Prise de position - Association pour la Sauvegarde de Morges

Transcription

Prise de position - Association pour la Sauvegarde de Morges
Pour les personnes qui n’ont pas connaissance du « tout ménage » qui est à la base de cette
réaction, le retrouver dans le site : http://www.autoroutedemorges.ch/
Contournement autoroutier de Morges
Un « tout ménage » vient d’être distribué par le « Collectif pour une mobilité sans
nouvelle autoroute » dans tous les villages de la couronne de Morges, de Lully à
Echandens en passant par Echichens, Lonay, etc…
A l’époque, encore actif du point de vue politique, je fus à l’origine des efforts de la
ville de Morges pour que le Canton et la Confédération mettent sur pied une solution
au problème de l’autoroute à Morges. Je me sens donc concerné par les voies sur
lesquelles on cherche à diriger l’opinion publique.
Dans la réalité, le problème, fort complexe, bute sur de multiples contradictions de
notre société, c’est pourquoi il est impossible de créer un vrai débat avec des opinions
à l’emporte-pièce. Ou alors, on tombe dans le cirque à quoi certains veulent réduire la
politique où c’est celui qui gueule le plus fort, celui qui a su, par n’importe quelle
méthode, s’attirer le meilleur taux d’audience qui l’emporte. Pour éviter cette
caricature de la démocratie, on ne peut faire l’impasse sur des réflexions d’une
certaine ampleur qui malheureusement découragent souvent le citoyen moyen à qui
on s’évertue de faire croire « qu’il n’y a qu’à ».
1. C’est fort réjouissant de voir que des citoyens s’intéressent activement et
cherchent à en intéresser d’autres à un problème d’aménagement régional.
Depuis deux ou trois décennies au moins que, de plus en plus intensément,
l’aménagement régional fait l’objet de débats, recherches, réalisations
partielles, ces efforts sont toujours tombés dans une apathie générale, une
indifférence absolue, une méconnaissance quasi absolue des questions posées
par la gestion d’ensemble d’un espace dépassant la commune.
2. Quel but vise le collectif ? En flattant dans le sens du poil (« vos fenêtres ») à
l’aide d’image réductrice (« un projet poussiéreux »), en s’appuyant vaguement
sur une paranoïa racoleuse (on nous cache quelque chose : tracés flous rendus
publics, mais projets plus précis dans les cartons), tente-t-il d’élever une part
importante de la population contre la réalisation du contournement
autoroutier ? Alors, c’est catastrophique :
• Depuis 50 ans, les ragots colportent que la construction de l’autoroute à
Morges n’a pu se faire de manière judicieuse parce que les dirigeants de
l’époque ont voulu sauvegarder des intérêts particuliers. Et 50 ans plus tard,
une solution du problème autoroutier devrait être repoussée parce qu’elle
gène les particuliers aisés qui ont choisi d’habiter la campagne !!! On revient
à la case départ, l’égoïsme du plus fort prévaudrait sur le bien public.
• Beaucoup plus important : un tel mouvement diviserait la région, alors que
la réalisation du PALM et du Schéma directeur de la région morgienne
nécessite comme carburant une collaboration à très haut indice de
performance. Conséquence probable: l’argent que la Confédération a prévu
pour nos problèmes d’agglomération aura vite fait de rejoindre un lieu de
Suisse Allemande où on aura su se mettre d’accord.
3. Ou, le collectif désire vraiment un débat plus ouvert et veut apporter sa pierre
« importante » à la résolution commune et effective du problème de l’autoroute
à travers Morges. Mais alors attention aux solutions préconisées ! Quand le
collectif parle de « mobilité réfléchie, 3 ème voie CFF, développement des
transports en commun, plus grande performance et attractivité financière
améliorée des transports en commun, encouragement de la mobilité douce »,
est-ce là la reprise d’un refrain à la mode que serinent tous les projets urbains,
d’un cliché présentant bien et destiné à faire passer toute pilule un peu amère ?
Ou bien sont-ce là des intentions réelles ? Alors il faut empoigner les problèmes
de fond, mais sérieusement pour que les comportements se modifient.
4. Personnellement je suis le premier à penser, comme le collectif, que l’autoroute
constitue une solution du XXe siècle, donc totalement dépassée. Moi-même, je
n’utilise pas d’autoroute et je compte bien ne pas en utiliser d’avantage dans
mon bref futur. Mais ce qui est dépassé et du XXeme siècle, ce n’est pas la
solution du contournement de Morges, c’est le MODE de VIE, le
COMPORTEMENT INDIVIDUEL et SOCIAL de la population et particulièrement de
la population des villages de la couronne morgienne qui « oblige » à prendre
une solution aussi peu satisfaisante que la création d’une nouvelle bretelle dans
un paysage préservé.
5. Jugeons sur quelques faits constatables (qui, il est vrai, n’excluent pas que la
situation se retourne radicalement [Qu’est-ce que je le souhaiterais !])
• Dans les villages périurbains, le « tout voiture » règne absolument. A
part quelques personnes promenant leur chien, on n’y rencontre pas
de piéton, rarement un cycliste. Cette situation s’est beaucoup
« aggravée » ces dernières années. Il n’y a plus un chemin vicinal,
voire de remaniement parcellaire (parfois interdit à la circulation) où
vous n’êtes pas obligé de céder la place à un de ces demi-autobus à
traction quatre roues et vitres teintées, conduit par une personne
seule avec chiens ou enfant. Les communes commencent à rélargir
les chemins vicinaux, voire à y construire des places d’évitement.
Dans les portions habitées, on voit pousser des obstacles de
modération de la circulation sur des chemins AF ou vicinaux !
• Vu cette mentalité, il est clair que la quasi-totalité des déplacements
pour le travail, les achats, les rencontres ou les loisirs se font en
voiture, donc en utilisant intensément l’autoroute. Et c’est cette
population-là, possédant deux voitures par ménage, qui refuserait le
contournement autoroutier sous prétexte que c’est ringard ?
Rappelons que le problème de l’autoroute à Morges n’est pas, au
moins pour une grande part, un problème d’autoroute, c’est-à-dire
de voie destinée au trafic à longue distance. Il s’agit d’un problème
local, puisque une très grande part des usagers (60 à 80%) utilisent
l’autoroute pour des déplacements à l’intérieur de l’agglomération.
• Ce qu’on peut trouver ringard, c’est d’habiter sur un grand terrain
dans un lieu éloigné de tout service et infrastructure, c’est de résider
dans une zone si peu dense que l’organisation d’un transport collectif
performant est impossible. Cela n’empêche pas les communes de
pratiquer au nom de leur « droit au développement » des bras de fer
constants contre la volonté de l’Etat de réserver la construction aux
zones denses et bien équipées.
• 3ème voie CFF : Il y a déjà 20 ans environ, dans le premier projet de
redimensionnement de « Rail 2000 » que le canton de Vaud
renonçait (provisoirement, disait-il) à la construction de cette
troisième voie indispensable. Qui, à l’époque, dans les villages
périurbains, s’est activé contre ce report ? Quand M. Leuenberger a
annoncé il y a quelques années le renvoi de l’indispensable
réalisation, quel comité s’est formé pour « exiger » la réalisation
immédiate ? Comme une autoroute, une réalisation ferroviaire
demande des décennies pour voir le jour. Or nous en sommes au
même point qu’il y a vingt ans ou presque et pas près de voir de
nouveaux rails. Pourquoi ? Par indifférence de la population et donc
apathie des politiciens. Très étonnamment, le projet d’équipement de
la bande d’arrêt d’urgence a profité d’une diligence tout autre ! Nos
décisions restent décidemment imprégnées de la mentalité « Tout
voiture » typiquement du XXe siècle. Et certains retards sont difficiles
à rattraper !
• Amélioration des transports en commun : D’une part, en dispersant
l’habitat peu dense, on s’est mis dans la situation de ne pas pouvoir
faire bénéficier la population de transports performants; d’autre part,
contrairement à ce qui se passe ailleurs en Suisse, je n’ai jamais vu,
dans la région morgienne, de vraie volonté d’utiliser, par exemple,
les bus régionaux. A part les écoliers, dans ces bus on voit quelques
personnes étrangères, probablement employées de maison, une ou
deux personnes âgées. La masse des habitants ne les utilise jamais !
• Amélioration des transports en commun et 3ème voie CFF : Surtout en
ce qui concerne l’infrastructure CFF, l’impasse actuelle vient de
l’absence de financement, qui est une application directe de la
politique fédérale de restriction des crédits, causée elle–même par la
constante politique de baisse des impôts et autres ressources de
l’Etat visant uniquement les économies. Or, si l’on regarde les
résultats des votations de ces dernières années, les villages
périurbains, ne sont-ils pas des champions du moins d’Etat ?
Comment exiger une troisième voie d’un Etat auquel on coupe les
ressources !!!
• Prôner la mobilité douce est une chose, faire que réellement les gens
et d’abord les enfants se déplacent journellement autrement qu’en
voiture, en est une autre. Le manque d’alternative au transport par
les mamans ou par bus scolaire est patent partout. Il y a bien peu de
villages, voire aucun qui ont réalisé un chemin protégé, soit pour
aller rencontrer un copain du village voisin, soit pour rejoindre le
centre scolaire, encore moins pour rejoindre la piscine à Morges !
En conclusion, avant de prôner des alternatives, il faudrait commencer à
retourner des comportements. C’est parfois plus difficile que de construire
une autoroute. A mon grand désespoir, je repère peu de « conversion » à
une nouvelle mobilité, malheureusement, surtout dans les communes
périurbaines que je connais un peu !
6. Je suis entièrement d’accord avec le « collectif » pour dire que le gros problème
pour la sauvegarde du paysage dans l’intégration du contournement autoroutier
(enterré totalement ou partiellement, on peut le faire « disparaître » [Exemple :
le contournement de Bulle qui vient d’être terminé, il est presque invisible.]), ce
sont surtout les deux jonctions avec les routes cantonales, leurs bretelles et
l’attractivité qu’elles vont susciter pour la construction du bric à brac habituel à
ces endroits. Là, le rôle du collectif est important pour chercher avec les
responsables les solutions nuancées, les moins mauvaises possible [choix des
tracés de raccordement] et prendre des mesures de précaution [terrain
inconstructibles].
7. Le « collectif », semble-t-il bien garni, manifeste un dynamisme certain (édition
et distribution à ses frais d’un beau papillon tout ménage, magnifique site
internet). Il serait très profitable que cette force se mette à tirer à la même
corde que ceux qui tentent de faire avancer au jour le jour l’aménagement de la
région morgienne.
Discutons oui, appelons la population plutôt qu’à se mobiliser contre un projet,
à élaborer effectivement un autre mode de vie, conforme aux défis de notre XXI
s. affronté au manque de carburant, au réchauffement climatique pour ne pas
parler des inégalités. Surtout retroussons nos manches, y a du boulot !
Jacques Longchamp,
Ancien conseiller communal à Morges,
Ancien président de l’assemblée de la défunte association des communes
de la région morgienne, (ACRM)
Président de l’Association pour la Sauvegarde de Morges (ASM)

Documents pareils