Avis du groupe de travail missionné par l`Autorité de sûreté
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Avis du groupe de travail missionné par l`Autorité de sûreté
Cancer/Radiothérapie 16S (2012) S5–S9 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com Article original Avis du groupe de travail missionné par l’Autorité de sûreté nucléaire concernant la radiothérapie stéréotaxique Recommendation of the working group commissioned by the French nuclear safety authority on stereotactic radiation therapy J.-P. Gérard a,∗,1 , B. Aubert b,1 , I. Buchheit c,d , S. Derreumaux b , É. Lartigau e , I. Latorzeff f,g , A. Lisbona h,1 , G. Marinello i,1 , P. Ménéchal j,1 , D. Porcheron c,k , N. Zeghari Squalli l,2 , A. Isambert m,3 a Département de radiothérapie, centre Antoine-Lacassagne, 33, avenue de Valombrose, 06189 Nice cedex 2, France Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), BP 17, 92262 Fontenay-aux-Roses cedex, France c Société française de physique médicale (SFPM), centre Antoine-Béclère, faculté de médecine, 45, rue des Saints-Pères, 75006 Paris, France d Centre Alexis-Vautrin, 6, avenue de Bourgogne, 54511 Vandœuvre-lès-Nancy, France e Centre Oscar-Lambret, 3, rue Frédéric-Combemale, BP 307, 59020 Lille cedex, France f Centre régional de radiochirurgie stéréotaxique, CHU Rangueil, avenue Jean-Poulhès, 31052 Toulouse cedex, France g Service de radiothérapie, groupe Oncorad-Garonne, clinique Pasteur, « L’Atrium », 1, rue de la Petite-Vitesse, 31300 Toulouse, France h Service de physique médicale, centre René-Gauducheau CLCC Nantes Atlantique, site hospitalier Nord, boulevard Jacques-Monod, 44805 Nantes Saint-Herblain cedex, France i Unité de radiophysique et de radioprotection du patient, CHU Henri-Mondor, 51, avenue du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, 94010 Créteil, France j Unité de radioprotection, hôpital Necker-Enfants-malades, 149, rue de Sèvres, 75730 Paris cedex 15, France k Hôpital de la Timone, 264, rue Saint-Pierre, 13385 Marseille cedex 5, France l Haute autorité de santé, 2, avenue du Stade-de-France, 93218 Saint-Denis-La Plaine cedex, France m Service de physique, institut de cancérologie Gustave-Roussy, 114, rue Édouard-Vaillant, 94805 Villejuif cedex, France b i n f o a r t i c l e Historique de l’article : Reçu le 25 juillet 2011 Reçu sous la forme révisée le 26 juillet 2011 Accepté le 27 juillet 2011 Mots clés : Radiothérapie stéréotaxique Conditions d’exercice Neurochirurgie Avis r é s u m é Objectif de l’étude. – À la demande de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), un groupe de travail composé d’experts pluridisciplinaires a travaillé pour élaborer un rapport sur les conditions d’exercice de la radiothérapie stéréotaxique et de la radiophysique médicale associée. Matériel et méthodes. – Le groupe de travail a auditionné plusieurs experts en radiothérapie stéréotaxique, notamment les neurochirurgiens et neuroradiologues, mais aussi les oncologues radiothérapeutes, les physiciens médicaux et les manipulateurs en radiothérapie. Le groupe de travail a réalisé une enquête internationale pour connaître les réglementations et recommandations existantes en matière de radiothérapie stéréotaxique. Un état des lieux de la pratique de radiothérapie stéréotaxique en France a été réalisé auprès de 29 centres pratiquant cette technique. Le rapport du groupe de travail a été soumis à l’avis du groupe d’experts médicaux de l’ASN. Résultats. – Parmi les 13 pays interrogés, les textes réglementaires sont rares et mentionnent pour certains l’obligation de réaliser la radiothérapie stéréotaxique au sein d’un service de radiothérapie et de réserver sa pratique à des professionnels disposant d’une formation spécifique. Des recommandations ont été publiées aux États-Unis décrivant le rôle de chaque intervenant au cours de l’acte de radiothérapie stéréotaxique. En France, il existe des appareils dédiés à cette technique qui est aussi réalisée avec des accélérateurs classiques adaptés. En 2009, dans les 29 centres interrogés, 4247 patients ont bénéficié d’une radiothérapie stéréotaxique (soit environ 4 % des radiothérapies externes), dont 3383 pour des lésions intracrâniennes et 864 extracrâniennes. Dans son rapport, le groupe de travail a émis sept recommandations, dont notamment la nécessité de considérer tout acte de radiothérapie stéréotaxique comme un acte de radiothérapie. Le rapport du groupe d’experts médicaux de l’ASN recommande de modifier le décret du 19 mars 2007 concernant « la radiochirurgie ». ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (J.-P. Gérard). 1 Membre du groupe permanent d’experts en radioprotection médicale. 2 Observateur. 3 Secrétaire technique du groupe de travail, direction des rayonnements ionisants et de la santé, autorité de sûreté nucléaire. 1278-3218/$ – see front matter © 2012 Publié par Elsevier Masson SAS pour la Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). doi:10.1016/j.canrad.2011.07.248 S6 J.-P. Gérard et al. / Cancer/Radiothérapie 16S (2012) S5–S9 Conclusion. – La radiothérapie stéréotaxique, dont le service médical rendu est reconnu, verra sa pratique se développer dans les années prochaines. Ce travail à travers ses recommandations pratiques et ses propositions réglementaires, souhaite participer à une croissance maîtrisée de cette technique de radiothérapie. © 2012 Publié par Elsevier Masson SAS pour la Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). a b s t r a c t Purpose. – At the request of the French nuclear safety authority (Autorité de Sûreté Nucléaire, ASN) a working party of multidisciplinary experts was initiated to elaborate a report regarding propositions for the clinical practice of stereotactic radiation therapy and the related medical physics. Material and methods. – Several stereotactic radiation therapy experts were audited by the working party, especially neurosurgeons and neuroradiologists, as well as radiation oncologists, medical physicists and radiation technologists. An international survey was conducted looking at legal requirements and guidelines concerning stereotactic radiation therapy. A national survey was conducted in France among 29 departments performing stereotactic radiation therapy. The working party report was submitted for advice to the permanent group of medical experts of ASN. Results. – Among the 13 countries who responded, very few have legal documents. Some of them are stating that stereotactic radiation therapy must be performed in a radiotherapy department and only by well-trained professionals. Guidelines describing the role of each participant have been published in the USA. In France, stereotactic radiation therapy is performed with dedicated machines or adapted linear accelerators. In 2009, within the 29 departments, 4247 patients were treated with stereotactic radiation therapy representing 4% of the patients treated with external beam radiation therapy. Intracranial lesions were: 3383 and extracranial: 864. The working party of multidisciplinary experts made 7 recommendations. The first one saying that stereotactic radiation therapy must be considered as a radiotherapy. The permanent group of medical experts is asking to modify the “décret du 19 mars 2007” regarding “radiosurgery”. Conclusion. – The medical benefit of stereotactic radiation therapy is well admitted and it is an increasingly used technique. This work through practical guidelines and legal propositions intends to promote a well-controlled development of this radiotherapy technique. © 2012 Published by Elsevier Masson SAS on behalf of the Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). 1. Introduction Après l’accident de radiothérapie stéréotaxique survenu à Toulouse en 2007 [1], le groupe permanent d’experts en radioprotection médicale a été saisi en octobre 2009 par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) pour donner, dans les limites de sa légitimité et de ses compétences, un avis sur les conditions d’exercice de la radiothérapie stéréotaxique et de la radiophysique médicale associée et identifier dans le décret no 2007-365 du 19 mars 2007 concernant les activités de soins en neurochirurgie les points critiques concernant la radiothérapie stéréotaxique. Un groupe de travail composé d’experts pluridisciplinaires a été constitué à cet effet et cet article résume sa méthode de travail, ses résultats et conclusions. 2. Matériel et méthode Le groupe de travail a été constitué de cinq experts du groupe permanent d’experts en radioprotection médicale (BA, JPG, AL, GM, PM), d’oncologues radiothérapeutes (EL, IL), de physiciens médicaux (IB, DP), de membre de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) (SD), tous ayant une expérience en radiothérapie stéréotaxique. La Haute autorité de santé (HAS) a également assisté aux réunions du groupe comme observateur (NZS). L’assistance technico-scientifique a été assurée par une physicienne médicale auprès de l’ASN (AI). Entre le 16 décembre 2009 et le 10 mai 2010, le groupe de travail sur la radiothérapie stéréotaxique s’est réuni six fois au siège de l’ASN à Paris. Il a procédé à : • la définition d’un « périmètre de réflexion » encadrant la notion de radiothérapie stéréotaxique ; • une enquête au niveau international sur la réglementation et les recommandations existantes en matière de radiothérapie stéréotaxique ; • une enquête par questionnaire auprès de centres français pour faire un état des lieux concernant la radiothérapie stéréotaxique ; • des auditions de professionnels invités à exposer leur expérience en matière de radiothérapie stéréotaxique dans leur domaine de compétence. Ont été auditionnés ainsi : quatre neurochirurgiens, trois neuroradiologues, deux oncologues radiothérapeutes, deux physiciens médicaux et trois manipulateurs de radiothérapie. Ces personnes avaient été désignées par leurs sociétés savantes respectives en fonction de leur expérience en radiothérapie stéréotaxique ; • la rédaction d’un rapport qui a été soumis à tous les experts auditionnés pour avis et corrections puis présenté le 22 juin 2010 au groupe permanent d’experts en radioprotection médicale de l’ASN. Ce dernier, ayant adhéré aux recommandations du groupe de travail, a souhaité que son contenu fasse l’objet d’une large diffusion. 3. Résultats 3.1. « Périmètre de réflexion » Compte tenu de l’évolutivité et de la diversité certaines de la radiothérapie stéréotaxique telles que constatées au travers des diverses enquêtes réalisées par le groupe de travail sur la radiothérapie stéréotaxique, le périmètre de réflexion suivant a été proposé : « La radiothérapie stéréotaxique représente l’ensemble des techniques de radiothérapie externe, en constante évolution, utilisant des appareils d’irradiation avec équipements dédiés4 4 Cadre, collimateurs, condition de repérage, contention, suivi de la cible en temps réel, table de traitement, logiciels, mini-faisceaux. . . J.-P. Gérard et al. / Cancer/Radiothérapie 16S (2012) S5–S9 permettant de délivrer un traitement de précision d’ordre millimétrique et utilisant de multiples minifaisceaux, en règle générale non coplanaires. Ces techniques ont été utilisées à l’origine pour des cibles intracrâniennes (radiochirurgie). Un traitement par radiochirurgie est défini comme un traitement par irradiation stéréotaxique en séance unique, généralement avec cadre invasif (effractif). La radiothérapie stéréotaxique concerne aujourd’hui des cibles intracrâniennes et extracrâniennes, pour des affections malignes ou bénignes. Sa décision et sa mise en œuvre sont de nature pluridisciplinaire. La dose totale est délivrée soit en séance unique soit de façon hypofractionnée (dix séances ou moins). Les techniques d’hadronthérapie n’entrent pas dans le cadre de ce rapport. ». 3.2. Réglementations et recommandations au niveau international Des réponses ont été obtenues de 13 pays différents parmi les 17 pays interrogés. De façon générale, dans ces pays, il n’y a pas à ce jour de réglementation ni de recommandations spécifiques à la pratique de la radiothérapie stéréotaxique, à l’exception de deux guides pratiques publiés conjointement aux États-Unis par l’ American College of Radiology (ACR) et l’American Society for Therapeutic Radiology and Oncology (ASTRO) concernant la radiochirurgie et la radiothérapie stéréotaxique extracrânienne (stereotactic body radiation therapy, [SBRT]), qui décrivent de façon extensive le rôle et les responsabilités de chaque professionnel intervenant au cours de la radiothérapie stéréotaxique [2,3]. Quelques pays possèdent des documents partiellement rédigés. Les points suivants peuvent être retenus : au Canada, la Canadian Association of Radiation Oncology (Caro) spécifie clairement que la radiochirurgie est du domaine de la radiothérapie [4]. D’un point de vue réglementaire, en Belgique l’appareil d’irradiation destinée à la radiothérapie stéréotaxique doit être installé dans un département de radiothérapie ou dans un site satellite qui en dépend. En Finlande, les personnes impliquées dans la radiothérapie stéréotaxique doivent recevoir une formation qualifiante avec mise à jour des compétences tous les cinq ans. En Hollande, les physiciens médicaux, avant de participer aux actes de radiothérapie stéréotaxique, doivent bénéficier d’une formation adaptée. En France, il existe une réglementation (décret, arrêté, circulaire) très précise qui encadre l’organisation de la radiothérapie. Les documents publiés par la Société française de radiothérapie oncologique (SFRO) et la Société française de physique médicale (SFPM) servent de base aux recommandations professionnelles [5]. 3.3. État des lieux actuel de la radiothérapie stéréotaxique en France Au vu des 29 questionnaires adressés et reçus concernant la pratique de la radiothérapie stéréotaxique en France, il est possible en mai 2010 de dresser le tableau suivant. Il existe 27 centres déclarant pratiquer la radiothérapie stéréotaxique et qui disposent des équipements suivants : • Gamma Knife® : trois appareils installés dans deux centres (Assistance publique–Hôpitaux de Marseille avec deux appareils dont un PerfexionTM ; centre hospitalier universitaire [CHU] de Lille) ; un Gamma Knife PerfexionTM a été installé au second semestre 2010 à l’Assistance publique–Hôpitaux de Paris (hôpital de La Pitié-Salpêtrière) ; • deux Novalis® (CHU de Toulouse et centre de lutte contre le cancer [CLCC] de Nantes) ; un Novalis TXTM a été installés en 2010 au CLCC de Strasbourg et un autre à Reims à la clinique Courlancy ; S7 Tableau 1 Nombre de patients traités en 2009 par irradiation stéréotaxique + : réponses provenant de 28 centres ayant répondu au questionnaire. Number of patients treated by stereotactic irradiation in 2009 : results from a survey of 28 hospitals in France. Type et nombre d’appareils Radiothérapie stéréotaxique intracrânienne Radiothérapie stéréotaxique extracrânienne Gamma Knife® : 3 (2 centres) Novalis® : 2 CyberKnife® : 3 Accélérateurs classiques avec équipement dédié : 20 Total 1380 NA 329 109 1565 6 510 348 3383 864 Nombre total de patients traités 4247 NA : non applicable. • trois CyberKnife® (CLCC de Nancy, Nice et Lille) ; un CyberKnife® a aussi été installé en 2010 au CHU de Tours et un autre au CLCC de Lyon ; • des accélérateurs équipés de systèmes dédiés divers permettant la réalisation de radiothérapie stéréotaxique ont été installés dans 21 centres publics ou privés [6]. Ces 27 centres ont traité en 2009 un total de 4247 patients dont une large majorité (3383 patients) de lésions intracrâniennes bénignes ou malignes (Tableau 1). En 2009, « l’Observatoire national de la radiothérapie » recensait 174 centres de radiothérapie, dont 53 % en secteur libéral [7]. Les 157 centres ayant répondu disposaient de 399 appareils de radiothérapie externe (dont deux appareils de télécobalthérapie) et avaient traités par irradiation externe 155 000 patients. Ainsi, la radiothérapie stéréotaxique représente environ 3 % des irradiations externes en France en 2009. En 1996, le nombre de radiothérapies stéréotaxiques était de 755. Les principales indications intracrâniennes de radiothérapie stéréotaxique sont des lésions bénignes (méningiome, adénome hypophysaire, neurinome, malformation artérioveineuse), des tumeurs malignes notamment des métastases cérébrales et des irradiations fonctionnelles (névralgie faciale, épilepsie, maladie de Parkinson), ces dernières étant essentiellement traitées avec les Gamma Knife® . En dehors du crâne, la radiothérapie stéréotaxique s’adresse surtout aux tumeurs bronchiques et hépatiques primitives ou secondaires mais aussi aux lésions vertébrales et paraspinales, à certains cancers de la prostate, du rein, du sein et à des réirradiations notamment en ORL. Les modalités de radiothérapie stéréotaxique varient d’un centre à l’autre en fonction des appareils utilisés et des organisations mises en place. Les dimensions (diamètre) minimales des collimateurs utilisés sont de 4 à 6 mm pour les appareils dédiés (Gamma KnifeTM , CyberKnife® , Novalis® ) et de 6 à 30 mm pour les accélérateurs standard avec équipements dédiés. Il existe également des différences concernant le personnel attaché à ces techniques, la géographie des locaux, les procédures de réalisation des actes et les contrôles qualité. 3.4. Synthèse des auditions Les auditions ont permis de dégager une forte convergence de point de vue sur les aspects essentiels à une bonne organisation de la radiothérapie stéréotaxique notamment en ce qui concerne : S8 J.-P. Gérard et al. / Cancer/Radiothérapie 16S (2012) S5–S9 • la nécessité d’une unité de lieu au cours du processus limitant au minimum les déplacements du patient et permettant aux divers intervenants d’être joignables à tout moment et d’être présents sur place en fonction du déroulement du processus ; • l’existence d’une équipe pluridisciplinaire qu’imposent la complexité et la minutie de cette technique ; • une formation indispensable de l’ensemble de l’équipe avant toute mise en œuvre de la technique ; • un programme d’assurance qualité qui encadre l’ensemble de la démarche tout au long de la chaîne de l’imagerie diagnostique jusqu’à l’acte thérapeutique et à son suivi ; • le besoin, au moins dans les proches années à venir, de ne pas trop disperser l’offre de soins en matière de radiothérapie stéréotaxique. Des seuils d’autorisation pourraient reposer sur un nombre minimum d’actes variant entre 50 et 100 cas par an. 3.5. Recommandations À l’issue des auditions, le groupe de travail a élaboré et hiérarchisé sept recommandations qui peuvent permettre d’optimiser l’organisation des établissements pratiquant actuellement la radiothérapie stéréotaxique et aider les nouveaux établissements à structurer leur projet. Ces propositions adaptées au contexte de 2010 seront sans doute amenées à évoluer en fonction des progrès techniques qui apparaîtront dans les années à venir. Les sept recommandations émises sont les suivantes : • tout acte de radiothérapie stéréotaxique doit être considéré comme un acte de radiothérapie et soumis aux règles d’autorisation, d’assurance qualité et critères d’agrément qui lui sont applicables ; • cette technique ne doit être autorisée que pour les centres disposant d’un équipement adapté, d’une équipe pluridisciplinaire complète et formée et atteignant ou susceptible d’atteindre un seuil minimal d’activité à fixer ; • l’établissement souhaitant pratiquer cette technique doit s’engager à disposer des ressources humaines et des moyens matériels et managériaux nécessaires à sa bonne réalisation et à les maintenir ; • la complexité et le degré de précision de cette technique imposent, au delà de la formation initiale, une formation complémentaire diplômante théorique et pratique pour l’ensemble des personnes désirant la réaliser ; • une décision fixant les modalités spécifiques de contrôle de qualité interne et externe des équipements et dispositifs incluant les différentes modalités d’imagerie nécessaires à la mise en œuvre de l’acte de radiothérapie stéréotaxique est hautement souhaitable. Cette technique nécessite par ailleurs un programme assurance qualité par toutes les spécialités concernées et dans lequel les physiciens médicaux jouent un rôle essentiel ; • des protocoles d’étalonnage validés au plan national et international doivent être mis en place pour la dosimétrie des minifaisceaux ; • les constructeurs doivent garantir une aide technique et dosimétrique et dispenser une formation adaptée lors de l’installation d’un appareil dédié ou lors de toute modification substantielle d’un équipement ou dispositif impliqué dans la radiothérapie stéréotaxique. 3.6. Avis du groupe de travail sur le décret no 2007-365 du 19 mars 2007 Conformément à la lettre de mission reçue de l’ASN, le groupe de travail a procédé, conjointement avec les divers spécialistes auditionnés, à une lecture attentive du décret no 2007-365 relatif aux conditions techniques des activités de soins en neurochirurgie. À la suite de l’avis du groupe de travail, le groupe permanent d’experts en radioprotection médicale recommande les modifications suivantes : • à l’article D6124-137 du code de la santé publique : l’activité mentionnée « intervention de radiochirurgie. . . » consiste en fait en une radiothérapie stéréotaxique intracrânienne en séance unique. Cette pratique de radiothérapie doit être réalisée conformément à la réglementation. Le groupe permanent d’experts en radioprotection médicale insiste tout particulièrement sur l’organisation pluridisciplinaire des traitements et notamment sur l’importance du rôle de la physique médicale. Si malgré tout, le terme de « radiochirurgie » devait persister, il conviendrait de le limiter aux irradiations intracrâniennes en séance unique avec cadre invasif ; • à l’article D6124-139 du code de la santé publique : les actes de radiothérapie stéréotaxique intracrânienne devraient nécessiter l’accès à un plateau technique de radiothérapie dédié dans le cadre d’une organisation pluridisciplinaire (éventuellement par convention entre établissements). L’unité de lieu doit être privilégiée afin de limiter les déplacements du patient et du personnel au strict minimum requis et permettre la possibilité d’une action conjointe des diverses personnes intervenant au cours du processus de soin ; • le terme « appareil de radiochirurgie dédié » doit être remplacé par « appareil de radiothérapie spécifique ou avec équipements dédiés » ; • un texte réglementaire spécifique à la radiothérapie stéréotaxique pourrait rassembler l’ensemble des points concernant cette activité pluridisciplinaire et pourrait préciser les conditions particulières d’exercice en faisant notamment référence aux obligations réglementaires de tout acte de soins en radiothérapie. 4. Discussion Cet article est le fruit du travail d’un groupe d’experts pluridisciplinaires qui a réfléchi aux conditions d’organisation de la radiothérapie stéréotaxique essentiellement sous l’angle de la sécurité et de la radioprotection. Le rapport du groupe de travail, qui sera disponible en ligne sur le site de l’ASN [8] dès la publication de la délibération de l’ASN sur ce sujet, a été soumis à discussion dans le cadre du groupe permanent d’experts en radioprotection médicale. Ce dernier a rendu un avis, transmis à l’ASN, qui recommande de modifier les textes réglementaires encadrant les actes de radiothérapie stéréotaxique intracrâniens. Ainsi, l’ensemble de ces documents est mis à disposition des acteurs de la santé pour permettre un développement dynamique et rigoureux des techniques de radiothérapie stéréotaxiques dont le service médical rendu est bien reconnu et qui sont appelées à un fort développement dans les années prochaines. Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. Références [1] Rapport IGAS ASN « Éléments d’analyse et recommandations sur l’accident de radiothérapie survenu au CHU de Toulouse ». Paris : Inspection générale des affaires sociales ; 2008. Disponible à l’adresse : http://www.sante-jeunessesports.gouv.fr/IMG/pdf/Rapport Synthese ASN IGAS.pdf. [2] Potter L, Kavanagh B, Galvin JM, Hevezi JM, Janjan N, Larson DA, et al. American Society for Therapeutic Radiology and Oncology (ASTRO) and American College of Radiology (ACR) practice guidelines for the performance of stereotactic body radiation therapy. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2010;76: 326–32. J.-P. Gérard et al. / Cancer/Radiothérapie 16S (2012) S5–S9 [3] Health Net. National Medical Policy. Practice Guideline for the Performance of Stereotactic Radiosurgery, ACR Practice Guideline, 2006 July. Policy number NMP278. [4] Roberge D, Ménard C, Bauman G, Chan A, Mulroy L, Sahgal A, et al. Radiosurgery scope of practice in Canada: a report of the Canadian association of Radiation Oncology (CARO) radiosurgery advisory committee. Radiother Oncol 2010;95:122–8. [5] Gérard JP, Bolla M. Guide des procédures de radiothérapie externe 2007 de la SFRO. Cancer Radiother 2008;12:143–313. S9 [6] Ayadi M, Ginestet C, Gassa F, Claude L, Mazeron JJ. Radiothérapie stéréotaxique par accélérateurs adaptés ou dédiés. Bull Cancer 2010;97: 791–806. [7] Observatoire national de la radiothérapie. Rapport d’enquête : situation fin 2009. Boulogne-Billancourt : Institut national du cancer ; disponible à l’adresse : http://www.e-cancer.fr/toutes-les-actualites/360/4742-publicationdu-rapport-denquete-de-lobservatoire-national-de-la-radiotherapie-2010 (accès le 27/7/2011), 2010. [8] www.asn.fr [page d’accueil sur Internet]. Paris : Autorité de sûreté nucléaire.