Mary. – Bon... nous avons appris ce que c’est que la patience. Il y en aura bientôt un autre. – Mais peut-être pas avant une heure ! Ou dix heures ! Et nous avons notre travail à faire ! Frère Raymond se dirigea vers la fenêtre, tira les rideaux de dentelle empesée et scruta la pénombre du crépuscule. – La nuit ! s’exclama sœur Mary. Et ça, comment tu appelles ça ? Frère Raymond dit avec raideur : – La Pendule... Sœur Mary soupira et se laissa tomber dans un fauteuil. 1. Sheckley, Robert (1997). Les Monstres. In Histoires de Planètes. Paris : Le Livre de Poche (coll. Les Maîtres de la science-fiction). 2. Vance, Jack (1997). Le Diable de la colline du Salut. In Histoires de Planètes. Paris : Le Livre de Poche (coll. Les Maîtres de la science-fiction). 2. Le récit de science-fiction 2 Annex e 3 1 5. PILE GRAVITIQUE Cornelia James 1 S’exprimer en français, Volume IV © Corome/De Boeck, 2001 2 Le docteur Irving s’arrêta exactement à la hauteur de la maison des Desmontel. Il était encore très tôt, peut-être six ou sept heures du matin, quand le commophone avait résonné dans le cabinet. La nuit avait été courte, et il avait longuement regretté la période de ses études où les moments de travail intense alternaient au moins avec les nuits de folie. C’était à l’époque de sa liaison avec Elsa. Elle était morte peu après le brevet, alors que les premières piles étaient commercialisées. Les radars déviateurs de chocs n’accompagnaient pas encore les véhicules équipés de piles gravitiques. Un chauffard excité par la puissance de son automobile dégravitationnée n’avait pas vu la vieille voiture mécanique d’Elsa et l’avait littéralement cisaillée. Irving avait ensuite milité pour l’installation obligatoire des RDC. Depuis, il n’y avait plus jamais eu d’accidents de la circulation, puisqu’un véhicule trafiqué auquel on aurait retiré le RDC ne pouvait plus flotter. Plus tard, on avait commencé à trouver des piles partout, pour tout. C’était devenu l’expression parfaite de l’usage des trois dimensions. D’où un accroissement considérable du désordre pour les gens qui, comme lui, étaient plutôt négligents de leur intérieur. Il lui avait fallu quelques secondes pour trouver le commophone, qui flottait, inatteignable, entre une lampe et la tête du lit de camp dont il se servait lorsqu’il n’avait plus le courage de rentrer chez lui. La voix de Paul l’avait alarmé immédiatement. C’était probablement grave, mais il n’y avait pas que ça. Il s’était précipité dans le garage et s’était mis en colère contre sa Gitex toute neuve qui réagissait bien trop vite pour lui. 1. Pseudonyme 2. Le récit de science-fiction 3/3 Annex e 4 1/3 LES DESCRIPTIONS 6. ENDYMION (EXTRAITS) Dan Simmons 1 A La première chose que j’aperçus, ce fut les poissons. Ils avaient une nageoire caudale semblable à celle des squales de l’Ancienne Terre que j’avais vus en représentation holo ou à celle des dos-de-sabre cannibales de la Grande Mer du Sud d’Hypérion, mais avec deux ailerons dorsaux brillants au lieu d’un. Je les distinguais très clairement au clair de lunes. Ils semblaient scintiller d’une douzaine de couleurs différentes depuis les deux ailerons jusqu’au ventre. Ils faisaient environ trois mètres de long et se déplaçaient comme des prédateurs à puissants coups de queue. Leurs dents étaient très blanches. Suivant l’un de ces tueurs à travers la houle, j’arrivai jusqu’au lieutenant. Il se débattait désespérément pour maintenir sa tête hors de l’eau tout en pivotant sur lui-même pour essayer de garder les tueurs à distance. De temps à autre, l’une des créatures à double aileron fonçait sur lui dans les eaux violettes, et il essayait de la repousser à coups de botte sur la tête ou dans les ailerons. Le poisson faisait volteface, mais revenait inévitablement à la charge. D’autres arrivaient sans cesse, et le cercle se refermait sur le lieutenant épuisé. B Quelque chose d’énorme se tient à moins de trois mètres devant moi dans le nuage de sable volant. Ses jambes massives sont fermement plantées dans le sol. On dirait un géant en armure de combat hérissée de pointes. Un géant avec trop de bras. S’exprimer en français, Volume IV © Corome/De Boeck, 2001 C Autour d’Enée, un tourbillon flou se forma soudain, au centre duquel semblait évoluer à toute vitesse une silhouette chromée hérissée de lames, avec six bras et quatre jambes. D Le gritche a une très longue lame courbe au milieu de la poitrine. Némès connaît toutes les histoires que l’on raconte sur les innombrables victimes que le monstre a empalées ainsi pour aller les accrocher ensuite à l’Arbre de la Douleur, dont les épines étaient encore plus longues. Mais elle n’est pas impressionnée. Tandis que les charges creuses qui explosent autour d’eux la poussent contre le monstre, son champ de déplacement recourbe l’épine de poitrine du gritche contre lui. Le monstre ouvre sa gueule de pelle mécanique pour hurler dans l’ultrason. Elle lui balance dans le cou un revers de main coupant et l’envoie voler sur quinze mètres jusqu’au fleuve. 1. Simmons, Dan (1996). Endymion. Paris : Robert Laffont (collection Ailleurs et Demain) [extraits]. 2. Le récit de science-fiction 2 Annex e 4 E Elle n’a pas prévu dans son agenda de se faire broyer à mort par un décaletemps archaïque. Transformant sa main en couperet, elle l’enfonce dans le thorax du monstre, dont les multiples rangées de dents font jaillir des étincelles sur son cou blindé. 2 F Un nouveau monde étrange ! Je ne saurais expliquer l’excitation qui s’empara de moi en cet instant, malgré notre accident, malgré nos difficultés, malgré tout ce qui nous était arrivé. J’avais sous les yeux un nouveau monde ! L’effet sur moi était bien plus profond que je ne l’aurais attendu dans tous mes rêves d’exploration intersidérale. Cette planète ressemblait beaucoup à Hypérion. L’air était respirable, le ciel était bleu — quoique d’une couleur plus claire que le lapis d’Hypérion — et parsemé de nuages effilochés qui flottaient à haute altitude. Le fleuve, derrière nous, était plus large que sur le vecteur Renaissance. Les deux rives étaient couvertes d’une végétation très dense, une vraie jungle qui s’étendait à perte de vue sur ma droite et sur ma gauche, où le portail distrans était à peine visible au milieu de toute cette luxuriance. Devant nous, la poupe du vaisseau avait tracé un véritable fossé dans le lit du fleuve et s’était échouée sur une bande sablonneuse. Au-delà, la jungle reprenait ses droits, recouvrant tout comme un rideau vert en loques sur une scène de théâtre. Même si tout cela vous paraît familier, ce n’étaient pour moi que sensations étranges. De drôles d’odeurs flottaient dans l’air, la pesanteur n’était pas normale, le soleil brûlait un peu trop et les arbres de la jungle ne ressemblaient à rien de ce que je connaissais. Si on m’avait demandé de les décrire, j’aurais alors parlé de gymnospermes géantes, environnées de nuées de petits oiseaux blancs d’une espèce qui ne ressemblait à rien de ce que je connaissais et qui s’étaient égaillés au bruit maladroit de notre arrivée dans leur monde. S’exprimer en français, Volume IV © Corome/De Boeck, 2001 7. AUTRES EXEMPLES DE DESCRIPTIONS A « Il ne pouvait pas détacher son regard de la chose. Juste après l’explosion de la capsule, il s’était approché lentement, et il l’avait vue. C’était comme une chenille énorme, mais dont les mouvements étaient saccadés. Des espèces de pinces molles, qui s’agitaient en rythme, semblaient s’agripper à des objets étranges, lumineux, qui ressemblaient à de minuscules écrans de télévision. La tête, une masse noire et cireuse, se séparait en deux globes, et criait silencieusement sa douleur. D’ailleurs, quand le reste du corps de la créature apparut, les écailles épaisses qui recouvraient le bas de son dos fumaient, et quelques flammèches parcouraient encore ses diverses protubérances. Un frisson de dégoût parcourut l’échine de Simon. Il regretta vite sa curiosité, mais, en même temps, il ne pouvait réprimer le sentiment de compassion qui l’envahissait. Soudainement, il sut qu’il devait porter secours à cet étrange être, et que les rictus effrayants qu’il observait n’étaient rien d’autres que des cris de détresse. » 2. Le récit de science-fiction 2/3 Annex e 4 S’exprimer en français, Volume IV © Corome/De Boeck, 2001 B « Au loin, deux lunes bleues scintillaient d’un éclat brûlant. Les trois explorateurs sentaient que les herbes qu’ils foulaient n’étaient pas inertes, mais qu’elles cherchaient à entamer le proto-kevlar de leurs combinaisons. Tout semblait vivant, comme si la planète elle-même était un seul animal gigantesque. Comme les alarmes de leurs tenues ne réagissaient pas, ils surent qu’ils n’avaient pour l’instant pas à s’inquiéter. Les psycho-radars n’avaient relevé aucune trace d’hostilité. Lorsqu’ils firent leurs premiers pas, ils sentirent le sol devenir meuble, puis perdre sa consistance. Pourtant, ils restaient debout, stables, comme si l’air était devenu plus dense et les maintenait verticaux. Le même sentiment étrange d’être avalé, englouti, digéré les envahit simultanément. Les arbres qu’ils avaient d’abord vus leur semblaient se transformer en crocs, et les champs violets en langues sanguinolentes et voraces. Chacun d’eux sentit une boule acide se former au creux de son estomac, et une peur indicible leur noua la gorge. Quelques souvenirs leur traversèrent l’esprit, une envie violente d’être ailleurs, puis ils virent la coque de leurs bottes commencer à se désagréger. » 2. Le récit de science-fiction 3/3 2