2011 ÉTUDE MONDIALE SUR L`HOMICIDE
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2011 ÉTUDE MONDIALE SUR L`HOMICIDE
OFFICE DES NATIONS UNIES CONTRE LA DROGUE ET LE CRIME Vienne 2011 ÉTUDE MONDIALE SUR L’HOMICIDE TENDANCES/CONTEXTES/DONNÉES Office des Nations Unies contre la drogue et le crime Copyright 2011 © Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) Remerciements L’Étude mondiale sur l’homicide 2011 a été réalisée par la Section des statistiques et des enquêtes, sous la supervision de Sandeep Chawla, Directeur de la Division de l’analyse des politiques et des relations publiques. Équipe chargée de l’étude Coordination des recherches et préparation de l’étude Angela Me, Enrico Bisogno, Steven Malby Recherche, analyse et traitement des données Michael Jandl, Philip Davis, Catherine Pysden, Umidjon Rahmonberdiev, Felix Reiterer, Elizabeth Gurian, Cristina Mesa Vieira, Alberto Aziani and Mariaelena Cenci Révision Jonathan Gibbons Conception graphique, montage et cartographie Suzanne Kunnen et Kristina Kuttnig (Section des études et de l’analyse des menaces) De nombreux fonctionnaires de l’ONUDC (au siège ainsi que dans les bureaux régionaux et de pays) ont apporté leur précieuse contribution à cette étude, de même qu’un grand nombre d’experts nationaux qui, depuis des années, communiquent à l’ONUDC des données sur la criminalité et la justice pénale. L’Organisation mondiale de la Santé a aimablement fourni les données de santé publique présentées dans cette étude. L’Organisation des États américains a aidé l’ONUDC à recueillir les données concernant les Amériques. De nombreux experts travaillant dans des instituts de recherche ou des organisations internationales ont commenté les versions préliminaires de l’étude et y ont apporté des contributions extrêmement utiles. Cette étude a également vu le jour grâce à la contribution financière du projet Small Arms Survey. AVERTISSEMENT La présente publication n’a pas fait l’objet d’une mise au point rédactionnelle. Les appellations employées dans la publication et la présentation des données qui y figurent n’impliquent de la part de l’ONUDC et du Secrétariat de l’Organisation des Nations Unies aucune prise de position quant au statut juridique des pays, territoires, villes ou zones ou de leurs autorités, ni quant au tracé de leurs frontières ou limites. Image de couverture © Dreamstime.com TABLE DES MATIÈRES Préface5 Notes explicatives 7 Résumé analytique 9 Introduction15 1. LE TABLEAU MONDIAL 19 2. HOMICIDE ET DÉVELOPPEMENT 29 3. ARMES À FEU, TRAFIC ET CRIMINALITÉ ORGANISÉE 39 4. LES FEMMES ET L’HOMICIDE LIÉ AUX VIOLENCES CONJUGALES ET/OU FAMILIALES 57 5. HOMICIDE ET DÉMOGRAPHIE: QUI EST EN DANGER? 63 6. LE TABLEAU LOCAL 75 7. DIFFICULTÉS POSÉES PAR LES DONNÉES 83 8. ANNEXE MÉTHODOLOGIQUE 91 9. ANNEXE STATISTIQUE 103 3 PRÉFACE L’Étude mondiale sur l’homicide 2011, élaborée par l’ONUDC, rassemble en une publication unique des données mondiales, régionales, nationales et infranationales sur l’homicide. L’objectif poursuivi est que ces données et analyses sur la forme de criminalité la plus violente contre la personne contribuent aux efforts mondiaux visant à concevoir, à partir d’observations factuelles, des politiques de prévention et de réduction de la criminalité dans les zones et les groupes de population où la violence est la plus aiguë. La présente étude n’aurait pas été possible sans les efforts accrus des pays pour produire et partager des données de bonne qualité sur l’homicide. Néanmoins, les données concernant l’homicide sont loin d’être parfaites – en effet, l’étude met en lumière d’importantes lacunes géographiques et thématiques dans de nombreuses régions du monde – et la prudence sera toujours de mise en matière de comparaisons. Ceci est d’autant plus vrai que les systèmes et les pratiques juridiques, ainsi que les moyens pour enregistrer les cas d’homicide volontaire, peuvent varier considérablement d’un pays et d’une région à l’autre. En tout état de cause, un certain nombre de messages fondamentaux peuvent être extraits de la multitude de données qu’offre la présente étude. Premièrement, il existe un lien clair entre la criminalité violente et le développement: la criminalité entrave le développement humain et économique des populations pauvres, et s’en nourrit en retour. L’amélioration des conditions sociales et économiques va de pair avec la réduction de cette forme de criminalité. Les programmes de développement doivent également comporter des politiques de prévention de la criminalité et favoriser la primauté du droit, dans les pays aussi bien qu’au niveau international. La réduction de la criminalité violente devrait aussi être une priorité au regard des objectifs du Millénaire pour le développement, en particulier dans les pays où la criminalité atteint des sommets particulièrement élevés. La présente étude constitue aussi un progrès important dans notre compréhension des tendances et des caractéristiques de l’homicide. Il est crucial de reconnaître que les taux et les tendances de la criminalité violente sont le fruit de différents facteurs. Dans certaines régions, le crime organisé, le trafic de drogues et les cultures violentes des gangs de jeunes sont les premiers responsables des taux élevés d’homicides; ailleurs, les meurtres liés à la violence conjugale et/ou familiale représentent une part considérable des homicides. Il faut comprendre que, si la dramatique multiplication des homicides dans certains pays, particulièrement en Amérique centrale, rend plus visibles les activités de la criminalité organisée et du trafic de drogues, cela ne signifie pas que le crime organisé n’est pas actif dans d’autres régions aussi. Le rôle joué par les armes à feu est un autre aspect de la criminalité violente. Il est essentiel que les mesures de prévention du crime intègrent des politiques permettant la ratification et la mise en œuvre du Protocole des Nations Unies relatif aux armes à feu. Les politiques internes visant à appliquer les dispositions du Protocole peuvent contribuer à éviter le détournement des armes à feu, qui alimente la violence et multiplie les homicides. Il est indispensable de connaître les caractéristiques et les causes de la criminalité violente pour élaborer des stratégies préventives. Les hommes jeunes constituent le groupe le plus touché par les 5 ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide infractions violentes dans toutes les régions et en particulier dans les Amériques. De leur côté, les femmes de tous âges sont victimes de violences conjugales et/ou familiales dans toutes les régions et tous les pays. De fait, dans de nombreuses parties du monde, c’est au sein de son foyer qu’une femme risque le plus de se faire tuer. Comme le montre l’Étude mondiale sur l’homicide de 2011, la violence à caractère sexiste affecte un grand nombre de femmes de par le monde et constitue une lourde menace à l’encontre du développement harmonieux des sociétés. Face à ces tendances, l’ONUDC travaille sur un certain nombre d’activités, en partenariat avec d’autres organisations internationales. En tant que gardien des Règles et normes des Nations Unies en matière de prévention du crime et de justice pénale, l’ONUDC appuie les États dans leurs efforts de prévention de la criminalité et de la violence. L’Office a élaboré une série d’outils d’assistance technique pour la mise en pratique concrète des politiques et des programmes de prévention de la criminalité, conformément aux directives des Nations Unies pour la prévention du crime. L’Office, s’intéressant particulièrement à la lutte contre la violence faite aux femmes, a soutenu l’élaboration des Stratégies et mesures concrètes types dans le domaine de la prévention du crime et de la justice pénale, adoptées par l’Assemblée générale des Nations Unies. Enfin, je tiens à remercier toutes celles et tous ceux qui ont contribué à la préparation de la présente étude. L’Étude mondiale sur l’homicide de 2011 est essentielle à notre compréhension de la nature de l’homicide et contribuera à l’élaboration de stratégies visant à réduire les homicides partout dans le monde. Tout en relevant ces défis, nous ne devrons jamais oublier la dure réalité que peuvent cacher les chiffres: je veux parler des enfants, des femmes et des hommes qui, chaque jour, sont victimes de ce crime absolu. Yury Fedotov Directeur exécutif Office des Nations Unies contre la drogue et le crime 6 NOTES EXPLICATIVES Régions: Les désignations sous-régionales utilisées dans la présente étude ne sont pas officielles et n’impliquent de la part de l’ONUDC aucune prise de position quant au statut juridique des pays, territoires, villes ou zones ou de leurs autorités, ni quant au tracé de leurs frontières ou limites. La répartition des pays ou des zones en groupes spécifiques n’a qu’un but statistique et n’implique aucune supposition de la part de l’Organisation des Nations Unies quant aux affiliations politiques ou autres de ces pays ou territoires. Les désignations dans la présente étude sont basées sur le Codage statistique normalisé des pays et zones (M49) de l’ONU élaboré, utilisé et mis à jour par la Division des statistiques de l’Organisation. Elles sont définies comme suit: • • Afrique orientale: Burundi, Comores, Djibouti, Érythrée, Éthiopie, Kenya, Madagascar, Malawi, Maurice, Mozambique, Ouganda, République-Unie de Tanzanie, Rwanda, Seychelles, Somalie, Zambie, Zimbabwe. Afrique centrale: Angola, Cameroun, Congo (République du), Gabon, Guinée équatoriale, République centrafricaine, République démocratique du Congo, Sao Tomé-et-Principe, Tchad. • Afrique septentrionale: Algérie, Égypte, Libye, Maroc, Soudan, Tunisie. • Afrique australe: Afrique du Sud, Botswana, Lesotho, Namibie, Swaziland. • Afrique occidentale: Bénin, Burkina Faso, Cap-Vert, Côte d’Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Libéria, Mali, Mauritanie, Niger, Nigéria, Sénégal, Sierra Leone, Togo. • Caraïbes: Antigua-et-Barbuda, Bahamas, Barbade, Cuba, Dominique, Grenade, Guadeloupe, Haïti, Îles Caïmanes, Îles Turques et Caïques, Îles Vierges américaines, Îles Vierges britanniques, Jamaïque, Martinique, Montserrat, Porto Rico, République dominicaine, Saint-Kitts-et Nevis, Saint-Vincent-et-les Grenadines, Sainte-Lucie, Trinité-et-Tobago. • Amérique centrale: Belize, Costa Rica, El Salvador, Guatemala, Honduras, Mexique, Nicaragua, Panama. • Amérique septentrionale: Bermudes, Canada, États-Unis d’Amérique. • Amérique latine: Argentine, Bolivie (État plurinational de), Brésil, Chili, Colombie, Équateur, Guyane française, Guyana, Paraguay, Pérou, Suriname, Uruguay, Venezuela (République bolivarienne du). • Asie centrale: Kazakhstan, Kirghizistan, Ouzbékistan, Tadjikistan, Turkménistan. • Asie orientale: Chine (y compris Hong Kong, Macao, et Taïwan Province de Chine), Japon, Mongolie, République de Corée, République populaire démocratique de Corée. • Asie du Sud-Est: Brunéi Darussalam, Cambodge, Indonésie, Malaisie, Myanmar, Philippines, République démocratique populaire lao, Singapour, Thaïlande, Timor-Leste, Viet Nam. • Asie méridionale: Afghanistan, Bangladesh, Bhoutan, Inde, Iran (République islamique d’), Maldives, Népal, Pakistan, Sri Lanka. • Asie occidentale: Arabie saoudite, Arménie, Azerbaïdjan, Bahreïn, Chypre, Émirats arabes unis, Géorgie, Iraq, Israël, Jordanie, Koweït, Liban, Oman, Qatar, République arabe syrienne, Territoire palestinien occupé, Turquie, Yémen. Le terme Caucase renvoie à la sous-région qui inclut l’Arménie, l’Azerbaïdjan et la Géorgie. 7 ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide 8 • Europe orientale: Bélarus, Bulgarie, Hongrie, Fédération de Russie, Pologne, République de Moldova, République tchèque, Roumanie, Slovaquie, Ukraine. L’expression Europe centrale et orientale renvoie à une sous-région qui comporte la Bulgarie, la Hongrie, la Pologne, la République de Moldova, la République tchèque, la Roumanie, la Slovaquie. • Europe septentrionale: Danemark, Estonie, Finlande, Groenland, Irlande, Islande, Lettonie, Lituanie, Norvège, Suède, Royaume-Uni (parfois décomposé en Royaume-Uni (Angleterre et pays de Galle), Royaume-Uni (Écosse) et Royaume-Uni (Irlande du Nord)). L’expression pays baltes renvoie à une sous-région qui comporte l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie. • Europe méridionale: Albanie, Andorre, Bosnie-Herzégovine, Croatie, Espagne, ex-République yougoslave de Macédoine, Grèce, Italie, Malte, Monténégro, Portugal, Serbie, Slovénie. • Europe occidentale: Allemagne, Autriche, Belgique, France, Liechtenstein, Luxembourg, Monaco, Pays-Bas, Suisse. • Australie et Nouvelle-Zélande: Australie et Nouvelle-Zélande. • Mélanésie: Fidji, Îles Salomon, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Vanuatu. • Micronésie: Guam, Kiribati, Micronésie (États fédérés de), Nauru, Palaos. • Polynésie: Polynésie française, Samoa, Tonga. Cartes: Les frontières et noms indiqués sur les cartes n’impliquent ni reconnaissance ni acceptation officielles de la part de l’Organisation des Nations Unies. Le pointillé représente approximativement la ligne de contrôle au Jammu-et-Cachemire convenue par l’Inde et le Pakistan. Le statut définitif du Jammu-et-Cachemire n’a pas encore été fixé par les parties. Les frontières contestées entre la Chine et l’Inde sont représentées par des hachures en raison de la difficulté à donner suffisamment de détails à cet égard. Données démographiques: Les données démographiques utilisées dans la présente étude sont tirées de la publication intitulée “World Population Prospects: The 2010 Revision” (2011), élaborée par la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales de l’Organisation des Nations Unies. RÉSUMÉ ANALYTIQUE Le meurtre intentionnel d’un être humain est le crime absolu. Ses conséquences physiques indiscutables, qui se concrétisent par un corps sans vie, en font aussi le crime le plus catégorique et le mieux chiffrable. 100 000 habitants, respectivement) représente plus du double de la moyenne mondiale (6,9 pour 100 000), tandis qu’en Asie, en Europe et en Océanie (entre 3 et 4 pour 100 000), il atteint approximativement la moitié de cette moyenne. L’ONUDC a estimé à 468 000 le total mondial de décès dus à des homicides pour l’année 2010. Plus d’un tiers (36 %) de ce total revient à l’Afrique, 31 % aux Amériques, 27 % à l’Asie, 5 % à l’Europe et 1 % à l’Océanie. Si l’on rapporte ces chiffres à la taille de la population de chacune de ces régions, une image légèrement différente émerge, à savoir que le taux d’homicides concernant l’Afrique et les Amériques (17 et 16 pour Quelque 40 % des pays ont des taux d’homicides inférieurs à 3 pour 100 000 habitants, tandis que 17 % des pays enregistrent des taux supérieurs à 20 pour 100 000, taux qui passent à 50 pour 100 000 dans certains pays et atteignent même 80 pour 100 000 dans d’autres. Depuis 1995, le taux d’homicides a diminué dans de nombreux pays, principalement en Asie, en Europe et en Amérique du Nord, au point de devenir un événement rela- Taux d’homicides par pays (2010 ou année la plus récente pour laquelle on dispose de données) C C CC C C CCC CC C CC C Taux d’homicides 0,00 - 2,99 3,00 - 4,99 5,00 - 9,99 10,00 - 19,99 20,00 - 24,99 25,00 - 34,99 >=35 Pas de données disponibles Note: Les frontières et noms indiqués sur la présente carte n’impliquent ni reconnaissance ni acceptation officielles de la part de l’Organisation des Nations Unies. Source: UNODC Homicide Statistics. 9 ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide tivement rare. En revanche, il a augmenté dans d’autres, en particulier en Amérique centrale et dans les Caraïbes, où l’on peut considérer qu’il approche aujourd’hui d’un point critique. On constate des disparités non seulement dans la répartition des homicides de par le monde mais aussi entre leurs typologies, dont les prévalences sont variables d’une région à l’autre. La présente étude, qui considère les différents contextes des homicides, notamment les homicides liés à des vols, des bandes de délinquants, des bagarres, des motivations sexuelles et des disputes familiales, s’intéresse à en approfondir deux formes: l’homicide lié à la criminalité organisée et aux bandes de délinquants d’une part, et l’homicide lié à la violence conjugale et/ou familiale. Elle ne se contente pas d’analyser leurs niveaux, tendances et répercussions, mais cherche aussi à déterminer qui y est le plus exposé, en termes tant démographiques que géographiques. Le degré de culpabilité que différentes sociétés assignent à des actes entraînant la mort est, lui aussi, variable. C’est pourquoi la comparaison, entre pays et régions, des “homicides volontaires” ou de la mort intentionnellement et illégalement donnée par une personne à une autre, revient aussi à comparer la mesure dans laquelle des pays différents estiment qu’un meurtre doit être qualifié comme tel, ainsi que la capacité de leurs systèmes juridiques à enregistrer ce type d’acte. Il conviendra donc d’être prudent lors des évaluations et des comparaisons des données sur les homicides. Pourcentage des homicides par arme à feu dans les sous-régions (2010 ou année la plus récente pour laquelle on dispose de données) Amérique du Sud Caraïbes Amérique centrale Amérique septentrionale Asie du Sud-Est Europe méridionale Afrique Europe occidentale Asie occidentale Europe septentrionale Océanie Asie centrale Asie méridionale Asie orientale Europe orientale Les raisons pour lesquelles des personnes en tuent d’autres sont nombreuses, et de multiples facteurs causaux interagissent souvent dans ce type d’acte, mais les niveaux et les tendances en matière d’homicide indiquent que le lien entre homicide et développement est l’un des plus clairs qui soit. Les niveaux d’homicides plus élevés sont associés à de bas niveaux de développement humain et économique. La majeure partie des homicides se produit dans les pays à bas niveaux de développement humain, et les pays où les inégalités de revenus sont fortes souffrent de taux d’homicides quatre fois plus élevés que les sociétés plus égalitaires. La crise financière mondiale de 2008/2009 a eu un impact sur les infractions contre les biens et les homicides, les augmentations des homicides coïncidant, dans un échantillon de pays touchés par la crise, avec la chute des produits intérieurs bruts (PIB) et la montée des indices des prix à la consommation (IPC). Pareillement, les niveaux de performance économique se sont répercutés sur les homicides. Les taux d’homicides en Amérique du Sud, par exemple, ont diminué pendant les périodes de croissance économique de ces 15 dernières années. Les tendances des homicides ont aussi suivi les fluctuations économiques dans nombre des pays qui appartenaient à l’URSS, partant à la hausse avec la chute des PIB à la suite de l’éclatement de l’Union soviétique, avant de diminuer lorsque ces économies se sont mieux portées. Un développement social et économique à long terme et durable exige par ailleurs une gouvernance fondée sur l’état de droit. De fait, un déclin des homicides a pu être constaté dans tous les pays où la primauté du droit s’est renforcée au cours de ces 15 dernières années, alors que dans la plupart des pays où les homicides ont augmenté l’état de droit est relativement faible. Armes à feu, trafic et criminalité organisée 0 20 40 60 Pourcentage d’homicides par arme à feu Source: UNODC Homicide Statistics. 10 Homicide et développement 80 Les homicides n’impliquent pas tous le recours à une arme. Mais si les tueurs peuvent s’avérer particulièrement ingénieux quant à la manière de se débarrasser d’autrui, 42 % des homicides commis dans le monde le sont, effectivement, avec des armes à feu. Les homicides commis avec une arme à feu sont plus de 3,5 fois plus fréquents dans les Amériques qu’en Europe (74 % contre 21 %), tandis que les armes blanches sont plus de deux fois RÉSUMÉ ANALYTIQUE Les armes à feu jouent un rôle fondamental dans les homicides et, tandis que la relation spécifique entre disponibilité de l’arme à feu et homicide est complexe, l’existence d’un cercle vicieux entre disponibilité des armes à feu et niveaux plus élevés d’homicides est flagrante. Les armes à feu conduisent sans aucun doute à une augmentation des homicides dans certaines régions et, là où c’est le cas, les membres des groupes criminels organisés sont souvent ceux qui appuient sur la gâchette. Dans les Amériques, plus de 25 % des homicides sont liés au crime organisé et aux activités des bandes de délinquants, alors que les taux correspondants atteignent environ 5 % en Asie et dans le pays européens pour lesquels des données sont disponibles. Ceci ne signifie pas toutefois que les groupes criminels organisés ne sont pas aussi actifs dans ces deux régions, mais plutôt qu’ils ont sans doute recours à d’autres moyens que la violence extrême et visible pour mener leurs activités illicites. Dans de nombreux pays où les taux d’homicides sont élevés, la part des homicides par arme à feu est également plus élevée et est souvent en rapport avec les activités illicites de groupes criminels organisés, eux-mêmes fréquemment liés au trafic de drogues, qui est la cause profonde de la flambée des homicides en Amérique centrale ces dernières années. Au cours des cinq années écoulées, les taux d’homicides ont augmenté dans cinq des huit pays d’Amérique centrale, certains de ces pays voyant leur taux plus que doubler pendant cette période. Ces tendances sont largement imputables aux fluctuations du trafic de la cocaïne en Amérique centrale, qui peuvent déclencher des conflits meurtriers résultant autant des augmentations que des diminutions des flux de drogues, les diminutions entraînant une concurrence accrue entre les groupes de trafiquants. Pour affirmer leur autorité, marquer leur territoire, ou défier les autorités, les groupes criminels organisés font usage d’une violence aveugle et meurtrière qui peut ne pas être directement imputable au trafic de drogues mais qui s’est soldée, ces dernières années, par le meurtre de nombreux représentants des pouvoirs publics, d’élus et d’agents des services de répression, ainsi que de citoyens ordinaires. La violence croissante redessine les frontières de sa propre acceptabilité et, ce faisant, alimente davantage encore l’homicide. Répartition en pourcentages des auteurs d’homicides, par sexe de la victime, dans certains pays européens (2008 ou année la plus récente pour laquelle on dispose de données) 100% 90% Pourcentage des auteurs plus utilisées en Europe, où elles prédominent, que sur le continent américain (36 % contre 16 %). 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0% Victimes de sexe féminin Partenaire ou ex-partenaire Membre de la famille Victimes de sexe masculin Connaissance Inconnu de la victime Source: Base de données de la division Statistique de la Commission économique des Nations Unies pour l’Europe. Les femmes et l’homicide lié aux violences conjugales et/ou familiales La violence contre les femmes ne se limite pas à une forme particulière et ne fait pas de distinction entre les contextes, les circonstances et les lieux. Mais sa manifestation la plus courante, partout dans le monde, est la violence conjugale et/ou familiale qui, dans les cas extrêmes, s’achève par l’homicide. Il arrive que les femmes tuent leurs êtres chers, mais l’immense majorité des victimes des homicides liés aux violences conjugales et/ou familiales sont des femmes, aux prises avec un partenaire masculin, ancien ou actuel. De fait, dans de nombreux pays, les homicides liés aux violences conjugales et/ou familiales représentent la plus grande cause d’homicides commis sur des femmes, et les taux d’homicides sur des femmes sont beaucoup plus susceptibles de résulter de ce type de violence que de celle découlant des homicides liés au crime organisé, qui touche tellement les hommes. Par exemple, en 2008, dans les pays européens, plus d’un tiers (35 %) des victimes de sexe féminin ont été tuées par leur partenaire ou ex-partenaire et 17 % par des proches, tandis que les femmes comptent pour plus des trois-quarts (77 %) de l’ensemble des victimes d’homicides liés aux violences conjugales et/ou familiales, toujours dans cette région. C’est pour cette raison que, dans de nombreux pays, le foyer est le lieu où une femme risque le plus de se faire tuer, alors que les hommes courent davantage ce même risque dans la rue. Les données en séries chronologiques disponibles montrent qu’au fil du temps les niveaux d’homi- 11 ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide cides liés aux violences conjugales et/ou familiales ont tendance à demeurer assez stables, ce qui signifie que dans des contextes où les taux d’homicides diminuent, la part de ce type d’homicides augmente par rapport aux autres. En Italie, par exemple, les homicides liés aux violences conjugales et/ou familiales et, en particulier, leurs victimes de sexe féminin, sont désormais plus nombreux que les homicides liés aux groupes mafieux et leurs victimes. À une échelle beaucoup plus vaste, en Asie, la dot représente encore la cause de décès de milliers de femmes chaque année. Démographie de l’homicide: qui est en danger? Les femmes constituent probablement la majorité des victimes d’homicides liés aux violences conjugales et/ou familiales mais le tableau plus général montre que les hommes sont les plus concernés par l’homicide vu dans sa globalité, et représentent quelque 80 % des victimes et des auteurs. Des données émanant des États-Unis d’Amérique indiquent que le modèle classique de l’homicide est celui d’un homme tuant un autre homme (69 % des cas) tandis qu’une femme tue une autre femme dans moins de 3 % des cas. Autrement dit, le risque de se faire tuer est beaucoup plus élevé pour les hommes que pour les femmes, avec des taux mondiaux d’homicides de 11,9 pour 100 000 pour les premiers et de 2,6 pour les secondes. Les jeunes hommes en particulier sont les plus exposés, car ils sont plus susceptibles de participer à des activités porteuses de violence comme la délinquance de rue, la participation à des bandes, la consommation de drogue, la possession d’armes, Taux mondiaux d’homicides par sexe et groupe d’âge (2008) Taux d’homicide pour100 000 habitants 25 Victimes de sexe masculin 20 Victimes de sexe féminin 15 10 5 0 0-4 5-14 15-29 30-44 45-59 Source: OMS, Causes of Death 2008 dataset (2011). 12 60-69 70+ les bagarres de rue, etc. Dans les pays caractérisés par des niveaux élevés d’homicides liés à la criminalité organisée, le risque pour un homme de 20 ans d’être victime d’un homicide avant l’âge de 31 ans peut atteindre 2 %, ce qui signifie que, dans ces pays, un adulte de sexe masculin sur 50 est tué avant d’avoir atteint cet âge. Dans les pays affichant un faible taux d’homicides, ce risque peut être jusqu’à 400 fois inférieur. L’âge et le sexe des victimes d’homicide varient aussi considérablement d’une région à l’autre. Par exemple, la part des victimes d’homicide de sexe féminin s’échelonne de 10 % dans les Amériques à 27 % en Europe; ceci est un autre indicateur, net, des différentes typologies d’homicides prévalant dans ces deux régions. Représentant le double de celui enregistré sur le continent américain, le taux d’homicides le plus élevé commis contre des femmes se trouve en Afrique (6,2 pour 100 000), où les taux d’homicides ne sont pas mus dans une semblable mesure par le crime organisé, mais où la délinquance de rue, la violence meurtrière non spécifique et les homicides liés aux violences conjugales et/ou familiales jouent des rôles importants. Les tableaux locaux Les différences géographiques dans les tendances de l’homicide sont significatives, non seulement au macroniveau mais aussi à des échelles territoriales plus réduites. Une victime, un auteur et un acte spécifique doivent concourir en un moment et un lieu particuliers pour que se produise une infraction, et différentes caractéristiques géographiques peuvent soit accroître, soit réduire le risque que l’événement se produise. Les niveaux d’homicides peuvent fortement varier à l’intérieur d’un pays et de certaines zones, par exemple celles proches des frontières nationales ou au voisinage d’un secteur de production de drogue, ou d’une plaque tournante du trafic, où l’on constate souvent des taux d’homicides plus élevés, comme par exemple certains pays d’Amérique centrale. Les grandes villes constituent une autre zone de risque favorisant éventuellement la criminalité violente. Si l’environnement urbain peut offrir des éléments de protection comme une meilleure présence policière et un accès plus rapide aux établissements médicaux, les taux d’homicides dans les villes très peuplées sont souvent supérieurs à ceux du reste du pays. Ceci peut résulter de nombreux facteurs, de nature tant sociale (inégalités, ségrégation, pauvreté) que criminologique (davantage de RÉSUMÉ ANALYTIQUE cibles, de marchés de la drogue, d’anonymat). Par exemple, dans un certain nombre de villes, les homicides tendent à se concentrer dans les quartiers les plus déshérités et l’impact de l’inégalité sociale et de la pauvreté peut se trouver exacerbé par les symptômes de la dégradation sociale et physique (prostitution, trafic de drogues), qui entraînent une augmentation des risques d’homicides. Cependant, la réduction spectaculaire des homicides dans la ville la plus peuplée du Brésil, Sao Paolo, montre que l’on peut faire beaucoup sur cette question en agissant sur des facteurs de risque spécifiques au moyen de mesures préventives et répressives. Difficultés posées par les données Diverses sources nationales et internationales relatives à l’homicide ont été utilisées pour compiler l’outil statistique de l’ONUDC sur l’homicide (UNODC Homicide Statistics), qui regroupe des données sur cette question pour 207 pays et sur lequel repose essentiellement l’Étude mondiale sur l’homicide 2011. Toutes les sources de données existantes sur les homicides volontaires proviennent des systèmes de justice pénale ou des systèmes de santé publique. Dans les premiers, les données sont produites par les services de répression ou les autorités pénales lorsqu’ils enregistrent les infractions et enquêtent sur elles, tandis que, dans les seconds, les données sont produites par les autorités sanitaires chargées de certifier la cause du décès d’un individu. Les données des deux sources sont différentes pour ce qui concerne leur validité, leur exactitude, leur comparabilité internationale et leur portée, mais la présente étude s’est efforcée de mettre l’accent sur les points forts de chacune. De nombreux défis devront être relevés pour améliorer l’exactitude, l’exhaustivité et la comparabilité internationale des données sur l’homicide: il conviendrait de promouvoir des normes statistiques communes (concepts, définitions, classifications, etc.), mais les lacunes existantes dans les données indiquent que les moyens nationaux d’améliorer les systèmes d’enregistrement ont souvent besoin d’être renforcés, en particulier dans les pays en développement. Enfin, les mécanismes internationaux de collecte des données devraient être améliorés, entre autres par une collaboration plus intense entre les différents organismes internationaux et régionaux. Si les données sont meilleures, les analyses s’affineront, les politiques s’amélioreront et l’homicide reculera. 13 INTRODUCTION Destinée à mettre en relief les efforts de nombreux pays pour améliorer la collecte et la communication des données sur l’homicide, l’Étude mondiale sur l’homicide 2011 se fonde sur une vaste collection de statistiques transnationales et de séries chronologiques pour fournir un panorama mondial de ce phénomène1. En dressant un portrait de l’homicide aux niveaux mondial, national et même infranational, les éléments statistiques et les analyses de la présente étude cherchent à mieux faire connaître les tendances et les caractéristiques de l’homicide et à contribuer à l’élaboration de politiques efficaces visant à juguler la violence meurtrière et ses effets secondaires délétères2. En raison de son immense gravité, l’homicide est l’une des infractions les plus scrupuleusement répertoriées et les données sur l’homicide sont considérées comme faisant partie des indicateurs les plus représentatifs et comparables sur la criminalité. Nous verrons que, dans certaines circonstances, l’homicide constitue aussi un élément assez représentatif de la criminalité violente en général et que, du fait de l’“invisibilité” d’une grande partie des infractions avec violence non répertoriées, l’homicide peut être considéré comme la partie émergée de l’“iceberg” de la violence. Les données 1 Parmi les publications antérieures présentant une vue générale sur l’homicide au niveau mondial, il faut citer: OMS, Rapport mondial sur la violence et la santé (2002), et la Déclaration de Genève, Le fardeau mondial de la violence armée (2008) (Texte complet en anglais seulement, condensé en français). 2 L’ONUDC est chargée de longue date de recueillir et analyser des données relatives à la criminalité. Récemment, le Conseil économique et social lui a demandé d’améliorer la collecte, la communication et l’analyse de données pour mieux cerner les tendances dans certains domaines de la criminalité (Résolution 2009/25 ECOSOC). De plus, la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale a prié “l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, agissant en consultation avec les États Membres … de renforcer la collecte, l’analyse et la communication de données exactes, fiables et comparables sur les tendances et schémas” (Résolution 19/2). sur l’homicide nous fournissent donc des indications précieuses sur la nature et l’ampleur de ce plus vaste fléau que constitue la criminalité violente. La présente étude analyse les niveaux et les tendances de l’homicide, sa relation complexe avec le développement humain et son impact sur celui-ci. Elle examine aussi les liens entre homicide et criminalité organisée, en y incluant le trafic de drogues et le rôle des armes à feu, les caractéristiques des meurtres liés aux violences conjugales et/ou familiales, les facteurs démographiques et l’importance des contextes locaux en matière d’homicide. Il est cependant fondamental de clarifier un certain nombre de points pour comprendre l’analyse qui suit. Qu’est-ce qu’un homicide? La définition des actes entrant dans le concept générique d’“homicide” est davantage approfondie au chapitre 7 mais, à ce stade, il suffit de noter que la présente étude s’intéresse à l’“homicide volontaire”. Elle s’intéresse donc exclusivement aux actes dans lesquels l’auteur avait l’intention de causer la mort ou de blesser gravement. Sont exclus ici les décès liés aux conflits, ou causés par l’imprudence ou la négligence de l’auteur, ainsi que les décès généralement considérés comme justifiables conformément au droit pénal, tels que ceux consécutifs à l’action des agents des services de répression dans l’exercice de leurs fonctions ou en situation de légitime défense. Selon la définition adoptée dans la présente étude, l’homicide volontaire est donc “le fait pour une personne de donner intentionnellement et illégalement la mort à autrui”3. Par souci de simplicité cependant, les termes “homicide” et “meurtre” sont utilisés tout au long de la présente étude comme synonymes 3 UNODC Homicide Statistics (2011). 15 ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide Taux d’homicides pour 100 000 habitants Taux d’homicides par niveaux de vol, dans certains pays (2010 ou année la plus récente pour laquelle on dispose de données) 30 25 20 15 10 5 0 < 1,0% (20 pays) 1,0 - 1,9% (18 pays) 2,0 - 4,9% (13 pays) ≥ 5,0% (7 pays) Taux de prévalence annuel des vols (enquêtes sur la victimisation) Sources: UNODC Homicide Statistics (2011); Enquête internationale sur les victimes de la criminalité (ICVS); WODC (Criminal Victimisation in International Perspective (2007)); Rapport de l’Organisation des États américains Citizen Security in the Americas (2011), UNODC (Corruption in the Western Balkans (2011) et enquêtes du programme Des données pour l’Afrique. Les colonnes représentent la médiane, et les 1er et 3e quartiles du taux d’homicides. d’“homicide volontaire”. Dans l’ensemble très vaste des événements qui mènent à la mort d’une personne et qui impliquent une autre personne, la question de savoir si une personne devrait endosser une quelconque forme de culpabilité constitue le principe de base qualifiant l’homicide. Ce processus est complexe et l’évolution historique du droit sur les homicides montre que, en effet, les critères d’attribution de la responsabilité de la mort violente d’une personne ont considérablement changé mais peuvent encore être étonnamment différents d’un pays à l’autre. Toute comparaison des homicides entre les pays et les régions doit également tenir compte de cet aspect4. De plus, il peut s’écouler de nombreux mois, voire des années, avant que des conclusions judiciaires définitives ne tranchent quant à la véritable nature d’un événement qui a entraîné la mort. Les officiers de police appelés sur une scène de crime et les médecins devant établir les premières conclusions sur la cause du décès déterminent pourtant au quotidien, sur la base de leurs premières constatations, si une personne a été tuée intentionnellement par une autre. Différentes techniques et procédures peuvent aussi servir à classifier la nature d’un homicide, selon qu’il est, par exemple, lié au crime organisé ou à un conflit familial. Telles sont les 4 16 Secrétariat de la Déclaration de Genève, Le fardeau mondial de la violence armée (2008). informations qui constituent le fondement des statistiques exposées dans la présente étude. L’homicide, un acte représentatif de la criminalité violente Si les contextes situationnels peuvent être très variables, tous les homicides impliquent l’usage de la force ou une atteinte physique dirigée contre une personne et, à ce titre, ils ont effectivement des points communs, d’un point de vue criminologique. De fait, sous un angle purement concret, la ligne qui sépare la vie de la mort peut être incroyablement ténue et la tournure des événements, y compris le succès ou l’échec d’une intervention médicale, peuvent transformer en homicide une infraction pénale comme un vol ou une agression grave. La présente étude ne vise donc pas à examiner l’homicide isolément. Elle s’efforce plutôt de l’étudier dans son contexte, que ce soit entre les membres de la famille ou les conjoints, entre les bandes de délinquants ou en rapport avec la crimi-nalité organisée, au travail ou dans le foyer, dans la rue, ou au cours d’un vol. Les liens entre l’homicide, le contexte situationnel et les autres infractions pénales varient considérablement d’un pays à l’autre et dans le temps, et il y a des pays coutumiers de très nombreuses infractions violentes qui ne se traduisent pas en homicides, et d’autres où les homicides semblent très fréquents au regard du niveau général des violences non meurtrières. Pourtant, dans de nombreuses circonstances, l’homicide peut être considéré non seulement comme un phénomène unique en tant que tel, mais aussi comme raisonnablement représentatif de la criminalité violente en général. On peut observer une relation entre les niveaux des différents types d’infractions dans la figure qui montre le rapport entre les taux d’homicides et de vols pour 58 pays dans le monde. Si l’échantillonnage est large, d’une manière générale, beaucoup de pays qui affichent des taux de vols élevés (tels que rapportés par le grand public dans les enquêtes sur la victimisation criminelle) ont également tendance à connaître des taux d’homicides élevés. La comparaison est particulièrement significative dans la mesure où elle s’appuie sur les données d’enquêtes de victimisation pour les taux de vol nationaux, en éliminant jusqu’à un certain point les difficultés créées par le fait que tous les vols ne sont pas signalés à la police et aux services de répression. En effet, si l’homicide est l’une des infractions les plus souvent identifiées et répertoriées par la police, il n’en va pas nécessairement INTRODUCTION de même avec le vol. Ainsi, l’analyse des tendances et schémas de l’homicide est également un point de départ important pour des recherches plus vastes sur d’autres formes de criminalité avec violence. Sources de données et qualité des données La majorité des données et des analyses présentées ici sont basées sur les statistiques de l’ONUDC en matière d’homicide pour 2011 (UNODC Homicide Statistics 2011)5, qui résultent de la collecte de données sur l’homicide volontaire aux niveaux international et national à partir de deux sources différentes: les registres de la justice pénale, et ceux de la santé publique. Les systèmes de justice pénale mais aussi ceux de la santé publique enregistrent les homicides du fait même de la nature de cette infraction, mais si l’on peut s’attendre à ce que les données de ces deux sources concordent raisonnablement, il serait illusoire de les croire identiques. La raison en est, notamment, que les services de répression et les systèmes de santé publique travaillent selon des perspectives légèrement différentes: les premiers ont pour objectif principal de détecter si une infraction a été commise et de quelle manière; les seconds s’efforcent avant tout d’identifier la série complète des facteurs qui ont causé la mort d’un individu. Les agents des services de répression auront tendance à tirer parti de toutes les informations disponibles à partir de la scène de crime, y compris les informations médico-légales, les témoignages et le contexte environnant une mort violente, pour tirer une première conclusion sur l’éventualité de l’homicide volontaire. En revanche, une bonne classification effectuée par un système de santé publique exige des médecins qu’ils jugent sans erreur, à partir des éléments médicaux qui se présentent à eux, si une autre personne a infligé les dommages corporels en cause et si le coupable avait l’intention de blesser la victime ou de la tuer. L’homicide est généralement bien répertorié par les institutions judiciaires pénales et les services de répression, et les données policières sont donc relativement exactes par rapport à d’autres types d’infractions, telles que les voies de fait ou le viol, pour lesquelles le “chiffre noir” (nombre d’infractions non signalées) tend à être plus élevé. De plus, s’agissant de son travail sur la prévention du crime et la justice pénale, l’ONUDC travaille principalement avec les services de répression et les institu5http://www.unodc.org/unodc/en/data-and-analysis/ homicide.html. tions de la justice pénale, et est clairement mandaté pour recueillir des données sur les ten-dances de la criminalité auprès de ces autorités6. Cependant, on ne dispose pas au niveau international de données de justice pénale sur les homicides pour tous les pays. Les statistiques de l’ONUDC pour 2011 présentent des données de justice pénale pour 177 pays, soit 86 % des 207 pays ou territoires dont elles tiennent compte. Ces données ont été communiquées à l’ONUDC par les États Membres dans le cadre de procédures de rapport bien établies, ou ont été mises à la disposition du public par des institutions telles que la police nationale, les ministères de la justice ou de l’intérieur, ou par des bureaux de statistique nationaux. Nombre des pays pour lesquels les données de justice pénale sur les homicides ne sont pas communiquées au niveau international sont des pays d’Afrique ou des îles du Pacifique. En l’absence de données de justice pénale, ou lorsque l’ONUDC a estimé qu’elles apportaient des chiffres considérablement sous-estimés, l’Office a privilégié les données de la santé publique sur les homicides pour les pays concernés, ce qui est le cas, par exemple, pour 64 pays (31 % du total) sur la carte 1.1 ci-après. De la même manière, les données provenant de la justice pénale n’ont pas toujours permis d’analyser les tendances dans le temps ou d’autres aspects, tels que les caractéristiques des victimes et les moyens utilisés pour tuer. Dans de tels cas, ainsi qu’ailleurs dans la présente étude, les données de santé publique tirées de deux sources ont été utilisées: l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et le projet Global Burden of Injuries7. Lorsque l’ensemble de données UNODC Homicide Statistics 2011 est cité comme source dans la présente étude, il faut comprendre qu’il s’agit de séries de données compilées par l’ONUDC sur la base de données fournies par des autorités nationales, l’OMS et d’autres organisations régionales ou internationales8. 6 L’ONUDC est mandaté depuis la fin des années 1970 pour recueillir des informations sur la criminalité et la justice pénale par le moyen de l’Enquête des Nations Unies sur les tendances de la criminalité et le fonctionnement des systèmes de justice pénale (UN-CTS) (Résolution ECOSOC E/1984/84 et résolutions de l’Assemblée générale A/RES/46/152 et A/RES/60/177). 7 Le projet Global Burden of Injuries réunit des spécialistes universitaires qui fondent leurs analyses et l’élaboration de leurs données sur les données de l’OMS principalement (voir www.globalburdenofinjuries.org). 8 Telles qu’Eurostat, l’Organisation des États américains, l’UNICEF et Interpol. 17 ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide La comparabilité des données sur les homicides fondées sur les statistiques de la justice pénale et de la santé publique se heurte à un certain nombre de limites9. Par exemple, alors que l’homicide est probablement l’infraction pénale la mieux répertoriée, les différences de taux d’homicides entre les pays et les régions peuvent tenir à des différences de niveaux de signalement et d’enregistrement des infractions, ainsi qu’aux législations en place qui peuvent traiter et enregistrer les mêmes actes meurtriers de différentes manières10. De plus, les pays peuvent avoir des approches ou des capacités différentes pour différencier l’homicide volontaire de toutes les autres formes de violence meurtrière et certains homicides peuvent aussi être répertoriés dans les registres de la justice pénale d’une manière plus ou moins détaillée. Certains pays, par exemple, différencient dans leurs systèmes d’enregistrement les homicides liés à la criminalité organisée tandis que d’autres ne disposent pas des cadres juridiques et techniques qui leur permettraient cette distinction. La simple comparaison des statistiques de différents systèmes de justice pénale peut donc, sur la base de ce qui vient d’être vu, conduire à des erreurs d’interprétation. Parallèlement, les données tirées de la santé publique affichent également des niveaux de qualité variables d’une région à l’autre car quelques pays, et en particulier des pays en développement, ne tiennent pas de registre des décès. C’est pourquoi les données de santé pu-blique de certains pays, d’Afrique plus particulièrement, font l’objet d’estimations sur la base de modèles statistiques. La prudence devrait donc être de mise dans l’utilisation d’un conglomérat de données de cette nature, mais un tel ensemble peut néanmoins se révéler un précieux concours dans la lutte contre les violences meurtrières. 9 On trouvera une analyse des sources de données au chapitre 7. 10 Certains pays par exemple traitent le “crime d’honneur” différemment d’autres formes d’homicide. 18 1. LE TABLEAU MONDIAL Ce premier chapitre dresse les contours d’un phénomène qui décroit dans de nombreux pays et sous-régions au point de devenir un événement relativement rare alors qu’il approche des seuils paroxystiques dans d’autres. Les chapitres suivants expliquent les raisons de telles disparités et leurs différentes dynamiques. Le présent chapitre propose une vue d’ensemble des totaux, des taux et des tendances en matière d’homicide aux niveaux mondial, régional, sous-régional et national. Totaux mondiaux et régionaux L’ONUDC estime à 468 000 le nombre total des homicides commis en 2010, pour l’ensemble du monde1. On peut constater d’emblée une disparité de la fréquence des homicides sur la planète lors-que l’on décompose ce chiffre par région, la part la plus importante, soit quelque 36 % ou 170 000 homicides revenant à l’Afrique, 31 % soit environ 144 000 homicides concernant les Amériques, et 27 % soit 128 000 homicides étant perpétrés en Asie. L’Europe (5 %, soit 25 000 homicides) et l’Océanie (moins de 1 % soit 1 200 homicides) n’entrent que pour une faible part dans ce total2. 1 Avec une fourchette estimée entre 308 000 et 539 000, ce chiffre est basé sur les données par pays de 2010 ou le chiffre connu le plus récent. Ce chiffre correspond pour l’essentiel aux estimations mondiales sur l’homicide fournies par d’autres organisations, bien que des différences dans les définitions, les sources de données et les méthodologies statistiques empêchent la comparaison directe des estimations disponibles. Par exemple, le Rapport mondial sur la violence et la santé (2002) de l’OMS, a conclu sur une estimation de 520 000 décès en 2000, du fait des violences interpersonnelles. Le Secrétariat de la Déclaration de Genève donne des grandeurs du même ordre dans son document Le fardeau mondial de la violence armée (2008), soit 490 000 morts par homicide en 2004. 2 Les barres d’erreurs de la figure 1.1 sont dérivées des totaux maximum et minimum annuels d’homicides pour chaque région, selon différentes sources (voir chapitre 8). L’estimation globale place l’Afrique en tête en raison du recours préférentiel aux sources de santé publique dans cette région, qui tendent à faire état de nombres d’homicides plus élevés que les sources policières. Fig. 1.1: Nombre total d’homicides par région (2010 ou année la plus récente pour laquelle on dispose de données Afrique 170 000 Amériques 144 000 Asie 128 000 Europe 25 000 1 200 Océanie 0 50 000 100 000 150 000 200 000 Nombre d’homicides Source: UNODC, Homicide Statistics (2011). Les barres représentent la somme des nombres totaux d’homicides sur la base de la source sélectionnée au niveau du pays, avec des estimations maximales et minimales. Répartition régionale en fonction de la population Le nombre absolu d’homicides dans une région ne dépend pas seulement du niveau de violence dans cette région, mais aussi de la taille de sa population. C’est en comparant le nombre estimé d’homicides par région avec la population de chaque région, comme le fait la figure 1.2, que l’on fait apparaître les véritables disparités de répartition des homicides. Par exemple, les nombres estimés d’homicides en Afrique et dans les Amériques sont relativement élevés compte tenu de la taille de leurs populations respectives, tandis que la part des homicides est relativement faible en Asie et en Europe. Moyennes mondiales et régionales Le total de 468 000 homicides aboutit à un taux moyen mondial de 6,9 homicides pour 100 000 habitants. La carte 1.1 met en relief les disparités des 19 ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide Fig. 1.2: Répartition des homicides et des populations par région (2010 ou année la plus récente pour laquelle on dispose de données) 36% 31% 27% 5% 0,3% 15% 14% 60% 11% 0,5% Asie Europe Océanie Afrique Amériques Pourcentage des homicides dans le monde Pourcentage de la populaon mondiale Source: UNODC Homicide Statistics (2011) et United Nations World Population Prospects, 2010 Revision (2011). La surface de chaque cercle est proportionnelle au pourcentage du total concerné. taux d’homicides moyens dans le monde, par pays3, les zones les plus sombres correspondant aux taux d’homicides les plus élevés d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud, des Caraïbes, de l’Afrique centrale et de l’Afrique australe; les zones 3 Pour 90 % des pays de la carte 1.1, les données correspondent aux années 2008, 2009 ou 2010, ce qui permet de présenter une image unique et actualisée des niveaux de violence au plan mondial. les plus claires correspondant aux taux les plus faibles dans certaines parties de l’Europe, de l’Amérique du Nord, de l’Afrique septentrionale et de l’Asie orientale, ainsi qu’en Océanie. Quelque 80 pays (environ 40 % du total) affichent des taux d’homicides faibles, inférieurs à trois pour 100 000 habitants par an, et un tiers de ces 80 pays affichent des taux inférieurs à un homicide Carte 1.1: Taux d’homicides par pays (2010 ou année la plus récente pour laquelle on dispose de données) C C CC C C CCC CC C CC C Taux d’homicides 0,00 - 2,99 3,00 - 4,99 5,00 - 9,99 10,00 - 19,99 20,00 - 24,99 25,00 - 34,99 >=35 Pas de données disponibles Note: Les frontières et noms indiqués sur la présente carte n’impliquent ni reconnaissance ni acceptation officielles de la part de l’Organisation des Nations Unies. Source: UNODC Homicide Statistics (2011). 20 LE TABLEAU MONDIAL Carte 1.2: S ource des statistiques sur les homicides, par pays (2010 ou année la plus récente pour laquelle on dispose de données) C C CC C C CCC CC C CC C Sources Jusce pénale Santé publique Pas de données disponibles Note: Les frontières et noms indiqués sur la présente carte n’impliquent ni reconnaissance ni acceptation officielles de la part de l’Organisation des Nations Unies. Source: UNODC Homicide Statistics (2011). pour 100 000 habitants. À l’opposé, 35 pays (environ 17 % du total) affichent des taux d’homicides élevés, dépassant 20 homicides pour 100 000 habitants, certains dépassant 50 et d’autres atteignant même 80 homicides pour 100 000 habitants. Les autres pays (44 % du total) ont des taux d’homicides moyens, entre 3 et 20 pour 100 000 habitants. Le taux d’homicides dans les Amériques s’établit à 15,6 % pour 100 000, soit plus du double de la moyenne mondiale (figure 1.3) tandis qu’à 17,4 pour 100 000, l’Afrique possède le taux le plus élevé de toutes les régions, quoiqu’il soit aussi celui présentant la plus forte incertitude en raison des fortes discordances entre les données de la justice pénale et celles de la santé publique4. L’Asie se range entre 2,4 et 4,3 pour 100 000 et l’Europe ainsi que l’Océanie se rangent aussi au-dessous de la moyenne mondiale, à 3,5 pour 100 000. 4 Alors que les estimations les plus basses possibles placeraient l’Afrique au niveau de la moyenne mondiale, l’on peut estimer, sur la base des données disponibles, que la région se positionne à un niveau plutôt supérieur à la moyenne mondiale qu’inférieur à celle-ci. Fig. 1.3: Taux d’homicides par région (2010 ou année la plus récente pour laquelle on dispose de données) Afrique 17,4 Amériques 15,5 Monde 6,9 Océanie 3,5 Europe 3,5 Asie 3,1 0 5 10 15 20 Taux d’homicides pour 100 000 habitants Source: UNODC Homicide Statistics (2011). Les barres représentent les taux moyens d’homicides pondérés en fonction de la population, avec estimations haute et basse. Moyennes sous-régionales et nationales Comme le montre clairement la figure 1.4, l’Afrique australe ainsi que l’Amérique centrale, l’Amérique du Sud et les Caraïbes ont des taux d’homicides considérablement plus élevés que d’autres sous-régions, tandis qu’à l’extrémité 21 1 ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide Fig. 1.4: Taux d’homicides pour 100 000 habitants par sous-région (2010 ou année la plus récente pour laquelle on dispose de données) Afrique australe (5 pays sur 5) Amérique centrale (8 pays sur 8) Amérique du Sud (13 pays sur 13) Caraïbes (16 pays sur 22) Europe orientale (10 pays sur 10) Afrique orientale (11 pays sur 17) Asie centrale (5 pays sur 5) Afrique centrale (3 pays sur 9) Amérique septentrionale (3 pays sur 3) Asie méridionale (8 pays sur 9) Asie occidentale (16 pays sur 18) Océanie (5 pays sur 14) Asie du Sud-Est (11 pays sur 11) Afrique septentrionale (6 pays sur 6) Europe septentrionale (10 pays sur 10) Afrique occidentale (9 pays sur 16) Asie orientale (5 pays sur 5) Europe méridionale (13 pays sur 13) Europe occidentale (8 pays sur 9) Source: Justice pénale Source: Santé publique 0 5 10 15 20 25 30 Source: UNODC Homicide Statistics (2011). Les barres représentent les taux moyens d’homicides pondérés en fonction de la population, par catégorie de source. opposée, l’Europe occidentale, l’Europe septentrionale et l’Europe méridionale ainsi que l’Asie orientale ont les taux d’homicides les plus bas. Les données montrent que les taux d’homicides tendent à être plus élevés dans les pays en développement, ce qui est une première indication du lien entre développement et niveaux d’homicides. Le chapitre 2 explore cette relation en détail. La figure 1.4 met également en relief les problèmes associés à la disponibilité et à la qualité des données, susceptibles d’entraver la compréhension des schémas de la violence. Elle montre que c’est dans plusieurs régions en développement, souvent caractérisées par des niveaux d’homicides élevés, que d’importants écarts demeurent entre les données de la justice pénale et celles de la santé publique. A contrario, on constate une meilleure cohérence dans les pays à revenus élevés ou moyens. La relation entre les disparités dans les données, leur cohérence et le taux d’homicides 35 global devient plus claire encore lorsque ces mêmes données sont visualisées au niveau des pays, comme le montrent les figures 1.5 à 1.9. Fig. 1.5: Taux d’homicides par pays/territoire, Afrique (2010 ou année la plus récente pour laquelle on dispose de données) 90 Source: Justice pénale Taux d’homicides pour 100 000 habitants 80 Source: Santé publique 70 60 50 40 30 20 10 Égypte Maroc Tunisie Somalie Sao Tomé-et-Principe Seychelles Jamahiriya arabe libyenne Djibouti Niger Maurice Algérie Mali Madagascar Sénégal Mozambique Libéria Gambie Togo Comores Nigéria Cap-Vert Gabon Zimbabwe Mauritanie Sierra Leone Bénin Ghana Tchad Rwanda Érythrée Burkina Faso Angola Cameroun Kenya Guinée-Bissau Guinée équatoriale République démocratique du Congo Burundi Botswana Guinée Lesotho Soudan République-Unie de Tanzanie Éthiopie Afrique du Sud République centrafricaine Namibie Congo Malawi Ouganda Zambie Swaziland Côte d'Ivoire 0 Source: UNODC Homicide Statistics (2011). 22 0 Bahreïn Brunéi Darussalam Hong Kong, Chine Émirats arabes unis Japon Qatar Maldives Israël Singapour Koweït Chypre Iran (République islamique d’) Viet Nam Chine Liban Arménie Azerbaïdjan Macao, Chine Yémen Iraq Oman République de Corée Malaisie Tadjikistan Afghanistan République arabe syrienne Arabie saoudite Turquie Sri Lanka Ouzbékistan Taïwan, province de Chine Pakistan Mongolie Territoire palestinien occupé Géorgie Inde République démocratique populaire lao Bhoutan Timor-Leste Jordanie Kirghizistan Indonésie Bangladesh Népal Thaïlande Myanmar Kazakhstan Turkménistan République populaire démocratique de Corée Philippines Cambodge Taux d’homicides pour 100 000 habitants Grenade Dominique Canada Suriname Pérou Bermudes Bolivie (État plurinational de) Guadalupe Martinique Argentine Chili Uruguay Cuba Haïti Antigua-et-Barbuda Guyane française États-Unis d’Amérique Saint-Vincent-et-les Grenadines Costa Rica Îles Vierges britanniques Îles Turques et Caïques République dominicaine Îles Caïmanes Belize Nicaragua Bahamas Paraguay Sainte-Lucie Barbade Porto Rico Honduras Panama Montserrat Guyana Équateur Mexique Brésil Saint-Kitts-et-Nevis Anguilla Trinité-et-Tobago Venezuela (République bolivarienne du) Colombie Guatemala Îles Vierges américaines Jamaïque El Salvador Taux d’homicides pour 100 000 habitants LE TABLEAU MONDIAL Fig. 1.6: Taux d’homicides par pays/territoire, Amériques (2010 ou année la plus récente pour laquelle on dispose de données) 90 80 Source: Justice pénale 70 Source: Santé publique 60 50 40 30 20 10 0 Source: UNODC Homicide Statistics (2011). Fig. 1.7: Taux d’homicides par pays/territoire, Asie (2010 ou année la plus récente pour laquelle on dispose de données) 90 80 Source: Justice pénale 70 Source: Santé publique 60 50 40 30 20 10 Source: UNODC Homicide Statistics (2011). 23 1 ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide Fig. 1.8: Taux d’homicides par pays/territoire, Europe (2010 ou année la plus récente pour laquelle on dispose de données) Taux d’homicides pour 100 000 habitants 90 80 Source: Justice pénale 70 Source: Santé publique 60 50 40 30 20 10 Monaco Royaume-Uni Islande Slovénie Allemagne Suisse Norvège Autriche France Danemark Espagne Suède République tchèque Italie Portugal Pays-Bas Irlande Croatie Hongrie Pologne Bosnie-Herzégovine Andorre Malte Grèce Bulgarie Luxembourg Slovaquie Belgique Serbie Finlande Roumanie Monténégro Liechtenstein ex-République yougoslave de Macédoine Albanie Lituanie Bélarus Estonie République de Moldova Lettonie Ukraine Groenland Fédération de Russie 0 Source: UNODC Homicide Statistics (2011). 80 Source: Justice pénale Source: Santé publique 70 60 50 40 30 20 Nauru Papouasie-Nouvelle-Guinée Source: UNODC Homicide Statistics (2011). Kiribati Polynésie française Nouvelle-Zélande Australie Samoa Îles Salomon Fidji Tonga Vanuatu Micronésie (États fédérés de) 0 Guam 10 Palaos Taux d’homicides pour 100 000 habitants Fig. 1.9: Taux d’homicides par pays/territoire, Océanie (2010 ou année la plus récente pour laquelle on dispose de données) 90 Tendances de l’homicide L’analyse des tendances globales des taux d’homicides est gênée par le manque de séries chronologiques dans beaucoup de pays, en particulier en 24 Afrique. Cependant, ainsi qu’on le verra ci-après dans le détail des sous-régions, les données disponibles indiquent que les taux d’homicides ont diminué dans huit sous-régions entre 1995 et 2010, tandis que l’Amérique centrale et les Caraïbes sont les deux seules sous-régions où les taux d’homicides ont augmenté depuis 1995 (aucune tendance régionale ou sous-régionale n’est disponible pour l’Afrique). Entre 2005 et 2009 (figure 1.10), les taux d’homicides n’ont augmenté, en moyenne, que dans les pays où ils étaient déjà élevés, tandis que dans 101 pays affichant des taux d’homicides faibles – principalement situés en Europe et en Asie – et dans 17 pays ayant des taux d’homicides moyens, ces taux avaient diminué pendant la même période. Amériques S’agissant des Amériques, les taux d’homicides dans les Caraïbes et en Amérique centrale augmentent depuis 1995, alors qu’ailleurs dans la région ils diminuent ou restent stables. Bien que les États-Unis d’Amérique aient des taux d’homicides relativement élevés par comparaison à d’autres pays présentant un niveau socioéconomique similaire, les taux de criminalité dans ce pays ont géné- LE TABLEAU MONDIAL Fig. 1.10: Tendances sur cinq ans des taux d’homicides pour les pays présentant des taux d’homicides bas, moyens et élevés en 2005 130 Indice: 2005 = 100 120 110 100 90 80 70 2005 2006 2007 2008 2009 Taux d’homicides initial < 10 (101 pays) Taux d’homicides initial 10 – 20 (17 pays) Taux d’homicides initial > 20 (15 pays) Source: UNODC Homicide Statistics (2011). Les courbes représentent l’évolution des pourcentages moyens. ralement décliné depuis le milieu des années 1990, ce qui s’est traduit par une baisse régulière des taux d’homicides en Amérique septentrionale. Les taux d’homicides ont fluctué en Amérique du Sud mais sont maintenant revenus à des niveaux similaires à ceux observés en 1995, avec l’exception notoire de la Colombie, qui a connu une chute drastique de son taux d’homicides, passé de 72 à 33 pour 100 000, en conservant toutefois l’un des taux les plus élevés du monde. Fig. 1.11: Tendances sous-régionales des taux d’homicides, Amériques (1995-2010) Alors que le déclin des taux d’homicides a été régulier en Amérique centrale de 1995 à 2005, la sous-région a vu un accroissement très rapide de ces taux après 2007. Les Caraïbes ont connu une augmentation régulière tout au long de la décennie écoulée, à l’exception d’une chute temporaire en 2006. Comme il en sera question de manière plus approfondie au chapitre 3 de la présente étude, le trafic de drogues est à la fois un important vecteur des taux d’homicides en Amérique centrale et l’un des principaux facteurs sous-jacents à la montée des niveaux de violence dans la sous-région, à l’instar des activités illicites de la criminalité organisée en général et du legs de la violence politique5. Asia Les taux d’homicides d’Asie montrent une tendance décroissante régulière de 1995 à 2009, mais dans la sous-région de l’Asie occidentale, où les taux de l’Arménie, de l’Azerbaïdjan et de la Géorgie ont fortement chuté aussi, les taux d’homicides se sont stabilisés pendant l’essentiel de la première décennie du XXIe siècle. Il convient de noter que les données des séries chronologiques ne couvrent pas un certain nombre de pays asiatiques très peuplés, comme le Bangladesh, la Chine, l’Indonésie et la Turquie, mais les données disponibles pour la dernière décennie laissent penser que les taux Fig. 1.12: Tendances sous-régionales des taux d’homicides, Asie (1995-2009) 160 140 160 120 Indice: 1995 = 100 140 100 80 60 80 60 40 20 40 0 20 Asie centrale (4 pays) Asie orientale, méridionale et du Sud-Est (8 pays) Asie occidentale (5 pays) 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 0 100 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 Indice: 1995 = 100 120 Caraïbes (11 pays) Amérique centrale (8 pays) Amérique septentrionale (2 pays) Amérique du Sud (9 pays) Source: UNODC Homicide Statistics (2011). Les courbes représentent l’évolution des pourcentages du taux d’homicides, pondéré en fonction de la population, sur la base d’un niveau initial de 100 pour 1995. Source: UNODC Homicide Statistics (2011). Les courbes représentent l’évolution des pourcentages du taux d’homicides pondéré en fonction de la population, sur la base d’un niveau initial de 100 pour 1995. 5 Banque mondiale, Crime and Violence in Central America – A Development Challenge (2011). 25 1 ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide Europe En dépit de quelques fluctuations spectaculaires telles que celles observées en Albanie, qui a connu une alarmante recrudescence des taux d’homicides au cours des troubles civils ayant suivi l’effondrement d’un modèle pyramidal en 1997, les taux d’homicides ont diminué ou sont restés plus ou moins stables dans la très grande majorité des pays européens depuis 1995, à la suite des pics de 1991-1993. Une amélioration des conditions socioéconomiques dans de nombreux pays d’Europe centrale et d’Europe orientale, mais aussi des mesures de sécurité, peuvent avoir contribué à ce résultat. La plupart des pays d’Europe occidentale et d’Europe septentrionale ont longtemps été détenteurs des plus bas taux d’homicides du monde mais, paradoxalement, les infractions de type criminalité violente et trafic de drogues ont augmenté dans de nombreux pays européens depuis le début des années 19908. Ceci peut être dû pour partie 6 Par exemple, les données officielles chinoises indiquent que les taux d’homicides ont chuté de 45 % entre 2002 et 2008, pour atteindre un taux de 1,1 pour 100 000 habitants. 7 Dans le cas du Japon, les taux d’homicides ont diminué à un rythme quasiment sans égal, à moins du tiers de ce qui était répertorié en 1955, en partie en raison de la chute spectaculaire du nombre des auteurs d’homicides de sexe masculin jeunes, voir Johnson, D.T., The Homicide Drop in Postwar Japan (2008). 8 26 Aebi, M. et Linde, A., Is There a Crime Drop in Western Europe?, European Journal on Criminal Policy and Research (2010). 160 160 140 140 120 120 100 100 80 80 60 60 40 40 20 20 0 0 1991995 5 1991996 6 1991997 7 1991998 8 1991999 9 2002000 0 2002001 1 2002002 2 2002003 3 2002004 4 2002005 5 2002006 6 2002007 7 2002008 8 2002009 9 2012010 0 Dans les sous-régions d’Asie orientale et d’Asie du Sud-Est, la région administrative spéciale de Hong Kong (Chine), le Japon et Singapour ont connu un déclin durable de leurs taux d’homicides et affichent actuellement trois des six taux les plus faibles du monde, avec 0,5 homicide pour 100 000 habitants chacun7. En Asie méridionale, l’Inde a vu son taux d’homicides diminuer de 23 % sur les 15 années écoulées, tandis que le Pakistan et le Népal voyaient leurs taux monter. En Asie centrale, les taux d’homicides ont diminué d’un à deux tiers par rapport à leurs niveaux antérieurs élevés. Fig. 1.13: Tendances sous-régionales des taux d’homicides, Europe (1995-2009) Index: 1995 = 100 Indice: 1995 = 100 d’homicides de ces pays et de plusieurs autres pays asiatiques ont décliné aussi6. Simultanément, les tendances en matière d’homicides sont plutôt floues dans les pays sortant d’un conflit (comme l’Afghanistan et l’Iraq), pour lesquels on ne dispose pas de données en série chronologique. Dans d’autres pays, des séries chronologiques complètes sont disponibles et indiquent pour l’essentiel une tendance à la baisse. Eastern (10(10 countries) Europe Europe orientale pays) Northern Europe (9 countries) Europe septentrionale (9 pays) Southern Europe (7 countries) Europe méridionale (7 pays) Western Europe (5 countries) Europe occidentale (5 pays) Source: UNODC Homicide Statistics (2011). Les courbes représentent l’évolution des pourcentages du taux d’homicides pondéré en fonction de la population, sur la base d’un niveau initial de 100 pour 1995. aux changements des modes de vie des jeunesses européennes, notamment de leurs modes de consommation de drogues et d’alcool (beuveries massives épisodiques ou “alcool-défonce”– binge drinking–, par exemple) et l’émergence de nouvelles bandes de délinquants de rues fondées sur l’appartenance à des minorités ethniques ou à des groupes d’immigrants9. Des indices montrent que ces évolutions ont des incidences sur l’augmentation de la violence de rue et les admissions dans les services hospitaliers10. Une telle divergence entre les infractions avec violence et les homicides pourrait être due, en partie, à la faible disponibilité des armes à feu11 (seulement 27 % des homicides sont commis avec une arme à feu en Europe occidentale, contre 65 % en l’Amérique centrale), ainsi qu’à une amélioration qualitative des services de santé, qui réduit la mortalité consécutive aux agressions violentes et aux 9 Ibid. 10 En Angleterre et au pays de Galle, par exemple, les admissions aux services hospitaliers pour agressions à l’arme blanche ou avec des instruments tranchants ont augmenté de 34 % entre 2002 et 2007. Voir: OMS, European Report on Preventing Violence and Knife Crime among Young People (2010), en anglais seulement (Rapport européen sur la prévention de la violence et de la criminalité à l’arme blanche chez les jeunes). 11 Secrétariat de la Déclaration de Genève, Le fardeau mondial de la violence armée (2008). LE TABLEAU MONDIAL tentatives d’homicides12. Certains chercheurs ont aussi émis l’hypothèse que les diminutions des taux d’homicides en Europe pourraient s’expliquer par une meilleure égalité économique et l’absence de conflits sociaux majeurs13. Les facteurs sous-jacents aux différences importantes entre les taux d’homicides d’une sous-région à l’autre sont multiples, complexes et intriqués. La recherche sur les hauts niveaux de violences interpersonnelles en Amérique centrale et en Amérique du Sud, par exemple, se rapporte souvent à des facteurs qui sont nés, qui suscitent ou facilitent, la violence, comme “l’inégalité sociale due à l’augmentation de la richesse par rapport à la pauvreté”, le paradoxe de la scolarisation grandissante et de la réduction des possibilités d’emploi”, “les attentes croissantes et l’impossibilité de les satisfaire”, “les changements de la structure familiale”, et “le recul de la religion dans la vie quotidienne”, “la densité croissante des zones pauvres et la ségrégation urbaine”, “le culte de la virilité”, “l’évolution des marchés de la drogue”, “la croissance du nombre des armes à feu”, “la consommation d’alcool” et “les difficultés dans l’expression verbale des sentiments” sont également soulignés14. Certains de ces facteurs sont examinés en profondeur aux chapitres 2 et 3 de la présente étude, qui se penche sur les interférences entre homicide et développement, et sur l’impact de l’utilisation des armes à feu et de l’existence des bandes de délinquants ainsi que de la criminalité organisée. 12 En 1990, en Europe, les homicides effectifs (par opposition aux tentatives) représentaient 33,6 % des taux d’homicides totaux; en 2007, ils représentaient 31 %. Source: Aebi, M. et Linde, A., Is There a Crime Drop in Western Europe?, European Journal on Criminal Policy and Research (2010). 13 Garland, D., The Culture of Control: Crime and Social Order in Contemporary Society (2001). 14 Briceño-León, R., Violencia urbana y salud pública en Latinoamérica: un marco sociológico explicativo (Violence urbaine et santé publique: cadre sociologique explicatif ), Cadernos de Saúde Pública (2005). 27 1 2. HOMICIDE ET DÉVELOPPEMENT Les raisons pour lesquelles une personne tue volontairement une autre personne sont multiples, et il est évident que les forces incitatrices différentes à l’œuvre lorsqu’un tel événement se produit sont nombreuses. Mais un certain consensus se dégage, tant chez les spécialistes1 que dans la communauté internationale, pour dire que la violence meurtrière prend souvent sa source dans des contextes de pénurie et de privations, d’inégalité et d’injustice, de marginalisation sociale, de bas niveaux d’éducation et de faiblesse de l’état de droit. Plusieurs rapports et initiatives se sont intéressés aux liens entre le développement et la vaste question de la violence armée, où l’on range à la fois la violence pendant les conflits, et la violence hors conflits2. La sensibilisation à ces questions a permis de placer le lien entre violence armée et développement très haut dans l’ordre du jour international: la Déclaration de Genève sur la violence armée et le développement (2006) et le Rapport du Secrétaire général des Nations Unies, Promotion du développement par le biais de la réduction et la prévention de la violence armée (2009), peuvent être considérés comme les premières manifestations d’une résolution internationale grandissante de traiter la violence armée comme un obstacle majeur au développement humain, économique et social. 1 La recherche en criminologie insiste depuis longtemps sur l’importance du développement économique et social dans l’explication des caractéristiques et des niveaux d’homicides. Voir Land, K., McCall, P.L. et Cohen, L.E., Structural Covariates of Homicide Rates: Are There Any Invariances Across Time and Social Space?, American Journal of Sociology (1990); Tcherni, M., Structural Determinants of Homicide: The Big Three, Journal of Quantitative Criminology (2011) et Bourguignon, F., Crime As a Social Cost of Poverty and Inequality: A Review Focusing on Developing Countries, Revista Desarrollo y Sociedad (2009). 2 Voir par exemple, Déclaration de Genève, More Violence, Less Development: Examining the relationship between armed violence and MDG achievement (2010) et Banque mondiale, World Development Report (2011). La disponibilité d’un ensemble global de données sur les taux d’homicides au niveau mondial a permis de mener une première analyse dans le présent chapitre, sur la base de données en séries chronologiques et transnationales pour explorer la relation entre l’homicide et les indicateurs de progrès social et économique, la primauté du droit, les tendances économiques et les répercussions de la récente crise économique sur la criminalité. Si la relation entre l’homicide et de tels facteurs est ample et difficile à illustrer, l’exploration des données disponibles pour de nombreux pays peut néanmoins apporter une meilleure compréhension du rôle que la prévention de la criminalité peut jouer dans le développement. La présente étude n’a pas pour objectif d’identifier les relations causales entre homicide et développement, ou développement et homicide. Elle vise plutôt à démontrer que le crime, le développement, la macroéconomie et l’égalité des revenus sont étroitement reliés et, par conséquent, que les politiques de développement et économiques ne peuvent réussir si elles n’intègrent pas des stratégies de prévention de la criminalité qui devraient être conçue de façon cohérente et mises en œuvre à la lumière des spécificités socioéconomiques. Niveaux d’homicide et indicateurs de développement L’une des manières d’explorer la relation entre homicide et développement consiste à voir si les taux d’homicides entrent en corrélation avec un certain nombre d’indicateurs de développement: par exemple, si les niveaux d’homicides plus élevés vont de pair avec des niveaux de développement plus bas. Lorsque l’on met les taux d’homicides en regard des indicateurs de développement, comme dans la figure 2.1, un schéma assez cohérent se dessine: au 29 ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide Fig. 2.1: Taux d’homicides et indicateurs de développement, niveau mondial (2010 ou année la plus récente pour laquelle on dispose de données) Taux d’homicides et IDH 40 Taux d’homicides et coefficient de Gini 40 35 Taux d’homicides pour 100 000 habitants Taux d’homicides pour 100 000 habitants 35 30 25 20 15 10 5 30 25 20 15 10 5 0 Indice de développement humain Très élevé (42 pays) Élevé (38 pays) Moyen (41 pays) Bas (47 pays) 0 Moins d’inégalité Coefficient de Gini de revenus < 0,35 (36 pays) 0,35 - 0,39 (33 pays) 0,40 - 0,45 (22 pays) Plus d’inégalité de revenus > 0,45 (22 pays) Source: UNODC Homicide Statistics (2011). Indice de développement humain (IDH) du PNUD et coefficient de Gini de la Banque mondiale. La taille des bulles est proportionnelle au pourcentage des homicides au niveau mondial dans les pays pour lesquels un IDH ou un coefficient de Gini est établi. niveau mondial, les niveaux faibles de criminalité violente sont corrélés à des niveaux plus élevés de développement et d’égalité de revenus. Cette relation est assez solide, compte tenu de la diversité des différentes mesures présentées. Si l’on examine les différents niveaux des indices du développement humain (IDH)3, “bas”, moyen, “élevé”, “très élevé”, les taux d’homicides augmentent généralement d’autant plus que les niveaux de développement sont faibles. La majorité des homicides (38 % de l’ensemble des homicides sur la planète, pour 18 % de la population mondiale) est perpétrée dans des pays à faibles niveaux de développement humain: les pays dont l’IDH est “bas” (principalement situés en Afrique) connaissent des taux d’homicides de trois à quatre fois supérieurs aux niveaux de pays ayant des IDH “très élevés” ou “moyens”. Les seuls pays à IDH “élevé” faisant exception à ce modèle se trouvent principalement en Amérique centrale et en Amérique du Sud, où d’autres facteurs tels que le crime organisé et l’inégalité jouent un rôle plus important que les niveaux moyens du développement humain. L’inégalité est un autre vecteur de hauts niveaux d’homicides. Les taux d’homicides rapportés au coefficient de Gini, qui est une importante mesure de l’inégalité4 montrent qu’au niveau mondial les 3 L’IDH mesure les réalisations moyennes dans un pays, dans trois dimensions fondamentales du développement humain: une vie longue et en bonne santé, telle que mesurée par l’espérance de vie à la naissance; les connaissances, mesurées par le taux d’alphabétisation chez les adultes et le taux d’enrôlement combiné primaire, secondaire et tertiaire; un niveau de vie décent, mesuré selon le PIB par habitant. 4 Les faibles valeurs équivalent à une distribution plus harmonieuse des revenus: 0 représente une égalité totale, 1 représente le maximum d’inégalité. 30 pays présentant d’importantes disparités dans les revenus (coefficient de Gini supérieur à 0,45) ont un taux d’homicides presque quatre fois supérieur à la plupart des sociétés plus égalitaires. Cumulant 36 % des homicides mais seulement 19 % de la population, ce groupe est principalement constitué par des pays d’Afrique et des Amériques. Le lien entre les niveaux élevés de criminalité violente et les faibles niveaux de développement transparaît également lorsque l’on analyse ensemble les homicides, les PIB et les taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans. Les plus forts taux d’homicides peuvent être constatés dans le groupe des pays ayant les PIB par habitant les plus faibles (moins de 2 500 PPA-USD) 5, tandis qu’une poussée pour les pays ayant un PIB de 10 000 à 25 000 PPA-USD est associé aux pays du continent américain; soit un schéma similaire à celui observé dans les pays ayant un IDH élevé. Les pays ayant un taux élevé de mortalité des enfants de moins de cinq ans (plus de 75 pour 100 000) ont un taux d’homicides élevé (dépassant 15 pour 100 000), tandis que le taux d’homicides est trois fois moindre dans les pays où le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans est inférieur au seuil des 75 pour 100 000. 5 Les parités de pouvoir d’achat (PPA) permettent d’ajuster les différences de niveaux de prix entre les économies, et donc d’effectuer des comparaisons transnationales. Pour davantage d’informations sur les PPA, voir Banque mondiale, Global Purchasing Power parities and Real Expenditures, 2005 International Comparison Program (2008). HOMICIDE ET DÉVELOPPEMENT 40 40 35 35 30 30 Taux d’homicides pour 100 000 habitants Taux d’homicides pour 100 000 habitants Fig. 2.2: Taux d’homicides et indicateurs de développement, Afrique (2010 ou année la plus récente pour laquelle on dispose de données) Taux d’homicides et IDH Taux d’homicides et coefficient de Gini 25 20 15 10 25 20 15 10 5 5 0 0 Indice de développement humain Très élevé (0 pays) Élevé (2 pays) Moyen (10 pays) Coefficient de Gini < 0,35 (5 pays) Bas (37 pays) 0,35 - 0,45 (23 pays) > 0,45 (15 pays) Source: UNODC Homicide Statistics (2011). Indice de développement humain du PNUD et coefficient de Gini de la Banque mondiale. La taille des bulles est proportionnelle au pourcentage des homicides au niveau mondial dans les pays pour lesquels un IDH ou un coefficient de Gini est établi. Gros plans sur les régions Au niveau mondial, la relation entre indicateurs de développement et taux d’homicides est parfois brouillée par d’autres facteurs associés aux niveaux d’homicides, dont les tendances sont divergentes dans différentes parties du monde. Ceci concerne, par exemple, le rôle du crime organisé ou l’impact des politiques de préventions de la criminalité. C’est cependant l’analyse de la relation entre développement et homicide au niveau régional – où les schémas se rapportant à de tels facteurs sont plus susceptibles d’être similaires – qui peut fournir une image claire du rôle du développement sur les niveaux de la criminalité. Afrique Comme le montre la figure 2.2, la corrélation entre la criminalité, le développement et la répartition des revenus est claire en Afrique, même s’il convient de rester prudent quant à l’interprétation de ces conclusions puisque les données de certains pays africains ont été estimées à l’aide de modèles statistiques extrapolant les données relatives aux homicides sur la base, aussi, de variables socioéconomiques. Les pays africains à IDH “bas” ont en moyenne un taux d’homicides dépassant 20 pour 100 000, ce qui est le double de la valeur estimée pour les pays africains à IDH “moyens” et un homicide volontaire sur trois commis dans le Fig. 2.3: Taux d’homicides et indicateurs de développement, Amériques (2010 ou année la plus récente pour laquelle on dispose de données) Taux d’homicides et IDH 40 35 35 30 30 Taux d’homicides pour 100 000 habitants Taux d’homicides pour 100 000 habitants 40 25 20 15 10 Taux d’homicides et coefficient de Gini 25 20 15 10 5 5 0 0 Indice de développement humain Très élevé (3 pays) Élevé (15 pays) Moyen (9 pays) Bas (0 pays) Coefficient de Gini < 0,35 (1 pays) 0,35 - 0,45 (4 pays) > 0,45 (17 pays) Source: UNODC Homicide Statistics (2011). Indice de développement humain (PNUD) et coefficient de Gini (Banque mondiale). La taille des bulles est proportionnelle au pourcentage des homicides au niveau mondial dans les pays pour lesquels un IDH ou un coefficient de Gini est établi. 31 2 ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide Fig. 2.4: Taux d’homicides et indicateurs de développement, Asie (2010 ou année la plus récente pour laquelle on dispose de données) Taux d’homicides et IDH 40 35 35 30 30 Taux d’homicides pour 100 000 habitants Taux d’homicides pour 100 000 habitants 40 25 20 15 10 25 20 15 10 5 5 0 Taux d’homicides et coefficient de Gini 0 Indice de développement humain Moyen Très élevé Bas Élevé (17 pays) (10 pays) (8 pays) (8 pays) < 0,35 (9 pays) Coefficient de Gini 0,35 - 0,45 (23 pays) > 0,45 (3 pays) Source: UNODC Homicide Statistics (2011). Indice de développement humain (PNUD) et coefficient de Gini (Banque mondiale). La taille des bulles est proportionnelle au pourcentage des homicides au niveau mondial dans les pays pour lesquels un IDH ou un coefficient de Gini est établi. monde est perpétré dans les pays d’Afrique faiblement développés. Le coefficient de Gini apporte une indication similaire puisqu’il montre que les pays africains ayant les plus fortes inégalités de revenus (coefficient de Gini supérieur à 0,45) ont les taux d’homicides les plus élevés (environ 22 pour 100 000). niveaux d’homicides. Dans la région cependant, le développement humain et l’inégalité des revenus sont des facteurs qui peuvent expliquer au moins une certaine variabilité des niveaux de criminalité violente dans cette région (figure 2.3). Asie En Asie, les taux élevés d’homicides vont généralement de pair avec des niveaux de développement bas mais, au contraire d’autres régions, les données nationales ne semblent pas faire ressortir de relation entre la criminalité violente et l’inégalité (figure 2.4). Quelques-uns des pays les plus peuplés du monde étant situés en Asie, les données nationales ne peuvent mesurer que de très importants groupes humains et une meilleure analyse de Amériques Si on les compare aux pays d’autres régions, les pays des Amériques ont en moyenne des taux d’homicides élevés, associés à des niveaux de développement relativement hauts, ce qui mène à penser que des facteurs autres que le développement, comme par exemple le crime organisé, jouent un rôle anormalement important dans les Fig. 2.5: Taux d’homicides et indicateurs de développement, Europe (2010 ou année la plus récente pour laquelle on dispose de données) Taux d’homicides et IDH 40 35 35 30 30 Taux d’homicides pour 100 000 habitants Taux d’homicides pour 100 000 habitants 40 25 20 15 10 5 0 Taux d’homicides et coefficient de Gini 25 20 15 10 5 Indice de développement humain Très élevé Élevé Moyen Bas (27 pays) (13 pays) (0 pays) (0 pays) 0 Índice de Gini < 0,35 (21 pays) 0,35 - 0,45 (8 pays) > 0,45 (0 pays) Source: UNODC Homicide Statistics (2011). Indice de développement humain (PNUD) et coefficient de Gini (Banque mondiale). La taille des bulles est proportionnelle au pourcentage des homicides au niveau mondial dans les pays pour lesquels un IDH ou un coefficient de Gini est établi. 32 HOMICIDE ET DÉVELOPPEMENT Fig. 2.6: Position des pays en fonction des évolutions de l’Indice de l’état de droit et du taux d’homicides, milieu des années 1990 à 2009 2,5 Homicides en diminuon Homicides en augmentaon 2 1,5 Indice de l’état de droit 2009 1 0,5 0 -2,5 -2 -1,5 -1 -0,5 0 0,5 1 1,5 2 2,5 -0,5 -1 État de droit amélioré -1,5 -2 État de droit détérioré -2,5 Indice de l’état de droit 1996 (ou 1998) Source: World Bank Data Rule of Law Index (1996 et 2009) et UNODC Homicide Statistics (2011). Les couleurs représentent les tendances en matière d’homicides (en diminution ou en augmentation entre 1995 et 2009). La taille des bulles est proportionnelle à l’évolution des taux d’homicides (de 1995 à 2009). la criminalité et de l’inégalité dans cette région nécessiterait des statistiques infranationales. Il est intéressant d’observer que les quatre pays les plus peuplés de la région (Chine, Inde, Indonésie et Pakistan) affichent tous des niveaux d’égalité des revenus relativement similaires (coefficient de Gini entre 0,32 et 0,42), tout en connaissant des taux d’homicides différents: de un pour 100 000 en Chine à sept pour 100 000 au Pakistan. Ces taux demeurent très bas par comparaison avec d’autres régions, mais montrent une grande variabilité à l’intérieur de la région elle-même. Europe Les taux d’homicides les élevés accompagnent les plus bas niveaux de développement en Europe et, comme dans toutes les régions, sauf l’Asie, les taux d’homicides les plus élevés correspondent aux pays d’Europe connaissant les plus hauts niveaux d’inégalité dans les revenus (figure 2.5). L’homicide et l’état de droit Essentiel à l’établissement d’une gouvernance efficace et donc élément crucial du puzzle du développement humain, l’état de droit désigne un principe en vertu duquel chacun doit répondre de l’observation de lois promulguées publiquement, appliquées de façon identique pour tous, administrées de manière indépendante et compatibles avec les règles et normes internationales en matière de droits de l’homme. Un développement économique et social à long terme, durable, nécessite en lui-même une gouvernance démocratique enracinée dans l’état de droit. Pour des raisons historiques, politiques et économiques, le respect accordé à cette primauté du droit varie considérablement d’un pays à l’autre. Il est intéressant d’étudier les éventuelles répercussions de telles variations sur les niveaux d’homicides pour déterminer si une gouvernance efficace et un état de droit fortement implantés sont des conditions préalables à la diminution réelle des taux d’homicides6. La mesure de la réalité de la primauté du droit dans un pays donné pose plusieurs problèmes 6 Le principe de l’état de droit retient de plus en plus l’attention en raison de son importance intrinsèque dans la promotion des droits de l’homme, et de son rôle dans les activités visant à faire en sorte que les efforts de développement soient menés sur une base durable (voir Déclaration du Millénaire – Nations Unies – et les résolutions de l’Assemblée générale qui ont suivi (A/RES/62/70, A/RES/63/128). 33 2 ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide méthodologiques7 et, aux fins de cet exercice, c’est le Rule of Law Index (ROLI)8 de la Banque mondiale qui a été utilisé. La figure 2.6 illustre les changements de la valeur du ROLI entre le milieu des années 1990 et 2009, ainsi que le changement absolu des taux d’homicides pendant la même période9. état de droit relativement fort (en haut à droite) n’ont généralement pas connu d’augmentation des taux d’homicides10. La figure 2.6 montre que pratiquement tous les pays où l’état de droit s’est renforcé (ceux situés au-dessus de la diagonale) ont également connu une diminution de leur taux d’homicides (bulles vertes), alors qu’inversement la plupart des pays qui ont connu une augmentation de leurs taux d’homicides (bulles rouges) ont également connu un affaiblissement de l’état de droit (et se trouvent au-dessous de la diagonale). Simultanément, la plupart des pays où les taux d’homicides se sont accrus sont associés à un état de droit relativement faible (ils sont dans la partie basse et gauche du graphique, tandis qu’inversement les pays ayant un Pays baltes, PIB par habitant, PPA-USD (3 pays) Caucase, PIB par habitant, PPA-USD (3 pays) Pays baltes, taux d’homicides (3 pays) Caucase, taux d’homicides (3 pays) 2009 2008 2007 2006 2005 2004 2003 2002 0 2001 0 2000 4 000 1999 4 1998 8 000 1997 8 1996 12 000 1995 12 1994 16 000 1993 16 1992 20 000 1991 20 1990 Taux d’homicides pour 100 000 habitants Fig. 2.7: Taux d’homicides et PIB par habitant dans les pays appartenant précédemment à l’ex-Union soviétique (1990-2009) PIB par habitant, PPA-USD Les changements les plus importants dans les taux d’homicides interviennent dans les pays où l’état de droit est relativement faible, ce qui reflète en partie le fait que les pays ayant un état de droit plutôt faible ont aussi des taux d’homicides a priori plus élevés, et donc un potentiel de changement plus élevé. Cependant, pour un petit groupe de pays (Estonie, Lettonie et Lituanie) qui, historiquement, ont connu un état de droit fort, on constate des diminutions relativement importantes des taux d’homicides avec la remontée en puissan-ce de l’état de droit. Inversement, divers pays des Caraïbes, d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud ont enregistré un déclin de leur état de droit déjà faible, comme en témoigne cet indicateur, et ils connaissent aussi certaines des plus fortes augmentations de taux d’homicides. Asie centrale, PIB par habitant, PPA-USD (4 pays) Europe orientale, PIB par habitant, PPA-USD (4 pays) Asie centrale, taux d’homicides (4 pays) Europe orientale, taux d’homicides (4 pays) Source: UNODC Homicide Statistics (2011) et données de la Banque mondiale (PIB). 7 Voir le document des Nations Unies Rule of Law Indicators. Implementation guide and Project Tools (2011). 8 L’Indicateur de l’état de droit est l’un des indicateurs mondiaux de la gouvernance mis au point par la Banque mondiale. Il “capte l’image de la mesure dans laquelle les agents de l’État font confiance aux règles de la société et y adhèrent, s’agissant en particulier de la qualité de l’exécution des contrats, des droits de propriété, de la police et des tribunaux, ainsi que de la probabilité des crimes et de la violence”. L’indicateur va de -2,5 à 2,5, les valeurs négatives correspondant aux pays où l’état de droit est relativement faible: plus la valeur est élevée, meilleure est l’image de l’état de droit. 9 34 Les pays ayant une population de moins de 350 000 habitants ont été exclus en raison de la moindre stabilité des taux les concernant. 10 Dans la mesure où le ROLI est également édifié, en partie, sur la base de mesures de la criminalité et de la violence, les résultats peuvent être marginalement influencés par l’auto-corrélation du ROLI avec les taux d’homicides mesurés. Cependant, la criminalité violente ne représente qu’une parmi plusieurs dizaines de sous-indicateurs qui sont compilés pour le ROLI. Voir http://info.worldbank.org/ governance/wgi/pdf/rl.pdf. HOMICIDE ET DÉVELOPPEMENT Tendances économiques et homicide Analyser les changements des variables économiques avec ceux des indicateurs de la criminalité est une autre manière, pertinente, d’observer la relation entre les variables de développement économique et les taux d’homicides11. Par exemple, la relation entre PIB et homicides s’est avérée particulièrement évidente dans les pays appartenant autrefois à l’Union soviétique, lors des soubresauts de son éclatement: la chute des PIB pendant la première moitié des années 1990 a coïncidé avec une montée rapide des taux d’homicides, tandis que la lente amélioration des conditions économiques s’est reflétée dans une diminution régulière des homicides volontaires (figure 2.7). Cette tendance est visible dans tous ces pays, même si les évolutions en matière d’homicides et de PIB n’ont pas toujours été simultanées. Il semble aussi que l’on doive associer le niveau moyen des performances économiques avec les tendances en matière d’homicide dans d’autres contextes: les taux d’homicides d’Amérique du Sud ont diminué pendant les périodes de croissan- ce économique, même s’il faut noter qu’ils avaient commencé à décroître un peu avant le début de la montée du PIB par habitant (2002-2004). En Amérique centrale, les taux d’homicides ont décliné lentement pendant une période de croissance économique régulière (les dix années qui ont suivi 1995), tandis que la brusque flambée des homicides postérieure à 2007 est intervenue à un moment où la croissance du PIB fléchissait aussi de manière significative (2008 et 2009) (figure 2.8). Répercussions de la crise économique sur la criminalité Parallèlement à la prise en compte des tendances à long terme dans les variables socioéconomiques et de leur relation avec l’homicide, les éventuelles répercussions des changements économiques à court terme sur la criminalité et l’homicide posent une question de recherche supplémentaire. Le fort lien entre criminalité et développement économi-que est visible également dans les niveaux chan-geants des homicides et des atteintes aux biens qui ont suivi la récente crise économique mondiale. Une étude menée par l’ONUDC à propos des répercussions de la crise économique sur la criminalité12 a 12 000 30 10 000 25 8 000 20 6 000 15 4 000 10 2009 2008 2007 2006 2005 2004 2003 2002 2001 2000 1999 0 1998 0 1997 2 000 1996 5 PIB par habitant, PPA-USD 35 1995 Taux d’homicides pour100 000 habitants Fig. 2.8: Taux d’homicides et PIB par habitant, Amérique centrale et Amérique du Sud (1995-2009) Amérique centrale, PIB par habitant, PPA-USD (7 pays) Amérique du Sud, PIB par habitant, PPA-USD (8 pays) Amérique centrale, taux d’homicides (7 pays) Amérique du Sud, taux d’homicides (8 pays) Source: UNODC Homicide Statistics (2011) et données de la Banque mondiale (PIB). 11 En de tels cas, une relation apparaît lorsque les changements d’une variable ont une “relation en terme de valeur et de temps” avec les changements d’une autre variable, par exemple si elles se déplacent dans la même direction (ou la direction opposée) et qu’elles sont simultanées (ou ont un décalage temporel fixe). La contrainte majeure en l’occurrence étant la rareté des séries chronologiques nationales pour plusieurs variables socioéconomiques, à l’exception du PIB par habitant, pour lequel les séries de données chronologiques sont disponibles pour un grand nombre de pays. 12 Cette étude a été réalisée dans le cadre de l’initiative Global Pulse, de l’ONU, pour établir l’éventuelle existence d’une relation entre les facteurs économiques, en particulier les changements de contextes économiques qui se sont produits pendant la crise financière mondiale de 2008/2009, et les changements dans les niveaux de criminalité, notamment les homicides volontaires. Des séries de données chronologiques fréquentes (mensuelles) venues de 15 pays ou grandes villes du monde entier ont été incorporées dans cette étude. 35 2 ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide Fig. 2.9: Taux d’homicides et quelques variables économiques, Jamaïque (2001-2010) 100 30 Moyenne mobile d’ordre 8 (taux d’homicides) Moyenne mobile d’ordre 2 (% annuel d’évolution de l’IPC) Moyenne mobile d’ordre 2 (% annuel d’évolution du PIB 25 80 20 70 15 60 50 10 40 5 30 0 20 -5 10 0 -10 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 Source: Police/Constabulary de la Jamaïque et base de données SFI-FMI (Statistiques financières internationales-Fonds monétaire international). montré que, dans un certain nombre de pays, les niveaux d’homicides peuvent être affectés par les changements économiques brutaux et prononcés. Les modèles élaborés pour simuler et décrire les changements des niveaux d’homicides dans le temps incorporent souvent des indicateurs statistiquement significatifs, et suggèrent l’existence de quelque rapport global entre certains facteurs économiques et l’homicide. Une analyse préparatoire de la recherche d’un lien de causalité entre les tendances économiques et l’homicide laisse entrevoir que les changements économiques entretiennent un rapport avec les taux d’homicides quoique, parfois, avec un décalage temporel. De façon purement visuelle, on peut constater que les changements économiques correspondant à la crise financière de 2008/2009 sont allés de pair avec des augmentations des niveaux d’homicides dans beaucoup de pays. En Jamaïque, par exemple, qui est un pays où les taux d’homicides et les niveaux de violence sont généralement élevés, une part de l’augmentation des niveaux d’homicides s’est produite pendant la crise économique (figure 2.9). Des prix à la hausse, vérifiés par une augmentation de l’Indice des prix à la consommation (IPC) et un déclin du PIB marquent la crise économique de 2008/2009. Une augmentation des niveaux d’homicides peut être observée durant la même période, avec une relation entre les évolutions (en pourcentages) de l’IPC, du PIB et des homicides, absolument flagrantes sur l’ensemble 36 des séries chronologiques, et pas seulement pendant la crise financière. Des tendances similaires dans les PIB, les IPC et les homicides sont identifiables au Costa Rica, un autre pays affecté par la crise financière (figure 2.10). La récente crise financière a pesé non seulement sur les homicides mais également sur d’autres infractions pénales, en particulier les atteintes aux biens: la relation entre le taux de chômage, l’ICP et les vols de voitures en Thaïlande en est une illustration (figure 2.11). Une analyse réalisée selon un modèle ARIMA a conclu que, pour huit pays sur les 15 suivis, des changements des facteurs économiques étaient associés à des changements dans divers types d’infractions pénales13. Dans chacun des cas, le pays a subi une diminution du PIB en 2008/2009 et une augmentation de l’ICP ou du taux de chômage. Ceci a coïncidé avec une augmentation des infractions pénales examinées, ce qui laisse penser que la tension économique peut aller de pair avec les augmentations de la criminalité vio13 L’approche analytique adoptée a consisté à développer des modèles (ARIMA) de moyennes mobiles intégrées autorégressives élargis par l’inclusion éventuelle d’indicateurs économiques statistiquement significatifs. La méthodologie ARIMA génère un modèle qui décrit les séries chronologiques en matière d’homicides sur la base d’observations passées dans les séries d’homicides mêmes, ainsi que d’erreurs aléatoires passées. Le modèle est élargi pour que des observations actuelles et passées de séries chronologiques économiques puissent être incluses dans le modèle si elles contribuent significativement à la capacité du modèle à décrire la variabilité des fluctuations mensuelles en matière d’homicides. Pourcentage d’évolution Taux d’homicides pour 100 000 habitants 90 HOMICIDE ET DÉVELOPPEMENT Fig. 2.10: Taux d’homicides et quelques variables économiques, Costa Rica (2005-2009) 20 16 15 12 10 10 5 8 6 0 Pourcentage d’évolution Taux d’homicides pour 100 000 habitants 14 4 -5 Moyenne mobile d’ordre 3 (taux d’homicides) Moyenne mobile d’ordre 2 (% annuel d’évolution de l’IPC) Moyenne mobile d’ordre 2 (% annuel d’évolution du PIB) 2 0 -10 2005 2007 du Costa Rica et2008 2009 Source:2006 Observatorio de la Violencia base de données SFI-FMI. Fig. 2.11: Vols de véhicules à moteur et quelques variables économiques, Thaïlande (2005-2010) 14 Moyenne mobile d’ordre 2 (taux de vols de véhicules à moteur) Moyenne mobile d’ordre 2 (% annuel d’évolution du PIB) Moyenne mobile d’ordre 2 (taux de chômage) 50 12 10 8 40 6 4 30 2 0 20 -2 -4 10 Taux de chômage et % d’évolution des IPC Taux de vols de véhicules à moteur pour 100 000habitants 60 -6 0 -8 2005 2006 2007 2008 2009 Source: Police royale Thaï et base de données SFI-FMI. lente et des atteintes à la propriété, en fonction des contextes propres à chaque pays. Les facteurs économiques et de développement analysés dans le présent chapitre ne sont pas les seuls à influencer le niveau de violence dans une société. Des études sur l’homicide ont montré que d’autres facteurs pèsent aussi, notamment sur les 2010 normes et les valeurs sociales, les rôles selon le genre, l’abus d’alcool et de drogues illicites, le trafic de drogues, la violence politique et la présence du crime organisé, tandis que l’État peut, de son côté, jouer un rôle, soit positif, soit négatif, selon l’efficacité de ses politiques de prévention du crime. Ainsi, lorsque l’on se penche sur la relation entre homicide et développement, il faut com- 37 2 ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide prendre que, si pour les besoins du présent chapitre, certaines mesures de développement ont été analysées isolément de ces autres facteurs, les facteurs de développement, seuls, ne suffisent pas à rendre compte des variations de taux d’homicides entre les pays. Ils ne tiennent pas compte non plus du fait que la relation entre homicide et développement n’est pas nécessairement unidirectionnelle. De par la force de son caractère extrême, l’impact de la violence meurtrière sur le développement social, humain et même économique ne saurait être positif, et l’on peut certainement affirmer que l’homicide a des répercussions qui dépassent largement la perte immédiate et directe de la vie. Lorsque la quantité et la fréquence des homicides dépasse un certain seuil, les États peuvent se trouver pris dans une “piège de la violence”14 débouchant sur une peur, une insécurité généralisées et une perte de confiance dans les institutions de l’État, qui peuvent à leur tour déclencher un rétrécissement des activités économiques et même des investissements étrangers. Le prochain chapitre, Armes à feu, trafic et criminalité organisée examinera très en détail les contextes de cette sorte. 14 Rapport du Secrétaire général de l’Assemblée générale des Nations Unies, Promotion du développement par le biais de la réduction et la prévention de la violence armée (2009). 38 3. ARMES À FEU, TRAFIC ET CRIMINALITÉ ORGANISÉE L’impact de la disponibilité des armes à feu sur l’homicide, les interférences entre l’usage des armes à feu pour commettre des homicides et la perpétration de la violence par des bandes de délinquants et des groupes criminels organisés sont souvent étudiés séparément. Le présent chapitre les rassemble en vue de mettre en relief les connexions transnationales et sous-régionales entre les niveaux de violence et les armes à feu, et les liens entre violence, criminalité organisée et marchés illicites des drogues. Ce dernier aspect est exploré ici en profondeur eu égard en particulier à la situation en Amérique centrale. Utilisation des armes dans les homicides Les homicides ne sont pas tous perpétrés avec une arme. Le système de Classification statistique internationale des maladies (CIM-10), par exemple, n’inclut dans sa catégorie des décès par agression (X85-Y09) que 6 codes sur 25 qui puissent être communément considérés comme corrélés à une arme (arme de poing, fusil, carabine et arme de plus grande taille, armes à feu, autres et sans précision, matériel explosif, objet tranchant, objet contondant). En dépit de cela et du large éventail des causes possibles de décès par agression “sans arme” reconnus par les classifications internationales1, les données disponibles suggèrent que les armes – et en particulier les armes à feu – jouent un rôle très significatif dans les homicides. 1 Les autres codes CIM-10 pour les décès par agression “sans arme” comportent les agressions par médicaments, substances biologiques, substances corrosives, pesticides, gaz et émanations, produits chimiques, noyade et submersion, fumée, feu et flammes, vapeur d’eau, gaz et objets brûlants, précipitation dans le vide, en poussant la victime devant un objet en mouvement, force physique, en provoquant une collision de véhicule à moteur, délaissement et abandon. Source: OMS, Classification internationale des maladies (CIM-10) (2007). Les calculs effectués à partir des statistiques de l’ONUDC sur l’homicide, sur la base de 108 pays (couvrant un peu plus de 50 % de l’ensemble des homicides commis dans le monde) mènent à penser qu’environ 199 000 homicides sur le total estimé de 468 000 en 2010 ont été commis par arme à feu, soit une part de 42 %2. Tout comme l’homicide lui-même, l’usage des armes à feu dans l’homicide n’est pas uniformément réparti dans le monde. Les données basées sur les sources de la justice pénale et de la santé publique apportent différentes répartitions sur les moyens des homicides commis dans différentes régions. Les sources de santé publique conduisent à estimer que 74 % des homicides sont commis par arme à feu sur le continent américain (sur la base de 30 pays), chiffre qu’il faut mettre en regard des 21 % pour l’Europe (sur la base de 32 pays). A contrario, les objets tranchants tels que les armes blanches représentent une plus forte proportion des morts violentes dans les pays européens (36 %) qu’aux Amériques (16 %), tandis que l’usage d’une arme quelconque compte pour 90 % des homicides en Amérique mais seulement 57 % en Europe (figure 3.1). Le présent chapitre ainsi que le chapitre 5 étudient en quoi ce modèle est vraisemblablement étroitement lié aux différentes répartitions des typologies d’homicides en Amérique et en Europe; une proportion plus forte d’homicides étant liée, sur le continent américain, au crime organisé et 2 Basée sur des données par pays pour 2010 ou les données connues de l’année la plus récente, cette estimation qui doit beaucoup aux données de la justice pénale concorde avec l’éventail de 196 000 à 229 000 précédemment évalué et publié comme étant le fardeau mondial de la mortalité par arme à feu non lié à des conflits, à partir des sources de santé publique de l’OMS. Source: Richmond, T.S., Cheney, R., Schwab, C.W, The global burden of non-conflict-related firearm mortality, Injury Prevention (2005). 39 ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide Fig. 3.1: Moyens utilisés dans les homicides, Amériques et Europe (2008 ou année la plus récente pour laquelle on dispose de données) Moyens de l’homicide – Amériques (30 pays) Moyens de l’homicide – Europe (32 pays) 10% 21% 16% 43% Armes à feu 74% Objets tranchants Armes à feu 36% Autres Objets tranchants Autres Source: Global Burden of Injuries, Injury Mortality Data Collection (2011). aux bandes de délinquants, alors qu’en Europe une grande proportion des homicides est liée aux violences conjugales et/ou familiales. En particulier, les 43 % d’homicides liés aux “autres” moyens renvoient largement, en Europe, aux agressions par force physique, objets contondants et strangulation, que l’on rencontre souvent dans les homicides liés aux violences conjugales et/ou familiales3. Des données plus détaillées venues des sources de la justice pénale confirment les différents modèles des continents américain et européen et montrent que le pourcentage des homicides par arme à feu varie également beaucoup au niveau sous-régional. La figure 3.2 démontre que le pourcentage moyen Fig. 3.2: Pourcentage des homicides par arme à feu dans les sous-régions (2010 ou année la plus récente pour laquelle on dispose de données) Amérique du Sud (10 pays sur 13) Caraïbes (11 pays sur 22) Amérique centrale (8 pays sur 8) Amérique septentrionale (3 pays sur 3) Asie du Sud-Est (5 pays sur 11) Europe méridionale (10 pays sur 13) Afrique (10 pays sur 53) Europe occidentale (7 pays sur 9) Asie occidentale (10 pays sur 18) Europe septentrionale (9 pays sur 11) Océanie (3 pays sur 14) Asie centrale (4 pays sur 5) Asie méridionale (5 pays sur 9) Asie orientale (5 pays sur 8) Europe orientale (9 pays sur 10) 0 10 20 30 40 50 60 70 80 Pourcentage des homicides par arme à feu Source: UNODC Homicide Statistics (2011). 3 Aldridge M. et Browne, K.D., Perpetrators of Spousal Homicide, Trauma Violence Abuse (2003). 40 des homicides commis par arme à feu varie de plus de 70 % du total des homicides commis en Amérique du Sud à moins de 6 % du total correspondant en Europe orientale, les quatre sous-régions affichant les plus hauts pourcentages d’homicides par arme à feu étant toutes situées sur le continent américain. Les données ventilées par sexe et âge des victimes tuées avec différentes armes révèlent d’autres schémas, plus précis. Les meurtres de personnes jeunes de sexe masculin, âgées de 10 à 34 ans, répartis par tranches d’âge de cinq ans, aux Amériques, en Asie et en Europe, affichent une répartition remarquablement diverse par régions et sous-régions. La figure 3.3 démontre que si la proportion des homicides d’hommes jeunes, tous groupes confondus de 15 à 34 ans, à l’aide d’objets tranchants, est raisonnablement constante et faible, la proportion des morts par arme à feu est notoirement plus importante et concentrée dans le groupe des 20 à 29 ans. Dans les 46 pays des Amériques pour lesquels des données sont disponibles, plus de 25 % de tous les homicides sur des personnes de sexe masculin de 10 à 34 ans correspondent à des hommes de 20 à 24 ans tués par arme à feu. Sur l’ensemble de cette tranche d’âge, une personne de sexe masculin risque, aux Amériques, environ six fois plus d’être tuée par une arme à feu que par une arme blanche. Bien différemment, dans 17 pays d’Asie, les homicides par arme à feu ou objets tranchants sont beaucoup plus uniformément répartis dans le groupe de 15 à 34 ans: si la proportion de morts violentes par arme à feu est légèrement plus importante dans chaque groupe, dans les pays d’Asie, une personne de sexe masculin risque à peu près autant d’être tuée par une arme blanche que par une arme à feu. ARMES À FEU, TRAFIC ET CRIMINALITÉ ORGANISÉE Amériques (46 pays) 30 25 Pourcentage d’homicides, victimes de sexe masculin de 10 à 34 ans Pourcentage d’homicides, victimes de sexe masculin de 10 à 34 ans Fig. 3.3: Ventilation des homicides par arme à feu et par objet tranchant, jeunes de sexe masculin par âges, Amériques et Asie, (2008 ou année la plus récente pour laquelle on dispose de données) Armes à feu Objets tranchants 20 15 10 5 0 10-14 15-19 20-24 25-29 Asie (17 pays) 30 25 Armes à feu Objets tranchants 20 15 10 5 0 30-34 10-14 15-19 20-24 25-29 30-34 Groupes d’âge Groupes d’âge Source: Global Burden of Injuries, Injury Mortality Data Collection (2011). Les barres représentent la ventilation des pourcentages d’homicides de personnes de sexe masculin âgées de 10 à 34 ans. Fig. 3.4: Ventilation des homicides par arme à feu et par objet tranchant, jeunes de sexe masculin par âges, Europe, (2008 ou année la plus récente pour laquelle on dispose de données) 25 Europe méridionale et orientale (15 pays) 30 Pourcentage d’homicides, victimes de sexe masculin de 10 à 34 ans Pourcentage d’homicides, victimes de sexe masculin de 10 à 34 ans 30 Armes à feu Objets tranchants 20 15 10 5 0 25 Europe septentrionale et occidentale (17 pays) Armes à feu Objets tranchants 20 15 10 5 0 10-14 15-19 20-24 25-29 30-34 Groupes d’âge 10-14 15-19 20-24 25-29 Groupes d’âge 30-34 Source: Global Burden of Injuries, Injury Mortality Data Collection (2011). Les barres représentent la ventilation des pourcentages d’homicides de personnes de sexe masculin âgées de 10 à 34 ans. En Europe, le schéma global rappelle davantage l’Asie que les Amériques: les morts violentes chez les personnes de sexe masculin âgées de 10 à 34 ans sont plus uniformément réparties entre les morts par arme à feu et les morts par objet tranchant (figure 3.4). Globalement, la proportion de morts dans le groupe d’âge 15-19 ans dans les pays pour lesquels ces données sont disponibles en Europe est aussi quelque peu inférieure à celles constatées pour les Amériques et pour l’Asie. Il est intéressant de noter que les objets tranchants sont la cause prédominante de morts violentes en Europe septentrionale et en Europe occidentale, alors que les morts par arme à feu et par objet tranchant sont également réparties en Europe méridionale et en Europe orientale. Ces importantes différences dans les modes de commission de l’homicide expliquent les différences dans la nature même des difficultés à surmonter pour prévenir et réduire la violence dans différentes régions. Certains principes de prévention de la criminalité sont clairement communs: la nécessité de s’attaquer aux causes profondes de la violence au travers d’interventions sur les responsabilités parentales, les compétences élémentaires, l’accès à l’alcool, la modification de l’environnement public, la nécessité aussi d’aborder les normes culturelles, la privation et l’inégalité. Cependant, 41 3 ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide Les jeunes gens et le port d’armes blanches Les jeunes commencent parfois à porter une arme blanche après une victimisation, ou par crainte de subir des violences ou des intimidations, en raison de leur implication dans des bandes de délinquants de rue, ou de leur engagement dans d’autres formes de délinquance ou de comportements à risque. Porter une arme peut donner au jeune le courage d’aller dans des endroits qu’il éviterait dans le cas contraire, ou celui de se battre. De fait, pour un jeune, porter une arme blanche va de pair avec une plus grande participation au combat physique et une plus grande probabilité d’être gravement blessé dans le lot de ceux qui se battent. Cette grande diversité de facteurs augmente le risque de violence entre les jeunes, et de violence à l’aide d’armes blanches1. Les armes blanches sont disponibles sans restriction et il est plus difficile d’en restreindre le port et la propriété qu’en ce qui concerne les armes à feu. Il n’existe pas de données à grande échelle sur le port d’arme blanche et il n’est pas possible d’évaluer le degré de disponibilité des armes blanches pour une population. À titre d’illustration, on peut citer une étude portant sur des élèves de 16 à 20 ans d’une école suisse, qui a montré que 20 % des jeunes gens et 6 % des jeunes filles portaient une arme. Les armes blanches comptaient pour 11,5 % et 1,5 % respectivement et, parmi ceux et celles qui portaient une arme blanche; 8 % des jeunes gens et 4 % des jeunes filles ont affirmé l’avoir utilisée dans une bagarre2. Pendant ce temps, les niveaux de criminalité à l’arme blanche chez les jeunes dans les pays d’Europe septentrionale, dont le RoyaumeUni par exemple, faisaient les manchettes des journaux ces dernières années3. Les morts par objet tranchant sont tout particulièrement remarquables chez les 15-19 ans et les 20-24 ans dans les pays de l’Europe septentrionale et de l’Europe occidentale (figure 3.4), où la proportion de décès par arme blanche, en particulier, est quelque trois fois supérieure à celle des décès par arme à feu dans le groupe 20-24 ans. 1 2 3 OMS, European Report on Preventing Violence and Knife Crime among Young People (2010). Ibid. En Angleterre et au pays de Galle par exemple, les admissions dans les hôpitaux pour agression à l’arme blanche ou par instrument tranchant ont augmenté de 34 % entre 2002 et 2007, pour diminuer de 1 % en 2008/2009 (ibid). riposter à l’usage prédominant des armes à feu dans l’homicide peut nécessiter une politique et des approches concrètes différentes de celles relatives à l’usage des armes blanches; il faudra prévoir une législation de contrôle et des mesures relatives à l’accès aux armes à feu, ainsi que l’examen des raisons sous-jacentes au désir de posséder une arme à feu (voir encadré sur les législations relatives aux armes à feu). Disponibilité des armes à feu et homicide Les schémas liés aux homicides commis avec des armes à feu soulèvent la question naturelle de la relation ou de la non-relation entre la disponibilité des armes à feu et les niveaux d’homicides, ainsi que celle de savoir si une plus grande disponibilité des armes à feu est liée à une augmentation globale des niveaux d’homicides en particulier. Aucune théorie n’explique de manière indiscutable la relation entre le fait de posséder une arme à feu et l’homicide, ou même la criminalité en général, dans la mesure où les armes à feu donnent tout aussi bien un moyen d’agression à l’agresseur potentiel qu’un moyen de défense à la victime potentielle4. D’une part, la disponibilité des armes à feu peut augmenter la gravité d’une infraction pénale, ou la rendre plus meurtrière: l’hypothèse de la “facilitation” avance qu’avoir accès à une arme à feu peut La législation sur les armes à feu Une législation complète de contrôle des armes à feu fournit un cadre de régulation des “objets” (armes à feu propriétés de l’État et armes à feu aux mains de civils), de l’“accès aux armes à feu” (en établissant des modalités, restrictions et conditions de possession et d’usage légitime des armes à feu), et des “utilisateurs d’armes à feu” (fabricants, négociants, armuriers, courtiers, propriétaires, utilisateurs, etc.). Bien que la plupart des pays disposent d’un cadre normatif traitant la plupart des domaines indiqués ci-dessus, la législation de contrôle des armes à feu peut fortement varier d’un pays à l’autre. La propriété des armes à feu impose souvent l’obtention d’une licence ou d’une autorisation, émise par une autorité compétente et soumise à un ensemble de critères et de conditions, notamment une formation au maniement des armes à feu, des certificats de compétence ou des vérifications de casier judiciaire, etc. Les législations nationales sont aussi extrêmement diverses en ce qui concerne d’autres aspects des régimes de contrôle des armes à feu, tels que les registres, le marquage et les règlements relatifs aux transferts. La plupart des pays se sont dotés d’un système de licence pour la fabrication et le transfert des armes à feu, mais ces lois sont souvent vieillies, inadaptées ou frappées d’un manque de procédures concrètes et administratives pourtant nécessaires pour que l’on puisse les mettre efficacement en œuvre. Outre les législations nationales sur l’achat et la possession privée des armes à feu, les États parties au Protocole contre la fabrication et le trafic illicites d’armes à feu, de leurs pièces, éléments et munitions, additionnel à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée, sont tenus de créer des mesures strictes de contrôle des transferts et de prévoir des dispositions de mise en vigueur, ainsi que de conférer le caractère d’infraction pénale à la fabrication et au trafic illicites intentionnels d’armes à feu, de leurs pièces, éléments et munitions ainsi qu’à la falsification ou à l’effacement, à l’enlèvement ou à l’altération de façon illégale de la (des) marque(s) que doit porter une arme à feu. La détermination des effets de la législation sur l’accès aux armes à feu exige quelques précautions: une législation plus rigoureuse peut en fait ne pas réduire l’accès aux armes à feu en l’absence de mesures d’application1. Il est fréquent que le manque de ressources humaines et financières, et de capacités techniques, entrave gravement la mise en œuvre efficace d’un régime global de contrôle des armes à feu, et cette lacune doit être prise en considération dès lors que l’on songe à modifier ou moderniser la législation nationale sur les armes à feu. 1 Leigh, A. et Neill, C., Do gun buybacks save lives? Evidence from panel data, American Law and Economics Review (2010). 4 42 Kleck G., Targeting guns: Firearms and their Control (1997). ARMES À FEU, TRAFIC ET CRIMINALITÉ ORGANISÉE D’autre part, l’hypothèse de la “dissuasion” suggère que la disponibilité d’une arme à feu peut perturber une agression criminelle ou dissuader son auteur potentiel, et prévenir l’accomplissement du crime en neutralisant la puissance d’un auteur armé ou en faisant pencher l’équilibre des forces en faveur de la victime lorsqu’elle se trouve confrontée à un auteur non armé 6. Cette hypothèse s’appuie sur l’axiome que la disponibilité de l’arme à feu ne représente pas, par elle-même, un incitatif majeur pour les auteurs: ils sont déjà déterminés à commettre une infraction et ils se sont équipés en armes à feu au travers de réseaux bien établis ou clandestins, pour réaliser leurs desseins criminels. Apporter un soutien quantitatif fiable à l’une ou l’autre de ces hypothèses est l’un des domaines les plus ardus de la recherche sur l’homicide, et les problèmes méthodologiques ne manquent pas, notamment: la détermination de mesures fiables relatives à la possession et à la disponibilité des armes à feu, à leur accessibilité et à leur usage; la nécessité de différencier les catégories de propriétaires d’armes à feu (à titre familial, individuel, en lien avec des groupes criminels organisés ou des bandes de délinquants, etc.) et les divers types d’armes à feu (armes de poing, fusils de chasse, carabines, etc.); le signalement des corrélations qui émergent entre la disponibilité des armes à feu et les taux d’homicides qui pourraient être causées par un facteur tiers (comme la montée des homicides du fait d’une présence accrue du crime organisé); la difficulté d’établir des relations de cause à effet entre les changements dans la disponi5 Cook P. J., The technology of personal violence, Crime and Justice (1991). 6 Kleck G., The Impact of gun control and gun ownership levels on violence rates, Journal of Quantitative Criminology (1993). Fig. 3.5: Détention d’armes à feu et taux d’agressions par arme à feu dans 45 villes/zones urbaines, pour certains pays (1996-2008) 7 000 Afrique Agressions par armes à feu pour 100 000 habitants donner de l’audace à des délinquants potentiels qui, sans cette arme, ne commettrait pas une infraction de type agression ou vol, et que l’accessibilité à une arme à feu peut transformer une “simple” dispute familiale ou de voisinage en une tragédie. Selon l’hypothèse de l’“instrumentalité de l’arme”, outre que l’arme à feu augmente la gravité de l’infraction pénale, la disponibilité de cette arme augmente la probabilité que l’infraction connaisse un dénouement violent. Par exemple, l’utilisation d’une arme à feu pendant une agression ou un vol augmentera la probabilité de morts ou de blessures graves car elle apporte aux auteurs l’occasion de blesser ou tuer à distance, et facilite l’agression de victimes plus nombreuses que l’utilisation d’autres armes telles qu’une arme blanche ou un objet contondant5. Amériques 6 000 Asie Europe 5 000 4 000 3 000 2 000 1 000 0 0 5 10 15 20 25 30 35 Pourcentage de propriétaires d’armes à feu Sources: ICVS et ONUDC, Des données pour l’Afrique. bilité des armes à feu et les changements correspondants des niveaux d’homicides (qu’est-ce qui vient d’abord ?); la difficulté de prendre en compte différents cadres législatifs sur les armes à feu et la capacité des États à les mettre en œuvre lorsque l’on mène des études comparatives7. Malgré ces obstacles, toute une littérature tend à convaincre que la disponibilité des armes à feu représente bien plus un facteur de risque qu’un facteur de protection en matière d’homicides. En particulier, des études quantitatives tendent à démontrer un lien entre le nombre des armes à feu en circulation et les homicides8. Dans la figure 3.5, l’analyse des données recueillies entre 1996 et 2008 pour 45 villes et zones urbaines situées dans des pays en développement ou dans des pays en transition montre que la disponibilité des armes à feu (demandée dans les enquêtes sur la victimisation) est étroitement liée aux taux d’agression par arme à feu9: plus les individus en 7 Kleck G., Measures of Gun Ownership Levels for Macro-Level Crime and Violence Research, Journal of Research in Crime and Delinquency (2004). 8 Hepburn, L.M., Hemenway, D., Firearm availability and homicide: A review of the literature, Aggression and Violent Behaviour (2004). 9 Données recueillies dans le cadre du programme de l’Enquête internationale sur les victimes de la criminalité (ICVS) et le programme de l’ONUDC “Des données pour l’Afrique”, en utilisant le même questionnaire de base normalisé. 43 3 ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide possession d’armes sont nombreux, plus fréquentes sont les agressions armées (des corrélations similaires ont été établies entre le pourcentage des propriétaires d’armes à feu et la prévalence des agressions, des vols et des vols à main armée). Compte tenu de l’absence de données sur les taux d’homicides dans les mêmes villes, il n’est pas possible de lier directement la disponibilité des armes à feu et les meurtres. L’on peut cependant supposer que les agressions et les vols qui se produisent dans des villes où la disponibilité des armes à feu est élevée peuvent être plus graves ou meurtriers que les agressions et les vols perpétrés dans les villes où les armes à feu sont peu disponibles10. Ces données ne prouvent pas une relation de cause à effet entre la disponibilité des armes à feu et les agressions par arme à feu (en théorie, un nombre plus élevé d’armes à feu possédées pourrait aussi être la conséquence d’un taux d’agressions plus élevé, c’est-à-dire d’une stratégie défensive des citoyens pour dissuader leurs agresseurs potentiels). À tout le moins pourtant, la relation entre la disponibilité des armes à feu et la criminalité violente, y compris les homicides, apparaît effectivement comme un cercle vicieux. La figure 3.6 illustre la relation entre les taux globaux d’homicides et la proportion d’homicides commis par arme à feu, et souligne encore la force des schémas régionaux. Les pays américains tendent à afficher une forte corrélation entre les taux d’homicides et le pourcentage d’homicides par arme à feu. A contrario, dans les pays d’Asie, d’Europe et d’Océanie, la relation entre niveaux d’homicides et pourcentages de meurtres perpétrés avec une arme à feu semble plus lâche: les taux d’homicides tendent à se rassembler au-dessous de 10 pour 100 000, mais l’éventail est plus large pour les homicides par arme à feu, qui s’étalent de valeurs proches de zéro jusqu’à 70 % (la figure 3.6 n’inclut pas les pays d’Afrique en raison du peu de données disponibles dans cette région). Il faut souligner que le pourcentage d’homicides par arme à feu est la résultante composée d’au moins trois aspects: la disponibilité des armes à feu; la préférence des auteurs d’infractions pénales pour l’usage des armes à feu dans leurs méfaits; et leur volonté d’infliger des blessures fatales11. De plus, depuis une perspective mondiale, la remarquable différence d’ordres de grandeur entre les estimations mondiales relatives à la possession Fig. 3.6: Taux d’homicides et pourcentage d’homicides par arme à feu, pour certains pays (2010 ou année la plus récente pour laquelle on dispose de données) 80 Taux d’homicides pour 100 000 habitants 70 60 Ligne de régression Amériques 50 40 30 20 10 Ligne de régression Asie Ligne de régression Europe 0 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 Pourcentage d’homicides par arme à feu Amériques (30 pays) Asie (28 pays) Europe (36 pays) Océanie (3 pays) Source: UNODC Homicide Statistics (2011). 10 Altheimer I., An Exploratory Analysis of Guns and Violent Crime in a Cross-National Sample of Cities, Southwest Journal of Criminal Justice (2010). 44 11 Kleck G., City-Level Characteristics and Individual Handgun Ownership, journal of Contemporary Criminal Justice (2009). ARMES À FEU, TRAFIC ET CRIMINALITÉ ORGANISÉE Fig. 3.7: Taux d’homicides par arme à feu et sans arme à feu, Amériques (période la plus récente pour laquelle on dispose de données) 30 25 20 15 10 5 0 2004 2005 2006 Homicides par d’autres moyens 2007 2008 2009 Taux d’homicides pour 100 000 habitants Taux d’homicides pour 100 000 habitants Amérique septentrionale (2 pays) 35 Homicides par arme à feu Caraïbes (5 pays) 35 30 25 20 15 10 5 0 2005 2006 Taux d’homicides pour 100 000 habitants Taux d’homicides pour 100 000 habitants 25 20 15 10 5 0 2007 Homicides par d’autres moyens 2008 2009 2010 Homicides par arme à feu Amérique du Sud (4 pays) 30 2006 2008 Homicides par d’autres moyens Amérique centrale (5 pays) 35 2005 2007 2009 2010 Homicides par arme à feu 35 30 25 20 15 10 5 0 2004 2005 2006 Homicides par d’autres moyens 2007 2008 Homicides par arme à feu Source: UNODC Homicide Statistics (2011). d’armes à feu par des civils (des centaines de millions, selon les estimations de 2007 du programme Small Arms Survey)12 et les homicides annuels par arme à feu (des centaines de milliers) indique que la majorité des armes à feu civiles ne sont pas utilisées à mauvais escient et sont détenues pour des motifs légitimes. Cependant, le taux global élevé d’homicides combiné à la très forte proportion (plus de 60 %) d’homicides par arme à feu constatée dans des régions telles que l’Amérique centrale et l’Amérique du Sud montre que, selon les contextes, la disponibilité des armes à feu et donc la facilité d’accès à ces armes peuvent peser de façon significative sur les taux d’homicides. En ces circonstances, une certaine proportion d’armes à feu civiles (utilisées par une certaine proportion de la population) peut 12 Selon cette estimation, environ 650 millions de petites armes à feu sont entre les mains de civils, alors que les stocks de ces armes en possession des gouvernements seraient d’environ 200 millions pour les militaires et 25 millions pour les services de répression. Voir Small Arms Survey (2007). être considérée comme un “catalyseur” essentiel des événements se traduisant par un homicide. L’examen des données tendancielles sur l’homicide, où les homicides sont répartis selon qu’ils ont été perpétrés par arme à feu ou par d’autres moyens offre une perspective plus approfondie sur le rôle moteur des armes à feu dans les taux d’homicides globaux. Comme le montre la figure 3.7, les changements des taux d’homicides de diverses sous-région des Amériques sont principalement imputables aux homicides par arme à feu, tandis que les taux d’homicides perpétrés par d’autres moyens demeurent plutôt constants sur la période examinée: la brusque montée des homicides en Amérique centrale au cours des trois dernières années est entièrement imputable aux armes à feu et les évolutions des taux d’homicides aux Caraïbes et en Amérique du Sud sont également expliqués par les tendances des homicides par arme à feu, ainsi que par le lent déclin des homicides en Amérique septentrionale. 45 3 ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide Afrique du Sud 70 Taux d’homicides pour 100 000 habitants Taux d’homicides pour 100 000 habitants Fig. 3.8: Taux d’homicides par arme à feu et sans arme à feu, Afrique du Sud et Inde (période la plus récente pour laquelle on dispose de données) 60 50 40 30 20 10 0 1994 1996 1998 2000 Homicides par d’autres moyens 2002 2004 2006 Inde 4,0 3,5 3,0 2,5 2,0 1,5 1,0 0,5 0,0 2004 Homicides par arme à feu 2005 2006 Homicides par d’autres moyens 2007 2008 2009 Homicides par arme à feu Source: UNODC Homicide Statistics (2011). L’homicide par arme à feu dans les pays d’Afrique Pour l’Afrique, les données présentent d’importantes lacunes qualitatives, ou ne sont pas disponibles quant au nombre total d’homicides en général, et des manques plus importants encore apparaissent sur les homicides par arme à feu. Les données sur les homicides ne peuvent être exactes que si les données sur l’enregistrement des causes de la mort, ou les statistiques policières sur les homicides, sont correctes, et si leur niveau de ventilation est suffisant. Comme on l’a vu en introduction de la présente étude, très peu de pays d’Afrique produisent des données exactes de la part de l’une ou l’autre de ces deux sources, ou les mettent à la disposition de la communauté internationale. Quoi qu’il en soit, examiner les décès par arme à feu peut s’avérer moins difficile car, même si les statistiques policières sur les homicides ne représentent qu’une proportion de l’ensemble des morts violentes dans un pays, s’il n’y a pas d’a priori particulier dans les décès enregistrés, le pourcentage des homicides par arme à feu peut être représentatif de l’image nationale. Cette hypothèse ne peut pas, pour l’heure, être vérifiée mais, en dépit de ces limites, elle peut être utile pour réfléchir sur les données. Pourcentage d’homicides par arme à feu en Afrique, par pays (2010 ou année la plus récente pour laquelle on dispose de données) 100 90 80 70 60 50 40 30 20 Sierra Leone Moyenne pour les Amériques Égypte Zimbabwe Afrique du Sud Congo (RD) Moyenne pour l’Europe Libéria Zambie Ouganda 0 Algérie 10 Maurice Pourcentage d’homicides par arme à feu L’image d’ensemble est remarquable du fait de l’étendue du spectre des pourcentages des homicides par arme à feu dans les pays d’Afrique pour lesquels des données sont disponibles, avec des pays se rangeant aussi bien en deçà qu’au-delà et entre les moyennes d’Europe et des Amériques en ce qui concerne le pourcentage des homicides par arme à feu. Alors que le pourcentage signifié par la police atteint presque 90 % au Sierra Leone par exemple, le Libéria affiche un pourcentage très inférieur d’homicides par arme à feu, aux alentours de 10 %. Source: UNODC Homicide Statistics (2011) et Global Burden of Injuries, Injury Mortality Data Collection (2011). 46 ARMES À FEU, TRAFIC ET CRIMINALITÉ ORGANISÉE Armes à feu et homicide aux Philippines Aux Philippines, il est illégal de posséder ou détenir une arme à feu, munitions comprises, si l’on n’a pas la licence ou le permis nécessaire1, pourtant les estimations officielles évaluent à quelque 360 000 le nombre d’armes à feu enregistrées et à environ 1,1 million le nombre de celles qui sont “hors contrôle” (jamais enregistrées ou dont les licences sont arrivées à expiration)2. Les archives de la police nationale des Philippines (PNP) montrent que de 2004 à 2009, la prolifération des armes à feu hors contrôle s’est accrue de 46 %, un chiffre proche des 47 % d’augmentation des crimes par arme à feu enregistrés pendant la même période3. Lors d’une mesure de prohibition des armes à feu appliquée pour la période électorale couvrant les six premiers mois de 2010, la PNP a pu annoncer une chute de 67 % de l’indice des infractions pénales (meurtres, homicides, blessures physiques, vol, cambriolages et viols), l’a comparée à la période équivalente de 2009, et a fait le rapprochement avec la prohibition. Le graphique ci-dessous exprime la relation entre les homicides volontaires et les incidents criminels avec présence d’armes à feu dans les différentes provinces des Philippines pendant la prohibition sur les armes à feu, entre janvier et juin 2006. S’il n’est pas possible de dégager un schéma clair entre les deux variables dans toutes les provinces, certaines montrent des taux d’homicides faibles et en corrélation avec les taux les plus bas de crimes avec armes à feu. Les données de la PNP disponibles sur les armes à feu utilisées pour ce type d’incidents de janvier à septembre 2010 montrent que 40 armes seulement sur les 6 075 utilisées dans les infractions enregistrées correspondaient à des licences, le reste étant répertorié comme armes à feu “hors contrôle”4. Homicides et incidents avec armes à feu – Philippines Péninsule de Zamboanga Soccsksargen Caraga Davao Région administrative de Cordillera Mindanao du Nord Visayas centrales Visayas occidentales Visayas orientales Bicol Calabarzon Vallée de Cagayan Ilocos Mimaropa Luzon Centrale Homicides volontaires Région de la capitale nationale ARMM (Rég. auto. Mindanao musulm.) Incidents criminels avec armes à feu 0 5 10 15 20 25 Taux pour 100 000 habitants Source: Police nationale des Philippines. 1 Chambre des députés, République des Philippines, Quinzième Congrès, Première session ordinaire, Loi parlementaire n° 2898, Note explicative (2010).. 2 Division de la prévention du crime et de la justice pénale, Nations Unies, Analysis of Country Responses. United Nations International Study on Firearm Regulation, 1999 et Chambre des députés, République des Philippines, Quinzième Congrès, Première session ordinaire, Loi parlementaire n° 2898, Note explicative (2010). 3 Police nationale des Philippines, Statistical Report on crime incidents involving the use of firearms. 01 January to 30 September 2010 (2010). 4 Chambre des députés, République des Philippines, Quinzième Congrès, Première session ordinaire, Loi parlementaire n° 2898, (2010). 47 3 ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide Si les armes à feu paraissent être un catalyseur essentiel influant sur les tendances de l’homicide dans les Amériques, le schéma peut être bien différent dans d’autres parties du monde: les tendances récentes observées pour l’Afrique du Sud et l’Inde sont à ce titre intéressantes. en 2007. La chute des homicides ne semble pas résulter d’une réduction particulière de la violence à main armée en soi, mais plutôt de changements sociaux sous-jacents pouvant entraîner une diminution globale des homicides, tant par arme à feu que par tout autre moyen. En Afrique du Sud, les taux d’homicides ont décru de manière significative ces dernières années (de plus de 60 pour 100 000 habitants en 1994 à moins de 40 pour 100 000 habitants en 2007): une baisse liée au déclin des homicides à la fois par arme à feu et sans arme à feu. Pendant la même période, la proportion d’homicides commis par arme à feu est restée dans la fourchette de 41 à 50 % du nombre total d’homicides, se stabilisant autour de 45 % L’Inde offre une autre typologie intéressante: les taux d’homicides sont relativement faibles dans le sous-continent indien et sont restés plutôt stables au cours des cinq dernières années. Le pourcentage des homicides commis avec une arme à feu était d’environ 20 % en 2004, mais avait chuté à moins de 8 % cinq années plus tard. Si l’on tient compte du fait que les taux globaux d’homicides sont restés à peu près inchangés, cela signifie que le déclin Groupes criminels organisés, groupes de trafiquants de drogues et bandes de délinquants D’un point de vue théorique, établir des distinctions entre les groupes criminels organisés, les bandes de délinquants (gangs), et les cartels de la drogue ou encore les organisations se livrant au trafic de drogues, est extrêmement difficile. La Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée définit le “groupe criminel organisé” comme un “groupe structuré de trois personnes ou plus existant depuis un certain temps et agissant de concert dans le but de commettre une ou plusieurs infractions graves ou infractions … pour en tirer, directement ou indirectement, un avantage financier ou un autre avantage matériel”. La Convention indique clairement qu’un groupe “structuré” est un groupe qui ne s’est pas formé au hasard pour la commission immédiate d’une infraction, et que l’expression “infraction grave” désigne une infraction passible d’une peine privative de liberté de quatre ans au moins, ou d’une peine plus lourde1. Ceci constitue certes la définition adoptée dans le contexte de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée, mais de toute évidence les pratiques et les législations nationales sont extrêmement diverses. Les groupes criminels se livrant spécifiquement au trafic de drogues sont souvent extrêmement sophistiqués, dotés d’une direction centralisée et mus par la volonté de tirer des profits. Bien qu’il n’existe pas de définition normalisée des organisations se livrant au trafic de drogues, certains pays ont les leurs, comme par exemple le Ministère de la justice des États-Unis d’Amérique, qui définit les “organisations se livrant au trafic de drogues (DTO) comme des organisations complexes ayant des structures de commandement et de contrôle minutieusement définies, qui produisent, transportent et/ou distribuent de grandes quantités d’une ou plusieurs drogues illicites”2. Dans ce cadre, l’une des caractéristiques des DTO (selon cette définition) est qu’elles sont impliquées dans toute la chaîne de production, du trafic et de la distribution des drogues. Le Ministère de la justice des États-Unis d’Amérique poursuit en définissant l’expression “cartel de la drogue” comme une organisation composée de nombreuses DTO. A contrario, la définition de la “bande” (gang) permet d’inclure une palette beaucoup plus vaste de groupes, allant de la bande de rue à la bande de prisonnier, de jeunes, de motards. Une grande part du débat concernant les définitions des bandes de délinquants se centre sur la question de savoir si le “degré d’organisation” et la participation à des “activités illégales” devraient être inclus dans la définition de la bande. Certains chercheurs défendent le point de vue que la participation à des activités illégales est essentielle à l’identité de la bande, tandis que d’autres affirment que l’on crée ainsi une définition tautologique3. En termes opérationnels, une bande peut être définie comme un groupe de personnes qui sont membres de, ou s’identifie à, tout groupe (masculin) (armé) (de jeunes) durable, axé sur la rue, qui se caractérise entre autres par sa participation à des activités illégales4. Les termes entre parenthèses représentent des traits communs aux bandes de délinquants, mais ne sont pas essentiels à leur définition. Il est intéressant de noter que toutes les bandes de délinquants n’entrent pas dans la définition d’un groupe criminel organisé, mais que certaines d’entre-elles y correspondent. Si les concepts de groupe criminel organisé et de bande peuvent se chevaucher dans une certaine mesure, il est vraisemblable que, pour l’essentiel – et en particulier en ce qui concerne les organisations se livrant au trafic de drogues – une séparation assez claire peut être établie. Toutefois, dès lors qu’il s’agit de recueillir des données sur l’homicide, très peu de pays fournissent suffisamment de détails dans les statistiques qu’ils publient pour permettre une distinction satisfaisante et des comparaisons transnationales sur les homicides eu égard à ces deux phénomènes que l’on voudrait considérer comme distincts. 1 2 3 4 48 Nations Unies, Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée, adoptée par l’Assemblée générale dans sa résolution 55/55 du 15 novembre 2000. Ministère de la justice des États-Unis d’Amérique, National Drug Threat Assessment 2010. “Drug Trafficking Organizations” (2010). Decker, S.H. et Pyrooz, D.C., On the validity and reliability of gang homicide: A comparison of disparate sources, Homicide Studies (2010). Définition fondée sur: Small Arms Survey, Small Arms Survey Yearbook 2010: Gangs, Groups and Guns (2010). ARMES À FEU, TRAFIC ET CRIMINALITÉ ORGANISÉE Homicides liés à la criminalité organisée et aux bandes de délinquants Entre tous les nombreux contextes dans lesquels des homicides sont commis, ceux perpétrés sous les auspices du crime organisé sont parmi les plus alarmants. Les groupes criminels ont de multiples raisons de tuer des gens: pendant la commission d’autres infractions pénales comme des vols ou des enlèvements; l’élimination de membres de groupes rivaux dans des guerres intestines relatives à la maîtrise de commerces illicites; le meurtre d’agents de l’État tels que des officiers de police ou des juges, dans leur lutte contre les autorités; ou même le massacre de civils afin d’intimider des populations ou de marquer leur territoire. L’objectif premier des groupes criminels organisés est de tirer profit d’une vaste gamme d’activités illicites (trafic de drogues et traites des êtres humains, contrefaçon, extorsion, blanchiment d’argent, etc.), et dans la plupart des cas le recours à la violence est un élément essentiel de la réalisation de leurs objectifs initiaux. Cependant, les activités des groupes criminels ne sont pas nécessairement reflétées dans les niveaux élevés de violence ou d’homicides: parfois, ces groupes peuvent préférer garder “profil bas” de manière à ne pas attirer l’attention des autorités et ne pas subir les pressions des services de répression. C’est ce que l’on appelle souvent la “pax mafiosa”, une situation dans laquelle des groupes criminels organisés trouvent le moyen d’exercer leur pouvoir et de mener leurs activités lucratives illégales sans violence visible. Dans d’autres cas cependant, en particulier lorsque la confrontation avec les autorités s’exacerbe ou lorsque la concurrence entre groupes rivaux s’accroît, la présence de groupes criminels organisés peut provoquer une flambée de violence et d’homicides. C’est ce qui s’est produit dans plusieurs sous-régions du monde ces dernières années, à savoir en Amérique centrale et au Caraïbes, ainsi qu’en Italie au début des années 1990, et cela est flagrant non seulement dans l’augmentation du total des homicides mais aussi au travers de l’analyse des caractéristiques supplémentaires propres à ces meurtres. L’on peut conclure que si le crime organisé peut devenir visible du fait de niveaux ascendants des homicides, il ne faut pas Fig. 3.9: Proportion d’homicides liés aux Pourcentages d’homicides liés aux bandes de délinquants/crime organisé des homicides par arme à feu n’a pas eu de répercussion significative sur le niveau global des homicides, puisque un nombre légèrement plus élevé d’homicides a été commis par des moyens autres que les armes à feu. 40 bandes de délinquants/crime organisé par région (2010 ou année la plus récente pour laquelle on dispose de données) 35 30 25 20 15 10 5 0 Amériques (13 pays) Asie (6 pays) Europe (8 pays) Source: ONUDC, Extrapolation à partir des données des polices nationales. Les colonnes représentent la médiane et les 1er et 3e quartiles du pourcentage d’homicides liés aux bandes de délinquants/crime organisé. supposer que la criminalité organisée n’existe pas dans des pays affichant de bas niveaux d’homicides. La figure 3.9 montre la proportion moyenne des homicides correspondant à des bandes de délinquants ou au crime organisé, selon les statistiques policières d’un certain nombre de pays des Amériques, d’Asie et d’Europe. Malgré le nombre limité de pays pour lesquels des données sont disponibles, et un écart raisonnablement important entre différents pays (les quartiles sont indiqués par les segments en traits fins du graphique), la tendance est plutôt claire: la proportion moyenne des homicides liés aux bandes de délinquants ou à la criminalité organisée est notoirement plus élevée (supérieure à 25 %) aux Amériques qu’en Asie ou en Europe13. Il ne faudrait pas interpréter ces résultats comme signifiant que la criminalité organisée est nécessairement plus répandue sur le continent américain que dans toute autre région du monde. Les chiffres sur les homicides ne peuvent, à eux seuls, servir de base fiable à une représentation directe de l’activité ou de la menace de la criminalité organisée. Certaines zones des plus touchées par la criminalité organisée affichent des niveaux de violence très bas. Concrètement, plus le crime est organisé, moins la violence peut lui être associée, car les groupes criminels achètent des agents 13 Il conviendra d’interpréter avec prudence les résultats donnés par la figure 3.9 puisque la classification des homicides par typologies n’est pas encore consolidée. Dire d’un homicide qu’il est lié au “crime organisé/bandes de délinquants” dépend du droit pénal, des pratiques des services de répression et de l’exactitude de la compilation des statistiques du pays considéré. Par exemple, dans un pays, un homicide peut être défini comme lié aux bandes de délinquants si le suspect est connu comme appartenant à une bande, tandis que dans un autre pays la classification peut être liée à des critères relatifs à la “scène de crime”: modalités du meurtre, arme utilisée, nombre d’auteurs, etc. 49 3 ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide Fig. 3.10: Taux d’homicides, pourcentage des homicides par arme à feu et pourcentage des homicides liés aux bandes de délinquants/crime organisé, dans certains pays (2010 ou année la plus récente pour laquelle on dispose de données) 80 Asie (6 pays) Amériques (12 pays) Europe (8 pays) 70 Taux d’homicides pour 100 000 habitants 60 50 40 30 20 10 0 -10 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 -10 Pourcentage des homicides par arme à feu Source: UNODC Homicide Statistics (2011) et données policières nationales. La taille des bulles est proportionnelle au pourcentage des homicides liés aux bandes de délinquants/crime organisé. Fig. 3.11: Taux d’homicides par pays, Amérique centrale (1995-2010) Taux d’homicides pour 100 000 habitants 140 120 100 80 60 40 20 Costa Rica Honduras Panama El Salvador Mexique Belize 2010 2009 2008 2007 2006 2005 2004 2003 2002 2001 2000 1999 1998 1997 1996 1995 0 Guatemala Nicaragua Source: UNODC Homicide Statistics (2011). de l’État, résolvent les tensions à l’intérieur des groupes et entre les groupes et intimident l’ensemble des populations au point qu’ils n’ont besoin d’ajouter qu’une part minime de violence complémentaire14. 14UNODC, The Globalization of Crime: A Transnational Organized Crime Threat Assessment (2010). 50 Les données sur les taux globaux d’homicides – et les taux d’homicides par arme à feu en particulier – confirment cependant que les bandes de délinquants et la criminalité organisée y participent davantage sur le continent américain que dans les autres régions (figure 3.10). La correspondance entre une forte proportion d’homicides par arme à feu aux Amériques et une forte proportion d’homicides liés aux bandes de délinquants/crime organisé laisse penser que dans les pays où le taux d’homicides est plus élevé, le pourcentage des homicides par arme à feu est plus élevé aussi, et est souvent imputable au crime organisé/aux bandes de délinquants15, ainsi que le signalent les polices. Cette hypothèse ne peut cependant pas être extrapolée à l’Afrique, où le manque de données empêche d’étudier correctement les différentes typologies d’homicides. L’homicide en Amérique centrale et aux Caraïbes En Amérique centrale et aux Caraïbes comme ailleurs, les tendances de l’homicide sont influencées 15 Alors que les bandes de délinquants sont un facteur de risque de violence et de victimisation essentiel, notamment par les homicides, ces risques sont souvent dirigés contre des membres d’autres bandes de délinquants. Selon le Small Arms Survey 2010, les taux d’homicides au sein des bandes de délinquants sembleraient représenter jusqu’à 100 fois ceux concernant la population dans son ensemble. Voir Small Arms Survey 2010. ARMES À FEU, TRAFIC ET CRIMINALITÉ ORGANISÉE par de nombreux facteurs. Une étude réalisée en 2007 par l’ONUDC a mis en relief que de nombreux pays de la région étaient vulnérables à la criminalité et à la violence, pour un certain nombre de raisons, dont leurs héritages de conflits armés et de violence, la disponibilité sans frein des armes à feu, l’urbanisation chaotique, les fortes inégalités dans les revenus, la forte proportion de jeunes, les structures des bandes de délinquants locales ainsi que la criminalité organisée et le trafic de drogues16. Il est important d’étudier les tendances des taux d’homicides au niveau national dans cette région, pour pouvoir examiner si ces taux peuvent être liés aux changements des niveaux d’activité de la criminalité organisée, du trafic de drogues ou des bandes de délinquants, en prenant en compte le rôle joué dans les homicides par ces bandes de délinquants ou groupes dans les zones en question du continent américain. Les pays d’Amérique centrale et des Caraïbes ont connu ces dernières années des changements significatifs de leurs taux d’homicides. En Amérique centrale, les taux d’homicides ont augmenté dans cinq pays sur huit au cours des cinq années écoulées, le Honduras, en particulier, ayant plus que doublé son taux d’homicides entre 2005 et 2010, tandis que le Mexique connaissait une augmentation de 65 % dans la même période (figure 3.11). Dans un certain nombre de cas, ces événements se sont produits dans un contexte de décroissance antérieure des taux d’homicides suivant eux-mêmes des taux très élevés – en particulier au Salvador et au Guatemala – après des périodes de conflits. Bien que concernant un grand nombre des pays d’Amérique centrale, ces augmentations ont aussi une forte connotation territoriale et sont souvent concentrées dans des zones spécifiques des pays concernés. Au Mexique, par exemple, les homicides sont concentrés dans un petit nombre d’États: Chihuahua, Sinaloa, Guerrero et Baja California, qui représentent quelque 11 % de la population mais aussi 41 % du total des homicides pour tout le pays en 2010. Il faut de plus noter d’autres concentrations au sein même de ces États: les deux tiers des meurtres perpétrés au Chihuahua l’ont été dans la ville de Juarez, où habitent 40 % de la population de l’État, tandis que presque trois quarts des meurtres enregistrés dans l’État de Baja California ont été commis à Tijuana, les deux zones étant situées à proximité de la frontière avec les États-Unis d’Amérique17 (carte 3.1). 16 UNODC, Crime and Development in Central America. Caught in the Crossfire (2007). 17 Escalante Gonzalbo F., Homicidios 2008-2009 La muerte tiene permiso, Nexus (2011). Carte 3.1: Taux d’homicides au niveau infranational, Amérique centrale (2005 et 2010) 2005 Taux d’homicides Moins de 5 5,0 - 14,9 15,0 - 29,9 30,0 - 59,9 60 et plus Note: Les frontières et noms indiqués sur la présente carte n’impliquent ni reconnaissance ni acceptation officielles de la part de l’Organisation des Nations Unies. 2010 Taux d’homicides Moins de 5 5,0 - 14,9 15,0 - 29,9 30,0 - 59,9 60 et plus Note: Les frontières et noms indiqués sur la présente carte n’impliquent ni reconnaissance ni acceptation officielles de la part de l’Organisation des Nations Unies. Source: Police nationale, services des statistiques et institutions de la justice pénale. Il y a 15 ans, les taux d’homicides des Caraïbes étaient notablement inférieurs à ceux de l’Amérique centrale. Ces dernières années cependant, ils ont augmenté aussi, surtout en Jamaïque, à Trinité-etTobago, et en République dominicaine (figure 3.12). Tendances de l’homicide et trafic de drogues en Amérique centrale La situation géographique stratégique, entre le lucratif marché des consommateurs de cocaïne d’Amérique septentrionale (bien que le marché européen soit de plus en plus important) et les principales zones de culture de la coca, en 51 3 ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide ne trahissent pas nécessairement leur présence par des infractions violentes ou meurtrières. Par exemple, lorsque les zones d’influence et/ou d’activités illégales sont clairement réparties entre différents groupes criminels, ces derniers peuvent préférer garder “profil bas” et ne pas attirer l’attention des autorités de l’État. La violence jaillit souvent lorsqu’un statut existant est brisé en conséquence, par exemple, de changements dans la structure du marché de la drogue, de l’émergence de nouveaux protagonistes ou de la “menace” que représente la répression policière. 140 120 100 80 60 40 20 Bahamas Jamaïque 2010 2009 2008 2007 2006 2004 Cuba Puerto Rico 2005 2003 2002 2000 2001 1999 1998 1997 1996 0 1995 Taux d’homicides pour 100 000 habitants Fig. 3.12: Taux d’homicides par pays, Caraïbes (1995-2010) République dominicaine Trinité-et-Tobago Source: UNODC Homicide Statistics (2011). Colombie, au Pérou et dans l’État plurinational de Bolivie, constitue aussi une cause majeure de criminalité violente en Amérique centrale18. Si bien todos los países de América Central y el Alors que tous les pays d’Amérique centrale et des Caraïbes ont été touchés à divers degrés et à différents moments par le trafic de drogues, les effets de ce commerce sur la criminalité violente sont loin d’avoir été uniformes et linéaires. Les groupes criminels organisés participant au trafic de drogues 250 Saisies de cocaïne équivalents-kg (milliers) 160 140 200 120 100 150 80 100 60 40 50 20 Saisies Mexique Saisies Costa Rica Taux d’homicides Panama 2009 2008 2007 2006 2005 2004 2003 2002 2001 2000 1999 1998 0 1997 0 Évolution des taux d’homicides, 1997 = 100 Fig. 3.13: Saisies de cocaïne et tendances des taux d’homicides, dans certains pays d’Amérique centrale (1997-2009) Saisies Panama Taux d’homicides Mexique Taux d’homicides Costa Rica Source: UNODC Homicide Statistics (2011) et Questionnaire destiné aux rapports annuels. L’aire est proportionnelle aux saisies de cocaïne en équivalents kg. Les courbes représentent les évolutions des taux d’homicides avec un niveau initial de 100 pour 1997. 18 ONUDC, Rapport mondial sur les drogues (2011). 52 Lorsque l’on considère les augmentations des taux d’homicides en Amérique centrale, il apparaît qu’une partie au moins du schéma de ces tendances dans la région peut être attribuée aux changements des flux du trafic de la cocaïne et à une concurrence accrue, ainsi qu’aux conflits liés aux marchés des drogues. Il apparaît, à la lumière des éléments disponibles, que les hauts niveaux de violence et d’homicides sont non seulement liés aux augmentations des flux clandestins de drogues, mais aussi aux rétrécissements de certains de ces flux, qui mènent à des turbulences sur les marchés établis, à davantage de concurrence entre les groupes criminels et à plus de meurtres encore. Il est donc probable que les modifications des marchés de la drogue entraînent des violences meurtrières, indépendamment des niveaux globaux des flux de trafic en eux-mêmes19. Cette hypothèse est quelque peu confortée si l’on prend en considération les tendances des homicides sur la toile de fond des saisies de cocaïne. S’agissant de l’Amérique centrale, la figure 3.13 montre de quelle manière les changements dans les saisies de drogues sont associés aux différentes tendances des taux d’homicides. Les saisies de cocaïne effectuées par les services de détection et de répression ont presque constamment progressé au Mexique jusqu’en 2007, avant de s’effondrer brutalement, alors qu’elles augmentaient et demeuraient à un fort niveau dans d’autres pays de la région, tels que le Panama et le Costa Rica (les taux d’homicides dans les deux pays ont plus que doublé depuis leurs niveaux déjà élevés de 1997, pour s’apparenter à quelques-uns des taux les plus élevés du monde), ce qui montre l’importance croissante de l’Amérique centrale par rapport aux Caraïbes comme voie préférentielle du trafic de la 19 Voir aussi: Nations Unies, Commission pour la prévention du crime et la justice pénale, vingtième session, Note du Secrétariat sur les tendances de la criminalité dans le monde et nouvelles questions et mesures prises dans le domaine de la prévention du crime et de la justice pénale (2011). ARMES À FEU, TRAFIC ET CRIMINALITÉ ORGANISÉE Les bandes de délinquants et les groupes de trafiquants de drogues en Amérique centrale et aux Caraïbes La montée en puissance des activités des groupes de trafiquants de drogues a sans nul doute joué un rôle dans l’escalade des homicides, mais dans certains pays d’Amérique centrale d’autres facteurs importants sont à l’œuvre, comme la violence meurtrière perpétrée par des bandes de délinquants, dont les plus connues sont sans doute les maras. Les bandes de délinquants maras et les groupes de trafiquants de drogues ont traditionnellement toujours été assez distincts bien que les premières puissent parfois agir comme distributeurs locaux de drogue et éventuellement comme tueurs à gages pour certains des seconds. Les maras, notamment la Mara Salvatrucha 13 (ou MS-13) et le Bario 18 (M-18) sont apparus à Los Angeles à la fin des années 1980 et au début des années 1990. Composées de nombreux Salvadoriens, les maras se sont établies dans toute l’Amérique centrale et, si leurs activités ont parfois une nature transnationale, compte tenu de leur présence permanente aux États-Unis, elles manquent d’un commandement central et n’entretiennent que des rapports minimaux avec les grandes organisations de trafic de drogues. Cependant, les bandes de délinquants telles que les maras (et les pandillas du Nicaragua et du Costa Rica) sont extrêmement violentes et responsables d’une part significative des homicides dans plusieurs régions de ces pays, où elles se livrent de plus en plus à des actes d’extorsion, d’intimidation et de racket de “protection”. Les pays des Caraïbes sont eux aussi touchés par la criminalité violente induite par le trafic de drogues organisé, qui chevauche en partie les activités illicites des bandes de délinquants, comme en Jamaïque, par exemple, où des bandes de délinquants de rues se sont investies progressivement lorsque les Caraïbes sont devenues une route de trafic depuis la Colombie, dans les années 1980. Ces renversements de structures et de centres d’intérêt des groupes criminels et la riposte des organes de détection et de répression ont profondément influencé la nature et les schémas de la violence (meurtrière) aux Caraïbes, au cours de la décennie écoulée. Homicides par arme à feu liés aux bandes/ crime organisé – Jamaïque (2004-2010) 90 80 70 Taux d’homicides pour 100 000 habitants Taux d’homicides pour 100 000 habitants Homicides par arme à feu liés aux bandes/ crime organisé – Honduras (2005-2010) Homicide par arme à feu Homicide par autres moyens Homicide lié aux bandes/crime organisé 60 50 40 30 20 10 0 2005 2006 2007 2008 2009 2010 Source: Police nationale. drogue, depuis l’Amérique du Sud vers l’Amérique septentrionale. Simultanément à l’augmentation du trafic de drogues par l’Amérique centrale – ainsi qu’en attestent les données de saisies, confirmées par les rapports des services de renseignement – les taux d’homicides ont eux aussi grimpé. Au Mexique, la dynamique entre trafic de drogues et homicides s’est éloignée de celle d’autre pays d’Amérique centrale, en particulier après 2007, lorsque les homicides ont commencé à se multiplier alors que les saisies de drogues diminuaient radicalement. Cette tournure des événements est intervenue alors que le Gouvernement mexicain braquait contre les groupes de trafiquants de drogues du pays toute la force de son arsenal de détection et de répression et que la pression ainsi mise sur le trafic de drogues entraînait une réduction de la contrebande de cocaïne et la déviation des flux de drogue au tra- 80 70 60 Homicide par arme à feu Homicide par autres moyens Homicide lié aux bandes/crime organisé 50 40 30 20 10 0 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 Source: Police nationale. vers d’autres pays d’Amérique centrale. La montée de la pression sur les opérations des groupes criminels organisés a poussé à de nouvelles violences et à davantage de meurtres entre ces groupes, et a conduit à des luttes territoriales et des guerres intestines relatives au contrôle des routes les plus lucratives du trafic et des marchés illicites. De plus, les groupes de narcotrafiquants s’engagent de plus en plus dans d’autres activités criminelles organisées, notamment la traite des personnes, les enlèvements et les extorsions, ce qui augmente encore le nombre des meurtres20. Aujourd’hui, pour asseoir leur pouvoir et leur domination, ces groupes criminels organisés font usage d’une violence aveugle et tuent sans discrimination, afin de contrôler non seulement les routes et les marchés de la drogue, mais le territoire 20UNODC, The Globalization of Crime: A Transnational Organized Crime Threat Assessment (2010). 53 3 ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide Fig. 3.14: Saisies de cocaïne et taux d’homicides, dans certains pays des Caraïbes (1997-2009) 600 6 500 5 400 4 300 3 200 2 100 1 0 2009 2008 2007 2006 2005 2004 2003 2002 2001 2000 1999 1998 1997 0 Saisies République dominicaine Saisies Jamaïque Saisies Trinité-et-Tobago Taux d’homicides République dominicaine Taux d’homicides Jamaïque Taux d’homicides Trinité-et-Tobago Source: UNODC Homicide Statistics (2011) et Questionnaire destiné aux rapports annuels. L’aire est proportionnelle aux saisies de cocaïne en équivalents-kg. Les courbes représentent les évolutions des taux d’homicides avec un niveau initial de 100 pour 1997. Fig. 3.15: Taux d’homicides, dans certains pays, Amérique du Sud (1995-2010) 140 Taux d’homicides pour 100 000 habitants 120 100 80 60 40 20 Argentine Brésil Colombie Guyana Uruguay Paraguay 2010 2009 2008 2007 2006 2005 2004 2003 2002 2001 2000 1999 1998 1997 1996 0 1995 Évolution des taux d’homicides, 1997 = 100 Saisies de cocaïne équivalents-kg (milliers) 7 même, d’où les nombreuses victimes dans les rangs des représentants des institutions étatiques, les élus par exemple. D’après une récente étude, 14 des quelque 2 450 maires du Mexique ont été assassinés rien qu’en 2010, alors que de 2004 à 2010 ils avaient été 27 au total. La plupart de ces meurtres sont imputables aux groupes de trafiquants de drogues, même si les circonstances exactes n’en ont pas toujours été éclaircies21. Tendances de l’homicide et trafic de drogues aux Caraïbes Alors que le trafic de drogues par l’Amérique centrale a augmenté, des progrès dans les techniques d’interception ont mené à un déclin significatif des quantités de cocaïne acheminées par les Caraïbes. Les saisies de cocaïne ont progressivement diminué dans cette zone sur les 15 années écoulées, aiguillonnant l’importance croissante des routes de trafic de l’Amérique centrale. Entre 1997 et 2009, les saisies de drogues ont diminué de 71 % aux Caraïbes et, alors que 30 % de la cocaïne destinée aux États-Unis d’Amérique transitaient par les Caraïbes en 1997, cette proportion s’est réduite à moins de 10 % en 2009. Cependant, alors que les flux illicites de drogues diminuaient, comme en atteste la baisse des quantités saisies, les taux d’homicides augmentaient dans 10 pays des Caraïbes sur les 11 pour lesquels des données étaient disponibles22. Une part de l’explication à cette montée de la violence meurtrière réside dans la concurrence accrue entre les organisations de trafic de drogues, qui luttent pour conserver leur part dans un marché en déclin. Le schéma de la diminution des saisies de cocaïne s’est reproduit dans la quasi-totalité des 25 pays des Caraïbes pour lesquels des données de saisies sont disponibles, avec une exception de taille: la République dominicaine où, après une diminution dans les premières années du début de ce siècle, une augmentation des saisies était enregistrée entre 2005 et 2010 tandis que son importance en tant que voie de transit de la cocaïne de l’Amérique du Sud vers l’Amérique septentrionale ainsi que vers les marchés européens, se restaurait quelque peu23. Ce faisant, le commerce des drogues, devenu plus instable en République dominicaine, s’est trouvé associé à une augmentation des niveaux d’homicides24. Bolivie (État plurinational de) Chili 21 Trans-Border Institute – University of San Diego, Drug VioÉquateur lence in Mexico. Data and Analysis Through 2010 (2011). Pérou Venezuela (République bolivarienne du) 22 Au cours de la décennie écoulée, Cuba a enregistré aussi une chute des homicides. 23 ONUDC, Rapport mondial sur les drogues (2011). Source: UNODC Homicide Statistics (2011). 24 ONUDC, Rapport mondial sur les drogues (2011). 54 ARMES À FEU, TRAFIC ET CRIMINALITÉ ORGANISÉE Quelle que soit l’importance du commerce des drogues dans la provocation et le maintien de taux extrêmement élevés de violences meurtrières, la flambée des homicides sur le continent américain ne saurait s’expliquer par un facteur unique et isolé (c’est-à-dire par les modifications des voies d’acheminement clandestines de la cocaïne), et de nombreuses autres variables discutées dans ce chapitre et d’autres de la présente étude s’interpénètrent et doivent être prises en considération. Tendances de l’homicide et trafic de drogues en Amérique du Sud En Amérique centrale et aux Caraïbes, les évolutions du narcotrafic ont, d’une façon ou d’une autre, contribué à élever les niveaux d’homicides. Si l’on se tourne vers les pays immédiatement au sud de l’Amérique centrale, la Colombie fournit l’exemple d’un pays qui a réussi à inverser les tendances ascendantes des violences meurtrières au moyen de mesures rigoureuses de détection et de répression, réduisant ainsi à la fois le trafic de drogues et les taux d’homicides. L’essentiel de la cocaïne passée clandestinement aux États-Unis par l’Amérique centrale et les Caraïbes vient de Colombie, des quantités plus réduites provenant aussi du Pérou25. Il faut remarquer que les saisies de drogues en Colombie même ont progressivement augmenté au cours de la décennie écoulée, ce qui traduit les efforts accrus des autorités colombiennes pour affronter tous les groupes criminels organisés participant à la production et au trafic de drogues. Pendant la même période, alors que certaines villes connaissaient des augmentations importantes des homicides, la Colombie voyait, globalement, une division par plus de deux de son taux d’homicides, qui passait de 70 pour 100 000 au début de la décennie à 33 pour 100 000 en 2010 (voir encadré au chapitre 6). Nombre d’homicides et saisies de cocaïne en équivalents-kilogrammes En Bolivie, le niveau des homicides est relativement bas par rapport à d’autres pays d’Amérique du Sud. Cependant, les taux d’homicides ont augmenté ces dernières cinq années, passant de 6,5 en 2005 à 8,9 pour 100 000 en 2010. Aucune autre donnée sur la typologie des homicides ou les pourcentages d’homicides par arme à feu n’est disponible pour ce pays. Le nombre d’homicides enregistré dans les différentes parties du pays est en partie lié aux données de saisies de cocaïne, un important indicateur en matière d’itinéraires et de plaques tournantes du trafic de drogues: les homicides sont plus fréquents dans les départements où les quantités de cocaïne saisie sont les plus grandes, comme à La Paz, Cochabamba et Santa Cruz. Les deux premiers secteurs (La Paz et Cochabamba) constituant aussi les deux principales zones de culture de la coca1. Nombre d’homicides et saisies de cocaïne, par région, Bolivie (2010) Saisies de cocaïne (kg) Pando 259 kg !!! 233 !! Brésil ! 10 437 Décompte des homicides Moins de 100 120, 124 501 Perú ! El Beni 317 kg La Paz 4999 kg ! Santa Cruz 10437 kg ! ! Cochabamba 9854 kg ! Oruro 2395 kg ! Potosí 345 kg ! Chuquisaca 233 kg Tarija ! 254 kg Chili Paraguay Argenne Note: Les fronères et noms indiqués sur la présente carte n’impliquent ni reconnaissance ni acceptaon officielles de la part de l’Organisaon des Naons Unies. Source: ONUDC, Base de données des saisies individuelles et Police nationale. 1 ONUDC, Estado Plurinacional de Bolivia – Monitoreo de Cultivos de Coca 2010 (2011). La République bolivarienne du Venezuela a fait pour sa part une expérience inverse, avec des déclins significatifs des saisies de cocaïne alors que ses taux d’homicides augmentaient régulièrement pour atteindre 49 pour 100 000 habitants. Si les activités des organisations se livrant au trafic de drogues jouent certainement un rôle important au Venezuela, l’augmentation des homicides pourrait aussi être liée, dans ce pays, à d’autres facteurs, parmi lesquels la criminalité générale ordinaire. L’Équateur aussi a connu une augmen- tation régulière de ses taux d’homicides jusqu’à dépasser 21 pour 100 000 en 2008, alors que ce pays devenait une route alternative du trafic de drogues vers l’Amérique septentrionale et qu’il a récemment fait état de saisies grandissantes de cocaïne. L’État plurinational de Bolivie et le Pérou ont des taux d’homicides nettement plus faibles que ces trois pays mais quelque peu fluctuants, et les saisies de cocaïne, relativement importantes dans les deux pays, ont augmenté encore en 2009-2010 26 (voir encadré Bolivie, p. 55). 25 UNODC, The Globalization of Crime: A Transnational Organized Crime Threat Assessment (2010). 26 Toutes les données sur les saisies de cocaïne proviennent du document de l’ONUDC World Drug Report (2011). 55 3 ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide En dépit des écarts prononcés entre caractéristiques et tendances des homicides à travers le continent américain, il est net que l’évolution des caractéristiques du trafic de drogues, la concurrence et la violence entre les bandes de délinquants, ainsi que la bataille incessante avec les services de détection et de répression ont entraîné une augmentation de la violence meurtrière jusqu’à des niveaux alarmants. Lorsque l’état de droit est gravement remis en question par la criminalité organisée les États, affaiblis, ont des difficultés pour rétablir le monopole de l’application des lois. L’exemple de la Colombie montre qu’il faut parfois des années pour inverser un taux d’homicides qui monte progressivement et rétablir une sécurité élémentaire, longtemps après la fin des conflits politiques. La violence engendre la violence et de ce fait peut repousser les frontières de l’acceptabilité et de la tolérance envers elle-même au sein d’une société donnée, notamment parce que des groupes criminels peuvent recourir à la violence meurtrière pour parvenir à toutes sortes d’objectifs spécifiques, comme régler des litiges, affirmer leur contrôle et leur statut, envoyer un message d’intention à d’autres groupes criminels et défier les autorités. Son débordement peut provoquer des répercussions durables sur la société toute entière. 56 4. LES FEMMES ET L’HOMICIDE LIÉ AUX VIOLENCES CONJUGALES ET/OU FAMILIALES Le chapitre précédent était centré sur une typologie meurtrière relativement moderne touchant les jeunes hommes et, pour l’essentiel, uniquement dans des régions précises du monde. Le présent chapitre explorera un tout autre aspect, qui touche les femmes de tous âges, partout dans le monde, depuis l’aube de la civilisation. Les violences contre les femmes, qu’il s’agisse d’abus physiques, sexuels, psychologiques ou économiques, savent prendre les formes les plus diverses. Comme le soulignait un Rapport du Secrétaire général des Nations Unies, en 20061, elles ne se limitent pas non plus à une culture, région ou pays en particulier, ni à des groupes spécifiques de femmes dans une société donnée. La violence à l’égard des femmes est plutôt un phénomène mondial, systémique et enraciné dans le déséquilibre des pouvoirs et l’inégalité structurelle entre hommes et femmes. Pour reprendre un récent rapport de ONU Femmes: “La violence à l’égard des femmes et des filles est à la fois une manifestation extrême de l’inégalité et de la discrimination fondées sur le genre, et un outil terrible utilisé pour préserver le statut d’infériorité des femmes”2. Dans toutes sortes de contextes, partout dans le monde, les femmes demeurent, à plus moins grande échelle, vulnérables à la violence, meurtrière ou non, pour partie en raison de discriminations fermement ancrées, touchant à la propriété, la famille, l’accès à la santé, l’emploi et la citoyenneté. qu’inconnues de la victime. Sa manifestation la plus commune de par le monde est cependant celle qui prend la forme des violences conjugales et/ou familiales3. À son degré le plus extrême, la violence perpétrée par un membre de la famille, un partenaire ou un ex-partenaire peut mener à la mort. Alors que de telles violences meurtrières contre des membres de la famille ou des conjoints ont un certain nombre de traits ou de facteurs de risques communs partout dans le monde, notamment un fond historique de violence familiale, de domination et d’abus (venant des hommes), elles sont aussi caractérisées par d’importantes différences, notamment des facteurs économiques et sociaux, culturels et traditionnels, et la place des femmes dans la société4. Tandis qu’en principe les violences conjugales et/ou familiales peuvent toucher tant les hommes que les femmes, les victimes de cette forme de violence sont beaucoup plus vraisemblablement des femmes aux prises avec leurs partenaires masculins, présent ou passés. Dans un grand nombre de pays, les violences conjugales et/ou familiales sont une cause majeure des homicides contre les femmes, avec pour résultat que les tendances des homicides touchant globalement les femmes sont mues par les niveaux de violences conjugales et/ou familiales plutôt que par la violence par arme à feu, ou en rapport avec la crimi- La violence contre les femmes peut s’exercer chez elles, dans la rue ou sur le lieu de travail, et être perpétrée aussi bien par des personnes connues 3 D’après le Rapport du Secrétaire général des Nations Unies, Étude approfondie de toutes les formes de violence à l’égard des femmes (2006). Les enquêtes entreprises dans la dernière décennie dans différentes parties du monde ont montré que la prévalence de la violence physique commise par ses partenaires conjugaux au cours de la vie d’une femme oscillait grandement, entre 10 et 60 %. 1 Assemblée générale des Nations Unies, Rapport du Secrétaire général, Étude approfondie de toutes les formes de violence à l’égard des femmes (2006). 4 2 ONU Femmes, Le progrès des femmes dans le monde 2011-2012: En quête de justice (2011). Voir par exemple, Kim, B. et Titterington, V.B., Abused South Korean Women: A comparison of those who do and do not resort to lethal violence, International Journal of Offender Therapy and Comparative Criminology (2008); Brookman, F. et Maguire, M., Reducing Homicide: A review of the possibilities, Home Office Online Report (2003). 57 ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide Fig. 4.1: Ventilation en pourcentage des auteurs d’homicides par sexe de la victime, dans certains pays européens (2008 ou année la plus récente pour laquelle on dispose de données) Ventilation des auteurs en pourcentage 100% victimes d’homicides tuées par leur conjoint ou ex-conjoint, par sexe, dans certains pays européens Victimes de sexe féminin Victimes de sexe masculin 90% 80% 70% 60% 22,6% 50% 40% 30% 77,4% 20% 10% 0% Victimes de sexe féminin Conjoint ou ex-conjoint Parent proche Victimes de sexe masculin Connaissance Inconnu de la victime Source: Base de données de la division Statistique de la Commission économique des Nations Unies pour l’Europe. nalité organisée ou les bandes de délinquants, comme on le voit pour les hommes (ce dont rend compte le chapitre précédent). Au plan mondial, il y a peu de données de grande qualité sur les formes meurtrières de violence contre les femmes et les tendances qui s’en dégagent ne s’appliquent pas nécessairement à tous les contextes, en particulier aux situations telles que celles immédiatement consécutives à un conflit, où les femmes peuvent courir de plus grands risques à l’extérieur de leur foyer qu’à l’intérieur. C’est de meilleures données et d’informations sur les tendances que dépend une meilleure compréhension des violences faites aux femmes sous toutes leurs formes5. Les données disponibles pour l’Europe, par exemple, démontrent les différentes formes de violence meurtrière qui affectent les femmes et les hommes: en 2008, la moitié des victimes de sexe féminin ont été tuées par des membres de leur famille (35 % par des conjoints ou des ex-conjoints et 17 % par des proches) tandis que 5 % seulement de l’ensemble des hommes tués l’avaient été par leur con5 S’il est possible de produire de meilleures données sur les violences meurtrières touchant les femmes en rassemblant des informations contextuelles sur les homicides, des données plus exactes concernant l’ampleur et l’impact des formes non meurtrières de violence peuvent être réunies par le moyen d’études sur la population (enquêtes générales de victimisation ou enquêtes spécifiques sur la violence faite aux femmes). Il est indispensable de produire de meilleures données sur la violence, tant meurtrière que non meurtrière, à l’encontre des femmes, pour parvenir à davantage sensibiliser à ces questions et formuler des politiques de riposte basées sur les faits, notamment dans le domaine de la justice pénale. 58 Fig. 4.2: Ventilation en pourcentage des Source: Base de données de la division Statistique de la Commission économique des Nations Unies pour l’Europe. jointe ou ex-conjointe et quelque 10 % par d’autres membres de la famille (voir figure 4.1). Au-delà de l’Europe, les études menées sur l’Australie, le Canada, Israël, l’Afrique du Sud et les États-Unis montrent des résultats similaires, 40 à 70 % des homicides sur des femmes étant liés aux violences conjugales et/ou familiales. Les femmes sont les plus touchées les homicides imputables au partenaire ou un ex-partenaire, ce qui se traduit, dans les pays sélectionnés d’Europe pour lesquels des données sont disponibles, par le fait qu’elles représentent plus de 75 % de l’ensemble des victimes de cette typologie spécifique d’homicides (voir figure 4.2). La proportion d’infractions violentes liées au conjoint ou à des litiges familiaux varie en fonction du niveau général de la criminalité violente. Les pays qui ont un taux d’homicides plus élevé sont souvent affectés par de hauts niveaux de “délinquance de rue” liés au trafic de drogues, au crime organisé, aux combats de rue ou à d’autres formes d’infractions avec violence. Il s’agit-là d’un environnement traditionnellement dominé par des hommes jeunes qui sont aussi bien les auteurs de l’essentiel des violences et les victimes les plus nombreuses de celles-ci. À l’autre extrémité du spectre, il y a des pays qui ont un taux d’homicides très bas et où la présence de bandes de délinquants et de groupes criminels organisés ne constitue qu’une part réduite de l’ensemble des homicides. La part relative (mais non le taux absolu) des ho-micides liés aux conflits domestiques et à la violence conjugale et/ou familiale est par conséquent plus élevée dans LES FEMMES ET L’HOMICIDE LIÉ AUX VIOLENCES CONJUGALES ET/OU FAMILIALES Fig. 4.3: Pourcentage des victimes d’homicides de sexe féminin et des victimes d’homicides de nature conjugale et/ou familiale, dans certains pays (2009 ou année la plus récente pour laquelle on dispose de données) Pourcentage de victimes de sexe féminin 60 50 Allemagne Japon Croatie Slovénie 40 France 30 Italie 20 Hongrie Suisse Australie Finlande Pays-Bas Canada Pologne Lituanie Roumanie ex-République yougoslave de Macédoine États-Unis Nicaragua République dominicaine Saint-Kitts-et-Nevis Panama 10 0 10 20 30 40 50 Pourcentage d’homicides de nature conjugale et/ou familiale Fuentes: Source: UN-CTS et données des polices nationales. Les pays ayant de forts taux d’homicides, tels que la Colombie et El Salvador, affichent un plus fort pourcentage d’homicides perpétrés dans des lieux publics, ce qui est dû aux niveaux de violence plus élevés de la criminalité organisée et des homicides de rues, qui affectent principalement les hommes. 80% 80 70% 70 60% 60 50% 50 40% 40 30% 30 20% 20 10% 10 0% 0 Domicile privé Lieu inconnu Taux d’homicides Norvège Taux d’homicides pour100 000 habitants 90 Australie 90% Maurice 100 Argentine 100% Colombie Du fait que ces deux différents types d’homicides ont des impacts différents sur les deux sexes, le foyer est l’endroit où une femme risque le plus d’être tuée, tandis que les hommes risquent davantage d’être tués dans la rue ou dans un lieu public. Les données présentées à la figure 4.4 montrent qu’une forte proportion d’homicides est commise au sein du foyer dans les pays où le pourcentage des femmes victimes est plus important, et où les taux d’homicides sont plus faibles. La relation entre le sexe de la victime et le lieu où se déroule l’homicide montre que les typologies des homicides diffèrent entre ceux commis au sein du foyer et dans les espaces publics tels que les lieux commerciaux ou de loisirs, et ceux commis dans la rue. Les homicides perpétrés au foyer sont plus susceptibles d’être commis par un auteur connu tel qu’un membre de la famille ou un conjoint, alors que les homicides commis dans la rue sont davantage susceptibles d’impliquer un auteur inconnu de la victime. 60 Fig. 4.4: Ventilation en pourcentage des lieux et taux d’homicides, dans certains pays (2009 ou année la plus récente pour laquelle on dispose de données) El Salvador ces pays, et le profil des victimes change en conséquence, puisque les femmes de-viennent plus nombreuses dans l’ensemble des victimes d’homicides (figure 4.3). Pourcentage de victimes de sexe féminin et pourcentage des lieux 0 Lieu public Pourcentage de victimes de sexe féminin Source: ONUDC, Extrapolation à partir de sources nationales officielles. Au contraire, les taux d’homicides bas, tels que ceux que l’on trouve en Australie ou en Norvège, soulignent le fait que davantage d’homicides sont perpétrés dans le foyer, celui de la victime ou celui de l’auteur, ce qui implique une importance relativement accrue des homicides par le conjoint ou les proches dans ces pays et, en conséquence, un 59 4 ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide pourcentage plus élevé d’homicides commis sur des femmes. Fig. 4.5: Taux d’homicides par type d’homicides, dans certains pays d’Europe (2004-2008) 1,8 Taux d’homicides pour 100 000 habitants Les données de séries chronologiques disponibles indiquent une certaine stabilité dans le temps des niveaux d’homicides liés à la violence conjugale et/ ou familiale. Ce phénomène a été associé aux niveaux de tension sous-jacents dans la société et au fait que plusieurs facteurs de risque durables de violence conjugale et/ou familiale – liant ces tensions à une histoire de violence domestique, au chômage du partenaire masculin, à la possession d’armes à feu, à la consommation de drogues et d’alcool, à la menace de séparation, à la jalousie sexuelle, à la domination extrême du mâle et à Homicides liés à d’autres causes Homicides liés au partenaire ou aux proches 1,6 1,4 1,2 1,0 0,8 0,6 0,4 0,2 0,0 2004 2005 2006 2007 2008 Source: Extrapolations ONUDC à partir de données des polices nationales. Meurtres liés aux violences conjugales et/ou familiales et homicides liés au crime organisé ou aux bandes de délinquants, en Italie Malgré une réputation de violence meurtrière au sein des clans et entre les clans de la mafia, ainsi qu’à l’encontre des agents des services de détection et de répression ou des citoyens, le taux d’homicides global a régulièrement décru en Italie ces dernières années, jusqu’à parvenir à un niveau plutôt bas qui le range parmi d’autres pays européens. Hormis des flambées périodiques de violence entre des membres rivaux de groupes mafieux, les homicides résultant de la criminalité organisée ont diminué dans ce pays, en termes absolus aussi bien que relatifs1. 0 0,0 Victimes d’homicides de sexe masculin Taux d’homicides total Victimes d’homicides de sexe féminin Source: Bureau national de statistique. Pourcentage du total des victimes d’homicides 0,3 Pourcentage du total des homicides par type, Italie (2002-2009) Taux d’homicides pour 100 000 habitants 200 2008 0,6 2007 400 2006 0,9 2005 600 2004 1,2 2003 800 2002 1,5 2001 1 000 2000 1,8 1999 1 200 1998 Nombre de victimes d’homicides Nombre de victimes d’homicides par sexe et taux d’homicides total, Italie (1998-2008) 25% 20% 15% 10% 5% 0% 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 Femmes tuées par le partenaire, l’ex-partenaire ou un membre de la famille, en pourcentage du total des victimes d’homicides. Hommes tués par la partenaire, l’ex-partenaire ou un membre de la famille, en pourcentage du total des victimes d’homicides. Victimes tuées par des bandes de délinquants ou groupes criminels organisés, en pourcentage du total des victimes d’homicides. Source: Bureau national de statistique. Des données détaillées pour les années 2002-2009 indiquent que, depuis 2004, le nombre absolu aussi bien que la part relative des homicides liés aux bandes de délinquants ou à la criminalité organisée a diminué. Par ailleurs, les nombres absolus d’homicides liés à la violence conjugale et/ou familiale a légèrement augmenté sur la même période, jusqu’à relever la part totale de ses victimes (hommes et femmes) à plus de 30 % de l’ensemble des victimes d’homicides en 2009. Le graphique ci-dessus montre que, pour la première fois en 2006, la part relative des victimes de sexe féminin dans les homicides liés au conjoint ou aux proches a dépassé la part de l’ensemble des victimes des homicides liés aux bandes de délinquants ou au crime organisé, et que ce dépassement atteignait sept points de pourcentage en 2009. Sur la période entière, les victimes du fait des violences conjugales et/ou familiales étaient deux à trois fois plus nombreuses chez les femmes que chez les hommes. 1 60 Ainsi qu’il a déjà été vu au chapitre 3, une diminution des homicides liés à la criminalité organisée ne traduit pas nécessairement une réduction des activités des groupes criminels organisés. LES FEMMES ET L’HOMICIDE LIÉ AUX VIOLENCES CONJUGALES ET/OU FAMILIALES Caractéristiques des homicides et des décès pour dot en Inde Le Bureau national des statistiques criminelles indien conserve les données détaillées de la justice pénale relatives au nombre des victimes d’homicides, par sexe, âge et motif. En 2009, sur un total de 33 159 victimes d’homicides répertoriées en Inde, 8 718 (26 %) étaient de sexe féminin, soit un nombre à peu près identique à celui des années précédentes. Certains de ces meurtres avaient trait à des litiges relatifs au paiement de dots ou à des demandes violentes de paiements plus importants de la part des familles des épouses ou des futures épouses. Alors que le paiement d’une dot est illégal en Inde depuis 1961, la pratique demeure d’un usage courant. Sur l’ensemble des femmes tuées, environ 15 % (1 267) l’avaient été pour des questions touchant à la dot. Taux d’homicides 2009 2008 2007 2006 2005 2004 2003 2002 2001 2000 1999 1998 1997 Taux d’homicides et taux de décès pour dot en Inde (1995-2009) 1996 4,5 4,0 3,5 3,0 2,5 2,0 1,5 1,0 0,5 0,0 1995 Taux pour100 000 habitants Outre les données enregistrées en tant qu’homicides, la police tient un registre des “décès pour dot” au titre d’une section distincte du Code pénal indien1. Il s’agit de décès de femmes mariées depuis sept ans au plus, pour lesquelles des éléments factuels apportent un fort soupçon de meurtre relatif à la dot. En 2009, la police a enregistré 8 383 morts de ce type, de femmes et de jeunes filles, et l’on peut calculer que le nombre total des meurtres liés à la dot en 2009 s’est élevé à 9 6502, ce qui correspond à 56 % de l’ensemble des victimes, de sexe féminin, des meurtres avec violence, meurtres pour dots compris (17 101). Le nombre de ces meurtres augmente depuis des années: les courbes ci dessous indiquent les tendances de ces décès dans le temps (pour 100 000 habitants) en Inde, par rapport aux taux d’homicides, pour la période 1995-2009: alors que les niveaux d’homicides ont régulièrement décru au cours des 15 dernières années (diminution de 31 % entre 1995 et 2009), le taux de décès pour dot a augmenté de plus de 40 % durant la même période. Cette augmentation pourrait être partiellement due à une plus grande exactitude des données consignées par la police lorsque des morts suspectes lui sont signalées, mais aussi à une prise de conscience grandissante du problème et une détermination à aborder cette question; d’autre part, il est probable que, outre les homicides officiellement enregistrés comme liés à la dot et les décès pour dot, un nombre inconnu de décès liés à des questions de dot demeurent non détectés car ils sont souvent enregistrés comme des décès par accident, ou des suicides. Taux de décès pour dot Source: National Crime Records Bureau. 1 La section 304B du Code pénal indien dispose que “lorsque la mort d’une femme est causée par des brûlures ou des atteintes physiques, ou se produit autrement que dans des circonstances normales dans les sept années suivant son mariage, et qu’il est montré que peu avant son décès elle était soumise à des actes de cruauté ou de harcèlement de la part de son époux ou de tout membre de la famille de son époux en vue de, ou en relation avec, toute demande de dot, un tel décès sera appelé “décès pour dot” (dowry death) et ledit époux ou parent sera réputé avoir causé la mort de la femme en question”. 2 Ce chiffre étant le total des meurtres pour dot (1 267) et des décès pour dot (8 383) en 2009. d’autres facteurs de risques – ne sont susceptibles d’évoluer que lentement6. Si le taux des homicides liés aux violences conjugales et/ou familiales demeure plutôt stable dans le temps, alors que celui lié aux autres causes décline, comme cela a été le cas dans un certain nombre de 6 Voir par exemple: Cao, L., Hou, Ch. et Huang, B., Correlates of the Victim Offender Relationship in Homicide, International Journal of Offender Therapy and Comparative Criminology (2007); Abrahams, N., Jewkes, R. et Mathews, Sh., Guns and gender-based violence in South Africa, South African Medical Journal (2010); Roberts, D.W., Intimate Partner Homicide: Relationships to Alcohol and Firearms, Journal of Contemporary Criminal Justice (2009). pays au cours de la décennie écoulée, la part des homicides dus aux violences conjugales et/ou familiales augmente inévitablement par rapport à l’ensemble de tous les homicides. On trouvera l’illustration de ce phénomène pour une sélection de pays européens à la figure 4.5, mais le même mouvement a également été observé dans un certain nombre d’autres pays non européens, notamment l’Australie, le Japon, les États-Unis et la Zambie. De plus, si la part des femmes augmente parmi les homicides liés au partenaire et à la famille, cela implique que, dans des contextes de niveaux globalement décroissants des homicides, la part des hommes parmi l’ensemble des victimes 61 4 ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide d’homicides diminue graduellement dans le temps, alors que la part des victimes de sexe féminin s’élève. Des éléments factuels montrent que tel est bien le cas en effet (voir encadré sur l’Italie). L’observation que les homicides liés aux conflits entre partenaires, ex-partenaires ou membres de la famille sont assez stables dans le temps et ne sont pas affectés par les accès meurtriers déclenchés par des interventions externes ne signifie pas qu’il ne serait pas utile de cibler les taux d’homicides liés à la violence conjugale et/ou familiale avec des politiques sociales plus larges et des initiatives de prévention de la criminalité. Au Canada par exemple, l’idée a été défendue qu’il existe un lien fort entre la montée des niveaux d’éducation des femmes, l’implication croissante de ces dernières qui s’ensuit sur le marché du travail et leur indépendance financière d’une part, et les diminutions à long terme des homicides liés au partenaire ou aux proches d’autre part7. Les interventions visant à infléchir la violence domestique contre les femmes en général, ainsi qu’à les soutenir tout en les protégeant dans les périodes pendant lesquelles le risque de violences venant de leur partenaire (pendant et immédiatement après un divorce par exemple) est particulièrement élevé, ont aussi un impact sur la réduction des taux d’homicides liés aux violences conjugales et/ou familiales. De telles interventions peuvent aussi être plus immédiates que beaucoup de mesures et politiques sociales plus larges, quoique fondamentales, qui inévitablement nécessitent du temps pour avoir un impact notable sur les taux d’homicides contre les femmes. 7 Dawson, M., Bunge, V. and Balde, Th., National Trends in Intimate Partner Homicides: Explaining Declines in Canada, 1976 to 2001, Violence Against Women (2009). 62 5. HOMICIDE ET DÉMOGRAPHIE: QUI EST EN DANGER? Le présent chapitre se concentre sur les caractéristiques des personnes dissimulées derrière les chiffres sur les homicides et les taux présentés jusqu’ici dans cette étude. Grâce à l’analyse des données d’âge et de sexe concernant directement les personnes directement impliquées dans les homicides tout en tenant compte des facteurs régionaux et typologiques, les personnes susceptibles de commettre un délit et celles qui courent le plus de risques peuvent être identifiées plus facilement et donc dissuadées/protégées si des politiques de prévention pertinentes les visent plus particulièrement. Les victimes, par sexe et par âge La criminalité, et tout particulièrement la criminalité violente, est un comportement typiquement masculin, et l’homicide ne fait pas exception. Dans le monde entier, les hommes constituent la majorité des auteurs d’infractions avec violence et représentent plus de 90 % des populations carcérales de la plupart des pays. Les données sur les auteurs d’homicides laissent apparaître une caractéristique similaire (voir par la suite dans ce chapitre) et les hommes constituent aussi jusqu’à 82 % de l’ensemble des victimes d’homicides, ce qui laisse penser que le schéma le plus caractéristique de l’homicide est celui d’un homme tuant un autre homme (figure 5.1). Si les femmes représentent une plus petite part des victimes d’homicide, elles sont, de façon prédominante, la cible des violences liées aux violences conjugales et/ou familiales, dans lesquelles le schéma d’homicide typique est celui d’un homme tuant une femme (ainsi qu’il vient d’être expliqué en détail au chapitre précédent). Le tableau mondial, général, étant posé, on constate des différences significatives et fondamentales dans la ventilation par sexe des victimes d’homici- Fig. 5.1: Ventilation en pourcentage des victimes d’homicides au niveau mondial, par sexe (2008) 18% Victimes de sexe masculin Victimes de sexe féminin 82% Source: UNODC Homicide Statistics (2011). des, qui construisent un indicateur clé des types d’homicides plus ou moins communs dans un pays donné, ou une région. Les différentes compositions par sexe des victimes d’homicides d’une région à l’autre, et en particulier les différences profondes aux Amériques et en Europe en sont une bonne illustration: les taux d’homicides sont relativement élevés sur le continent américain, tandis qu’ils sont relativement bas en Europe (figure 5.2). Aux Amériques, les victimes de sexe féminin ne représentent que 10 % de l’ensemble des homicides, tandis qu’elles comptent pour 19 % en Afrique, pour 21 % en Asie, pour 20 % en Océanie et pour 27 % en Europe. Cette différence dans la structure par sexe indique des typologies d’homicides différentes selon les parties du monde, la part revenant aux victimes de sexe masculin étant d’autant plus grande que les homicides perpétrés dans le contexte de la violence issue des bandes de délinquants et du crime organisé sont eux-mêmes nombreux. Pour autant, la part plus réduite des victimes de sexe féminin sur le nombre total d’homicide aux Amériques n’équivaut pas à un taux plus faible de meurtres de femmes par comparaison avec d’autres régions. 63 ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide Fig. 5.2: Ventilation en pourcentage des homicides, par sexe et par région (2008) Afrique Amériques 10% 19% 81% 90% Asie Océanie Europe 21% 20% 27% 73% 79% Victimes de sexe masculin 80% Victimes de sexe masculin Source: UNODC Homicide Statistics (2011). Taux d’homicides pour 100 000 habitants Fig. 5.3: Taux de victimes de sexe féminin par région (2008) 7 6 5 4 3 2 1 0 Amériques Afrique Monde Europe Asie Océanie Source: UNODC Homicide Statistics (2011). Taux d’homicides pour 100 000 habitants Fig. 5.4: Taux de victimes de sexe masculin par région (2008) 30 25 20 15 10 5 0 Amériques Afrique Monde Europe Source: UNODC Homicide Statistics (2011). 64 Asie Océanie De fait, comme le montre la figure 5.3, les Amériques affichent un taux élevé de victimes de sexe féminin. C’est le nombre exceptionnel des homicides affectant les individus de sexe masculin aux Amériques qui pousse vers le bas la part des femmes dans cette région. Les données indiquent aussi que l’Afrique est la région où les taux d’homicides commis sur des femmes sont les plus élevés, et montrent que là où les taux d’homicides élevés ne sont pas mus avec la même ampleur par la criminalité organisée et la criminalité de rue, la violence meurtrière non spécifique et/ou les homicides liés aux violences conjugales et/ou familiales jouent un rôle important dont les femmes sont, à l’évidence, victimes, dans ces trois dernières catégories. Malheureusement, le manque de données caractérisant l’Afrique, par exemple sur les traits complémentaires des homicides, tels que leurs contextes et les moyens utilisés pour tuer, empêchent de procéder à des analyses plus détaillées. Comme on pouvait s’y attendre, les taux d’homicides d’individus de sexe masculin reflètent les schémas régionaux examinés dans les chapitres précédents, et les niveaux les plus élevés apparaissent sur le continent américain et en Afrique. Après la structure par sexe des victimes d’homicides, la caractéristique la plus frappante de ce type de victimisation est que, à l’échelle du monde, le HOMICIDE ET DÉMOGRAPHIE: QUI EST EN DANGER? Fig. 5.5: Taux d’homicides mondiaux par sexe et groupe d’âge (2008) 25 Taux d’homicides pour 100 000 habitants risque d’être tué est au plus haut pour les jeunes hommes de 15 à 29 ans et chute radicalement avec l’âge par la suite. En fait, le taux d’homicides mondial en fonction de l’âge, de 21,2 pour 100 000 pour les hommes de 15 à 29 ans, est approximativement le double du taux correspondant (10,5) pour les hommes de 60 à 69 ans. Ce déclin généralisé du risque d’homicide tout au long de la vie masculine reflète directement la participation décroissante des hommes, l’âge avançant, aux activités illicites et à hauts risques, telles que la criminalité de rue, la participation aux bandes de délinquants, la consommation de drogues, la possession d’armes à feu, d’armes blanches et autres armes, aux confrontations de rues et autres activités prédisposant à la violence (figure 5.5). De façon contrastée, le taux d’homicides mondial en fonction de l’âge, pour les femmes, se situe à un niveau beaucoup plus bas et reste fixé entre 3 et 4 pour 100 000 pour tous les groupes d’âge, Victimes de sexe masculin Victimes de sexe féminin 20 15 10 5 0 0-4 5-14 15-29 30-44 45-59 60-69 70+ Source: Base de données de l’OMS sur les causes de décès (Causes of Death 2011). Augmentation des homicides au Mexique en fonction de l’âge et du sexe La domination croissante des groupes criminels organisés mexicains sur le trafic de la cocaïne entre l’Amérique du Sud et les États-Unis (voir chapitre 3) a eu pour résultat remarquable une forte augmentation de la violence meurtrière, qui affecte non seulement les membres des groupes de trafiquants de drogues mais aussi les membres des forces de sécurité, et des spectateurs innocents. L’essentiel de la violence meurtrière est exercé par des hommes contre d’autres hommes, et on peut constater ci-dessous sur les tendances des homicides en fonction de l’âge que la soudaine augmentation des taux d’homicides a touché tous les individus de sexe masculin, à l’exception des mineurs de moins de 15 ans. 9 8 7 6 5 4 3 2 1 0 10-14 25-29 15-19 35-39 Sources: Bureau national de statistique. 20-24 50-54 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 Taux d’homicides pour 100 000 habitants 10 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 Taux d’homicides pour 100 000 habitants Pendant ce temps, cet accroissement a aussi mené à des flambées brutales des taux de homicides commis sur des femmes appartenant aux mêmes groupes d’âge, quoique à un niveau beaucoup plus bas. Alors qu’un accroissement soudain des violences meurtrières peut donc être observé à l’encontre des deux sexes et dans tous les groupes d’âge, on remarquera que les hommes de 35 à 39 ans sont les plus touchés et ont affiché en 2009 le plus fort taux de victimisation en fonction de l’âge (73), devant les 25 à 29 ans (qui ont un taux de 63, soit le deuxième groupe le plus affecté) et les autres groupes plus jeunes. Cependant, la montée des homicides a affecté aussi le groupe des 15 à 19 ans, soit parce que les victimes faisaient partie de groupes de trafiquants de drogues, soit simplement parce qu’elles se trouvaient au mauvais endroit au mauvais moment. Il est clair aussi que des groupes criminels organisés recrutent des garçons plus jeunes encore dans leurs rangs, ce qui met ces derniers en danger d’être tués, davantage encore. Taux de victimes de sexe féminin par groupe Taux de victimes de sexe masculin par groupe d’âge, Mexique (1990-2009) d’âge, Mexique (1990-2009) 10-14 15-19 20-24 25-29 35-39 50-54 Sources: Bureau national de statistique. 65 5 ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide après 15 ans. Ceci renforce le fait que les homicides commis sur des femmes sont moins liés à l’exposition des femmes aux activités à hauts risques (bandes de délinquants, etc.) qui surviennent chez les groupes des plus jeunes, et plus fréquemment aux litiges entre la victime et le partenaire ou les proches (voir chapitre précédent). En d’autres termes, les différences de taux d’homicides en fonction de l’âge et du sexe se rétrécissent d’un facteur d’environ six pour les tranches d’âges jeunes (21,1 contre 3,6) à environ trois pour les groupes plus âgés (10,5 contre 3,2) pour les 60 à 69 ans. Amériques De même que pour la structure par sexe des victimes d’homicides, on constate aussi des différences significatives et fondamentales dans les structures d’âge de ces mêmes victimes selon les régions du monde, ce qui indique une fois encore l’importance relative des différents types d’homici- Déclin des homicides en Europe centrale et orientale, par âge et par sexe Pourcentage du total des victimes (5 pays) 2008 2007 2006 2005 2004 2003 2002 2001 2000 Tasa de homicidio por cada 100.000 habitantes Le déclin remarquable des taux d’homicides dans de nombreux pays d’Europe au cours de la première décennie du XXIe siècle a été particulièrement aigu dans plusieurs pays d’Europe centrale et orientale. Le fait que la plupart de ces pays ont mis en œuvre d’importantes mesures pour aligner leurs systèmes sociaux, juridiques et économiques avec les normes internationales pendant cette période a positivement contribué à cette évolution, qui s’est accélérée dans bien des cas pendant le processus d’accession à l’Union européenne. Taux d’homicides en République tchèque, Hongrie, République de Moldova, Pologne et Roumanie (2000-2008) Les taux d’homicides globaux dans cinq pays d’Europe centrale et orientale ont chuté de 4,2 4,5 à 1,6 pour 100 000, soit un déclin de 61 % en 4,0 moins d’une décennie. Ce déclin n’a cependant 3,5 pas été uniforme entre les deux sexes, ni sur 3,0 l’ensemble des groupes d’âge. 2,5 2,0 Les déclins les plus importants dans la part 1,5 des victimes d’homicides ont été réalisés 1,0 entre 2000 et 2008, et ont concerné les hommes 0,5 des groupes d’âge de 20 à 44 ans, qui consti0,0 tuaient les parts les plus importantes de victimes d’homicides au début de cette période. Pendant la même période, les parts des victimes de Source: UNODC Homicide Statistics (2011). Les courbes sexe féminin ont, de fait, augmenté dans la représentent les taux d’homicides pondérés par rapport majorité des groupes d’âge. Puisque le nombre à la population. total d’homicides diminuait très rapidement entre 2000 et 2008, on peut penser que le déclin a principalement bénéficié aux hommes jeunes. Autrement dit, la composition des homicides a changé en Europe centrale et en Europe orientale, et la part relative des homicides liés aux violences conjugales et familiales a augmenté, rapprochant le schéma des homicides de ces sous-régions de ce que l’on peut voir dans les autres sous-régions d’Europe. Ventilation des victimes d’homicides, par âge et par sexe, dans certains pays d’Europe centrale et d’Europe orientale (2000 et 2008) 10% 9% Victimes de sexe masculin 2000 Victimes de sexe masculin 2008 Victimes de sexe féminin 2000 Victimes de sexe féminin 2008 8% 7% 6% 5% 4% 3% 2% 1% Source: Global Burden of Injuries, Injury Mortality Data Collection (2011). 66 >85 80-84 75-79 70-74 65-69 60-64 55-59 50-54 45-49 40-44 35-39 30-34 25-29 20-24 15-19 10-14 5-9 1-4 <1 0% HOMICIDE ET DÉMOGRAPHIE: QUI EST EN DANGER? Fig. 5.6: Ventilation des victimes d’homicides, par âge et par sexe, Amériques (2000-2008) Pourcentage du total des victimes (29 pays) 20 Victimes de sexe masculin Victimes de sexe féminin 18 16 14 12 10 8 6 4 2 >85 80-84 75-79 70-74 65-69 60-64 55-59 50-54 45-49 40-44 35-39 30-34 25-29 20-24 15-19 10-14 5-9 1-4 <1 0 Source: Global Burden of Injuries, Injury Mortality Data Collection (2011). Fig. 5.7: Ventilation des victimes d’homicides, par âge et par sexe, Europe (2000-2008) Pourcentage du total des victimes (32 pays) 20 Victimes de sexe masculin Victimes de sexe féminin 18 16 14 12 10 8 6 4 2 >85 80-84 75-79 70-74 65-69 60-64 55-59 50-54 45-49 40-44 35-39 30-34 25-29 20-24 15-19 10-14 5-9 1-4 <1 0 Source: Global Burden of Injuries, Injury Mortality Data Collection (2011). Fig. 5.8: Ventilation des victimes d’homicides, par âge et par sexe, Asie (2000-2008) Victimes de sexe masculin Victimes de sexe féminin 18 16 14 12 10 8 6 4 2 >85 80-84 75-79 70-74 65-69 60-64 55-59 50-54 45-49 40-44 35-39 30-34 25-29 20-24 15-19 10-14 5-9 1-4 0 <1 Pourcentage du total des victimes (15 pays) 20 Source: Global Burden of Injuries, Injury Mortality Data Collection (2011). 67 5 ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide des. Dans un échantillon de 29 pays du continent américain, les hommes âgés de 20 à 24 ans constituent le plus grand groupe de l’ensemble des victimes d’homicides (16 %), suivi par les hommes de 25 à 29 ans (14 %) et les hommes de 30 à 34 ans (11 %). A contrario, la part des groupes d’âge successifs dans l’ensemble des victimes de sexe féminin culmine à moins de 2 % pour le groupe 20-24 ans et décline continuellement avec l’âge par la suite (figure 5.6). Un certain nombre de facteurs (tels qu’une structure démographique jeune) contribuent à cette caractéristique marquée sur le continent américain, mais les forts risques de violence meurtrière attachés à l’appartenance à des groupes criminels organisés ou à des bandes de délinquants de rues (voir chapitre 3) apparaissent de façon flagrante. Europe Contrairement au profil des victimes d’homicides selon le sexe et l’âge aux Amériques, l’Europe ne présente pas de pic structurel pour les jeunes victimes d’homicides de sexe masculin et les différentiels de risques entre hommes et femmes dans ce domaine sont considérablement plus faibles. Dans un échantillon de 32 pays européens, les hommes âgés de 20 à 24 ans représentent seulement 5 % de l’ensemble des victimes d’homicides, pour atteindre 8 % avec le groupe d’âge masculin de 40 à 44 ans et décroître par la suite (figure 7). Le profil des victimes de sexe féminin est similaire à celui des victimes de l’autre sexe sauf en ce qui concerne les groupes les plus âgés, et il est important de noter que, si les pourcentages des homicides sont plus faibles pour les groupes d’hommes plus âgés, cela n’indique pas nécessairement un plus faible niveau de risque d’homicide (taux d’homicides) puisque, évidemment, la population totale des groupes les plus âgés est considérablement plus réduite, en particulier chez les hommes et les femmes de plus de 80 ans. Asie Les données pour un échantillon de 15 pays d’Asie indiquent que les parts des groupes d’âge des jeunes hommes tués dans l’échantillon sont considérablement plus faibles que dans les pays du continent américain, mais plus fortes que dans les pays européens tandis que, par ailleurs, on ne peut discerner de pic prononcé chez les jeunes victimes de sexe masculin. Les parts cumulées des victimes des deux sexes s’élèvent parallèlement jusqu’à atteindre un pic pour le groupe 35 à 39 ans (à plus de 9 % pour les hommes, et moins de 3 % pour les femmes), avant de décliner pour les groupes d’âge suivants. Il s’agit en quelque sorte d’une caractéristique de victimisation intermédiaire par rapport aux exemples précédents (figure 5.8). Les âges moyens observés dans certains pays en Asie peuvent fournir quelques indications générales sur les caractéristiques des homicides sur ce continent, mais cachent des différences significatives quant aux caractéristiques en fonction du sexe et de l’âge au niveau d’un pays. Par exemple, les victimes de sexe féminin représentent moins de 10 % de l’ensemble des victimes d’homicides aux Philippines (taux d’homicides total de 5,4 pour 100 000), mais plus de 40 % de l’ensemble des victimes au Japon et en République de Corée (0,5 et 2,9 pour 100 000, respectivement). Afrique Les données disponibles sur les homicides en fonction de l’âge et du sexe des victimes ne couvrent, Fig. 5.9: Ventilation des victimes d’homicides, par âge et par sexe, Afrique du Sud (2000-2008) 18 Victimes de sexe masculin 16 Victimes de sexe féminin 14 12 10 8 6 4 2 Source: Global Burden of Injuries, Injury Mortality Data Collection (2011). 68 >85 80-84 75-79 70-74 65-69 60-64 55-59 50-54 45-49 40-44 35-39 30-34 25-29 20-24 15-19 10-14 5-9 1-4 0 <1 Pourcentage du total des victimes 20 HOMICIDE ET DÉMOGRAPHIE: QUI EST EN DANGER? Différentiels de risques face à l’homicide Le fait qu’il existe de grandes différences face à l’homicide entre les deux sexes, entre les hommes à différentes étapes de leur vie et entre les pays, qui affichent des prévalences variables de typologies d’homicides, transparaît dès que l’on ventile les taux d’homicides bruts selon l’âge et le sexe. Cependant, les implications complètes de ces variations de taux d’homicides entre les pays et à l’intérieur des groupes ne deviennent pleinement visibles que lorsque l’on se tourne vers l’effet composé des différentiels de risque selon l’âge et le sexe, sur la totalité d’une vie. Par exemple, sur la base des estimations disponibles relatives aux homicides par âge et par sexe2, le risque, pour les deux sexes, à l’âge de 20 ans, en 1996, d’être tué avant d’avoir atteint l’âge de 31 ans est calculé pour un certain nombre de pays. Chacun de ces pays entre dans l’une des catégories suivantes, basée sur le taux d’homicides et la typologie majoritaire d’homicides que l’on y rencontre: un pays A affiche un fort taux d’homicides, une forte proportion d’homicides par arme à feu, et a toutes chances d’être situé en Amérique cen- trale; un pays B a un fort taux d’homicides, une proportion plus petite d’homicides par arme à feu et se trouve vraisemblablement en Afrique centrale, orientale ou australe ; un pays C a un faible taux d’homicides, une forte proportion d’homicides lié aux violences conjugales et/ou familiales, et correspond probablement à l’Europe septentrionale, méridionale ou occidentale; un pays D a un taux d’homicides très bas, typique de l’Asie orientale. Les calculs présupposent que la victime a constamment résidé dans les pays sélectionnés sur l’entièreté de la période considérée (1996 à 2006), ce qui signifie que le risque calculé s’applique aux personnes qui n’ont pas émigré ou ne sont pas décédées pour d’autres raisons. À une extrémité se trouvait une cohorte d’hommes âgés de 20 ans en 1996 dans un pays A, avec une probabilité de 0,14 % d’être tué à 20 ans et un risque quelque peu supérieur dans les années suivantes (par exemple 0,19 % de risque d’être victime d’homicide à l’âge de 22 ans; 0,30 % à l’âge de 29 ans, en 2005). Globalement, pour la même cohorte, les probabilités d’être tué étaient de 2,0 % entre 1996 et 2006. En d’autres termes, un homme sur 50 parmi ceux qui avaient 20 ans dans un pays A en 1996 a été tué avant d’avoir atteint l’âge de 31 ans (figure 5.10). Le taux d’homicides élevé dans les pays A pendant la période considérée dans cet exercice n’est qu’un exemple du risque très élevé d’homicide auquel les jeunes hommes se trouvent confrontés dans de nombreux pays du monde entier. Le graphique fournit un autre exemple, avec les pays B, où le risque d’être victime d’homicide avant l’âge de 31 ans était de 1,0 % pour la cohorte d’hommes Fig. 5.10: Risque cumulé d’homicide pour les hommes âgés de 20 ans en 1996, dans certains pays (1996-2006) 2,5 2,0 Risque cumulé (%) pour l’Afrique, que l’Égypte, Maurice et l’Afrique du Sud. En Égypte, les données, en fonction de l’âge, sur les victimes de sexe masculin montrent une prépondérance pour les groupes d’hommes jeunes des tranches de 20 à 24 ans, 25 à 29 ans et 30 à 34 ans, tandis que le profil d’âge chez les victimes de sexe féminin semble être plus uniforme et atteint un plateau pour les groupes de 30 à 34 ans et 35 à 39 ans. Pour l’île Maurice, les parts des victimes d’homicides sont croissantes jusqu’au groupe de 40 à 44 ans chez les hommes et jusqu’au groupe des 35 à 39 ans chez les femmes. Seule l’Afrique du Sud, pays où le taux d’homicides est élevé, affiche un modèle de violence meurtrière contre les hommes similaire à ce que l’on trouve sur le continent américain (voir figure 5.9), avec les plus fortes parts de victimes d’homicides dans les groupes d’âge de 20 à 39 ans. Ce modèle de violence contre les hommes doit beaucoup aux types de comportements à recherche de risques dans lesquels s’engagent communément certains groupes déshérités de la société sud-africaine1. 1,5 Pays A Pays B Pays C Pays D 1,0 0,5 0,0 20 1 Ratele, K., Watch your man. Young black males at risk of homicidal violence, SA Crime Quarterly (2010). 2 Le document Global Burden of Injuries, Injury Mortality Data Collection (2011) fournit des données, par âge et par sexe, sur les victimes d’homicides volontaires. 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 (âge) Source: UNODC Global Burden of Injuries, Injury Mortality Data Collection. Les courbes représentent le pourcentage de risque pour un homme âgé de 20 ans en 1996 d’être victime d’homicide avant chacun de ses anniversaires suivants, jusqu’à l’âge de 30 ans (2006). 69 5 ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide Fig. 5.11: Risque cumulé d’homicide pour les femmes âgées de 20 ans en 1996, dans certains pays (1996-2006) 0,14 Risque cumulé (%) 0,12 0,10 0,08 Pays A Pays B Pays C Pays D 0,06 0,04 0,02 0,00 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 (âge) Source: UNODC Global Burden of Injuries, Injury Mortality Data Collection. Les courbes représentent le pourcentage de risque pour un homme âgé de 20 ans en 1996 d’être victime d’homicide avant chacun de ses anniversaires suivants, jusqu’à l’âge de 30 ans (2006). âgés de 20 ans en 1996. Ces effets cumulés apparaissent particulièrement alarmants si on les compare à des pays ayant des taux d’homicides relativement faibles. Par exemple, un homme d’un pays D n’était confronté qu’à environ 0,0005 % de risque d’être tué à l’âge de 20 ans en 1996 et à un risque tout aussi bas pour toutes les années suivantes, ce qui donne un risque cumulé d’être victime d’homicide de 0,005 % avant d’avoir atteint 31 ans. En d’autres termes, un jeune homme de 20 ans vivant dans un pays A en 1996 était confronté à un risque d’homicide 400 fois plus élevé que dans un pays D. Les différentiels de risque d’être victime d’homicide sont considérables aussi pour les femmes selon les pays, bien que les écarts d’un pays à l’autre soient moins marqués pour les femmes que pour les hommes (figure 5.11). Une jeune femme d’un pays A faisait face à un risque cumulé d’homicide de 0,12 % entre 20 et 31 ans, alors qu’une femme d’un pays D était confrontée à un risque cumulé de 0,004 %. Ainsi, le différentiel de risque entre les femmes des pays A et celles des pays D sur ces 11 années de leur vie est plus faible que le différentiel correspondant, beaucoup plus élevé, correspondant aux hommes. Qui sont les auteurs? Seuls quelques pays publient des données relatives aux présumés auteurs d’homicides, mais plusieurs caractéristiques importantes émergent 3. Tout 3 Des données relatives aux présumés auteurs d’homicides sont disponibles pour 34 pays, sur la base des données de justice pénale que ces pays ont transmises à l’ONUDC dans le cadre de l’Enquête des Nations Unies sur les tendances de la criminalité et le fonctionnement des systèmes de justice pénale (UN-CTS). 70 d’abord, comme en ce qui concerne les victimes d’homicides, la plupart des auteurs d’homicides sont des hommes. Dans la majorité des pays, les hommes constituent plus de 80 % des auteurs d’homicides et il existe un lien clair entre la structure par sexe des auteurs d’homicides et les taux globaux d’homicides. De façon générale, plus le taux d’homicides est élevé, plus élevée est la part des hommes parmi les auteurs présumés. Inversement, plus le taux d’homicides est faible, plus forte est la part des femmes auteurs présumés d’homicides, bien que les femmes ne constituent jamais la majorité des auteurs d’homicides. Cette caractéristique liée au sexe indique clairement que la part des auteurs d’homicides de sexe masculin parmi l’ensemble des auteurs présumés est un bon indicateur du type d’homicide qui prévaut dans un pays ou une région. Ainsi, les hommes constituent, de façon caractéristique, plus de 90 % de l’ensemble des auteurs d’homicides sur le continent américain, qui est une région marquée par des taux d’homicides élevés en raison de la violence meurtrière des bandes de délinquants et de la criminalité organisée. Ils constituent cependant une part relativement plus minime des auteurs d’homicides dans les pays asiatiques et européens, où une part plus importante du nombre (relativement faible) d’homicides est commise dans le contexte de la violence conjugale et/ou familiale. Et tandis que la plupart des victimes d’homicides liés au conjoint ou aux proches restent des femmes tuées par leur mari, partenaire ou ex-partenaire, une minorité des auteurs est constituée par des femmes tuant des hommes. Les caractéristiques liées au sexe des auteurs d’homicides dans le cadre de tel ou tel type d’homicide (bande/crime organisé, vol/cambriolage, conjoint/proches) sont donc similaires à celles liées au sexe concernant les victimes d’homicides, qui ont été analysées plus haut dans le présent chapitre. Cette conclusion s’appuie sur les données disponibles pour l’Asie, les Amériques et l’Europe mais, compte tenu de leur absence pour les pays d’Afrique où les taux d’homicides sont généralement élevés, il n’est pas possible de la mettre en regard de ce dernier continent. Cette relation entre les auteurs et les victimes ainsi qu’avec les taux d’homicides totaux est illustrée à la figure 5.12, qui trace la part des auteurs de sexe masculin par rapport à la part des victimes, de sexe masculin également. Les pays ayant de forts taux d’homicides sont groupés en haut et à droite du graphique et sont prin- HOMICIDE ET DÉMOGRAPHIE: QUI EST EN DANGER? Fig. 5.12: Pourcentage de victimes et d’auteurs de sexe masculin, par pays (2009 ou année la plus récente pour laquelle on dispose de données) Pourcentage de victimes de sexe masculin 100 90 80 70 60 50 Amériques Asie Europe 40 75 80 85 90 95 100 105 Pourcentage d’auteurs de sexe masculin Source: ONUDC, extrapolation sur la base de l’UN-CTS. La taille des bulles est proportionnelle aux taux d’homicides par pays. La relation entre les parts des auteurs de sexe masculin et ceux de sexe féminin au niveau régional est illustrée également à la figure 5.13. Tandis que la part moyenne des auteurs et des victimes de sexe masculin est particulièrement élevée dans l’échantillon de 10 pays américains (96 % et 86 % respectivement), les chiffres correspondants sont notablement inférieurs dans les quatre pays asiatiques cités ci-dessus (86 % et 62 %), ainsi que dans un échantillon de 20 pays européens (88 % et 65 %). Et bien que ces chiffres apportent quelques éléments indirects sur les relations victime-délinquant Amériques (10 Pays) Asie (4 Pays) Femmes Victimes Auteurs Victimes Auteurs 100% 90% 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0% Victimes Fig. 5.13: Ventilation des victimes et des auteurs d’homicides par sexe et par région (2009 ou année la plus récente pour laquelle on dispose de données) Auteurs cipalement des pays des Caraïbes et d’Amérique du Sud. Les points de données pour les pays européens indiquent des parts plus réduites de victimes d’homicide aussi bien que d’auteurs de sexe masculin, et sont considérablement plus petits que pour les Amériques, ce qui illustre des taux d’homicides plus bas. Les points de données correspondant aux quatre pays asiatiques pour lesquels des données sont disponibles se répartissent en deux groupes: deux pays ayant des parts relativement élevées de victimes et d’auteurs d’homicides de sexe masculin et qui ont des taux d’homicides élevés (Inde et Mongolie); deux pays ayant des parts relativement réduites de victimes et d’auteurs d’homicides de sexe masculin et qui ont des taux d’homicides bas (République de Corée) ou très bas (Japon). Europe (20 Pays) Hommes Source: ONUDC, extrapolation sur la base de l’UN-CTS. par sexe dans toutes les parties du monde, ils ne disent pas, directement, qui tue qui. Pour cela, il faudrait disposer de registres détaillés sur la relation entre la victime et le délinquant dans chaque cas individuel, mais malheureusement très peu de pays peuvent fournir des données portant sur cette relation directe. En voici tout de même un exemple, se rapportant aux États-Unis, dans l’encadré ci-dessous. 71 5 ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide 30 Victimes et auteurs d’homicides, par sexe, États-Unis (1976-2005) 12 25 10 20 8 15 6 10 4 5 2 0 0 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 Taux d’homicides par sexe pour 100 000 habitants Aux États-Unis, au cours des deux dernières décennies, les taux d’homicides ont décliné jusqu’à des niveaux que l’on n’avait plus connus depuis les années 1960, après avoir doublé ces niveaux pour atteindre les pics de 1980 et 1991. Un certain nombre de facteurs ayant favorisé ce déclin sont communément cités, de même que pour les déclins d’autres types d’infractions pénales, à partir des années 1990. Le changement des structures démographiques de la population, avec moins de jeunes commettant moins de crimes, est communément mis en avant, mais cet effet pourrait être assez limité dans le cas des États-Unis1. D’autres facteurs jouent encore, comme le déclin de la consommation de crack2, le bon travail des polices de base dans ces environnements urbains troublés3, le renforcement des effectifs policiers, la montée de la population carcérale et d’autres facteurs4. Les données disponibles montrent que les changements dans les taux d’homicides totaux depuis 1976 ont été presque exclusivement dus aux évolutions des taux relatifs aux victimes et aux délinquants de sexe masculin, qui ont représenté la quasi-totalité de l’ensemble des augmentations et des diminutions. Le taux de victimisation des femmes était à un niveau beaucoup plus bas et est demeuré stable sur l’entièreté de la période. Taux d’homicides pour 100 000 habitants Schéma de relations victime-auteur, par sexe, États-Unis (1) Taux d’homicides total Victimes de sexe féminin Auteurs de sexe féminin Victimes de sexe masculin Auteurs de sexe masculin Source: Bureau des statistiques judiciaires, États-Unis d’Amérique. 1 Levit, S., The exaggerated role of changing age structure in explaining aggregate crime changes, Criminology (1999). 2 Ousey, G. et Lee, M., Examining the conditional nature of the illicit drug market-homicide relationship: a partial test of the theory of contingent causation, Criminology (2002). 3 Voir Messner, S.F. et al., Policing, drugs, and the homicide decline in New York City in the 1990s, Criminology (2007); Blumstein, A. et Waldman, J., The crime drop in America. Édition révisée (2006). 4 Voir, par exemple: LaFree, G., Declining Violent Crime Rates in the 1990s: Predicting Crime Booms and Busts, Annual Review of Sociology (1999); Blumstein, A., Rivara, F.P. et Rosenfeld, R., The Rise and Decline of Homicide—and Why, Annual Review of Public Health (2000) et Levitt, S.D., Understanding why crime fell in the 1990s: four factors that explain the decline and six that do not, The Journal of Economic Perspectives (2004). 72 L’homicide et les caractéristiques socioéconomiques des auteurs et des victimes les caractéristiques des auteurs et des victimes lorsque ces caractéristiques sont considérées comme pertinentes dans un certain contexte. L’analyse des caractéristiques des auteurs et des victimes et de la relation entre les deux est clairement limitée par le manque de données complètes et comparables à des niveaux régionaux et mondiaux. Des données plus détaillées sont généralement disponibles aux niveaux local et national et il existe un certain nombre d’études sur les caractéristiques et les tendances de l’homicide dans les contextes nationaux et locaux. Cependant, la disponibilité des données sont fonction de la conception et du contenu des systèmes nationaux d’enregistrement des infractions pénales, qui dépendent eux-mêmes des besoins concrets et des capacités des systèmes nationaux de justice pénale quant à la production et à l’usage de telles données. Par exemple, les données sur certains types de motifs d’homicide (tels que les meurtres pour dot ou les meurtres d’honneur) ne seront collectés que s’ils sont considérés comme pertinents dans le contexte national. De la même manière, on dispose de données plus détaillées sur Il est impératif de produire et utiliser de telles données détaillées sur les caractéristiques de l’auteur et de la victime si l’on veut pousser l’analyse et approfondir la compréhension des caractéristiques et tendances de l’homicide. Par exemple, des études de niveau national liant l’homicide et le statut au regard de l’emploi et des revenus démontre que les principaux groupes de délinquants et de victimes sont des personnes de sexe masculin, sans emploi, marginalisées. Dans différents contextes de par le monde, l’appartenance à certains groupes minoritaires raciaux ou ethniques est fréquemment et fortement associée à des risques supérieurs à la moyenne de devenir soit auteur, soit victime d’homicide, et dans de nombreux cas, les deux4. Des analyses plus détaillées 4 Par exemple, dans les villes d’Afrique du Sud, les hommes noirs entre 20 et 40 ans sont environ 17 fois plus susceptibles que les hommes blancs du même groupe d’âge de mourir du fait de violences meurtrières. Voir: Ratele, K., Watch your man. Young black males at risk of homicidal violence, SA Crime Quarterly (2010). HOMICIDE ET DÉMOGRAPHIE: QUI EST EN DANGER? Schémas des relations victime-auteur, par sexe, États-Unis (2) Auteur Hommes Femmes Total Sexe masculin 64,3 7,4 71,7 Sexe féminin 25,7 2,6 28,3 Total 90,0 10,0 100,0 Source: ONUDC, extrapolation à partir de Crime in the United States, various years, Ministère de la justice des États-Unis d’Amérique, FBI. Les données renvoient à la relation de genre entre les victimes et les délinquants pour les années 2000-2009, lorsque le sexe de la victime et celui de l’auteur étaient connus. Taux d’homicides total 14 -17 ans 25 -34 ans 50 + 2002 0 2004 0 2000 2 1996 5 1998 4 1994 6 10 1990 15 1992 8 1986 20 1988 10 1982 25 1984 12 1980 30 Moins de 14 ans Taux d’homicides totaux pour100 000 habitants Taux d’homicides par âge, États-Unis (1976-2005) 1976 Le déclin des niveaux d’homicides aux États-Unis est dans une grande mesure dû à une diminution du nombre des meurtres dans les groupes de population caractérisés par des niveaux élevés de violence meurtrière dans la première moitié des années 1990. Victime 1978 L’examen de l’âge des victimes d’homicide montre que les pics des taux d’homicides sont principalement corrélés aux jeunes victimes d’homicides, dans les groupes d’âge de 14 à 17 et de 18 à 24 ans. Des données supplémentaires montrent que le profil d’âge des auteurs obéit à un schéma similaire et que les taux les plus élevés des pics d’homicides au début des années 1980 et 1990 se manifestaient surtout dans les grandes villes2. Relation auteur-victime en fonction du sexe de chacun, en matière d’homicides (%), aux États-Unis d’Amérique; 2000-2009 Taux d’homicides par âge pour100 000 habitants La prédominance des homicides commis sur des hommes par d’autres hommes est confirmée par des données détaillées concernant les relations délinquantvictime lorsque les homicides sont examinés individuellement. Au cours des 10 dernières années, près de deux homicides sur trois pour lesquels de telles données sont disponibles1 ont été commis par un individu de sexe masculin contre un autre individu du même sexe, et une fois sur quatre par un individu de sexe masculin contre une personne de sexe féminin. Il est frappant de constater que seulement un homicide sur 40 a été commis par une femme contre une autre femme. En dépit du déclin général des taux d’homicides, la répartition de la relation victime-meurtrier rapportée au genre n’a que très peu changé et est pratiquement identique à ce qu’elle était en 1995. 18 -24 ans 35 -49 ans Source: Bureau des statistiques judiciaires, États-Unis d’Amérique. 1 Les données couvrent environ 40 % de l’ensemble des homicides et les seuls cas d’homicides confrontant deux personnes, victime et auteur, dont le sexe était connu. 2 Lattimore, P., et al., Homicide in Eight U.S. Cities: Trends, Context, and Policy Implications, National Institute of Justice Paper NCJ 167262 (1997). révèlent que les raisons sous-jacentes à ces caractéristiques apparemment marquées par des critères ethniques ou raciaux sont à trouver dans leur corrélation avec les bas niveaux de revenus, la pauvreté et des conditions socioéconomiques défavorables5. De même, les données sur les délinquants ayant des antécédents de comportements violents ou déjà condamnés (récidivistes) peuvent aussi fournir un meilleur aperçu des schémas de délinquance et des groupes à hauts risques6. politiques basées sur les faits et de stratégies de prévention de la criminalité, il faut aller au-delà de la simple ventilation des auteurs et des victimes d’homicides par âge et par sexe, et prendre en considération les caractéristiques les plus pertinentes de toutes ces personnes. Pour que ce type d’analyse soit possible aux niveaux mondial et régional, il faudra disposer de davantage de données, de meilleure qualité, pour la plupart des pays. Pour mieux comprendre les tendances et les contextes de l’homicide et améliorer la formulation de 5 Voir par exemple: Brookman, F. et Maguire, M., Reducing Homicide: A review of the possibilities, Home Office Online Report, 2003; Ceccato, V., Crime in a city in transition: The case of Tallinn, Estonia, Urban Studies (2009). 6 Voir par exemple: Cao, L., Hou, Ch. et Huang, B., Correlates of the Victim Offender Relationship in Homicide, International Journal of Offender Therapy and Comparative Criminology (2007); Miller, J. et Hendricks, N.J., Applying the Problem-Solving Model to a Developing World Context: The Case of Murder in Trinidad and Tobago, Crime Prevention and Community Safety (2007). 73 5 6. LE TABLEAU LOCAL Les données rassemblées au niveau national dissimulent souvent des modèles géographiques susceptibles de se révéler particulièrement importants pour comprendre la nature des homicides. De fait, une approche de type “criminologie environnementale” souligne qu’une victime, un délinquant et un acte spécifique doivent se croiser à un moment et en un lieu particuliers pour qu’un crime en résulte1. Le présent chapitre examine l’homicide depuis l’intérieur des frontières nationales pour montrer que les taux d’homicides et, dans une certaine mesure, différentes typologies d’homicides, existent dans différentes parties d’un même pays et même à l’intérieur d’une même ville. Il examine aussi en quoi les signaux environnementaux liés au risque relatif et aux opportunités de commission d’une infraction pénale, mais aussi à la densité de la population, peuvent entretenir un rapport avec l’homicide et la criminalité en général. Bien que les grandes villes tendent à afficher de plus hauts niveaux d’homicides que les zones à plus faible densité de population, ce modèle n’est pas absolu car les grandes zones urbaines peuvent offrir en matière de criminalité violente à la fois des facteurs de risques et des facteurs de protection. Carte 6.1: Taux d’homicides aux niveaux infranationaux, Amériques (2010) L’homicide au niveau infranational Les données de niveau infranational révèlent la diversité des niveaux d’homicides qui peuvent exister dans un même pays. La carte 6.1 montre que ceci s’applique à tous les pays du continent américain, les plus grandes différences étant enregistrées en Amérique centrale et en Amérique du Sud. Par exemple, au Mexique, l’État de Chihuahua affiche des taux d’homicides 80 fois plus élevés que celui du Yucatan. D’autres grands pays comme le Brésil, la Colombie et le Pérou montrent aussi de fortes Taux d’homicides Moins de 5 5,0 - 14,9 15,0 - 29,9 30,0 - 59,9 60 et plus Note: Les frontières et noms indiqués sur la présente carte n’impliquent ni reconnaissance ni acceptation officielles de la part de l’Organisation des Nations Unies. 1 Brantingham, P.J. et Brantingham P.L., Environmental Criminology (1981). Source: Sources nationales officielles. 75 ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide Carte 6.2: Taux d’homicides aux niveaux infranationaux, Europe (2005) Taux d’homicides Moins de 1 1,1 - 1,5 1,6 - 2,5 2,6 - 7,0 7,1 et plus Note: Les frontières et noms indiqués sur la présente carte n’impliquent ni reconnaissance ni acceptation officielles de la part de l’Organisation des Nations Unies. Source: Commission européenne, Investir dans l’avenir de l’Europe, Cinquième rapport sur la cohésion économique, sociale et territoriale (2010). disparités entre les différentes parties de leur territoire, alors que de grandes différences peuvent également être trouvées dans des pays plus petits, comme le Panama et le Guatemala. délimitent la partie méridionale de la mer Baltique, où il faut ranger l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie et le nord-est de la Pologne, ainsi que le sud-est de la Suède. Bien que les taux d’homicides moyens soient considérablement plus bas en Europe que sur le continent américain, des différences peuvent tout de même être perçues si l’on considère différentes régions à l’intérieur de chaque pays (carte 6.2). Au Royaume-Uni par exemple, le nord-ouest de l’Angleterre et le Grand Londres ont des taux d’homicides plus de deux fois supérieurs à ceux de l’East Anglia et du nord-est. De la même manière, en France, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et la région Languedoc-Roussillon, dans le sud du pays, ont des taux d’homicides plus de deux fois supérieurs aux taux des régions Pays-de-Loire et Poitou-Charentes, dans l’ouest du pays. Homicide, densité de population et dimension urbaine De telles données peuvent également permettre d’identifier sur un territoire national particulier des modèles qui pourraient être cachés lorsque seules des données de niveau national ou infranational sont utilisées. Par exemple, une macrorégion transnationale ayant de faibles niveaux d’homicides et rassemblant le centre et le sud de l’Allemagne, l’essentiel de la Suisse, la partie occidentale de l’Autriche et le centre ainsi que le nord de l’Italie se dessine. A contrario, des taux d’homicides plus élevés sont enregistrés dans plusieurs zones qui 76 Dans le cas des régions infranationales d’Angleterre et de France, il est donc clair que celles ayant les densités de population les plus fortes ont des taux d’homicides plus élevés que des régions où la population est plus clairsemée. De fait, au niveau local, la densité de population peut être considérée comme un facteur influençant l’homicide et la criminalité. On peut par exemple démontrer pour les Amériques la corrélation entre densité de population et taux d’homicides (figure 6.1). Les sous-régions nationales densément peuplées, ou les États dans le cas des États Unis, sont davantage susceptibles d’avoir des taux d’homicides plus hauts que les territoires où les populations sont plus éparses. À un certain niveau infranational de dissociation, les zones les plus densément peuplées (plus de 500 habitants au kilomètre carré) de la figure 6.1 comportent principalement les mégapoles, les grandes villes et les agglomérations urbaines qui toutes sont relativement petites en surface mais abritent généralement des proportions significatives de la population nationale totale. Alors que la densité de la LE TABLEAU LOCAL Fig. 6.1: Taux d’homicides par densité de population des régions infranationales, Amériques (2010 ou année la plus récente pour laquelle on dispose de données) Taux d’homicides pour 100 000 habitants 40 35 30 25 20 15 10 5 0 <10 (88 régions) 10-24,9 (72 régions) 25-49,9 (53 régions) 50-99,9 (73 régions) 100-199,9 (49 régions) 200-499,9 (37 régions) >500 (13 régions) Population par km² Source: Sources nationales officielles. 40 35 Densité de population élevée Densité de population moyenne Densité de population faible 30 25 20 15 10 Lettonie Bulgarie Italie Roumanie Danemark Belgique Grèce France République tchèque Estonie Espagne Pays-Bas Royaume-Uni Finlande Portugal Autriche Irlande Suisse Eslovenia Alemania Suecia Malte Luxembourg Hongrie 0 Pologne Slovaquie Chypre 5 Islande Norvège Lituanie Pourcentage de la population ayant fait l’expérience de la criminalité de la violence ou du vandalisme Fig. 6.2: Pourcentage de la population ayant fait l’expérience de la criminalité, de la violence ou du vandalisme par degré d’urbanisation, pays de l’Union européenne (2009) Source: Eurostat, Regional Yearbook 2011 (2011). population affiche une corrélation globale avec les taux d’homicides, d’autres facteurs peuvent aussi entraîner des taux d’homicides étonnamment élevés dans certaines zones moins densément peuplées. La carte 6.1 montre qu’un certain nombre de zones rurales, telles que la province de Petén, dans le nord-est du Guatemala par exemple, affichent des taux infranationaux parmi les plus élevés de la sous-région. Ceci peut se produire, par exemple, lorsque le territoire représente un intérêt stratégique pour les activités des groupes criminels organisés, en raison de sa proximité avec des fron- tières nationales ou des secteurs clefs du transit ou de la production de la drogue. De telles zones peuvent afficher des taux d’homicides équivalents ou même largement supérieurs à ceux des grandes agglomérations urbaines. La relation générale entre densité de population et taux d’homicides ne vaut pas que pour les Amériques. Ailleurs, vivre dans un environnement plus urbanisé accroît aussi le risque d’être victime d’homicide ou d’autres types de criminalité violente. Si l’on examine ce vécu de criminalité, de violence et de vandalisme, une tendance émerge 77 6 ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide Fig. 6.3: Taux d’homicides dans la ville la plus peuplée par rapport au reste du pays, par sous-région (2010 ou année la plus récente pour laquelle on dispose de données) Afrique orientale (5 pays) Afrique septentrionale (4 pays) Afrique australe (3 pays) Afrique occidentale (3 pays) Caraïbes (6 pays) Amérique centrale (8 pays) Amérique septentrionale (2 pays) Amérique du Sud (9 pays) Asie centrale (4 pays) Asie orientale (3 pays) Asie du Sud-Est (6 pays) Asie méridionale (5 pays) Asie occidentale (12 pays) Europe orientale (10 pays) Europe septentrionale (11 pays) Taux d’homicides dans la ville la plus peuplée Europe méridionale (11 pays) Taux d’homicides dans le reste du pays Europe occidentale (5 pays) Australie et Nouvelle-Zélande (2 pays) 0 10 20 30 40 50 60 Taux d’homicides pour 100 000 habitants Source: UNODC Homicide Statistics (2011). 78 60 50 40 30 20 10 National Rio de Janeiro 2009 2008 2007 2006 2005 2004 2003 2002 0 2001 De nombreux facteurs de risque peuvent expliquer les niveaux plus hauts de la criminalité dans les villes, comme la multiplicité des cibles possibles et les profits financiers plus élevés qui peuvent attirer les criminels, ainsi que les risques plus faibles d’être reconnu et arrêté, alors que les villes modernes sont souvent caractérisées par des inégalités flagrantes et une ségrégation sociale/spatiale à même de nourrir les comportements criminels. Outre tout cela, l’urbanisation rapide et les migrations représentent des difficultés susceptibles d’ajouter davantage encore de pression sur les relations déjà tendues entre les gens. Bien que l’urbanisation puisse aussi offrir quelques facteurs de protection, comme une présence policière accrue, des circuits de télévision fermés, la surveillance des lieux publics et un accès plus rapide aux soins médicaux, les activités criminelles en général et les homicides en particulier peuvent être vus comme la partie émergée de l’“iceberg” de relations de plus en plus rudes entre Fig. 6.4: Taux d’homicides au Brésil, municipalités de Rio de Janeiro et de Sao Paulo (2001-2009) Taux d’homicides pour 100 000 habitants immédiatement de l’ensemble des pays européens. La part de la population qui fait l’expérience de ces méfaits est plus forte dans les zones densément peuplées que dans celles qui le sont moins. Et les habitants des zones densément peuplées des pays de l’Union européenne courent dans l’ensemble plus du double de risques de faire l’expérience de la criminalité que les habitants des zones à densité de population intermédiaire, ce risque étant presque triplé par rapport à ceux vivant dans des habitats clairsemés (figure 6.2). Sao Paulo Source: UNODC Homicide Statistics (2011); Secretaria de Segurança Pública de São Paulo and Instituto de Segurança Públicade Rio de Janeiro. les individus et le milieu social dans lequel ils vivent. Le fait que le risque global de victimisation pour un certain nombre de types d’infractions pénales2, ainsi que pour l’homicide, soit accru dans les environnements urbains mène à penser que ces tensions peuvent être particulièrement vives dans les contextes urbains. 2 Voir: van Dijk, K. van Kesteren, J. et Smit, P. Criminal Victimisation in International Perspective. Key findings from the 2004-2005 ICVS; Enquête européenne sur la criminalité et la sécurité (2007). LE TABLEAU LOCAL Fig. 6.5: Taux d’homicides en Colombie, municipalités de Medellín, Barraquilla, Bogota DC, Calí et Bucuramanga (2002-2010) 100 Taux d’homicides pour 100 000 habitants 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 2002 2003 2004 2005 Bogota DC Medellín 2006 Bucuramanga National 2007 2008 2009 2010 Calí Source: Police nationale. Au niveau mondial, les taux d’homicides dans la ville la plus peuplée d’un pays sont généralement au moins comparables et parfois notoirement supérieurs à ceux du reste du pays considéré. Ceci est particulièrement évident en Afrique australe et occidentale, dans les Caraïbes et en Amérique centrale (figure 6.3). Les rares sous-régions où le taux de la ville la plus peuplée est inférieur à celui du reste du pays (comme l’Amérique du Sud et l’Europe orientale) peuvent éventuellement s’expliquer par le fait que les données ne couvrent que la ville la plus peuplée de chacun de ces pays, et laissent les homicides des autres grandes zones urbaines contribuer aux taux du “reste du pays”. En ce qui concerne le Brésil, par exemple, le taux d’homicides de Sao Paulo est comparé à celui du reste du pays, qui incorpore un nombre significatif d’homicides perpétrés dans des villes comme Rio de Janeiro, Salvador et Brasilia. De fait, l’expérience récente de Sao Paulo, la ville la plus peuplée du Brésil, démontre les importantes possibilités de prévention et de réduction de la criminalité violente dans un contexte urbain. Durant la première décennie de ce siècle, de nouvelles politiques ont été mises en œuvre au Brésil pour réduire en particulier les niveaux de criminalité et d’homicides. En 2003, une loi a été votée pour mettre en place des contrôles plus sévères sur les armes à feu, conjointement à des campagnes de désarmement. Au niveau national, de telles mesu- res ont probablement contribué au léger déclin des taux d’homicides après 2004, mais l’impact a été notablement plus fort à Sao Paulo, où la mise en vigueur de ces mesures a été particulièrement efficace en raison, aussi, d’efforts antérieurs pour freiner la criminalité violente en assurant de nouvelles formes de présence policière3. Les différences frappantes de tendances entre Sao Paulo et Rio de Janeiro montrent que de telles politiques de prévention de la criminalité peuvent induire une réelle différence au niveau local (figure 6.4). On trouve, en Colombie également, différents niveaux et tendances dans les villes en matière d’homicides. Des efforts significatifs dans les domaines de la prévention de la criminalité (y compris prohibition des armes), ainsi que des initiatives de résolution des conflits, ont notoirement contribué au déclin des tendances des homicides au niveau national mais aussi dans des villes comme Calí, qui connaissent encore de forts taux d’homicides par rapport à la moyenne nationale. A contrario, Medellín a subi une augmentation soudaine des meurtres après 2007, à la suite de la conclusion du processus de démobilisation des paramilitaires, ainsi que des luttes locales pour le pouvoir entre des groupes criminels (figure 6.5). 3 Marinho de Souza, M. et al., Reductions in firearm-related mortality and hospitalizations in Brazil after gun control, Health Affairs (2007); Goertzel, T. et Kahn T., The great Sao Paulo homicide drop, Homicide Studies (2009). 79 6 ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide Carte 6.3: Nombre d’homicides, de crimes sexuels et d’atteintes aux biens, par secteurs de police, Le Cap (2010) Homicidios 2009/2010 Homicides 2009/2010 0-2 0-2 3-7 3-7 8 - 17 8 - 17 18 - 41 18 - 41 42 - 290 42 - 290 Crimes sexuels 2009/2010 3 - 28 Crimes sexuels 2009/2010 29 - 55 3 - 28 56 - 88 29 - 55 89 - 126 127 - 631 56 - 88 Atteintes aux biens 2009/2010 Delitos contra la propiedad 174 - 703 2009/2010 174 - 703 704 - 1 271 704 - 1.271 1 272 - 1 935 1.272 - 1.935 89 - 126 1 936 - 2 754 1.936 - 2.754 127 - 631 2.755 - 5.943 2 755 - 5 943 Source: Services de la police sud-africaine, statistiques criminelles 2003-2010, compilées par le Strategic Development Information and GIS Department, Ville du Cap (2010). 16 320 14 280 12 240 10 200 8 160 6 120 4 80 2 40 0 0 Bronx Brooklyn Manhattan Queens Staten Island Taux d’homicides 2001 Taux d’homicides 2010 Revenu médian quotidien des ménages Population pour 1 000 habitants vivant au-dessous du seuil de pauvreté Revenu moyen quotidien par ménage et nombre de personnes au-dessous du seuil de pauvreté, pour 1 000 habitants Taux d’homicides pour 100 000 habitants Fig. 6.6: Taux d’homicides, revenu des ménages et niveau de pauvreté par quartier (borough), New York (2001 et 2010) Source: Services de police de la ville de New York et Bureau du recensement des États-Unis d’Amérique. Le revenu quotidien est basé sur le revenu annuel médian des ménages pour 2009. La part de population (pour 1 000) ayant un revenu inférieur au niveau de pauvreté renvoie aux chiffres de 2009. 80 Caractéristiques de l’homicide dans deux villes Le Cap L’homicide est l’une des causes majeures de l’ensemble des décès d’origine non naturelle en Afrique du Sud4, et tandis que les taux d’homicides ont décru ces dernières années, ses taux restent relativement élevés (34 pour 100 000 en 2009, en retrait par rapport aux 49 pour 100 000 de 2000). À 41 pour 100 000, la deuxième plus grande ville de l’Afrique du Sud, Le Cap, a un taux d’homicides plus élevé que la moyenne nationale (bien qu’en diminution de quelque 50 % au cours de la dernière décennie). En 2010, les services de police de l’Afrique du Sud ont enregistré 1 521 homicides dans une ville de 3,7 millions d’habitants5. Comme l’indique la carte 6.3, les homicides ne sont pas uniformément répartis entre tous les sec4 Voir Berg, J. and Schaerf, W., Crime Statistics in South Africa 1994-2003, South African Journal of Criminal Justice (2004); Demombynes, G. et Özler, B., Crime and Local Inequality in South Africa (2002). 5 Services de police d’Afrique du Sud (SAPS), Crime Statistics 2003- 2010, compilé par le Strategic Development Information and GIS Department, Ville du Cap (2010). LE TABLEAU LOCAL Carte 6.4: Nombre d’homicides par secteur de police, New York (2010) Carte 6.5: Nombre d’homicides et signes de troubles à l’ordre public par îlot, Bronx du Sud (2005) Nombres d’homicides (2005-2006) 2010 0-4 5-9 10 - 19 20 - 35 ! 1 ! 2 ! 3 Nombres de troubles à l’ordre public (2005) 0 1 2-4 !( 5-6 Park !( !( !( !( !( !( 2010 0-4 !( !( !( 5-9 20 - 35 Source: Services de police de la ville de New York. teurs de police de la ville du Cap6: une analyse des données les plus récentes sur les homicides montrent qu’ils tendent à se concentrer dans les quartiers les plus pauvres tels que Khayelitsha, Nyanga et Guguletu, où 44 % des homicides de la ville du Cap ont été commis en 2009/2010. Selon des données tirées du plus récent recensement de la population (2001), les taux de chômage dans ces zones sont 80 % plus élevés que les taux moyens de la ville, tandis qu’un fort pourcentage des actifs entre dans les catégories de bas revenus et que le nombre des foyers vivant dans des logements de fortune7 est plus du double de la moyenne de la ville (respectivement 57,44 et 32 %, alors que la moyenne de la ville est de 14 %). Au Cap, les homicides semblent être fermement ancrés dans des situations de ségrégation sociale et de pauvreté qui peuvent aisément déclencher des vagues de violence. Ceci se confirme lorsque l’on compare la répartition territoriale des homicides avec celle d’autres types d’infractions pénales: les homicides affichent un modèle très similaire à la répartition d’autres infractions violentes, à savoir les crimes sexuels (notamment viols et attentat à la pudeur). 6 Les commissariats de quartiers évoqués ici correspondent à leurs limites de 2000. 7 Ville du Cap – Strategic Development Information and GIS Department, Crime in Cape Town: 2003–2010. An analysis of reported Violent, Property-related, Commercial Crime and Drug–related Crime in Cape Town (2011). !( !( !( 10 - 19 !( !( !( !( Source: Rengifo, A.F., Slocum, L.A. et Herrmann, Ch., Signs of order and disorder in the South Bronx, Manuscrit non publié (2011). Données sur les homicides tirées du Crime Data Warehouse des services de police de New York (2003-2006). Un modèle clairement différent caractérise la répartition géographique des atteintes aux biens, notamment vol, cambriolage, vol de véhicule à moteur, etc. et ces infractions tendent à être plus uniformément commises dans les divers secteurs de la ville. Cependant, les quartiers les plus déshérités mentionnés ci-dessus n’ont enregistré que 4 % de l’ensemble des infractions contre les biens commises dans toute la ville (alors que la part est de 44 % de l’ensemble des homicides perpétrés dans la ville), tandis que trois zones résidentielles (secteurs de police de Cape Town Central, Wynberg et Dieprivier) caractérisées par des conditions économiques et sociales confortables enregistraient quelque 15 % du total des infractions contre les biens (alors que la proportion des homicides n’atteignait pas 1 % du total de la ville). Il semble donc que la pauvreté et l’inégalité des revenus auraient tendance à induire différents modèles de criminalité dans des milieux urbains différents. Les secteurs à hauts revenus peuvent avoir tendance à attirer les infractions contre les 81 6 ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide biens, mais simultanément ils peuvent rehausser les mesures de sécurité et de protection, ce qui revient à durcir les cibles. Les secteurs à bas revenus demeurent souvent vulnérables aux infractions contre les biens, notamment aux cambriolages, mais les résidents peuvent avoir moins de raisons (comme une couverture d’assurance) de signaler l’infraction à la police. Différents niveaux de confiance dans les services de répression peuvent également être un facteur qui influe sur la comparaison des statistiques policières, entre différents secteurs sociodémographiques d’une ville, par exemple. Alors que les infractions contre les biens peuvent obéir à des modèles complexes, les enquêtes policières aussi bien que celles sur la victimisation démontrent que, dans une série de situations, la criminalité violente peut être plus élevée dans les zones à faibles revenus en raison de facteurs très divers, y compris touchant à l’environnement, à la santé et aux pressions sociales. New York À New York, les taux d’homicides ont décru de 20 % ces 10 dernières années, passant de 8,1 à 6,4 pour 100 000. La décroissance n’a pas été uniforme dans les cinq quartiers (boroughs) de la ville et, tandis que les taux d’homicides ont chuté de plus d’un tiers à Manhattan et dans le Bronx, ils ont diminué de moins de 20 % à Brooklyn. Dans Queens et Staten Island cependant, ils ont monté de 10 et de 18 % respectivement. Comme on l’a vu dans d’autres parties de la présente étude, et ainsi que l’illustre la figure 6.6, les niveaux d’homicides peuvent être liés aux conditions socioéconomiques: les quartiers ayant les niveaux de revenus les plus élevés et de faibles niveaux de pauvreté vont de pair avec les bas niveaux d’homicides. La carte 6.4 indique que les meurtres tendent à se regrouper, les nombres les plus élevés étant enregistrés dans des districts précis de Brooklyn et du Bronx. Ces quartiers sont parmi les plus déshérités de la ville: en moyenne, leurs habitants gagnent 50 % de moins que ceux de Manhattan et ces quartiers affichent une proportion considérablement plus forte d’habitants ayant des revenus inférieurs au seuil de pauvreté8. Les manifestations physiques et sociales de désordre caractérisant éventuellement certains secteurs de la ville sont une dimension complémentaire, mais liée. Des études sur la relation écologique entre le comportement humain et l’environnement mènent à penser qu’un lien existe entre l’homicide et les situations de désordre: les signes de dégradation ou les situations de désordre peuvent – directe8 Source: Bureau du recensement des États-Unis d’Amérique. 82 ment ou indirectement – provoquer des conduites violentes. Dans une étude menée dans le sud du Bronx, à New York, les nombres d’homicides ont été mis en relation avec ceux des troubles à l’ordre public (prostitution, commerce et consommation de drogues, consommation publique d’alcool, mendicité et personnes sans-abri)9. La carte 6.5 indique que les homicides tendent à s’accumuler dans les lieux exacts où les signes de désordre sociaux sont plus fréquents. Les observations qui s’y rapportent ont conduit à de récents développements dans les approches en matière de prévention de la criminalité, qui se concentrent sur les traits environnementaux et spatiaux, par exemple la théorie bien connue de la “fenêtre brisée”, qui défend l’idée qu’il faut entretenir les environnements urbains dans un état bien ordonné pour prévenir l’escalade vers des délits plus graves10. Alors que distinguer entre la corrélation et la causalité de telles circonstances est extrêmement complexe, la compréhension des locus sociaux et environnementaux où les crimes peuvent avoir tendance à s’accumuler est l’une des premières étapes fondamentales de la conception de politiques efficaces de prévention de la criminalité. La dimension territoriale est fondamentale pour parvenir à une meilleure compréhension de l’homicide et de la criminalité violente. Au niveau local, des facteurs tels que la forte densité de population et les troubles à l’ordre public peuvent produire un mélange explosif qui débouche sur des taux de criminalité violente élev. Inversement, les efforts visant à mettre en place une cohésion sociale parallèlement à des mesures de présence policière efficaces, des services sociaux et des “espaces urbains sûrs” peuvent avoir un effet d’atténuation et de frein aux escalades de violence. Tandis que l’urbanisation continue généralement de représenter un facteur de risque de criminalité violente, des différences significatives dans les niveaux et les modèles de la criminalité peuvent aussi apparaître dans des secteurs par ailleurs similaires. Des facteurs tels qu’un conflit visant à un contrôle territorial par des groupes criminels organisés peuvent être des facteurs extérieurs qui brisent ce type de tendances générales. Les tendances de cette nature ne peuvent être identifiées et analysées qu’au moyen de données et d’informations détaillées au niveau territorial, qui peuvent aussi mieux éclairer la compréhension des causes sous-jacentes des homicides et permettre de concevoir et appliquer des mesures préventives efficaces. 9 Rengifo, A.F., Slocum, L.A., et Herrmann, Ch., Signs of order and disorder in the South Bronx, manuscrit non publié (2011). 10 Wilson, J.Q. et Kelling, G.L, Broken Windows: The police and neighbourhood safety, Atlantic Magazine (1982). 7. DIFFICULTÉS POSÉES PAR LES DONNÉES Données incluses dans l’étude La présente Étude mondiale sur l’homicide a largement recours aux statistiques de l’ONUDC sur l’homicide (UNODC Homicide Statistics)1, compilées pour offrir aux utilisateurs une référence touchant au plus grand nombre de pays et des séries chronologiques les plus longues possibles. Cet ensemble de statistiques recouvre 207 pays et territoires. Ainsi qu’il est expliqué plus bas, toutes sortes de sources nationales et internationales sur l’homicide ont été prises en considération et, afin de présenter des statistiques exactes et comparables, les données sélectionnées sont, autant que possible, conformes à la définition de l’homicide volontaire que l’ONUDC utilise aux fins de ses statistiques, c’est-à-dire “le fait pour une personne de donner intentionnellement et illégalement la mort à autrui”. Toutes les sources de données existantes sur l’homicide volontaire, qu’elles soient nationales ou internationales, proviennent soit des systèmes de justice pénale, soit des systèmes de santé publique. Dans le premier cas, les données sont générées par les services de répression ou bien par les services de justice pénale lorsqu’ils enregistrent une infraction et enquêtent sur elle tandis que, dans le deuxième cas, les données sont produites par les autorités sanitaires chargées de certifier la cause du décès d’un individu. Ces données, qu’elles proviennent de la justice pénale ou de la santé publique, ont chacune leurs forces et leurs faiblesses. De façon générale, priorité a été accordée dans la présente étude aux données 1 Le document UNODC Homicide Statistics (2011) est disponible à l’adresse: http://www.unodc.org/unodc/en/dataand-analysis/homicide.html. de la justice pénale pour évaluer les niveaux d’homicides, car celles-ci suivent de plus près la définition de l’homicide volontaire figurant dans les législations nationales. Les données de la santé publique ont également été très utilisées: elles sont, dans une large mesure, comparables au plan international et, du fait qu’elles ont une portée plus universelle, elles peuvent combler quelques-unes des lacunes présentes dans les chiffres de la justice pénale. Les données produites par les deux types de sources concordent dans de nombreux cas, cependant, des écarts plus larges sont constatés dans un certain nombre de pays en développement (voir figures 1.5 à 1.10). Ces différences étant reconnues, tous les efforts ont été faits pour assurer la plus grande cohérence possible dans l’usage des données provenant des deux types de sources2. Compilation des données pour l’ensemble de statistiques de l’ONUDC sur l’homicide Les mécanismes suivants ont été mis en œuvre pour réunir les données incluses dans l’ensemble de statistiques de l’ONUDC sur l’homicide: Données de la justice pénale Les données régulièrement recueillies par l’ONUDC dans le cadre de l’Enquête des Nations Unies sur les tendances de la criminalité et le fonctionnement des systèmes de justice pénale (UN-CTS) comprennent des statistiques sur un certain nombre d’infractions classiques, statis2 Par exemple, alors qu’il peut être judicieux de comparer les tendances dans le temps venant de deux sources différentes (justice pénale et santé publique) en faisant l’hypothèse que toutes deux donnent une image fidèle des changements de niveaux d’homicides, il est généralement peu souhaitable de constituer une série chronologique pour un pays donné en jouxtant des données de différentes années venant des sources distinctes que sont la justice pénale et la santé publique. 83 ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide Caractéristiques des données de la justice pénale et de la santé publique sur les homicides Données issues de la justice pénale Dans un premier temps, tout système de statistiques portant sur la criminalité et la justice pénale s’intéresse aux données enregistrées par la police. Les données policières sur l’homicide volontaire se fondent généralement sur des informations collectées lorsque la police acquiert des renseignements sur une infraction, notamment: le type d’infraction; ses modalités; les caractéristiques de la victime et du/des auteur(s). En fonction des législations et des pratiques nationales, les données sur les homicides peuvent être directement produites par les forces de police, ou par les parquets. De plus, les tribunaux génèrent des données sur les personnes reconnues coupables d’homicide1. Les expressions “données de la justice pénale” et “données policières” souvent utilisées l’une pour l’autre, pour renvoyer aux données générées dans le cadre du système de la justice pénale. Les données policières sur les homicides ont les qualités suivantes: • Détaillées – Le meurtre est une infraction très grave, qui a de grands retentissements sur les individus, la collectivité et la société, de sorte que chacun s’accorde à considérer comme primordial de collecter autant d’informations exactes que possible sur l’événement et toutes les personnes impliquées. • Complètes – Comparées à celles relatives à d’autres crimes, les données sur les homicides sont beaucoup moins négligées et par conséquent la part d’ombre des “chiffres non déclarés” y est relativement moindre que pour d’autres types d’infractions. • Valides – Les données sur les homicides sont souvent produites sur la base du code pénal national (ou du moins sur les classifications de la police nationale qui prend ces codes comme point de départ), ce qui apporte des définitions pertinentes et précises, facilitant la production de données qui mesurent les homicides volontaires tels que définis au niveau du pays considéré. Par contre, les facteurs suivants peuvent parfois amoindrir l’exactitude et la comparabilité des statistiques sur les homicides tirées des registres policiers: • L’exactitude des données policières sur les homicides dépend de la capacité des systèmes d’information de la justice pénale à tenir un registre suffisamment complet des homicides. • Bien que l’accord soit large d’une législation pénale nationale à l’autre quant à la définition élémentaire du meurtre, il n’existe pas de comparabilité parfaite dans le temps ni entre les pays: par exemple, l’intention de provoquer la mort peut être définie de façon très diverse (dans certains cas il doit y avoir intention de causer la mort, dans d’autres l’intention de provoquer une atteinte physique grave est suffisante). De plus, certains types d’homicides (par exemple les crimes d’“honneur” ou les crimes pour dot dans certains pays) peuvent ne pas être comptabilisés comme des homicides volontaires dans tous les pays. • Une autre question est celle de ce qu’il est convenu d’appeler les “règles de comptage”: certains pays renvoient à 1 84 Les données des tribunaux renvoient généralement aux personnes traduites en justice, aux acquittements et aux reconnaissances de culpabilité: ces données permettent d’analyser les performances d’un système de justice pénale mais sont moins valables pour évaluer le niveau de la criminalité à un instant précis. l’“affaire” criminelle et non aux victimes touchées; ce qui signifie par exemple que, si dans un incident deux personnes sont tuées, un système de rapports de police basé sur les incidents risque de signaler cet événement comme “un crime”. A contrario, un système policier d’établissement des rapports basé sur la victime indiquera “deux victimes”. Il n’existe pas de norme consolidée sur les règles de comptage dans le cas de victimes multiples, et de telles différences entre les pays s’agissant des règles de comptage peuvent rendre particulièrement délicates les comparaisons des données policières sur les homicides, d’un pays à l’autre2. Données issues de la santé publique Le recueil et l’analyse de données sur l’homicide bénéficient du fait qu’une mort violente met généralement en alerte non seulement la police mais aussi le système médical ou celui de la santé publique. Dans un système idéal d’enregistrement des causes de décès, tous les décès survenus dans un pays sont enregistrés et leur cause recherchée et certifiée. Les définitions et classifications nationales utilisées à cette fin concordent généralement avec la Classification internationale des maladies (CIM) de l’OMS, qui est le système de classification normalisé international de diagnostic à usage épidémiologique et clinique. La version actuelle, CIM-10, est entrée en usage en 1994. S’agissant des causes de mortalité, la CIM-10 offre un cadre détaillé de classification des causes de la mort couvrant les maladies infectieuses, les maladies non infectieuses et les facteurs extérieurs, y compris la violence. Il faut remarquer que la structure du code relatif aux morts par agression (violence) exclut la mort des suites des atteintes physiques dues à une intervention légale (comme l’exécution d’une peine capitale ou la mort infligée légitimement par un agent de police) et les opérations de guerre et d’insurrection civile, ce qui concorde bien avec la définition de l’“homicide volontaire”. Les procédures visant à établir la cause du décès d’une personne peuvent être très complexes et largement différer d’un pays à l’autre. Des personnels de santé hautement qualifiés peuvent être nécessaires pour réaliser des examens, y compris des autopsies, pour établir une cause de décès scientifiquement déterminée. Il faut qu’un médecin atteste qu’un décès a été causé intentionnellement par autrui pour que ce décès soit estampillé par un code X85 à Y09 de la CIM (homicide et lésions traumatiques infligées par un tiers dans l’intention de blesser ou de tuer). Il peut être difficile de juger aussi formellement en l’absence d’informations contextuelles, par exemple en cas de décès dû à des produits chimiques ou à la noyade. La qualité des données de la santé publique sur les homicides est influencée par des facteurs similaires à ceux pesant sur les données policières, notamment le manque de personnels de santé compétents (en particulier dans les pays en développement), les problèmes de sous-estimation lorsque tous les morts ne sont pas correctement examinés et certifiés, et la possibilité que les estimations des causes de décès soient modifiées par le coroner après que les statistiques ont été produites. De plus, les définitions en usage dans les systèmes de justice pénale peuvent être différentes de celles de la santé publique: par exemple, la mort donnée en situation de légitime défense peut être considérée comme un homicide volontaire par le système de santé publique, mais non comptabilisé comme telle dans les données policières. 2 Aux fins de la présente étude, et pour les statistiques de l’ONUDC sur l’homicide (UNODC Homicide Statistics (2011)), les données utilisées sont, toutes les fois possibles, fondées sur les victimes, afin de parvenir à un compte exact des victimes d’homicides. DIFFICULTÉS POSÉES PAR LES DONNÉES tiques qui sont recueillies auprès de tous les pays, plus particulièrement de leurs autorités policières, de leurs services de poursuite, de leurs tribunaux et de leurs autorités carcérales. Dans la présente étude, les données policières sur les homicides volontaires et provenant de l’UN-CTS sont utilisées, y compris, lorsqu’elles existent, des données complémentaires sur les homicides par armes à feu, des données sur les homicides par sexe des victimes et des auteurs, et sur les homicides dans la ville la plus peuplée de chaque pays. Les données recueillies auprès de sources publiques et produites par des autorités nationales (police, bureau national de statistiques, ministère de l’intérieur, de la justice, etc.) ont été utilisées pour compléter des séries de données relatives aux pays pour lesquels on ne disposait pas de données UN-CTS, et s’agissant des variables non incluses dans l’UN-CTS, telles que les données infranationales et les données sur les homicides classés par types (crime organisé, liés au conjoint ou aux proches, etc.). tions par modélisation statistiques ont été réalisées pour environ 40 % des pays, principalement situés en Afrique et en Asie. Les données de l’OMS ont servi à la présente étude pour plusieurs pays en ce qui concerne les totaux d’homicides et les homicides par sexe. En outre, certaines données sur les homicides par âge et par sexe utilisées dans la présente étude sont tirées du projet de recherche Global Burden of Injuries5 qui, à partir de chiffres sur les homicides fournis par l’OMS, offre des ventilations exhaustives des homicides par âge et par sexe au niveau des pays, grâce à des techniques statistiques. Processus de validation des données Afin de déterminer s’il convenait d’inclure telle ou telle série de données dans les statistiques de l’ONUDC sur l’homicide, les règles et critères suivants ont présidé au processus de construction de l’ensemble de données: • Les définitions utilisées pour produire des données sont conformes à la définition de l’homicide utilisée dans les statistiques de l’ONUDC sur l’homicide. En particulier des documentations complémentaires ont été utilisées pour exclure du compte des homicides volontaires les catégories de morts violentes telles que les homicides involontaires ou les décès à l’occasion de conflits. • Les données sont cohérentes dans le temps. Les séries chronologiques ont été analysées pour identifier d’éventuels résultats aberrants et évaluer la robustesse de la série de données. • Une analyse des rapports officiels et de la littérature de la recherche a été effectuée pour vérifier des données sur les homicides utilisées par les services gouvernementaux et la communauté scientifique. Des données recueillies et compilées par d’autres organismes internationaux et régionaux ont aussi été examinées et utilisées, selon que de besoin, notamment celles d’Interpol, d’Eurostat, de l’Organisation des États américains et de l’UNICEF. Données issues de la santé publique Des données sur l’homicide ont été tirées des bases de données sur les causes de décès publiées par l’OMS3, tant au niveau central que par quelquesuns de ses bureaux locaux4. Alors que les données publiées par l’Organisation panaméricaine de la santé (PAHO) et OMS-Europe sont presque exclusivement basées sur des données qui sont transmises à ces deux organismes par les pays, l’ensemble de données mondial sur les causes de décès produit par l’OMS, quoique basé sur des données nationales, est dans une large mesure corrigé ou estimé afin d’assurer un meilleur degré d’exhaustivité et une comparabilité internationale. Il est intéressant de noter que pour un certain nombre de pays, lorsque les causes de décès sont insuffisamment complètes ou inexistantes, l’OMS procède à ses estimations de décès par cause sur la base de modèles statistiques. Dans l’ensemble de données Causes of Death de l’OMS, des estima- Les données incluses dans l’ensemble de données correspondent aux valeurs originales fournies donnée par la source initiale, car aucune procédure statistique ni aucune modélisation n’a été mise en œuvre pour modifier les valeurs ou pour créer des chiffres nouveaux, ou révisés. Examen des données par les États Membres 3OMS, Causes of death 2008 dataset (2011). Afin de garantir la qualité des données utilisées dans les statistiques de l’ONUDC sur l’homicide, 4 Organisation panaméricaine de la santé (PAHO), Health Information and Analysis Project. Regional Core Health Data Initiative (2010); WHO – Europe, Base de données européenne de la HFA. 5 Global Burden of Injuries, Injury Mortality Data Collection, (2010). 85 7 ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide Tableau 7.1: Nombre de pays/territoires par type de source utilisé pour le compte 2010 des homicides et les séries chronologiques d’homicides Justice pénale Santé publique Nombre total de pays Compte d’homicides 2010 (ou année la plus récente) 143 64 207 Séries chronologiques sur les homicides 82 16 98 Victimes d’homicides, par sexe (2010 ou année la plus récente) 57 136 193 Source: UNODC Homicide Statistics. un processus de consultation technique avec les États Membres a été lancé avant la finalisation de l’ensemble de données. Toutes les données de pays sur le nombre total d’homicides, les taux d’homicides, les homicides répartis par sexe, les homicides par arme à feu et les homicides dans les grandes villes ont été envoyées aux États membres pour qu’ils procèdent à un contrôle de la qualité. Des commentaires ont été reçus d’un certain nombre de pays et ont été pris en compte avant la finalisation de l’ensemble de données Homicide Statistics. Sélection des séries de données de référence pour les analyses soumises dans la présente étude Grâce à la collecte de données et au processus de validation, des sources différentes ou multiples ont publié plusieurs ensembles de données sur les homicides dans de nombreux pays. Il était donc devenu nécessaire de sélectionner les plus appropriés des comptes de référence sur les niveaux d’homicides pour 20106 et des données de tendances à utiliser dans les analyses proposées dans la présente étude. Plusieurs critères ont été utilisés pour sélectionner – dans chaque pays – les données utilisées aux fins de déterminer les chiffres de référence a) des comptes d’homicides (nombre total des homicides), b) des meilleures séries chronologiques pour l’analyse des tendances et c) de la ventilation par sexe des victimes d’homicides. Pour les comptes d’homicides, le degré d’adhésion à la définition classique de l’homicide et la comparabilité internationale qui en résultait ont été considérés comme d’importance majeure et la préférence a donc été accordée aux données produites par les systèmes de justice pénale. Lorsque les données de la justice pénale n’étaient pas disponibles ou bien lorsque la couverture était de mauvaise qualité (ce qui peut être déterminé, par exemple, par comparaison avec d’autres sources de données sur 6 Lorsque les données de 2010 n’étaient pas disponibles pour un pays donné, les données connues de l’année la plus récente ont été utilisées. 86 les homicides), la préférence a été accordée aux données de la santé publique. Tel a été le cas, en particulier, pour de nombreux pays d’Afrique occidentale, orientale et centrale, où les données de la justice pénale sont moins disponibles et n’assurent pas une couverture satisfaisante7. En ce qui concerne l’analyse des tendances, la sélection des séries de données a été faite sur la base de la longueur (nombre d’années couvertes), de la cohérence dans le temps (pas de changements soudains et inexplicables) et de l’inclusion de données récentes. Pour la ventilation par sexe des victimes d’homicide, la cohérence a été assurée, dans la mesure du possible, avec les sources de données sélectionnées pour les comptes d’homicides. Défis à relever pour améliorer les données sur les homicides Ainsi qu’il vient d’être exposé, les données sur les homicides sont produites au niveau national soit par le système de justice pénale, soit par celui de la santé. S’agissant des définitions des capacités statistiques et des besoins de formation, le système de santé publique est confronté pour l’essentiel aux mêmes problèmes que le système de justice pénale lorsqu’il enregistre des décès violents tels que les homicides. De plus, le système de justice pénale fait face à des défis spécifiques pour la collecte des données. Alors que la plupart des États du monde sont dotés de quelque système permettant de tenir le registre des infractions pénales et des ripostes étatiques à la criminalité, en particulier pour les infractions graves comme l’homicide, il est fréquent que ces systèmes ne satisfassent pas aux normes internationales en matière de criminalité et de statistiques de la justice pénale8. Dans beaucoup de pays, les 7 Voir Marshall, I.H. et Block, C.R., Maximizing the Availability of Cross-National Data on Homicide, Homicide Studies (2004); Bhalla, K. et al., The global injury mortality data collection of the Global Burden of Disease Injury Expert Group: a publicly accessible research tool (2011). 8 Nations Unies, Département des affaires économiques et sociales et Division de statistique, Manuel pour l’élaboration d’un système de statistiques de la justice pénale (2003). DIFFICULTÉS POSÉES PAR LES DONNÉES données détaillées ne sont tout simplement pas disponibles ou sont incomplètes. Tel est le cas, en particulier, dans de nombreux pays en développement, où les capacités des services de répression et des services de la justice pénale à recueillir des données sont limitées par un manque de ressources, de coordination et de personnel formé à l’enregistrement et à la production des données statistiques. Plus généralement, il est nécessaire d’approfondir la production des données sur la criminalité, qui permettent aux pays de mieux évaluer la situation et les performances de leur propre système de justice pénale dans un contexte plus large. Pour parvenir à des données plus exactes et comparables au plan international en matière de criminalité et de justice pénale, et plus particulièrement de statistiques sur les homicides, il conviendra d’aborder les questions suivantes: • Pour que des comparaisons significatives puissent être effectuées entre les actes de violence meurtrière dans divers pays, il est crucial d’adopter des définitions normalisées de concepts statistiques sur ce qu’est véritablement l’“homicide volontaire” afin de pouvoir élaborer des rapports de niveau international, et de positionner les événements individuels dans le cadre d’une classification commune (voir section suivante). • Pour concevoir ou modifier la collecte de données en matière de criminalité, il faut élaborer un cadre cohérent qui tienne compte des diverses unités de comptage existantes, telles que l’événement criminel, l’infraction, la victime, l’auteur, etc. Différentes règles de comptage peuvent être adoptées en fonction de l’usage spécifique des données statistiques dérivées selon que l’on veut, par exemple, déterminer le nombre des événements criminels perpétrés, le nombre d’infractions commises et leurs types, ou le nombre et le type des victimes touchées. L’adoption d’unités de compte claires et appropriées, en fonction des informations requises, a donc une importance cruciale pour produire des données exactes mais aussi pour accroître leur comparabilité internationale. Par exemple, dans le cas des statistiques sur les homicides, un comptage basé sur les victimes peut permettre d’évaluer plus clairement l’impact global de ces crimes et de mettre en place une meilleure comparabilité avec les statistiques de la santé publique. Fig. 7.1: Pourcentage des pays ayant transmis des données dans le cadre de l’UN-CTS en 2010, par région Afrique Amériques Asie Europe Océanie 0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% Source: UN-CTS. • Une autre question mérite attention: la définition du point précis auquel un événement criminel venu à l’attention de la police devrait être enregistré. Par exemple, s’agissant de l’homicide, un événement peut être enregistré en tant qu’agression grave le jour où celle-ci est signalée, mais la victime peut mourir après que la statistique a été compilée, ce qui a pour résultat que l’homicide effectif n’est pas enregistré dans les statistiques policières. Les données sur les circonstances de l’homicide et les suspects identifiés peuvent aussi changer au cours de l’enquête. • Enfin, il conviendrait d’encourager et de normaliser l’enregistrement d’un certain nombre de caractéristiques pertinentes des homicides afin de faciliter les comparaisons internationales. Par exemple, l’enregistrement des homicides par contextes situationnels (liés au crime organisé / aux bandes de délinquants; à un vol; au partenaire ou aux proches, etc.), et par moyens (arme à feu, objet tranchant, objet contondant, etc.) peut apporter des lumières importantes aux analyses, tant nationales qu’internationales. De même, l’enregistrement de caractéristiques complémentaires, sur l’auteur et sur la victime, apportera des données essentielles à la prévention et à la répression de la criminalité. Les efforts visant à améliorer les données au niveau national devraient correspondre à une meilleure disponibilité des données sur l’homicide au niveau international. Cependant, ceci n’est pas automatique et d’autres travaux seront nécessaires à tous les niveaux ainsi que de la part des autorités nationales et des organisations régionales et internatio- 87 7 ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide Fig. 7.2: Classification des actes violents menant à la mort Actes violents menant à la mort Guerre/conflits Intervenon judiciaire Homicide/ violence entre personnes Auto-infligé Accidents Homicide volontaire Aide au suicide/ euthanasie Homicide non intenonnel Légime défense Actes terroristes/troubles civils Homicide involontaire coupable Homicide involontaire par négligence Source: ONUDC, extrapolation à partir du groupe spécial de l’ONUDC/UNECE sur la classification des crimes, Report to the Conference of European Statisticians (2011).10 nales pour améliorer les voies existantes de transmission des données. Par exemple, la collecte régulière de données sur la criminalité à laquelle procède l’ONUDC dans le cadre de l’Enquête des Nations Unies sur les tendances de la criminalité et le fonctionnement des systèmes de justice pénale (UN-CTS) continue de pâtir de lacunes importantes: le pourcentage des pays transmettant des données varie généralement entre 40 et 50 %, selon les moments, les taux de réponse les plus faibles correspondant à l’Afrique et à l’Océanie. Les lacunes de données les plus importantes indiquent clairement où des efforts sont nécessaires de la part de toutes les parties concernées pour en améliorer les capacités de collecte et de transmission. Vers une définition normalisée Les données produites au niveau national correspondent la plupart du temps à la définition de l’homicide volontaire que donne le code pénal du pays concerné. D’un point de vue international, une première mesure d’amélioration de la comparabilité des données sur l’homicide volontaire consisterait à élaborer une définition plus normalisée9. Il a été vu plus haut que le fait de tuer n’est pas toujours considéré comme un homicide volontaire: selon la définition utilisée dans la présente 9 À cet égard, il faut rappeler que la comparabilité internationale des données bénéficie avant tout aux pays eux-mêmes, puisque les repères ainsi créés leur permettent d’évaluer leur propre situation. 88 étude, l’homicide volontaire est “le fait pour une personne de donner intentionnellement et illégalement la mort à autrui”. Cette définition contient trois éléments propres: • Le meurtre d’une personne par une autre personne (élément objectif ); • L’intention de l’auteur de tuer la victime (élément subjectif ); • Le meurtre intentionnel doit être illégal, ce qui signifie que la loi considère que l’auteur est responsable de l’homicide volontaire (élément juridique). Il est possible de mieux saisir les spécificités de l’homicide volontaire lorsqu’on le replace dans le contexte large de l’ensemble des actes violents menant à la mort (figure 7.2). Le schéma montre que les actes de violence interpersonnelle/homicides sont distingués en tout premier lieu des morts résultant de guerres ou de conflits, de l’intervention judiciaire, des accidents, ou de la mort auto-infligée (suicide). À un niveau ultérieur, hormis les zones plutôt floues du suicide assisté/euthanasie, d’autres façons de donner la mort ne sont pas considérées comme des homicides volontaires: • L’“homicide involontaire” (avoir tué sans intention de donner la mort), qui peut être divisé 10 Groupe spécial de l’ONUDC/UNECE sur la classification des crimes, Report to the Conference of European Statisticians (2011). DIFFICULTÉS POSÉES PAR LES DONNÉES Fig. 7.3: Ventilation des statistiques sur les homicides Moyen Utilisation d’une arme • • • • • Arme à feu Arme blanche Objet contondant Strangulation Etc. Caractéristiques de la victime et de l’auteur Relation auteur/ victime Caractéristiques géographiques/ du lieu Contexte situationnel • Victime de sexe • L’auteur est le/la • • • • • • • Lié au crime masculin/féminin • Auteur de sexe masculin/féminin • Auteur mineur • Victime sous l’influence de drogues/ alcool • Auteur sous l’influence de drogues/ alcooll • Etc. partenaire (e) de la victime • L’auteur est un proche de la victime • L’auteur est connu Urbain/ rural Résidence privée Propriété commerciale Rue Autre lieu public Etc. de la victime • L’auteur est incon- organisé • Lié aux bandes de délinquants • Lié au vol • Lié au partenaire/ aux proches • Etc. nu de la victime • Etc. Source: ONUDC, extrapolation à partir du groupe spécial de l’ONUDC/UNECE sur la classification des crimes, Report to the Conference of European Statisticians (2011). en deux catégories: la mort résultant de l’imprudence ou de la négligence (par exemple conduite dangereuse d’un véhicule automobile, ou négligence professionnelle), et le meurtre intentionnel de facto, mais non considéré comme tel en raison de certaines circonstances atténuantes spécifiques comme la provocation (homicide involontaire coupable). • Une catégorie complémentaire prévoit le fait de tuer en état de légitime défense, qui est considéré comme justifiable et n’est donc pas un homicide volontaire. Les décès dus au terrorisme ou survenant lors de troubles civils sont une autre catégorie difficile. D’un point de vue conceptuel, la dénomination juridique “homicide volontaire” est certainement suffisamment large pour englober de tels actes, et si les auteurs sont susceptibles de devoir répondre de chefs d’accusation complémentaires, tels que des actes de terrorisme, actes contre l’État ou même crimes contre l’humanité, l’acte dans son essence reste le meurtre intentionnel infligé à autrui. Cependant, de tels décès, dans certains contextes, peuvent être rangés ailleurs, à la frontière entre le conflit et la violence entre les personnes11. Alors que plusieurs des éléments de définition 11 Les pratiques des pays diffèrent selon que ces décès sont inclus, ou non, dans les statistiques policières sur les homicides. Ni les quelque 3 000 victimes des attaques sur les États-Unis d’Amérique, le 11 septembre 2001, ni les 200 morts des attaques terroristes du 11 mars 2004 à Madrid n’ont été enregistrés en tant qu’homicides. A contrario, les 52 victimes des attentats à la bombe du 7 juillet 2005 à Londres ont été incluses dans les statistiques policières officielles; en Inde, les statistiques relatives aux homicides incorporent les meurtres liés à la violence “terroriste/extrémiste” et dans un certain nombre de pays africains, ces mêmes statistiques incorporent les décès liés aux “émeutes”. décrits plus haut semblent communs et en usage au niveau national et internationalement, d’autres sont plus difficiles à interpréter et/ou nécessitent davantage de débats, comme par exemple l’élément d’intentionnalité (question de savoir si l’intention de causer la mort, ou simplement des atteintes physiques graves, est requise), ou comment considérer les décès liés à des actes de terrorisme. Il convient également de rappeler que les définitions du phénomène étudié ici renvoient à la “mort” donnée intentionnellement à une personne. Par conséquent, seuls les homicides volontaires effectifs, ayant pour résultat la mort d’une personne, doivent être signalés. Cependant, un certain nombre de pays transmettent des données sur les “homicide volontaire totaux”, en y incluant à la fois les cas où la victime est décédée et ceux où il y a des preuves que l’auteur avait l’intention de donner la mort, alors que sa victime a survécu. L’inclusion des tentatives d’homicide dans la définition de l’“homicide volontaire” aux fins de la création de statistiques a l’effet de produire un taux d’“homicides” plus élevé que le nombre réel de victimes tuées. Comme le montre l’analyse ci-dessus, de nombreux obstacles restent à lever pour parvenir à une définition normalisée de l’homicide volontaire aux fins de créer des statistiques exactes et comparables au plan international. Dans ce cadre, le travail conduit par la Conférence des statisticiens européens afin d’élaborer des principes et un cadre pour la classification internationale des crimes à des fins statistiques est fort positif12. 12 Groupe spécial de l’ONUDC/UNECE sur la classification des crimes, Report to the Conference of European Statisticians (2011). 89 7 ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide Qualification de l’homicide volontaire D’un point de vue criminologique, il est clair que la dénomination d’“homicide volontaire” inclut une large gamme d’actes, qui ne sont pas tous nécessairement similaires, hormis qu’on peut fondamentalement les décrire comme le fait qu’une personne donne intentionnellement la mort à une autre. À ce titre, un examen du “phénomène” de l’homicide nécessite largement plus que l’examen de statistiques globales sur le “total des homicides”. L’une des difficultés à cet égard est d’identifier le moyen le plus approprié pour diviser, répartir, les actes d’homicide, afin de générer des sous-catégories porteuses de sens et qui demeurent ouvertes à un examen transnational. De telles catégories peuvent être (et sont, dans différentes statistiques nationales) interprétées de nombreuses façons, y compris par référence aux caractéristiques de la victime et de l’auteur, à la nature de la relation auteur-victime, à l’arme utilisée, à la localisation physique de l’événement, à l’heure et à la date de l’événement, aux facteurs aggravants tels que la consommation de drogues ou d’alcool, aux motifs et à la participation d’éléments tels que certains groupes de la criminalité organisée. Pris dans leur ensemble, ces indicateurs devraient permettre de produire une description globale de l’incident-homicide, en tant de composite exhaustif de l’auteur, de la victime, de l’infraction et de son contexte13. Un travail récent sur la classification des homicides reconnaît la nécessité de ventiler les données s’y rapportant et propose qu’un bon nombre de ces éléments puissent être considérés comme des “caractères horizontaux” à appliquer à tous les événements entrant dans la catégorie générale des “homicides volontaires”. Ainsi que le montre la figure 7.3, ces caractères peuvent être répartis en cinq grands groupes: Moyen – Caractéristiques de la victime et de l’auteur – Relation auteur/victime – Caractéristiques géographiques/du lieu – Contexte situationnel. Les informations sur chacun de ces aspects sont généralement disponibles de manière plus ou moins étendue et utilisent des terminologies nationales ainsi que des catégories de statistiques policières nationales susceptibles de différer quelque peu les unes des autres. Certaines catégories sont plus communément enregistrées que 13 Miethe, T.D. et Regoeczi, W.C., Rethinking Homicide: Exploring the Structure and Process Underlying Deadly Situations (2004). 90 d’autres. Les moyens de l’homicide, les caractéristiques de base de la victime et la situation géographique sont souvent enregistrés soit par les données policières ou bien celles de la santé publique. Cependant, des efforts sont nécessaires pour normaliser l’enregistrement de ces caractéristiques, aussi bien à l’intérieur des pays qu’entre eux, afin de produire des données statistiques porteuses de sens, ne laissant pas de côté les caractéristiques socioéconomiques des personnes impliquées. L’identification et l’enregistrement d’autres caractéristiques, telles que la relation victime/ auteur et le contexte situationnel sont plus ardus et il faudra consacrer davantage de travail au développement de concepts statistiques, aux définitions et classifications pouvant faciliter la production de données statistiques exactes et comparables. Il faut tenir compte du fait qu’un certain nombre de catégories – en particulier celles concernant les informations sur un auteur présumé – peuvent n’être disponibles qu’à un stade ultérieur de l’enquête, ou bien que, parfois, aucun suspect n’est finalement identifié. 8. ANNEXE MÉTHODOLOGIQUE Des informations sont fournies dans le présent chapitre en ce qui concerne les sources de données et les méthodes de calcul utilisées pour les analyses proposées dans l’Étude mondiale sur l’homicide. de ces cas (53 pays) les données des pays ont été estimées par l’OMS par modélisation statistique, car les sources nationales ne proposent pas de données enregistrées sur les décès. Chapitre 1: Comptes mondiaux et régionaux des homicides et estimations des fourchettes de valeurs Données utilisées pour le comptage des homicides au niveau des pays (2010 ou données connues de l’année la plus récente) Sur la base des critères de sélection discutés au chapitre 7, les sources de données disponibles ont été prises en considération pour chaque pays, pour 2010 ou en utilisant les données connues de l’année la plus récente. Le tableau 8.1 présente les sources retenues et les comptes et taux d’homicides correspondants pour chaque pays. Les taux d’homicides ont été calculés sur la base des estimations démographiques de la Division de la population (Département des affaires économiques et sociales, ONU)1. Les taux mondiaux, régionaux et regroupés (tels que ceux où des pays ont été rassemblés par variables économiques) sont calculés pour donner des moyennes pondérées en fonction de la population. Comme le montre le tableau 8.1, une source de données issues de la justice pénale a été sélectionnée dans 143 pays, tandis que les données de la santé publique ont été retenues pour 64 pays (31 % du total). Pour la majorité des pays d’Afrique en particulier, les taux d’homicides sont tirés d’une source de santé publique. Dans 57 des 64 pays pour lesquels les données de la santé publique ont été utilisées, la source est l’ensemble de données Causes of Death de l’OMS; dans la vaste majorité Les comptes mondiaux et régionaux aux fins d’établir le total des homicides sont calculés en additionnant les comptes d’homicides fournis par la source nationale sélectionnée. Cette “estimation ponctuelle” est accompagnée par une estimation de son incertitude qui prend en considération la variabilité entre les données de la justice pénale et celles de la santé publique, pour chaque pays. Étant donné que pour chaque pays deux comptes d’homicides sont généralement disponibles (un issu de la justice pénale et l’autre issu de la santé publique, bien que dans certains pays une source seulement soit disponible), deux estimations supplémentaires sont réalisées pour chaque région. L’estimation la plus basse de la fourchette est déterminée par la somme des plus petits comptes d’homicides pour chaque pays (venant soit des sources de la justice pénale, soit de celles de la santé publique). Identiquement, l’estimation la plus haute est calculée en additionnant les plus forts comptes d’homicides pour chaque pays (venant soit des sources de la justice pénale, soit de celles de la santé publique). Les écarts les plus importants entre les données de la justice pénale et celles de la santé publique produisent les estimations de fourchettes les plus larges au niveau régional, ce qui indique les marges d’erreur associées aux comptes totaux d’homicides aux niveaux régional et mondial. 1 Nations Unies, World Population Prospects, the 2010 Revision, (2011). 91 ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide Tableau 8.1: Source sélectionnée pour l’estimation ponctuelle unique Région Afrique Sous-région Afrique australe Afrique centrale Afrique occidentale Afrique orientale Afrique septentrionale 92 Sources préférées Afrique du Sud Botswana Lesotho Namibie Swaziland Angola Cameroun Congo Gabon Guinée équatoriale République centrafricaine République démocratique du Congo Sao Tomé-et-Principe Tchad Bénin Burkina Faso Cap-Vert Côte d’Ivoire Gambie Ghana Guinée Guinée-Bissau Libéria Mali Mauritanie Niger Nigéria Sénégal Sierra Leone Togo Burundi Comores Djibouti Érythrée Éthiopie Kenya Madagascar Malawi Maurice Mozambique Ouganda République-Unie de Tanzanie Rwanda Seychelles Somalie Zambie Zimbabwe Algérie Égypte Jamahiriya arabe libyenne Compte 16 834 287 723 352 141 3 426 3 700 1 180 200 137 1 240 13 558 3 1 686 1 262 2 786 56 10 801 176 3 646 2 152 294 371 1 157 485 552 18 422 1 027 837 627 1 726 85 29 879 20 239 7 733 1 588 5 039 54 1 925 11 373 10 357 1 708 7 138 4 710 1 775 516 992 176 Sources préférées Taux Année 33,8 14,5 33,6 17,2 12,9 19,0 19,7 30,8 13,8 20,7 29,3 21,7 1,9 15,8 15,1 18,0 11,6 56,9 10,8 15,7 22,5 20,2 10,1 8,0 14,7 3,8 12,2 8,7 14,9 10,9 21,7 12,2 3,4 17,8 25,5 20,1 8,1 36,0 4,2 8,8 36,3 24,5 17,1 8,3 1,5 38,0 14,3 1,5 1,2 2,9 2009 2009 2009 2004 2004 2008 2008 2008 2008 2008 2008 2008 2008 2008 2008 2008 2007 2008 2008 2008 2008 2008 2008 2008 2008 2008 2008 2008 2008 2008 2008 2008 2008 2008 2008 2008 2008 2008 2009 2007 2008 2008 2008 2006 2008 2008 2008 2008 2009 2008 Source Police nationale UN-CTS UN-CTS Interpol UN-CTS OMS OMS OMS OMS OMS OMS OMS OMS OMS OMS OMS UN-OCHA OMS OMS OMS OMS OMS OMS OMS OMS OMS OMS OMS OMS OMS OMS OMS OMS OMS OMS OMS OMS OMS UN-CTS GBI OMS OMS OMS UN-CTS OMS OMS OMS UN-CTS UN-CTS OMS ANNEXE MÉTHODOLOGIQUE Région Sous-région Sources préférées Maroc Soudan Tunisie Amériques Amérique centrale 447 1,4 2010 UN-CTS 10 028 24,2 2008 OMS 117 1,1 2008 OMS 130 41,7 2010 OEA 527 11,3 2010 Ministère de la justice El Salvador 4 085 66,0 2010 Police nationale Guatemala 5 960 41,4 2010 Police nationale Honduras 6 239 82,1 2010 Police nationale Mexique 20 585 18,1 2010 Police nationale 766 13,2 2010 Police nationale 759 21,6 2010 Police nationale 2 215 5,5 2009 Ministère de la justice Argentine Bolivie (État plurinational de) 884 8,9 2010 Police nationale 43 909 22,7 2009 Ministère de la justice 630 3,7 2009 UN-CTS Colombie 15 459 33,4 2010 Police nationale Équateur 2 638 18,2 2010 Police nationale Brésil Chili Guyane française 32 14,6 2008 Police nationale Guyana 139 18,4 2010 BNS Paraguay 741 11,5 2010 OEA Pérou 1 490 5,2 2009 SES Suriname 69 13,7 2006 UN-CTS Uruguay 205 6,1 2010 Ministère de l’intérieur 13 985 49,0 2009 ONG 5 7,7 2010 Police nationale 610 1,8 2009 BNS 15 241 5,0 2009 Police nationale 1 6,8 2008 BNS Venezuela (République bolivarienne du) Bermudes Canada États-Unis d’Amérique Caraïbes Source Costa Rica Panama Amérique septentrionale Sources préférées Taux Année Belize Nicaragua Amérique du Sud Compte Anguilla Antigua-et-Barbuda 6 6,8 2010 Police nationale Bahamas 96 28,0 2010 OEA Barbade 31 11,3 2010 UN-CTS Cuba 518 4,6 2008 PAHO Dominique 15 22,1 2010 OEA Grenade 12 11,5 2010 OEA Guadeloupe 32 7,0 2008 Police nationale 689 6,9 2010 UN-PKO Îles Caïmanes 6 11,7 2004 PAHO Îles Turques et Caïques 3 8,9 2008 PAHO Haïti Îles Vierges américaines 2 8,6 2006 PAHO Îles Vierges britanniques 43 39,2 2007 PAHO 1 428 52,1 2010 UN-CTS Jamaïque Martinique 17 4,2 2008 Police nationale Montserrat 1 19,7 2008 PAHO Porto Rico 983 26,2 2010 Police nationale 2 472 24,9 2010 Police nationale Saint-Kitts-et-Neviss 20 38,2 2010 Police nationale Sainte-Lucie 44 25,2 2010 OEA République dominicaine 93 8 ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide Région Sous-région Sources préférées Compte Saint-Vincent-et-les Grenadines Asie centrale Asie du Sud-Est Asie méridionale Asie occidentale Asie orientale 24 22,0 2010 ONG 35,2 2010 Police nationale Kazakhstan 1 680 10,7 2008 Transmonee Kirghizistan 419 8,1 2009 UN-CTS Ouzbékistan Tadjikistan Turkménistan Brunéi Darussalam Cambodge Indonésie Malaisie Myanmar Philippines République démocratique populaire lao Singapour Thaïlande Timor-Leste Viet Nam Afghanistan Bangladesh Bhoutan Inde Iran (République islamique d’) Maldives Népal Pakistan Sri Lanka Arabie saoudite Arménie Azerbaïdjan Bahreïn Chypre Émirats arabes unis Géorgie Iraq Israël Jordanie Koweït Liban Oman Qatar République arabe syrienne Territoire palestinien occupé Turquie Yémen Chine Chine, Hong Kong Chine, Macao Japón Mongolie 831 96 209 2 448 374 604 800 947 279 25 654 75 346 712 988 7 752 215 5 818 491 958 832 83 192 6 19 39 180 608 158 100 59 95 18 13 582 145 320 990 811 35 10 646 205 3,1 1,4 4,4 0,5 3,4 2,9 2,3 10,2 5,4 4,6 0,5 5,3 6,9 1,6 2,4 2,7 1,0 3,4 3,0 1,6 2,8 7,3 4,6 3,6 2,7 2,1 0,6 1,7 0,8 4,1 2,0 2,1 1,8 2,2 2,2 0,7 0,9 3,0 4,1 3,3 4,2 1,1 0,5 1,9 0,5 7,6 2008 2009 2006 2006 2005 2009 2006 2008 2009 2008 2009 2010 2008 2008 2008 2010 2008 2009 2009 2008 2009 2009 2009 2009 2009 2008 2008 2009 2006 2010 2008 2010 2006 2009 2010 2008 2008 2008 2005 2008 2009 2008 2010 2009 2008 2009 UN-CTS UN-CTS Transmonee UN-CTS ONG Police nationale UN-CTS OMS UN-CTS OMS Police nationale Police nationale OMS OMS OMS Police nationale BNS Police nationale BNS UN-CTS BNS BNS Police nationale BNS UN-CTS UN-CTS UN-CTS UN-CTS UN-CTS UN-CTS OMS BNS UN-CTS UN-CTS Police nationale UN-CTS UN-CTS UN-CTS UN-CTS UN-CTS BNS NSO Policía nacional BNS UN-CTS UN-CTS 1 374 2,9 2009 Police nationale République de Corée 94 Source 472 Trinité-et-Tobago Asie Sources préférées Taux Année 1 4 4 3 1 3 40 2 12 2 14 ANNEXE MÉTHODOLOGIQUE Région Sous-région Sources préférées République populaire démocratique de Corée Taïwan Province de Chine Europe Europe méridionale 2008 OMS 832 3,6 2009 BNS Albanie 93 2,9 2008 UN-CTS Andorre 1 1,3 2004 Interpol 66 1,7 2008 UN-CTS Croatie 49 1,1 2009 UN-CTS Espagne 399 0,9 2009 UN-CTS Grèce 118 1,0 2008 UN-CTS Italie 590 1,0 2009 UN-CTS 4 1,0 2009 UN-CTS Monténégro 22 3,5 2009 UN-CTS Portugal 130 1,2 2009 UN-CTS Serbie 145 1,5 2008 Eurostat Slovénie 13 0,6 2009 UN-CTS ex-République yougoslave de Macédoine 40 1,9 2010 UN-CTS Allemagne 690 0,8 2010 UN-CTS Autriche 43 0,5 2009 UN-CTS Belgique 185 1,7 2009 UN-CTS France 839 1,4 2008 Eurostat Liechtenstein 1 2,8 2008 Eurostat Luxembourg 12 2,5 2008 UN-CTS Monaco 0 0,0 2008 UN-CTS Pays-Bas 179 1,1 2009 UN-CTS Suisse 54 0,7 2008 UN-CTS Bélarus 473 4,9 2009 UN-CTS Bulgarie 144 1,9 2009 UN-CTS 15 954 11,2 2009 UN-CTS Hongrie 139 1,4 2009 UN-CTS Pologne 493 1,3 2009 UN-CTS République de Moldova 265 6,6 2010 UN-CTS Fédération de Russie République tchèque 92 0,9 2009 UN-CTS Roumanie 397 1,8 2009 UN-CTS Slovaquie 84 1,5 2009 UN-CTS 2 194 4,8 2009 UN-CTS 47 0,9 2009 UN-CTS Estonie 70 5,2 2009 UN-CTS Finlande 121 2,3 2009 UN-CTS 6 10,5 2008 BNS Islande 1 0,3 2009 UN-CTS Irlande 53 1,2 2010 Police nationale Lettonie 108 4,8 2009 UN-CTS Lituanie 252 7,5 2009 UN-CTS Norvège 29 0,6 2009 UN-CTS 724 1,2 2009 Eurostat 93 1,0 2009 UN-CTS Ukraine Europe septentrionale Source 15,2 Malte Europe orientale Sources préférées Taux Année 3 658 Bosnie-Herzégovine Europe occidentale Compte Danemark Groenland Royaume-Uni Suède 95 8 ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide Région Sous-région Océanie Australie et NouvelleZélande Mélanésie Sources préférées Australie 1,2 2009 UN-CTS Nouvelle-Zélande 65 1,5 2009 Police nationale Fidji 23 2,8 2004 Interpol 19 3,7 2008 UN-CTS 854 13,0 2008 OMS Vanuatu 2 0,9 2008 OMS Guam 1 0,6 2007 Police nationale Kiribati 7 7,3 2008 OMS Micronésie (États fédérés de) 1 0,9 2008 OMS Nauru 1 9,8 2008 OMS Palaos 0 0,0 2008 OMS Polynésie française 9 3,4 2008 Police nationale Samoa 2 1,1 2008 OMS Tonga 1 1,0 2008 OMS Papouasie-Nouvelle-Guinée Polynésie Source 262 Îles Salomon Micronésie Sources préférées Taux Année Compte Tableau 8.2: Sélection des sources pour les séries chronologiques Région Afrique Amériques Sous-région Source Afrique australe Afrique du Sud JP Police nationale Afrique occidentale Nigeria JP ONG Afrique orientale Maurice JP CTS Afrique septentrionale Égypte JP CTS Maroc JP CTS Amérique centrale Belize JP CTS/OEA Costa Rica JP CTS/Ministère de la justice El Salvador JP Police nationale Guatemala JP CTS/Police nationale Honduras JP OCAVI/Police nationale Mexique SP PAHO/BNS Nicaragua JP Police nationale Panama JP Police nationale Argentine JP CTS/Ministère de la justice Bolivie (État plurinational de) JP Police nationale Brésil SP PAHO Chili SP PAHO Colombie JP Police nationale Équateur SP PAHO Guyana JP OEA/BNS Pérou SP PAHO Suriname JP OEA Uruguay JP Ministère de l’intérieur/SES Venezuela (République bolivarienne du) JP ONG Amérique du Sud 96 Pays/Territoire ANNEXE MÉTHODOLOGIQUE Région Sous-région Amérique septentrionale Caraïbes Asie Asie centrale Asie du Sud-Est Asie méridionale Asie occidentale Asie orientale Europe Europe méridionale Pays/Territoire Source Bermudes JP Police nationale Canada JP CTS États-Unis d’Amérique JP Police nationale Bahamas SP/JP PAHO/OEA Barbade SP/JP PAHO/CTS Cuba SP PAHO Dominique JP OEA Grenade JP OEA Jamaïque JP CTS/Police nationale Porto Rico JP Police nationale République dominicaine JP ONG/SES Saint-Kitts-et-Nevis JP OEA/Police nationale Sainte-Lucie JP OEA Saint-Vincent-et-les Grenadines JP OEA/ONG Trinité-et-Tobago SP/JP PAHO/OEA/Police nationale Kazakhstan JP UNICEF Transmonee Kirghizistan JP CTS/UNICEF Transmonee Ouzbékistan JP CTS/UNICEF Transmonee Tadjikistan JP UNICEF Transmonee Turkménistan JP UNICEF Transmonee Cambodge JP ONG Myanmar JP BNS Philippines JP CTS Singapour JP CTS/Police nationale Thaïlande JP Police nationale Bhoutan JP BNS Inde JP Police nationale Népal JP BNS Pakistan JP BNS Arabie saoudite JP BNS Arménie JP CTS/UNICEF Transmonee Géorgie JP CTS/UNICEF Transmonee Israël JP CTS/BNS Qatar JP CTS République arabe syrienne JP BNS Chine JP BNS Japon SP OMS-MDB République de Corée JP Police nationale Taïwan Province de Chine JP BNS Albanie JP CTS/UNICEF Transmonee Croatie JP CTS/Eurostat Grèce SP OMS-Base de données HFA Italie JP CTS Portugal JP CTS/Eurostat 97 8 ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide Région Sous-région Europe occidentale Europe orientale Europe septentrionale Océanie Australie et Nouvelle-Zélande Pays/Territoire Serbie SP OMS-Base de données HFA Slovénie ex-République yougoslave de Macédoine Autriche JP CTS JP CTS/Eurostat JP CTS/Eurostat Belgique JP CTS France SP OMS-Base de données HFA Allemagne JP CTS Pays-Bas SP OMS-Base de données HFA Suisse JP CTS/Eurostat Bélarus JP CTS Bulgarie JP CTS/Eurostat Fédération de Russie JP UNICEF Transmonee Hongrie JP CTS Pologne JP CTS République de Moldova JP CTS République tchèque SP OMS-Base de données HFA Roumanie SP OMS-Base de données HFA Slovaquie JP CTS/UNICEF Transmonee Ukraine Danemark Estonie JP JP JP UNICEF Transmonee CTS CTS/Eurostat Finlande JP CTS Groenland JP BNS Irlande JP CTS/Police nationale Lettonie SP OMS-Base de données HFA Lituanie SP OMS-Base de données HFA Norvège JP CTS/Eurostat Suède SP OMS-Base de données HFA Australie JP CTS/BNS Nouvelle-Zélande JP Police nationale Données utilisées pour les séries chronologiques (tendances) en matière d’homicides série chronologique)2. Comme on le voit sur la carte 8.1, il n’y a pas de série chronologique convenable pour la plupart des pays d’Afrique. Sur la base des critères de sélection discutés au Estimations des tendances régionales et sous-régionales en matière d’homicide chapitre 7, et sous réserve de la disponibilité des données, une série chronologique longue et continue des comptes et des taux d’homicides a été identifiée au niveau du pays (voir tableau 8.2). Une série chronologique convenable couvrant la période 1995-2010 (au moins partiellement) a été sélectionnée pour 98 pays. Les données de la justice pénale ont été utilisées dans la plupart des cas, tandis que la source de la santé publique a été sélectionnée pour 16 pays (16 % du total de la 98 Source Les taux d’homicides régionaux et sous-régionaux pour la période 1995-2010 (ou dernière année) sont basées sur les séries chronologiques nationales sélectionnées. Les taux régionaux et sous-régionaux 2 Faisant exception à la règle générale voulant que l’on ne combine pas des données provenant de la justice pénale avec des données provenant de la santé publique, des séries chronologiques des deux sources ont été rassemblées pour trois pays. Ceci afin de parvenir à une série chronologique plus longue et parce que les deux sources étaient suffisamment cohérentes. ANNEXE MÉTHODOLOGIQUE Carte 8.1: Sources de données sélectionnées pour les séries chronologiques relatives aux homicides, par pays C C CC C C CCC CC C CC C Sources Justice pénale Santé publique Justice pénale/Santé publique Pas de données disponibles Note: Les frontières et noms indiqués et les appellations employées sur la présente carte n’impliquent ni reconnaissance ni acceptation officielles de la part de l’Organisation des Nations Unies. Source: UNODC Homicide Statistics (2011). sont calculés en tant que moyennes des taux nationaux, pondérées en fonction de la population. Chapitre 2: Dans les analyses du présent chapitre, chaque taux d’homicides par pays a été mis en regard, le plus précisément possible et par année, du coefficient de Gini (Banque mondiale) relatif à l’inégalité des revenus3; les valeurs antérieures à l’année 2000 n’ont pas été retenues. Le tableau 8.3 affiche la disponibilité des données pour le coefficient de Gini, en termes de nombre de pays représentés, et des pourcentages correspondants de la population totale et des homicides. Les données du coefficient de Gini sont disponibles pour un nombre relativement faible de pays, bien que ces pays couvrent 90 % de la population mondiale et 93 % des homicides perpétrés dans le monde. Les pays manquants sont principalement des pays peu peuplés et où le nombre d’homicides est faible. En raison du manque de données pour l’Océanie, cette région n’a pas été prise en compte dans l’analyse régionale. Les taux d’homicides des pays ont également été couplés, par année, à l’indice de développement humain (IDH)4 rapporté à l’année pour laquelle 3 Données de la Banque mondiale. Tableau 8.3: Nombre de pays inclus dans les analyses d’homicides par le coefficient de Gini, par région Région Nombre de pays Pourcentage de la population Pourcentage d’homicides Afrique 43/53 88% 92% Amériques 22/46 98% 98% Asie Europe Océanie 32/51 91% 90% 30/43 76% 92% 1/14 <1% <1% Monde 128/207 90% 93% Tableau 8.4: Nombre de pays inclus dans les analyses des homicides par l’indice de développement humain (IDH), par région Région Nombre de pays Pourcentage de la population Pourcentage d’homicides Afrique 49/53 97% 98% Amériques 28/46 98% 99% Asie Europe Océanie 43/51 98% 96% 41/43 99,9% 99,9% 7/14 97% 98% Monde 168/207 98% 98% les taux d’homicides en question ont été calculés. Les niveaux de couverture dans chaque région, par pays, par populations et par homicides sont présentés au tableau 8.4. 4PNUD, Rapport sur le développement humain 2011 (2011). 99 8 ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide Tableau 8.5:Nombre de pays ayant des données sur les homicides par arme à feu, par sous-région Région Sous-région Nombre de pays Afrique Amériques 10/53 14% Amérique centrale 8/8 100% Amérique du Sud 10/13 99% Amérique septentrionale 3/3 100% 11/22 93% Asie centrale 4/5 72% Asie du Sud-Est 5/11 49% Asie méridionale 5/9 75% Asie occidentale 10/18 77% 4/8 15% Europe méridionale 10/13 99% Europe occidentale 7/9 73% Europe orientale 9/10 22% 9/11 3/14 109/207 96% 27% 54% Caraïbes Asie Asie orientale Europe Pourcentage d’homicides† Europe septentrionale Océanie Monde † Les pourcentages sont approximatifs en raison de différences dans les années sources entre les données sur les homicides par arme à feu et les données totales sous-régionales sur les homicides. L’analyse des homicides par l’indice IDH couvre une forte proportion des pays, plus de 80 %, et inclut 98 % de la population mondiale et le même pourcentage d’homicides. Les pays manquant dans l’analyse sont ceux dont la population est relativement faible et qui connaissent un nombre d’homicides faible également. Chapitre 3: Les moyens de l’homicide Les données sur les homicides par arme à feu sont compilées à partir d’une diversité de sources, quoique de façon prédominante au travers des données de la justice pénale (voir tableau 9.2 du chapitre 9). Globalement, les données de 109 pays ont été compilées et la couverture au niveau sous-régional fait l’objet du tableau 8.5. Des données sur les homicides par arme à feu étaient disponibles pour des pays couvrant 54 % du total mondial des homicides, quoique avec d’importantes variations sous-régionales. Les pourcentages régionaux et sous-régionaux d’homicides par arme à feu sont des moyennes pondérées en fonction du nombre d’homicides par pays. L’estimation au niveau mondial du pourcentage d’homicides par arme à feu a fait l’objet d’un calcul en trois étapes: 100 a. Calcul du pourcentage d’homicides par arme à feu au niveau sous-régional sur la base des données disponibles (voir tableau 9.2). b. Application du pourcentage calculé en a) au nombre total d’homicides au niveau sous-régional (données de pays sélectionnées pour 2010 ou données connues de l’année la plus récente), pour obtenir un nombre total estimé d’homicides par arme à feu pour chaque sous-région. c. Addition des comptes sous-régionaux pour obtenir une estimation mondiale des homicides par arme à feu. Des données complémentaires (non combinées avec l’ensemble de données décrit ci-dessus) sur les moyens de l’homicide ont été tirées du projet Global Burden of Injuries5, qui détaille les comptes d’homicides par âge et par sexe, résultant de l’utilisation d’armes à feu, d’objets tranchants et autres moyens. Homicides liés aux bandes de délinquants/criminalité organisée Les données sur les homicides liés aux bandes de délinquants/criminalité organisée sont tirées de données de la justice pénale produites par les autorités nationales. Les données ont été compilées 5 Global Burden of Injuries, Injury Mortality Data Collection (2010). ANNEXE MÉTHODOLOGIQUE Tableau 8.6:Sources des données infranationales pour les Amériques Pays Catégorie Source originale Guyane française JP Police nationale Paraguay Suriname Guyana JP JP JP Venezuela JP Bolivie JP Police nationale CTS Bureau national de statistique Programme vénézuélien d’action et d’éducation aux droits de l’homme (PROVEA) Police nationale Guatemala JP Police nationale Nicaragua JP Police nationale Pérou JP Police nationale États-Unis d’Amérique JP Police nationale Argentine JP Ministère de la justice Chili JP Ministère de l’intérieur Équateur JP Ministère de l’intérieur Uruguay JP Ministère de l’intérieur Canada JP Bureau national de statistique Mexique SP Bureau national de statistique Belize JP Police nationale El Salvador JP Police nationale et Procureur général Panama JP Police nationale Honduras JP Police nationale Brésil JP Ministère de la justice Colombie SP Institut national de médecine légale et scientifique Costa Rica JP Appareil judiciaire SP: Sources de la santé publique; JP: Sources de la Justice pénale conformément aux pratiques et aux définitions nationales, qui sont généralement liées aux législations internes. Les comparaisons entre pays devraient donc être menées avec précaution. Chapitre 4: Homicides liés aux violences conjugales et/ou familiales Les données sur les homicides liés au partenaire et/ou aux proches sont issues des données de la justice pénale produites par les autorités nationales. Les données ont été compilées conformément aux pratiques et définitions nationales. Les comparaisons entre les pays devraient donc être menées avec précaution Chapitre 5: Victimes d’homicides, par sexe Les données sur les victimes d’homicides réparties par sexe ont été compilées à partir de diverses sources, sous réserve des critères analysés au chapitre 7 et de la disponibilité des données. Au total, les données incluses concernent 193 pays (voir tableau 9.4): dans la vaste majorité des cas, la source consiste en données issues de la santé publique (136), tandis que dans 57 cas, les données proviennent de la justice pénale. Calcul du risque cumulé d’homicide Le risque cumulé d’être victime d’homicide a été calculé pour quatre pays différents représentant différents scénarios qui reflètent divers types de typologies et de niveaux d’homicides. Les données issues du projet Global Burden of Injuries ont été utilisées pour calculer le risque d’être victime d’homicide pour chaque année successive entre les âges de 20 et 30 ans, pour chaque année entre 1996 et 2006. Pour toute année (et donc âge/sexe), le risque d’être victime d’homicide est r = 2h/2+h, où h est le taux d’homicides pour l’année, le sexe et l’âge considérés. Cette petite correction du taux est appliquée pour dériver le risque à partir du taux, compte tenu que le risque est calculé sur le 101 8 ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide groupe humain au début de l’année, tandis que le taux est calculé sur la population à mi-année. Le taux cumulé (R) est la somme des taux annuels pour un âge spécifique sur une année donnée, et le risque cumulé (ou probabilité) est donné par P = 1-exp(-R)6. Chapitre 6: Homicides au niveau infranational Pour les pays d’Europe en 2005, les taux d’homicides au niveau infranational sont issus d’Eurostat7. Les données sont ventilées conformément à la classification régionale de la Nomenclature des unités territoriales statistiques (NUTS). Les taux d’homicides infranationaux pour les pays des Amériques (à l’exclusion des Caraïbes) ont été compilés pour tous les pays sauf cinq, pour la période 2007-2010, à partir de diverses sources, essentiellement celles de la justice pénale. Le tableau 8.6 passe ces sources en revue. 6 Day, N.E., A new measure of age-standardized incidence, the cumulative rate, (1976). 7 Commission européenne, Investir dans l’avenir de l’Europe, Cinquième rapport sur la cohésion économique, sociale et territoriale (2010). 102 9. ANNEXE STATISTIQUE Abréviations Type de source: JP SP Justice pénale Santé publique Sources de données: BNS Bureau national de statistique CTS Eurostat GBI Interpol OCAVI OEA OMS OMS-HFA OMS-MDB ONG (a-f ) PAHO SES Transmonee UN-CASA UN-OCHA UN-PKO UNU Les données sont fournies chaque année à l’ONUDC par la police nationale, les bureaux nationaux de statistique, ou autres autorités nationales compétentes par le canal de l’Enquête des Nations Unies sur les tendances de la criminalité et le fonctionnement des systèmes de justice pénale (CTS). Pour davantage de précisions, voir: http://www.unodc.org. Office statistique de l’Union européenne Global Burden of Injuries, Injury Mortality Data Collection Organisation internationale de police criminelle (OIPC) Observatorio Centroamericano sobre Violencia – Observatoire d’Amérique centrale sur la violence. Alimenté par les données de la police nationale. Organisation des États américains Organisation mondiale de la Santé, Ensemble de données sur les causes de décès, 2008 Base de données Santé pour tous, de l’Organisation mondiale de la Santé Base de données sur la mortalité, de l’Organisation mondiale de la Santé Organisation non gouvernementale: a) Fondation Cleen; données sur les homicides basée sur des rapports de police annuels; b) Mayra Brea de Cabral et Edylberto Cabral (2009), “Violence in the Dominican Republic: nature, recent developments and prospects for control”. Données de la police nationale et du Procureur général de la République dominicaine; c) Annita Montoute et David Anyanwu (2009), “Situational Analysis of Gun Related Crime in the Caribbean: The Case of Trinidad & Tobago; Antigua & Barbuda; St Vincent & the Grenadines and St. Lucia”; d) Programme vénézuélien d’action et d’éducation aux droits de l’homme (PROVEA); e) Rod Broadhurst et Thierry Bouhours (2009), “Policing in Cambodia: legitimacy in the making?”, Présence policière et société. Données basées sur les meurtres enregistrés par la police judiciaire. Système central de données sur la santé, de l’Organisation panaméricaine de la santé Système régional de sécurité citoyenne normalisée et d’indicateurs de coexistence Base de données Transmonee de l’UNICEF. Centre de recherche Innocenti, Florence Coordination de l’action concernant les armes légères (ONU) Office des Nations Unies pour la coordination des actions humanitaires Opérations de maintien de la paix (ONU) Université des Nations Unies. World Institute for Development Economics Research. Document de recherche n° 2004/5 103 104 2,3 2,5 2,9 3,4 2007 2008 2,9 6,5 6,4 6,8 7,3 7,4 4,8 8,7 4,3 3,7 3,9 8,3 5,6 5,1 3,5 5,2 4,5 8,8 3,5 3,7 17,1 2,4 4,1 13,8 1,9 OMS † SP Sao Tomé-et-Principe 20,7 OMS † SP Gabon OMS † SP Guinée équatoriale 4,7 21,7 OMS † 4,5 SP 4,5 30,8 5,2 UN-PKO JP République démocraque du Congo 15,8 OMS † SP 29,3 OMS † 19,0 SP 2,3 14,3 7,7 38,0 19,7 5,4 7,4 OMS † 4,5 5,1 8,7 24,5 36,3 OMS † SP 8,2 7,7 SP CTS OMS † JP INTERPOL JP SP AFRIQUE 7,0 Afrique centrale 6,3 7,6 Congo Tchad Cameroun Angola OMS † SP OMS † SP CTS CTS JP JP OMS † SP OMS † INTERPOL SP JP CTS JP Ouganda Zimbabwe 8,0 4,2 5,1 2,8 1,5 5,4 2,6 2,3 5,9 2,4 OMS † 10,8 5,0 2,2 CTS 9,0 2,2 2,7 OMS SP République-Unie de Tanzanie 4,9 2,9 JP OMS † SP 2,4 SP Police naonale GBI JP UN-CASA JP SP Somalie Seychelles Rwanda Mozambique CTS OMS-MDB JP SP Maurice 8,1 36,0 OMS † SP UNU OMS † 20,1 3,7 25,5 JP 2,8 4,0 SP OMS † SP Malawi Madagascar CTS/Police naonale JP OMS † Kenya INTERPOL JP SP Éthiopie 1,9 3,5 2006 3,4 3,5 2005 17,8 6,5 2004 OMS † 2,6 2003 Année OMS † SP SP Djibou Érythrée 2,1 2002 21,7 3,0 2001 12,2 8,5 2000 OMS † 2,2 AFRIQUE 1999 Afrique orientale 1998 SP 1997 Comores 1996 OMS † 1995 SP Source Burundi Pays/Territoire 9.1. Taux d’homicides par pays et par source (1995-2010) 4,9 4,2 3,0 2009 4,7 2,9 2010 ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide AFRIQUE 1999 2000 1,1 22,0 51,2 1,2 1,6 21,7 48,6 2,9 0,3 11,6 0,6 19,9 37,9 10,8 56,9 0,4 13,1 18,0 0,7 15,1 41,0 36,8 27,4 22,9 23,9 1,1 24,2 4,1 0,8 1,4 2,9 0,2 1,0 1,5 7,2 2008 SP SP SP Mali Mauritanie Niger OMS † JP SP Libéria 8,0 14,7 3,8 OMS † OMS † OMS † 4,8 10,1 UN-PKO SP SP Guinée 22,5 0,5 31,6 39,7 3,7 1,7 0,2 0,9 1,3 2007 20,2 0,4 25,7 38,8 11,7 1,6 0,2 0,4 0,6 2006 OMS † 0,4 0,6 12,9 28,5 39,8 13,2 1,5 0,2 0,7 0,6 2005 OMS † 0,6 12,4 26,1 42,5 17,2 1,6 0,2 0,4 1,4 2004 1,8 0,6 24,7 46,8 1,2 1,7 2,3 0,7 2,0 2003 Année 1,6 2002 15,7 27,0 47,2 1,3 1,9 2001 OMS † Afrique occidentale AFRIQUE 21,5 57,7 Afrique méridionale AFRIQUE 0,9 1,9 0,1 Afrique septentrionale 1998 SP 22,2 57,1 1997 Police naonale OMS † 48,3 60,4 1996 JP INTERPOL JP OMS † SP SP CTS JP OMS † 18,7 64,9 1995 Guinée-Bissau Ghana Gambie Côte d’Ivoire UN-OCHA JP SP SP OMS † JP Burkina Faso Cap-Vert NSO SP OMS † CTS OMS † JP OMS-MDB SP SP Police naonale OMS † JP INTERPOL JP SP CTS OMS † JP OMS † SP SP CTS JP CTS OMS † JP SP CTS OMS † JP OMS † SP SP CTS OMS † JP INTERPOL JP SP CTS OMS-MDB JP SP OMS † SP Bénin Swaziland Afrique du Sud Namibie Lesotho Botswana Tunisie Soudan Maroc Jamahiriya arabe libyenne Égypte CTS JP Source A Algérie Pays/Territoire 3,8 1,8 33,8 33,6 14,5 1,4 1,2 2009 3,2 1,4 2010 ANNEXE STATISTIQUE 105 9 106 PAHO Saint-Vincent-et-les Grenadines Sainte-Lucie Saint-Kis-et-Nevis Police naonale JP SP Porto Rico PAHO OEA/ONG (c) PAHO JP SP OEA PAHO JP PAHO SP OEA/Police naonale JP SP PAHO SP SP PAHO Montserrat Police naonale JP OMS SP CTS/Police naonale JP PAHO SP UNPKO JP PAHO SP Police naonale JP SP OEA PAHO JP SP PAHO Anlles néerlandaises Marnique Jamaïque Haï Guadeloupe Granade ONG (b)/SES JP PAHO SP SP OEA JP République dominicaine PAHO SP Cuba Dominique PAHO PAHO SP SP PAHO Îles Vierges britanniques CTS/OEA JP SP OEA PAHO JP SP PAHO Îles Caïmanes Barbade Bahamas OEA/Police naonale SP JP PAHO JP Anguila SP BNS SP Angua-et-Barbuda 16,7 15,9 1,1 1,6 2003 Année 1,6 2002 2,3 1,2 1,9 2004 1,9 1,5 2005 1,9 1,4 2006 2,4 1,3 2007 12,4 18,5 11,0 14,3 9,3 25,1 23,3 0,0 31,7 0,0 9,8 12,7 5,5 7,8 6,0 10,5 6,1 15,0 10,6 0,0 7,9 22,2 8,1 7,1 9,2 24,9 23,3 8,5 9,1 37,2 3,0 10,5 12,8 6,7 2,9 10,8 14,4 3,5 8,3 8,7 17,8 15,8 23,4 19,3 7,5 0,0 41,4 13,4 12,7 5,5 6,8 5,7 0,0 16,2 17,4 22,2 9,3 5,1 17,8 21,3 17,2 9,8 27,8 37,6 15,4 13,5 1,4 7,9 2,8 0,0 7,5 16,6 0,0 10,4 13,0 10,6 25,7 13,2 17,4 15,6 7,7 0,0 33,2 14,6 15,0 12,6 6,9 5,9 0,0 5,0 8,6 18,1 0,0 Caraïbes 12,9 18,5 18,3 14,6 17,3 13,0 17,7 18,2 0,0 1,8 34,4 0,5 0,0 14,8 12,7 14,1 1,4 2,9 5,8 10,4 0,0 9,8 7,5 20,8 24,9 3,0 5,2 8,8 10,3 11,1 16,9 21,4 13,0 12,8 19,7 19,6 0,0 3,6 43,7 15,7 2,4 0,0 5,9 9,6 12,5 1,4 1,4 5,9 4,8 9,7 9,3 16,2 14,3 13,4 8,8 0,0 6,2 13,9 18,5 24,4 26,2 10,7 10,6 18,8 20,5 0,0 2,1 39,8 19,7 3,5 2,0 13,7 8,5 14,4 14,1 13,0 7,0 4,7 11,9 9,3 16,3 17,0 5,9 8,5 16,6 21,0 22,2 21,0 20,9 19,1 20,7 0,0 3,0 36,8 21,3 2,0 8,8 7,6 21,1 9,8 11,6 6,4 7,1 9,2 9,5 12,2 15,8 16,1 2,5 6,1 8,0 7,6 26,7 24,9 23,2 22,0 18,9 22,7 18,5 21,0 2,3 55,2 14,5 2,5 5,9 5,9 9,9 24,5 5,6 11,6 6,5 11,7 18,0 1,6 8,1 13,7 14,0 8,8 4,8 0,0 22,1 22,1 17,6 20,6 16,3 19,3 20,4 22,1 3,5 4,8 62,4 3,4 5,2 1,0 10,7 25,8 11,6 6,2 9,2 16,9 16,3 3,6 7,4 28,6 11,9 11,9 23,4 2,1 34,1 18,3 19,8 21,6 5,8 49,7 6,4 5,3 33,9 33,0 14,8 8,2 31,7 18,1 19,4 5,7 58,4 5,1 1,0 10,6 22,1 10,2 5,5 9,2 23,7 19,8 27,8 1,9 11,6 22,8 1,4 7,3 5,5 8,6 18,1 12,9 19,1 4,9 12,9 29,7 8,2 24,7 22,9 26,5 45,0 21,5 19,7 4,2 50,6 59,5 5,0 7,0 1,0 13,5 24,8 10,3 4,6 8,5 21,6 16,1 6,8 2,6 8,7 12,2 1,3 2008 10,9 0,0 1,7 2001 14,9 9,0 1,0 2000 OMS † 9,8 1,4 1999 AMÉRIQUES 1,4 1998 OMS † 0,0 1,5 1997 SP 10,2 1,4 1996 CTS OMS † 1,4 1995 JP SP OMS † INTERPOL SP JP ONG (a) JP Source Togo Sierra Leone Sénégal Nigéria Pays/Territoire 18,3 22,6 52,2 23,8 61,6 6,1 6,7 24,2 19,1 7,0 25,1 18,2 2009 22,0 25,2 38,2 26,2 52,1 6,9 11,5 24,9 22,1 11,3 28,0 6,8 2010 ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide PAHO Guyane française Équateur Colombie Chili Brésil Bolivie (État plurina onal de) Argen ne États-Unis d’Amérique Canada Bermudes Panama Nicaragua Mexique Honduras Guatemala El Salvador Costa Rica CTS/OEA JP SP Belize PAHO 8,1 Police na onale PAHO JP PAHO SP Police na onale JP PAHO SP Police na onale JP SP CTS PAHO JP PAHO SP Ministère de la jus ce JP OMS † SP Police na onale JP SP 13,4 76,6 69,7 3,2 25,7 7,8 PAHO 4,2 8,3 JP CTS/Ministère de la jus ce PAHO 1,7 2,0 14,1 15,2 18,4 19,7 32,5 51,2 SP Police na onale/OEA JP SP BNS PAHO JP PAHO SP Police na onale JP PAHO SP Police na onale JP PAHO SP Police na onale JP PAHO/BNS SP CTS/Police na onale JP OMS † SP OCAVI/Police na onale JP PAHO SP CTS/Police na onale JP PAHO SP Police na onale JP SP 139,1 5,3 5,2 PAHO JP CTS/Ministère de la jus ce 7,1 10,7 1995 SP PAHO SP SP PAHO SP Îles Turques et Caïques OEA/Police na onale JP Source Îles Vierges américaines Trinité-et-Tobago Pays/Territoire 16,1 80,1 71,8 3,0 27,0 4,7 8,5 7,6 7,3 1,7 2,1 6,6 9,4 9,1 11,7 14,0 17,0 21,2 35,3 52,3 117,3 5,5 5,3 6,7 9,6 1996 12,5 75,0 67,2 2,5 28,7 4,8 9,1 7,1 6,7 1,4 2,0 1,6 12,2 11,3 11,7 14,1 15,8 17,7 28,7 38,1 45,5 112,6 5,6 5,8 27,6 12,8 8,3 1997 24,6 0,0 8,9 7,2 1999 10,6 9,8 13,0 11,2 14,4 14,8 42,1 18,0 24,2 50,7 65,0 6,1 6,4 16,8 18,8 12,0 10,1 13,0 9,4 12,3 13,9 51,1 19,3 25,8 45,4 59,8 6,3 6,4 23,3 0,0 5,9 5,6 1,5 1,8 1,6 15,3 80,1 60,1 2,8 29,5 4,7 7,2 17,7 80,7 62,3 3,0 30,4 5,3 7,3 Amérique du Sud AMÉRIQUES 6,4 6,2 1,6 1,9 0,0 6,4 16,9 80,7 66,7 5,1 29,7 5,8 7,2 5,8 5,5 1,5 1,8 0,0 1,6 Amérique septentrionale AMÉRIQUES 10,8 9,9 10,0 13,0 15,9 14,7 26,2 30,9 53,2 95,0 5,7 6,0 21,1 20,8 0,0 12,1 9,3 2000 Amérique centrale AMÉRIQUES 22,9 0,0 8,5 7,6 1998 7,0 15,9 83,6 68,9 5,4 31,4 7,0 8,2 7,0 5,6 1,5 1,8 3,2 3,2 12,4 10,2 13,7 10,4 11,7 13,7 55,0 20,0 28,1 43,7 60,2 6,1 6,4 21,5 24,9 25,3 0,0 15,1 11,6 2001 8,5 16,3 89,1 70,2 5,3 32,3 7,6 9,2 6,0 5,6 1,5 1,9 0,0 4,7 14,9 12,4 12,5 10,6 11,3 12,8 56,0 23,7 30,8 42,5 47,3 5,8 6,3 25,0 33,1 36,9 9,0 13,7 5,3 13,8 72,8 56,4 5,2 33,1 7,3 7,6 5,9 5,7 1,4 1,7 1,5 3,1 13,8 10,8 18,7 12,0 11,3 12,2 33,6 27,8 35,0 43,0 55,9 7,3 7,2 21,8 24,9 28,3 0,0 17,5 2003 Année 13,1 2002 8,0 29,8 17,9 65,6 47,7 5,3 31,1 22,5 5,8 5,9 5,8 5,5 1,6 2,0 1,5 3,1 12,4 9,7 18,8 12,1 10,6 11,1 32,0 27,5 36,3 57,7 64,6 6,5 6,6 14,5 28,7 33,2 22,3 19,9 2004 5,7 22,3 18,4 52,5 42,1 5,8 3,5 29,2 22,4 6,5 5,2 5,5 6,0 5,6 2,1 3,0 4,7 13,5 11,2 17,5 13,4 10,5 10,6 35,1 34,6 42,0 61,3 62,4 7,7 7,8 16,6 28,8 31,4 0,0 30,2 29,3 2005 20,1 21,2 55,3 40,0 5,6 3,6 31,2 22,7 5,7 5,0 5,3 6,0 5,7 1,9 4,7 12,7 11,3 13,2 13,1 11,2 10,9 43,0 33,3 45,1 63,8 64,7 8,0 8,0 16,3 32,1 40,1 30,2 28,1 2006 13,1 20,7 54,0 38,8 4,5 3,7 29,3 22,3 7,6 4,5 5,3 5,9 5,6 1,8 4,7 15,5 13,3 12,8 8,1 9,4 50,1 33,8 43,3 65,9 57,3 7,1 8,3 11,9 33,1 39,2 29,5 2007 14,6 21,7 35,9 3,5 29,9 22,8 3,2 7,5 4,4 5,8 5,3 1,8 7,7 20,2 19,2 13,1 12,7 11,9 19,7 61,3 40,7 46,0 64,2 51,9 8,7 11,3 12,6 34,4 8,9 41,1 2008 18,4 34,6 3,7 22,7 6,9 5,5 5,0 1,8 9,3 23,6 14,0 17,7 14,4 70,7 46,3 70,9 11,4 31,8 37,9 2009 18,2 33,4 8,9 4,6 7,7 21,6 13,2 21,5 18,1 82,1 41,4 66,0 11,3 41,7 35,2 2010 ANNEXE STATISTIQUE 107 9 108 Cambodge Brunéi Darussalam ONG (e) OMS † JP SP CTS OMS-MDB JP SP OMS-MDB SP OMS † Police naonale JP SP République de Corée CTS BNS JP JP Macao (Chine) CTS OMS-MDB JP OMS-MDB SP CTS/Police naonale JP SP Mongolie Japon Hong Kong (Chine) OMS † BNS BNS OMS JP OMS-HFA SP SP CTS/Transmonee JP OMS SP OMS-HFA Transmonee JP 11,1 3,6 1,9 0,6 0,5 1,2 8,3 6,8 5,0 7,9 9,1 4,7 3,0 2,0 0,6 0,5 1,2 8,4 6,5 4,9 7,2 15,7 8,3 15,3 16,7 6,8 2,6 2,2 0,6 0,5 1,6 7,9 5,0 4,4 6,2 13,9 8,4 11,5 9,3 19,8 19,4 25,0 ASIE 19,2 15,7 ASIE 3,9 4,1 8,0 8,5 5,8 9,2 8,8 17,8 ASIE 1,8 9,7 0,7 0,5 0,9 5,7 6,6 1,3 4,8 1,3 Asie du Sud-Est 2,2 0,7 0,6 1,0 6,1 Asie orientale 4,5 4,4 7,6 11,1 8,1 9,5 8,8 19,7 16,6 Asie centrale 13,7 32,9 4,6 1,2 1,9 2,0 0,7 0,5 0,6 5,1 3,8 4,3 7,7 6,4 4,6 9,6 8,3 17,9 15,5 29,3 32,1 3,2 1,7 2,3 0,6 0,5 0,8 1,0 4,8 3,9 4,3 7,1 5,7 3,7 8,2 7,7 16,6 14,5 29,4 3,3 1,8 2,1 0,6 0,5 1,0 1,0 5,1 2,0 3,8 4,2 5,8 4,5 2,9 7,6 8,2 13,8 13,2 34,1 38,1 6,9 3,1 11,9 2,7 4,3 19,8 20,5 3,9 0,6 1,9 2,1 0,6 0,5 0,9 0,8 4,7 1,9 2,7 3,8 5,3 3,5 2,6 7,6 8,4 14,7 13,3 34,6 44,1 4,7 5,9 4,1 12,3 2,9 4,9 21,0 24,1 27,8 2003 Année 19,2 2002 7,8 8,3 16,0 13,9 32,5 37,1 4,6 6,0 1,6 14,4 3,0 5,6 22,4 20,9 14,1 17,6 2004 3,9 1,4 2,0 2,3 13,2 2,1 0,6 0,5 0,6 0,7 4,0 1,9 3,0 3,7 5,1 3,1 2,2 JP SP 16,7 21,1 18,4 14,1 4,9 6,6 4,9 16,7 3,0 4,9 20,7 9,1 10,7 2001 2,2 7,5 22,0 14,8 5,4 4,6 4,6 3,2 5,0 20,1 10,1 2000 CTS 16,9 11,7 22,4 15,4 20,3 5,8 6,9 2,6 5,1 17,5 4,5 12,4 1999 Transmonee OMS-HFA JP CTS/Transmonee JP OMS-HFA SP Transmonee JP PAHO SP ONG (d) JP SP 4,7 8,4 5,4 18,5 2,9 15,5 1998 5,5 4,4 4,7 4,2 18,0 3,8 11,9 1997 6,4 PAHO 4,7 3,3 4,4 20,0 4,3 12,1 1996 JP Ministère de l’intérieur/SES 4,8 5,5 18,6 7,2 15,0 1995 SP OEA PAHO JP PAHO SP Police naonale/SES JP SP OEA PAHO JP PAHO SP SP OEA/BNS Source JP République populaire démocraque de Corée SP Taïwan (Province de Chine) Chine Ouzbékistan Turkménistan Tadjikistan Kirghizistan Kazakhstan Venezuela (République bolivarienne du) Uruguay Suriname Pérou Paraguay Guyana Pays/Territoire 3,4 0,0 2,0 2,3 15,6 0,5 0,5 0,6 0,5 4,0 1,6 3,4 3,5 4,9 2,4 2,4 1,9 8,8 9,7 14,3 12,2 31,9 37,4 5,7 2,2 13,8 2,9 5,8 17,6 18,2 18,7 19,0 2005 0,5 1,8 2,3 13,0 0,5 0,4 0,5 0,5 4,0 1,4 3,3 4,4 4,3 2,8 7,6 8,8 13,3 11,5 32,8 45,2 6,1 12,3 2,7 5,9 16,1 15,5 20,8 21,8 2006 2,3 10,8 2,2 0,4 0,4 0,3 0,3 3,8 1,2 3,1 2,3 1,8 7,4 8,1 12,7 10,8 34,7 47,7 5,8 8,8 3,0 5,7 16,9 14,8 15,3 2007 21,5 2,3 3,9 7,4 1,5 0,5 0,5 0,5 15,2 3,5 1,6 1,1 3,1 11,8 1,8 1,4 6,5 8,0 11,7 10,7 52,0 6,6 8,3 5,6 16,4 15,1 21,0 2008 2,9 7,6 1,9 0,4 0,7 3,6 1,4 8,0 7,9 49,0 6,8 4,6 5,2 13,4 15,5 2009 0,5 6,1 11,5 18,4 2010 ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide Bahrein Azerbaïdjan Arménie Sri Lanka Pakistan Népal Maldives Iran (République islamique d’) Inde CTS OMS-MDB JP SP CTS OMS-HFA JP OMS-HFA SP CTS/Transmonee JP OMS-MDB SP Police naonale JP SP BNS OMS † JP SP BNS OMS † JP SP CTS OMS JP SP BNS OMS JP OMS SP Police naonale JP SP BNS OMS † JP SP SP OMS † JP Bangladesh Bhoutan Police naonale SP OMS † CTS OMS JP OMS † SP UNPKO JP OMS-MDB SP Police naonale JP OMS-MDB SP CTS/Police naonale JP OMS-MDB SP SP CTS JP BNS OMS † JP SP CTS OMS-MDB JP SP OMS † SP OMS † Police naonale SP JP INTERPOL JP Source Afghanistan Viet Nam Timor-Leste Thaïlande Singapour Philippines Myanmar Malaisie République démocraque populaire lao Indonésie Pays/Territoire 9,4 5,3 3,6 0,8 4,4 6,0 7,6 0,9 1,5 3,8 1,9 1995 7,9 3,6 3,6 6,9 4,4 9,7 7,4 0,7 0,9 2,1 1996 0,7 6,4 3,1 3,2 4,8 6,9 2,5 2,3 4,4 6,1 7,9 0,8 1,1 2,5 1997 ASIE 11,4 8,1 1,0 1,0 14,7 7,5 2,6 1999 ASIE 4,7 6,6 2,6 4,2 0,6 6,0 3,3 3,0 0,6 4,8 3,3 2,9 Asie occidentale 4,3 7,4 2,8 4,5 1,6 3,2 2,5 3,0 5,1 6,2 2,6 4,2 3,2 2,6 8,7 8,1 1,2 0,9 17,4 7,4 2,3 1,0 2,4 2000 Asie méridionale 8,1 8,7 0,7 1,0 8,0 2,8 1998 0,9 2,7 2,4 2,9 4,1 6,5 3,4 2,5 4,0 3,2 7,9 0,9 0,8 18,2 7,4 2,0 1,6 2001 2,8 2,2 2,3 4,5 6,2 3,4 2,8 3,9 3,1 7,8 7,0 1,0 0,5 18,4 8,1 1,8 0,5 2,6 1,9 2,2 3,7 6,1 2,9 1,4 3,5 0,8 9,8 1,1 0,6 17,9 7,8 1,7 1,6 0,7 2003 Année 1,3 2002 1,0 1,9 2,4 6,2 3,5 3,6 2,3 2,8 2,4 6,5 0,5 7,6 1,6 1,6 0,6 2004 0,6 1,8 6,2 6,1 3,3 3,5 1,7 2,6 1,7 4,6 7,2 0,5 7,5 1,5 1,4 1,9 2005 0,9 1,9 2,4 10,2 6,2 2,3 3,5 1,3 2,9 1,9 4,7 9,3 7,0 0,4 7,1 1,7 1,8 2,3 2006 0,4 2,1 2,3 8,2 6,4 3,1 1,0 3,4 1,2 2,7 5,8 6,5 0,4 6,7 1,6 2007 0,6 2,1 1,8 2,5 7,3 3,6 7,2 8,5 3,2 0,7 1,6 1,4 4,4 3,4 4,8 1,0 8,4 2,8 2,4 1,6 6,9 3,2 5,8 0,4 6,5 10,2 4,6 8,1 2008 2,2 4,6 7,3 2,8 3,0 3,4 2,9 2,9 5,4 0,5 5,4 2009 2,7 3,5 5,3 0,5 2010 ANNEXE STATISTIQUE 109 9 110 République de Moldova Pologne Hongrie République tchèque Bulgarie Bélarus Yémen Émirats arabes unis Turquie République arabe syrienne Arabie saoudite 2,2 0,9 1,5 1,6 0,5 2,5 4,2 5,0 1998 2,1 0,9 0,5 1,7 2,1 2,2 2,3 3,5 5,1 1999 2,2 0,9 0,2 1,3 3,3 2,4 3,2 5,0 2000 2,3 1,1 0,6 1,8 6,0 3,6 3,9 5,6 2001 2,2 1,3 0,7 1,3 7,9 3,6 6,3 2002 2,3 1,1 0,6 2,7 5,3 3,2 2,4 1,3 0,8 4,2 3,1 4,5 3,8 2,7 6,2 1,5 1,6 2004 Année 6,6 2003 2,3 1,2 0,7 4,1 3,8 2,9 1,3 3,1 2,5 9,0 1,7 1,9 2005 2,4 1,0 0,2 2,1 1,8 1,8 2,9 2,8 7,3 1,6 1,4 2006 1,0 2,5 0,7 2,6 3,1 0,7 1,9 7,5 1,4 1,2 2007 CTS OMS-HFA JP SP CTS OMS-HFA JP SP CTS OMS-HFA JP SP CTS OMS-HFA JP OMS-HFA SP CTS/Eurostat JP SP CTS OMS-HFA JP OMS † SP SP BNS JP CTS OMS † JP SP CTS OMS JP OMS 17,6 9,3 2,8 2,2 3,2 2,9 1,8 4,6 5,9 11,8 14,4 9,2 2,7 2,3 3,0 2,6 1,6 4,9 5,3 11,3 10,0 13,5 9,7 2,1 3,0 2,8 1,5 4,3 4,9 11,9 EUROPE 12,3 8,9 4,9 3,1 2,8 1,6 3,5 4,7 12,5 10,2 10,1 11,3 12,3 10,1 2,1 9,4 5,7 2,3 2,5 2,0 1,6 3,3 4,1 11,1 4,7 2,7 2,5 1,5 2,7 4,1 11,1 9,6 Europe orientale 9,7 11,4 10,2 1,7 2,0 2,2 2,5 1,2 3,0 3,9 10,9 9,9 9,8 10,1 1,8 1,9 2,4 2,0 1,3 2,7 3,2 11,0 9,1 9,1 1,5 1,7 1,8 2,3 1,3 2,4 3,2 9,0 8,9 3,6 1,3 4,3 7,3 7,9 1,5 1,7 2,0 2,1 1,2 1,3 2,6 3,1 8,7 8,3 3,2 0,7 4,3 7,6 7,1 1,4 1,5 1,6 1,6 0,9 0,9 2,1 2,5 8,4 8,4 4,6 1,4 4,9 7,2 6,9 1,5 1,3 1,8 1,7 1,0 1,2 1,6 2,4 7,5 4,2 0,8 4,6 6,3 5,9 1,3 1,4 1,6 1,5 1,1 1,1 1,6 2,2 6,2 6,7 4,1 3,6 2,8 2,0 1,6 1,4 0,5 2,8 2,0 5,8 1997 BNS 9,5 4,4 1,9 1,1 2,1 0,6 5,4 1996 3,1 9,3 1,2 1,7 1,5 2,1 0,0 7,7 1995 CTS SP SP JP BNS OMS † JP SP CTS OMS JP SP OMS † SP Qatar CTS JP CTS JP OMS † Oman Police naonale JP OMS-MDB SP SP CTS JP Territoire palesnien occupé Liban Koweït CTS OMS SP JP OMS-HFA JP SP OMS † CTS/BNS SP Iraq Israël Jordanie OMS-HFA SP OMS-HFA SP CTS/Transmonee CTS JP Source JP Géorgie Chypre Pays/Territoire 6,7 6,4 1,2 1,2 1,8 1,5 0,8 1,0 1,4 2,3 5,6 2,1 3,9 0,3 2,9 3,3 2,6 2,7 3,0 2,7 0,6 0,9 2,2 0,7 1,7 6,0 1,1 2,2 7,1 2,3 2,0 6,0 1,2 0,8 2008 6,7 1,3 1,2 1,4 0,9 0,9 1,9 4,9 4,2 2,4 1,9 2,2 2,1 4,7 1,7 2009 7,4 2,2 2,1 4,1 2010 ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide Bosnie-Herzégovine Andorre Albanie CTS OMS SP OMS † JP INTERPOL JP OMS-HFA SP CTS/Transmonee JP OMS-HFA SP SP Eurostat Eurostat JP Royaume-Uni (Écosse) Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord Eurostat JP JP Royaume-Uni (Irlande du Nord) OMS-HFA Eurostat SP JP CTS/Eurostat OMS-HFA JP CTS/Eurostat JP SP CTS OMS-HFA JP SP CTS OMS-HFA JP SP OMS-HFA SP Royaume-Uni (Angleterre et pays de Galle) Suède Norvège Lituanie Leonie CTS/Police naonale JP OMS-HFA SP Irlande CTS BNS JP JP Groenlande CTS OMS-HFA JP OMS-HFA SP CTS/Eurostat JP OMS-HFA SP SP CTS OMS-HFA 8,4 6,7 1,1 2,6 1,5 1,5 1,1 1,1 1,0 12,4 18,7 14,0 0,8 1,2 0,0 25,2 3,2 2,9 24,3 17,1 1,2 1,1 15,3 8,7 8,0 0,9 2,6 2,3 1,3 1,3 1,1 1,0 1,0 9,7 16,3 11,7 1,0 1,2 0,7 5,4 3,6 3,0 21,2 15,1 1,2 1,3 15,2 41,0 49,9 0,7 1,8 2,5 1,4 1,1 1,0 1,0 0,9 9,5 16,6 11,0 1,0 1,0 1,2 19,7 2,7 2,7 16,3 12,7 1,3 1,7 13,1 9,5 EUROPE 12,5 9,2 2,3 2,6 26,2 3,4 2,5 1999 12,7 9,3 2,2 2,6 28,2 3,4 2,1 2000 1,0 EUROPE 0,8 2,4 2,0 1,5 1,2 1,1 0,9 0,8 8,4 13,0 10,4 1,1 1,0 0,4 0,7 21,4 2,9 2,8 17,1 11,4 1,2 18,6 19,9 15,8 16,1 1,1 10,4 1,3 4,0 9,0 1,1 2,1 2,9 1,6 1,0 1,0 1,2 1,1 9,9 12,8 9,6 1,1 1,0 1,9 1,8 24,9 2,8 2,9 13,4 Europe méridionale 0,8 1,9 4,5 1,5 1,2 1,1 1,0 0,9 8,9 13,3 11,2 1,0 1,0 10,7 2,4 2,2 19,0 14,1 1,0 0,9 Europe septentrionale 12,0 9,8 2,0 2,4 23,0 3,1 3,1 1998 7,6 6,8 0,4 2,2 3,1 1,7 0,9 0,9 0,8 0,8 10,2 12,5 10,1 1,1 1,3 0,8 0,4 30,1 3,0 3,0 15,1 10,1 0,9 1,0 12,0 9,5 2,1 2,4 29,8 3,3 2,5 2001 7,4 5,8 0,5 2,5 2,7 2,0 1,2 1,1 0,9 1,0 7,2 10,8 9,3 1,1 1,3 1,6 1,4 23,0 2,7 2,5 12,0 10,5 1,0 1,0 11,4 10,0 2,1 2,6 30,7 3,4 1,9 2,7 29,1 3,6 2,6 2003 Année 2,7 2002 5,9 4,6 0,5 2,1 1,9 1,7 1,0 0,9 1,1 1,1 9,3 10,5 9,2 1,0 1,1 0,0 10,6 2,0 2,0 11,1 10,9 1,2 1,2 10,5 7,6 9,0 2,7 2,6 23,9 3,6 3,2 1997 10,2 7,8 2,0 2,5 26,6 3,8 3,4 1996 CTS 2,1 2,4 30,8 4,1 3,4 1995 Transmonee JP SP JP OMS-HFA SP BNS CTS/Transmonee SP JP CTS OMS-HFA SP JP CTS JP Source Islande Finlande Estonie Danemark Ukraine Slovaquie Fédéraon de Russie Roumanie Pays/Territoire 1,3 4,4 3,8 0,5 2,7 2,4 1,5 1,2 1,2 0,9 0,8 8,4 10,0 9,2 8,7 0,6 0,7 1,5 1,0 21,0 2,6 2,8 7,8 6,7 0,6 0,8 10,0 9,1 7,4 1,6 2,3 27,3 2,9 2,5 2004 1,9 4,2 0,5 1,8 1,7 1,3 1,0 0,9 0,7 0,7 8,9 10,9 10,4 5,5 1,0 1,3 1,2 1,0 19,2 2,2 2,2 8,9 8,4 1,0 1,0 9,0 8,6 6,4 1,5 2,0 24,9 2,4 2,1 2005 1,9 2,8 0,5 2,3 1,4 1,3 0,9 1,0 1,0 0,7 7,4 8,5 9,6 5,6 0,9 1,5 0,4 0,0 19,2 2,0 2,3 7,4 6,8 0,7 0,5 8,5 8,1 6,3 1,6 20,2 2,0 2,0 2006 1,7 3,3 0,4 2,2 1,7 1,4 1,2 1,2 0,6 0,6 7,0 8,2 8,3 4,1 1,1 1,8 0,7 0,7 7,0 2,3 2,4 6,7 6,9 0,7 7,2 5,7 1,6 17,9 1,8 1,9 2007 1,3 1,7 1,2 2,9 0,4 1,9 1,5 1,2 0,8 0,9 0,6 0,7 7,1 8,9 7,4 4,4 0,9 1,1 0,3 0,0 10,5 2,4 2,5 6,3 6,3 1,0 7,7 7,0 5,3 1,7 16,7 11,6 2,2 2,2 2008 0,3 1,2 1,5 1,5 1,1 1,0 0,6 0,6 5,6 7,5 4,8 1,1 1,3 0,4 0,3 2,0 2,3 5,2 0,9 4,8 1,5 15,1 11,2 2,0 1,8 2009 1,2 2010 ANNEXE STATISTIQUE 111 9 112 Suisse Pays-Bas CTS/Eurostat OMS-HFA JP OMS-HFA SP SP CTS OMS † SP JP CTS OMS-HFA JP SP Monaco CTS Eurostat JP JP Liechtenstein CTS OMS-HFA JP SP Eurostat OMS-HFA JP SP CTS OMS-HFA JP OMS-HFA SP CTS/Eurostat JP OMS-HFA SP CTS/Eurostat JP SP CTS OMS-HFA JP SP CTS OMS-HFA JP SP Eurostat OMS-HFA JP OMS-HFA SP CTS/Eurostat JP SP CTS OMS-HFA JP OMS-HFA SP SP CTS OMS-HFA SP JP CTS OMS-HFA JP Luxembourg Allemagne France Belgique Autriche ex-République yougoslave de Macédoine Espagne Slovénie Serbie Portugal Monténégro Malte Italie SP OMS-HFA CTS/Eurostat SP JP CTS/Eurostat JP Croae Grèce Source Pays/Territoire 0,9 1,2 1,3 1,8 0,8 1,2 1,7 1,1 1,6 1,4 1,0 1,0 1,7 0,9 0,6 2,3 2,2 1,7 0,9 1,5 1,8 1,2 1,4 3,2 3,6 1995 1,1 1,2 1,4 1,6 0,5 0,0 1,1 1,5 1,1 2,0 2,0 1,2 1,1 1,2 2,2 0,8 0,6 2,3 1,9 1,2 1,0 1,1 1,4 1,7 1,5 1,6 2,9 2,6 1996 1,4 1,2 1,3 1,5 0,4 0,0 0,9 1,4 0,9 1,7 1,8 1,4 1,0 0,8 2,3 0,8 0,5 2,2 1,8 1,3 1,1 0,6 1,2 1,5 1,5 1,9 2,6 2,6 1997 2,6 2,5 0,8 1,1 1,3 1,3 3,0 1,1 1,1 2,3 1,2 1,4 1,1 1,4 2,6 2,7 1999 2,7 2,7 1,0 1,2 1,0 1,8 2,5 2,2 1,0 1,1 0,9 1,0 1,3 1,0 1,4 2,7 2,5 2000 0,9 1,1 1,1 1,2 1,1 0,0 0,9 1,2 0,8 1,6 1,9 1,1 1,0 1,1 1,2 1,3 1,4 0,4 3,1 0,9 1,2 0,7 1,6 2,4 0,8 0,8 0,8 1,0 1,2 1,2 1,8 0,0 0,8 1,2 0,9 1,8 2,1 0,8 1,0 Europe occidentale EUROPE 2,4 0,8 1,2 1,0 0,7 3,4 1,4 1,2 1,6 1,3 1,5 1,3 1,6 3,1 2,9 1998 1,1 1,2 1,3 1,2 2,4 0,0 0,7 1,1 0,9 1,8 2,8 1,0 0,9 6,4 3,0 1,0 0,8 1,4 2,7 2,4 1,3 1,0 2,9 1,5 0,9 1,2 0,9 1,3 1,9 1,9 2001 1,3 0,9 1,2 1,3 1,0 2,1 0,0 0,8 1,2 0,8 1,9 3,1 0,9 0,8 3,0 3,5 1,0 1,4 1,8 2,1 2,0 1,6 1,1 1,4 1,5 1,0 1,1 0,7 1,0 0,7 1,0 1,2 1,3 1,0 0,0 0,7 1,0 0,8 1,6 2,2 0,6 0,6 3,3 2,4 1,0 1,2 1,1 2,2 1,8 1,5 1,4 3,2 0,0 1,1 1,2 1,0 1,1 1,6 1,5 2003 Année 1,8 2002 1,0 1,1 1,2 1,4 2,8 0,5 2,9 0,7 1,1 0,7 1,6 1,7 2,6 0,7 0,7 2,8 1,4 1,8 1,4 1,6 1,9 0,9 1,4 2,2 1,5 1,7 1,2 0,8 1,0 1,7 1,9 2004 1,0 1,0 1,1 1,2 2,8 1,5 0,0 0,6 1,1 0,7 1,6 1,6 2,1 0,8 0,7 2,6 0,8 0,9 1,1 1,0 1,9 1,6 1,3 3,8 3,5 0,5 1,0 1,0 1,0 1,1 1,3 1,5 2005 0,6 0,8 0,8 1,0 2,8 1,5 1,5 0,0 0,6 1,0 0,7 1,4 2,1 0,8 0,7 2,5 0,8 0,8 0,5 0,6 1,8 1,6 1,5 4,0 0,0 0,9 1,1 0,7 1,0 1,8 1,7 2006 0,6 0,7 1,0 1,0 0,0 1,3 1,5 0,0 0,9 0,6 1,3 2,0 0,6 0,5 2,1 0,7 0,8 0,9 1,2 2,4 1,9 0,9 1,7 0,5 1,6 0,5 1,0 0,9 1,1 1,0 1,0 1,4 1,4 2007 0,7 1,0 1,1 0,0 0,0 1,5 2,5 2,8 0,9 0,7 1,4 1,9 0,5 0,5 1,8 0,8 0,9 0,6 0,5 1,7 1,5 1,4 1,2 2,3 3,7 1,4 1,4 1,0 1,2 1,0 1,7 1,6 2008 1,0 1,1 0,9 1,7 0,7 0,5 1,8 0,9 0,6 1,0 1,2 3,5 1,0 1,0 1,4 1,1 1,1 2009 0,8 1,9 2010 ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide 1998 OCÉANIE 1999 2000 1,8 1,4 1,3 1,6 1,6 1,6 1,6 1,2 1,8 1,5 1,5 1,5 4,9 3,1 1,4 1,1 1,3 4,4 2,8 1,2 1,1 0,8 1,3 2004 5,5 1,8 1,5 1,3 2005 4,8 9,8 1,2 0,7 1,4 2006 5,2 8,1 1,1 1,2 2007 JP SP SP Polynésie française Samoa Tonga OMS OMS † Police naonale Polynésie 1,0 1,1 3,4 9,8 0,0 OMS 2,7 0,6 OMS † 1,2 6,4 7,3 4,2 0,9 5,4 OMS † OCÉANIE Micronésie OMS Police naonale 1,5 1,2 2009 2010 † †Les informations de ce pays ne précisent généralement pas les causes de la mort. Les estimations sont basées sur une modélisation des causes de décès et des données d’enregistrement des décès en provenance d’autres pays de la région. D’autres informations au niveau du pays et des données sur les causes spécifiques ont également été utilisées. SP SP Micronésie (États fédérés de) SP SP Kiriba Nauru JP Guam Palau SP 3,7 13,0 0,9 1,2 1,2 2008 0,9 5,1 1,4 1,3 1,6 2003 Année OMS † 1,3 1,5 1,3 1,6 2002 1,0 OCÉANIE Mélanésie OCÉANIE 1,5 1,4 1,6 2001 OMS † 1,9 1,8 1,7 1,5 Australie et Nouvelle-Zélande 1,7 1997 SP 1,5 1,7 1996 CTS OMS † SP 1,1 1,8 1995 JP Police naonale OMS JP Interpol JP SP OMS-MDB Vanuatu Îles Salomon Papouasie-Nouvelle-Guinée Fidji Police naonale JP OMS-MDB SP SP CTS/BNS JP Australie Nouvelle-Zélande Source Pays/Territoire ANNEXE STATISTIQUE 113 9 114 CTS/Ministère de la jusce Police naonale JP JP JP JP JP JP JP JP SP JP JP SP JP JP JP SP JP JP JP JP JP JP JP Zambie Zimbabwe République démocraque du Congo Algérie Égypte Afrique du Sud Libéria Sierra Leone Anguila Bahamas Barbade Cuba République dominicaine Grenade Jamaïque Porto Rico Saint-Kis-et-Nevis Saint-Vincent-et-les Grenadines Trinité-et-Tobago Belize Costa Rica El Salvador Guatemala CTS/Police naonale CTS/OEA OEA OEA Police naonale PAHO CTS/Police naonale OEA SES/Police naonale PAHO CTS OEA PAHO CTS UNPKO Police naonale CTS CTS UNPKO CTS Police naonale CTS/Police naonale JP Ouganda CTS JP Source Maurice Pays/Territoire 47,3 41,5 1995 50,3 44,2 1996 1998 AFRIQUE 1999 68,3 AFRIQUE Afrique centrale AFRIQUE 72,2 Afrique orientale 1997 49,4 AFRIQUE 49,6 39,1 51,4 72,3 52,7 69,3 51,4 Amérique centrale AMÉRIQUES 35,0 Caraïbes AMÉRIQUES Afrique occidentale 45,6 Afrique australe AFRIQUE Afrique septentrionale 9.2. Pourcentage des homicides par arme à feu (1995-2010) 72,6 40,0 49,3 65,6 2000 74,9 45,7 52,1 48,0 2001 75,5 50,8 50,8 0,0 47,0 2002 81,4 49,0 0,0 49,0 65,6 2,0 15,7 2003 80,8 53,6 45,6 69,0 63,6 75,5 16,7 48,0 45,0 2,0 21,8 5,6 18,0 2004 79,4 77,0 58,5 50,6 70,5 75,0 94,8 76,3 9,1 46,4 59,1 19,4 5,4 0,0 2005 78,3 78,2 57,3 40,2 72,5 76,5 75,2 8,3 24,0 47,2 60,0 20,7 4,9 14,0 2,0 2006 82,6 42,3 78,3 75,0 78,9 18,2 4,4 10,0 45,0 64,5 3,6 24,8 4,6 12,8 2007 83,2 76,9 64,1 79,5 78,3 77,4 7,1 75,1 87,7 7,9 76,2 4,8 17,1 7,4 12,7 2008 83,2 48,5 72,1 30,0 85,2 76,7 0,0 69,5 61,2 10,3 69,1 22,2 4,8 10,5 2009 84,0 52,3 85,0 75,6 0,0 65,5 13,2 33,2 11,7 2010 ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide JP JP JP SP JP JP JP JP Uruguay Venezuela (République bolivarienne du) Kazakhstan Kirghizistan Tadjikistan Turkménistan Taïwan (Province de Chine) Chine (Hong Kong) JP JP Bangladesh Inde JP JP SP Philippines Singapour SP Malaisie Viet Nam JP JP Brunéi Darussalam Cambodge SP JP Pérou République de Corée OMS-MDB JP Paraguay SP SP Guyana JP JP Équateur Japon JP Colombie Mongolie CTS/Police naonale SP Chili Police naonale Police naonale CTS CTS/Police naonale OMS-MDB OMS-MDB ONG CTS OMS-MDB CTS BNS Transmonee CTS OMS-HFA Transmonee ONG Ministère de l’intérieur CTS/SES CTS/SES PAHO CTS/SES Police naonale PAHO Ministère de la santé CTS Police naonale JP JP États-Unis d’Amérique CTS SP JP Canada Police naonale Police naonale Police naonale CTS/Police naonale Argenne JP Bermudes Source Police naonale/OCAVI Brésil JP JP Nicaragua JP Mexique Panama JP Pays/Territoire Honduras 5,5 4,1 7,1 31,2 1995 46,2 1998 AMÉRIQUES 29,9 1997 60,1 1999 5,0 5,5 7,0 36,0 ASIE 60,0 29,8 ASIE ASIE 8,4 58,4 Asie du Sud-Est 4,5 2,0 Asie orientale 8,4 Asie centrale 35,6 21,2 47,7 10,3 63,6 34,2 Amérique septentrionale 1996 43,6 2,7 43,4 2,3 10,4 39,3 61,0 26,0 2000 36,9 7,2 12,8 83,5 30,4 25,3 2001 32,9 6,0 14,5 47,2 27,5 19,8 2002 0,0 49,9 36,7 5,8 5,8 16,9 44,2 58,4 28,6 50,0 23,7 2003 20,8 0,0 7,3 0,0 23,6 19,7 46,5 35,8 61,6 84,0 69,9 58,1 30,2 0,0 60,1 24,5 2004 14,3 53,2 0,0 0,0 4,9 20,4 2,1 12,9 5,4 38,4 60,3 61,3 80,8 81,5 37,3 69,4 49,4 60,7 36,2 57,1 28,5 76,0 2005 13,9 52,9 5,9 13,4 0,0 1,7 1,9 16,4 2,4 25,3 4,0 32,0 63,3 68,6 79,6 70,3 49,4 60,0 33,5 68,7 30,7 78,2 2006 12,0 3,4 17,4 14,3 13,2 36,8 80,3 70,8 49,1 59,8 34,7 65,1 39,4 75,0 2007 10,0 4,3 1,8 15,9 9,5 8,3 12,5 32,9 68,7 79,9 70,8 52,0 58,3 35,3 79,4 35,2 38,6 80,3 2008 7,6 1,4 15,6 79,5 50,8 56,1 81,0 60,0 32,0 81,5 42,1 54,6 81,4 2009 81,1 75,0 54,9 83,4 2010 ANNEXE STATISTIQUE 115 9 116 JP JP JP JP JP SP JP JP JP Irlande Leonie Lituanie Norvège Suède Royaume-Uni (Angleterre et Pays-de-Galle) Royaume-Uni (Irlande du Nord) SP Estonie Finlande JP Danemark Islande JP JP Slovaquie Ukraine JP JP République de Moldova JP Pologne Roumanie JP JP République tchèque Hongrie JP Bulgarie JP Territoire palesnien occupé JP JP Liban Bélarus CTS JP Jordanie JP SP Israël JP JP Géorgie Qatar JP Chypre Turquie CTS JP Bahreïn CTS Eurostat Eurostat CTS/Eurostat OMS-HFA 9,3 50,2 16,1 CTS CTS 27,9 23,3 6,3 CTS/Police naonale CTS CTS OMS-HFA CTS CTS CTS CTS CTS CTS 7,2 28,9 47,2 15,6 38,1 31,9 5,5 7,6 1999 4,6 5,9 14,2 14,2 4,5 8,2 19,0 20,8 17,3 8,0 19,8 6,5 37,6 13,8 33,5 7,9 19,5 28,6 23,7 21,6 8,1 27,2 14,8 31,6 21,2 Europe septentrionale EUROPE 5,4 5,3 27,6 6,4 Europe orientale EUROPE 66,7 22,4 13,1 24,1 3,8 4,8 21,5 19,0 2000 12,6 5,5 2001 18,7 3,8 2002 20,6 4,8 19,0 50,0 30,5 71,4 7,7 13,3 2003 10,8 39,3 4,2 16,4 8,3 16,9 58,6 5,5 12,8 5,0 15,5 36,4 7,5 48,2 2,0 8,4 46,7 0,0 17,5 3,6 27,4 1,2 4,5 14,5 9,3 6,7 ASIE 1998 Asie occidentale 1997 19,8 24,0 6,8 70,0 1996 CTS 21,7 8,3 100,0 1995 CTS CTS CTS CTS (Vicmes) Police naonale CTS OMS-HFA CTS CTS CTS CTS JP JP Arménie Azerbaïdjan BNS CTS/Police naonale JP JP Népal Sri Lanka Source CTS JP Pays/Territoire Maldives 14,6 9,4 33,9 5,0 3,5 30,0 0,0 19,6 3,0 25,4 0,5 6,6 10,6 5,3 13,7 18,8 5,3 18,5 16,7 66,9 28,5 50,0 8,0 25,3 21,1 2004 24,1 7,1 3,0 10,3 42,3 0,0 10,3 20,8 3,3 11,3 1,5 4,9 9,7 12,8 12,4 21,9 1,3 14,9 72,4 5,1 38,8 23,3 62,5 8,9 14,5 11,5 2005 0,0 8,3 3,2 3,1 43,5 0,0 15,8 27,6 4,7 11,2 1,6 4,3 9,8 5,7 14,3 24,0 0,8 16,9 36,5 25,4 35,7 9,5 21,3 13,3 2006 13,3 7,1 8,1 2,6 4,3 23,4 0,0 18,8 17,9 2,8 1,7 2,8 10,3 7,8 16,3 32,0 2,5 11,7 14,2 27,3 25,0 12,5 23,9 22,2 2007 3,8 5,9 1,4 8,1 42,0 0,0 22,7 3,9 11,1 3,4 1,3 2,1 7,0 8,2 16,8 29,7 2,8 17,1 33,3 0,0 6,5 17,9 62,5 2008 4,5 6,6 2,5 4,6 0,0 19,8 31,9 4,5 1,3 3,3 7,1 5,0 11,0 2,5 16,1 26,3 13,0 2009 13,3 2010 ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide OMS-HFA CTS JP SP Croae Grèce CTS CTS CTS CTS JP JP JP Portugal Serbie Slovénie OMS-HFA OMS-HFA JP SP Autriche Belgique JP Îles Salomon BNS JP JP Australie Nouvelle-Zélande CTS/Eurostat JP JP Pays-Bas Suisse Eurostat CTS Police naonale CTS CTS JP JP Luxembourg Eurostat JP Liechtenstein Monaco CTS SP JP France Allemagne CTS CTS/Ministère de l’intérieur JP JP Espagne ex-République yougoslave de Macédoine CTS JP JP Italie Malte CTS CTS JP Bosnie-Herzégovine CTS JP Source Albanie Pays/Territoire 22,5 17,8 58,6 37,3 1995 1998 1999 35,3 18,1 71,3 86,8 41,2 OCÉANIE 47,1 80,9 41,2 Europe occidentale EUROPE 19,8 71,1 Europe méridionale EUROPE 1997 16,4 31,7 19,7 23,4 7,5 18,9 10,0 18,1 Australie et Nouvelle Zélande 46,6 1996 13,5 19,9 58,0 40,0 47,3 19,6 71,2 2000 11,8 16,1 54,7 38,1 31,4 65,7 78,8 2001 16,7 13,2 79,1 29,4 38,5 65,7 75,4 2002 12,3 64,4 33,8 23,8 53,0 65,9 78,3 2003 0,0 12,1 72,2 29,9 100 30,5 39,5 55,4 25,0 50,0 57,1 66,9 48,2 2004 0,0 14,8 8,9 32,3 0,0 0,0 28,6 24,1 60,4 15,6 55,0 26,1 50,4 0,0 66,2 47,1 25,7 2005 0,0 18,4 16,4 26,9 0,0 11,1 0,0 29,4 29,5 54,9 17,9 25,0 32,6 51,6 0,0 66,7 34,9 50,0 24,7 2006 0,0 10,4 13,3 28,7 28,6 0,0 26,9 9,6 61,9 17,4 36,0 29,0 28,6 50,0 46,8 61,2 2007 0,0 13,5 11,8 29,5 42,9 100 26,1 47,2 16,7 18,2 38,3 43,5 83,3 38,0 65,9 2008 11,5 30,7 29,9 36,1 21,8 15,4 33,1 33,8 0,0 34,7 2009 26,3 62,5 2010 ANNEXE STATISTIQUE 117 9 ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide 9.3. Taux d’homicides dans les villes les plus peuplées, par pays (2000-2010) Pays/Territoire Ville Année Source 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 AFRIQUE Afrique orientale 7,1 Kenya Nairobi CTS Maurice Port Louis CTS Ouganda Kampala Police naonale République-Unie de Tanzanie Dar-es-Salam ONG Zambie Lusaka Police naonale 7,0 6,1 4,1 4,0 5,4 3,4 5,4 9,4 7,4 13,4 15,3 3,1 9,5 12,9 8,5 8,1 8,6 10,8 8,1 AFRIQUE Afrique centrale République démocraque du Congo Kinshasa UN-PKO 1,6 AFRIQUE Afrique septentrionale Algérie Alger CTS 0,8 0,5 0,4 0,5 Égypte Le Caire CTS 0,2 0,4 0,3 0,7 0,7 0,7 0,6 Maroc Casablanca CTS 1,0 1,0 1,2 0,8 1,1 1,0 1,4 Soudan Khartoum CTS 5,0 AFRIQUE Afrique australe Botswana Gaborone CTS Lesotho Maseru CTS 16,1 Afrique du Sud Le Cap Police naonale 64,1 77,0 86,0 60,0 55,0 55,4 61,0 59,7 61,9 59,9 AFRIQUE Afrique occidentale Ghana Accra Police naonale 1,3 1,3 Libéria Monrovia UNPKO 4,6 6,7 5,7 Sierra Leone Freetown CTS 5,8 8,0 4,9 AMÉRIQUES Caraïbes Bahamas Nassau CTS République dominicaine Santo Domingo CTS 28,5 Haï Port-au-Prince UNPKO Jamaïque Kingston CTS/Police naonale 33,7 37,3 29,7 50,8 33,1 23,8 13,1 24,1 40,1 43,1 29,0 26,8 20,2 47,4 Saint-Kis-et-Nevis Basseterre Police naonale 26,6 32,5 25,6 50,6 50,0 97,6 Trinité-et-Tobago Port d’Espagne CTS 28,5 43,3 36,7 31,9 60,7 47,0 54,0 60,3 61,9 65,1 70,5 81,0 6,2 6,7 102,1 108,0 115,3 109,0 118,3 AMÉRIQUES Amérique centrale Belize Belize (ville) CTS Costa Rica San José CTS El Salvador San Salvador CTS Guatemala Guatemala (ville) CTS/Police naonale Honduras Tegucigalpa Police naonale Mexique Mexique CTS Nicaragua Managua CTS Panama Panama (ville) CTS 88,2 94,7 106,4 94,6 116,6 72,7 8,0 13,1 7,9 7,3 11,7 14,1 15,8 15,0 8,0 8,0 8,4 18,1 27,0 34,6 AMÉRIQUES Amérique septentrionale Canada Toronto CTS 1,7 1,7 1,9 1,8 1,9 1,8 1,5 États-Unis d’Amérique New-York CTS 7,2 6,8 6,5 7,1 5,9 6,3 5,6 3,9 AMÉRIQUES Amérique du Sud 118 Argenne Buenos Aires CTS 4,3 3,8 Bolivie (État plurinaonal de) La Paz CTS 5,5 5,2 Brésil Sao Paolo Police naonale 20,8 16,8 13,9 11,6 10,5 10,8 Colombie Bogotá Police naonale 22,3 23,2 18,8 18,2 17,8 17,4 Équateur Quito CTS 11,4 13,8 13,1 10,6 88,0 107,0 127,0 122,0 Paraguay Asunción CTS Pérou Lima BNS Uruguay Montevideo Ministère de l’intérieur Venezuela (République bolivarienne du) Caracas ONG 3,9 6,5 113,0 92,0 118,0 119,0 90,0 130,5 17,1 ANNEXE STATISTIQUE Pays/Territoire Ville Année Source 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 ASIE Asie centrale Kazakhstan Almaty CTS Kirghizistan Bishkek CTS Tadjikistan Dushanbe CTS Turkménistan Ashkhabad CTS 9,4 9,9 8,2 11,5 10,9 8,7 11,3 15,3 12,2 11,0 10,5 6,0 6,0 5,0 3,4 3,6 3,5 3,7 ASIE Asie orientale Japon Tokyo CTS Mongolie Oulan-Bator CTS République de Corée Séoul CTS 16,8 15,5 0,4 0,4 0,4 0,6 0,4 16,3 15,7 14,8 11,5 10,2 2,4 ASIE Asie du Sud-Est Indonésie Jakarta ONG Malaisie Kuala-Lumpur CTS Myanmar Yangon BNS Philippines Quezon CTS Thaïlande Bangkok CTS Timor-Leste Dili UN-PKO 0,7 3,0 4,4 3,0 2,0 1,9 2,0 5,3 5,5 5,8 5,0 4,5 4,0 2,9 1,2 11,3 ASIE Asie méridionale Bangladesh Dhaka CTS Inde Mumbai CTS Maldives Male CTS 1,5 Népal Katmandou CTS Sri-Lanka Colombo Police naonale 3,6 5,3 1,3 1,5 19,2 1,4 1,3 6,7 5,0 1,3 2,2 2,2 1,2 0,9 18,5 2,6 ASIE Asie occidentale Arménie Erevan CTS 0,6 0,8 0,9 1,2 Azerbaïdjan Bakou CTS 3,5 3,5 3,3 3,3 Chypre Nicosie CTS Géorgie Tbilissi CTS Israël Tel-Aviv CTS Jordanie Amman CTS Koweït Koweït (ville) CTS Territoire palesnien occupé Hébron CTS 1,3 4,6 4,8 0,3 1,0 2,6 1,0 1,0 1,3 13,1 7,8 8,2 4,9 5,0 6,1 3,8 4,3 4,6 1,5 1,8 1,0 1,1 1,3 1,2 0,6 Oman Mascate CTS 0,6 Doha CTS 1,3 1,1 République arabe syrienne Alep CTS 2,9 2,5 5,2 4,7 Turquie Istanbul CTS Dubaï CTS 1,2 3,2 Qatar Émirats arabes unis 3,4 6,7 6,8 7,3 6,7 1,9 1,5 8,7 10,1 10,3 5,8 6,6 5,7 3,0 3,1 2,2 1,9 2,2 1,8 EUROPE Europe orientale Bélarus Minsk CTS Bulgarie Sofia CTS 3,8 République tchèque Prague CTS 3,9 4,1 3,1 3,3 3,3 2,6 2,7 Hongrie Budapest Eurostat/CTS 2,3 1,9 1,8 1,8 1,0 1,5 2,1 2,9 2,1 2,2 2,1 2,2 1,5 1,9 9,4 7,3 7,2 6,5 4,6 5,5 1,3 1,2 1,4 1,3 1,1 0,9 0,9 8,8 7,4 7,4 6,0 6,0 4,6 4,0 4,2 2,6 3,5 3,8 2,1 2,1 5,0 4,4 4,4 3,4 3,4 4,2 Pologne Varsovie Eurostat/CTS République de Moldova Chishinau CTS Roumanie Bucarest Eurostat/CTS Fédéraon de Russie Moscú CTS Slovaquie Braslava CTS Ukraine Kiev CTS 5,3 EUROPE Europe septentrionale Danemark Copenhague Eurostat Estonie Tallinn Eurostat/CTS Finlande Helsinki CTS Islande Reykjavik CTS 1,6 1,2 3,2 1,8 1,4 1,6 10,6 8,6 10,1 7,3 8,8 6,0 3,9 2,3 2,5 1,8 2,8 1,2 1,0 0,0 1,0 0,0 0,5 Irlande Dublin Eurostat 2,4 1,8 2,8 2,7 2,5 2,1 Le¦onie Riga Eurostat 12,9 10,5 5,2 7,6 5,4 4,8 7,3 5,4 119 9 ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide Année Pays/Territorie Ville Source Lituanie Vilnius Eurostat/CTS 2000 2001 2002 2003 9,8 2004 8,5 2005 8,5 2006 6,9 2007 7,4 2008 10,6 2009 Norvège Oslo CTS 2,0 1,4 1,6 1,6 1,4 2,1 1,2 Royaume-Uni (Angleterre et Pays-de-Galles) Londres CTS 2,9 2,6 2,4 2,2 2,2 2,1 1,6 2,9 Royaume-Uni (Irlande du Nord) Belfast CTS Royaume-Uni (Écosse) Glasgow CTS 2010 5,4 2,2 4,9 4,1 2,2 1,5 2,6 4,0 3,1 4,5 4,1 4,1 3,3 1,1 1,6 2,8 EUROPE Europe méridionale Albanie Tirana CTS Bosnie-Herzégovine Sarajevo CTS 1,8 2,0 Croae Zagreb CTS 1,9 0,9 2,1 1,4 0,8 1,9 Grèce Athènes Eurostat 0,9 0,9 1,1 1,0 0,9 1,3 0,6 Italie Rome Eurostat 1,1 1,2 1,4 1,2 1,3 1,1 Monténégro Podgorica CTS 5,0 3,9 6,7 5,5 0,5 3,5 0,6 0,5 0,7 0,8 0,6 0,5 2,9 2,8 2,4 2,2 1,4 1,5 0,4 1,1 0,0 0,4 1,1 1,2 1,1 1,2 1,0 2,8 4,0 4,0 2,3 2,3 Portugal Lisbonne Eurostat/CTS Serbie Belgrade CTS Slovénie Ljubljana CTS Espagne Madrid CTS ex-République yougoslave de Macédoine Skopje Ministère de l’intérieur 1,1 2,6 3,4 0,2 2,3 EUROPE Europe occidentale Autriche Vienne CTS Belgique Bruxelles CTS France Paris CTS Allemagne Berlin CTS Pays-Bas Amsterdam Eurostat/BNS 1,1 0,9 1,3 1,1 1,2 0,9 1,1 3,4 4,2 6,9 4,8 3,9 3,1 3,6 1,9 3,9 3,0 2,6 1,0 1,6 1,3 1,5 1,6 2,2 2,3 2,0 2,0 2,0 1,8 1,5 1,2 1,2 1,8 5,3 3,7 4,3 2,3 4,4 2,7 4,4 1,4 1,1 1,2 1,4 1,1 1,3 1,6 0,8 1,3 5,2 20,8 33,0 19,1 OCÉANIE Australie et Nouvelle-Zélande Australie Sydney BNS Nouvelle-Zélande Auckland CTS OCÉANIE Mélanésie Îles Salomon 120 Honiara CTS 3,5 1,1 ANNEXE STATISTIQUE 9.4. Pourcentage de victimes d’homicides volontaires, de sexe masculin, féminin ou indéterminé Pays/Territoire Source Année Hommes Femmes Non déterminé AFRIQUE Afrique orientale Burundi Comores Djibou Érythrée Éthiopie Kenya Madagascar Malawi Maurice Mozambique Rwanda Seychelles Somalie Ouganda République-Unie de Tanzanie Zambie Zimbabwe SP SP SP SP SP SP SP SP JP SP SP SP SP JP SP JP SP OMS † OMS † OMS † OMS † OMS † OMS † OMS † OMS † BNS OMS † OMS † OMS OMS † Police naonale OMS † Police naonale OMS † 2008 2008 2008 2008 2008 2008 2008 2008 2009 2008 2008 2008 2008 2009 2008 2010 2008 AFRIQUE 75,9% 67,9% 90,9% 82,4% 81,8% 91,9% 80,6% 87,8% 66,7% 85,8% 81,1% 53,6% 52,5% 94,0% 93,0% 77,8% 84,8% 24,1% 32,1% 9,1% 17,6% 18,2% 8,1% 19,4% 12,2% 33,3% 14,2% 18,9% 46,4% 47,5% 6,0% 7,0% 22,2% 15,2% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 79,6% 64,7% 75,0% 74,8% 78,1% 82,0% 74,5% 74,6% 81,9% 20,4% 35,3% 25,0% 25,2% 21,9% 18,0% 25,5% 25,4% 18,1% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 72,3% 87,7% 92,0% 80,5% 65,8% 88,1% 27,7% 12,3% 8,0% 19,5% 34,2% 11,9% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 75,6% 78,0% 86,8% 81,5% 83,5% 24,4% 22,0% 13,2% 18,5% 16,5% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 83,4% 90,8% 81,6% 84,8% 70,4% 81,5% 79,1% 16,6% 9,2% 18,4% 15,2% 29,6% 18,5% 20,9% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% Afrique centrale Angola Cameroun République centrafricaine Tchad Congo République démocraque du Congo Guinée équatoriale Gabon Sao Tomé-et-Principe SP SP SP SP SP SP SP SP SP OMS † OMS † OMS † OMS † OMS † OMS † OMS † OMS † OMS † 2008 2008 2008 2008 2008 2008 2008 2008 2008 AFRIQUE Afrique septentrionale Algérie Égypte Jamahiriya arabe libyenne Maroc Soudan Tunisie SP JP SP SP SP SP OMS † CTS OMS † OMS † OMS † OMS † 2008 2009 2008 2008 2008 2008 AFRIQUE Afrique australe Botswana Lesotho Namibie Afrique du Sud Swaziland SP SP SP SP SP OMS † OMS † OMS † OMS OMS † 2008 2008 2008 2008 2008 AFRIQUE Afrique occidentale Bénin Burkina Faso Cap-Vert Côte d'Ivoire Gambie Ghana Guinée SP SP SP SP SP SP SP OMS † OMS † OMS † OMS † OMS † OMS † OMS † 2008 2008 2008 2008 2008 2008 2008 121 9 ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide Pays/Territoire Source Année Guinée-Bissau Libéria Mali Mauritanie Niger Nigéria Sénégal Sierra Leone Togo SP SP SP SP SP SP SP SP SP OMS † OMS † OMS † OMS † OMS † OMS † OMS † OMS † OMS † Angua-et-Barbuda Bahamas Barbade Cuba Dominique République dominicaine Grenade Haï Jamaïque Saint-Kis-et-Nevis Sainte-Lucie Saint-Vincent-et-les Grenadines Trinité-et-Tobago SP JP JP SP SP SP JP SP JP JP SP JP JP OMS CTS Police naonale OMS OMS OMS CTS OMS Police naonale Police naonale OMS CTS CTS Hommes Femmes Non déterminé 2008 2008 2008 2008 2008 2008 2008 2008 2008 77,6% 83,6% 91,4% 61,4% 83,3% 75,4% 72,3% 78,4% 75,7% 22,4% 16,4% 8,6% 38,6% 16,7% 24,6% 27,7% 21,6% 24,3% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 2008 2009 2010 2008 2008 2008 2010 2008 2010 2010 2008 2009 2009 66,7% 88,5% 67,7% 76,7% 68,7% 87,5% 83,3% 85,5% 89,9% 85,0% 93,3% 85,0% 92,5% 33,3% 11,5% 32,3% 23,3% 31,3% 12,5% 16,7% 14,5% 10,1% 15,0% 6,7% 15,0% 7,5% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 86,9% 88,2% 87,4% 88,9% 93,1% 89,8% 92,1% 91,3% 12,3% 11,8% 12,6% 11,1% 6,9% 10,2% 7,9% 8,7% 0,8% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 73,8% 77,4% 26,2% 22,5% 0,0% 0,2% 77,9% 83,4% 90,8% 86,5% 92,0% 91,8% 76,1% 93,6% 77,3% 76,9% 69,9% 95,0% 15,3% 16,6% 9,2% 13,5% 8,0% 8,2% 23,9% 6,4% 22,7% 23,1% 30,1% 5,0% 6,8% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% AMÉRIQUES Caraïbes AMÉRIQUES Amérique centrale Belize Costa Rica El Salvador Guatemala Honduras Mexique Nicaragua Panama JP SP SP JP JP JP SP JP CTS OMS OMS CTS Police naonale BNS OMS CTS 2010 2008 2008 2009 2009 2008 2008 2009 AMÉRIQUES Amérique septentrionale Canada États-Unis d’Amérique JP JP CTS Police naonale 2009 2010 AMÉRIQUES Amérique du Sud Argenne Bolivie (État plurinaonal de) Brésil Chili Colombie Équateur Guyana Paraguay Pérou Suriname Uruguay Venezuela (République bolivarienne du) 122 JP SP SP SP JP SP JP SP SP SP SP SP Ministère de la Jusce OMS † OMS OMS Police naonale OMS CTS OMS OMS OMS OMS OMS 2009 2008 2008 2008 2009 2008 2009 2008 2008 2008 2008 2008 ANNEXE STATISTIQUE Pays/Territoire Source Année Hommes Femmes Non déterminé ASIE Asie centrale Kazakhstan Kirghizistan Tadjikistan Turkménistan Ouzbékistan SP SP JP SP SP OMS OMS UNECE OMS OMS ASIE 2008 2008 2008 2008 2008 74,8% 79,4% 57,6% 85,9% 78,1% 25,2% 20,6% 42,4% 14,1% 21,9% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 69,9% 87,6% 50,0% 72,7% 49,0% 30,1% 12,4% 50,0% 27,3% 51,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 48,9% 90,8% 85,8% 67,6% 76,8% 84,4% 51,1% 9,2% 14,2% 32,4% 23,2% 15,6% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 91,8% 65,4% 88,3% 91,8% 82,4% 8,2% 34,6% 11,7% 8,2% 17,6% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 81,3% 74,8% 65,6% 73,7% 79,5% 99,3% 87,3% 60,5% 96,3% 18,7% 25,2% 34,4% 26,3% 20,5% 0,7% 12,7% 39,5% 3,7% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 69,9% 77,5% 63,2% 84,0% 80,3% 81,2% 82,3% 80,4% 84,0% 73,9% 75,3% 71,5% 30,1% 22,5% 36,8% 15,0% 19,7% 18,8% 17,7% 19,6% 16,0% 26,1% 24,7% 28,5% 0,0% 0,0% 0,0% 1,1% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% Asie orientale Chine République populaire démocraque de Corée Japon Mongolie République de Corée SP SP JP JP SP OMS OMS † CTS CTS OMS ASIE 2008 2008 2009 2009 2008 Asie du Sud-Est Brunéi Darussalam Cambodge Indonésie République démocraque populaire lao Malaisie Myanmar SP SP SP SP SP SP OMS OMS † OMS † OMS † OMS OMS † ASIE 2008 2008 2008 2008 2008 2008 Asie du Sud-Est Philippines Singapour Thaïlande Timor-Leste Viet Nam SP SP SP SP SP OMS OMS OMS OMS † OMS ASIE 2008 2008 2008 2008 2008 Asie meridionale Afghanistan Bangladesh Bhoutan Inde Iran (République islamique d’) Maldives Népal Pakistan Sri Lanka SP SP SP JP SP SP SP SP SP OMS † OMS † OMS † CTS OMS OMS OMS † OMS † OMS ASIE 2008 2008 2008 2009 2008 2008 2008 2008 2008 Asie occidentale Arménie Azerbaïdjan Bahreïn* Chypre Géorgie Iraq Israël Jordanie Koweït Liban Oman Qatar Arabie saoudite JP JP SP JP JP SP SP SP SP SP SP SP SP CTS UNECE OMS CTS CTS OMS † OMS OMS OMS OMS † OMS † OMS OMS † 2009 2008 2008 2009 2010 2008 2008 2008 2008 2008 2008 2008 2008 123 9 ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide Pays/Territoire République arabe syrienne Turquie Émirats arabes unis Yémen Source SP JP SP SP Année OMS UNECE OMS † OMS † 2008 2008 2008 2008 EUROPE Hommes Femmes Non déterminé 87,6% 80,9% 81,3% 85,1% 12,4% 19,1% 18,7% 14,9% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 59,3% 74,7% 60,9% 54,7% 72,9% 67,9% 60,6% 74,3% 66,0% 74,9% 40,7% 25,3% 39,1% 45,3% 27,1% 32,1% 39,4% 25,7% 25,5% 25,1% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 8,5% 0,0% 65,5% 78,3% 71,1% 81,8% 68,2% 74,6% 58,6% 65,5% 66,1% 34,5% 21,7% 28,9% 18,2% 31,8% 25,4% 41,4% 34,5% 33,9% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 79,6% 73,7% 78,9% 51,0% 70,3% 75,9% 25,0% 70,3% 70,7% 71,2% 46,2% 66,9% 65,9% 20,4% 26,3% 21,1% 49,0% 5,0% 23,9% 75,0% 29,7% 29,3% 28,8% 53,8% 33,1% 34,1% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 24,8% 0,2% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 63,8% 58,5% 65,7% 50,4% 71,5% 68,2% 70,4% 50,9% 36,2% 41,5% 34,3% 49,6% 28,5% 31,9% 26,4% 49,1% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 3,1% 0,0% Europe orientale Bélarus Bulgarie République tchèque Hongrie Pologne République de Moldova Roumanie Fédéraon de Russie Slovaquie Ukraine JP JP JP JP SP JP JP SP JP JP CTS UNECE CTS CTS OMS PM UNECE OMS UNECE UNECE 2009 2008 2009 2009 2008 2010 2008 2008 2008 2008 EUROPE Europe septentrionale Danemark Estonie Finlande Islande* Irlande Leonie Lituanie Norvège Suède Royaume-Uni SP SP JP JP JP SP JP JP SP JP OMS OMS CTS UNECE UNECE OMS CTS CTS OMS Eurostat 2008 2008 2009 2008 2008 2008 2009 2009 2008 2009 EUROPE Europe méridionale Albanie Andorre Bosnie-Herzégovine Croae Grèce Italie Malte Monténégro Portugal Saint-Marin * Serbie Slovénie Espagne ex-République yougoslave de Macédoine SP SP JP JP JP JP JP SP SP SP JP JP JP JP OMS OMS † CTS CTS CTS Police naonale CTS OMS OMS OMS UNECE CTS CTS Police naonale Autriche Belgique France Allemagne Luxembourg Monaco Pays-Bas Suisse JP SP SP JP SP SP JP SP CTS OMS OMS CTS OMS OMS † Police naonale OMS 2008 2008 2009 2009 2009 2008 2009 2008 2008 2008 2009 2009 2009 2010 EUROPE Europe occidentale 124 2009 2008 2008 2009 2008 2008 2009 2008 ANNEXE STATISTIQUE Pays/Territoire Source Année Hommes Femmes Non déterminé OCÉANIE Australie et Nouvelle-Zélande Australie Nouvelle-Zélande JP SP CTS OMS Fidji Papouasie-Nouvelle-Guinée Îles Salomon Vanuatu SP SP SP SP OMS OMS † OMS † OMS † 2009 2008 OCÉANIE 72,1% 59,1% 27,5% 40,9% 0,4% 0,0% 85,8% 85,9% 76,2% 78,3% 14,2% 14,1% 23,8% 21,7% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 100,0% 84,2% 73,6% 19,6% 87,3% 0,0% 15,8% 26,4% 80,4% 12,7% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 76,3% 68,0% 89,7% 68,9% 74,3% 23,7% 32,0% 10,3% 31,1% 25,7% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% Mélanésie 2008 2008 2008 2008 OCÉANIE Micronésie Kiriba Îles Marshall Micronésie (États fédérés de) Nauru Palaos SP SP SP SP SP OMS OMS † OMS † OMS OMS † Îles Cook Nioué Samoa Tonga Tuvalu SP SP SP SP SP OMS OMS OMS † OMS OMS † 2008 2008 2008 2008 2008 OCÉANIE Polynésie 2008 2008 2008 2008 2008 * Pas d’homicide enregistré pour l’année correspondante; † Les informaons de ce pays ne précisent généralement pas les causes de la mort. Les esmaons sont basées sur une modélisaon des causes de décès et des données d’enregistrement des décès en provenance d’autres pays de la région. D’autres informaons au niveau du pays et des données sur les causes spécifiques ont également été ulisées. 125 9