01135-57F injuries and death v5

Transcription

01135-57F injuries and death v5
Blessures et homicides
d’enfants causés par
leurs parents
Nico Trocmé, Jules Lajoie, Barbara Fallon et Caroline Felstiner
Ce feuillet d’information fait état des statistiques de violence physique contenues dans
l’Étude canadienne sur l’incidence des signalements de cas de violence et de négligence envers
les enfants (ECI)2,3 et de l’incidence des cas
d’homicides d’enfants aux mains de leurs
parents, telle que documentée dans le rapport L’homicide au Canada4,5 publié par le
Centre canadien de la statistique juridique.
L’ECI est une enquête nationale sur la surveillance des mauvais traitements à laquelle
procède tous les cinq ans l’Agence publique
de santé du Canada, par l’entremise de l’Université McGill, de l’Université de Toronto et
l’Université de Calgary. Les deux premiers
cycles de cette étude nationale ont eu lieu en
1998 et 2003. L’information a été recueillie
directement auprès des travailleurs enquêteurs de la protection de l’enfance, qui ont
répondu en adhérant à une définition normalisée des concepts de maltraitance. L’enquête de 2003, réalisé à partir d’un échantillon constitué de 11 560 enquêtes sur des cas
présumés de maltraitance, visait à fournir
des estimations sur l’ampleur du problème
dans l’ensemble du pays, à l’exception du
Québec.6 Au Canada, les homicides d’enfants
sont documentés dans le rapport intitulé
L’homicide au Canada, produit par le Centre
canadien de la statistique juridique. Ce
document recense tous les homicides signalés par les autorités policières du pays.
Sévices physiques
Le graphique de la Figure 1 montre le nombre estimatif de cas corroborés de mauvais
traitements signalés par les autorités de protection de l’enfance au Canada, à l’exception
du Québec, en 1998 et en 2003, en distin-
guant les cas où des sévices physiques ont
été infligés et les autres. Dans plus de 8 000
(18 %) des cas corroborés de maltraitance en
1998 – englobant les cas de sévices physiques et sexuels, de négligence et de violence
psychologique – les enfants ont été victimes
de sévices physiques. En 2003, le nombre de
victimes de sévices physiques dépassait
10 000, soit une proportion de 10 % des
103 298 cas corroborés de maltraitance d’enfants signalés par les services de protection
de la jeunesse.
Figure 1: Nombre de cas de sévices
physiques corroborés constatés
lors des enquêtes sur la
maltraitance d’enfants.
Estimations de l’ECI de 1998
et de 2003 pour le Canada, à
l’exception du Québec
120 000
Aucun sévice
Enfants victimes de maltraitance
CEPB
2007 | #57F
1
100 000
Sévice physique
80 000
60 000
40 000
20 000
8 519
10 222
1998
2003
0 000
Dans les cas de maltraitance mettant en
cause des sévices physiques, on a demandé
aux enquêteurs de décrire le genre et la
gravité des sévices infligés, en fonction de
Tableau 1 : Nature et gravité des sévices physiques constatés dans les cas de maltraitance corroborés
signalés en 1998 et en 2003 au Canada, à l’exception du Québec *
1998
Nombre
d’enquêtes
Ecchymoses/coupures/ écorchures
Soins requis
Brûlures/échaudures
Soins requis
Fractures
Soins requis
Traumatismes crâniens
Soins requis
Autres problèmes de santé
Soins requis
6 134
2003
Taux pour
1 000 enfants
Nombre
d’enquêtes
1,27
8 366
15 %
458
0,09
261
0,04
169
0,04
100 %
0,08
371
59 %
2 110
0,05
61 %
100 %
390
1,76
14 %
52 %
176
Taux pour
1 000 enfants
0,08
77 %
0,44
2 916
46 %
0,61
55 %
* Les estimations des deux cycles de l’ECI reposent sur des échantillons de 668 et de 647 enquêtes sur la maltraitance mettant en
cause des sévices physiques signalées en 1998 et en 2003, respectivement.
l’ampleur des soins médicaux requis. S’il est vrai que
le nombre de cas comportant des sévices physiques a
augmenté globalement, la hausse est néanmoins
attribuable à des blessures mineures (ecchymoses,
coupures et écorchures), qui, dans 85 % des cas,
n’exigeaient pas de soins médicaux (Tableau 1).
L’incidence des blessures graves imputables à de
mauvais traitements est par ailleurs stable.
L’incidence des fractures et des traumatismes
crâniens s’établit encore respectivement à 0,04 et à
0,08 pour 1 000 enfants, alors qu’on constate une
diminution des brûlures. En effet, le nombre de
blessures par brûlures et échaudures est passé de 0,09
pour 1 000 en 1998 à 0,05 en 2003. En 2003, moins
de 3 000 enfants victimes de maltraitance, soit 3 %
des cas corroborés, ont subi des blessures nécessitant
des soins médicaux.
Tableau 2 : Homicides d’enfants de moins de 13 ans aux mains d’un leurs parents
Année
Nombre de victimes
Année
Nombre de victimes
1974
42
1990
31
1975
27
1991
28
1976
44
1992
32
1977
43
1993
32
1978
56
1994
43
1979
47
1995
36
1980
27
1996
41
1981
27
1997
52
1982
31
1998
47
1983
32
1999
27
1984
50
2000
27
1985
31
2001
30
1986
50
2002
31
1987
30
2003
23
1988
28
2004
27
1989
37
2005
13
Sources : 1) Statistique Canada. Centre canadien de la statistique juridique. Child Homicide Survey,1974–1994. Disponible en ligne sur le
site du Centre canadien de la statistique juridique à : http://www.statcan.ca/english/Dli/Data/Ftp/ccjs/hs.htm ; 2) Fedorowycz, O. (2001).
L’homicide au Canada: 2000. Juristat, 21(9), 1–22; 3) Dauvergne, M. et Li, G. (2006). L’homicide au Canada: 2005, Juristat, 26(6), 1–25.
Blessures et homicides d’enfants causés par leurs parents
2
Décès
Au Canada au cours des 30 dernières années, le
nombre d’enfants de moins de 13 ans tués aux
mains d’un de leurs parents s’élève à 35 par année
en moyenne. Comme le montrent le Tableau 2 et la
Figure 2, le nombre d’homicides d’enfants a fluctué
au cours de cette période, le maximum de 56 homicides a été atteint en 1978 et le minimum de 13, en
2005. Malgré l’apparente diminution du nombre
d’homicides d’enfants constatée depuis 1999, il
convient d’interpréter les fluctuations sur de longues
périodes et prendre en considération l’évolution de
la population d’enfants avant de dégager des
tendances significatives.
Figure 2: Enfants de 13 ans ou moins tués par leurs
parents au Canada, 1974–2005
1
Cette feuille d'information se fonde sur le rapport : Trocmé,
N., B. Fallon, B. MacLaurin, J. Daciuk, C. Felstiner, T. Black
et collab. (2005). Étude canadienne sur l’incidence des signalements de cas de violence et de négligence envers les enfants –
2003: données principales, Ottawa, ON, Ministre des Travaux
publics et des Services gouvernementaux du Canada.
2
Trocmé, N., B. Fallon, B. MacLaurin, J. Daciuk, C. Felstiner,
T. Black et collab. (2005). Étude canadienne sur l’incidence des
signalements de cas de violence et de négligence envers les
enfants – 2003: données principales, Ottawa, ON, Ministre des
Travaux publics et des Services gouvernementaux du
Canada.
3
Trocmé, N., B. MacLaurin, B. Fallon, J. Daciuk,
D. Billingsley, Tourigny, M. et collab. (2001). Étude
canadienne sur l’incidence des signalements de cas de violence et
de négligence envers les enfants – 1998: rapport final, Ottawa,
ON, Ministre des Travaux publics et des Services
gouvernementaux du Canada.
4
Fedorowycz, O. (2001). « L’homicide au Canada, 2000 »,
Juristat, vol. 21, no 9, p. 1–22.
5
Dauvergne, M. et G. Li (2006). « L’homicide au Canada,
2005 » Juristat, vol. 26, no 6, p. 1–25.
6
En raison des différences dans les méthodes de cueillette des
données, il a été impossible à partir du cycle de 2003 de
l’enquête d’inférer une approximation de l’ampleur des cas
de sévices pour le Québec.
60
50
40
30
20
10
0
’74 ’76 ’78 ’80 ’82 ’84 ’86 ’88 ’90 ’92 ’94 ’96 ’98 ’00 ’02 ’04
Sources : 1) Statistique Canada. Centre canadien de la statistique
juridique. Child Homicide Survey, 1974-1994. Disponible en ligne
sur le site du Centre canadien de la statistique juridique. Site
Enquête sur l’homicide à : http://www.statcan.ca/english/
Dli/Data/Ftp/ccjs/hs.htm; 2) Fedorowycz, O. (2001). L’homicide au
Canada: 2000. Juristat, 21(9), 1–22; 3) Dauvergne, M. et Li, G.
(2006). L’homicide au Canada: 2005, Juristat, 26(6), 1–25.
Résumé
Malgré la forte augmentation du nombre de
signalements de cas de maltraitance d’enfants au
Canada, le nombre de victimes grièvement blessées
ou tuées par leurs parents demeure constant. En effet,
moins de 3 % des victimes de cas corroborés, soit
moins de 3 000 cas signalés en 2003, ont subi des
sévices physiques graves et le nombre d’homicides
par année se chiffre toujours à 35 en moyenne.
Au sujet des auteurs : M. Nico Trocmé est le directeur
scientifique du Centre de recherche sur l’enfance et la
famille, à l’École de travail social de l’Université McGill.
Jules Lajoie est le coordonnateur des communications du
Centre de recherche sur l’enfance et la famille, à l’École de
travail social de l’Université McGill. Barbara Fallon est
professeure adjointe à l’École de travail social de l’Université de Toronto. Caroline Felstiner est coadministratrice de
l’Enquête canadienne sur l’incidence.
Citation suggérée : Trocmé, N., J. Lajoie, B. Fallon et
C. Felstiner (2007). Blessures et homicides d’enfants causés par
leurs parents, feuillet d’information CEPB #57F, Toronto, ON,
Université de Toronto, École de travail social, téléchargé
[date] de www.cecw-cepb.ca/DocsFra/Injuries57F.pdf
Les feuillets du CEPB sont produits et distribués par le
Centre d’excellence pour la protection et le bien-être des
enfants afin de rendre accessible la recherche canadienne
en protection de l’enfance.
Le Centre d’excellence pour la protection et le bien-être des enfants (CEPB)
est l’un des Centres d’excellence pour le bien-être des enfants financés par
l’Agence de santé publique du Canada. Le CEPB est également financé
par les Instituts de recherche en santé du Canada et par Bell Canada. Les
opinions exprimées dans ce document ne représentent pas nécessairement
la politique officielle des bailleurs de fonds du CEPB.
Ce feuillet d’information peut être téléchargé à :
www.cecw-cepb.ca