2011 ÉTUDE MONDIALE SUR L`HOMICIDE

Transcription

2011 ÉTUDE MONDIALE SUR L`HOMICIDE
OFFICE DES NATIONS UNIES CONTRE LA DROGUE ET LE CRIME
Vienne
2011 ÉTUDE MONDIALE
SUR L’HOMICIDE
TENDANCES/CONTEXTES/DONNÉES
Office des Nations Unies
contre la drogue et le crime
Copyright 2011 © Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC)
Remerciements
L’Étude mondiale sur l’homicide 2011 a été réalisée par la Section des statistiques
et des enquêtes, sous la supervision de Sandeep Chawla, Directeur de la Division
de l’analyse des politiques et des relations publiques.
Équipe chargée de l’étude
Coordination des recherches et préparation de l’étude
Angela Me, Enrico Bisogno, Steven Malby
Recherche, analyse et traitement des données
Michael Jandl, Philip Davis, Catherine Pysden, Umidjon Rahmonberdiev,
Felix Reiterer, Elizabeth Gurian, Cristina Mesa Vieira, Alberto Aziani and
Mariaelena Cenci
Révision
Jonathan Gibbons
Conception graphique, montage et cartographie
Suzanne Kunnen et Kristina Kuttnig (Section des études et de l’analyse des
menaces)
De nombreux fonctionnaires de l’ONUDC (au siège ainsi que dans les bureaux
régionaux et de pays) ont apporté leur précieuse contribution à cette étude, de
même qu’un grand nombre d’experts nationaux qui, depuis des années,
communiquent à l’ONUDC des données sur la criminalité et la justice pénale.
L’Organisation mondiale de la Santé a aimablement fourni les données de santé
publique présentées dans cette étude. L’Organisation des États américains a aidé
l’ONUDC à recueillir les données concernant les Amériques. De nombreux
experts travaillant dans des instituts de recherche ou des organisations internationales ont commenté les versions préliminaires de l’étude et y ont apporté des
contributions extrêmement utiles.
Cette étude a également vu le jour grâce à la contribution financière du projet
Small Arms Survey.
AVERTISSEMENT
La présente publication n’a pas fait l’objet d’une mise au point rédactionnelle.
Les appellations employées dans la publication et la présentation des données qui
y figurent n’impliquent de la part de l’ONUDC et du Secrétariat de l’Organisation
des Nations Unies aucune prise de position quant au statut juridique des pays,
territoires, villes ou zones ou de leurs autorités, ni quant au tracé de leurs frontières ou limites.
Image de couverture © Dreamstime.com
TABLE DES MATIÈRES
Préface5
Notes explicatives
7
Résumé analytique
9
Introduction15
1. LE TABLEAU MONDIAL
19
2. HOMICIDE ET DÉVELOPPEMENT
29
3. ARMES À FEU, TRAFIC ET CRIMINALITÉ ORGANISÉE
39
4. LES FEMMES ET L’HOMICIDE LIÉ AUX VIOLENCES
CONJUGALES ET/OU FAMILIALES
57
5. HOMICIDE ET DÉMOGRAPHIE: QUI EST EN DANGER?
63
6. LE TABLEAU LOCAL
75
7. DIFFICULTÉS POSÉES PAR LES DONNÉES
83
8. ANNEXE MÉTHODOLOGIQUE
91
9. ANNEXE STATISTIQUE
103
3
PRÉFACE
L’Étude mondiale sur l’homicide 2011, élaborée par
l’ONUDC, rassemble en une publication unique
des données mondiales, régionales, nationales et
infranationales sur l’homicide. L’objectif poursuivi
est que ces données et analyses sur la forme de
criminalité la plus violente contre la personne contribuent aux efforts mondiaux visant à concevoir,
à partir d’observations factuelles, des politiques de
prévention et de réduction de la criminalité dans
les zones et les groupes de population où la violence est la plus aiguë.
La présente étude n’aurait pas été possible sans les
efforts accrus des pays pour produire et partager
des données de bonne qualité sur l’homicide.
Néanmoins, les données concernant l’homicide
sont loin d’être parfaites – en effet, l’étude met en
lumière d’importantes lacunes géographiques et
thématiques dans de nombreuses régions du
monde – et la prudence sera toujours de mise en
matière de comparaisons. Ceci est d’autant plus
vrai que les systèmes et les pratiques juridiques,
ainsi que les moyens pour enregistrer les cas
d’homicide volontaire, peuvent varier considérablement d’un pays et d’une région à l’autre.
En tout état de cause, un certain nombre de messages fondamentaux peuvent être extraits de la multitude de données qu’offre la présente étude.
Premièrement, il existe un lien clair entre la criminalité violente et le développement: la criminalité
entrave le développement humain et économique
des populations pauvres, et s’en nourrit en retour.
L’amélioration des conditions sociales et économiques va de pair avec la réduction de cette forme
de criminalité.
Les programmes de développement doivent également comporter des politiques de prévention de la
criminalité et favoriser la primauté du droit, dans
les pays aussi bien qu’au niveau international. La
réduction de la criminalité violente devrait aussi
être une priorité au regard des objectifs du Millénaire pour le développement, en particulier dans
les pays où la criminalité atteint des sommets particulièrement élevés.
La présente étude constitue aussi un progrès
important dans notre compréhension des tendances et des caractéristiques de l’homicide. Il est
crucial de reconnaître que les taux et les tendances
de la criminalité violente sont le fruit de différents
facteurs. Dans certaines régions, le crime organisé,
le trafic de drogues et les cultures violentes des
gangs de jeunes sont les premiers responsables des
taux élevés d’homicides; ailleurs, les meurtres liés à
la violence conjugale et/ou familiale représentent
une part considérable des homicides.
Il faut comprendre que, si la dramatique multiplication des homicides dans certains pays, particulièrement en Amérique centrale, rend plus visibles
les activités de la criminalité organisée et du trafic
de drogues, cela ne signifie pas que le crime organisé n’est pas actif dans d’autres régions aussi.
Le rôle joué par les armes à feu est un autre aspect
de la criminalité violente. Il est essentiel que les
mesures de prévention du crime intègrent des politiques permettant la ratification et la mise en
œuvre du Protocole des Nations Unies relatif aux
armes à feu. Les politiques internes visant à
appliquer les dispositions du Protocole peuvent
contribuer à éviter le détournement des armes à
feu, qui alimente la violence et multiplie les
homicides.
Il est indispensable de connaître les caractéristiques
et les causes de la criminalité violente pour élaborer des stratégies préventives. Les hommes
jeunes constituent le groupe le plus touché par les
5
ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide
infractions violentes dans toutes les régions et en
particulier dans les Amériques. De leur côté, les
femmes de tous âges sont victimes de violences
conjugales et/ou familiales dans toutes les régions
et tous les pays. De fait, dans de nombreuses parties du monde, c’est au sein de son foyer qu’une
femme risque le plus de se faire tuer.
Comme le montre l’Étude mondiale sur l’homicide
de 2011, la violence à caractère sexiste affecte un
grand nombre de femmes de par le monde et constitue une lourde menace à l’encontre du développement harmonieux des sociétés.
Face à ces tendances, l’ONUDC travaille sur un
certain nombre d’activités, en partenariat avec
d’autres organisations internationales. En tant que
gardien des Règles et normes des Nations Unies en
matière de prévention du crime et de justice
pénale, l’ONUDC appuie les États dans leurs
efforts de prévention de la criminalité et de la violence. L’Office a élaboré une série d’outils
d’assistance technique pour la mise en pratique
concrète des politiques et des programmes de
prévention de la criminalité, conformément aux
directives des Nations Unies pour la prévention du
crime. L’Office, s’intéressant particulièrement à la
lutte contre la violence faite aux femmes, a soutenu
l’élaboration des Stratégies et mesures concrètes
types dans le domaine de la prévention du crime et
de la justice pénale, adoptées par l’Assemblée générale des Nations Unies.
Enfin, je tiens à remercier toutes celles et tous ceux
qui ont contribué à la préparation de la présente
étude. L’Étude mondiale sur l’homicide de 2011 est
essentielle à notre compréhension de la nature de
l’homicide et contribuera à l’élaboration de stratégies visant à réduire les homicides partout dans
le monde. Tout en relevant ces défis, nous ne devrons jamais oublier la dure réalité que peuvent
cacher les chiffres: je veux parler des enfants, des
femmes et des hommes qui, chaque jour, sont
victimes de ce crime absolu.
Yury Fedotov
Directeur exécutif
Office des Nations Unies contre la drogue
et le crime
6
NOTES EXPLICATIVES
Régions: Les désignations sous-régionales utilisées
dans la présente étude ne sont pas officielles et
n’impliquent de la part de l’ONUDC aucune prise
de position quant au statut juridique des pays,
territoires, villes ou zones ou de leurs autorités, ni
quant au tracé de leurs frontières ou limites. La
répartition des pays ou des zones en groupes spécifiques n’a qu’un but statistique et n’implique
aucune supposition de la part de l’Organisation
des Nations Unies quant aux affiliations politiques
ou autres de ces pays ou territoires. Les désignations dans la présente étude sont basées sur le
Codage statistique normalisé des pays et zones
(M49) de l’ONU élaboré, utilisé et mis à jour par
la Division des statistiques de l’Organisation. Elles
sont définies comme suit:
•
•
Afrique orientale: Burundi, Comores,
Djibouti, Érythrée, Éthiopie, Kenya,
Madagascar, Malawi, Maurice, Mozambique,
Ouganda, République-Unie de Tanzanie,
Rwanda, Seychelles, Somalie, Zambie,
Zimbabwe.
Afrique centrale: Angola, Cameroun,
Congo (République du), Gabon, Guinée
équatoriale, République centrafricaine,
République démocratique du Congo,
Sao Tomé-et-Principe, Tchad.
•
Afrique septentrionale: Algérie, Égypte,
Libye, Maroc, Soudan, Tunisie.
•
Afrique australe: Afrique du Sud, Botswana,
Lesotho, Namibie, Swaziland.
•
Afrique occidentale: Bénin, Burkina Faso,
Cap-Vert, Côte d’Ivoire, Gambie, Ghana,
Guinée, Guinée-Bissau, Libéria, Mali,
Mauritanie, Niger, Nigéria, Sénégal,
Sierra Leone, Togo.
•
Caraïbes: Antigua-et-Barbuda, Bahamas,
Barbade, Cuba, Dominique, Grenade,
Guadeloupe, Haïti, Îles Caïmanes, Îles
Turques et Caïques, Îles Vierges américaines,
Îles Vierges britanniques, Jamaïque,
Martinique, Montserrat, Porto Rico,
République dominicaine, Saint-Kitts-et
Nevis, Saint-Vincent-et-les Grenadines,
Sainte-Lucie, Trinité-et-Tobago.
•
Amérique centrale: Belize, Costa Rica,
El Salvador, Guatemala, Honduras, Mexique,
Nicaragua, Panama.
•
Amérique septentrionale: Bermudes, Canada,
États-Unis d’Amérique.
•
Amérique latine: Argentine, Bolivie (État
plurinational de), Brésil, Chili, Colombie,
Équateur, Guyane française, Guyana,
Paraguay, Pérou, Suriname, Uruguay,
Venezuela (République bolivarienne du).
•
Asie centrale: Kazakhstan, Kirghizistan,
Ouzbékistan, Tadjikistan, Turkménistan.
•
Asie orientale: Chine (y compris Hong Kong,
Macao, et Taïwan Province de Chine), Japon,
Mongolie, République de Corée, République
populaire démocratique de Corée.
•
Asie du Sud-Est: Brunéi Darussalam,
Cambodge, Indonésie, Malaisie, Myanmar,
Philippines, République démocratique
populaire lao, Singapour, Thaïlande,
Timor-Leste, Viet Nam.
•
Asie méridionale: Afghanistan, Bangladesh,
Bhoutan, Inde, Iran (République islamique d’),
Maldives, Népal, Pakistan, Sri Lanka.
•
Asie occidentale: Arabie saoudite, Arménie,
Azerbaïdjan, Bahreïn, Chypre, Émirats
arabes unis, Géorgie, Iraq, Israël, Jordanie,
Koweït, Liban, Oman, Qatar, République
arabe syrienne, Territoire palestinien occupé,
Turquie, Yémen. Le terme Caucase renvoie
à la sous-région qui inclut l’Arménie,
l’Azerbaïdjan et la Géorgie.
7
ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide
8
•
Europe orientale: Bélarus, Bulgarie, Hongrie,
Fédération de Russie, Pologne, République
de Moldova, République tchèque, Roumanie,
Slovaquie, Ukraine. L’expression Europe
centrale et orientale renvoie à une
sous-région qui comporte la Bulgarie,
la Hongrie, la Pologne, la République
de Moldova, la République tchèque,
la Roumanie, la Slovaquie.
•
Europe septentrionale: Danemark,
Estonie, Finlande, Groenland, Irlande,
Islande, Lettonie, Lituanie, Norvège,
Suède, Royaume-Uni (parfois décomposé
en Royaume-Uni (Angleterre et pays de
Galle), Royaume-Uni (Écosse) et
Royaume-Uni (Irlande du Nord)).
L’expression pays baltes renvoie à une
sous-région qui comporte l’Estonie,
la Lettonie et la Lituanie.
•
Europe méridionale: Albanie, Andorre,
Bosnie-Herzégovine, Croatie, Espagne,
ex-République yougoslave de Macédoine,
Grèce, Italie, Malte, Monténégro, Portugal,
Serbie, Slovénie.
•
Europe occidentale: Allemagne, Autriche,
Belgique, France, Liechtenstein,
Luxembourg, Monaco, Pays-Bas, Suisse.
•
Australie et Nouvelle-Zélande: Australie et
Nouvelle-Zélande.
•
Mélanésie: Fidji, Îles Salomon,
Papouasie-Nouvelle-Guinée, Vanuatu.
•
Micronésie: Guam, Kiribati, Micronésie
(États fédérés de), Nauru, Palaos.
•
Polynésie: Polynésie française, Samoa, Tonga.
Cartes: Les frontières et noms indiqués sur les cartes
n’impliquent ni reconnaissance ni acceptation officielles de la part de l’Organisation des Nations
Unies. Le pointillé représente approximativement
la ligne de contrôle au Jammu-et-Cachemire convenue par l’Inde et le Pakistan. Le statut définitif
du Jammu-et-Cachemire n’a pas encore été fixé par
les parties. Les frontières contestées entre la Chine
et l’Inde sont représentées par des hachures en
raison de la difficulté à donner suffisamment de
détails à cet égard.
Données démographiques: Les données démographiques utilisées dans la présente étude sont tirées
de la publication intitulée “World Population
Prospects: The 2010 Revision” (2011), élaborée
par la Division de la population du Département
des affaires économiques et sociales de l’Organisation des Nations Unies.
RÉSUMÉ ANALYTIQUE
Le meurtre intentionnel d’un être humain est le
crime absolu. Ses conséquences physiques indiscutables, qui se concrétisent par un corps sans vie,
en font aussi le crime le plus catégorique et le
mieux chiffrable.
100 000 habitants, respectivement) représente
plus du double de la moyenne mondiale (6,9 pour
100 000), tandis qu’en Asie, en Europe et en
Océanie (entre 3 et 4 pour 100 000), il atteint
approximativement la moitié de cette moyenne.
L’ONUDC a estimé à 468 000 le total mondial de
décès dus à des homicides pour l’année 2010. Plus
d’un tiers (36 %) de ce total revient à l’Afrique,
31 % aux Amériques, 27 % à l’Asie, 5 % à
l’Europe et 1 % à l’Océanie. Si l’on rapporte ces
chiffres à la taille de la population de chacune de
ces régions, une image légèrement différente
émerge, à savoir que le taux d’homicides concernant l’Afrique et les Amériques (17 et 16 pour
Quelque 40 % des pays ont des taux d’homicides
inférieurs à 3 pour 100 000 habitants, tandis
que 17 % des pays enregistrent des taux supérieurs
à 20 pour 100 000, taux qui passent à 50 pour
100 000 dans certains pays et atteignent même 80
pour 100 000 dans d’autres. Depuis 1995, le taux
d’homicides a diminué dans de nombreux pays,
principalement en Asie, en Europe et en Amérique
du Nord, au point de devenir un événement rela-
Taux d’homicides par pays (2010 ou année la plus récente pour laquelle on dispose de données)
C
C CC
C
C CCC CC C
CC
C
Taux d’homicides
0,00 - 2,99
3,00 - 4,99
5,00 - 9,99
10,00 - 19,99
20,00 - 24,99
25,00 - 34,99
>=35
Pas de données disponibles
Note: Les frontières et noms indiqués sur la présente carte n’impliquent ni reconnaissance ni acceptation officielles de la part de l’Organisation des Nations Unies.
Source: UNODC Homicide Statistics.
9
ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide
tivement rare. En revanche, il a augmenté dans
d’autres, en particulier en Amérique centrale et
dans les Caraïbes, où l’on peut considérer qu’il
approche aujourd’hui d’un point critique.
On constate des disparités non seulement dans la
répartition des homicides de par le monde mais
aussi entre leurs typologies, dont les prévalences
sont variables d’une région à l’autre. La présente
étude, qui considère les différents contextes des
homicides, notamment les homicides liés à des
vols, des bandes de délinquants, des bagarres, des
motivations sexuelles et des disputes familiales,
s’intéresse à en approfondir deux formes: l’homicide
lié à la criminalité organisée et aux bandes de
délinquants d’une part, et l’homicide lié à la violence conjugale et/ou familiale. Elle ne se contente
pas d’analyser leurs niveaux, tendances et répercussions, mais cherche aussi à déterminer qui y est
le plus exposé, en termes tant démographiques que
géographiques.
Le degré de culpabilité que différentes sociétés
assignent à des actes entraînant la mort est, lui
aussi, variable. C’est pourquoi la comparaison,
entre pays et régions, des “homicides volontaires”
ou de la mort intentionnellement et illégalement
donnée par une personne à une autre, revient aussi
à comparer la mesure dans laquelle des pays différents estiment qu’un meurtre doit être qualifié
comme tel, ainsi que la capacité de leurs systèmes
juridiques à enregistrer ce type d’acte. Il conviendra donc d’être prudent lors des évaluations et des
comparaisons des données sur les homicides.
Pourcentage des homicides par arme à feu dans les
sous-régions (2010 ou année la plus récente pour laquelle
on dispose de données)
Amérique du Sud
Caraïbes
Amérique centrale
Amérique septentrionale
Asie du Sud-Est
Europe méridionale
Afrique
Europe occidentale
Asie occidentale
Europe septentrionale
Océanie
Asie centrale
Asie méridionale
Asie orientale
Europe orientale
Les raisons pour lesquelles des personnes en tuent
d’autres sont nombreuses, et de multiples facteurs
causaux interagissent souvent dans ce type d’acte,
mais les niveaux et les tendances en matière
d’homicide indiquent que le lien entre homicide et
développement est l’un des plus clairs qui soit. Les
niveaux d’homicides plus élevés sont associés à de
bas niveaux de développement humain et économique. La majeure partie des homicides se produit
dans les pays à bas niveaux de développement
humain, et les pays où les inégalités de revenus sont
fortes souffrent de taux d’homicides quatre fois
plus élevés que les sociétés plus égalitaires.
La crise financière mondiale de 2008/2009 a eu un
impact sur les infractions contre les biens et les
homicides, les augmentations des homicides coïncidant, dans un échantillon de pays touchés par la
crise, avec la chute des produits intérieurs bruts
(PIB) et la montée des indices des prix à la consommation (IPC). Pareillement, les niveaux de
performance économique se sont répercutés sur les
homicides. Les taux d’homicides en Amérique du
Sud, par exemple, ont diminué pendant les périodes de croissance économique de ces 15 dernières années. Les tendances des homicides ont
aussi suivi les fluctuations économiques dans
nombre des pays qui appartenaient à l’URSS,
partant à la hausse avec la chute des PIB à la suite
de l’éclatement de l’Union soviétique, avant de
diminuer lorsque ces économies se sont mieux
portées.
Un développement social et économique à long
terme et durable exige par ailleurs une gouvernance
fondée sur l’état de droit. De fait, un déclin des
homicides a pu être constaté dans tous les pays où
la primauté du droit s’est renforcée au cours de
ces 15 dernières années, alors que dans la plupart
des pays où les homicides ont augmenté l’état de
droit est relativement faible.
Armes à feu, trafic et criminalité
organisée
0
20
40
60
Pourcentage d’homicides par arme à feu
Source: UNODC Homicide Statistics.
10
Homicide et développement
80
Les homicides n’impliquent pas tous le recours à
une arme. Mais si les tueurs peuvent s’avérer particulièrement ingénieux quant à la manière de se
débarrasser d’autrui, 42 % des homicides commis
dans le monde le sont, effectivement, avec des
armes à feu. Les homicides commis avec une arme
à feu sont plus de 3,5 fois plus fréquents dans les
Amériques qu’en Europe (74 % contre 21 %),
tandis que les armes blanches sont plus de deux fois
RÉSUMÉ ANALYTIQUE
Les armes à feu jouent un rôle fondamental dans
les homicides et, tandis que la relation spécifique
entre disponibilité de l’arme à feu et homicide est
complexe, l’existence d’un cercle vicieux entre disponibilité des armes à feu et niveaux plus élevés
d’homicides est flagrante. Les armes à feu conduisent sans aucun doute à une augmentation des
homicides dans certaines régions et, là où c’est le
cas, les membres des groupes criminels organisés
sont souvent ceux qui appuient sur la gâchette.
Dans les Amériques, plus de 25 % des homicides
sont liés au crime organisé et aux activités des
bandes de délinquants, alors que les taux correspondants atteignent environ 5 % en Asie et dans
le pays européens pour lesquels des données sont
disponibles. Ceci ne signifie pas toutefois que les
groupes criminels organisés ne sont pas aussi actifs
dans ces deux régions, mais plutôt qu’ils ont sans
doute recours à d’autres moyens que la violence
extrême et visible pour mener leurs activités
illicites.
Dans de nombreux pays où les taux d’homicides
sont élevés, la part des homicides par arme à feu est
également plus élevée et est souvent en rapport
avec les activités illicites de groupes criminels
organisés, eux-mêmes fréquemment liés au trafic
de drogues, qui est la cause profonde de la flambée
des homicides en Amérique centrale ces dernières
années. Au cours des cinq années écoulées, les taux
d’homicides ont augmenté dans cinq des huit pays
d’Amérique centrale, certains de ces pays voyant
leur taux plus que doubler pendant cette période.
Ces tendances sont largement imputables aux fluctuations du trafic de la cocaïne en Amérique centrale, qui peuvent déclencher des conflits meurtriers résultant autant des augmentations que des
diminutions des flux de drogues, les diminutions
entraînant une concurrence accrue entre les
groupes de trafiquants.
Pour affirmer leur autorité, marquer leur territoire,
ou défier les autorités, les groupes criminels organisés font usage d’une violence aveugle et meurtrière qui peut ne pas être directement imputable
au trafic de drogues mais qui s’est soldée, ces dernières années, par le meurtre de nombreux représentants des pouvoirs publics, d’élus et d’agents
des services de répression, ainsi que de citoyens
ordinaires. La violence croissante redessine les
frontières de sa propre acceptabilité et, ce faisant,
alimente davantage encore l’homicide.
Répartition en pourcentages des auteurs d’homicides, par sexe
de la victime, dans certains pays européens (2008 ou année la
plus récente pour laquelle on dispose de données)
100%
90%
Pourcentage des auteurs
plus utilisées en Europe, où elles prédominent, que
sur le continent américain (36 % contre 16 %).
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
Victimes de sexe féminin
Partenaire ou ex-partenaire
Membre de la famille
Victimes de sexe masculin
Connaissance
Inconnu de la victime
Source: Base de données de la division Statistique de la Commission économique
des Nations Unies pour l’Europe.
Les femmes et l’homicide lié aux
violences conjugales et/ou familiales
La violence contre les femmes ne se limite pas à
une forme particulière et ne fait pas de distinction
entre les contextes, les circonstances et les lieux.
Mais sa manifestation la plus courante, partout
dans le monde, est la violence conjugale et/ou
familiale qui, dans les cas extrêmes, s’achève par
l’homicide. Il arrive que les femmes tuent leurs
êtres chers, mais l’immense majorité des victimes
des homicides liés aux violences conjugales et/ou
familiales sont des femmes, aux prises avec un
partenaire masculin, ancien ou actuel.
De fait, dans de nombreux pays, les homicides liés
aux violences conjugales et/ou familiales représentent la plus grande cause d’homicides commis sur
des femmes, et les taux d’homicides sur des femmes
sont beaucoup plus susceptibles de résulter de ce
type de violence que de celle découlant des homicides liés au crime organisé, qui touche tellement
les hommes. Par exemple, en 2008, dans les pays
européens, plus d’un tiers (35 %) des victimes de
sexe féminin ont été tuées par leur partenaire ou
ex-partenaire et 17 % par des proches, tandis que
les femmes comptent pour plus des trois-quarts
(77 %) de l’ensemble des victimes d’homicides liés
aux violences conjugales et/ou familiales, toujours
dans cette région. C’est pour cette raison que, dans
de nombreux pays, le foyer est le lieu où une femme
risque le plus de se faire tuer, alors que les hommes
courent davantage ce même risque dans la rue.
Les données en séries chronologiques disponibles
montrent qu’au fil du temps les niveaux d’homi-
11
ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide
cides liés aux violences conjugales et/ou familiales
ont tendance à demeurer assez stables, ce qui signifie que dans des contextes où les taux d’homicides
diminuent, la part de ce type d’homicides augmente par rapport aux autres. En Italie, par exemple, les homicides liés aux violences conjugales
et/ou familiales et, en particulier, leurs victimes de
sexe féminin, sont désormais plus nombreux que
les homicides liés aux groupes mafieux et leurs
victimes. À une échelle beaucoup plus vaste, en
Asie, la dot représente encore la cause de décès de
milliers de femmes chaque année.
Démographie de l’homicide: qui est en
danger?
Les femmes constituent probablement la majorité
des victimes d’homicides liés aux violences conjugales et/ou familiales mais le tableau plus général
montre que les hommes sont les plus concernés
par l’homicide vu dans sa globalité, et représentent
quelque 80 % des victimes et des auteurs. Des
données émanant des États-Unis d’Amérique
indiquent que le modèle classique de l’homicide
est celui d’un homme tuant un autre homme
(69 % des cas) tandis qu’une femme tue une autre
femme dans moins de 3 % des cas. Autrement dit,
le risque de se faire tuer est beaucoup plus élevé
pour les hommes que pour les femmes, avec des
taux mondiaux d’homicides de 11,9 pour 100 000
pour les premiers et de 2,6 pour les secondes.
Les jeunes hommes en particulier sont les plus
exposés, car ils sont plus susceptibles de participer
à des activités porteuses de violence comme la
délinquance de rue, la participation à des bandes,
la consommation de drogue, la possession d’armes,
Taux mondiaux d’homicides par sexe et groupe d’âge (2008)
Taux d’homicide pour100 000 habitants
25
Victimes de sexe masculin
20
Victimes de sexe féminin
15
10
5
0
0-4
5-14
15-29
30-44
45-59
Source: OMS, Causes of Death 2008 dataset (2011).
12
60-69
70+
les bagarres de rue, etc. Dans les pays caractérisés
par des niveaux élevés d’homicides liés à la criminalité organisée, le risque pour un homme
de 20 ans d’être victime d’un homicide avant l’âge
de 31 ans peut atteindre 2 %, ce qui signifie que,
dans ces pays, un adulte de sexe masculin
sur 50 est tué avant d’avoir atteint cet âge. Dans les
pays affichant un faible taux d’homicides, ce risque
peut être jusqu’à 400 fois inférieur.
L’âge et le sexe des victimes d’homicide varient
aussi considérablement d’une région à l’autre. Par
exemple, la part des victimes d’homicide de sexe
féminin s’échelonne de 10 % dans les Amériques
à 27 % en Europe; ceci est un autre indicateur, net,
des différentes typologies d’homicides prévalant
dans ces deux régions. Représentant le double de
celui enregistré sur le continent américain, le taux
d’homicides le plus élevé commis contre des
femmes se trouve en Afrique (6,2 pour 100 000),
où les taux d’homicides ne sont pas mus dans une
semblable mesure par le crime organisé, mais où la
délinquance de rue, la violence meurtrière non
spécifique et les homicides liés aux violences
conjugales et/ou familiales jouent des rôles
importants.
Les tableaux locaux
Les différences géographiques dans les tendances
de l’homicide sont significatives, non seulement au
macroniveau mais aussi à des échelles territoriales
plus réduites. Une victime, un auteur et un acte
spécifique doivent concourir en un moment et un
lieu particuliers pour que se produise une infraction, et différentes caractéristiques géographiques
peuvent soit accroître, soit réduire le risque que
l’événement se produise. Les niveaux d’homicides
peuvent fortement varier à l’intérieur d’un pays et
de certaines zones, par exemple celles proches des
frontières nationales ou au voisinage d’un secteur
de production de drogue, ou d’une plaque tournante du trafic, où l’on constate souvent des taux
d’homicides plus élevés, comme par exemple certains pays d’Amérique centrale.
Les grandes villes constituent une autre zone de
risque favorisant éventuellement la criminalité violente. Si l’environnement urbain peut offrir des
éléments de protection comme une meilleure
présence policière et un accès plus rapide aux établissements médicaux, les taux d’homicides dans les
villes très peuplées sont souvent supérieurs à ceux
du reste du pays. Ceci peut résulter de nombreux
facteurs, de nature tant sociale (inégalités, ségrégation, pauvreté) que criminologique (davantage de
RÉSUMÉ ANALYTIQUE
cibles, de marchés de la drogue, d’anonymat). Par
exemple, dans un certain nombre de villes, les
homicides tendent à se concentrer dans les quartiers
les plus déshérités et l’impact de l’inégalité sociale
et de la pauvreté peut se trouver exacerbé par les
symptômes de la dégradation sociale et physique
(prostitution, trafic de drogues), qui entraînent une
augmentation des risques d’homicides. Cependant,
la réduction spectaculaire des homicides dans la
ville la plus peuplée du Brésil, Sao Paolo, montre
que l’on peut faire beaucoup sur cette question en
agissant sur des facteurs de risque spécifiques au
moyen de mesures préventives et répressives.
Difficultés posées par les données
Diverses sources nationales et internationales relatives à l’homicide ont été utilisées pour compiler
l’outil statistique de l’ONUDC sur l’homicide
(UNODC Homicide Statistics), qui regroupe des
données sur cette question pour 207 pays et sur
lequel repose essentiellement l’Étude mondiale sur
l’homicide 2011.
Toutes les sources de données existantes sur les
homicides volontaires proviennent des systèmes de
justice pénale ou des systèmes de santé publique.
Dans les premiers, les données sont produites par
les services de répression ou les autorités pénales
lorsqu’ils enregistrent les infractions et enquêtent
sur elles, tandis que, dans les seconds, les données
sont produites par les autorités sanitaires chargées
de certifier la cause du décès d’un individu. Les
données des deux sources sont différentes pour ce
qui concerne leur validité, leur exactitude, leur
comparabilité internationale et leur portée, mais la
présente étude s’est efforcée de mettre l’accent sur
les points forts de chacune.
De nombreux défis devront être relevés pour améliorer l’exactitude, l’exhaustivité et la comparabilité
internationale des données sur l’homicide: il conviendrait de promouvoir des normes statistiques
communes (concepts, définitions, classifications,
etc.), mais les lacunes existantes dans les données
indiquent que les moyens nationaux d’améliorer
les systèmes d’enregistrement ont souvent besoin
d’être renforcés, en particulier dans les pays en
développement. Enfin, les mécanismes internationaux de collecte des données devraient être améliorés, entre autres par une collaboration plus
intense entre les différents organismes internationaux et régionaux.
Si les données sont meilleures, les analyses s’affineront, les politiques s’amélioreront et l’homicide
reculera.
13
INTRODUCTION
Destinée à mettre en relief les efforts de nombreux
pays pour améliorer la collecte et la communication des données sur l’homicide, l’Étude mondiale
sur l’homicide 2011 se fonde sur une vaste collection de statistiques transnationales et de séries
chronologiques pour fournir un panorama mondial de ce phénomène1. En dressant un portrait de
l’homicide aux niveaux mondial, national et même
infranational, les éléments statistiques et les analyses de la présente étude cherchent à mieux faire
connaître les tendances et les caractéristiques de
l’homicide et à contribuer à l’élaboration de politiques efficaces visant à juguler la violence meurtrière et ses effets secondaires délétères2.
En raison de son immense gravité, l’homicide est
l’une des infractions les plus scrupuleusement
répertoriées et les données sur l’homicide sont
considérées comme faisant partie des indicateurs
les plus représentatifs et comparables sur la criminalité. Nous verrons que, dans certaines circonstances, l’homicide constitue aussi un élément assez
représentatif de la criminalité violente en général et
que, du fait de l’“invisibilité” d’une grande partie
des infractions avec violence non répertoriées,
l’homicide peut être considéré comme la partie
émergée de l’“iceberg” de la violence. Les données
1
Parmi les publications antérieures présentant une vue générale
sur l’homicide au niveau mondial, il faut citer: OMS, Rapport
mondial sur la violence et la santé (2002), et la Déclaration de
Genève, Le fardeau mondial de la violence armée (2008) (Texte
complet en anglais seulement, condensé en français).
2
L’ONUDC est chargée de longue date de recueillir et analyser
des données relatives à la criminalité. Récemment, le Conseil
économique et social lui a demandé d’améliorer la collecte, la
communication et l’analyse de données pour mieux cerner les
tendances dans certains domaines de la criminalité (Résolution 2009/25 ECOSOC). De plus, la Commission pour la
prévention du crime et la justice pénale a prié “l’Office des
Nations Unies contre la drogue et le crime, agissant en consultation avec les États Membres … de renforcer la collecte,
l’analyse et la communication de données exactes, fiables et
comparables sur les tendances et schémas” (Résolution 19/2).
sur l’homicide nous fournissent donc des indications précieuses sur la nature et l’ampleur de ce plus
vaste fléau que constitue la criminalité violente.
La présente étude analyse les niveaux et les tendances de l’homicide, sa relation complexe avec le
développement humain et son impact sur celui-ci.
Elle examine aussi les liens entre homicide et criminalité organisée, en y incluant le trafic de
drogues et le rôle des armes à feu, les caractéristiques des meurtres liés aux violences conjugales
et/ou familiales, les facteurs démographiques et
l’importance des contextes locaux en matière
d’homicide. Il est cependant fondamental de clarifier un certain nombre de points pour comprendre
l’analyse qui suit.
Qu’est-ce qu’un homicide?
La définition des actes entrant dans le concept
générique d’“homicide” est davantage approfondie
au chapitre 7 mais, à ce stade, il suffit de noter que
la présente étude s’intéresse à l’“homicide volontaire”. Elle s’intéresse donc exclusivement aux actes
dans lesquels l’auteur avait l’intention de causer la
mort ou de blesser gravement. Sont exclus ici les
décès liés aux conflits, ou causés par l’imprudence
ou la négligence de l’auteur, ainsi que les décès
généralement considérés comme justifiables conformément au droit pénal, tels que ceux consécutifs à l’action des agents des services de
répression dans l’exercice de leurs fonctions ou en
situation de légitime défense. Selon la définition
adoptée dans la présente étude, l’homicide volontaire est donc “le fait pour une personne de donner
intentionnellement et illégalement la mort à
autrui”3. Par souci de simplicité cependant, les
termes “homicide” et “meurtre” sont utilisés tout
au long de la présente étude comme synonymes
3 UNODC Homicide Statistics (2011).
15
ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide
Taux d’homicides pour 100 000 habitants
Taux d’homicides par niveaux de vol, dans certains pays
(2010 ou année la plus récente pour laquelle on dispose
de données)
30
25
20
15
10
5
0
< 1,0%
(20 pays)
1,0 - 1,9%
(18 pays)
2,0 - 4,9%
(13 pays)
≥ 5,0%
(7 pays)
Taux de prévalence annuel des vols
(enquêtes sur la victimisation)
Sources: UNODC Homicide Statistics (2011); Enquête internationale sur les victimes de
la criminalité (ICVS); WODC (Criminal Victimisation in International Perspective (2007));
Rapport de l’Organisation des États américains Citizen Security in the Americas (2011),
UNODC (Corruption in the Western Balkans (2011) et enquêtes du programme
Des données pour l’Afrique. Les colonnes représentent la médiane, et les 1er et
3e quartiles du taux d’homicides.
d’“homicide volontaire”. Dans l’ensemble très
vaste des événements qui mènent à la mort d’une
personne et qui impliquent une autre personne, la
question de savoir si une personne devrait endosser
une quelconque forme de culpabilité constitue le
principe de base qualifiant l’homicide. Ce processus est complexe et l’évolution historique du
droit sur les homicides montre que, en effet, les
critères d’attribution de la responsabilité de la mort
violente d’une personne ont considérablement
changé mais peuvent encore être étonnamment
différents d’un pays à l’autre. Toute comparaison
des homicides entre les pays et les régions doit
également tenir compte de cet aspect4.
De plus, il peut s’écouler de nombreux mois, voire
des années, avant que des conclusions judiciaires
définitives ne tranchent quant à la véritable nature
d’un événement qui a entraîné la mort. Les officiers de police appelés sur une scène de crime et les
médecins devant établir les premières conclusions
sur la cause du décès déterminent pourtant au
quotidien, sur la base de leurs premières constatations, si une personne a été tuée intentionnellement
par une autre. Différentes techniques et procédures
peuvent aussi servir à classifier la nature d’un
homicide, selon qu’il est, par exemple, lié au crime
organisé ou à un conflit familial. Telles sont les
4
16
Secrétariat de la Déclaration de Genève, Le fardeau mondial de
la violence armée (2008).
informations qui constituent le fondement des
statistiques exposées dans la présente étude.
L’homicide, un acte représentatif de la
criminalité violente
Si les contextes situationnels peuvent être très variables, tous les homicides impliquent l’usage de la
force ou une atteinte physique dirigée contre une
personne et, à ce titre, ils ont effectivement des
points communs, d’un point de vue criminologique. De fait, sous un angle purement concret, la
ligne qui sépare la vie de la mort peut être incroyablement ténue et la tournure des événements, y
compris le succès ou l’échec d’une intervention
médicale, peuvent transformer en homicide une
infraction pénale comme un vol ou une agression
grave. La présente étude ne vise donc pas à examiner l’homicide isolément. Elle s’efforce plutôt de
l’étudier dans son contexte, que ce soit entre les
membres de la famille ou les conjoints, entre
les bandes de délinquants ou en rapport avec la
crimi-nalité organisée, au travail ou dans le foyer,
dans la rue, ou au cours d’un vol. Les liens entre
l’homicide, le contexte situationnel et les autres
infractions pénales varient considérablement d’un
pays à l’autre et dans le temps, et il y a des pays
coutumiers de très nombreuses infractions violentes qui ne se traduisent pas en homicides, et
d’autres où les homicides semblent très fréquents
au regard du niveau général des violences non
meurtrières. Pourtant, dans de nombreuses
circonstances, l’homicide peut être considéré non
seulement comme un phénomène unique en tant
que tel, mais aussi comme raisonnablement représentatif de la criminalité violente en général.
On peut observer une relation entre les niveaux des
différents types d’infractions dans la figure qui
montre le rapport entre les taux d’homicides et de
vols pour 58 pays dans le monde. Si l’échantillonnage
est large, d’une manière générale, beaucoup de
pays qui affichent des taux de vols élevés (tels que
rapportés par le grand public dans les enquêtes sur
la victimisation criminelle) ont également tendance à connaître des taux d’homicides élevés. La
comparaison est particulièrement significative
dans la mesure où elle s’appuie sur les données
d’enquêtes de victimisation pour les taux de vol
nationaux, en éliminant jusqu’à un certain point
les difficultés créées par le fait que tous les vols ne
sont pas signalés à la police et aux services de
répression. En effet, si l’homicide est l’une des
infractions les plus souvent identifiées et répertoriées par la police, il n’en va pas nécessairement
INTRODUCTION
de même avec le vol. Ainsi, l’analyse des tendances
et schémas de l’homicide est également un point
de départ important pour des recherches plus vastes
sur d’autres formes de criminalité avec violence.
Sources de données et qualité des
données
La majorité des données et des analyses présentées
ici sont basées sur les statistiques de l’ONUDC en
matière d’homicide pour 2011 (UNODC Homicide Statistics 2011)5, qui résultent de la collecte de
données sur l’homicide volontaire aux niveaux
international et national à partir de deux sources
différentes: les registres de la justice pénale, et ceux
de la santé publique. Les systèmes de justice pénale
mais aussi ceux de la santé publique enregistrent les
homicides du fait même de la nature de cette
infraction, mais si l’on peut s’attendre à ce que les
données de ces deux sources concordent raisonnablement, il serait illusoire de les croire identiques.
La raison en est, notamment, que les services de
répression et les systèmes de santé publique travaillent selon des perspectives légèrement différentes: les premiers ont pour objectif principal de
détecter si une infraction a été commise et de
quelle manière; les seconds s’efforcent avant tout
d’identifier la série complète des facteurs qui ont
causé la mort d’un individu. Les agents des services
de répression auront tendance à tirer parti de toutes
les informations disponibles à partir de la scène de
crime, y compris les informations médico-légales,
les témoignages et le contexte environnant une
mort violente, pour tirer une première conclusion
sur l’éventualité de l’homicide volontaire. En
revanche, une bonne classification effectuée par un
système de santé publique exige des médecins qu’ils
jugent sans erreur, à partir des éléments médicaux
qui se présentent à eux, si une autre personne a
infligé les dommages corporels en cause et si le
coupable avait l’intention de blesser la victime ou
de la tuer.
L’homicide est généralement bien répertorié par les
institutions judiciaires pénales et les services de
répression, et les données policières sont donc relativement exactes par rapport à d’autres types
d’infractions, telles que les voies de fait ou le viol,
pour lesquelles le “chiffre noir” (nombre d’infractions non signalées) tend à être plus élevé. De plus,
s’agissant de son travail sur la prévention du crime
et la justice pénale, l’ONUDC travaille principalement avec les services de répression et les institu5http://www.unodc.org/unodc/en/data-and-analysis/
homicide.html.
tions de la justice pénale, et est clairement mandaté
pour recueillir des données sur les ten-dances de la
criminalité auprès de ces autorités6.
Cependant, on ne dispose pas au niveau international de données de justice pénale sur les homicides pour tous les pays. Les statistiques de
l’ONUDC pour 2011 présentent des données de
justice pénale pour 177 pays, soit 86 %
des 207 pays ou territoires dont elles tiennent
compte. Ces données ont été communiquées à
l’ONUDC par les États Membres dans le cadre de
procédures de rapport bien établies, ou ont été
mises à la disposition du public par des institutions
telles que la police nationale, les ministères de la
justice ou de l’intérieur, ou par des bureaux de
statistique nationaux. Nombre des pays pour
lesquels les données de justice pénale sur les homicides ne sont pas communiquées au niveau international sont des pays d’Afrique ou des îles du
Pacifique.
En l’absence de données de justice pénale, ou lorsque l’ONUDC a estimé qu’elles apportaient des
chiffres considérablement sous-estimés, l’Office a
privilégié les données de la santé publique sur les
homicides pour les pays concernés, ce qui est le
cas, par exemple, pour 64 pays (31 % du total) sur
la carte 1.1 ci-après. De la même manière, les
données provenant de la justice pénale n’ont pas
toujours permis d’analyser les tendances dans le
temps ou d’autres aspects, tels que les caractéristiques des victimes et les moyens utilisés pour tuer.
Dans de tels cas, ainsi qu’ailleurs dans la présente
étude, les données de santé publique tirées de deux
sources ont été utilisées: l’Organisation mondiale
de la Santé (OMS) et le projet Global Burden of
Injuries7. Lorsque l’ensemble de données UNODC
Homicide Statistics 2011 est cité comme source
dans la présente étude, il faut comprendre qu’il
s’agit de séries de données compilées par l’ONUDC
sur la base de données fournies par des autorités
nationales, l’OMS et d’autres organisations régionales ou internationales8.
6 L’ONUDC est mandaté depuis la fin des années 1970 pour
recueillir des informations sur la criminalité et la justice pénale
par le moyen de l’Enquête des Nations Unies sur les tendances de la criminalité et le fonctionnement des systèmes de
justice pénale (UN-CTS) (Résolution ECOSOC E/1984/84
et résolutions de l’Assemblée générale A/RES/46/152 et
A/RES/60/177).
7 Le projet Global Burden of Injuries réunit des spécialistes
universitaires qui fondent leurs analyses et l’élaboration de
leurs données sur les données de l’OMS principalement (voir
www.globalburdenofinjuries.org).
8 Telles qu’Eurostat, l’Organisation des États américains,
l’UNICEF et Interpol.
17
ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide
La comparabilité des données sur les homicides
fondées sur les statistiques de la justice pénale et de
la santé publique se heurte à un certain nombre de
limites9. Par exemple, alors que l’homicide est
probablement l’infraction pénale la mieux répertoriée, les différences de taux d’homicides entre les
pays et les régions peuvent tenir à des différences
de niveaux de signalement et d’enregistrement des
infractions, ainsi qu’aux législations en place qui
peuvent traiter et enregistrer les mêmes actes meurtriers de différentes manières10.
De plus, les pays peuvent avoir des approches ou
des capacités différentes pour différencier l’homicide volontaire de toutes les autres formes de violence meurtrière et certains homicides peuvent
aussi être répertoriés dans les registres de la justice
pénale d’une manière plus ou moins détaillée. Certains pays, par exemple, différencient dans leurs
systèmes d’enregistrement les homicides liés à la
criminalité organisée tandis que d’autres ne disposent pas des cadres juridiques et techniques qui
leur permettraient cette distinction. La simple
comparaison des statistiques de différents systèmes
de justice pénale peut donc, sur la base de ce qui
vient d’être vu, conduire à des erreurs d’interprétation. Parallèlement, les données tirées de la santé
publique affichent également des niveaux de
qualité variables d’une région à l’autre car quelques
pays, et en particulier des pays en développement,
ne tiennent pas de registre des décès. C’est pourquoi les données de santé pu-blique de certains
pays, d’Afrique plus particulièrement, font l’objet
d’estimations sur la base de modèles statistiques.
La prudence devrait donc être de mise dans
l’utilisation d’un conglomérat de données de cette
nature, mais un tel ensemble peut néanmoins se
révéler un précieux concours dans la lutte contre
les violences meurtrières.
9
On trouvera une analyse des sources de données au chapitre 7.
10 Certains pays par exemple traitent le “crime d’honneur” différemment d’autres formes d’homicide.
18
1. LE TABLEAU MONDIAL
Ce premier chapitre dresse les contours d’un phénomène qui décroit dans de nombreux pays et
sous-régions au point de devenir un événement relativement rare alors qu’il approche des seuils
paroxystiques dans d’autres. Les chapitres suivants
expliquent les raisons de telles disparités et leurs
différentes dynamiques. Le présent chapitre propose
une vue d’ensemble des totaux, des taux et des tendances en matière d’homicide aux niveaux mondial,
régional, sous-régional et national.
Totaux mondiaux et régionaux
L’ONUDC estime à 468 000 le nombre total des
homicides commis en 2010, pour l’ensemble du
monde1. On peut constater d’emblée une disparité de la fréquence des homicides sur la planète
lors-que l’on décompose ce chiffre par région, la
part la plus importante, soit quelque 36 %
ou 170 000 homicides revenant à l’Afrique, 31 %
soit environ 144 000 homicides concernant les
Amériques, et 27 % soit 128 000 homicides étant
perpétrés en Asie. L’Europe (5 %, soit 25 000 homicides) et l’Océanie (moins de 1 % soit 1 200 homicides) n’entrent que pour une faible part dans ce
total2.
1 Avec une fourchette estimée entre 308 000 et 539 000, ce
chiffre est basé sur les données par pays de 2010 ou le chiffre
connu le plus récent. Ce chiffre correspond pour l’essentiel
aux estimations mondiales sur l’homicide fournies par d’autres
organisations, bien que des différences dans les définitions, les
sources de données et les méthodologies statistiques empêchent
la comparaison directe des estimations disponibles. Par exemple, le Rapport mondial sur la violence et la santé (2002)
de l’OMS, a conclu sur une estimation de 520 000 décès
en 2000, du fait des violences interpersonnelles. Le Secrétariat
de la Déclaration de Genève donne des grandeurs du même
ordre dans son document Le fardeau mondial de la violence
armée (2008), soit 490 000 morts par homicide en 2004.
2
Les barres d’erreurs de la figure 1.1 sont dérivées des totaux
maximum et minimum annuels d’homicides pour chaque
région, selon différentes sources (voir chapitre 8). L’estimation
globale place l’Afrique en tête en raison du recours préférentiel
aux sources de santé publique dans cette région, qui tendent à
faire état de nombres d’homicides plus élevés que les sources
policières.
Fig. 1.1: Nombre total d’homicides par région (2010 ou année
la plus récente pour laquelle on dispose de données
Afrique
170 000
Amériques
144 000
Asie
128 000
Europe
25 000
1 200
Océanie
0
50 000
100 000
150 000
200 000
Nombre d’homicides
Source: UNODC, Homicide Statistics (2011). Les barres représentent la somme des nombres
totaux d’homicides sur la base de la source sélectionnée au niveau du pays, avec des
estimations maximales et minimales.
Répartition régionale en fonction de la
population
Le nombre absolu d’homicides dans une région ne
dépend pas seulement du niveau de violence dans
cette région, mais aussi de la taille de sa population. C’est en comparant le nombre estimé d’homicides par région avec la population de chaque
région, comme le fait la figure 1.2, que l’on fait
apparaître les véritables disparités de répartition
des homicides. Par exemple, les nombres estimés
d’homicides en Afrique et dans les Amériques sont
relativement élevés compte tenu de la taille de
leurs populations respectives, tandis que la part des
homicides est relativement faible en Asie et en
Europe.
Moyennes mondiales et régionales
Le total de 468 000 homicides aboutit à un taux
moyen mondial de 6,9 homicides pour 100 000 habitants. La carte 1.1 met en relief les disparités des
19
ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide
Fig. 1.2: Répartition des homicides et des populations par région (2010 ou année la plus
récente pour laquelle on dispose de données)
36%
31%
27%
5%
0,3%
15%
14%
60%
11%
0,5%
Asie
Europe
Océanie
Afrique
Amériques
Pourcentage des homicides dans
le monde
Pourcentage de la populaon mondiale
Source: UNODC Homicide Statistics (2011) et United Nations World Population Prospects, 2010 Revision (2011).
La surface de chaque cercle est proportionnelle au pourcentage du total concerné.
taux d’homicides moyens dans le monde, par
pays3, les zones les plus sombres correspondant aux
taux d’homicides les plus élevés d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud, des Caraïbes, de
l’Afrique centrale et de l’Afrique australe; les zones
3
Pour 90 % des pays de la carte 1.1, les données correspondent
aux années 2008, 2009 ou 2010, ce qui permet de présenter
une image unique et actualisée des niveaux de violence au plan
mondial.
les plus claires correspondant aux taux les plus
faibles dans certaines parties de l’Europe, de
l’Amérique du Nord, de l’Afrique septentrionale et
de l’Asie orientale, ainsi qu’en Océanie.
Quelque 80 pays (environ 40 % du total) affichent
des taux d’homicides faibles, inférieurs à trois pour
100 000 habitants par an, et un tiers de ces 80 pays
affichent des taux inférieurs à un homicide
Carte 1.1: Taux d’homicides par pays (2010 ou année la plus récente pour laquelle on
dispose de données)
C
C CC
C
C CCC CC C
CC
C
Taux d’homicides
0,00 - 2,99
3,00 - 4,99
5,00 - 9,99
10,00 - 19,99
20,00 - 24,99
25,00 - 34,99
>=35
Pas de données disponibles
Note: Les frontières et noms indiqués sur la présente carte n’impliquent ni reconnaissance ni acceptation officielles de la part de l’Organisation des Nations Unies.
Source: UNODC Homicide Statistics (2011).
20
LE TABLEAU MONDIAL
Carte 1.2: S
ource des statistiques sur les homicides, par pays (2010 ou année la plus
récente pour laquelle on dispose de données)
C
C CC
C
C CCC CC C
CC
C
Sources
Jusce pénale
Santé publique
Pas de données disponibles
Note: Les frontières et noms indiqués sur la présente carte n’impliquent ni reconnaissance ni acceptation officielles de la part de l’Organisation des Nations Unies.
Source: UNODC Homicide Statistics (2011).
pour 100 000 habitants. À l’opposé, 35 pays (environ 17 % du total) affichent des taux d’homicides
élevés, dépassant 20 homicides pour 100 000 habitants, certains dépassant 50 et d’autres atteignant
même 80 homicides pour 100 000 habitants. Les
autres pays (44 % du total) ont des taux d’homicides
moyens, entre 3 et 20 pour 100 000 habitants.
Le taux d’homicides dans les Amériques s’établit
à 15,6 % pour 100 000, soit plus du double de la
moyenne mondiale (figure 1.3) tandis
qu’à 17,4 pour 100 000, l’Afrique possède le taux
le plus élevé de toutes les régions, quoiqu’il soit
aussi celui présentant la plus forte incertitude en
raison des fortes discordances entre les données de
la justice pénale et celles de la santé publique4.
L’Asie se range entre 2,4 et 4,3 pour 100 000 et
l’Europe ainsi que l’Océanie se rangent aussi
au-dessous de la moyenne mondiale, à 3,5
pour 100 000.
4 Alors que les estimations les plus basses possibles placeraient
l’Afrique au niveau de la moyenne mondiale, l’on peut
estimer, sur la base des données disponibles, que la région se
positionne à un niveau plutôt supérieur à la moyenne mondiale qu’inférieur à celle-ci.
Fig. 1.3: Taux d’homicides par région (2010 ou année la plus
récente pour laquelle on dispose de données)
Afrique
17,4
Amériques
15,5
Monde
6,9
Océanie
3,5
Europe
3,5
Asie
3,1
0
5
10
15
20
Taux d’homicides pour 100 000 habitants
Source: UNODC Homicide Statistics (2011). Les barres représentent les taux moyens
d’homicides pondérés en fonction de la population, avec estimations haute et basse.
Moyennes sous-régionales et
nationales
Comme le montre clairement la figure 1.4,
l’Afrique australe ainsi que l’Amérique centrale,
l’Amérique du Sud et les Caraïbes ont des taux
d’homicides considérablement plus élevés que
d’autres sous-régions, tandis qu’à l’extrémité
21
1
ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide
Fig. 1.4: Taux d’homicides pour 100 000 habitants par
sous-région (2010 ou année la plus récente pour
laquelle on dispose de données)
Afrique australe (5 pays sur 5)
Amérique centrale (8 pays sur 8)
Amérique du Sud (13 pays sur 13)
Caraïbes (16 pays sur 22)
Europe orientale (10 pays sur 10)
Afrique orientale (11 pays sur 17)
Asie centrale (5 pays sur 5)
Afrique centrale (3 pays sur 9)
Amérique septentrionale (3 pays sur 3)
Asie méridionale (8 pays sur 9)
Asie occidentale (16 pays sur 18)
Océanie (5 pays sur 14)
Asie du Sud-Est (11 pays sur 11)
Afrique septentrionale (6 pays sur 6)
Europe septentrionale (10 pays sur 10)
Afrique occidentale (9 pays sur 16)
Asie orientale (5 pays sur 5)
Europe méridionale (13 pays sur 13)
Europe occidentale (8 pays sur 9)
Source: Justice pénale
Source: Santé publique
0
5
10
15
20
25
30
Source: UNODC Homicide Statistics (2011). Les barres représentent les taux moyens
d’homicides pondérés en fonction de la population, par catégorie de source.
opposée, l’Europe occidentale, l’Europe septentrionale et l’Europe méridionale ainsi que l’Asie
orientale ont les taux d’homicides les plus bas. Les
données montrent que les taux d’homicides tendent à être plus élevés dans les pays en développement, ce qui est une première indication du lien
entre développement et niveaux d’homicides. Le
chapitre 2 explore cette relation en détail.
La figure 1.4 met également en relief les problèmes associés à la disponibilité et à la qualité des
données, susceptibles d’entraver la compréhension
des schémas de la violence. Elle montre que c’est
dans plusieurs régions en développement, souvent
caractérisées par des niveaux d’homicides élevés,
que d’importants écarts demeurent entre les
données de la justice pénale et celles de la santé
publique. A contrario, on constate une meilleure
cohérence dans les pays à revenus élevés ou
moyens. La relation entre les disparités dans les
données, leur cohérence et le taux d’homicides
35 global devient plus claire encore lorsque ces
mêmes données sont visualisées au niveau des
pays, comme le montrent les figures 1.5 à 1.9.
Fig. 1.5: Taux d’homicides par pays/territoire, Afrique (2010 ou année la plus récente pour laquelle on dispose
de données)
90
Source: Justice pénale
Taux d’homicides pour 100 000 habitants
80
Source: Santé publique
70
60
50
40
30
20
10
Égypte
Maroc
Tunisie
Somalie
Sao Tomé-et-Principe
Seychelles
Jamahiriya arabe libyenne
Djibouti
Niger
Maurice
Algérie
Mali
Madagascar
Sénégal
Mozambique
Libéria
Gambie
Togo
Comores
Nigéria
Cap-Vert
Gabon
Zimbabwe
Mauritanie
Sierra Leone
Bénin
Ghana
Tchad
Rwanda
Érythrée
Burkina Faso
Angola
Cameroun
Kenya
Guinée-Bissau
Guinée équatoriale
République démocratique du Congo
Burundi
Botswana
Guinée
Lesotho
Soudan
République-Unie de Tanzanie
Éthiopie
Afrique du Sud
République centrafricaine
Namibie
Congo
Malawi
Ouganda
Zambie
Swaziland
Côte d'Ivoire
0
Source: UNODC Homicide Statistics (2011).
22
0
Bahreïn
Brunéi Darussalam
Hong Kong, Chine
Émirats arabes unis
Japon
Qatar
Maldives
Israël
Singapour
Koweït
Chypre
Iran (République islamique d’)
Viet Nam
Chine
Liban
Arménie
Azerbaïdjan
Macao, Chine
Yémen
Iraq
Oman
République de Corée
Malaisie
Tadjikistan
Afghanistan
République arabe syrienne
Arabie saoudite
Turquie
Sri Lanka
Ouzbékistan
Taïwan, province de Chine
Pakistan
Mongolie
Territoire palestinien occupé
Géorgie
Inde
République démocratique populaire lao
Bhoutan
Timor-Leste
Jordanie
Kirghizistan
Indonésie
Bangladesh
Népal
Thaïlande
Myanmar
Kazakhstan
Turkménistan
République populaire démocratique de Corée
Philippines
Cambodge
Taux d’homicides pour 100 000 habitants
Grenade
Dominique
Canada
Suriname
Pérou
Bermudes
Bolivie (État plurinational de)
Guadalupe
Martinique
Argentine
Chili
Uruguay
Cuba
Haïti
Antigua-et-Barbuda
Guyane française
États-Unis d’Amérique
Saint-Vincent-et-les Grenadines
Costa Rica
Îles Vierges britanniques
Îles Turques et Caïques
République dominicaine
Îles Caïmanes
Belize
Nicaragua
Bahamas
Paraguay
Sainte-Lucie
Barbade
Porto Rico
Honduras
Panama
Montserrat
Guyana
Équateur
Mexique
Brésil
Saint-Kitts-et-Nevis
Anguilla
Trinité-et-Tobago
Venezuela (République bolivarienne du)
Colombie
Guatemala
Îles Vierges américaines
Jamaïque
El Salvador
Taux d’homicides pour 100 000 habitants
LE TABLEAU MONDIAL
Fig. 1.6: Taux d’homicides par pays/territoire, Amériques (2010 ou année la plus récente pour laquelle on
dispose de données)
90
80
Source: Justice pénale
70
Source: Santé publique
60
50
40
30
20
10
0
Source: UNODC Homicide Statistics (2011).
Fig. 1.7: Taux d’homicides par pays/territoire, Asie (2010 ou année la plus récente pour laquelle on dispose
de données)
90
80
Source: Justice pénale
70
Source: Santé publique
60
50
40
30
20
10
Source: UNODC Homicide Statistics (2011).
23
1
ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide
Fig. 1.8: Taux d’homicides par pays/territoire, Europe (2010 ou année la plus récente pour laquelle on dispose
de données)
Taux d’homicides pour 100 000 habitants
90
80
Source: Justice pénale
70
Source: Santé publique
60
50
40
30
20
10
Monaco
Royaume-Uni
Islande
Slovénie
Allemagne
Suisse
Norvège
Autriche
France
Danemark
Espagne
Suède
République tchèque
Italie
Portugal
Pays-Bas
Irlande
Croatie
Hongrie
Pologne
Bosnie-Herzégovine
Andorre
Malte
Grèce
Bulgarie
Luxembourg
Slovaquie
Belgique
Serbie
Finlande
Roumanie
Monténégro
Liechtenstein
ex-République yougoslave de Macédoine
Albanie
Lituanie
Bélarus
Estonie
République de Moldova
Lettonie
Ukraine
Groenland
Fédération de Russie
0
Source: UNODC Homicide Statistics (2011).
80
Source: Justice pénale
Source: Santé publique
70
60
50
40
30
20
Nauru
Papouasie-Nouvelle-Guinée
Source: UNODC Homicide Statistics (2011).
Kiribati
Polynésie française
Nouvelle-Zélande
Australie
Samoa
Îles Salomon
Fidji
Tonga
Vanuatu
Micronésie
(États fédérés de)
0
Guam
10
Palaos
Taux d’homicides pour 100 000 habitants
Fig. 1.9: Taux d’homicides par pays/territoire, Océanie (2010
ou année la plus récente pour laquelle on dispose de
données)
90
Tendances de l’homicide
L’analyse des tendances globales des taux d’homicides est gênée par le manque de séries chronologiques dans beaucoup de pays, en particulier en
24
Afrique. Cependant, ainsi qu’on le verra ci-après
dans le détail des sous-régions, les données disponibles indiquent que les taux d’homicides ont
diminué dans huit sous-régions entre 1995
et 2010, tandis que l’Amérique centrale et les
Caraïbes sont les deux seules sous-régions où les
taux d’homicides ont augmenté depuis 1995
(aucune tendance régionale ou sous-régionale n’est
disponible pour l’Afrique). Entre 2005 et 2009
(figure 1.10), les taux d’homicides n’ont augmenté,
en moyenne, que dans les pays où ils étaient déjà
élevés, tandis que dans 101 pays affichant des taux
d’homicides faibles – principalement situés en
Europe et en Asie – et dans 17 pays ayant des taux
d’homicides moyens, ces taux avaient diminué
pendant la même période.
Amériques
S’agissant des Amériques, les taux d’homicides
dans les Caraïbes et en Amérique centrale augmentent depuis 1995, alors qu’ailleurs dans la région ils
diminuent ou restent stables. Bien que les
États-Unis d’Amérique aient des taux d’homicides
relativement élevés par comparaison à d’autres
pays présentant un niveau socioéconomique similaire, les taux de criminalité dans ce pays ont géné-
LE TABLEAU MONDIAL
Fig. 1.10: Tendances sur cinq ans des
taux d’homicides pour les pays
présentant des taux d’homicides
bas, moyens et élevés en 2005
130
Indice: 2005 = 100
120
110
100
90
80
70
2005
2006
2007
2008
2009
Taux d’homicides initial < 10 (101 pays)
Taux d’homicides initial 10 – 20 (17 pays)
Taux d’homicides initial > 20 (15 pays)
Source: UNODC Homicide Statistics (2011). Les courbes
représentent l’évolution des pourcentages moyens.
ralement décliné depuis le milieu des années 1990,
ce qui s’est traduit par une baisse régulière des
taux d’homicides en Amérique septentrionale.
Les taux d’homicides ont fluctué en Amérique du
Sud mais sont maintenant revenus à des niveaux
similaires à ceux observés en 1995, avec l’exception
notoire de la Colombie, qui a connu une
chute drastique de son taux d’homicides, passé
de 72 à 33 pour 100 000, en conservant toutefois
l’un des taux les plus élevés du monde.
Fig. 1.11: Tendances sous-régionales des
taux d’homicides, Amériques
(1995-2010)
Alors que le déclin des taux d’homicides a été
régulier en Amérique centrale de 1995 à 2005, la
sous-région a vu un accroissement très rapide de
ces taux après 2007. Les Caraïbes ont connu une
augmentation régulière tout au long de la décennie écoulée, à l’exception d’une chute temporaire en 2006.
Comme il en sera question de manière plus approfondie au chapitre 3 de la présente étude, le trafic
de drogues est à la fois un important vecteur des
taux d’homicides en Amérique centrale et l’un des
principaux facteurs sous-jacents à la montée des
niveaux de violence dans la sous-région, à l’instar
des activités illicites de la criminalité organisée en
général et du legs de la violence politique5.
Asia
Les taux d’homicides d’Asie montrent une tendance décroissante régulière de 1995 à 2009, mais dans
la sous-région de l’Asie occidentale, où les taux de
l’Arménie, de l’Azerbaïdjan et de la Géorgie ont
fortement chuté aussi, les taux d’homicides se sont
stabilisés pendant l’essentiel de la première décennie du XXIe siècle. Il convient de noter que les
données des séries chronologiques ne couvrent pas
un certain nombre de pays asiatiques très peuplés,
comme le Bangladesh, la Chine, l’Indonésie et la
Turquie, mais les données disponibles pour la
dernière décennie laissent penser que les taux
Fig. 1.12: Tendances sous-régionales des
taux d’homicides, Asie (1995-2009)
160
140
160
120
Indice: 1995 = 100
140
100
80
60
80
60
40
20
40
0
20
Asie centrale (4 pays)
Asie orientale, méridionale et du Sud-Est (8 pays)
Asie occidentale (5 pays)
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
0
100
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
Indice: 1995 = 100
120
Caraïbes (11 pays)
Amérique centrale (8 pays)
Amérique septentrionale (2 pays)
Amérique du Sud (9 pays)
Source: UNODC Homicide Statistics (2011). Les courbes
représentent l’évolution des pourcentages du taux d’homicides,
pondéré en fonction de la population, sur la base d’un niveau
initial de 100 pour 1995.
Source: UNODC Homicide Statistics (2011). Les courbes
représentent l’évolution des pourcentages du taux d’homicides
pondéré en fonction de la population, sur la base d’un niveau
initial de 100 pour 1995.
5
Banque mondiale, Crime and Violence in Central America –
A Development Challenge (2011).
25
1
ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide
Europe
En dépit de quelques fluctuations spectaculaires
telles que celles observées en Albanie, qui a connu
une alarmante recrudescence des taux d’homicides
au cours des troubles civils ayant suivi l’effondrement d’un modèle pyramidal en 1997, les taux
d’homicides ont diminué ou sont restés plus ou
moins stables dans la très grande majorité des
pays européens depuis 1995, à la suite des pics
de 1991-1993. Une amélioration des conditions
socioéconomiques dans de nombreux pays
d’Europe centrale et d’Europe orientale, mais aussi
des mesures de sécurité, peuvent avoir contribué à
ce résultat.
La plupart des pays d’Europe occidentale et
d’Europe septentrionale ont longtemps été détenteurs des plus bas taux d’homicides du monde
mais, paradoxalement, les infractions de type criminalité violente et trafic de drogues ont augmenté
dans de nombreux pays européens depuis le début
des années 19908. Ceci peut être dû pour partie
6
Par exemple, les données officielles chinoises indiquent que les
taux d’homicides ont chuté de 45 % entre 2002 et 2008, pour
atteindre un taux de 1,1 pour 100 000 habitants.
7 Dans le cas du Japon, les taux d’homicides ont diminué à
un rythme quasiment sans égal, à moins du tiers de ce qui
était répertorié en 1955, en partie en raison de la chute spectaculaire du nombre des auteurs d’homicides de sexe masculin
jeunes, voir Johnson, D.T., The Homicide Drop in Postwar
Japan (2008).
8
26
Aebi, M. et Linde, A., Is There a Crime Drop in Western
Europe?, European Journal on Criminal Policy and Research
(2010).
160
160
140
140
120
120
100
100
80
80
60
60
40
40
20
20
0
0
1991995
5
1991996
6
1991997
7
1991998
8
1991999
9
2002000
0
2002001
1
2002002
2
2002003
3
2002004
4
2002005
5
2002006
6
2002007
7
2002008
8
2002009
9
2012010
0
Dans les sous-régions d’Asie orientale et d’Asie du
Sud-Est, la région administrative spéciale de Hong
Kong (Chine), le Japon et Singapour ont connu un
déclin durable de leurs taux d’homicides et affichent
actuellement trois des six taux les plus faibles du
monde, avec 0,5 homicide pour 100 000 habitants
chacun7. En Asie méridionale, l’Inde a vu son taux
d’homicides diminuer de 23 % sur les 15 années
écoulées, tandis que le Pakistan et le Népal voyaient
leurs taux monter. En Asie centrale, les taux
d’homicides ont diminué d’un à deux tiers par
rapport à leurs niveaux antérieurs élevés.
Fig. 1.13: Tendances sous-régionales
des taux d’homicides, Europe
(1995-2009)
Index:
1995
= 100
Indice:
1995
= 100
d’homicides de ces pays et de plusieurs autres pays
asiatiques ont décliné aussi6. Simultanément, les
tendances en matière d’homicides sont plutôt
floues dans les pays sortant d’un conflit (comme
l’Afghanistan et l’Iraq), pour lesquels on ne dispose
pas de données en série chronologique. Dans
d’autres pays, des séries chronologiques complètes
sont disponibles et indiquent pour l’essentiel une
tendance à la baisse.
Eastern
(10(10
countries)
Europe Europe
orientale
pays)
Northern
Europe (9 countries)
Europe septentrionale
(9 pays)
Southern
Europe (7 countries)
Europe méridionale
(7 pays)
Western
Europe (5 countries)
Europe occidentale
(5 pays)
Source: UNODC Homicide Statistics (2011). Les courbes
représentent l’évolution des pourcentages du taux d’homicides
pondéré en fonction de la population, sur la base d’un niveau
initial de 100 pour 1995.
aux changements des modes de vie des jeunesses
européennes, notamment de leurs modes de consommation de drogues et d’alcool (beuveries
massives épisodiques ou “alcool-défonce”– binge
drinking–, par exemple) et l’émergence de nouvelles bandes de délinquants de rues fondées sur
l’appartenance à des minorités ethniques ou à des
groupes d’immigrants9. Des indices montrent que
ces évolutions ont des incidences sur l’augmentation
de la violence de rue et les admissions dans les
services hospitaliers10.
Une telle divergence entre les infractions avec violence et les homicides pourrait être due, en partie,
à la faible disponibilité des armes à feu11 (seulement 27 % des homicides sont commis avec une
arme à feu en Europe occidentale, contre 65 % en
l’Amérique centrale), ainsi qu’à une amélioration
qualitative des services de santé, qui réduit la mortalité consécutive aux agressions violentes et aux
9
Ibid.
10 En Angleterre et au pays de Galle, par exemple, les admissions
aux services hospitaliers pour agressions à l’arme blanche
ou avec des instruments tranchants ont augmenté de 34 %
entre 2002 et 2007. Voir: OMS, European Report on Preventing Violence and Knife Crime among Young People (2010), en
anglais seulement (Rapport européen sur la prévention de la
violence et de la criminalité à l’arme blanche chez les jeunes).
11 Secrétariat de la Déclaration de Genève, Le fardeau mondial
de la violence armée (2008).
LE TABLEAU MONDIAL
tentatives d’homicides12. Certains chercheurs ont
aussi émis l’hypothèse que les diminutions des
taux d’homicides en Europe pourraient s’expliquer
par une meilleure égalité économique et l’absence
de conflits sociaux majeurs13.
Les facteurs sous-jacents aux différences importantes entre les taux d’homicides d’une sous-région
à l’autre sont multiples, complexes et intriqués. La
recherche sur les hauts niveaux de violences interpersonnelles en Amérique centrale et en Amérique
du Sud, par exemple, se rapporte souvent à des
facteurs qui sont nés, qui suscitent ou facilitent, la
violence, comme “l’inégalité sociale due à
l’augmentation de la richesse par rapport à la pauvreté”, le paradoxe de la scolarisation grandissante
et de la réduction des possibilités d’emploi”, “les
attentes croissantes et l’impossibilité de les satisfaire”, “les changements de la structure familiale”,
et “le recul de la religion dans la vie quotidienne”,
“la densité croissante des zones pauvres et la ségrégation urbaine”, “le culte de la virilité”, “l’évolution
des marchés de la drogue”, “la croissance du
nombre des armes à feu”, “la consommation
d’alcool” et “les difficultés dans l’expression verbale des sentiments” sont également soulignés14.
Certains de ces facteurs sont examinés en profondeur aux chapitres 2 et 3 de la présente étude, qui
se penche sur les interférences entre homicide et
développement, et sur l’impact de l’utilisation des
armes à feu et de l’existence des bandes de délinquants ainsi que de la criminalité organisée.
12 En 1990, en Europe, les homicides effectifs (par opposition
aux tentatives) représentaient 33,6 % des taux d’homicides
totaux; en 2007, ils représentaient 31 %. Source: Aebi, M. et
Linde, A., Is There a Crime Drop in Western Europe?, European
Journal on Criminal Policy and Research (2010).
13 Garland, D., The Culture of Control: Crime and Social
Order in Contemporary Society (2001).
14 Briceño-León, R., Violencia urbana y salud pública en Latinoamérica: un marco sociológico explicativo (Violence urbaine
et santé publique: cadre sociologique explicatif ), Cadernos de
Saúde Pública (2005).
27
1
2. HOMICIDE ET DÉVELOPPEMENT
Les raisons pour lesquelles une personne tue volontairement une autre personne sont multiples, et il
est évident que les forces incitatrices différentes à
l’œuvre lorsqu’un tel événement se produit sont
nombreuses. Mais un certain consensus se dégage,
tant chez les spécialistes1 que dans la communauté
internationale, pour dire que la violence meurtrière prend souvent sa source dans des contextes
de pénurie et de privations, d’inégalité et d’injustice, de marginalisation sociale, de bas niveaux
d’éducation et de faiblesse de l’état de droit.
Plusieurs rapports et initiatives se sont intéressés
aux liens entre le développement et la vaste question de la violence armée, où l’on range à la fois la
violence pendant les conflits, et la violence hors
conflits2. La sensibilisation à ces questions a permis
de placer le lien entre violence armée et développement très haut dans l’ordre du jour international: la
Déclaration de Genève sur la violence armée et le
développement (2006) et le Rapport du Secrétaire
général des Nations Unies, Promotion du développement par le biais de la réduction et la prévention de la violence armée (2009), peuvent être
considérés comme les premières manifestations
d’une résolution internationale grandissante de
traiter la violence armée comme un obstacle majeur
au développement humain, économique et social.
1 La recherche en criminologie insiste depuis longtemps sur
l’importance du développement économique et social dans
l’explication des caractéristiques et des niveaux d’homicides.
Voir Land, K., McCall, P.L. et Cohen, L.E., Structural
Covariates of Homicide Rates: Are There Any Invariances
Across Time and Social Space?, American Journal of Sociology
(1990); Tcherni, M., Structural Determinants of Homicide:
The Big Three, Journal of Quantitative Criminology (2011)
et Bourguignon, F., Crime As a Social Cost of Poverty and
Inequality: A Review Focusing on Developing Countries, Revista
Desarrollo y Sociedad (2009).
2 Voir par exemple, Déclaration de Genève, More Violence,
Less Development: Examining the relationship between armed
violence and MDG achievement (2010) et Banque mondiale,
World Development Report (2011).
La disponibilité d’un ensemble global de données
sur les taux d’homicides au niveau mondial a
permis de mener une première analyse dans le
présent chapitre, sur la base de données en séries
chronologiques et transnationales pour explorer la
relation entre l’homicide et les indicateurs de progrès social et économique, la primauté du droit, les
tendances économiques et les répercussions de la
récente crise économique sur la criminalité. Si la
relation entre l’homicide et de tels facteurs est
ample et difficile à illustrer, l’exploration des
données disponibles pour de nombreux pays peut
néanmoins apporter une meilleure compréhension
du rôle que la prévention de la criminalité peut
jouer dans le développement.
La présente étude n’a pas pour objectif d’identifier
les relations causales entre homicide et développement, ou développement et homicide. Elle vise
plutôt à démontrer que le crime, le développement, la macroéconomie et l’égalité des revenus
sont étroitement reliés et, par conséquent, que les
politiques de développement et économiques ne
peuvent réussir si elles n’intègrent pas des stratégies
de prévention de la criminalité qui devraient être
conçue de façon cohérente et mises en œuvre à la
lumière des spécificités socioéconomiques.
Niveaux d’homicide et indicateurs de
développement
L’une des manières d’explorer la relation entre
homicide et développement consiste à voir si les
taux d’homicides entrent en corrélation avec un
certain nombre d’indicateurs de développement:
par exemple, si les niveaux d’homicides plus élevés
vont de pair avec des niveaux de développement
plus bas.
Lorsque l’on met les taux d’homicides en regard des
indicateurs de développement, comme dans la
figure 2.1, un schéma assez cohérent se dessine: au
29
ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide
Fig. 2.1: Taux d’homicides et indicateurs de développement, niveau mondial (2010 ou année la plus récente
pour laquelle on dispose de données)
Taux d’homicides et IDH
40
Taux d’homicides et coefficient de Gini
40
35
Taux d’homicides
pour 100 000 habitants
Taux d’homicides
pour 100 000 habitants
35
30
25
20
15
10
5
30
25
20
15
10
5
0
Indice de développement humain
Très élevé
(42 pays)
Élevé
(38 pays)
Moyen
(41 pays)
Bas
(47 pays)
0
Moins d’inégalité
Coefficient de Gini
de revenus
< 0,35
(36 pays)
0,35 - 0,39
(33 pays)
0,40 - 0,45
(22 pays)
Plus d’inégalité
de revenus
> 0,45
(22 pays)
Source: UNODC Homicide Statistics (2011). Indice de développement humain (IDH) du PNUD et coefficient de Gini de la Banque mondiale. La taille des
bulles est proportionnelle au pourcentage des homicides au niveau mondial dans les pays pour lesquels un IDH ou un coefficient de Gini est établi.
niveau mondial, les niveaux faibles de criminalité
violente sont corrélés à des niveaux plus élevés de
développement et d’égalité de revenus. Cette relation est assez solide, compte tenu de la diversité des
différentes mesures présentées.
Si l’on examine les différents niveaux des indices
du développement humain (IDH)3, “bas”, moyen,
“élevé”, “très élevé”, les taux d’homicides augmentent généralement d’autant plus que les niveaux de
développement sont faibles. La majorité des homicides (38 % de l’ensemble des homicides sur la
planète, pour 18 % de la population mondiale) est
perpétrée dans des pays à faibles niveaux de développement humain: les pays dont l’IDH est “bas”
(principalement situés en Afrique) connaissent des
taux d’homicides de trois à quatre fois supérieurs
aux niveaux de pays ayant des IDH “très élevés” ou
“moyens”. Les seuls pays à IDH “élevé” faisant
exception à ce modèle se trouvent principalement
en Amérique centrale et en Amérique du Sud, où
d’autres facteurs tels que le crime organisé et
l’inégalité jouent un rôle plus important que les
niveaux moyens du développement humain.
L’inégalité est un autre vecteur de hauts niveaux
d’homicides. Les taux d’homicides rapportés au
coefficient de Gini, qui est une importante mesure
de l’inégalité4 montrent qu’au niveau mondial les
3 L’IDH mesure les réalisations moyennes dans un pays, dans
trois dimensions fondamentales du développement humain:
une vie longue et en bonne santé, telle que mesurée par
l’espérance de vie à la naissance; les connaissances, mesurées par le taux d’alphabétisation chez les adultes et le taux
d’enrôlement combiné primaire, secondaire et tertiaire; un
niveau de vie décent, mesuré selon le PIB par habitant.
4 Les faibles valeurs équivalent à une distribution plus
harmonieuse des revenus: 0 représente une égalité totale,
1 représente le maximum d’inégalité.
30
pays présentant d’importantes disparités dans les
revenus (coefficient de Gini supérieur à 0,45) ont
un taux d’homicides presque quatre fois supérieur
à la plupart des sociétés plus égalitaires. Cumulant
36 % des homicides mais seulement 19 % de la
population, ce groupe est principalement constitué par des pays d’Afrique et des Amériques.
Le lien entre les niveaux élevés de criminalité violente et les faibles niveaux de développement
transparaît également lorsque l’on analyse ensemble les homicides, les PIB et les taux de mortalité
des enfants de moins de cinq ans. Les plus forts
taux d’homicides peuvent être constatés dans le
groupe des pays ayant les PIB par habitant les plus
faibles (moins de 2 500 PPA-USD) 5, tandis
qu’une poussée pour les pays ayant un PIB
de 10 000 à 25 000 PPA-USD est associé aux pays
du continent américain; soit un schéma similaire
à celui observé dans les pays ayant un IDH élevé.
Les pays ayant un taux élevé de mortalité
des enfants de moins de cinq ans (plus de 75
pour 100 000) ont un taux d’homicides élevé
(dépassant 15 pour 100 000), tandis que le taux
d’homicides est trois fois moindre dans les pays où
le taux de mortalité des enfants de moins de cinq
ans est inférieur au seuil des 75 pour 100 000.
5 Les parités de pouvoir d’achat (PPA) permettent d’ajuster les
différences de niveaux de prix entre les économies, et donc
d’effectuer des comparaisons transnationales. Pour davantage
d’informations sur les PPA, voir Banque mondiale, Global
Purchasing Power parities and Real Expenditures, 2005 International Comparison Program (2008).
HOMICIDE ET DÉVELOPPEMENT
40
40
35
35
30
30
Taux d’homicides
pour 100 000 habitants
Taux d’homicides
pour 100 000 habitants
Fig. 2.2: Taux d’homicides et indicateurs de développement, Afrique (2010 ou année la plus récente pour
laquelle on dispose de données)
Taux d’homicides et IDH
Taux d’homicides et coefficient de Gini
25
20
15
10
25
20
15
10
5
5
0
0
Indice de développement humain
Très élevé
(0 pays)
Élevé
(2 pays)
Moyen
(10 pays)
Coefficient de Gini
< 0,35
(5 pays)
Bas
(37 pays)
0,35 - 0,45
(23 pays)
> 0,45
(15 pays)
Source: UNODC Homicide Statistics (2011). Indice de développement humain du PNUD et coefficient de Gini de la Banque mondiale. La taille des bulles
est proportionnelle au pourcentage des homicides au niveau mondial dans les pays pour lesquels un IDH ou un coefficient de Gini est établi.
Gros plans sur les régions
Au niveau mondial, la relation entre indicateurs de
développement et taux d’homicides est parfois
brouillée par d’autres facteurs associés aux niveaux
d’homicides, dont les tendances sont divergentes
dans différentes parties du monde. Ceci concerne,
par exemple, le rôle du crime organisé ou l’impact
des politiques de préventions de la criminalité.
C’est cependant l’analyse de la relation entre développement et homicide au niveau régional – où
les schémas se rapportant à de tels facteurs sont
plus susceptibles d’être similaires – qui peut fournir
une image claire du rôle du développement sur les
niveaux de la criminalité.
Afrique
Comme le montre la figure 2.2, la corrélation
entre la criminalité, le développement et la répartition des revenus est claire en Afrique, même s’il
convient de rester prudent quant à l’interprétation
de ces conclusions puisque les données de certains
pays africains ont été estimées à l’aide de modèles
statistiques extrapolant les données relatives aux
homicides sur la base, aussi, de variables socioéconomiques. Les pays africains à IDH “bas” ont
en moyenne un taux d’homicides dépassant 20
pour 100 000, ce qui est le double de la valeur
estimée pour les pays africains à IDH “moyens” et
un homicide volontaire sur trois commis dans le
Fig. 2.3: Taux d’homicides et indicateurs de développement, Amériques (2010 ou année la plus récente pour
laquelle on dispose de données)
Taux d’homicides et IDH
40
35
35
30
30
Taux d’homicides
pour 100 000 habitants
Taux d’homicides
pour 100 000 habitants
40
25
20
15
10
Taux d’homicides et coefficient de Gini
25
20
15
10
5
5
0
0
Indice de développement humain
Très élevé
(3 pays)
Élevé
(15 pays)
Moyen
(9 pays)
Bas
(0 pays)
Coefficient de Gini
< 0,35
(1 pays)
0,35 - 0,45
(4 pays)
> 0,45
(17 pays)
Source: UNODC Homicide Statistics (2011). Indice de développement humain (PNUD) et coefficient de Gini (Banque mondiale). La taille des bulles
est proportionnelle au pourcentage des homicides au niveau mondial dans les pays pour lesquels un IDH ou un coefficient de Gini est établi.
31
2
ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide
Fig. 2.4: Taux d’homicides et indicateurs de développement, Asie (2010 ou année la plus récente pour laquelle
on dispose de données)
Taux d’homicides et IDH
40
35
35
30
30
Taux d’homicides
pour 100 000 habitants
Taux d’homicides
pour 100 000 habitants
40
25
20
15
10
25
20
15
10
5
5
0
Taux d’homicides et coefficient de Gini
0
Indice de développement humain
Moyen
Très élevé
Bas
Élevé
(17 pays)
(10 pays)
(8 pays)
(8 pays)
< 0,35
(9 pays)
Coefficient de Gini
0,35 - 0,45
(23 pays)
> 0,45
(3 pays)
Source: UNODC Homicide Statistics (2011). Indice de développement humain (PNUD) et coefficient de Gini (Banque mondiale). La taille des bulles
est proportionnelle au pourcentage des homicides au niveau mondial dans les pays pour lesquels un IDH ou un coefficient de Gini est établi.
monde est perpétré dans les pays d’Afrique faiblement développés. Le coefficient de Gini apporte
une indication similaire puisqu’il montre que les
pays africains ayant les plus fortes inégalités de
revenus (coefficient de Gini supérieur à 0,45) ont
les taux d’homicides les plus élevés (environ 22
pour 100 000).
niveaux d’homicides. Dans la région cependant, le
développement humain et l’inégalité des revenus
sont des facteurs qui peuvent expliquer au moins
une certaine variabilité des niveaux de criminalité
violente dans cette région (figure 2.3).
Asie
En Asie, les taux élevés d’homicides vont généralement de pair avec des niveaux de développement
bas mais, au contraire d’autres régions, les données
nationales ne semblent pas faire ressortir de relation entre la criminalité violente et l’inégalité
(figure 2.4). Quelques-uns des pays les plus peuplés du monde étant situés en Asie, les données
nationales ne peuvent mesurer que de très importants groupes humains et une meilleure analyse de
Amériques
Si on les compare aux pays d’autres régions, les
pays des Amériques ont en moyenne des taux
d’homicides élevés, associés à des niveaux de développement relativement hauts, ce qui mène à
penser que des facteurs autres que le développement, comme par exemple le crime organisé,
jouent un rôle anormalement important dans les
Fig. 2.5: Taux d’homicides et indicateurs de développement, Europe (2010 ou année la plus récente pour
laquelle on dispose de données)
Taux d’homicides et IDH
40
35
35
30
30
Taux d’homicides
pour 100 000 habitants
Taux d’homicides
pour 100 000 habitants
40
25
20
15
10
5
0
Taux d’homicides et coefficient de Gini
25
20
15
10
5
Indice de développement humain
Très élevé
Élevé
Moyen
Bas
(27 pays)
(13 pays)
(0 pays)
(0 pays)
0
Índice de Gini
< 0,35
(21 pays)
0,35 - 0,45
(8 pays)
> 0,45
(0 pays)
Source: UNODC Homicide Statistics (2011). Indice de développement humain (PNUD) et coefficient de Gini (Banque mondiale). La taille des bulles
est proportionnelle au pourcentage des homicides au niveau mondial dans les pays pour lesquels un IDH ou un coefficient de Gini est établi.
32
HOMICIDE ET DÉVELOPPEMENT
Fig. 2.6: Position des pays en fonction des évolutions de l’Indice de l’état de droit et du
taux d’homicides, milieu des années 1990 à 2009
2,5
Homicides en diminuon
Homicides en augmentaon
2
1,5
Indice de l’état de droit 2009
1
0,5
0
-2,5
-2
-1,5
-1
-0,5
0
0,5
1
1,5
2
2,5
-0,5
-1
État de droit
amélioré
-1,5
-2
État de droit
détérioré
-2,5
Indice de l’état de droit 1996 (ou 1998)
Source: World Bank Data Rule of Law Index (1996 et 2009) et UNODC Homicide Statistics (2011). Les couleurs représentent
les tendances en matière d’homicides (en diminution ou en augmentation entre 1995 et 2009). La taille des bulles
est proportionnelle à l’évolution des taux d’homicides (de 1995 à 2009).
la criminalité et de l’inégalité dans cette région
nécessiterait des statistiques infranationales. Il est
intéressant d’observer que les quatre pays les plus
peuplés de la région (Chine, Inde, Indonésie et
Pakistan) affichent tous des niveaux d’égalité des
revenus relativement similaires (coefficient de Gini
entre 0,32 et 0,42), tout en connaissant des taux
d’homicides différents: de un pour 100 000 en
Chine à sept pour 100 000 au Pakistan. Ces taux
demeurent très bas par comparaison avec d’autres
régions, mais montrent une grande variabilité à
l’intérieur de la région elle-même.
Europe
Les taux d’homicides les élevés accompagnent les
plus bas niveaux de développement en Europe et,
comme dans toutes les régions, sauf l’Asie, les taux
d’homicides les plus élevés correspondent aux
pays d’Europe connaissant les plus hauts niveaux
d’inégalité dans les revenus (figure 2.5).
L’homicide et l’état de droit
Essentiel à l’établissement d’une gouvernance efficace et donc élément crucial du puzzle du développement humain, l’état de droit désigne un
principe en vertu duquel chacun doit répondre de
l’observation de lois promulguées publiquement,
appliquées de façon identique pour tous, administrées de manière indépendante et compatibles avec
les règles et normes internationales en matière de
droits de l’homme. Un développement économique et social à long terme, durable, nécessite en
lui-même une gouvernance démocratique enracinée dans l’état de droit. Pour des raisons historiques, politiques et économiques, le respect accordé
à cette primauté du droit varie considérablement
d’un pays à l’autre. Il est intéressant d’étudier les
éventuelles répercussions de telles variations sur les
niveaux d’homicides pour déterminer si une gouvernance efficace et un état de droit fortement
implantés sont des conditions préalables à la diminution réelle des taux d’homicides6.
La mesure de la réalité de la primauté du droit
dans un pays donné pose plusieurs problèmes
6 Le principe de l’état de droit retient de plus en plus l’attention en raison de son importance intrinsèque dans la promotion des droits de l’homme, et de son rôle dans les
activités visant à faire en sorte que les efforts de développement soient menés sur une base durable (voir Déclaration du
Millénaire – Nations Unies – et les résolutions de l’Assemblée
générale qui ont suivi (A/RES/62/70, A/RES/63/128).
33
2
ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide
méthodologiques7 et, aux fins de cet exercice, c’est
le Rule of Law Index (ROLI)8 de la Banque mondiale qui a été utilisé. La figure 2.6 illustre les
changements de la valeur du ROLI entre le milieu
des années 1990 et 2009, ainsi que le changement
absolu des taux d’homicides pendant la même
période9.
état de droit relativement fort (en haut à droite)
n’ont généralement pas connu d’augmentation des
taux d’homicides10.
La figure 2.6 montre que pratiquement tous les
pays où l’état de droit s’est renforcé (ceux situés
au-dessus de la diagonale) ont également connu
une diminution de leur taux d’homicides (bulles
vertes), alors qu’inversement la plupart des pays
qui ont connu une augmentation de leurs taux
d’homicides (bulles rouges) ont également connu
un affaiblissement de l’état de droit (et se trouvent
au-dessous de la diagonale). Simultanément, la
plupart des pays où les taux d’homicides se sont
accrus sont associés à un état de droit relativement
faible (ils sont dans la partie basse et gauche du
graphique, tandis qu’inversement les pays ayant un
Pays baltes, PIB par habitant, PPA-USD (3 pays)
Caucase, PIB par habitant, PPA-USD (3 pays)
Pays baltes, taux d’homicides (3 pays)
Caucase, taux d’homicides (3 pays)
2009
2008
2007
2006
2005
2004
2003
2002
0
2001
0
2000
4 000
1999
4
1998
8 000
1997
8
1996
12 000
1995
12
1994
16 000
1993
16
1992
20 000
1991
20
1990
Taux d’homicides pour 100 000 habitants
Fig. 2.7: Taux d’homicides et PIB par habitant dans les pays appartenant précédemment à
l’ex-Union soviétique (1990-2009)
PIB par habitant, PPA-USD
Les changements les plus importants dans les taux
d’homicides interviennent dans les pays où l’état
de droit est relativement faible, ce qui reflète en
partie le fait que les pays ayant un état de droit
plutôt faible ont aussi des taux d’homicides a priori
plus élevés, et donc un potentiel de changement
plus élevé. Cependant, pour un petit groupe de
pays (Estonie, Lettonie et Lituanie) qui, historiquement, ont connu un état de droit fort, on constate des diminutions relativement importantes des
taux d’homicides avec la remontée en puissan-ce
de l’état de droit. Inversement, divers pays des
Caraïbes, d’Amérique centrale et d’Amérique du
Sud ont enregistré un déclin de leur état de droit
déjà faible, comme en témoigne cet indicateur, et
ils connaissent aussi certaines des plus fortes
augmentations de taux d’homicides.
Asie centrale, PIB par habitant, PPA-USD (4 pays)
Europe orientale, PIB par habitant, PPA-USD (4 pays)
Asie centrale, taux d’homicides (4 pays)
Europe orientale, taux d’homicides (4 pays)
Source: UNODC Homicide Statistics (2011) et données de la Banque mondiale (PIB).
7 Voir le document des Nations Unies Rule of Law Indicators.
Implementation guide and Project Tools (2011).
8 L’Indicateur de l’état de droit est l’un des indicateurs mondiaux de la gouvernance mis au point par la Banque mondiale.
Il “capte l’image de la mesure dans laquelle les agents de l’État
font confiance aux règles de la société et y adhèrent, s’agissant
en particulier de la qualité de l’exécution des contrats, des
droits de propriété, de la police et des tribunaux, ainsi que
de la probabilité des crimes et de la violence”. L’indicateur va
de -2,5 à 2,5, les valeurs négatives correspondant aux pays où
l’état de droit est relativement faible: plus la valeur est élevée,
meilleure est l’image de l’état de droit.
9
34
Les pays ayant une population de moins de 350 000 habitants
ont été exclus en raison de la moindre stabilité des taux les
concernant.
10 Dans la mesure où le ROLI est également édifié, en partie,
sur la base de mesures de la criminalité et de la violence,
les résultats peuvent être marginalement influencés par
l’auto-corrélation du ROLI avec les taux d’homicides
mesurés. Cependant, la criminalité violente ne représente
qu’une parmi plusieurs dizaines de sous-indicateurs qui sont
compilés pour le ROLI. Voir http://info.worldbank.org/
governance/wgi/pdf/rl.pdf.
HOMICIDE ET DÉVELOPPEMENT
Tendances économiques et homicide
Analyser les changements des variables économiques avec ceux des indicateurs de la criminalité est
une autre manière, pertinente, d’observer la relation entre les variables de développement économique et les taux d’homicides11. Par exemple, la
relation entre PIB et homicides s’est avérée particulièrement évidente dans les pays appartenant
autrefois à l’Union soviétique, lors des soubresauts
de son éclatement: la chute des PIB pendant la
première moitié des années 1990 a coïncidé avec
une montée rapide des taux d’homicides, tandis
que la lente amélioration des conditions économiques s’est reflétée dans une diminution régulière
des homicides volontaires (figure 2.7). Cette tendance est visible dans tous ces pays, même si les
évolutions en matière d’homicides et de PIB n’ont
pas toujours été simultanées.
Il semble aussi que l’on doive associer le niveau
moyen des performances économiques avec les
tendances en matière d’homicide dans d’autres
contextes: les taux d’homicides d’Amérique du
Sud ont diminué pendant les périodes de croissan-
ce économique, même s’il faut noter qu’ils avaient
commencé à décroître un peu avant le début de la
montée du PIB par habitant (2002-2004). En
Amérique centrale, les taux d’homicides ont décliné lentement pendant une période de croissance
économique régulière (les dix années qui ont
suivi 1995), tandis que la brusque flambée des
homicides postérieure à 2007 est intervenue à un
moment où la croissance du PIB fléchissait aussi
de manière significative (2008 et 2009) (figure 2.8).
Répercussions de la crise économique
sur la criminalité
Parallèlement à la prise en compte des tendances à
long terme dans les variables socioéconomiques et
de leur relation avec l’homicide, les éventuelles répercussions des changements économiques à court
terme sur la criminalité et l’homicide posent une
question de recherche supplémentaire. Le fort lien
entre criminalité et développement économi-que
est visible également dans les niveaux chan-geants
des homicides et des atteintes aux biens qui ont
suivi la récente crise économique mondiale. Une
étude menée par l’ONUDC à propos des répercussions de la crise économique sur la criminalité12 a
12 000
30
10 000
25
8 000
20
6 000
15
4 000
10
2009
2008
2007
2006
2005
2004
2003
2002
2001
2000
1999
0
1998
0
1997
2 000
1996
5
PIB par habitant, PPA-USD
35
1995
Taux d’homicides pour100 000 habitants
Fig. 2.8: Taux d’homicides et PIB par habitant, Amérique centrale et Amérique du Sud (1995-2009)
Amérique centrale, PIB par habitant, PPA-USD (7 pays)
Amérique du Sud, PIB par habitant, PPA-USD (8 pays)
Amérique centrale, taux d’homicides (7 pays)
Amérique du Sud, taux d’homicides (8 pays)
Source: UNODC Homicide Statistics (2011) et données de la Banque mondiale (PIB).
11 En de tels cas, une relation apparaît lorsque les changements
d’une variable ont une “relation en terme de valeur et de
temps” avec les changements d’une autre variable, par exemple si elles se déplacent dans la même direction (ou la direction opposée) et qu’elles sont simultanées (ou ont un décalage
temporel fixe). La contrainte majeure en l’occurrence étant
la rareté des séries chronologiques nationales pour plusieurs
variables socioéconomiques, à l’exception du PIB par habitant, pour lequel les séries de données chronologiques sont
disponibles pour un grand nombre de pays.
12 Cette étude a été réalisée dans le cadre de l’initiative Global
Pulse, de l’ONU, pour établir l’éventuelle existence d’une
relation entre les facteurs économiques, en particulier les
changements de contextes économiques qui se sont produits
pendant la crise financière mondiale de 2008/2009, et les
changements dans les niveaux de criminalité, notamment les
homicides volontaires. Des séries de données chronologiques
fréquentes (mensuelles) venues de 15 pays ou grandes villes du
monde entier ont été incorporées dans cette étude.
35
2
ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide
Fig. 2.9: Taux d’homicides et quelques variables économiques, Jamaïque (2001-2010)
100
30
Moyenne mobile d’ordre 8 (taux d’homicides)
Moyenne mobile d’ordre 2 (% annuel d’évolution de l’IPC)
Moyenne mobile d’ordre 2 (% annuel d’évolution du PIB
25
80
20
70
15
60
50
10
40
5
30
0
20
-5
10
0
-10
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
Source: Police/Constabulary de la Jamaïque et base de données SFI-FMI (Statistiques financières internationales-Fonds monétaire international).
montré que, dans un certain nombre de pays, les
niveaux d’homicides peuvent être affectés par les
changements économiques brutaux et prononcés.
Les modèles élaborés pour simuler et décrire les
changements des niveaux d’homicides dans le
temps incorporent souvent des indicateurs statistiquement significatifs, et suggèrent l’existence de
quelque rapport global entre certains facteurs
économiques et l’homicide. Une analyse préparatoire de la recherche d’un lien de causalité entre les
tendances économiques et l’homicide laisse
entrevoir que les changements économiques entretiennent un rapport avec les taux d’homicides
quoique, parfois, avec un décalage temporel.
De façon purement visuelle, on peut constater que
les changements économiques correspondant à la
crise financière de 2008/2009 sont allés de pair
avec des augmentations des niveaux d’homicides
dans beaucoup de pays. En Jamaïque, par exemple,
qui est un pays où les taux d’homicides et les
niveaux de violence sont généralement élevés, une
part de l’augmentation des niveaux d’homicides
s’est produite pendant la crise économique
(figure 2.9). Des prix à la hausse, vérifiés par une
augmentation de l’Indice des prix à la consommation (IPC) et un déclin du PIB marquent la crise
économique de 2008/2009. Une augmentation
des niveaux d’homicides peut être observée durant
la même période, avec une relation entre les évolutions (en pourcentages) de l’IPC, du PIB et des
homicides, absolument flagrantes sur l’ensemble
36
des séries chronologiques, et pas seulement pendant la crise financière. Des tendances similaires
dans les PIB, les IPC et les homicides sont identifiables au Costa Rica, un autre pays affecté par la
crise financière (figure 2.10). La récente crise
financière a pesé non seulement sur les homicides
mais également sur d’autres infractions pénales, en
particulier les atteintes aux biens: la relation entre
le taux de chômage, l’ICP et les vols de voitures en
Thaïlande en est une illustration (figure 2.11).
Une analyse réalisée selon un modèle ARIMA a
conclu que, pour huit pays sur les 15 suivis, des
changements des facteurs économiques étaient
associés à des changements dans divers types
d’infractions pénales13. Dans chacun des cas, le
pays a subi une diminution du PIB en 2008/2009
et une augmentation de l’ICP ou du taux de
chômage. Ceci a coïncidé avec une augmentation
des infractions pénales examinées, ce qui laisse
penser que la tension économique peut aller de
pair avec les augmentations de la criminalité vio13 L’approche analytique adoptée a consisté à développer des
modèles (ARIMA) de moyennes mobiles intégrées autorégressives élargis par l’inclusion éventuelle d’indicateurs économiques statistiquement significatifs. La méthodologie ARIMA
génère un modèle qui décrit les séries chronologiques en
matière d’homicides sur la base d’observations passées dans
les séries d’homicides mêmes, ainsi que d’erreurs aléatoires
passées. Le modèle est élargi pour que des observations
actuelles et passées de séries chronologiques économiques
puissent être incluses dans le modèle si elles contribuent significativement à la capacité du modèle à décrire la variabilité
des fluctuations mensuelles en matière d’homicides.
Pourcentage d’évolution
Taux d’homicides pour 100 000 habitants
90
HOMICIDE ET DÉVELOPPEMENT
Fig. 2.10: Taux d’homicides et quelques variables économiques, Costa Rica (2005-2009)
20
16
15
12
10
10
5
8
6
0
Pourcentage d’évolution
Taux d’homicides pour 100 000 habitants
14
4
-5
Moyenne mobile d’ordre 3 (taux d’homicides)
Moyenne mobile d’ordre 2 (% annuel d’évolution de l’IPC)
Moyenne mobile d’ordre 2 (% annuel d’évolution du PIB)
2
0
-10
2005
2007 du Costa Rica et2008
2009
Source:2006
Observatorio de la Violencia
base de données SFI-FMI.
Fig. 2.11: Vols de véhicules à moteur et quelques variables économiques,
Thaïlande (2005-2010)
14
Moyenne mobile d’ordre 2 (taux de vols de véhicules à moteur)
Moyenne mobile d’ordre 2 (% annuel d’évolution du PIB)
Moyenne mobile d’ordre 2 (taux de chômage)
50
12
10
8
40
6
4
30
2
0
20
-2
-4
10
Taux de chômage et % d’évolution des IPC
Taux de vols de véhicules à moteur pour 100 000habitants
60
-6
0
-8
2005
2006
2007
2008
2009
Source: Police royale Thaï et base de données SFI-FMI.
lente et des atteintes à la propriété, en fonction des
contextes propres à chaque pays.
Les facteurs économiques et de développement
analysés dans le présent chapitre ne sont pas les
seuls à influencer le niveau de violence dans une
société. Des études sur l’homicide ont montré que
d’autres facteurs pèsent aussi, notamment sur les
2010
normes et les valeurs sociales, les rôles selon le
genre, l’abus d’alcool et de drogues illicites, le trafic
de drogues, la violence politique et la présence du
crime organisé, tandis que l’État peut, de son côté,
jouer un rôle, soit positif, soit négatif, selon
l’efficacité de ses politiques de prévention du
crime. Ainsi, lorsque l’on se penche sur la relation
entre homicide et développement, il faut com-
37
2
ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide
prendre que, si pour les besoins du présent chapitre, certaines mesures de développement ont été
analysées isolément de ces autres facteurs, les facteurs de développement, seuls, ne suffisent pas à
rendre compte des variations de taux d’homicides
entre les pays.
Ils ne tiennent pas compte non plus du fait que la
relation entre homicide et développement n’est pas
nécessairement unidirectionnelle. De par la force
de son caractère extrême, l’impact de la violence
meurtrière sur le développement social, humain et
même économique ne saurait être positif, et l’on
peut certainement affirmer que l’homicide a des
répercussions qui dépassent largement la perte
immédiate et directe de la vie. Lorsque la quantité
et la fréquence des homicides dépasse un certain
seuil, les États peuvent se trouver pris dans une
“piège de la violence”14 débouchant sur une peur,
une insécurité généralisées et une perte de confiance dans les institutions de l’État, qui peuvent à
leur tour déclencher un rétrécissement des activités
économiques et même des investissements étrangers. Le prochain chapitre, Armes à feu, trafic et
criminalité organisée examinera très en détail les
contextes de cette sorte.
14 Rapport du Secrétaire général de l’Assemblée générale des
Nations Unies, Promotion du développement par le biais de la
réduction et la prévention de la violence armée (2009).
38
3. ARMES À FEU, TRAFIC ET
CRIMINALITÉ ORGANISÉE
L’impact de la disponibilité des armes à feu sur
l’homicide, les interférences entre l’usage des armes
à feu pour commettre des homicides et la perpétration de la violence par des bandes de délinquants
et des groupes criminels organisés sont souvent
étudiés séparément. Le présent chapitre les rassemble en vue de mettre en relief les connexions transnationales et sous-régionales entre les niveaux de
violence et les armes à feu, et les liens entre violence, criminalité organisée et marchés illicites des
drogues. Ce dernier aspect est exploré ici en profondeur eu égard en particulier à la situation en
Amérique centrale.
Utilisation des armes dans les
homicides
Les homicides ne sont pas tous perpétrés avec une
arme. Le système de Classification statistique internationale des maladies (CIM-10), par exemple,
n’inclut dans sa catégorie des décès par agression
(X85-Y09) que 6 codes sur 25 qui puissent être
communément considérés comme corrélés à une
arme (arme de poing, fusil, carabine et arme de
plus grande taille, armes à feu, autres et sans précision, matériel explosif, objet tranchant, objet contondant). En dépit de cela et du large éventail des
causes possibles de décès par agression “sans arme”
reconnus par les classifications internationales1, les
données disponibles suggèrent que les armes – et en
particulier les armes à feu – jouent un rôle très
significatif dans les homicides.
1 Les autres codes CIM-10 pour les décès par agression “sans
arme” comportent les agressions par médicaments, substances
biologiques, substances corrosives, pesticides, gaz et émanations, produits chimiques, noyade et submersion, fumée, feu
et flammes, vapeur d’eau, gaz et objets brûlants, précipitation dans le vide, en poussant la victime devant un objet en
mouvement, force physique, en provoquant une collision de
véhicule à moteur, délaissement et abandon. Source: OMS,
Classification internationale des maladies (CIM-10) (2007).
Les calculs effectués à partir des statistiques de
l’ONUDC sur l’homicide, sur la base de 108 pays
(couvrant un peu plus de 50 % de l’ensemble des
homicides commis dans le monde) mènent à
penser qu’environ 199 000 homicides sur le total
estimé de 468 000 en 2010 ont été commis par
arme à feu, soit une part de 42 %2.
Tout comme l’homicide lui-même, l’usage des
armes à feu dans l’homicide n’est pas uniformément réparti dans le monde. Les données basées
sur les sources de la justice pénale et de la santé
publique apportent différentes répartitions sur les
moyens des homicides commis dans différentes
régions. Les sources de santé publique conduisent
à estimer que 74 % des homicides sont commis
par arme à feu sur le continent américain (sur la
base de 30 pays), chiffre qu’il faut mettre en regard
des 21 % pour l’Europe (sur la base de 32 pays).
A contrario, les objets tranchants tels que les armes
blanches représentent une plus forte proportion
des morts violentes dans les pays européens (36 %)
qu’aux Amériques (16 %), tandis que l’usage d’une
arme quelconque compte pour 90 % des homicides en Amérique mais seulement 57 % en Europe
(figure 3.1).
Le présent chapitre ainsi que le chapitre 5 étudient en quoi ce modèle est vraisemblablement
étroitement lié aux différentes répartitions des
typologies d’homicides en Amérique et en Europe;
une proportion plus forte d’homicides étant liée,
sur le continent américain, au crime organisé et
2 Basée sur des données par pays pour 2010 ou les données
connues de l’année la plus récente, cette estimation qui doit
beaucoup aux données de la justice pénale concorde avec
l’éventail de 196 000 à 229 000 précédemment évalué et
publié comme étant le fardeau mondial de la mortalité par
arme à feu non lié à des conflits, à partir des sources de santé
publique de l’OMS. Source: Richmond, T.S., Cheney, R.,
Schwab, C.W, The global burden of non-conflict-related firearm
mortality, Injury Prevention (2005).
39
ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide
Fig. 3.1: Moyens utilisés dans les homicides, Amériques et Europe (2008 ou année la plus
récente pour laquelle on dispose de données)
Moyens de l’homicide – Amériques (30 pays)
Moyens de l’homicide – Europe (32 pays)
10%
21%
16%
43%
Armes à feu
74%
Objets tranchants
Armes à feu
36%
Autres
Objets tranchants
Autres
Source: Global Burden of Injuries, Injury Mortality Data Collection (2011).
aux bandes de délinquants, alors qu’en Europe
une grande proportion des homicides est liée aux
violences conjugales et/ou familiales. En particulier, les 43 % d’homicides liés aux “autres” moyens
renvoient largement, en Europe, aux agressions
par force physique, objets contondants et strangulation, que l’on rencontre souvent dans les homicides liés aux violences conjugales et/ou familiales3.
Des données plus détaillées venues des sources de
la justice pénale confirment les différents modèles
des continents américain et européen et montrent
que le pourcentage des homicides par arme à feu
varie également beaucoup au niveau sous-régional.
La figure 3.2 démontre que le pourcentage moyen
Fig. 3.2: Pourcentage des homicides par arme à feu dans les
sous-régions (2010 ou année la plus récente pour
laquelle on dispose de données)
Amérique du Sud (10 pays sur 13)
Caraïbes (11 pays sur 22)
Amérique centrale (8 pays sur 8)
Amérique septentrionale (3 pays sur 3)
Asie du Sud-Est (5 pays sur 11)
Europe méridionale (10 pays sur 13)
Afrique (10 pays sur 53)
Europe occidentale (7 pays sur 9)
Asie occidentale (10 pays sur 18)
Europe septentrionale (9 pays sur 11)
Océanie (3 pays sur 14)
Asie centrale (4 pays sur 5)
Asie méridionale (5 pays sur 9)
Asie orientale (5 pays sur 8)
Europe orientale (9 pays sur 10)
0
10
20
30
40
50
60
70
80
Pourcentage des homicides par arme à feu
Source: UNODC Homicide Statistics (2011).
3 Aldridge M. et Browne, K.D., Perpetrators of Spousal
Homicide, Trauma Violence Abuse (2003).
40
des homicides commis par arme à feu varie de plus
de 70 % du total des homicides commis en Amérique du Sud à moins de 6 % du total correspondant en Europe orientale, les quatre sous-régions
affichant les plus hauts pourcentages d’homicides
par arme à feu étant toutes situées sur le continent
américain.
Les données ventilées par sexe et âge des victimes
tuées avec différentes armes révèlent d’autres schémas, plus précis. Les meurtres de personnes jeunes
de sexe masculin, âgées de 10 à 34 ans, répartis par
tranches d’âge de cinq ans, aux Amériques, en Asie
et en Europe, affichent une répartition remarquablement diverse par régions et sous-régions.
La figure 3.3 démontre que si la proportion des
homicides d’hommes jeunes, tous groupes confondus de 15 à 34 ans, à l’aide d’objets tranchants,
est raisonnablement constante et faible, la proportion des morts par arme à feu est notoirement
plus importante et concentrée dans le groupe
des 20 à 29 ans. Dans les 46 pays des Amériques
pour lesquels des données sont disponibles, plus
de 25 % de tous les homicides sur des personnes
de sexe masculin de 10 à 34 ans correspondent à
des hommes de 20 à 24 ans tués par arme à feu.
Sur l’ensemble de cette tranche d’âge, une personne de sexe masculin risque, aux Amériques,
environ six fois plus d’être tuée par une arme à feu
que par une arme blanche. Bien différemment,
dans 17 pays d’Asie, les homicides par arme à feu
ou objets tranchants sont beaucoup plus uniformément répartis dans le groupe de 15 à 34 ans: si la
proportion de morts violentes par arme à feu est
légèrement plus importante dans chaque groupe,
dans les pays d’Asie, une personne de sexe masculin risque à peu près autant d’être tuée par une
arme blanche que par une arme à feu.
ARMES À FEU, TRAFIC ET CRIMINALITÉ ORGANISÉE
Amériques (46 pays)
30
25
Pourcentage d’homicides, victimes de
sexe masculin de 10 à 34 ans
Pourcentage d’homicides, victimes de
sexe masculin de 10 à 34 ans
Fig. 3.3: Ventilation des homicides par arme à feu et par objet tranchant, jeunes de sexe
masculin par âges, Amériques et Asie, (2008 ou année la plus récente pour
laquelle on dispose de données)
Armes à feu
Objets tranchants
20
15
10
5
0
10-14
15-19
20-24
25-29
Asie (17 pays)
30
25
Armes à feu
Objets tranchants
20
15
10
5
0
30-34
10-14
15-19
20-24
25-29
30-34
Groupes d’âge
Groupes d’âge
Source: Global Burden of Injuries, Injury Mortality Data Collection (2011). Les barres représentent la ventilation
des pourcentages d’homicides de personnes de sexe masculin âgées de 10 à 34 ans.
Fig. 3.4: Ventilation des homicides par arme à feu et par objet tranchant, jeunes de sexe
masculin par âges, Europe, (2008 ou année la plus récente pour laquelle on
dispose de données)
25
Europe méridionale et orientale (15 pays)
30
Pourcentage d’homicides, victimes de
sexe masculin de 10 à 34 ans
Pourcentage d’homicides, victimes de
sexe masculin de 10 à 34 ans
30
Armes à feu
Objets tranchants
20
15
10
5
0
25
Europe septentrionale et occidentale (17 pays)
Armes à feu
Objets tranchants
20
15
10
5
0
10-14
15-19
20-24
25-29
30-34
Groupes d’âge
10-14
15-19
20-24
25-29
Groupes d’âge
30-34
Source: Global Burden of Injuries, Injury Mortality Data Collection (2011). Les barres représentent la ventilation des pourcentages
d’homicides de personnes de sexe masculin âgées de 10 à 34 ans.
En Europe, le schéma global rappelle davantage
l’Asie que les Amériques: les morts violentes chez
les personnes de sexe masculin âgées de 10 à 34 ans
sont plus uniformément réparties entre les morts
par arme à feu et les morts par objet tranchant
(figure 3.4). Globalement, la proportion de morts
dans le groupe d’âge 15-19 ans dans les pays pour
lesquels ces données sont disponibles en Europe
est aussi quelque peu inférieure à celles constatées
pour les Amériques et pour l’Asie.
Il est intéressant de noter que les objets tranchants
sont la cause prédominante de morts violentes en
Europe septentrionale et en Europe occidentale,
alors que les morts par arme à feu et par objet
tranchant sont également réparties en Europe
méridionale et en Europe orientale.
Ces importantes différences dans les modes de
commission de l’homicide expliquent les différences dans la nature même des difficultés à surmonter pour prévenir et réduire la violence dans
différentes régions. Certains principes de prévention de la criminalité sont clairement communs: la
nécessité de s’attaquer aux causes profondes de la
violence au travers d’interventions sur les responsabilités parentales, les compétences élémentaires,
l’accès à l’alcool, la modification de l’environnement
public, la nécessité aussi d’aborder les normes culturelles, la privation et l’inégalité. Cependant,
41
3
ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide
Les jeunes gens et le port d’armes blanches
Les jeunes commencent parfois à porter une arme blanche après une victimisation, ou par crainte de subir des violences ou des intimidations, en raison de
leur implication dans des bandes de délinquants de rue, ou de leur engagement
dans d’autres formes de délinquance ou de comportements à risque. Porter une
arme peut donner au jeune le courage d’aller dans des endroits qu’il éviterait
dans le cas contraire, ou celui de se battre. De fait, pour un jeune, porter une
arme blanche va de pair avec une plus grande participation au combat physique
et une plus grande probabilité d’être gravement blessé dans le lot de ceux qui se
battent. Cette grande diversité de facteurs augmente le risque de violence entre
les jeunes, et de violence à l’aide d’armes blanches1.
Les armes blanches sont disponibles sans restriction et il est plus difficile d’en
restreindre le port et la propriété qu’en ce qui concerne les armes à feu. Il
n’existe pas de données à grande échelle sur le port d’arme blanche et il n’est
pas possible d’évaluer le degré de disponibilité des armes blanches pour une
population. À titre d’illustration, on peut citer une étude portant sur des élèves
de 16 à 20 ans d’une école suisse, qui a montré que 20 % des jeunes gens
et 6 % des jeunes filles portaient une arme. Les armes blanches comptaient
pour 11,5 % et 1,5 % respectivement et, parmi ceux et celles qui portaient une
arme blanche; 8 % des jeunes gens et 4 % des jeunes filles ont affirmé l’avoir
utilisée dans une bagarre2. Pendant ce temps, les niveaux de criminalité à l’arme
blanche chez les jeunes dans les pays d’Europe septentrionale, dont le RoyaumeUni par exemple, faisaient les manchettes des journaux ces dernières années3.
Les morts par objet tranchant sont tout particulièrement remarquables chez
les 15-19 ans et les 20-24 ans dans les pays de l’Europe septentrionale et de
l’Europe occidentale (figure 3.4), où la proportion de décès par arme blanche,
en particulier, est quelque trois fois supérieure à celle des décès par arme à feu
dans le groupe 20-24 ans.
1
2
3
OMS, European Report on Preventing Violence and Knife Crime among Young
People (2010).
Ibid.
En Angleterre et au pays de Galle par exemple, les admissions dans les hôpitaux
pour agression à l’arme blanche ou par instrument tranchant ont augmenté de 34 %
entre 2002 et 2007, pour diminuer de 1 % en 2008/2009 (ibid).
riposter à l’usage prédominant des armes à feu
dans l’homicide peut nécessiter une politique et
des approches concrètes différentes de celles relatives à l’usage des armes blanches; il faudra prévoir
une législation de contrôle et des mesures relatives
à l’accès aux armes à feu, ainsi que l’examen des
raisons sous-jacentes au désir de posséder une arme
à feu (voir encadré sur les législations relatives aux
armes à feu).
Disponibilité des armes à feu et
homicide
Les schémas liés aux homicides commis avec des
armes à feu soulèvent la question naturelle de la
relation ou de la non-relation entre la disponibilité
des armes à feu et les niveaux d’homicides, ainsi
que celle de savoir si une plus grande disponibilité
des armes à feu est liée à une augmentation globale
des niveaux d’homicides en particulier. Aucune
théorie n’explique de manière indiscutable la relation entre le fait de posséder une arme à feu et
l’homicide, ou même la criminalité en général,
dans la mesure où les armes à feu donnent tout
aussi bien un moyen d’agression à l’agresseur
potentiel qu’un moyen de défense à la victime
potentielle4.
D’une part, la disponibilité des armes à feu peut
augmenter la gravité d’une infraction pénale, ou la
rendre plus meurtrière: l’hypothèse de la “facilitation” avance qu’avoir accès à une arme à feu peut
La législation sur les armes à feu
Une législation complète de contrôle des armes à feu fournit un cadre de régulation des “objets” (armes à feu propriétés de l’État et armes à
feu aux mains de civils), de l’“accès aux armes à feu” (en établissant des modalités, restrictions et conditions de possession et d’usage légitime
des armes à feu), et des “utilisateurs d’armes à feu” (fabricants, négociants, armuriers, courtiers, propriétaires, utilisateurs, etc.).
Bien que la plupart des pays disposent d’un cadre normatif traitant la plupart des domaines indiqués ci-dessus, la législation de contrôle des
armes à feu peut fortement varier d’un pays à l’autre. La propriété des armes à feu impose souvent l’obtention d’une licence ou d’une autorisation, émise par une autorité compétente et soumise à un ensemble de critères et de conditions, notamment une formation au maniement des
armes à feu, des certificats de compétence ou des vérifications de casier judiciaire, etc.
Les législations nationales sont aussi extrêmement diverses en ce qui concerne d’autres aspects des régimes de contrôle des armes à feu, tels que
les registres, le marquage et les règlements relatifs aux transferts. La plupart des pays se sont dotés d’un système de licence pour la fabrication
et le transfert des armes à feu, mais ces lois sont souvent vieillies, inadaptées ou frappées d’un manque de procédures concrètes et administratives pourtant nécessaires pour que l’on puisse les mettre efficacement en œuvre.
Outre les législations nationales sur l’achat et la possession privée des armes à feu, les États parties au Protocole contre la fabrication et le
trafic illicites d’armes à feu, de leurs pièces, éléments et munitions, additionnel à la Convention des Nations Unies contre la criminalité
transnationale organisée, sont tenus de créer des mesures strictes de contrôle des transferts et de prévoir des dispositions de mise en vigueur,
ainsi que de conférer le caractère d’infraction pénale à la fabrication et au trafic illicites intentionnels d’armes à feu, de leurs pièces, éléments
et munitions ainsi qu’à la falsification ou à l’effacement, à l’enlèvement ou à l’altération de façon illégale de la (des) marque(s) que doit porter
une arme à feu.
La détermination des effets de la législation sur l’accès aux armes à feu exige quelques précautions: une législation plus rigoureuse peut en fait
ne pas réduire l’accès aux armes à feu en l’absence de mesures d’application1. Il est fréquent que le manque de ressources humaines et financières, et de capacités techniques, entrave gravement la mise en œuvre efficace d’un régime global de contrôle des armes à feu, et cette lacune
doit être prise en considération dès lors que l’on songe à modifier ou moderniser la législation nationale sur les armes à feu.
1 Leigh, A. et Neill, C., Do gun buybacks save lives? Evidence from panel data, American Law and Economics Review (2010).
4
42
Kleck G., Targeting guns: Firearms and their Control (1997).
ARMES À FEU, TRAFIC ET CRIMINALITÉ ORGANISÉE
D’autre part, l’hypothèse de la “dissuasion” suggère
que la disponibilité d’une arme à feu peut perturber une agression criminelle ou dissuader son
auteur potentiel, et prévenir l’accomplissement du
crime en neutralisant la puissance d’un auteur
armé ou en faisant pencher l’équilibre des forces en
faveur de la victime lorsqu’elle se trouve confrontée à un auteur non armé 6. Cette hypothèse
s’appuie sur l’axiome que la disponibilité de l’arme
à feu ne représente pas, par elle-même, un incitatif
majeur pour les auteurs: ils sont déjà déterminés à
commettre une infraction et ils se sont équipés en
armes à feu au travers de réseaux bien établis ou
clandestins, pour réaliser leurs desseins criminels.
Apporter un soutien quantitatif fiable à l’une ou
l’autre de ces hypothèses est l’un des domaines les
plus ardus de la recherche sur l’homicide, et les
problèmes méthodologiques ne manquent pas,
notamment: la détermination de mesures fiables
relatives à la possession et à la disponibilité des
armes à feu, à leur accessibilité et à leur usage; la
nécessité de différencier les catégories de propriétaires d’armes à feu (à titre familial, individuel, en
lien avec des groupes criminels organisés ou des
bandes de délinquants, etc.) et les divers types
d’armes à feu (armes de poing, fusils de chasse,
carabines, etc.); le signalement des corrélations qui
émergent entre la disponibilité des armes à feu et
les taux d’homicides qui pourraient être causées
par un facteur tiers (comme la montée des homicides du fait d’une présence accrue du crime
organisé); la difficulté d’établir des relations de
cause à effet entre les changements dans la disponi5
Cook P. J., The technology of personal violence, Crime and
Justice (1991).
6 Kleck G., The Impact of gun control and gun ownership levels
on violence rates, Journal of Quantitative Criminology (1993).
Fig. 3.5: Détention d’armes à feu et taux d’agressions par arme
à feu dans 45 villes/zones urbaines, pour certains
pays (1996-2008)
7 000
Afrique
Agressions par armes à feu pour 100 000 habitants
donner de l’audace à des délinquants potentiels
qui, sans cette arme, ne commettrait pas une
infraction de type agression ou vol, et que
l’accessibilité à une arme à feu peut transformer
une “simple” dispute familiale ou de voisinage en
une tragédie. Selon l’hypothèse de l’“instrumentalité
de l’arme”, outre que l’arme à feu augmente la gravité de l’infraction pénale, la disponibilité de cette
arme augmente la probabilité que l’infraction connaisse un dénouement violent. Par exemple, l’utilisation d’une arme à feu pendant une agression ou
un vol augmentera la probabilité de morts ou de
blessures graves car elle apporte aux auteurs
l’occasion de blesser ou tuer à distance, et facilite
l’agression de victimes plus nombreuses que l’utilisation d’autres armes telles qu’une arme blanche
ou un objet contondant5.
Amériques
6 000
Asie
Europe
5 000
4 000
3 000
2 000
1 000
0
0
5
10
15
20
25
30
35
Pourcentage de propriétaires d’armes à feu
Sources: ICVS et ONUDC, Des données pour l’Afrique.
bilité des armes à feu et les changements correspondants des niveaux d’homicides (qu’est-ce qui
vient d’abord ?); la difficulté de prendre en compte
différents cadres législatifs sur les armes à feu et la
capacité des États à les mettre en œuvre lorsque
l’on mène des études comparatives7.
Malgré ces obstacles, toute une littérature tend à
convaincre que la disponibilité des armes à feu
représente bien plus un facteur de risque qu’un
facteur de protection en matière d’homicides. En
particulier, des études quantitatives tendent à
démontrer un lien entre le nombre des armes à feu
en circulation et les homicides8.
Dans la figure 3.5, l’analyse des données recueillies
entre 1996 et 2008 pour 45 villes et zones urbaines
situées dans des pays en développement ou dans
des pays en transition montre que la disponibilité
des armes à feu (demandée dans les enquêtes
sur la victimisation) est étroitement liée aux taux
d’agression par arme à feu9: plus les individus en
7
Kleck G., Measures of Gun Ownership Levels for Macro-Level
Crime and Violence Research, Journal of Research in Crime
and Delinquency (2004).
8 Hepburn, L.M., Hemenway, D., Firearm availability and
homicide: A review of the literature, Aggression and Violent
Behaviour (2004).
9 Données recueillies dans le cadre du programme de l’Enquête
internationale sur les victimes de la criminalité (ICVS) et le
programme de l’ONUDC “Des données pour l’Afrique”, en
utilisant le même questionnaire de base normalisé.
43
3
ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide
possession d’armes sont nombreux, plus fréquentes
sont les agressions armées (des corrélations similaires ont été établies entre le pourcentage des propriétaires d’armes à feu et la prévalence des
agressions, des vols et des vols à main armée).
Compte tenu de l’absence de données sur les taux
d’homicides dans les mêmes villes, il n’est pas
possible de lier directement la disponibilité des
armes à feu et les meurtres. L’on peut cependant
supposer que les agressions et les vols qui se produisent dans des villes où la disponibilité des armes
à feu est élevée peuvent être plus graves ou meurtriers que les agressions et les vols perpétrés dans
les villes où les armes à feu sont peu disponibles10.
Ces données ne prouvent pas une relation de cause
à effet entre la disponibilité des armes à feu et les
agressions par arme à feu (en théorie, un nombre
plus élevé d’armes à feu possédées pourrait aussi
être la conséquence d’un taux d’agressions plus
élevé, c’est-à-dire d’une stratégie défensive des
citoyens pour dissuader leurs agresseurs potentiels). À tout le moins pourtant, la relation entre la
disponibilité des armes à feu et la criminalité violente, y compris les homicides, apparaît effectivement comme un cercle vicieux.
La figure 3.6 illustre la relation entre les taux
globaux d’homicides et la proportion d’homicides
commis par arme à feu, et souligne encore la force
des schémas régionaux. Les pays américains tendent à afficher une forte corrélation entre les taux
d’homicides et le pourcentage d’homicides par
arme à feu. A contrario, dans les pays d’Asie,
d’Europe et d’Océanie, la relation entre niveaux
d’homicides et pourcentages de meurtres perpétrés
avec une arme à feu semble plus lâche: les taux
d’homicides tendent à se rassembler au-dessous
de 10 pour 100 000, mais l’éventail est plus large
pour les homicides par arme à feu, qui s’étalent de
valeurs proches de zéro jusqu’à 70 % (la figure 3.6
n’inclut pas les pays d’Afrique en raison du peu de
données disponibles dans cette région).
Il faut souligner que le pourcentage d’homicides
par arme à feu est la résultante composée d’au
moins trois aspects: la disponibilité des armes à
feu; la préférence des auteurs d’infractions pénales
pour l’usage des armes à feu dans leurs méfaits; et
leur volonté d’infliger des blessures fatales11. De
plus, depuis une perspective mondiale, la remarquable différence d’ordres de grandeur entre les
estimations mondiales relatives à la possession
Fig. 3.6: Taux d’homicides et pourcentage d’homicides par arme à feu, pour certains pays
(2010 ou année la plus récente pour laquelle on dispose de données)
80
Taux d’homicides pour 100 000 habitants
70
60
Ligne de régression
Amériques
50
40
30
20
10
Ligne de régression Asie
Ligne de régression Europe
0
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
Pourcentage d’homicides par arme à feu
Amériques (30 pays)
Asie (28 pays)
Europe (36 pays)
Océanie (3 pays)
Source: UNODC Homicide Statistics (2011).
10 Altheimer I., An Exploratory Analysis of Guns and Violent
Crime in a Cross-National Sample of Cities, Southwest Journal
of Criminal Justice (2010).
44
11 Kleck G., City-Level Characteristics and Individual
Handgun Ownership, journal of Contemporary Criminal
Justice (2009).
ARMES À FEU, TRAFIC ET CRIMINALITÉ ORGANISÉE
Fig. 3.7: Taux d’homicides par arme à feu et sans arme à feu, Amériques (période la plus
récente pour laquelle on dispose de données)
30
25
20
15
10
5
0
2004
2005
2006
Homicides par d’autres moyens
2007
2008
2009
Taux d’homicides pour 100 000 habitants
Taux d’homicides pour 100 000 habitants
Amérique septentrionale (2 pays)
35
Homicides par arme à feu
Caraïbes (5 pays)
35
30
25
20
15
10
5
0
2005
2006
Taux d’homicides pour 100 000 habitants
Taux d’homicides pour 100 000 habitants
25
20
15
10
5
0
2007
Homicides par d’autres moyens
2008
2009
2010
Homicides par arme à feu
Amérique du Sud (4 pays)
30
2006
2008
Homicides par d’autres moyens
Amérique centrale (5 pays)
35
2005
2007
2009
2010
Homicides par arme à feu
35
30
25
20
15
10
5
0
2004
2005
2006
Homicides par d’autres moyens
2007
2008
Homicides par arme à feu
Source: UNODC Homicide Statistics (2011).
d’armes à feu par des civils (des centaines de
millions, selon les estimations de 2007 du programme Small Arms Survey)12 et les homicides
annuels par arme à feu (des centaines de milliers)
indique que la majorité des armes à feu civiles ne
sont pas utilisées à mauvais escient et sont détenues
pour des motifs légitimes.
Cependant, le taux global élevé d’homicides
combiné à la très forte proportion (plus de 60 %)
d’homicides par arme à feu constatée dans des
régions telles que l’Amérique centrale et l’Amérique
du Sud montre que, selon les contextes, la disponibilité des armes à feu et donc la facilité d’accès à
ces armes peuvent peser de façon significative sur
les taux d’homicides. En ces circonstances, une
certaine proportion d’armes à feu civiles (utilisées
par une certaine proportion de la population) peut
12 Selon cette estimation, environ 650 millions de petites armes
à feu sont entre les mains de civils, alors que les stocks de ces
armes en possession des gouvernements seraient d’environ
200 millions pour les militaires et 25 millions pour les services
de répression. Voir Small Arms Survey (2007).
être considérée comme un “catalyseur” essentiel
des événements se traduisant par un homicide.
L’examen des données tendancielles sur l’homicide,
où les homicides sont répartis selon qu’ils ont été
perpétrés par arme à feu ou par d’autres moyens
offre une perspective plus approfondie sur le rôle
moteur des armes à feu dans les taux d’homicides
globaux. Comme le montre la figure 3.7, les
changements des taux d’homicides de diverses
sous-région des Amériques sont principalement
imputables aux homicides par arme à feu, tandis
que les taux d’homicides perpétrés par d’autres
moyens demeurent plutôt constants sur la période
examinée: la brusque montée des homicides en
Amérique centrale au cours des trois dernières
années est entièrement imputable aux armes à feu
et les évolutions des taux d’homicides aux Caraïbes
et en Amérique du Sud sont également expliqués
par les tendances des homicides par arme à feu,
ainsi que par le lent déclin des homicides en Amérique septentrionale.
45
3
ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide
Afrique du Sud
70
Taux d’homicides pour 100 000 habitants
Taux d’homicides pour 100 000 habitants
Fig. 3.8: Taux d’homicides par arme à feu et sans arme à feu, Afrique du Sud et Inde
(période la plus récente pour laquelle on dispose de données)
60
50
40
30
20
10
0
1994
1996
1998
2000
Homicides par d’autres moyens
2002
2004
2006
Inde
4,0
3,5
3,0
2,5
2,0
1,5
1,0
0,5
0,0
2004
Homicides par arme à feu
2005
2006
Homicides par d’autres moyens
2007
2008
2009
Homicides par arme à feu
Source: UNODC Homicide Statistics (2011).
L’homicide par arme à feu dans les pays d’Afrique
Pour l’Afrique, les données présentent d’importantes lacunes qualitatives, ou ne sont pas disponibles quant au nombre
total d’homicides en général, et des manques plus importants encore apparaissent sur les homicides par arme à feu. Les
données sur les homicides ne peuvent être exactes que si les données sur l’enregistrement des causes de la mort, ou les
statistiques policières sur les homicides, sont correctes, et si leur niveau de ventilation est suffisant. Comme on l’a vu
en introduction de la présente étude, très peu de pays d’Afrique produisent des données exactes de la part de l’une ou
l’autre de ces deux sources, ou les mettent à la disposition de la communauté internationale.
Quoi qu’il en soit, examiner les décès par arme à feu peut s’avérer moins difficile car, même si les statistiques policières
sur les homicides ne représentent qu’une proportion de l’ensemble des morts violentes dans un pays, s’il n’y a pas d’a
priori particulier dans les décès enregistrés, le pourcentage des homicides par arme à feu peut être représentatif de
l’image nationale. Cette hypothèse ne peut pas, pour l’heure, être vérifiée mais, en dépit de ces limites, elle peut être
utile pour réfléchir sur les données.
Pourcentage d’homicides par arme à feu en Afrique, par pays
(2010 ou année la plus récente pour laquelle on dispose de données)
100
90
80
70
60
50
40
30
20
Sierra Leone
Moyenne pour les Amériques
Égypte
Zimbabwe
Afrique du Sud
Congo (RD)
Moyenne pour l’Europe
Libéria
Zambie
Ouganda
0
Algérie
10
Maurice
Pourcentage d’homicides par arme à feu
L’image d’ensemble est remarquable du fait de l’étendue du spectre des pourcentages des homicides par arme à feu
dans les pays d’Afrique pour lesquels des données sont disponibles, avec des pays se rangeant aussi bien en deçà
qu’au-delà et entre les moyennes d’Europe et des Amériques en ce qui concerne le pourcentage des homicides par
arme à feu. Alors que le pourcentage signifié par la police atteint presque 90 % au Sierra Leone par exemple, le Libéria
affiche un pourcentage très inférieur d’homicides par arme à feu, aux alentours de 10 %.
Source: UNODC Homicide Statistics (2011) et Global Burden of Injuries, Injury Mortality Data Collection (2011).
46
ARMES À FEU, TRAFIC ET CRIMINALITÉ ORGANISÉE
Armes à feu et homicide aux Philippines
Aux Philippines, il est illégal de posséder ou détenir une arme à feu, munitions comprises, si l’on n’a
pas la licence ou le permis nécessaire1, pourtant les estimations officielles évaluent à quelque 360 000
le nombre d’armes à feu enregistrées et à environ 1,1 million le nombre de celles qui sont “hors contrôle” (jamais enregistrées ou dont les licences sont arrivées à expiration)2.
Les archives de la police nationale des Philippines (PNP) montrent que de 2004 à 2009, la prolifération
des armes à feu hors contrôle s’est accrue de 46 %, un chiffre proche des 47 % d’augmentation des
crimes par arme à feu enregistrés pendant la même période3. Lors d’une mesure de prohibition des
armes à feu appliquée pour la période électorale couvrant les six premiers mois de 2010, la PNP a pu
annoncer une chute de 67 % de l’indice des infractions pénales (meurtres, homicides, blessures physiques, vol, cambriolages et viols), l’a comparée à la période équivalente de 2009, et a fait le rapprochement avec la prohibition.
Le graphique ci-dessous exprime la relation entre les homicides volontaires et les incidents criminels
avec présence d’armes à feu dans les différentes provinces des Philippines pendant la prohibition sur les
armes à feu, entre janvier et juin 2006. S’il n’est pas possible de dégager un schéma clair entre les deux
variables dans toutes les provinces, certaines montrent des taux d’homicides faibles et en corrélation
avec les taux les plus bas de crimes avec armes à feu.
Les données de la PNP disponibles sur les armes à feu utilisées pour ce type d’incidents de janvier à
septembre 2010 montrent que 40 armes seulement sur les 6 075 utilisées dans les infractions enregistrées correspondaient à des licences, le reste étant répertorié comme armes à feu “hors contrôle”4.
Homicides et incidents avec armes à feu – Philippines
Péninsule de Zamboanga
Soccsksargen
Caraga
Davao
Région administrative
de Cordillera
Mindanao du Nord
Visayas centrales
Visayas occidentales
Visayas orientales
Bicol
Calabarzon
Vallée de Cagayan
Ilocos
Mimaropa
Luzon Centrale
Homicides volontaires
Région de la capitale nationale
ARMM
(Rég. auto. Mindanao musulm.)
Incidents criminels avec armes à feu
0
5
10
15
20
25
Taux pour 100 000 habitants
Source: Police nationale des Philippines.
1 Chambre des députés, République des Philippines, Quinzième Congrès, Première session ordinaire, Loi parlementaire
n° 2898, Note explicative (2010)..
2 Division de la prévention du crime et de la justice pénale, Nations Unies, Analysis of Country Responses. United Nations
International Study on Firearm Regulation, 1999 et Chambre des députés, République des Philippines, Quinzième Congrès,
Première session ordinaire, Loi parlementaire n° 2898, Note explicative (2010).
3 Police nationale des Philippines, Statistical Report on crime incidents involving the use of firearms. 01 January
to 30 September 2010 (2010).
4 Chambre des députés, République des Philippines, Quinzième Congrès, Première session ordinaire, Loi parlementaire
n° 2898, (2010).
47
3
ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide
Si les armes à feu paraissent être un catalyseur
essentiel influant sur les tendances de l’homicide
dans les Amériques, le schéma peut être bien différent dans d’autres parties du monde: les tendances
récentes observées pour l’Afrique du Sud et l’Inde
sont à ce titre intéressantes.
en 2007. La chute des homicides ne semble pas
résulter d’une réduction particulière de la violence
à main armée en soi, mais plutôt de changements
sociaux sous-jacents pouvant entraîner une diminution globale des homicides, tant par arme à feu
que par tout autre moyen.
En Afrique du Sud, les taux d’homicides ont décru
de manière significative ces dernières années (de
plus de 60 pour 100 000 habitants en 1994 à moins
de 40 pour 100 000 habitants en 2007): une baisse
liée au déclin des homicides à la fois par arme à feu
et sans arme à feu. Pendant la même période, la
proportion d’homicides commis par arme à feu est
restée dans la fourchette de 41 à 50 % du nombre
total d’homicides, se stabilisant autour de 45 %
L’Inde offre une autre typologie intéressante: les
taux d’homicides sont relativement faibles dans le
sous-continent indien et sont restés plutôt stables
au cours des cinq dernières années. Le pourcentage
des homicides commis avec une arme à feu était
d’environ 20 % en 2004, mais avait chuté à moins
de 8 % cinq années plus tard. Si l’on tient compte
du fait que les taux globaux d’homicides sont restés
à peu près inchangés, cela signifie que le déclin
Groupes criminels organisés, groupes de trafiquants de drogues
et bandes de délinquants
D’un point de vue théorique, établir des distinctions entre les groupes criminels organisés, les bandes de délinquants
(gangs), et les cartels de la drogue ou encore les organisations se livrant au trafic de drogues, est extrêmement
difficile. La Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée définit le “groupe criminel
organisé” comme un “groupe structuré de trois personnes ou plus existant depuis un certain temps et agissant de
concert dans le but de commettre une ou plusieurs infractions graves ou infractions … pour en tirer, directement
ou indirectement, un avantage financier ou un autre avantage matériel”. La Convention indique clairement qu’un
groupe “structuré” est un groupe qui ne s’est pas formé au hasard pour la commission immédiate d’une infraction,
et que l’expression “infraction grave” désigne une infraction passible d’une peine privative de liberté de quatre ans au
moins, ou d’une peine plus lourde1. Ceci constitue certes la définition adoptée dans le contexte de la Convention des
Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée, mais de toute évidence les pratiques et les législations
nationales sont extrêmement diverses.
Les groupes criminels se livrant spécifiquement au trafic de drogues sont souvent extrêmement sophistiqués, dotés
d’une direction centralisée et mus par la volonté de tirer des profits. Bien qu’il n’existe pas de définition normalisée
des organisations se livrant au trafic de drogues, certains pays ont les leurs, comme par exemple le Ministère de la
justice des États-Unis d’Amérique, qui définit les “organisations se livrant au trafic de drogues (DTO) comme des
organisations complexes ayant des structures de commandement et de contrôle minutieusement définies, qui produisent, transportent et/ou distribuent de grandes quantités d’une ou plusieurs drogues illicites”2. Dans ce cadre,
l’une des caractéristiques des DTO (selon cette définition) est qu’elles sont impliquées dans toute la chaîne de production, du trafic et de la distribution des drogues. Le Ministère de la justice des États-Unis d’Amérique poursuit en
définissant l’expression “cartel de la drogue” comme une organisation composée de nombreuses DTO.
A contrario, la définition de la “bande” (gang) permet d’inclure une palette beaucoup plus vaste de groupes, allant de
la bande de rue à la bande de prisonnier, de jeunes, de motards. Une grande part du débat concernant les définitions
des bandes de délinquants se centre sur la question de savoir si le “degré d’organisation” et la participation à des
“activités illégales” devraient être inclus dans la définition de la bande. Certains chercheurs défendent le point de vue
que la participation à des activités illégales est essentielle à l’identité de la bande, tandis que d’autres affirment que
l’on crée ainsi une définition tautologique3. En termes opérationnels, une bande peut être définie comme un groupe
de personnes qui sont membres de, ou s’identifie à, tout groupe (masculin) (armé) (de jeunes) durable, axé sur la rue,
qui se caractérise entre autres par sa participation à des activités illégales4. Les termes entre parenthèses représentent
des traits communs aux bandes de délinquants, mais ne sont pas essentiels à leur définition. Il est intéressant de
noter que toutes les bandes de délinquants n’entrent pas dans la définition d’un groupe criminel organisé, mais que
certaines d’entre-elles y correspondent.
Si les concepts de groupe criminel organisé et de bande peuvent se chevaucher dans une certaine mesure, il est
vraisemblable que, pour l’essentiel – et en particulier en ce qui concerne les organisations se livrant au trafic de
drogues – une séparation assez claire peut être établie. Toutefois, dès lors qu’il s’agit de recueillir des données sur
l’homicide, très peu de pays fournissent suffisamment de détails dans les statistiques qu’ils publient pour permettre
une distinction satisfaisante et des comparaisons transnationales sur les homicides eu égard à ces deux phénomènes
que l’on voudrait considérer comme distincts.
1
2
3
4
48
Nations Unies, Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée, adoptée par l’Assemblée générale
dans sa résolution 55/55 du 15 novembre 2000.
Ministère de la justice des États-Unis d’Amérique, National Drug Threat Assessment 2010. “Drug Trafficking Organizations” (2010).
Decker, S.H. et Pyrooz, D.C., On the validity and reliability of gang homicide: A comparison of disparate sources, Homicide
Studies (2010).
Définition fondée sur: Small Arms Survey, Small Arms Survey Yearbook 2010: Gangs, Groups and Guns (2010).
ARMES À FEU, TRAFIC ET CRIMINALITÉ ORGANISÉE
Homicides liés à la criminalité
organisée et aux bandes de
délinquants
Entre tous les nombreux contextes dans lesquels
des homicides sont commis, ceux perpétrés sous
les auspices du crime organisé sont parmi les plus
alarmants. Les groupes criminels ont de multiples
raisons de tuer des gens: pendant la commission
d’autres infractions pénales comme des vols ou des
enlèvements; l’élimination de membres de groupes
rivaux dans des guerres intestines relatives à la
maîtrise de commerces illicites; le meurtre d’agents
de l’État tels que des officiers de police ou des
juges, dans leur lutte contre les autorités; ou même
le massacre de civils afin d’intimider des populations ou de marquer leur territoire.
L’objectif premier des groupes criminels organisés
est de tirer profit d’une vaste gamme d’activités
illicites (trafic de drogues et traites des êtres
humains, contrefaçon, extorsion, blanchiment
d’argent, etc.), et dans la plupart des cas le recours
à la violence est un élément essentiel de la réalisation de leurs objectifs initiaux. Cependant, les
activités des groupes criminels ne sont pas nécessairement reflétées dans les niveaux élevés de
violence ou d’homicides: parfois, ces groupes peuvent préférer garder “profil bas” de manière à ne
pas attirer l’attention des autorités et ne pas subir
les pressions des services de répression. C’est ce que
l’on appelle souvent la “pax mafiosa”, une situation
dans laquelle des groupes criminels organisés trouvent le moyen d’exercer leur pouvoir et de mener
leurs activités lucratives illégales sans violence visible. Dans d’autres cas cependant, en particulier
lorsque la confrontation avec les autorités s’exacerbe
ou lorsque la concurrence entre groupes rivaux
s’accroît, la présence de groupes criminels organisés peut provoquer une flambée de violence et
d’homicides. C’est ce qui s’est produit dans plusieurs sous-régions du monde ces dernières années,
à savoir en Amérique centrale et au Caraïbes, ainsi
qu’en Italie au début des années 1990, et cela est
flagrant non seulement dans l’augmentation du
total des homicides mais aussi au travers de
l’analyse des caractéristiques supplémentaires propres à ces meurtres. L’on peut conclure que si le
crime organisé peut devenir visible du fait de
niveaux ascendants des homicides, il ne faut pas
Fig. 3.9: Proportion d’homicides liés aux
Pourcentages d’homicides liés aux
bandes de délinquants/crime organisé
des homicides par arme à feu n’a pas eu de répercussion significative sur le niveau global des homicides, puisque un nombre légèrement plus élevé
d’homicides a été commis par des moyens autres
que les armes à feu.
40
bandes de délinquants/crime organisé par région (2010 ou année la
plus récente pour laquelle on
dispose de données)
35
30
25
20
15
10
5
0
Amériques
(13 pays)
Asie
(6 pays)
Europe
(8 pays)
Source: ONUDC, Extrapolation à partir des données des
polices nationales. Les colonnes représentent la médiane et
les 1er et 3e quartiles du pourcentage d’homicides liés aux
bandes de délinquants/crime organisé.
supposer que la criminalité organisée n’existe pas
dans des pays affichant de bas niveaux d’homicides.
La figure 3.9 montre la proportion moyenne des
homicides correspondant à des bandes de délinquants ou au crime organisé, selon les statistiques
policières d’un certain nombre de pays des Amériques, d’Asie et d’Europe. Malgré le nombre limité
de pays pour lesquels des données sont disponibles, et un écart raisonnablement important entre
différents pays (les quartiles sont indiqués par les
segments en traits fins du graphique), la tendance
est plutôt claire: la proportion moyenne des homicides liés aux bandes de délinquants ou à la criminalité organisée est notoirement plus élevée
(supérieure à 25 %) aux Amériques qu’en Asie ou
en Europe13. Il ne faudrait pas interpréter ces résultats comme signifiant que la criminalité organisée
est nécessairement plus répandue sur le continent
américain que dans toute autre région du monde.
Les chiffres sur les homicides ne peuvent, à eux
seuls, servir de base fiable à une représentation
directe de l’activité ou de la menace de la criminalité organisée. Certaines zones des plus touchées
par la criminalité organisée affichent des niveaux
de violence très bas. Concrètement, plus le crime
est organisé, moins la violence peut lui être associée, car les groupes criminels achètent des agents
13 Il conviendra d’interpréter avec prudence les résultats donnés
par la figure 3.9 puisque la classification des homicides par
typologies n’est pas encore consolidée. Dire d’un homicide
qu’il est lié au “crime organisé/bandes de délinquants” dépend
du droit pénal, des pratiques des services de répression et
de l’exactitude de la compilation des statistiques du pays
considéré. Par exemple, dans un pays, un homicide peut être
défini comme lié aux bandes de délinquants si le suspect est
connu comme appartenant à une bande, tandis que dans un
autre pays la classification peut être liée à des critères relatifs
à la “scène de crime”: modalités du meurtre, arme utilisée,
nombre d’auteurs, etc.
49
3
ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide
Fig. 3.10: Taux d’homicides, pourcentage des homicides par arme à feu et pourcentage
des homicides liés aux bandes de délinquants/crime organisé, dans certains
pays (2010 ou année la plus récente pour laquelle on dispose de données)
80
Asie (6 pays)
Amériques (12 pays)
Europe (8 pays)
70
Taux d’homicides pour 100 000 habitants
60
50
40
30
20
10
0
-10
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
-10
Pourcentage des homicides par arme à feu
Source: UNODC Homicide Statistics (2011) et données policières nationales. La taille des bulles est proportionnelle
au pourcentage des homicides liés aux bandes de délinquants/crime organisé.
Fig. 3.11: Taux d’homicides par pays, Amérique centrale
(1995-2010)
Taux d’homicides pour 100 000 habitants
140
120
100
80
60
40
20
Costa Rica
Honduras
Panama
El Salvador
Mexique
Belize
2010
2009
2008
2007
2006
2005
2004
2003
2002
2001
2000
1999
1998
1997
1996
1995
0
Guatemala
Nicaragua
Source: UNODC Homicide Statistics (2011).
de l’État, résolvent les tensions à l’intérieur des
groupes et entre les groupes et intimident
l’ensemble des populations au point qu’ils n’ont
besoin d’ajouter qu’une part minime de violence
complémentaire14.
14UNODC, The Globalization of Crime: A Transnational
Organized Crime Threat Assessment (2010).
50
Les données sur les taux globaux d’homicides – et
les taux d’homicides par arme à feu en particulier –
confirment cependant que les bandes de délinquants et la criminalité organisée y participent
davantage sur le continent américain que dans les
autres régions (figure 3.10). La correspondance
entre une forte proportion d’homicides par arme à
feu aux Amériques et une forte proportion d’homicides liés aux bandes de délinquants/crime organisé laisse penser que dans les pays où le taux
d’homicides est plus élevé, le pourcentage des
homicides par arme à feu est plus élevé aussi, et est
souvent imputable au crime organisé/aux bandes
de délinquants15, ainsi que le signalent les polices.
Cette hypothèse ne peut cependant pas être
extrapolée à l’Afrique, où le manque de données
empêche d’étudier correctement les différentes
typologies d’homicides.
L’homicide en Amérique centrale et
aux Caraïbes
En Amérique centrale et aux Caraïbes comme
ailleurs, les tendances de l’homicide sont influencées
15 Alors que les bandes de délinquants sont un facteur de risque
de violence et de victimisation essentiel, notamment par
les homicides, ces risques sont souvent dirigés contre des
membres d’autres bandes de délinquants. Selon le Small Arms
Survey 2010, les taux d’homicides au sein des bandes de
délinquants sembleraient représenter jusqu’à 100 fois ceux
concernant la population dans son ensemble. Voir Small Arms
Survey 2010.
ARMES À FEU, TRAFIC ET CRIMINALITÉ ORGANISÉE
par de nombreux facteurs. Une étude réalisée en
2007 par l’ONUDC a mis en relief que de nombreux pays de la région étaient vulnérables à la
criminalité et à la violence, pour un certain nombre
de raisons, dont leurs héritages de conflits armés et
de violence, la disponibilité sans frein des armes à
feu, l’urbanisation chaotique, les fortes inégalités
dans les revenus, la forte proportion de jeunes, les
structures des bandes de délinquants locales ainsi
que la criminalité organisée et le trafic de drogues16.
Il est important d’étudier les tendances des taux
d’homicides au niveau national dans cette région,
pour pouvoir examiner si ces taux peuvent être liés
aux changements des niveaux d’activité de la criminalité organisée, du trafic de drogues ou des bandes
de délinquants, en prenant en compte le rôle joué
dans les homicides par ces bandes de délinquants
ou groupes dans les zones en question du continent américain.
Les pays d’Amérique centrale et des Caraïbes ont
connu ces dernières années des changements significatifs de leurs taux d’homicides. En Amérique
centrale, les taux d’homicides ont augmenté dans
cinq pays sur huit au cours des cinq années écoulées,
le Honduras, en particulier, ayant plus que doublé
son taux d’homicides entre 2005 et 2010, tandis
que le Mexique connaissait une augmentation
de 65 % dans la même période (figure 3.11). Dans
un certain nombre de cas, ces événements se sont
produits dans un contexte de décroissance antérieure des taux d’homicides suivant eux-mêmes des
taux très élevés – en particulier au Salvador et au
Guatemala – après des périodes de conflits.
Bien que concernant un grand nombre des pays
d’Amérique centrale, ces augmentations ont aussi
une forte connotation territoriale et sont souvent
concentrées dans des zones spécifiques des pays
concernés. Au Mexique, par exemple, les homicides sont concentrés dans un petit nombre d’États:
Chihuahua, Sinaloa, Guerrero et Baja California,
qui représentent quelque 11 % de la population
mais aussi 41 % du total des homicides pour tout
le pays en 2010. Il faut de plus noter d’autres concentrations au sein même de ces États: les deux
tiers des meurtres perpétrés au Chihuahua l’ont été
dans la ville de Juarez, où habitent 40 % de la
population de l’État, tandis que presque trois
quarts des meurtres enregistrés dans l’État de Baja
California ont été commis à Tijuana, les deux
zones étant situées à proximité de la frontière avec
les États-Unis d’Amérique17 (carte 3.1).
16 UNODC, Crime and Development in Central America. Caught
in the Crossfire (2007).
17 Escalante Gonzalbo F., Homicidios 2008-2009 La muerte tiene
permiso, Nexus (2011).
Carte 3.1: Taux d’homicides au niveau infranational, Amérique
centrale (2005 et 2010)
2005
Taux d’homicides
Moins de 5
5,0 - 14,9
15,0 - 29,9
30,0 - 59,9
60 et plus
Note: Les frontières et noms indiqués sur la présente carte n’impliquent ni reconnaissance
ni acceptation officielles de la part de l’Organisation des Nations Unies.
2010
Taux d’homicides
Moins de 5
5,0 - 14,9
15,0 - 29,9
30,0 - 59,9
60 et plus
Note: Les frontières et noms indiqués sur la présente carte n’impliquent ni reconnaissance
ni acceptation officielles de la part de l’Organisation des Nations Unies.
Source: Police nationale, services des statistiques et institutions de la justice pénale.
Il y a 15 ans, les taux d’homicides des Caraïbes
étaient notablement inférieurs à ceux de l’Amérique
centrale. Ces dernières années cependant, ils ont
augmenté aussi, surtout en Jamaïque, à Trinité-etTobago, et en République dominicaine (figure 3.12).
Tendances de l’homicide et trafic de
drogues en Amérique centrale
La situation géographique stratégique, entre le
lucratif marché des consommateurs de cocaïne
d’Amérique septentrionale (bien que le marché
européen soit de plus en plus important) et les
principales zones de culture de la coca, en
51
3
ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide
ne trahissent pas nécessairement leur présence par
des infractions violentes ou meurtrières. Par exemple, lorsque les zones d’influence et/ou d’activités
illégales sont clairement réparties entre différents
groupes criminels, ces derniers peuvent préférer
garder “profil bas” et ne pas attirer l’attention des
autorités de l’État. La violence jaillit souvent
lorsqu’un statut existant est brisé en conséquence,
par exemple, de changements dans la structure du
marché de la drogue, de l’émergence de nouveaux
protagonistes ou de la “menace” que représente la
répression policière.
140
120
100
80
60
40
20
Bahamas
Jamaïque
2010
2009
2008
2007
2006
2004
Cuba
Puerto Rico
2005
2003
2002
2000
2001
1999
1998
1997
1996
0
1995
Taux d’homicides pour 100 000 habitants
Fig. 3.12: Taux d’homicides par pays, Caraïbes (1995-2010)
République dominicaine
Trinité-et-Tobago
Source: UNODC Homicide Statistics (2011).
Colombie, au Pérou et dans l’État plurinational de
Bolivie, constitue aussi une cause majeure de criminalité violente en Amérique centrale18.
Si bien todos los países de América Central y el
Alors que tous les pays d’Amérique centrale et des
Caraïbes ont été touchés à divers degrés et à différents moments par le trafic de drogues, les effets de
ce commerce sur la criminalité violente sont loin
d’avoir été uniformes et linéaires. Les groupes
criminels organisés participant au trafic de drogues
250
Saisies de cocaïne équivalents-kg (milliers)
160
140
200
120
100
150
80
100
60
40
50
20
Saisies Mexique
Saisies Costa Rica
Taux d’homicides Panama
2009
2008
2007
2006
2005
2004
2003
2002
2001
2000
1999
1998
0
1997
0
Évolution des taux d’homicides, 1997 = 100
Fig. 3.13: Saisies de cocaïne et tendances des taux d’homicides,
dans certains pays d’Amérique centrale (1997-2009)
Saisies Panama
Taux d’homicides Mexique
Taux d’homicides Costa Rica
Source: UNODC Homicide Statistics (2011) et Questionnaire destiné aux rapports annuels.
L’aire est proportionnelle aux saisies de cocaïne en équivalents kg. Les courbes représentent les
évolutions des taux d’homicides avec un niveau initial de 100 pour 1997.
18 ONUDC, Rapport mondial sur les drogues (2011).
52
Lorsque l’on considère les augmentations des taux
d’homicides en Amérique centrale, il apparaît
qu’une partie au moins du schéma de ces tendances dans la région peut être attribuée aux changements des flux du trafic de la cocaïne et à une
concurrence accrue, ainsi qu’aux conflits liés aux
marchés des drogues. Il apparaît, à la lumière des
éléments disponibles, que les hauts niveaux de
violence et d’homicides sont non seulement liés
aux augmentations des flux clandestins de drogues,
mais aussi aux rétrécissements de certains de ces
flux, qui mènent à des turbulences sur les marchés
établis, à davantage de concurrence entre les
groupes criminels et à plus de meurtres encore. Il
est donc probable que les modifications des marchés de la drogue entraînent des violences meurtrières, indépendamment des niveaux globaux des
flux de trafic en eux-mêmes19.
Cette hypothèse est quelque peu confortée si l’on
prend en considération les tendances des homicides sur la toile de fond des saisies de cocaïne.
S’agissant de l’Amérique centrale, la figure 3.13
montre de quelle manière les changements dans les
saisies de drogues sont associés aux différentes
tendances des taux d’homicides. Les saisies de
cocaïne effectuées par les services de détection et
de répression ont presque constamment progressé
au Mexique jusqu’en 2007, avant de s’effondrer
brutalement, alors qu’elles augmentaient et
demeuraient à un fort niveau dans d’autres pays de
la région, tels que le Panama et le Costa Rica (les
taux d’homicides dans les deux pays ont plus que
doublé depuis leurs niveaux déjà élevés de 1997,
pour s’apparenter à quelques-uns des taux les plus
élevés du monde), ce qui montre l’importance
croissante de l’Amérique centrale par rapport aux
Caraïbes comme voie préférentielle du trafic de la
19 Voir aussi: Nations Unies, Commission pour la prévention du
crime et la justice pénale, vingtième session, Note du Secrétariat sur les tendances de la criminalité dans le monde et nouvelles
questions et mesures prises dans le domaine de la prévention du
crime et de la justice pénale (2011).
ARMES À FEU, TRAFIC ET CRIMINALITÉ ORGANISÉE
Les bandes de délinquants et les groupes de trafiquants de
drogues en Amérique centrale et aux Caraïbes
La montée en puissance des activités des groupes de trafiquants de drogues a sans nul doute joué un rôle dans
l’escalade des homicides, mais dans certains pays d’Amérique centrale d’autres facteurs importants sont à l’œuvre,
comme la violence meurtrière perpétrée par des bandes de délinquants, dont les plus connues sont sans doute les
maras. Les bandes de délinquants maras et les groupes de trafiquants de drogues ont traditionnellement toujours été
assez distincts bien que les premières puissent parfois agir comme distributeurs locaux de drogue et éventuellement
comme tueurs à gages pour certains des seconds. Les maras, notamment la Mara Salvatrucha 13 (ou MS-13) et le
Bario 18 (M-18) sont apparus à Los Angeles à la fin des années 1980 et au début des années 1990. Composées de
nombreux Salvadoriens, les maras se sont établies dans toute l’Amérique centrale et, si leurs activités ont parfois une
nature transnationale, compte tenu de leur présence permanente aux États-Unis, elles manquent d’un commandement central et n’entretiennent que des rapports minimaux avec les grandes organisations de trafic de drogues. Cependant, les bandes de délinquants telles que les maras (et les pandillas du Nicaragua et du Costa Rica) sont extrêmement violentes et responsables d’une part significative des homicides dans plusieurs régions de ces pays, où elles se
livrent de plus en plus à des actes d’extorsion, d’intimidation et de racket de “protection”.
Les pays des Caraïbes sont eux aussi touchés par la criminalité violente induite par le trafic de drogues organisé, qui
chevauche en partie les activités illicites des bandes de délinquants, comme en Jamaïque, par exemple, où des bandes
de délinquants de rues se sont investies progressivement lorsque les Caraïbes sont devenues une route de trafic depuis
la Colombie, dans les années 1980. Ces renversements de structures et de centres d’intérêt des groupes criminels et la
riposte des organes de détection et de répression ont profondément influencé la nature et les schémas de la violence
(meurtrière) aux Caraïbes, au cours de la décennie écoulée.
Homicides par arme à feu liés aux bandes/
crime organisé – Jamaïque (2004-2010)
90
80
70
Taux d’homicides pour 100 000 habitants
Taux d’homicides pour 100 000 habitants
Homicides par arme à feu liés aux bandes/
crime organisé – Honduras (2005-2010)
Homicide par arme à feu
Homicide par autres moyens
Homicide lié aux bandes/crime organisé
60
50
40
30
20
10
0
2005
2006
2007
2008
2009
2010
Source: Police nationale.
drogue, depuis l’Amérique du Sud vers l’Amérique
septentrionale.
Simultanément à l’augmentation du trafic de
drogues par l’Amérique centrale – ainsi qu’en
attestent les données de saisies, confirmées par les
rapports des services de renseignement – les taux
d’homicides ont eux aussi grimpé. Au Mexique, la
dynamique entre trafic de drogues et homicides
s’est éloignée de celle d’autre pays d’Amérique
centrale, en particulier après 2007, lorsque les
homicides ont commencé à se multiplier alors que
les saisies de drogues diminuaient radicalement.
Cette tournure des événements est intervenue alors
que le Gouvernement mexicain braquait contre les
groupes de trafiquants de drogues du pays toute la
force de son arsenal de détection et de répression
et que la pression ainsi mise sur le trafic de drogues
entraînait une réduction de la contrebande de
cocaïne et la déviation des flux de drogue au tra-
80
70
60
Homicide par arme à feu
Homicide par autres moyens
Homicide lié aux bandes/crime organisé
50
40
30
20
10
0
2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010
Source: Police nationale.
vers d’autres pays d’Amérique centrale. La montée
de la pression sur les opérations des groupes criminels organisés a poussé à de nouvelles violences et
à davantage de meurtres entre ces groupes, et a
conduit à des luttes territoriales et des guerres
intestines relatives au contrôle des routes les plus
lucratives du trafic et des marchés illicites. De plus,
les groupes de narcotrafiquants s’engagent de plus
en plus dans d’autres activités criminelles organisées, notamment la traite des personnes, les enlèvements et les extorsions, ce qui augmente encore le
nombre des meurtres20.
Aujourd’hui, pour asseoir leur pouvoir et leur
domination, ces groupes criminels organisés font
usage d’une violence aveugle et tuent sans discrimination, afin de contrôler non seulement les
routes et les marchés de la drogue, mais le territoire
20UNODC, The Globalization of Crime: A Transnational
Organized Crime Threat Assessment (2010).
53
3
ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide
Fig. 3.14: Saisies de cocaïne et taux d’homicides, dans certains
pays des Caraïbes (1997-2009)
600
6
500
5
400
4
300
3
200
2
100
1
0
2009
2008
2007
2006
2005
2004
2003
2002
2001
2000
1999
1998
1997
0
Saisies République dominicaine
Saisies Jamaïque
Saisies Trinité-et-Tobago
Taux d’homicides République dominicaine
Taux d’homicides Jamaïque
Taux d’homicides Trinité-et-Tobago
Source: UNODC Homicide Statistics (2011) et Questionnaire destiné aux rapports annuels.
L’aire est proportionnelle aux saisies de cocaïne en équivalents-kg. Les courbes représentent
les évolutions des taux d’homicides avec un niveau initial de 100 pour 1997.
Fig. 3.15: Taux d’homicides, dans certains pays, Amérique
du Sud (1995-2010)
140
Taux d’homicides pour 100 000 habitants
120
100
80
60
40
20
Argentine
Brésil
Colombie
Guyana
Uruguay
Paraguay
2010
2009
2008
2007
2006
2005
2004
2003
2002
2001
2000
1999
1998
1997
1996
0
1995
Évolution des taux d’homicides, 1997 = 100
Saisies de cocaïne équivalents-kg (milliers)
7
même, d’où les nombreuses victimes dans les rangs
des représentants des institutions étatiques, les élus
par exemple. D’après une récente étude, 14 des
quelque 2 450 maires du Mexique ont été assassinés rien qu’en 2010, alors que de 2004 à 2010 ils
avaient été 27 au total. La plupart de ces meurtres
sont imputables aux groupes de trafiquants de
drogues, même si les circonstances exactes n’en ont
pas toujours été éclaircies21.
Tendances de l’homicide et trafic de
drogues aux Caraïbes
Alors que le trafic de drogues par l’Amérique centrale a augmenté, des progrès dans les techniques
d’interception ont mené à un déclin significatif des
quantités de cocaïne acheminées par les Caraïbes.
Les saisies de cocaïne ont progressivement diminué
dans cette zone sur les 15 années écoulées,
aiguillonnant l’importance croissante des routes de
trafic de l’Amérique centrale. Entre 1997 et 2009,
les saisies de drogues ont diminué de 71 % aux
Caraïbes et, alors que 30 % de la cocaïne destinée
aux États-Unis d’Amérique transitaient par les
Caraïbes en 1997, cette proportion s’est réduite à
moins de 10 % en 2009. Cependant, alors que les
flux illicites de drogues diminuaient, comme en
atteste la baisse des quantités saisies, les taux
d’homicides augmentaient dans 10 pays des
Caraïbes sur les 11 pour lesquels des données
étaient disponibles22. Une part de l’explication à
cette montée de la violence meurtrière réside dans
la concurrence accrue entre les organisations de
trafic de drogues, qui luttent pour conserver leur
part dans un marché en déclin.
Le schéma de la diminution des saisies de cocaïne
s’est reproduit dans la quasi-totalité des 25 pays des
Caraïbes pour lesquels des données de saisies sont
disponibles, avec une exception de taille: la République dominicaine où, après une diminution dans les
premières années du début de ce siècle, une augmentation des saisies était enregistrée entre 2005
et 2010 tandis que son importance en tant que voie
de transit de la cocaïne de l’Amérique du Sud vers
l’Amérique septentrionale ainsi que vers les marchés européens, se restaurait quelque peu23. Ce
faisant, le commerce des drogues, devenu plus instable en République dominicaine, s’est trouvé associé
à une augmentation des niveaux d’homicides24.
Bolivie (État plurinational de)
Chili
21 Trans-Border Institute – University of San Diego, Drug VioÉquateur
lence in Mexico. Data and Analysis Through 2010 (2011).
Pérou
Venezuela (République bolivarienne du) 22 Au cours de la décennie écoulée, Cuba a enregistré aussi une
chute des homicides.
23 ONUDC, Rapport mondial sur les drogues (2011).
Source: UNODC Homicide Statistics (2011).
24 ONUDC, Rapport mondial sur les drogues (2011).
54
ARMES À FEU, TRAFIC ET CRIMINALITÉ ORGANISÉE
Quelle que soit l’importance du commerce des
drogues dans la provocation et le maintien de taux
extrêmement élevés de violences meurtrières, la
flambée des homicides sur le continent américain
ne saurait s’expliquer par un facteur unique et isolé
(c’est-à-dire par les modifications des voies
d’acheminement clandestines de la cocaïne), et de
nombreuses autres variables discutées dans ce
chapitre et d’autres de la présente étude s’interpénètrent et doivent être prises en considération.
Tendances de l’homicide et trafic de
drogues en Amérique du Sud
En Amérique centrale et aux Caraïbes, les évolutions du narcotrafic ont, d’une façon ou d’une
autre, contribué à élever les niveaux d’homicides.
Si l’on se tourne vers les pays immédiatement au
sud de l’Amérique centrale, la Colombie fournit
l’exemple d’un pays qui a réussi à inverser les tendances ascendantes des violences meurtrières au
moyen de mesures rigoureuses de détection et de
répression, réduisant ainsi à la fois le trafic de
drogues et les taux d’homicides.
L’essentiel de la cocaïne passée clandestinement
aux États-Unis par l’Amérique centrale et les
Caraïbes vient de Colombie, des quantités plus
réduites provenant aussi du Pérou25. Il faut remarquer que les saisies de drogues en Colombie même
ont progressivement augmenté au cours de la
décennie écoulée, ce qui traduit les efforts accrus
des autorités colombiennes pour affronter tous les
groupes criminels organisés participant à la production et au trafic de drogues. Pendant la même
période, alors que certaines villes connaissaient des
augmentations importantes des homicides, la
Colombie voyait, globalement, une division par
plus de deux de son taux d’homicides, qui passait
de 70 pour 100 000 au début de la décennie
à 33 pour 100 000 en 2010 (voir encadré au
chapitre 6).
Nombre d’homicides et saisies de cocaïne en
équivalents-kilogrammes
En Bolivie, le niveau des homicides est relativement bas par rapport à d’autres
pays d’Amérique du Sud. Cependant, les taux d’homicides ont augmenté ces dernières cinq années, passant de 6,5 en 2005 à 8,9 pour 100 000
en 2010. Aucune autre donnée sur la typologie des homicides ou les pourcentages d’homicides par arme à feu n’est disponible pour ce pays. Le nombre d’homicides enregistré dans les différentes parties du pays est en partie
lié aux données de saisies de cocaïne, un important indicateur en matière
d’itinéraires et de plaques tournantes du trafic de drogues: les homicides sont
plus fréquents dans les départements où les quantités de cocaïne saisie sont les
plus grandes, comme à La Paz, Cochabamba et Santa Cruz. Les deux premiers
secteurs (La Paz et Cochabamba) constituant aussi les deux principales zones
de culture de la coca1.
Nombre d’homicides et saisies de cocaïne, par région, Bolivie (2010)
Saisies de cocaïne (kg)
Pando
259 kg
!!!
233
!!
Brésil
!
10 437
Décompte des homicides
Moins de 100
120, 124
501
Perú
!
El Beni
317 kg
La Paz
4999 kg
!
Santa Cruz
10437 kg
!
!
Cochabamba
9854 kg
!
Oruro
2395 kg
!
Potosí
345 kg
!
Chuquisaca
233 kg
Tarija
! 254 kg
Chili
Paraguay
Argenne
Note: Les fron‰ères et noms indiqués sur la présente carte n’impliquent ni reconnaissance
ni accepta‰on officielles de la part de l’Organisa‰on des Na‰ons Unies.
Source: ONUDC, Base de données des saisies individuelles et Police nationale.
1 ONUDC, Estado Plurinacional de Bolivia – Monitoreo de Cultivos de
Coca 2010 (2011).
La République bolivarienne du Venezuela a fait
pour sa part une expérience inverse, avec des déclins significatifs des saisies de cocaïne alors que
ses taux d’homicides augmentaient régulièrement
pour atteindre 49 pour 100 000 habitants. Si les
activités des organisations se livrant au trafic de
drogues jouent certainement un rôle important
au Venezuela, l’augmentation des homicides
pourrait aussi être liée, dans ce pays, à d’autres
facteurs, parmi lesquels la criminalité générale
ordinaire. L’Équateur aussi a connu une augmen-
tation régulière de ses taux d’homicides jusqu’à
dépasser 21 pour 100 000 en 2008, alors que
ce pays devenait une route alternative du trafic
de drogues vers l’Amérique septentrionale et
qu’il a récemment fait état de saisies grandissantes de cocaïne. L’État plurinational de
Bolivie et le Pérou ont des taux d’homicides
nettement plus faibles que ces trois pays mais
quelque peu fluctuants, et les saisies de cocaïne,
relativement importantes dans les deux pays,
ont augmenté encore en 2009-2010 26 (voir
encadré Bolivie, p. 55).
25 UNODC, The Globalization of Crime: A Transnational
Organized Crime Threat Assessment (2010).
26 Toutes les données sur les saisies de cocaïne proviennent
du document de l’ONUDC World Drug Report (2011).
55
3
ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide
En dépit des écarts prononcés entre caractéristiques et tendances des homicides à travers le continent américain, il est net que l’évolution des
caractéristiques du trafic de drogues, la concurrence et la violence entre les bandes de délinquants,
ainsi que la bataille incessante avec les services de
détection et de répression ont entraîné une augmentation de la violence meurtrière jusqu’à des
niveaux alarmants. Lorsque l’état de droit est
gravement remis en question par la criminalité
organisée les États, affaiblis, ont des difficultés
pour rétablir le monopole de l’application des lois.
L’exemple de la Colombie montre qu’il faut parfois
des années pour inverser un taux d’homicides qui
monte progressivement et rétablir une sécurité
élémentaire, longtemps après la fin des conflits
politiques. La violence engendre la violence et de
ce fait peut repousser les frontières de l’acceptabilité
et de la tolérance envers elle-même au sein d’une
société donnée, notamment parce que des groupes
criminels peuvent recourir à la violence meurtrière
pour parvenir à toutes sortes d’objectifs spécifiques, comme régler des litiges, affirmer leur contrôle et leur statut, envoyer un message d’intention
à d’autres groupes criminels et défier les autorités.
Son débordement peut provoquer des répercussions durables sur la société toute entière.
56
4. LES FEMMES ET L’HOMICIDE LIÉ AUX
VIOLENCES CONJUGALES ET/OU FAMILIALES
Le chapitre précédent était centré sur une typologie meurtrière relativement moderne touchant les
jeunes hommes et, pour l’essentiel, uniquement
dans des régions précises du monde. Le présent
chapitre explorera un tout autre aspect, qui touche
les femmes de tous âges, partout dans le monde,
depuis l’aube de la civilisation.
Les violences contre les femmes, qu’il s’agisse
d’abus physiques, sexuels, psychologiques ou
économiques, savent prendre les formes les plus
diverses. Comme le soulignait un Rapport du
Secrétaire général des Nations Unies, en 20061,
elles ne se limitent pas non plus à une culture,
région ou pays en particulier, ni à des groupes
spécifiques de femmes dans une société donnée. La
violence à l’égard des femmes est plutôt un phénomène mondial, systémique et enraciné dans le
déséquilibre des pouvoirs et l’inégalité structurelle
entre hommes et femmes. Pour reprendre un récent
rapport de ONU Femmes: “La violence à l’égard
des femmes et des filles est à la fois une manifestation extrême de l’inégalité et de la discrimination
fondées sur le genre, et un outil terrible utilisé pour
préserver le statut d’infériorité des femmes”2. Dans
toutes sortes de contextes, partout dans le monde,
les femmes demeurent, à plus moins grande échelle,
vulnérables à la violence, meurtrière ou non, pour
partie en raison de discriminations fermement
ancrées, touchant à la propriété, la famille, l’accès à
la santé, l’emploi et la citoyenneté.
qu’inconnues de la victime. Sa manifestation la
plus commune de par le monde est cependant celle
qui prend la forme des violences conjugales et/ou
familiales3. À son degré le plus extrême, la violence
perpétrée par un membre de la famille, un partenaire ou un ex-partenaire peut mener à la mort.
Alors que de telles violences meurtrières contre des
membres de la famille ou des conjoints ont un
certain nombre de traits ou de facteurs de risques
communs partout dans le monde, notamment un
fond historique de violence familiale, de domination et d’abus (venant des hommes), elles sont
aussi caractérisées par d’importantes différences,
notamment des facteurs économiques et sociaux,
culturels et traditionnels, et la place des femmes
dans la société4. Tandis qu’en principe les violences
conjugales et/ou familiales peuvent toucher tant
les hommes que les femmes, les victimes de cette
forme de violence sont beaucoup plus vraisemblablement des femmes aux prises avec leurs partenaires masculins, présent ou passés. Dans un grand
nombre de pays, les violences conjugales et/ou
familiales sont une cause majeure des homicides
contre les femmes, avec pour résultat que les tendances des homicides touchant globalement les
femmes sont mues par les niveaux de violences
conjugales et/ou familiales plutôt que par la violence par arme à feu, ou en rapport avec la crimi-
La violence contre les femmes peut s’exercer chez
elles, dans la rue ou sur le lieu de travail, et être
perpétrée aussi bien par des personnes connues
3 D’après le Rapport du Secrétaire général des Nations Unies,
Étude approfondie de toutes les formes de violence à l’égard
des femmes (2006). Les enquêtes entreprises dans la dernière
décennie dans différentes parties du monde ont montré que
la prévalence de la violence physique commise par ses partenaires conjugaux au cours de la vie d’une femme oscillait
grandement, entre 10 et 60 %.
1
Assemblée générale des Nations Unies, Rapport du Secrétaire
général, Étude approfondie de toutes les formes de violence à
l’égard des femmes (2006).
4
2
ONU Femmes, Le progrès des femmes dans le monde 2011-2012:
En quête de justice (2011).
Voir par exemple, Kim, B. et Titterington, V.B., Abused South
Korean Women: A comparison of those who do and do not
resort to lethal violence, International Journal of Offender
Therapy and Comparative Criminology (2008); Brookman,
F. et Maguire, M., Reducing Homicide: A review of the possibilities, Home Office Online Report (2003).
57
ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide
Fig. 4.1: Ventilation en pourcentage des auteurs d’homicides par
sexe de la victime, dans certains pays européens (2008 ou
année la plus récente pour laquelle on dispose de données)
Ventilation des auteurs en pourcentage
100%
victimes d’homicides tuées par
leur conjoint ou ex-conjoint, par
sexe, dans certains pays européens
Victimes de sexe féminin
Victimes de sexe masculin
90%
80%
70%
60%
22,6%
50%
40%
30%
77,4%
20%
10%
0%
Victimes de sexe féminin
Conjoint ou ex-conjoint
Parent proche
Victimes de sexe masculin
Connaissance
Inconnu de la victime
Source: Base de données de la division Statistique de la Commission économique
des Nations Unies pour l’Europe.
nalité organisée ou les bandes de délinquants,
comme on le voit pour les hommes (ce dont rend
compte le chapitre précédent).
Au plan mondial, il y a peu de données de grande
qualité sur les formes meurtrières de violence
contre les femmes et les tendances qui s’en dégagent ne s’appliquent pas nécessairement à tous les
contextes, en particulier aux situations telles que
celles immédiatement consécutives à un conflit, où
les femmes peuvent courir de plus grands risques à
l’extérieur de leur foyer qu’à l’intérieur. C’est de
meilleures données et d’informations sur les tendances que dépend une meilleure compréhension
des violences faites aux femmes sous toutes leurs
formes5.
Les données disponibles pour l’Europe, par exemple, démontrent les différentes formes de violence
meurtrière qui affectent les femmes et les hommes:
en 2008, la moitié des victimes de sexe féminin ont
été tuées par des membres de leur famille (35 %
par des conjoints ou des ex-conjoints et 17 % par
des proches) tandis que 5 % seulement de l’ensemble des hommes tués l’avaient été par leur con5 S’il est possible de produire de meilleures données sur les
violences meurtrières touchant les femmes en rassemblant
des informations contextuelles sur les homicides, des données
plus exactes concernant l’ampleur et l’impact des formes non
meurtrières de violence peuvent être réunies par le moyen
d’études sur la population (enquêtes générales de victimisation ou enquêtes spécifiques sur la violence faite aux femmes).
Il est indispensable de produire de meilleures données sur la
violence, tant meurtrière que non meurtrière, à l’encontre des
femmes, pour parvenir à davantage sensibiliser à ces questions et formuler des politiques de riposte basées sur les faits,
notamment dans le domaine de la justice pénale.
58
Fig. 4.2: Ventilation en pourcentage des
Source: Base de données de la division Statistique de la
Commission économique des Nations Unies pour l’Europe.
jointe ou ex-conjointe et quelque 10 % par d’autres
membres de la famille (voir figure 4.1). Au-delà de
l’Europe, les études menées sur l’Australie, le
Canada, Israël, l’Afrique du Sud et les États-Unis
montrent des résultats similaires, 40 à 70 % des
homicides sur des femmes étant liés aux violences
conjugales et/ou familiales.
Les femmes sont les plus touchées les homicides
imputables au partenaire ou un ex-partenaire, ce
qui se traduit, dans les pays sélectionnés d’Europe
pour lesquels des données sont disponibles, par le
fait qu’elles représentent plus de 75 % de l’ensemble
des victimes de cette typologie spécifique d’homicides (voir figure 4.2).
La proportion d’infractions violentes liées au conjoint ou à des litiges familiaux varie en fonction du
niveau général de la criminalité violente. Les pays
qui ont un taux d’homicides plus élevé sont souvent affectés par de hauts niveaux de “délinquance
de rue” liés au trafic de drogues, au crime organisé,
aux combats de rue ou à d’autres formes d’infractions avec violence. Il s’agit-là d’un environnement
traditionnellement dominé par des hommes jeunes
qui sont aussi bien les auteurs de l’essentiel des
violences et les victimes les plus nombreuses de
celles-ci. À l’autre extrémité du spectre, il y a des
pays qui ont un taux d’homicides très bas et où la
présence de bandes de délinquants et de groupes
criminels organisés ne constitue qu’une part
réduite de l’ensemble des homicides. La part relative (mais non le taux absolu) des ho-micides liés
aux conflits domestiques et à la violence conjugale
et/ou familiale est par conséquent plus élevée dans
LES FEMMES ET L’HOMICIDE LIÉ AUX VIOLENCES CONJUGALES ET/OU FAMILIALES
Fig. 4.3: Pourcentage des victimes d’homicides de sexe féminin et des victimes
d’homicides de nature conjugale et/ou familiale, dans certains pays
(2009 ou année la plus récente pour laquelle on dispose de données)
Pourcentage de victimes de sexe féminin
60
50
Allemagne
Japon
Croatie
Slovénie
40
France
30
Italie
20
Hongrie
Suisse
Australie
Finlande
Pays-Bas
Canada
Pologne
Lituanie
Roumanie
ex-République yougoslave de Macédoine
États-Unis
Nicaragua
République dominicaine
Saint-Kitts-et-Nevis
Panama
10
0
10
20
30
40
50
Pourcentage d’homicides de nature conjugale et/ou familiale
Fuentes: Source: UN-CTS et données des polices nationales.
Les pays ayant de forts taux d’homicides, tels que
la Colombie et El Salvador, affichent un plus fort
pourcentage d’homicides perpétrés dans des lieux
publics, ce qui est dû aux niveaux de violence plus
élevés de la criminalité organisée et des homicides
de rues, qui affectent principalement les hommes.
80%
80
70%
70
60%
60
50%
50
40%
40
30%
30
20%
20
10%
10
0%
0
Domicile privé
Lieu inconnu
Taux d’homicides
Norvège
Taux d’homicides pour100 000 habitants
90
Australie
90%
Maurice
100
Argentine
100%
Colombie
Du fait que ces deux différents types d’homicides
ont des impacts différents sur les deux sexes, le
foyer est l’endroit où une femme risque le plus
d’être tuée, tandis que les hommes risquent davantage d’être tués dans la rue ou dans un lieu public.
Les données présentées à la figure 4.4 montrent
qu’une forte proportion d’homicides est commise
au sein du foyer dans les pays où le pourcentage
des femmes victimes est plus important, et où les
taux d’homicides sont plus faibles. La relation
entre le sexe de la victime et le lieu où se déroule
l’homicide montre que les typologies des homicides diffèrent entre ceux commis au sein du foyer
et dans les espaces publics tels que les lieux
commerciaux ou de loisirs, et ceux commis dans
la rue. Les homicides perpétrés au foyer sont plus
susceptibles d’être commis par un auteur connu
tel qu’un membre de la famille ou un conjoint,
alors que les homicides commis dans la rue sont
davantage susceptibles d’impliquer un auteur
inconnu de la victime.
60
Fig. 4.4: Ventilation en pourcentage des lieux et taux
d’homicides, dans certains pays (2009 ou année la
plus récente pour laquelle on dispose de données)
El Salvador
ces pays, et le profil des victimes change en conséquence, puisque les femmes de-viennent plus
nombreuses dans l’ensemble des victimes d’homicides (figure 4.3).
Pourcentage de victimes de sexe féminin et
pourcentage des lieux
0
Lieu public
Pourcentage de victimes de sexe féminin
Source: ONUDC, Extrapolation à partir de sources nationales officielles.
Au contraire, les taux d’homicides bas, tels que
ceux que l’on trouve en Australie ou en Norvège,
soulignent le fait que davantage d’homicides sont
perpétrés dans le foyer, celui de la victime ou celui
de l’auteur, ce qui implique une importance relativement accrue des homicides par le conjoint ou
les proches dans ces pays et, en conséquence, un
59
4
ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide
pourcentage plus élevé d’homicides commis sur
des femmes.
Fig. 4.5: Taux d’homicides par type d’homicides, dans certains
pays d’Europe (2004-2008)
1,8
Taux d’homicides
pour 100 000 habitants
Les données de séries chronologiques disponibles
indiquent une certaine stabilité dans le temps des
niveaux d’homicides liés à la violence conjugale et/
ou familiale. Ce phénomène a été associé aux
niveaux de tension sous-jacents dans la société et
au fait que plusieurs facteurs de risque durables de
violence conjugale et/ou familiale – liant ces tensions à une histoire de violence domestique, au
chômage du partenaire masculin, à la possession
d’armes à feu, à la consommation de drogues et
d’alcool, à la menace de séparation, à la jalousie
sexuelle, à la domination extrême du mâle et à
Homicides liés à d’autres causes
Homicides liés au partenaire ou aux proches
1,6
1,4
1,2
1,0
0,8
0,6
0,4
0,2
0,0
2004
2005
2006
2007
2008
Source: Extrapolations ONUDC à partir de données des polices nationales.
Meurtres liés aux violences conjugales et/ou familiales et homicides liés au
crime organisé ou aux bandes de délinquants, en Italie
Malgré une réputation de violence meurtrière au sein des clans et entre les clans de la mafia, ainsi qu’à l’encontre des agents des
services de détection et de répression ou des citoyens, le taux d’homicides global a régulièrement décru en Italie ces dernières
années, jusqu’à parvenir à un niveau plutôt bas qui le range parmi d’autres pays européens. Hormis des flambées périodiques
de violence entre des membres rivaux de groupes mafieux, les homicides résultant de la criminalité organisée ont diminué dans
ce pays, en termes absolus aussi bien que relatifs1.
0
0,0
Victimes d’homicides
de sexe masculin
Taux d’homicides total
Victimes d’homicides
de sexe féminin
Source: Bureau national de statistique.
Pourcentage du total des victimes d’homicides
0,3
Pourcentage du total des homicides par type, Italie
(2002-2009)
Taux d’homicides pour 100 000 habitants
200
2008
0,6
2007
400
2006
0,9
2005
600
2004
1,2
2003
800
2002
1,5
2001
1 000
2000
1,8
1999
1 200
1998
Nombre de victimes d’homicides
Nombre de victimes d’homicides par sexe et taux
d’homicides total, Italie (1998-2008)
25%
20%
15%
10%
5%
0%
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
Femmes tuées par le partenaire, l’ex-partenaire ou un membre de la famille,
en pourcentage du total des victimes d’homicides.
Hommes tués par la partenaire, l’ex-partenaire ou un membre de la famille,
en pourcentage du total des victimes d’homicides.
Victimes tuées par des bandes de délinquants ou groupes criminels organisés,
en pourcentage du total des victimes d’homicides.
Source: Bureau national de statistique.
Des données détaillées pour les années 2002-2009 indiquent que, depuis 2004, le nombre absolu aussi bien que la part relative
des homicides liés aux bandes de délinquants ou à la criminalité organisée a diminué. Par ailleurs, les nombres absolus
d’homicides liés à la violence conjugale et/ou familiale a légèrement augmenté sur la même période, jusqu’à relever la part totale
de ses victimes (hommes et femmes) à plus de 30 % de l’ensemble des victimes d’homicides en 2009. Le graphique ci-dessus
montre que, pour la première fois en 2006, la part relative des victimes de sexe féminin dans les homicides liés au conjoint ou
aux proches a dépassé la part de l’ensemble des victimes des homicides liés aux bandes de délinquants ou au crime organisé, et
que ce dépassement atteignait sept points de pourcentage en 2009. Sur la période entière, les victimes du fait des violences
conjugales et/ou familiales étaient deux à trois fois plus nombreuses chez les femmes que chez les hommes.
1
60
Ainsi qu’il a déjà été vu au chapitre 3, une diminution des homicides liés à la criminalité organisée ne traduit pas nécessairement une réduction des activités
des groupes criminels organisés.
LES FEMMES ET L’HOMICIDE LIÉ AUX VIOLENCES CONJUGALES ET/OU FAMILIALES
Caractéristiques des homicides et des décès pour dot en Inde
Le Bureau national des statistiques criminelles indien conserve les données détaillées de la justice pénale relatives au nombre des victimes
d’homicides, par sexe, âge et motif. En 2009, sur un total de 33 159 victimes d’homicides répertoriées en Inde, 8 718 (26 %) étaient de sexe
féminin, soit un nombre à peu près identique à celui des années précédentes. Certains de ces meurtres avaient trait à des litiges relatifs au paiement de dots ou à des demandes violentes de paiements plus importants de la part des familles des épouses ou des futures épouses. Alors que le
paiement d’une dot est illégal en Inde depuis 1961, la pratique demeure d’un usage courant. Sur l’ensemble des femmes tuées, environ 15 %
(1 267) l’avaient été pour des questions touchant à la dot.
Taux d’homicides
2009
2008
2007
2006
2005
2004
2003
2002
2001
2000
1999
1998
1997
Taux d’homicides et taux de décès pour dot en Inde (1995-2009)
1996
4,5
4,0
3,5
3,0
2,5
2,0
1,5
1,0
0,5
0,0
1995
Taux pour100 000 habitants
Outre les données enregistrées en tant qu’homicides, la police tient un registre des “décès pour dot” au titre d’une section distincte du Code
pénal indien1. Il s’agit de décès de femmes mariées depuis sept ans au plus, pour lesquelles des éléments factuels apportent un fort soupçon de
meurtre relatif à la dot. En 2009, la police a enregistré 8 383 morts de ce type, de femmes et de jeunes filles, et l’on peut calculer que le nombre
total des meurtres liés à la dot en 2009 s’est élevé à 9 6502, ce qui correspond à 56 % de l’ensemble des victimes, de sexe féminin, des meurtres
avec violence, meurtres pour dots compris (17 101). Le nombre de ces meurtres augmente depuis des années: les courbes ci dessous indiquent
les tendances de ces décès dans le temps (pour 100 000 habitants) en Inde, par rapport aux taux d’homicides, pour la période 1995-2009: alors
que les niveaux d’homicides ont régulièrement décru au cours des 15 dernières années (diminution de 31 % entre 1995 et 2009), le taux de
décès pour dot a augmenté de plus de 40 % durant la même période. Cette augmentation pourrait être partiellement due à une plus grande
exactitude des données consignées par la police lorsque des morts suspectes lui sont signalées, mais aussi à une prise de conscience grandissante
du problème et une détermination à aborder cette question; d’autre part, il est probable que, outre les homicides officiellement enregistrés
comme liés à la dot et les décès pour dot, un nombre inconnu de décès liés à des questions de dot demeurent non détectés car ils sont souvent
enregistrés comme des décès par accident, ou des suicides.
Taux de décès pour dot
Source: National Crime Records Bureau.
1 La section 304B du Code pénal indien dispose que “lorsque la mort d’une femme est causée par des brûlures ou des atteintes physiques, ou se produit
autrement que dans des circonstances normales dans les sept années suivant son mariage, et qu’il est montré que peu avant son décès elle était soumise à des
actes de cruauté ou de harcèlement de la part de son époux ou de tout membre de la famille de son époux en vue de, ou en relation avec, toute demande
de dot, un tel décès sera appelé “décès pour dot” (dowry death) et ledit époux ou parent sera réputé avoir causé la mort de la femme en question”.
2 Ce chiffre étant le total des meurtres pour dot (1 267) et des décès pour dot (8 383) en 2009.
d’autres facteurs de risques – ne sont susceptibles
d’évoluer que lentement6.
Si le taux des homicides liés aux violences conjugales et/ou familiales demeure plutôt stable dans le
temps, alors que celui lié aux autres causes décline,
comme cela a été le cas dans un certain nombre de
6
Voir par exemple: Cao, L., Hou, Ch. et Huang, B., Correlates
of the Victim Offender Relationship in Homicide, International
Journal of Offender Therapy and Comparative Criminology
(2007); Abrahams, N., Jewkes, R. et Mathews, Sh., Guns and
gender-based violence in South Africa, South African Medical
Journal (2010); Roberts, D.W., Intimate Partner Homicide:
Relationships to Alcohol and Firearms, Journal of Contemporary Criminal Justice (2009).
pays au cours de la décennie écoulée, la part des
homicides dus aux violences conjugales et/ou
familiales augmente inévitablement par rapport à
l’ensemble de tous les homicides. On trouvera
l’illustration de ce phénomène pour une sélection
de pays européens à la figure 4.5, mais le même
mouvement a également été observé dans un
certain nombre d’autres pays non européens,
notamment l’Australie, le Japon, les États-Unis et
la Zambie. De plus, si la part des femmes augmente parmi les homicides liés au partenaire et à
la famille, cela implique que, dans des contextes de
niveaux globalement décroissants des homicides, la
part des hommes parmi l’ensemble des victimes
61
4
ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide
d’homicides diminue graduellement dans le temps,
alors que la part des victimes de sexe féminin
s’élève. Des éléments factuels montrent que tel est
bien le cas en effet (voir encadré sur l’Italie).
L’observation que les homicides liés aux conflits
entre partenaires, ex-partenaires ou membres de la
famille sont assez stables dans le temps et ne sont
pas affectés par les accès meurtriers déclenchés par
des interventions externes ne signifie pas qu’il ne
serait pas utile de cibler les taux d’homicides liés à
la violence conjugale et/ou familiale avec des politiques sociales plus larges et des initiatives de
prévention de la criminalité. Au Canada par exemple, l’idée a été défendue qu’il existe un lien fort
entre la montée des niveaux d’éducation des
femmes, l’implication croissante de ces dernières
qui s’ensuit sur le marché du travail et leur indépendance financière d’une part, et les diminutions
à long terme des homicides liés au partenaire ou
aux proches d’autre part7. Les interventions visant
à infléchir la violence domestique contre les
femmes en général, ainsi qu’à les soutenir tout en
les protégeant dans les périodes pendant lesquelles
le risque de violences venant de leur partenaire
(pendant et immédiatement après un divorce par
exemple) est particulièrement élevé, ont aussi un
impact sur la réduction des taux d’homicides liés
aux violences conjugales et/ou familiales. De telles
interventions peuvent aussi être plus immédiates
que beaucoup de mesures et politiques sociales
plus larges, quoique fondamentales, qui inévitablement nécessitent du temps pour avoir un impact
notable sur les taux d’homicides contre les femmes.
7 Dawson, M., Bunge, V. and Balde, Th., National Trends in
Intimate Partner Homicides: Explaining Declines in Canada,
1976 to 2001, Violence Against Women (2009).
62
5. HOMICIDE ET DÉMOGRAPHIE:
QUI EST EN DANGER?
Le présent chapitre se concentre sur les caractéristiques des personnes dissimulées derrière les
chiffres sur les homicides et les taux présentés
jusqu’ici dans cette étude. Grâce à l’analyse des
données d’âge et de sexe concernant directement
les personnes directement impliquées dans les
homicides tout en tenant compte des facteurs
régionaux et typologiques, les personnes susceptibles de commettre un délit et celles qui courent le
plus de risques peuvent être identifiées plus facilement et donc dissuadées/protégées si des politiques
de prévention pertinentes les visent plus particulièrement.
Les victimes, par sexe et par âge
La criminalité, et tout particulièrement la criminalité violente, est un comportement typiquement
masculin, et l’homicide ne fait pas exception. Dans
le monde entier, les hommes constituent la majorité des auteurs d’infractions avec violence et représentent plus de 90 % des populations carcérales de
la plupart des pays. Les données sur les auteurs
d’homicides laissent apparaître une caractéristique
similaire (voir par la suite dans ce chapitre) et les
hommes constituent aussi jusqu’à 82 % de
l’ensemble des victimes d’homicides, ce qui laisse
penser que le schéma le plus caractéristique de
l’homicide est celui d’un homme tuant un autre
homme (figure 5.1). Si les femmes représentent
une plus petite part des victimes d’homicide, elles
sont, de façon prédominante, la cible des violences
liées aux violences conjugales et/ou familiales, dans
lesquelles le schéma d’homicide typique est celui
d’un homme tuant une femme (ainsi qu’il vient
d’être expliqué en détail au chapitre précédent).
Le tableau mondial, général, étant posé, on constate des différences significatives et fondamentales
dans la ventilation par sexe des victimes d’homici-
Fig. 5.1: Ventilation en pourcentage des
victimes d’homicides au niveau
mondial, par sexe (2008)
18%
Victimes de sexe masculin
Victimes de sexe féminin
82%
Source: UNODC Homicide Statistics (2011).
des, qui construisent un indicateur clé des types
d’homicides plus ou moins communs dans un pays
donné, ou une région. Les différentes compositions
par sexe des victimes d’homicides d’une région à
l’autre, et en particulier les différences profondes
aux Amériques et en Europe en sont une bonne
illustration: les taux d’homicides sont relativement
élevés sur le continent américain, tandis qu’ils sont
relativement bas en Europe (figure 5.2).
Aux Amériques, les victimes de sexe féminin ne
représentent que 10 % de l’ensemble des homicides, tandis qu’elles comptent pour 19 % en Afrique, pour 21 % en Asie, pour 20 % en Océanie et
pour 27 % en Europe. Cette différence dans la
structure par sexe indique des typologies d’homicides différentes selon les parties du monde, la part
revenant aux victimes de sexe masculin étant
d’autant plus grande que les homicides perpétrés
dans le contexte de la violence issue des bandes de
délinquants et du crime organisé sont eux-mêmes
nombreux. Pour autant, la part plus réduite des
victimes de sexe féminin sur le nombre total
d’homicide aux Amériques n’équivaut pas à un
taux plus faible de meurtres de femmes par comparaison avec d’autres régions.
63
ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide
Fig. 5.2: Ventilation en pourcentage des homicides, par sexe et par région (2008)
Afrique
Amériques
10%
19%
81%
90%
Asie
Océanie
Europe
21%
20%
27%
73%
79%
Victimes de sexe masculin
80%
Victimes de sexe masculin
Source: UNODC Homicide Statistics (2011).
Taux d’homicides pour 100 000 habitants
Fig. 5.3: Taux de victimes de sexe féminin par région (2008)
7
6
5
4
3
2
1
0
Amériques
Afrique
Monde
Europe
Asie
Océanie
Source: UNODC Homicide Statistics (2011).
Taux d’homicides pour 100 000 habitants
Fig. 5.4: Taux de victimes de sexe masculin par région (2008)
30
25
20
15
10
5
0
Amériques
Afrique
Monde
Europe
Source: UNODC Homicide Statistics (2011).
64
Asie
Océanie
De fait, comme le montre la figure 5.3, les Amériques affichent un taux élevé de victimes de sexe
féminin. C’est le nombre exceptionnel des homicides affectant les individus de sexe masculin aux
Amériques qui pousse vers le bas la part des femmes
dans cette région. Les données indiquent aussi que
l’Afrique est la région où les taux d’homicides
commis sur des femmes sont les plus élevés, et
montrent que là où les taux d’homicides élevés ne
sont pas mus avec la même ampleur par la criminalité organisée et la criminalité de rue, la violence
meurtrière non spécifique et/ou les homicides liés
aux violences conjugales et/ou familiales jouent un
rôle important dont les femmes sont, à l’évidence,
victimes, dans ces trois dernières catégories.
Malheureusement, le manque de données caractérisant l’Afrique, par exemple sur les traits complémentaires des homicides, tels que leurs contextes et
les moyens utilisés pour tuer, empêchent de procéder à des analyses plus détaillées. Comme on
pouvait s’y attendre, les taux d’homicides d’individus de sexe masculin reflètent les schémas régionaux examinés dans les chapitres précédents, et les
niveaux les plus élevés apparaissent sur le continent
américain et en Afrique.
Après la structure par sexe des victimes d’homicides,
la caractéristique la plus frappante de ce type de
victimisation est que, à l’échelle du monde, le
HOMICIDE ET DÉMOGRAPHIE: QUI EST EN DANGER?
Fig. 5.5: Taux d’homicides mondiaux par sexe et groupe d’âge
(2008)
25
Taux d’homicides pour 100 000 habitants
risque d’être tué est au plus haut pour les jeunes
hommes de 15 à 29 ans et chute radicalement avec
l’âge par la suite. En fait, le taux d’homicides mondial en fonction de l’âge, de 21,2 pour 100 000
pour les hommes de 15 à 29 ans, est approximativement le double du taux correspondant (10,5)
pour les hommes de 60 à 69 ans. Ce déclin généralisé du risque d’homicide tout au long de la vie
masculine reflète directement la participation décroissante des hommes, l’âge avançant, aux activités illicites et à hauts risques, telles que la criminalité de rue, la participation aux bandes de délinquants, la consommation de drogues, la possession
d’armes à feu, d’armes blanches et autres armes,
aux confrontations de rues et autres activités prédisposant à la violence (figure 5.5).
De façon contrastée, le taux d’homicides mondial
en fonction de l’âge, pour les femmes, se situe à un
niveau beaucoup plus bas et reste fixé entre 3 et 4
pour 100 000 pour tous les groupes d’âge,
Victimes de sexe masculin
Victimes de sexe féminin
20
15
10
5
0
0-4
5-14
15-29
30-44
45-59
60-69
70+
Source: Base de données de l’OMS sur les causes de décès (Causes of Death 2011).
Augmentation des homicides au Mexique en fonction de l’âge et du sexe
La domination croissante des groupes criminels organisés mexicains sur le trafic de la cocaïne entre l’Amérique du Sud et les
États-Unis (voir chapitre 3) a eu pour résultat remarquable une forte augmentation de la violence meurtrière, qui affecte non
seulement les membres des groupes de trafiquants de drogues mais aussi les membres des forces de sécurité, et des spectateurs
innocents. L’essentiel de la violence meurtrière est exercé par des hommes contre d’autres hommes, et on peut constater
ci-dessous sur les tendances des homicides en fonction de l’âge que la soudaine augmentation des taux d’homicides a touché
tous les individus de sexe masculin, à l’exception des mineurs de moins de 15 ans.
9
8
7
6
5
4
3
2
1
0
10-14
25-29
15-19
35-39
Sources: Bureau national de statistique.
20-24
50-54
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
Taux d’homicides pour 100 000 habitants
10
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
Taux d’homicides pour 100 000 habitants
Pendant ce temps, cet accroissement a aussi mené à des flambées brutales des taux de homicides commis sur des femmes appartenant aux mêmes groupes d’âge, quoique à un niveau beaucoup plus bas. Alors qu’un accroissement soudain des violences
meurtrières peut donc être observé à l’encontre des deux sexes et dans tous les groupes d’âge, on remarquera que les hommes
de 35 à 39 ans sont les plus touchés et ont affiché en 2009 le plus fort taux de victimisation en fonction de l’âge (73), devant
les 25 à 29 ans (qui ont un taux de 63, soit le deuxième groupe le plus affecté) et les autres groupes plus jeunes. Cependant, la
montée des homicides a affecté aussi le groupe des 15 à 19 ans, soit parce que les victimes faisaient partie de groupes de trafiquants de drogues, soit simplement parce qu’elles se trouvaient au mauvais endroit au mauvais moment. Il est clair aussi que
des groupes criminels organisés recrutent des garçons plus jeunes encore dans leurs rangs, ce qui met ces derniers en danger
d’être tués, davantage encore.
Taux de victimes de sexe féminin par groupe
Taux de victimes de sexe masculin par groupe
d’âge, Mexique (1990-2009)
d’âge, Mexique (1990-2009)
10-14
15-19
20-24
25-29
35-39
50-54
Sources: Bureau national de statistique.
65
5
ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide
après 15 ans. Ceci renforce le fait que les homicides commis sur des femmes sont moins liés à
l’exposition des femmes aux activités à hauts risques
(bandes de délinquants, etc.) qui surviennent chez
les groupes des plus jeunes, et plus fréquemment
aux litiges entre la victime et le partenaire ou les
proches (voir chapitre précédent).
En d’autres termes, les différences de taux
d’homicides en fonction de l’âge et du sexe se
rétrécissent d’un facteur d’environ six pour les
tranches d’âges jeunes (21,1 contre 3,6) à environ
trois pour les groupes plus âgés (10,5 contre 3,2)
pour les 60 à 69 ans.
Amériques
De même que pour la structure par sexe des victimes d’homicides, on constate aussi des différences significatives et fondamentales dans les
structures d’âge de ces mêmes victimes selon les
régions du monde, ce qui indique une fois encore
l’importance relative des différents types d’homici-
Déclin des homicides en Europe centrale et orientale, par âge et
par sexe
Pourcentage du total des victimes
(5 pays)
2008
2007
2006
2005
2004
2003
2002
2001
2000
Tasa de homicidio por
cada 100.000 habitantes
Le déclin remarquable des taux d’homicides dans de nombreux pays d’Europe au cours de la première
décennie du XXIe siècle a été particulièrement aigu dans plusieurs pays d’Europe centrale et orientale. Le
fait que la plupart de ces pays ont mis en œuvre d’importantes mesures pour aligner leurs systèmes
sociaux, juridiques et économiques avec les normes internationales pendant cette période a positivement
contribué à cette évolution, qui s’est accélérée dans bien des cas pendant le processus d’accession à
l’Union européenne.
Taux d’homicides en République tchèque, Hongrie,
République de Moldova, Pologne et Roumanie (2000-2008)
Les taux d’homicides globaux dans cinq pays
d’Europe centrale et orientale ont chuté de 4,2
4,5
à 1,6 pour 100 000, soit un déclin de 61 % en
4,0
moins d’une décennie. Ce déclin n’a cependant
3,5
pas été uniforme entre les deux sexes, ni sur
3,0
l’ensemble des groupes d’âge.
2,5
2,0
Les déclins les plus importants dans la part
1,5
des victimes d’homicides ont été réalisés
1,0
entre 2000 et 2008, et ont concerné les hommes
0,5
des groupes d’âge de 20 à 44 ans, qui consti0,0
tuaient les parts les plus importantes de victimes
d’homicides au début de cette période. Pendant
la même période, les parts des victimes de
Source: UNODC Homicide Statistics (2011). Les courbes
sexe féminin ont, de fait, augmenté dans la
représentent les taux d’homicides pondérés par rapport
majorité des groupes d’âge. Puisque le nombre
à la population.
total d’homicides diminuait très rapidement
entre 2000 et 2008, on peut penser que le déclin a principalement bénéficié aux hommes jeunes. Autrement dit, la composition des homicides a changé en Europe centrale et en Europe orientale, et la part
relative des homicides liés aux violences conjugales et familiales a augmenté, rapprochant le schéma des
homicides de ces sous-régions de ce que l’on peut voir dans les autres sous-régions d’Europe.
Ventilation des victimes d’homicides, par âge et par sexe, dans certains pays
d’Europe centrale et d’Europe orientale (2000 et 2008)
10%
9%
Victimes de sexe masculin 2000
Victimes de sexe masculin 2008
Victimes de sexe féminin 2000
Victimes de sexe féminin 2008
8%
7%
6%
5%
4%
3%
2%
1%
Source: Global Burden of Injuries, Injury Mortality Data Collection (2011).
66
>85
80-84
75-79
70-74
65-69
60-64
55-59
50-54
45-49
40-44
35-39
30-34
25-29
20-24
15-19
10-14
5-9
1-4
<1
0%
HOMICIDE ET DÉMOGRAPHIE: QUI EST EN DANGER?
Fig. 5.6: Ventilation des victimes d’homicides, par âge et par sexe, Amériques (2000-2008)
Pourcentage du total des victimes
(29 pays)
20
Victimes de sexe masculin
Victimes de sexe féminin
18
16
14
12
10
8
6
4
2
>85
80-84
75-79
70-74
65-69
60-64
55-59
50-54
45-49
40-44
35-39
30-34
25-29
20-24
15-19
10-14
5-9
1-4
<1
0
Source: Global Burden of Injuries, Injury Mortality Data Collection (2011).
Fig. 5.7: Ventilation des victimes d’homicides, par âge et par sexe, Europe (2000-2008)
Pourcentage du total des victimes
(32 pays)
20
Victimes de sexe masculin
Victimes de sexe féminin
18
16
14
12
10
8
6
4
2
>85
80-84
75-79
70-74
65-69
60-64
55-59
50-54
45-49
40-44
35-39
30-34
25-29
20-24
15-19
10-14
5-9
1-4
<1
0
Source: Global Burden of Injuries, Injury Mortality Data Collection (2011).
Fig. 5.8: Ventilation des victimes d’homicides, par âge et par sexe, Asie (2000-2008)
Victimes de sexe masculin
Victimes de sexe féminin
18
16
14
12
10
8
6
4
2
>85
80-84
75-79
70-74
65-69
60-64
55-59
50-54
45-49
40-44
35-39
30-34
25-29
20-24
15-19
10-14
5-9
1-4
0
<1
Pourcentage du total des victimes
(15 pays)
20
Source: Global Burden of Injuries, Injury Mortality Data Collection (2011).
67
5
ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide
des. Dans un échantillon de 29 pays du continent
américain, les hommes âgés de 20 à 24 ans constituent le plus grand groupe de l’ensemble des victimes d’homicides (16 %), suivi par les hommes
de 25 à 29 ans (14 %) et les hommes de 30 à 34 ans
(11 %). A contrario, la part des groupes d’âge
successifs dans l’ensemble des victimes de sexe
féminin culmine à moins de 2 % pour le groupe
20-24 ans et décline continuellement avec l’âge par
la suite (figure 5.6).
Un certain nombre de facteurs (tels qu’une structure démographique jeune) contribuent à cette
caractéristique marquée sur le continent américain, mais les forts risques de violence meurtrière
attachés à l’appartenance à des groupes criminels
organisés ou à des bandes de délinquants de rues
(voir chapitre 3) apparaissent de façon flagrante.
Europe
Contrairement au profil des victimes d’homicides
selon le sexe et l’âge aux Amériques, l’Europe ne
présente pas de pic structurel pour les jeunes victimes d’homicides de sexe masculin et les différentiels de risques entre hommes et femmes dans ce
domaine sont considérablement plus faibles.
Dans un échantillon de 32 pays européens, les
hommes âgés de 20 à 24 ans représentent seulement 5 % de l’ensemble des victimes d’homicides,
pour atteindre 8 % avec le groupe d’âge masculin
de 40 à 44 ans et décroître par la suite (figure 7).
Le profil des victimes de sexe féminin est similaire
à celui des victimes de l’autre sexe sauf en ce qui
concerne les groupes les plus âgés, et il est important de noter que, si les pourcentages des homicides sont plus faibles pour les groupes d’hommes
plus âgés, cela n’indique pas nécessairement un
plus faible niveau de risque d’homicide (taux
d’homicides) puisque, évidemment, la population
totale des groupes les plus âgés est considérablement plus réduite, en particulier chez les hommes
et les femmes de plus de 80 ans.
Asie
Les données pour un échantillon de 15 pays d’Asie
indiquent que les parts des groupes d’âge des jeunes
hommes tués dans l’échantillon sont considérablement plus faibles que dans les pays du continent
américain, mais plus fortes que dans les pays européens tandis que, par ailleurs, on ne peut discerner
de pic prononcé chez les jeunes victimes de sexe
masculin. Les parts cumulées des victimes des deux
sexes s’élèvent parallèlement jusqu’à atteindre un pic
pour le groupe 35 à 39 ans (à plus de 9 % pour les
hommes, et moins de 3 % pour les femmes), avant
de décliner pour les groupes d’âge suivants. Il s’agit
en quelque sorte d’une caractéristique de victimisation intermédiaire par rapport aux exemples précédents (figure 5.8).
Les âges moyens observés dans certains pays en Asie
peuvent fournir quelques indications générales sur
les caractéristiques des homicides sur ce continent,
mais cachent des différences significatives quant aux
caractéristiques en fonction du sexe et de l’âge au
niveau d’un pays. Par exemple, les victimes de sexe
féminin représentent moins de 10 % de l’ensemble
des victimes d’homicides aux Philippines (taux
d’homicides total de 5,4 pour 100 000), mais plus
de 40 % de l’ensemble des victimes au Japon et en
République de Corée (0,5 et 2,9 pour 100 000,
respectivement).
Afrique
Les données disponibles sur les homicides en fonction de l’âge et du sexe des victimes ne couvrent,
Fig. 5.9: Ventilation des victimes d’homicides, par âge et par sexe, Afrique du Sud
(2000-2008)
18
Victimes de sexe masculin
16
Victimes de sexe féminin
14
12
10
8
6
4
2
Source: Global Burden of Injuries, Injury Mortality Data Collection (2011).
68
>85
80-84
75-79
70-74
65-69
60-64
55-59
50-54
45-49
40-44
35-39
30-34
25-29
20-24
15-19
10-14
5-9
1-4
0
<1
Pourcentage du total des victimes
20
HOMICIDE ET DÉMOGRAPHIE: QUI EST EN DANGER?
Différentiels de risques face à
l’homicide
Le fait qu’il existe de grandes différences face à
l’homicide entre les deux sexes, entre les hommes
à différentes étapes de leur vie et entre les pays, qui
affichent des prévalences variables de typologies
d’homicides, transparaît dès que l’on ventile les
taux d’homicides bruts selon l’âge et le sexe.
Cependant, les implications complètes de ces
variations de taux d’homicides entre les pays et à
l’intérieur des groupes ne deviennent pleinement
visibles que lorsque l’on se tourne vers l’effet composé des différentiels de risque selon l’âge et le sexe,
sur la totalité d’une vie.
Par exemple, sur la base des estimations disponibles relatives aux homicides par âge et par sexe2, le
risque, pour les deux sexes, à l’âge de 20 ans,
en 1996, d’être tué avant d’avoir atteint l’âge
de 31 ans est calculé pour un certain nombre de
pays. Chacun de ces pays entre dans l’une des catégories suivantes, basée sur le taux d’homicides et la
typologie majoritaire d’homicides que l’on y rencontre: un pays A affiche un fort taux d’homicides,
une forte proportion d’homicides par arme à feu,
et a toutes chances d’être situé en Amérique cen-
trale; un pays B a un fort taux d’homicides, une
proportion plus petite d’homicides par arme à feu
et se trouve vraisemblablement en Afrique centrale, orientale ou australe ; un pays C a un faible
taux d’homicides, une forte proportion d’homicides
lié aux violences conjugales et/ou familiales, et
correspond probablement à l’Europe septentrionale, méridionale ou occidentale; un pays D a un
taux d’homicides très bas, typique de l’Asie orientale. Les calculs présupposent que la victime a
constamment résidé dans les pays sélectionnés sur
l’entièreté de la période considérée (1996 à 2006),
ce qui signifie que le risque calculé s’applique aux
personnes qui n’ont pas émigré ou ne sont pas
décédées pour d’autres raisons.
À une extrémité se trouvait une cohorte d’hommes
âgés de 20 ans en 1996 dans un pays A, avec une
probabilité de 0,14 % d’être tué à 20 ans et un
risque quelque peu supérieur dans les années
suivantes (par exemple 0,19 % de risque d’être
victime d’homicide à l’âge de 22 ans; 0,30 % à
l’âge de 29 ans, en 2005). Globalement, pour la
même cohorte, les probabilités d’être tué étaient
de 2,0 % entre 1996 et 2006. En d’autres termes,
un homme sur 50 parmi ceux qui avaient 20 ans
dans un pays A en 1996 a été tué avant d’avoir
atteint l’âge de 31 ans (figure 5.10).
Le taux d’homicides élevé dans les pays A pendant
la période considérée dans cet exercice n’est qu’un
exemple du risque très élevé d’homicide auquel les
jeunes hommes se trouvent confrontés dans de
nombreux pays du monde entier. Le graphique
fournit un autre exemple, avec les pays B, où le
risque d’être victime d’homicide avant l’âge
de 31 ans était de 1,0 % pour la cohorte d’hommes
Fig. 5.10: Risque cumulé d’homicide pour les hommes âgés
de 20 ans en 1996, dans certains pays (1996-2006)
2,5
2,0
Risque cumulé (%)
pour l’Afrique, que l’Égypte, Maurice et l’Afrique
du Sud. En Égypte, les données, en fonction de
l’âge, sur les victimes de sexe masculin montrent
une prépondérance pour les groupes d’hommes
jeunes des tranches de 20 à 24 ans, 25 à 29 ans
et 30 à 34 ans, tandis que le profil d’âge chez les
victimes de sexe féminin semble être plus uniforme
et atteint un plateau pour les groupes de 30 à 34 ans
et 35 à 39 ans. Pour l’île Maurice, les parts des
victimes d’homicides sont croissantes jusqu’au
groupe de 40 à 44 ans chez les hommes et jusqu’au
groupe des 35 à 39 ans chez les femmes. Seule
l’Afrique du Sud, pays où le taux d’homicides est
élevé, affiche un modèle de violence meurtrière
contre les hommes similaire à ce que l’on trouve
sur le continent américain (voir figure 5.9), avec
les plus fortes parts de victimes d’homicides dans
les groupes d’âge de 20 à 39 ans. Ce modèle de
violence contre les hommes doit beaucoup aux
types de comportements à recherche de risques
dans lesquels s’engagent communément certains
groupes déshérités de la société sud-africaine1.
1,5
Pays A
Pays B
Pays C
Pays D
1,0
0,5
0,0
20
1
Ratele, K., Watch your man. Young black males at risk of homicidal violence, SA Crime Quarterly (2010).
2
Le document Global Burden of Injuries, Injury Mortality Data
Collection (2011) fournit des données, par âge et par sexe, sur
les victimes d’homicides volontaires.
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
(âge)
Source: UNODC Global Burden of Injuries, Injury Mortality Data Collection. Les courbes
représentent le pourcentage de risque pour un homme âgé de 20 ans en 1996 d’être victime
d’homicide avant chacun de ses anniversaires suivants, jusqu’à l’âge de 30 ans (2006).
69
5
ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide
Fig. 5.11: Risque cumulé d’homicide pour les femmes âgées
de 20 ans en 1996, dans certains pays (1996-2006)
0,14
Risque cumulé (%)
0,12
0,10
0,08
Pays A
Pays B
Pays C
Pays D
0,06
0,04
0,02
0,00
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
(âge)
Source: UNODC Global Burden of Injuries, Injury Mortality Data Collection. Les courbes
représentent le pourcentage de risque pour un homme âgé de 20 ans en 1996 d’être victime
d’homicide avant chacun de ses anniversaires suivants, jusqu’à l’âge de 30 ans (2006).
âgés de 20 ans en 1996. Ces effets cumulés apparaissent particulièrement alarmants si on les compare à des pays ayant des taux d’homicides
relativement faibles. Par exemple, un homme d’un
pays D n’était confronté qu’à environ 0,0005 % de
risque d’être tué à l’âge de 20 ans en 1996 et à un
risque tout aussi bas pour toutes les années
suivantes, ce qui donne un risque cumulé d’être
victime d’homicide de 0,005 % avant d’avoir
atteint 31 ans. En d’autres termes, un jeune
homme de 20 ans vivant dans un pays A en 1996
était confronté à un risque d’homicide 400 fois
plus élevé que dans un pays D.
Les différentiels de risque d’être victime d’homicide
sont considérables aussi pour les femmes selon les
pays, bien que les écarts d’un pays à l’autre soient
moins marqués pour les femmes que pour les
hommes (figure 5.11). Une jeune femme d’un
pays A faisait face à un risque cumulé d’homicide
de 0,12 % entre 20 et 31 ans, alors qu’une femme
d’un pays D était confrontée à un risque cumulé
de 0,004 %. Ainsi, le différentiel de risque entre les
femmes des pays A et celles des pays D sur
ces 11 années de leur vie est plus faible que le différentiel correspondant, beaucoup plus élevé, correspondant aux hommes.
Qui sont les auteurs?
Seuls quelques pays publient des données relatives
aux présumés auteurs d’homicides, mais plusieurs
caractéristiques importantes émergent 3. Tout
3 Des données relatives aux présumés auteurs d’homicides sont
disponibles pour 34 pays, sur la base des données de justice
pénale que ces pays ont transmises à l’ONUDC dans le cadre
de l’Enquête des Nations Unies sur les tendances de la criminalité et le fonctionnement des systèmes de justice pénale
(UN-CTS).
70
d’abord, comme en ce qui concerne les victimes
d’homicides, la plupart des auteurs d’homicides
sont des hommes. Dans la majorité des pays, les
hommes constituent plus de 80 % des auteurs
d’homicides et il existe un lien clair entre la structure par sexe des auteurs d’homicides et les taux
globaux d’homicides. De façon générale, plus le
taux d’homicides est élevé, plus élevée est la part
des hommes parmi les auteurs présumés. Inversement, plus le taux d’homicides est faible, plus forte
est la part des femmes auteurs présumés d’homicides, bien que les femmes ne constituent jamais la
majorité des auteurs d’homicides. Cette caractéristique liée au sexe indique clairement que la part
des auteurs d’homicides de sexe masculin parmi
l’ensemble des auteurs présumés est un bon indicateur du type d’homicide qui prévaut dans un
pays ou une région. Ainsi, les hommes constituent,
de façon caractéristique, plus de 90 % de l’ensemble
des auteurs d’homicides sur le continent américain, qui est une région marquée par des taux
d’homicides élevés en raison de la violence meurtrière des bandes de délinquants et de la criminalité
organisée. Ils constituent cependant une part relativement plus minime des auteurs d’homicides
dans les pays asiatiques et européens, où une part
plus importante du nombre (relativement faible)
d’homicides est commise dans le contexte de la
violence conjugale et/ou familiale. Et tandis que la
plupart des victimes d’homicides liés au conjoint
ou aux proches restent des femmes tuées par leur
mari, partenaire ou ex-partenaire, une minorité des
auteurs est constituée par des femmes tuant des
hommes.
Les caractéristiques liées au sexe des auteurs
d’homicides dans le cadre de tel ou tel type d’homicide (bande/crime organisé, vol/cambriolage, conjoint/proches) sont donc similaires à celles liées au
sexe concernant les victimes d’homicides, qui ont
été analysées plus haut dans le présent chapitre.
Cette conclusion s’appuie sur les données disponibles pour l’Asie, les Amériques et l’Europe mais,
compte tenu de leur absence pour les pays d’Afrique
où les taux d’homicides sont généralement élevés,
il n’est pas possible de la mettre en regard de ce
dernier continent.
Cette relation entre les auteurs et les victimes ainsi
qu’avec les taux d’homicides totaux est illustrée à
la figure 5.12, qui trace la part des auteurs de sexe
masculin par rapport à la part des victimes, de sexe
masculin également.
Les pays ayant de forts taux d’homicides sont groupés en haut et à droite du graphique et sont prin-
HOMICIDE ET DÉMOGRAPHIE: QUI EST EN DANGER?
Fig. 5.12: Pourcentage de victimes et d’auteurs de sexe masculin, par pays (2009 ou
année la plus récente pour laquelle on dispose de données)
Pourcentage de victimes de sexe masculin
100
90
80
70
60
50
Amériques
Asie
Europe
40
75
80
85
90
95
100
105
Pourcentage d’auteurs de sexe masculin
Source: ONUDC, extrapolation sur la base de l’UN-CTS. La taille des bulles est proportionnelle aux taux d’homicides par pays.
La relation entre les parts des auteurs de sexe masculin et ceux de sexe féminin au niveau régional est
illustrée également à la figure 5.13. Tandis que la
part moyenne des auteurs et des victimes de sexe
masculin est particulièrement élevée dans l’échantillon de 10 pays américains (96 % et 86 % respectivement), les chiffres correspondants sont notablement inférieurs dans les quatre pays asiatiques
cités ci-dessus (86 % et 62 %), ainsi que dans un
échantillon de 20 pays européens (88 % et 65 %).
Et bien que ces chiffres apportent quelques éléments indirects sur les relations victime-délinquant
Amériques
(10 Pays)
Asie
(4 Pays)
Femmes
Victimes
Auteurs
Victimes
Auteurs
100%
90%
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
Victimes
Fig. 5.13: Ventilation des victimes et des auteurs d’homicides
par sexe et par région (2009 ou année la plus récente
pour laquelle on dispose de données)
Auteurs
cipalement des pays des Caraïbes et d’Amérique
du Sud. Les points de données pour les pays européens indiquent des parts plus réduites de victimes
d’homicide aussi bien que d’auteurs de sexe masculin, et sont considérablement plus petits que
pour les Amériques, ce qui illustre des taux
d’homicides plus bas. Les points de données
correspondant aux quatre pays asiatiques pour
lesquels des données sont disponibles se répartissent en deux groupes: deux pays ayant des parts
relativement élevées de victimes et d’auteurs d’homicides de sexe masculin et qui ont des taux
d’homicides élevés (Inde et Mongolie); deux pays
ayant des parts relativement réduites de victimes et
d’auteurs d’homicides de sexe masculin et qui ont
des taux d’homicides bas (République de Corée)
ou très bas (Japon).
Europe
(20 Pays)
Hommes
Source: ONUDC, extrapolation sur la base de l’UN-CTS.
par sexe dans toutes les parties du monde, ils ne
disent pas, directement, qui tue qui. Pour cela, il
faudrait disposer de registres détaillés sur la relation entre la victime et le délinquant dans chaque
cas individuel, mais malheureusement très peu de
pays peuvent fournir des données portant sur cette
relation directe. En voici tout de même un exemple, se rapportant aux États-Unis, dans l’encadré
ci-dessous.
71
5
ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide
30
Victimes et auteurs d’homicides, par sexe,
États-Unis (1976-2005)
12
25
10
20
8
15
6
10
4
5
2
0
0
1976
1978
1980
1982
1984
1986
1988
1990
1992
1994
1996
1998
2000
2002
2004
Taux d’homicides par sexe
pour 100 000 habitants
Aux États-Unis, au cours des deux dernières décennies, les taux
d’homicides ont décliné jusqu’à des niveaux que l’on n’avait plus
connus depuis les années 1960, après avoir doublé ces niveaux pour
atteindre les pics de 1980 et 1991. Un certain nombre de facteurs ayant
favorisé ce déclin sont communément cités, de même que pour les
déclins d’autres types d’infractions pénales, à partir des années 1990.
Le changement des structures démographiques de la population, avec
moins de jeunes commettant moins de crimes, est communément mis
en avant, mais cet effet pourrait être assez limité dans le cas des
États-Unis1. D’autres facteurs jouent encore, comme le déclin de la
consommation de crack2, le bon travail des polices de base dans ces
environnements urbains troublés3, le renforcement des effectifs policiers, la montée de la population carcérale et d’autres facteurs4.
Les données disponibles montrent que les changements dans les taux
d’homicides totaux depuis 1976 ont été presque exclusivement dus aux
évolutions des taux relatifs aux victimes et aux délinquants de sexe
masculin, qui ont représenté la quasi-totalité de l’ensemble des augmentations et des diminutions. Le taux de victimisation des femmes
était à un niveau beaucoup plus bas et est demeuré stable sur l’entièreté
de la période.
Taux d’homicides pour 100 000 habitants
Schéma de relations victime-auteur, par sexe, États-Unis (1)
Taux d’homicides total
Victimes de sexe féminin
Auteurs de sexe féminin
Victimes de sexe masculin
Auteurs de sexe masculin
Source: Bureau des statistiques judiciaires, États-Unis d’Amérique.
1 Levit, S., The exaggerated role of changing age structure in explaining aggregate crime changes, Criminology (1999).
2 Ousey, G. et Lee, M., Examining the conditional nature of the illicit drug market-homicide relationship: a partial test of the theory of contingent causation,
Criminology (2002).
3 Voir Messner, S.F. et al., Policing, drugs, and the homicide decline in New York City in the 1990s, Criminology (2007); Blumstein, A. et Waldman, J.,
The crime drop in America. Édition révisée (2006).
4 Voir, par exemple: LaFree, G., Declining Violent Crime Rates in the 1990s: Predicting Crime Booms and Busts, Annual Review of Sociology (1999);
Blumstein, A., Rivara, F.P. et Rosenfeld, R., The Rise and Decline of Homicide—and Why, Annual Review of Public Health (2000) et Levitt, S.D.,
Understanding why crime fell in the 1990s: four factors that explain the decline and six that do not, The Journal of Economic Perspectives (2004).
72
L’homicide et les caractéristiques
socioéconomiques des auteurs et des
victimes
les caractéristiques des auteurs et des victimes
lorsque ces caractéristiques sont considérées
comme pertinentes dans un certain contexte.
L’analyse des caractéristiques des auteurs et des
victimes et de la relation entre les deux est clairement limitée par le manque de données complètes
et comparables à des niveaux régionaux et mondiaux. Des données plus détaillées sont généralement disponibles aux niveaux local et national et il
existe un certain nombre d’études sur les caractéristiques et les tendances de l’homicide dans les
contextes nationaux et locaux. Cependant, la disponibilité des données sont fonction de la conception et du contenu des systèmes nationaux
d’enregistrement des infractions pénales, qui
dépendent eux-mêmes des besoins concrets et des
capacités des systèmes nationaux de justice pénale
quant à la production et à l’usage de telles
données. Par exemple, les données sur certains
types de motifs d’homicide (tels que les meurtres
pour dot ou les meurtres d’honneur) ne seront
collectés que s’ils sont considérés comme pertinents dans le contexte national. De la même
manière, on dispose de données plus détaillées sur
Il est impératif de produire et utiliser de telles
données détaillées sur les caractéristiques de
l’auteur et de la victime si l’on veut pousser
l’analyse et approfondir la compréhension des
caractéristiques et tendances de l’homicide. Par
exemple, des études de niveau national liant
l’homicide et le statut au regard de l’emploi et des
revenus démontre que les principaux groupes de
délinquants et de victimes sont des personnes de
sexe masculin, sans emploi, marginalisées. Dans
différents contextes de par le monde, l’appartenance
à certains groupes minoritaires raciaux ou ethniques est fréquemment et fortement associée à des
risques supérieurs à la moyenne de devenir soit
auteur, soit victime d’homicide, et dans de nombreux cas, les deux4. Des analyses plus détaillées
4 Par exemple, dans les villes d’Afrique du Sud, les hommes
noirs entre 20 et 40 ans sont environ 17 fois plus susceptibles
que les hommes blancs du même groupe d’âge de mourir
du fait de violences meurtrières. Voir: Ratele, K., Watch your
man. Young black males at risk of homicidal violence, SA Crime
Quarterly (2010).
HOMICIDE ET DÉMOGRAPHIE: QUI EST EN DANGER?
Schémas des relations victime-auteur, par sexe, États-Unis (2)
Auteur
Hommes
Femmes
Total
Sexe masculin
64,3
7,4
71,7
Sexe féminin
25,7
2,6
28,3
Total
90,0
10,0
100,0
Source: ONUDC, extrapolation à partir de Crime in the United States, various years,
Ministère de la justice des États-Unis d’Amérique, FBI. Les données renvoient à la relation
de genre entre les victimes et les délinquants pour les années 2000-2009, lorsque le sexe
de la victime et celui de l’auteur étaient connus.
Taux d’homicides total
14 -17 ans
25 -34 ans
50 +
2002
0
2004
0
2000
2
1996
5
1998
4
1994
6
10
1990
15
1992
8
1986
20
1988
10
1982
25
1984
12
1980
30
Moins de 14 ans
Taux d’homicides totaux pour100 000 habitants
Taux d’homicides par âge, États-Unis (1976-2005)
1976
Le déclin des niveaux d’homicides aux États-Unis est
dans une grande mesure dû à une diminution du
nombre des meurtres dans les groupes de population
caractérisés par des niveaux élevés de violence meurtrière dans la première moitié des années 1990.
Victime
1978
L’examen de l’âge des victimes d’homicide montre que
les pics des taux d’homicides sont principalement corrélés aux jeunes victimes d’homicides, dans les groupes
d’âge de 14 à 17 et de 18 à 24 ans. Des données supplémentaires montrent que le profil d’âge des auteurs obéit
à un schéma similaire et que les taux les plus élevés des
pics d’homicides au début des années 1980 et 1990 se
manifestaient surtout dans les grandes villes2.
Relation auteur-victime en
fonction du sexe de chacun, en
matière d’homicides (%), aux
États-Unis d’Amérique; 2000-2009
Taux d’homicides par âge
pour100 000 habitants
La prédominance des homicides commis sur des
hommes par d’autres hommes est confirmée par des
données détaillées concernant les relations délinquantvictime lorsque les homicides sont examinés individuellement. Au cours des 10 dernières années, près de
deux homicides sur trois pour lesquels de telles données sont disponibles1 ont été commis par un individu
de sexe masculin contre un autre individu du même
sexe, et une fois sur quatre par un individu de sexe
masculin contre une personne de sexe féminin. Il est
frappant de constater que seulement un homicide sur
40 a été commis par une femme contre une autre
femme. En dépit du déclin général des taux d’homicides,
la répartition de la relation victime-meurtrier rapportée
au genre n’a que très peu changé et est pratiquement
identique à ce qu’elle était en 1995.
18 -24 ans
35 -49 ans
Source: Bureau des statistiques judiciaires, États-Unis d’Amérique.
1 Les données couvrent environ 40 % de l’ensemble des homicides et les seuls cas d’homicides confrontant deux personnes, victime et auteur, dont le sexe
était connu.
2 Lattimore, P., et al., Homicide in Eight U.S. Cities: Trends, Context, and Policy Implications, National Institute of Justice Paper NCJ 167262 (1997).
révèlent que les raisons sous-jacentes à ces caractéristiques apparemment marquées par des critères
ethniques ou raciaux sont à trouver dans leur
corrélation avec les bas niveaux de revenus, la
pauvreté et des conditions socioéconomiques
défavorables5. De même, les données sur les délinquants ayant des antécédents de comportements
violents ou déjà condamnés (récidivistes) peuvent
aussi fournir un meilleur aperçu des schémas de
délinquance et des groupes à hauts risques6.
politiques basées sur les faits et de stratégies de
prévention de la criminalité, il faut aller au-delà de
la simple ventilation des auteurs et des victimes
d’homicides par âge et par sexe, et prendre en considération les caractéristiques les plus pertinentes
de toutes ces personnes. Pour que ce type d’analyse
soit possible aux niveaux mondial et régional, il
faudra disposer de davantage de données, de
meilleure qualité, pour la plupart des pays.
Pour mieux comprendre les tendances et les contextes de l’homicide et améliorer la formulation de
5 Voir par exemple: Brookman, F. et Maguire, M., Reducing
Homicide: A review of the possibilities, Home Office Online
Report, 2003; Ceccato, V., Crime in a city in transition:
The case of Tallinn, Estonia, Urban Studies (2009).
6
Voir par exemple: Cao, L., Hou, Ch. et Huang, B., Correlates
of the Victim Offender Relationship in Homicide, International
Journal of Offender Therapy and Comparative Criminology (2007); Miller, J. et Hendricks, N.J., Applying the
Problem-Solving Model to a Developing World Context:
The Case of Murder in Trinidad and Tobago, Crime Prevention
and Community Safety (2007).
73
5
6. LE TABLEAU LOCAL
Les données rassemblées au niveau national dissimulent souvent des modèles géographiques susceptibles de se révéler particulièrement importants
pour comprendre la nature des homicides. De fait,
une approche de type “criminologie environnementale” souligne qu’une victime, un délinquant
et un acte spécifique doivent se croiser à un moment et en un lieu particuliers pour qu’un crime
en résulte1. Le présent chapitre examine l’homicide
depuis l’intérieur des frontières nationales pour
montrer que les taux d’homicides et, dans une
certaine mesure, différentes typologies d’homicides,
existent dans différentes parties d’un même pays et
même à l’intérieur d’une même ville. Il examine
aussi en quoi les signaux environnementaux liés au
risque relatif et aux opportunités de commission
d’une infraction pénale, mais aussi à la densité de
la population, peuvent entretenir un rapport avec
l’homicide et la criminalité en général. Bien que les
grandes villes tendent à afficher de plus hauts
niveaux d’homicides que les zones à plus faible
densité de population, ce modèle n’est pas absolu
car les grandes zones urbaines peuvent offrir en
matière de criminalité violente à la fois des facteurs
de risques et des facteurs de protection.
Carte 6.1: Taux d’homicides aux niveaux infranationaux,
Amériques (2010)
L’homicide au niveau infranational
Les données de niveau infranational révèlent la
diversité des niveaux d’homicides qui peuvent exister dans un même pays. La carte 6.1 montre que
ceci s’applique à tous les pays du continent américain, les plus grandes différences étant enregistrées
en Amérique centrale et en Amérique du Sud. Par
exemple, au Mexique, l’État de Chihuahua affiche
des taux d’homicides 80 fois plus élevés que celui
du Yucatan. D’autres grands pays comme le Brésil,
la Colombie et le Pérou montrent aussi de fortes
Taux d’homicides
Moins de 5
5,0 - 14,9
15,0 - 29,9
30,0 - 59,9
60 et plus
Note: Les frontières et noms indiqués sur la présente carte n’impliquent ni reconnaissance ni acceptation officielles de la part
de l’Organisation des Nations Unies.
1
Brantingham, P.J. et Brantingham P.L., Environmental
Criminology (1981).
Source: Sources nationales officielles.
75
ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide
Carte 6.2: Taux d’homicides aux niveaux infranationaux, Europe (2005)
Taux d’homicides
Moins de 1
1,1 - 1,5
1,6 - 2,5
2,6 - 7,0
7,1 et plus
Note: Les frontières et noms indiqués sur la présente carte n’impliquent ni reconnaissance ni acceptation officielles de la part de l’Organisation des Nations Unies.
Source: Commission européenne, Investir dans l’avenir de l’Europe, Cinquième rapport sur la cohésion économique, sociale et territoriale (2010).
disparités entre les différentes parties de leur territoire, alors que de grandes différences peuvent
également être trouvées dans des pays plus petits,
comme le Panama et le Guatemala.
délimitent la partie méridionale de la mer Baltique,
où il faut ranger l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie
et le nord-est de la Pologne, ainsi que le sud-est de
la Suède.
Bien que les taux d’homicides moyens soient considérablement plus bas en Europe que sur le continent américain, des différences peuvent tout de
même être perçues si l’on considère différentes
régions à l’intérieur de chaque pays (carte 6.2). Au
Royaume-Uni par exemple, le nord-ouest de
l’Angleterre et le Grand Londres ont des taux
d’homicides plus de deux fois supérieurs à ceux de
l’East Anglia et du nord-est. De la même manière,
en France, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur
et la région Languedoc-Roussillon, dans le sud du
pays, ont des taux d’homicides plus de deux fois
supérieurs aux taux des régions Pays-de-Loire et
Poitou-Charentes, dans l’ouest du pays.
Homicide, densité de population et
dimension urbaine
De telles données peuvent également permettre
d’identifier sur un territoire national particulier des
modèles qui pourraient être cachés lorsque seules
des données de niveau national ou infranational
sont utilisées. Par exemple, une macrorégion transnationale ayant de faibles niveaux d’homicides et
rassemblant le centre et le sud de l’Allemagne,
l’essentiel de la Suisse, la partie occidentale de
l’Autriche et le centre ainsi que le nord de l’Italie se
dessine. A contrario, des taux d’homicides plus
élevés sont enregistrés dans plusieurs zones qui
76
Dans le cas des régions infranationales d’Angleterre
et de France, il est donc clair que celles ayant les
densités de population les plus fortes ont des taux
d’homicides plus élevés que des régions où la population est plus clairsemée. De fait, au niveau local, la
densité de population peut être considérée comme
un facteur influençant l’homicide et la criminalité.
On peut par exemple démontrer pour les Amériques la corrélation entre densité de population et
taux d’homicides (figure 6.1). Les sous-régions
nationales densément peuplées, ou les États dans le
cas des États Unis, sont davantage susceptibles
d’avoir des taux d’homicides plus hauts que les
territoires où les populations sont plus éparses. À
un certain niveau infranational de dissociation, les
zones les plus densément peuplées (plus de 500 habitants au kilomètre carré) de la figure 6.1 comportent principalement les mégapoles, les grandes
villes et les agglomérations urbaines qui toutes sont
relativement petites en surface mais abritent généralement des proportions significatives de la population nationale totale. Alors que la densité de la
LE TABLEAU LOCAL
Fig. 6.1: Taux d’homicides par densité de population des régions infranationales, Amériques
(2010 ou année la plus récente pour laquelle on dispose de données)
Taux d’homicides pour 100 000 habitants
40
35
30
25
20
15
10
5
0
<10
(88 régions)
10-24,9
(72 régions)
25-49,9
(53 régions)
50-99,9
(73 régions)
100-199,9
(49 régions)
200-499,9
(37 régions)
>500
(13 régions)
Population par km²
Source: Sources nationales officielles.
40
35
Densité de population élevée
Densité de population moyenne
Densité de population faible
30
25
20
15
10
Lettonie
Bulgarie
Italie
Roumanie
Danemark
Belgique
Grèce
France
République
tchèque
Estonie
Espagne
Pays-Bas
Royaume-Uni
Finlande
Portugal
Autriche
Irlande
Suisse
Eslovenia
Alemania
Suecia
Malte
Luxembourg
Hongrie
0
Pologne
Slovaquie
Chypre
5
Islande
Norvège
Lituanie
Pourcentage de la population ayant fait l’expérience
de la criminalité de la violence ou du vandalisme
Fig. 6.2: Pourcentage de la population ayant fait l’expérience de la criminalité, de la violence
ou du vandalisme par degré d’urbanisation, pays de l’Union européenne (2009)
Source: Eurostat, Regional Yearbook 2011 (2011).
population affiche une corrélation globale avec les
taux d’homicides, d’autres facteurs peuvent aussi
entraîner des taux d’homicides étonnamment élevés dans certaines zones moins densément peuplées.
La carte 6.1 montre qu’un certain nombre de
zones rurales, telles que la province de Petén, dans
le nord-est du Guatemala par exemple, affichent
des taux infranationaux parmi les plus élevés de la
sous-région. Ceci peut se produire, par exemple,
lorsque le territoire représente un intérêt stratégique pour les activités des groupes criminels
organisés, en raison de sa proximité avec des fron-
tières nationales ou des secteurs clefs du transit ou
de la production de la drogue. De telles zones
peuvent afficher des taux d’homicides équivalents
ou même largement supérieurs à ceux des grandes
agglomérations urbaines.
La relation générale entre densité de population et
taux d’homicides ne vaut pas que pour les Amériques. Ailleurs, vivre dans un environnement plus
urbanisé accroît aussi le risque d’être victime
d’homicide ou d’autres types de criminalité violente. Si l’on examine ce vécu de criminalité, de
violence et de vandalisme, une tendance émerge
77
6
ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide
Fig. 6.3: Taux d’homicides dans la ville la plus peuplée par rapport au reste du pays, par
sous-région (2010 ou année la plus récente pour laquelle on dispose de données)
Afrique orientale (5 pays)
Afrique septentrionale (4 pays)
Afrique australe (3 pays)
Afrique occidentale (3 pays)
Caraïbes (6 pays)
Amérique centrale (8 pays)
Amérique septentrionale (2 pays)
Amérique du Sud (9 pays)
Asie centrale (4 pays)
Asie orientale (3 pays)
Asie du Sud-Est (6 pays)
Asie méridionale (5 pays)
Asie occidentale (12 pays)
Europe orientale (10 pays)
Europe septentrionale (11 pays)
Taux d’homicides dans la ville la plus peuplée
Europe méridionale (11 pays)
Taux d’homicides dans le reste du pays
Europe occidentale (5 pays)
Australie et Nouvelle-Zélande (2 pays)
0
10
20
30
40
50
60
Taux d’homicides pour 100 000 habitants
Source: UNODC Homicide Statistics (2011).
78
60
50
40
30
20
10
National
Rio de Janeiro
2009
2008
2007
2006
2005
2004
2003
2002
0
2001
De nombreux facteurs de risque peuvent expliquer
les niveaux plus hauts de la criminalité dans les
villes, comme la multiplicité des cibles possibles et
les profits financiers plus élevés qui peuvent attirer
les criminels, ainsi que les risques plus faibles d’être
reconnu et arrêté, alors que les villes modernes sont
souvent caractérisées par des inégalités flagrantes et
une ségrégation sociale/spatiale à même de nourrir
les comportements criminels. Outre tout cela,
l’urbanisation rapide et les migrations représentent
des difficultés susceptibles d’ajouter davantage
encore de pression sur les relations déjà tendues
entre les gens. Bien que l’urbanisation puisse aussi
offrir quelques facteurs de protection, comme une
présence policière accrue, des circuits de télévision
fermés, la surveillance des lieux publics et un accès
plus rapide aux soins médicaux, les activités criminelles en général et les homicides en particulier
peuvent être vus comme la partie émergée de
l’“iceberg” de relations de plus en plus rudes entre
Fig. 6.4: Taux d’homicides au Brésil,
municipalités de Rio de Janeiro
et de Sao Paulo (2001-2009)
Taux d’homicides pour 100 000 habitants
immédiatement de l’ensemble des pays européens.
La part de la population qui fait l’expérience de ces
méfaits est plus forte dans les zones densément
peuplées que dans celles qui le sont moins. Et les
habitants des zones densément peuplées des pays
de l’Union européenne courent dans l’ensemble
plus du double de risques de faire l’expérience de
la criminalité que les habitants des zones à densité
de population intermédiaire, ce risque étant
presque triplé par rapport à ceux vivant dans des
habitats clairsemés (figure 6.2).
Sao Paulo
Source: UNODC Homicide Statistics (2011); Secretaria de
Segurança Pública de São Paulo and Instituto de Segurança
Públicade Rio de Janeiro.
les individus et le milieu social dans lequel ils
vivent. Le fait que le risque global de victimisation
pour un certain nombre de types d’infractions
pénales2, ainsi que pour l’homicide, soit accru dans
les environnements urbains mène à penser que ces
tensions peuvent être particulièrement vives dans
les contextes urbains.
2
Voir: van Dijk, K. van Kesteren, J. et Smit, P. Criminal
Victimisation in International Perspective. Key findings from
the 2004-2005 ICVS; Enquête européenne sur la criminalité
et la sécurité (2007).
LE TABLEAU LOCAL
Fig. 6.5: Taux d’homicides en Colombie, municipalités de Medellín, Barraquilla,
Bogota DC, Calí et Bucuramanga (2002-2010)
100
Taux d’homicides pour 100 000 habitants
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
2002
2003
2004
2005
Bogota DC
Medellín
2006
Bucuramanga
National
2007
2008
2009
2010
Calí
Source: Police nationale.
Au niveau mondial, les taux d’homicides dans la
ville la plus peuplée d’un pays sont généralement au
moins comparables et parfois notoirement supérieurs à ceux du reste du pays considéré. Ceci est
particulièrement évident en Afrique australe et occidentale, dans les Caraïbes et en Amérique centrale
(figure 6.3). Les rares sous-régions où le taux de la
ville la plus peuplée est inférieur à celui du reste du
pays (comme l’Amérique du Sud et l’Europe orientale) peuvent éventuellement s’expliquer par le fait
que les données ne couvrent que la ville la plus
peuplée de chacun de ces pays, et laissent les homicides des autres grandes zones urbaines contribuer
aux taux du “reste du pays”. En ce qui concerne le
Brésil, par exemple, le taux d’homicides de Sao
Paulo est comparé à celui du reste du pays, qui
incorpore un nombre significatif d’homicides perpétrés dans des villes comme Rio de Janeiro, Salvador et Brasilia.
De fait, l’expérience récente de Sao Paulo, la ville
la plus peuplée du Brésil, démontre les importantes possibilités de prévention et de réduction de
la criminalité violente dans un contexte urbain.
Durant la première décennie de ce siècle, de nouvelles politiques ont été mises en œuvre au Brésil
pour réduire en particulier les niveaux de criminalité et d’homicides. En 2003, une loi a été votée
pour mettre en place des contrôles plus sévères sur
les armes à feu, conjointement à des campagnes de
désarmement. Au niveau national, de telles mesu-
res ont probablement contribué au léger déclin des
taux d’homicides après 2004, mais l’impact a été
notablement plus fort à Sao Paulo, où la mise en
vigueur de ces mesures a été particulièrement efficace en raison, aussi, d’efforts antérieurs pour
freiner la criminalité violente en assurant de nouvelles formes de présence policière3. Les différences
frappantes de tendances entre Sao Paulo et Rio de
Janeiro montrent que de telles politiques de
prévention de la criminalité peuvent induire une
réelle différence au niveau local (figure 6.4).
On trouve, en Colombie également, différents
niveaux et tendances dans les villes en matière
d’homicides. Des efforts significatifs dans les
domaines de la prévention de la criminalité (y
compris prohibition des armes), ainsi que des initiatives de résolution des conflits, ont notoirement
contribué au déclin des tendances des homicides
au niveau national mais aussi dans des villes
comme Calí, qui connaissent encore de forts taux
d’homicides par rapport à la moyenne nationale. A
contrario, Medellín a subi une augmentation soudaine des meurtres après 2007, à la suite de la
conclusion du processus de démobilisation des
paramilitaires, ainsi que des luttes locales pour le
pouvoir entre des groupes criminels (figure 6.5).
3
Marinho de Souza, M. et al., Reductions in firearm-related
mortality and hospitalizations in Brazil after gun control, Health
Affairs (2007); Goertzel, T. et Kahn T., The great Sao Paulo
homicide drop, Homicide Studies (2009).
79
6
ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide
Carte 6.3: Nombre d’homicides, de crimes sexuels et d’atteintes aux biens, par secteurs de police, Le Cap (2010)
Homicidios 2009/2010
Homicides 2009/2010
0-2
0-2
3-7
3-7
8 - 17
8 - 17
18 - 41
18 - 41
42 - 290
42 - 290
Crimes sexuels 2009/2010
3 - 28
Crimes sexuels 2009/2010
29 - 55
3 - 28
56 - 88
29 - 55
89 - 126
127 - 631
56 - 88
Atteintes aux biens
2009/2010
Delitos contra la propiedad
174 - 703
2009/2010
174 - 703
704 - 1 271
704 - 1.271
1 272 - 1 935
1.272 - 1.935
89 - 126
1 936 - 2 754
1.936 - 2.754
127 - 631
2.755 - 5.943
2 755 - 5 943
Source: Services de la police sud-africaine, statistiques criminelles 2003-2010, compilées par le Strategic Development Information and GIS Department,
Ville du Cap (2010).
16
320
14
280
12
240
10
200
8
160
6
120
4
80
2
40
0
0
Bronx
Brooklyn
Manhattan
Queens
Staten Island
Taux d’homicides 2001
Taux d’homicides 2010
Revenu médian quotidien des ménages
Population pour 1 000 habitants vivant au-dessous
du seuil de pauvreté
Revenu moyen quotidien par ménage et nombre de personnes
au-dessous du seuil de pauvreté, pour 1 000 habitants
Taux d’homicides pour 100 000 habitants
Fig. 6.6: Taux d’homicides, revenu des ménages et niveau de
pauvreté par quartier (borough), New York (2001 et 2010)
Source: Services de police de la ville de New York et Bureau du recensement des États-Unis
d’Amérique. Le revenu quotidien est basé sur le revenu annuel médian des ménages
pour 2009. La part de population (pour 1 000) ayant un revenu inférieur au niveau
de pauvreté renvoie aux chiffres de 2009.
80
Caractéristiques de l’homicide dans
deux villes
Le Cap
L’homicide est l’une des causes majeures de
l’ensemble des décès d’origine non naturelle en
Afrique du Sud4, et tandis que les taux d’homicides
ont décru ces dernières années, ses taux restent
relativement élevés (34 pour 100 000 en 2009, en
retrait par rapport aux 49 pour 100 000 de 2000).
À 41 pour 100 000, la deuxième plus grande ville
de l’Afrique du Sud, Le Cap, a un taux d’homicides
plus élevé que la moyenne nationale (bien qu’en
diminution de quelque 50 % au cours de la dernière décennie). En 2010, les services de police de
l’Afrique du Sud ont enregistré 1 521 homicides
dans une ville de 3,7 millions d’habitants5.
Comme l’indique la carte 6.3, les homicides ne
sont pas uniformément répartis entre tous les sec4 Voir Berg, J. and Schaerf, W., Crime Statistics in South Africa
1994-2003, South African Journal of Criminal Justice (2004);
Demombynes, G. et Özler, B., Crime and Local Inequality in
South Africa (2002).
5 Services de police d’Afrique du Sud (SAPS), Crime Statistics
2003- 2010, compilé par le Strategic Development Information and GIS Department, Ville du Cap (2010).
LE TABLEAU LOCAL
Carte 6.4: Nombre d’homicides par secteur
de police, New York (2010)
Carte 6.5: Nombre d’homicides et signes
de troubles à l’ordre public par
îlot, Bronx du Sud (2005)
Nombres d’homicides (2005-2006)
2010
0-4
5-9
10 - 19
20 - 35
!
1
!
2
!
3
Nombres de troubles à l’ordre public (2005)
0
1
2-4
!(
5-6
Park
!(
!(
!(
!(
!(
!(
2010
0-4
!(
!(
!(
5-9
20 - 35
Source: Services de police de la ville de New York.
teurs de police de la ville du Cap6: une analyse des
données les plus récentes sur les homicides montrent qu’ils tendent à se concentrer dans les
quartiers les plus pauvres tels que Khayelitsha,
Nyanga et Guguletu, où 44 % des homicides de la
ville du Cap ont été commis en 2009/2010. Selon
des données tirées du plus récent recensement de
la population (2001), les taux de chômage dans ces
zones sont 80 % plus élevés que les taux moyens
de la ville, tandis qu’un fort pourcentage des actifs
entre dans les catégories de bas revenus et que le
nombre des foyers vivant dans des logements de
fortune7 est plus du double de la moyenne de la
ville (respectivement 57,44 et 32 %, alors que la
moyenne de la ville est de 14 %).
Au Cap, les homicides semblent être fermement
ancrés dans des situations de ségrégation sociale et
de pauvreté qui peuvent aisément déclencher des
vagues de violence. Ceci se confirme lorsque l’on
compare la répartition territoriale des homicides
avec celle d’autres types d’infractions pénales: les
homicides affichent un modèle très similaire à la
répartition d’autres infractions violentes, à savoir
les crimes sexuels (notamment viols et attentat à la
pudeur).
6 Les commissariats de quartiers évoqués ici correspondent à
leurs limites de 2000.
7 Ville du Cap – Strategic Development Information and GIS
Department, Crime in Cape Town: 2003–2010. An analysis
of reported Violent, Property-related, Commercial Crime and
Drug–related Crime in Cape Town (2011).
!(
!(
!(
10 - 19
!(
!(
!(
!(
Source: Rengifo, A.F., Slocum, L.A. et Herrmann, Ch., Signs of
order and disorder in the South Bronx, Manuscrit non publié
(2011). Données sur les homicides tirées du Crime Data
Warehouse des services de police de New York (2003-2006).
Un modèle clairement différent caractérise la
répartition géographique des atteintes aux biens,
notamment vol, cambriolage, vol de véhicule à
moteur, etc. et ces infractions tendent à être plus
uniformément commises dans les divers secteurs
de la ville. Cependant, les quartiers les plus déshérités mentionnés ci-dessus n’ont enregistré que 4 %
de l’ensemble des infractions contre les biens
commises dans toute la ville (alors que la part est
de 44 % de l’ensemble des homicides perpétrés
dans la ville), tandis que trois zones résidentielles
(secteurs de police de Cape Town Central,
Wynberg et Dieprivier) caractérisées par des conditions économiques et sociales confortables enregistraient quelque 15 % du total des infractions
contre les biens (alors que la proportion des homicides n’atteignait pas 1 % du total de la ville).
Il semble donc que la pauvreté et l’inégalité des
revenus auraient tendance à induire différents
modèles de criminalité dans des milieux urbains
différents. Les secteurs à hauts revenus peuvent
avoir tendance à attirer les infractions contre les
81
6
ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide
biens, mais simultanément ils peuvent rehausser
les mesures de sécurité et de protection, ce qui
revient à durcir les cibles. Les secteurs à bas revenus demeurent souvent vulnérables aux infractions
contre les biens, notamment aux cambriolages,
mais les résidents peuvent avoir moins de raisons
(comme une couverture d’assurance) de signaler
l’infraction à la police. Différents niveaux de confiance dans les services de répression peuvent
également être un facteur qui influe sur la comparaison des statistiques policières, entre différents
secteurs sociodémographiques d’une ville, par
exemple. Alors que les infractions contre les biens
peuvent obéir à des modèles complexes, les enquêtes policières aussi bien que celles sur la victimisation démontrent que, dans une série de situations,
la criminalité violente peut être plus élevée dans les
zones à faibles revenus en raison de facteurs très
divers, y compris touchant à l’environnement, à la
santé et aux pressions sociales.
New York
À New York, les taux d’homicides ont décru de 20 %
ces 10 dernières années, passant de 8,1 à 6,4
pour 100 000. La décroissance n’a pas été uniforme dans les cinq quartiers (boroughs) de la ville
et, tandis que les taux d’homicides ont chuté de
plus d’un tiers à Manhattan et dans le Bronx, ils
ont diminué de moins de 20 % à Brooklyn. Dans
Queens et Staten Island cependant, ils ont monté
de 10 et de 18 % respectivement. Comme on l’a
vu dans d’autres parties de la présente étude, et
ainsi que l’illustre la figure 6.6, les niveaux d’homicides peuvent être liés aux conditions socioéconomiques: les quartiers ayant les niveaux de revenus
les plus élevés et de faibles niveaux de pauvreté
vont de pair avec les bas niveaux d’homicides.
La carte 6.4 indique que les meurtres tendent à se
regrouper, les nombres les plus élevés étant enregistrés dans des districts précis de Brooklyn et du
Bronx. Ces quartiers sont parmi les plus déshérités de
la ville: en moyenne, leurs habitants gagnent 50 %
de moins que ceux de Manhattan et ces quartiers
affichent une proportion considérablement plus
forte d’habitants ayant des revenus inférieurs au
seuil de pauvreté8.
Les manifestations physiques et sociales de désordre caractérisant éventuellement certains secteurs
de la ville sont une dimension complémentaire,
mais liée. Des études sur la relation écologique
entre le comportement humain et l’environnement
mènent à penser qu’un lien existe entre l’homicide
et les situations de désordre: les signes de dégradation ou les situations de désordre peuvent – directe8 Source: Bureau du recensement des États-Unis d’Amérique.
82
ment ou indirectement – provoquer des conduites
violentes. Dans une étude menée dans le sud du
Bronx, à New York, les nombres d’homicides ont
été mis en relation avec ceux des troubles à l’ordre
public (prostitution, commerce et consommation
de drogues, consommation publique d’alcool,
mendicité et personnes sans-abri)9. La carte 6.5
indique que les homicides tendent à s’accumuler
dans les lieux exacts où les signes de désordre
sociaux sont plus fréquents. Les observations qui
s’y rapportent ont conduit à de récents développements dans les approches en matière de prévention
de la criminalité, qui se concentrent sur les traits
environnementaux et spatiaux, par exemple la
théorie bien connue de la “fenêtre brisée”, qui
défend l’idée qu’il faut entretenir les environnements urbains dans un état bien ordonné pour
prévenir l’escalade vers des délits plus graves10.
Alors que distinguer entre la corrélation et la causalité de telles circonstances est extrêmement complexe, la compréhension des locus sociaux et
environnementaux où les crimes peuvent avoir
tendance à s’accumuler est l’une des premières
étapes fondamentales de la conception de politiques efficaces de prévention de la criminalité.
La dimension territoriale est fondamentale pour
parvenir à une meilleure compréhension de
l’homicide et de la criminalité violente. Au niveau
local, des facteurs tels que la forte densité de population et les troubles à l’ordre public peuvent
produire un mélange explosif qui débouche sur des
taux de criminalité violente élev. Inversement, les
efforts visant à mettre en place une cohésion sociale
parallèlement à des mesures de présence policière
efficaces, des services sociaux et des “espaces urbains
sûrs” peuvent avoir un effet d’atténuation et de
frein aux escalades de violence. Tandis que l’urbanisation continue généralement de représenter un
facteur de risque de criminalité violente, des différences significatives dans les niveaux et les modèles
de la criminalité peuvent aussi apparaître dans des
secteurs par ailleurs similaires. Des facteurs tels
qu’un conflit visant à un contrôle territorial par des
groupes criminels organisés peuvent être des
facteurs extérieurs qui brisent ce type de tendances
générales. Les tendances de cette nature ne peuvent
être identifiées et analysées qu’au moyen de
données et d’informations détaillées au niveau
territorial, qui peuvent aussi mieux éclairer la compréhension des causes sous-jacentes des homicides
et permettre de concevoir et appliquer des mesures
préventives efficaces.
9
Rengifo, A.F., Slocum, L.A., et Herrmann, Ch., Signs of order
and disorder in the South Bronx, manuscrit non publié (2011).
10 Wilson, J.Q. et Kelling, G.L, Broken Windows: The police and
neighbourhood safety, Atlantic Magazine (1982).
7. DIFFICULTÉS POSÉES
PAR LES DONNÉES
Données incluses dans l’étude
La présente Étude mondiale sur l’homicide a largement recours aux statistiques de l’ONUDC sur
l’homicide (UNODC Homicide Statistics)1, compilées pour offrir aux utilisateurs une référence
touchant au plus grand nombre de pays et des
séries chronologiques les plus longues possibles.
Cet ensemble de statistiques recouvre 207 pays et
territoires.
Ainsi qu’il est expliqué plus bas, toutes sortes de
sources nationales et internationales sur l’homicide
ont été prises en considération et, afin de présenter
des statistiques exactes et comparables, les données
sélectionnées sont, autant que possible, conformes
à la définition de l’homicide volontaire que
l’ONUDC utilise aux fins de ses statistiques,
c’est-à-dire “le fait pour une personne de donner
intentionnellement et illégalement la mort à
autrui”.
Toutes les sources de données existantes sur
l’homicide volontaire, qu’elles soient nationales ou
internationales, proviennent soit des systèmes de
justice pénale, soit des systèmes de santé publique.
Dans le premier cas, les données sont générées par
les services de répression ou bien par les services de
justice pénale lorsqu’ils enregistrent une infraction
et enquêtent sur elle tandis que, dans le deuxième
cas, les données sont produites par les autorités
sanitaires chargées de certifier la cause du décès
d’un individu.
Ces données, qu’elles proviennent de la justice
pénale ou de la santé publique, ont chacune leurs
forces et leurs faiblesses. De façon générale, priorité a été accordée dans la présente étude aux données
1 Le document UNODC Homicide Statistics (2011) est disponible à l’adresse: http://www.unodc.org/unodc/en/dataand-analysis/homicide.html.
de la justice pénale pour évaluer les niveaux
d’homicides, car celles-ci suivent de plus près la
définition de l’homicide volontaire figurant dans
les législations nationales. Les données de la santé
publique ont également été très utilisées: elles sont,
dans une large mesure, comparables au plan international et, du fait qu’elles ont une portée plus
universelle, elles peuvent combler quelques-unes
des lacunes présentes dans les chiffres de la justice
pénale. Les données produites par les deux types
de sources concordent dans de nombreux cas,
cependant, des écarts plus larges sont constatés
dans un certain nombre de pays en développement
(voir figures 1.5 à 1.10). Ces différences étant
reconnues, tous les efforts ont été faits pour assurer
la plus grande cohérence possible dans l’usage des
données provenant des deux types de sources2.
Compilation des données pour
l’ensemble de statistiques de
l’ONUDC sur l’homicide
Les mécanismes suivants ont été mis en œuvre
pour réunir les données incluses dans l’ensemble
de statistiques de l’ONUDC sur l’homicide:
Données de la justice pénale
Les données régulièrement recueillies par
l’ONUDC dans le cadre de l’Enquête des Nations
Unies sur les tendances de la criminalité et le fonctionnement des systèmes de justice pénale
(UN-CTS) comprennent des statistiques sur un
certain nombre d’infractions classiques, statis2 Par exemple, alors qu’il peut être judicieux de comparer les
tendances dans le temps venant de deux sources différentes
(justice pénale et santé publique) en faisant l’hypothèse que
toutes deux donnent une image fidèle des changements de
niveaux d’homicides, il est généralement peu souhaitable de
constituer une série chronologique pour un pays donné en
jouxtant des données de différentes années venant des sources
distinctes que sont la justice pénale et la santé publique.
83
ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide
Caractéristiques des données de la
justice pénale et de la santé publique
sur les homicides
Données issues de la justice pénale
Dans un premier temps, tout système de statistiques portant sur
la criminalité et la justice pénale s’intéresse aux données enregistrées par la police. Les données policières sur l’homicide
volontaire se fondent généralement sur des informations collectées lorsque la police acquiert des renseignements sur une
infraction, notamment: le type d’infraction; ses modalités; les
caractéristiques de la victime et du/des auteur(s). En fonction
des législations et des pratiques nationales, les données sur les
homicides peuvent être directement produites par les forces de
police, ou par les parquets. De plus, les tribunaux génèrent des
données sur les personnes reconnues coupables d’homicide1. Les
expressions “données de la justice pénale” et “données policières”
souvent utilisées l’une pour l’autre, pour renvoyer aux données
générées dans le cadre du système de la justice pénale.
Les données policières sur les homicides ont les qualités suivantes:
• Détaillées – Le meurtre est une infraction très grave, qui
a de grands retentissements sur les individus, la collectivité et la société, de sorte que chacun s’accorde à considérer comme primordial de collecter autant d’informations
exactes que possible sur l’événement et toutes les personnes impliquées.
• Complètes – Comparées à celles relatives à d’autres crimes,
les données sur les homicides sont beaucoup moins négligées et par conséquent la part d’ombre des “chiffres non déclarés” y est relativement moindre que pour d’autres types
d’infractions.
• Valides – Les données sur les homicides sont souvent produites sur la base du code pénal national (ou du moins sur
les classifications de la police nationale qui prend ces codes
comme point de départ), ce qui apporte des définitions
pertinentes et précises, facilitant la production de données
qui mesurent les homicides volontaires tels que définis au
niveau du pays considéré.
Par contre, les facteurs suivants peuvent parfois amoindrir
l’exactitude et la comparabilité des statistiques sur les homicides tirées des registres policiers:
• L’exactitude des données policières sur les homicides
dépend de la capacité des systèmes d’information de la
justice pénale à tenir un registre suffisamment complet
des homicides.
• Bien que l’accord soit large d’une législation pénale nationale à l’autre quant à la définition élémentaire du meurtre, il n’existe pas de comparabilité parfaite dans le temps
ni entre les pays: par exemple, l’intention de provoquer la
mort peut être définie de façon très diverse (dans certains
cas il doit y avoir intention de causer la mort, dans d’autres
l’intention de provoquer une atteinte physique grave est
suffisante). De plus, certains types d’homicides (par exemple les crimes d’“honneur” ou les crimes pour dot dans
certains pays) peuvent ne pas être comptabilisés comme
des homicides volontaires dans tous les pays.
• Une autre question est celle de ce qu’il est convenu d’appeler les “règles de comptage”: certains pays renvoient à
1
84
Les données des tribunaux renvoient généralement aux personnes traduites
en justice, aux acquittements et aux reconnaissances de culpabilité: ces
données permettent d’analyser les performances d’un système de justice
pénale mais sont moins valables pour évaluer le niveau de la criminalité à
un instant précis.
l’“affaire” criminelle et non aux victimes touchées; ce qui
signifie par exemple que, si dans un incident deux personnes
sont tuées, un système de rapports de police basé sur les
incidents risque de signaler cet événement comme “un
crime”. A contrario, un système policier d’établissement des
rapports basé sur la victime indiquera “deux victimes”. Il
n’existe pas de norme consolidée sur les règles de comptage
dans le cas de victimes multiples, et de telles différences
entre les pays s’agissant des règles de comptage peuvent
rendre particulièrement délicates les comparaisons des
données policières sur les homicides, d’un pays à l’autre2.
Données issues de la santé publique
Le recueil et l’analyse de données sur l’homicide bénéficient du
fait qu’une mort violente met généralement en alerte non seulement la police mais aussi le système médical ou celui de la santé
publique. Dans un système idéal d’enregistrement des causes de
décès, tous les décès survenus dans un pays sont enregistrés et
leur cause recherchée et certifiée. Les définitions et classifications
nationales utilisées à cette fin concordent généralement avec la
Classification internationale des maladies (CIM) de l’OMS, qui
est le système de classification normalisé international de diagnostic à usage épidémiologique et clinique. La version actuelle,
CIM-10, est entrée en usage en 1994. S’agissant des causes de
mortalité, la CIM-10 offre un cadre détaillé de classification des
causes de la mort couvrant les maladies infectieuses, les maladies
non infectieuses et les facteurs extérieurs, y compris la violence.
Il faut remarquer que la structure du code relatif aux morts par
agression (violence) exclut la mort des suites des atteintes physiques dues à une intervention légale (comme l’exécution d’une
peine capitale ou la mort infligée légitimement par un agent de
police) et les opérations de guerre et d’insurrection civile, ce qui
concorde bien avec la définition de l’“homicide volontaire”.
Les procédures visant à établir la cause du décès d’une personne
peuvent être très complexes et largement différer d’un pays à
l’autre. Des personnels de santé hautement qualifiés peuvent
être nécessaires pour réaliser des examens, y compris des autopsies, pour établir une cause de décès scientifiquement déterminée. Il faut qu’un médecin atteste qu’un décès a été causé
intentionnellement par autrui pour que ce décès soit estampillé
par un code X85 à Y09 de la CIM (homicide et lésions traumatiques infligées par un tiers dans l’intention de blesser ou de
tuer). Il peut être difficile de juger aussi formellement en
l’absence d’informations contextuelles, par exemple en cas de
décès dû à des produits chimiques ou à la noyade.
La qualité des données de la santé publique sur les homicides est
influencée par des facteurs similaires à ceux pesant sur les
données policières, notamment le manque de personnels de
santé compétents (en particulier dans les pays en développement), les problèmes de sous-estimation lorsque tous les morts
ne sont pas correctement examinés et certifiés, et la possibilité
que les estimations des causes de décès soient modifiées par le
coroner après que les statistiques ont été produites. De plus, les
définitions en usage dans les systèmes de justice pénale peuvent
être différentes de celles de la santé publique: par exemple, la
mort donnée en situation de légitime défense peut être considérée comme un homicide volontaire par le système de santé
publique, mais non comptabilisé comme telle dans les données
policières.
2 Aux fins de la présente étude, et pour les statistiques de l’ONUDC sur
l’homicide (UNODC Homicide Statistics (2011)), les données utilisées
sont, toutes les fois possibles, fondées sur les victimes, afin de parvenir à
un compte exact des victimes d’homicides.
DIFFICULTÉS POSÉES PAR LES DONNÉES
tiques qui sont recueillies auprès de tous les pays,
plus particulièrement de leurs autorités policières,
de leurs services de poursuite, de leurs tribunaux et
de leurs autorités carcérales. Dans la présente
étude, les données policières sur les homicides
volontaires et provenant de l’UN-CTS sont utilisées, y compris, lorsqu’elles existent, des données
complémentaires sur les homicides par armes à
feu, des données sur les homicides par sexe des
victimes et des auteurs, et sur les homicides dans la
ville la plus peuplée de chaque pays.
Les données recueillies auprès de sources publiques
et produites par des autorités nationales (police,
bureau national de statistiques, ministère de
l’intérieur, de la justice, etc.) ont été utilisées pour
compléter des séries de données relatives aux pays
pour lesquels on ne disposait pas de données
UN-CTS, et s’agissant des variables non incluses
dans l’UN-CTS, telles que les données infranationales et les données sur les homicides classés par
types (crime organisé, liés au conjoint ou aux
proches, etc.).
tions par modélisation statistiques ont été réalisées
pour environ 40 % des pays, principalement situés
en Afrique et en Asie. Les données de l’OMS ont
servi à la présente étude pour plusieurs pays en ce
qui concerne les totaux d’homicides et les homicides par sexe.
En outre, certaines données sur les homicides par
âge et par sexe utilisées dans la présente étude sont
tirées du projet de recherche Global Burden of
Injuries5 qui, à partir de chiffres sur les homicides
fournis par l’OMS, offre des ventilations exhaustives des homicides par âge et par sexe au niveau
des pays, grâce à des techniques statistiques.
Processus de validation des données
Afin de déterminer s’il convenait d’inclure telle ou
telle série de données dans les statistiques de
l’ONUDC sur l’homicide, les règles et critères
suivants ont présidé au processus de construction
de l’ensemble de données:
•
Les définitions utilisées pour produire des
données sont conformes à la définition de
l’homicide utilisée dans les statistiques de
l’ONUDC sur l’homicide. En particulier des
documentations complémentaires ont été utilisées pour exclure du compte des homicides
volontaires les catégories de morts violentes
telles que les homicides involontaires ou les
décès à l’occasion de conflits.
•
Les données sont cohérentes dans le temps.
Les séries chronologiques ont été analysées
pour identifier d’éventuels résultats aberrants
et évaluer la robustesse de la série de données.
•
Une analyse des rapports officiels et de la littérature de la recherche a été effectuée pour vérifier des données sur les homicides utilisées par
les services gouvernementaux et la communauté scientifique.
Des données recueillies et compilées par d’autres
organismes internationaux et régionaux ont aussi
été examinées et utilisées, selon que de besoin,
notamment celles d’Interpol, d’Eurostat, de l’Organisation des États américains et de l’UNICEF.
Données issues de la santé publique
Des données sur l’homicide ont été tirées des bases
de données sur les causes de décès publiées par
l’OMS3, tant au niveau central que par quelquesuns de ses bureaux locaux4. Alors que les données
publiées par l’Organisation panaméricaine de la
santé (PAHO) et OMS-Europe sont presque
exclusivement basées sur des données qui sont
transmises à ces deux organismes par les pays,
l’ensemble de données mondial sur les causes de
décès produit par l’OMS, quoique basé sur des
données nationales, est dans une large mesure
corrigé ou estimé afin d’assurer un meilleur degré
d’exhaustivité et une comparabilité internationale.
Il est intéressant de noter que pour un certain
nombre de pays, lorsque les causes de décès sont
insuffisamment complètes ou inexistantes, l’OMS
procède à ses estimations de décès par cause sur la
base de modèles statistiques. Dans l’ensemble de
données Causes of Death de l’OMS, des estima-
Les données incluses dans l’ensemble de données
correspondent aux valeurs originales fournies
donnée par la source initiale, car aucune procédure
statistique ni aucune modélisation n’a été mise en
œuvre pour modifier les valeurs ou pour créer des
chiffres nouveaux, ou révisés.
Examen des données par les États
Membres
3OMS, Causes of death 2008 dataset (2011).
Afin de garantir la qualité des données utilisées
dans les statistiques de l’ONUDC sur l’homicide,
4 Organisation panaméricaine de la santé (PAHO), Health
Information and Analysis Project. Regional Core Health Data
Initiative (2010); WHO – Europe, Base de données européenne de la HFA.
5 Global Burden of Injuries, Injury Mortality Data Collection,
(2010).
85
7
ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide
Tableau 7.1: Nombre de pays/territoires par type de source utilisé pour le compte 2010
des homicides et les séries chronologiques d’homicides
Justice pénale
Santé publique
Nombre total de pays
Compte d’homicides
2010 (ou année
la plus récente)
143
64
207
Séries
chronologiques sur
les homicides
82
16
98
Victimes d’homicides,
par sexe (2010 ou
année la plus récente)
57
136
193
Source: UNODC Homicide Statistics.
un processus de consultation technique avec les
États Membres a été lancé avant la finalisation de
l’ensemble de données. Toutes les données de pays
sur le nombre total d’homicides, les taux d’homicides, les homicides répartis par sexe, les homicides
par arme à feu et les homicides dans les grandes
villes ont été envoyées aux États membres pour
qu’ils procèdent à un contrôle de la qualité. Des
commentaires ont été reçus d’un certain nombre
de pays et ont été pris en compte avant la finalisation de l’ensemble de données Homicide Statistics.
Sélection des séries de données de
référence pour les analyses soumises
dans la présente étude
Grâce à la collecte de données et au processus de
validation, des sources différentes ou multiples ont
publié plusieurs ensembles de données sur les homicides dans de nombreux pays. Il était donc
devenu nécessaire de sélectionner les plus appropriés des comptes de référence sur les niveaux
d’homicides pour 20106 et des données de tendances à utiliser dans les analyses proposées dans la
présente étude. Plusieurs critères ont été utilisés
pour sélectionner – dans chaque pays – les données
utilisées aux fins de déterminer les chiffres de référence a) des comptes d’homicides (nombre total
des homicides), b) des meilleures séries chronologiques pour l’analyse des tendances et c) de la
ventilation par sexe des victimes d’homicides.
Pour les comptes d’homicides, le degré d’adhésion
à la définition classique de l’homicide et la comparabilité internationale qui en résultait ont été considérés comme d’importance majeure et la préférence a donc été accordée aux données produites par
les systèmes de justice pénale. Lorsque les données
de la justice pénale n’étaient pas disponibles ou
bien lorsque la couverture était de mauvaise qualité (ce qui peut être déterminé, par exemple, par
comparaison avec d’autres sources de données sur
6 Lorsque les données de 2010 n’étaient pas disponibles pour
un pays donné, les données connues de l’année la plus récente
ont été utilisées.
86
les homicides), la préférence a été accordée aux
données de la santé publique. Tel a été le cas, en
particulier, pour de nombreux pays d’Afrique occidentale, orientale et centrale, où les données de la
justice pénale sont moins disponibles et n’assurent
pas une couverture satisfaisante7. En ce qui concerne l’analyse des tendances, la sélection des séries
de données a été faite sur la base de la longueur
(nombre d’années couvertes), de la cohérence dans
le temps (pas de changements soudains et inexplicables) et de l’inclusion de données récentes. Pour
la ventilation par sexe des victimes d’homicide, la
cohérence a été assurée, dans la mesure du possible, avec les sources de données sélectionnées pour
les comptes d’homicides.
Défis à relever pour améliorer les
données sur les homicides
Ainsi qu’il vient d’être exposé, les données sur les
homicides sont produites au niveau national soit
par le système de justice pénale, soit par celui de la
santé. S’agissant des définitions des capacités
statistiques et des besoins de formation, le système
de santé publique est confronté pour l’essentiel aux
mêmes problèmes que le système de justice pénale
lorsqu’il enregistre des décès violents tels que les
homicides. De plus, le système de justice pénale
fait face à des défis spécifiques pour la collecte des
données.
Alors que la plupart des États du monde sont dotés
de quelque système permettant de tenir le registre
des infractions pénales et des ripostes étatiques à la
criminalité, en particulier pour les infractions
graves comme l’homicide, il est fréquent que ces
systèmes ne satisfassent pas aux normes internationales en matière de criminalité et de statistiques
de la justice pénale8. Dans beaucoup de pays, les
7 Voir Marshall, I.H. et Block, C.R., Maximizing the
Availability of Cross-National Data on Homicide, Homicide
Studies (2004); Bhalla, K. et al., The global injury mortality
data collection of the Global Burden of Disease Injury Expert
Group: a publicly accessible research tool (2011).
8 Nations Unies, Département des affaires économiques et
sociales et Division de statistique, Manuel pour l’élaboration
d’un système de statistiques de la justice pénale (2003).
DIFFICULTÉS POSÉES PAR LES DONNÉES
données détaillées ne sont tout simplement pas
disponibles ou sont incomplètes. Tel est le cas, en
particulier, dans de nombreux pays en développement, où les capacités des services de répression et
des services de la justice pénale à recueillir des
données sont limitées par un manque de ressources, de coordination et de personnel formé à
l’enregistrement et à la production des données
statistiques.
Plus généralement, il est nécessaire d’approfondir
la production des données sur la criminalité, qui
permettent aux pays de mieux évaluer la situation
et les performances de leur propre système de justice pénale dans un contexte plus large. Pour parvenir à des données plus exactes et comparables au
plan international en matière de criminalité et de
justice pénale, et plus particulièrement de statistiques sur les homicides, il conviendra d’aborder
les questions suivantes:
•
Pour que des comparaisons significatives
puissent être effectuées entre les actes de violence meurtrière dans divers pays, il est crucial d’adopter des définitions normalisées de
concepts statistiques sur ce qu’est véritablement l’“homicide volontaire” afin de pouvoir
élaborer des rapports de niveau international,
et de positionner les événements individuels
dans le cadre d’une classification commune
(voir section suivante).
•
Pour concevoir ou modifier la collecte de
données en matière de criminalité, il faut élaborer un cadre cohérent qui tienne compte
des diverses unités de comptage existantes,
telles que l’événement criminel, l’infraction,
la victime, l’auteur, etc. Différentes règles
de comptage peuvent être adoptées en fonction de l’usage spécifique des données statistiques dérivées selon que l’on veut, par exemple, déterminer le nombre des événements
criminels perpétrés, le nombre d’infractions
commises et leurs types, ou le nombre et le type
des victimes touchées. L’adoption d’unités de
compte claires et appropriées, en fonction des
informations requises, a donc une importance
cruciale pour produire des données exactes
mais aussi pour accroître leur comparabilité
internationale. Par exemple, dans le cas des
statistiques sur les homicides, un comptage
basé sur les victimes peut permettre d’évaluer
plus clairement l’impact global de ces crimes
et de mettre en place une meilleure comparabilité avec les statistiques de la santé publique.
Fig. 7.1: Pourcentage des pays ayant transmis des données
dans le cadre de l’UN-CTS en 2010, par région
Afrique
Amériques
Asie
Europe
Océanie
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
80%
90%
Source: UN-CTS.
•
Une autre question mérite attention: la définition du point précis auquel un événement
criminel venu à l’attention de la police devrait
être enregistré. Par exemple, s’agissant de l’homicide, un événement peut être enregistré en
tant qu’agression grave le jour où celle-ci est
signalée, mais la victime peut mourir après
que la statistique a été compilée, ce qui a
pour résultat que l’homicide effectif n’est pas
enregistré dans les statistiques policières. Les
données sur les circonstances de l’homicide et
les suspects identifiés peuvent aussi changer au
cours de l’enquête.
•
Enfin, il conviendrait d’encourager et de normaliser l’enregistrement d’un certain nombre
de caractéristiques pertinentes des homicides
afin de faciliter les comparaisons internationales. Par exemple, l’enregistrement des homicides par contextes situationnels (liés au crime
organisé / aux bandes de délinquants; à un vol;
au partenaire ou aux proches, etc.), et par
moyens (arme à feu, objet tranchant, objet contondant, etc.) peut apporter des lumières importantes aux analyses, tant nationales qu’internationales. De même, l’enregistrement de caractéristiques complémentaires, sur l’auteur et
sur la victime, apportera des données essentielles à la prévention et à la répression de la
criminalité.
Les efforts visant à améliorer les données au niveau
national devraient correspondre à une meilleure
disponibilité des données sur l’homicide au niveau
international. Cependant, ceci n’est pas automatique et d’autres travaux seront nécessaires à tous
les niveaux ainsi que de la part des autorités nationales et des organisations régionales et internatio-
87
7
ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide
Fig. 7.2: Classification des actes violents menant à la mort
Actes violents menant à la mort
Guerre/conflits
Intervenon
judiciaire
Homicide/
violence entre
personnes
Auto-infligé
Accidents
Homicide
volontaire
Aide au suicide/
euthanasie
Homicide non
intenonnel
Légime défense
Actes terroristes/troubles civils
Homicide
involontaire
coupable
Homicide
involontaire par
négligence
Source: ONUDC, extrapolation à partir du groupe spécial de l’ONUDC/UNECE sur la classification des crimes, Report to the Conference of European Statisticians (2011).10
nales pour améliorer les voies existantes de transmission des données. Par exemple, la collecte
régulière de données sur la criminalité à laquelle
procède l’ONUDC dans le cadre de l’Enquête des
Nations Unies sur les tendances de la criminalité et
le fonctionnement des systèmes de justice pénale
(UN-CTS) continue de pâtir de lacunes importantes: le pourcentage des pays transmettant des
données varie généralement entre 40 et 50 %,
selon les moments, les taux de réponse les plus
faibles correspondant à l’Afrique et à l’Océanie.
Les lacunes de données les plus importantes
indiquent clairement où des efforts sont nécessaires de la part de toutes les parties concernées pour
en améliorer les capacités de collecte et de transmission.
Vers une définition normalisée
Les données produites au niveau national correspondent la plupart du temps à la définition de
l’homicide volontaire que donne le code pénal du
pays concerné. D’un point de vue international,
une première mesure d’amélioration de la comparabilité des données sur l’homicide volontaire consisterait à élaborer une définition plus normalisée9.
Il a été vu plus haut que le fait de tuer n’est pas
toujours considéré comme un homicide volontaire: selon la définition utilisée dans la présente
9 À cet égard, il faut rappeler que la comparabilité internationale des données bénéficie avant tout aux pays eux-mêmes,
puisque les repères ainsi créés leur permettent d’évaluer leur
propre situation.
88
étude, l’homicide volontaire est “le fait pour une
personne de donner intentionnellement et illégalement la mort à autrui”. Cette définition contient
trois éléments propres:
•
Le meurtre d’une personne par une autre personne (élément objectif );
•
L’intention de l’auteur de tuer la victime
(élément subjectif );
•
Le meurtre intentionnel doit être illégal, ce
qui signifie que la loi considère que l’auteur
est responsable de l’homicide volontaire
(élément juridique).
Il est possible de mieux saisir les spécificités de
l’homicide volontaire lorsqu’on le replace dans le
contexte large de l’ensemble des actes violents
menant à la mort (figure 7.2). Le schéma montre
que les actes de violence interpersonnelle/homicides sont distingués en tout premier lieu des
morts résultant de guerres ou de conflits, de
l’intervention judiciaire, des accidents, ou de la
mort auto-infligée (suicide).
À un niveau ultérieur, hormis les zones plutôt
floues du suicide assisté/euthanasie, d’autres façons
de donner la mort ne sont pas considérées comme
des homicides volontaires:
•
L’“homicide involontaire” (avoir tué sans intention de donner la mort), qui peut être divisé
10 Groupe spécial de l’ONUDC/UNECE sur la classification
des crimes, Report to the Conference of European Statisticians
(2011).
DIFFICULTÉS POSÉES PAR LES DONNÉES
Fig. 7.3: Ventilation des statistiques sur les homicides
Moyen
Utilisation d’une
arme
•
•
•
•
•
Arme à feu
Arme blanche
Objet contondant
Strangulation
Etc.
Caractéristiques de la
victime et de l’auteur
Relation auteur/
victime
Caractéristiques
géographiques/ du lieu
Contexte
situationnel
• Victime de sexe
• L’auteur est le/la
•
•
•
•
•
•
• Lié au crime
masculin/féminin
• Auteur de sexe
masculin/féminin
• Auteur mineur
• Victime sous l’influence
de drogues/ alcool
• Auteur sous l’influence
de drogues/ alcooll
• Etc.
partenaire (e) de la
victime
• L’auteur est un
proche de la
victime
• L’auteur est connu
Urbain/ rural
Résidence privée
Propriété commerciale
Rue
Autre lieu public
Etc.
de la victime
• L’auteur est incon-
organisé
• Lié aux bandes
de délinquants
• Lié au vol
• Lié au partenaire/
aux proches
• Etc.
nu de la victime
• Etc.
Source: ONUDC, extrapolation à partir du groupe spécial de l’ONUDC/UNECE sur la classification des crimes, Report to the Conference of European Statisticians (2011).
en deux catégories: la mort résultant de
l’imprudence ou de la négligence (par exemple conduite dangereuse d’un véhicule automobile, ou négligence professionnelle),
et le meurtre intentionnel de facto, mais
non considéré comme tel en raison de certaines circonstances atténuantes spécifiques
comme la provocation (homicide involontaire
coupable).
•
Une catégorie complémentaire prévoit le fait
de tuer en état de légitime défense, qui est
considéré comme justifiable et n’est donc pas
un homicide volontaire.
Les décès dus au terrorisme ou survenant lors de
troubles civils sont une autre catégorie difficile.
D’un point de vue conceptuel, la dénomination
juridique “homicide volontaire” est certainement
suffisamment large pour englober de tels actes, et
si les auteurs sont susceptibles de devoir répondre
de chefs d’accusation complémentaires, tels que
des actes de terrorisme, actes contre l’État ou même
crimes contre l’humanité, l’acte dans son essence
reste le meurtre intentionnel infligé à autrui.
Cependant, de tels décès, dans certains contextes,
peuvent être rangés ailleurs, à la frontière entre le
conflit et la violence entre les personnes11.
Alors que plusieurs des éléments de définition
11 Les pratiques des pays diffèrent selon que ces décès
sont inclus, ou non, dans les statistiques policières sur les
homicides. Ni les quelque 3 000 victimes des attaques
sur les États-Unis d’Amérique, le 11 septembre 2001, ni
les 200 morts des attaques terroristes du 11 mars 2004 à
Madrid n’ont été enregistrés en tant qu’homicides. A contrario,
les 52 victimes des attentats à la bombe du 7 juillet 2005 à
Londres ont été incluses dans les statistiques policières officielles; en Inde, les statistiques relatives aux homicides incorporent les meurtres liés à la violence “terroriste/extrémiste” et
dans un certain nombre de pays africains, ces mêmes statistiques incorporent les décès liés aux “émeutes”.
décrits plus haut semblent communs et en usage
au niveau national et internationalement, d’autres
sont plus difficiles à interpréter et/ou nécessitent
davantage de débats, comme par exemple l’élément
d’intentionnalité (question de savoir si l’intention
de causer la mort, ou simplement des atteintes
physiques graves, est requise), ou comment considérer les décès liés à des actes de terrorisme.
Il convient également de rappeler que les définitions du phénomène étudié ici renvoient à la
“mort” donnée intentionnellement à une personne. Par conséquent, seuls les homicides volontaires effectifs, ayant pour résultat la mort d’une
personne, doivent être signalés. Cependant, un
certain nombre de pays transmettent des données
sur les “homicide volontaire totaux”, en y incluant
à la fois les cas où la victime est décédée et ceux où
il y a des preuves que l’auteur avait l’intention de
donner la mort, alors que sa victime a survécu.
L’inclusion des tentatives d’homicide dans la définition de l’“homicide volontaire” aux fins de la
création de statistiques a l’effet de produire un taux
d’“homicides” plus élevé que le nombre réel de
victimes tuées.
Comme le montre l’analyse ci-dessus, de nombreux obstacles restent à lever pour parvenir à une
définition normalisée de l’homicide volontaire aux
fins de créer des statistiques exactes et comparables
au plan international. Dans ce cadre, le travail
conduit par la Conférence des statisticiens européens afin d’élaborer des principes et un cadre
pour la classification internationale des crimes à
des fins statistiques est fort positif12.
12 Groupe spécial de l’ONUDC/UNECE sur la classification
des crimes, Report to the Conference of European Statisticians
(2011).
89
7
ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide
Qualification de l’homicide volontaire
D’un point de vue criminologique, il est clair que
la dénomination d’“homicide volontaire” inclut
une large gamme d’actes, qui ne sont pas tous
nécessairement similaires, hormis qu’on peut fondamentalement les décrire comme le fait qu’une
personne donne intentionnellement la mort à une
autre. À ce titre, un examen du “phénomène” de
l’homicide nécessite largement plus que l’examen
de statistiques globales sur le “total des homicides”. L’une des difficultés à cet égard est d’identifier le moyen le plus approprié pour diviser,
répartir, les actes d’homicide, afin de générer des
sous-catégories porteuses de sens et qui demeurent
ouvertes à un examen transnational. De telles
catégories peuvent être (et sont, dans différentes
statistiques nationales) interprétées de nombreuses
façons, y compris par référence aux caractéristiques de la victime et de l’auteur, à la nature de la
relation auteur-victime, à l’arme utilisée, à la
localisation physique de l’événement, à l’heure et
à la date de l’événement, aux facteurs aggravants
tels que la consommation de drogues ou d’alcool,
aux motifs et à la participation d’éléments tels que
certains groupes de la criminalité organisée. Pris
dans leur ensemble, ces indicateurs devraient permettre de produire une description globale de
l’incident-homicide, en tant de composite exhaustif de l’auteur, de la victime, de l’infraction et de
son contexte13.
Un travail récent sur la classification des homicides reconnaît la nécessité de ventiler les données
s’y rapportant et propose qu’un bon nombre de
ces éléments puissent être considérés comme des
“caractères horizontaux” à appliquer à tous les
événements entrant dans la catégorie générale des
“homicides volontaires”. Ainsi que le montre la
figure 7.3, ces caractères peuvent être répartis en
cinq grands groupes: Moyen – Caractéristiques de
la victime et de l’auteur – Relation auteur/victime
– Caractéristiques géographiques/du lieu – Contexte situationnel.
Les informations sur chacun de ces aspects sont
généralement disponibles de manière plus ou
moins étendue et utilisent des terminologies
nationales ainsi que des catégories de statistiques
policières nationales susceptibles de différer
quelque peu les unes des autres. Certaines catégories sont plus communément enregistrées que
13 Miethe, T.D. et Regoeczi, W.C., Rethinking Homicide:
Exploring the Structure and Process Underlying Deadly
Situations (2004).
90
d’autres. Les moyens de l’homicide, les caractéristiques de base de la victime et la situation géographique sont souvent enregistrés soit par les
données policières ou bien celles de la santé publique. Cependant, des efforts sont nécessaires pour
normaliser l’enregistrement de ces caractéristiques, aussi bien à l’intérieur des pays qu’entre
eux, afin de produire des données statistiques
porteuses de sens, ne laissant pas de côté les caractéristiques socioéconomiques des personnes impliquées. L’identification et l’enregistrement d’autres
caractéristiques, telles que la relation victime/
auteur et le contexte situationnel sont plus ardus
et il faudra consacrer davantage de travail au
développement de concepts statistiques, aux
définitions et classifications pouvant faciliter la
production de données statistiques exactes et
comparables. Il faut tenir compte du fait qu’un
certain nombre de catégories – en particulier
celles concernant les informations sur un auteur
présumé – peuvent n’être disponibles qu’à un
stade ultérieur de l’enquête, ou bien que, parfois,
aucun suspect n’est finalement identifié.
8. ANNEXE MÉTHODOLOGIQUE
Des informations sont fournies dans le présent
chapitre en ce qui concerne les sources de données
et les méthodes de calcul utilisées pour les analyses
proposées dans l’Étude mondiale sur l’homicide.
de ces cas (53 pays) les données des pays ont été
estimées par l’OMS par modélisation statistique,
car les sources nationales ne proposent pas de
données enregistrées sur les décès.
Chapitre 1:
Comptes mondiaux et régionaux
des homicides et estimations des
fourchettes de valeurs
Données utilisées pour le comptage
des homicides au niveau des pays
(2010 ou données connues de l’année
la plus récente)
Sur la base des critères de sélection discutés au
chapitre 7, les sources de données disponibles ont
été prises en considération pour chaque pays,
pour 2010 ou en utilisant les données connues de
l’année la plus récente. Le tableau 8.1 présente les
sources retenues et les comptes et taux d’homicides
correspondants pour chaque pays.
Les taux d’homicides ont été calculés sur la base
des estimations démographiques de la Division de
la population (Département des affaires économiques et sociales, ONU)1. Les taux mondiaux,
régionaux et regroupés (tels que ceux où des pays
ont été rassemblés par variables économiques) sont
calculés pour donner des moyennes pondérées en
fonction de la population.
Comme le montre le tableau 8.1, une source de
données issues de la justice pénale a été sélectionnée dans 143 pays, tandis que les données de
la santé publique ont été retenues pour 64 pays
(31 % du total). Pour la majorité des pays d’Afrique
en particulier, les taux d’homicides sont tirés d’une
source de santé publique. Dans 57 des 64 pays
pour lesquels les données de la santé publique ont
été utilisées, la source est l’ensemble de données
Causes of Death de l’OMS; dans la vaste majorité
Les comptes mondiaux et régionaux aux fins
d’établir le total des homicides sont calculés en
additionnant les comptes d’homicides fournis par
la source nationale sélectionnée. Cette “estimation
ponctuelle” est accompagnée par une estimation
de son incertitude qui prend en considération la
variabilité entre les données de la justice pénale et
celles de la santé publique, pour chaque pays.
Étant donné que pour chaque pays deux comptes
d’homicides sont généralement disponibles (un
issu de la justice pénale et l’autre issu de la santé
publique, bien que dans certains pays une source
seulement soit disponible), deux estimations
supplémentaires sont réalisées pour chaque région.
L’estimation la plus basse de la fourchette est déterminée par la somme des plus petits comptes
d’homicides pour chaque pays (venant soit des
sources de la justice pénale, soit de celles de la
santé publique). Identiquement, l’estimation la
plus haute est calculée en additionnant les plus
forts comptes d’homicides pour chaque pays
(venant soit des sources de la justice pénale, soit de
celles de la santé publique). Les écarts les plus
importants entre les données de la justice pénale et
celles de la santé publique produisent les estimations de fourchettes les plus larges au niveau
régional, ce qui indique les marges d’erreur associées aux comptes totaux d’homicides aux niveaux
régional et mondial.
1 Nations Unies, World Population Prospects, the 2010
Revision, (2011).
91
ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide
Tableau 8.1: Source sélectionnée pour l’estimation ponctuelle unique
Région
Afrique
Sous-région
Afrique
australe
Afrique
centrale
Afrique
occidentale
Afrique
orientale
Afrique
septentrionale
92
Sources préférées
Afrique du Sud
Botswana
Lesotho
Namibie
Swaziland
Angola
Cameroun
Congo
Gabon
Guinée équatoriale
République centrafricaine
République démocratique du Congo
Sao Tomé-et-Principe
Tchad
Bénin
Burkina Faso
Cap-Vert
Côte d’Ivoire
Gambie
Ghana
Guinée
Guinée-Bissau
Libéria
Mali
Mauritanie
Niger
Nigéria
Sénégal
Sierra Leone
Togo
Burundi
Comores
Djibouti
Érythrée
Éthiopie
Kenya
Madagascar
Malawi
Maurice
Mozambique
Ouganda
République-Unie de Tanzanie
Rwanda
Seychelles
Somalie
Zambie
Zimbabwe
Algérie
Égypte
Jamahiriya arabe libyenne
Compte
16 834
287
723
352
141
3 426
3 700
1 180
200
137
1 240
13 558
3
1 686
1 262
2 786
56
10 801
176
3 646
2 152
294
371
1 157
485
552
18 422
1 027
837
627
1 726
85
29
879
20 239
7 733
1 588
5 039
54
1 925
11 373
10 357
1 708
7
138
4 710
1 775
516
992
176
Sources préférées
Taux
Année
33,8
14,5
33,6
17,2
12,9
19,0
19,7
30,8
13,8
20,7
29,3
21,7
1,9
15,8
15,1
18,0
11,6
56,9
10,8
15,7
22,5
20,2
10,1
8,0
14,7
3,8
12,2
8,7
14,9
10,9
21,7
12,2
3,4
17,8
25,5
20,1
8,1
36,0
4,2
8,8
36,3
24,5
17,1
8,3
1,5
38,0
14,3
1,5
1,2
2,9
2009
2009
2009
2004
2004
2008
2008
2008
2008
2008
2008
2008
2008
2008
2008
2008
2007
2008
2008
2008
2008
2008
2008
2008
2008
2008
2008
2008
2008
2008
2008
2008
2008
2008
2008
2008
2008
2008
2009
2007
2008
2008
2008
2006
2008
2008
2008
2008
2009
2008
Source
Police nationale
UN-CTS
UN-CTS
Interpol
UN-CTS
OMS
OMS
OMS
OMS
OMS
OMS
OMS
OMS
OMS
OMS
OMS
UN-OCHA
OMS
OMS
OMS
OMS
OMS
OMS
OMS
OMS
OMS
OMS
OMS
OMS
OMS
OMS
OMS
OMS
OMS
OMS
OMS
OMS
OMS
UN-CTS
GBI
OMS
OMS
OMS
UN-CTS
OMS
OMS
OMS
UN-CTS
UN-CTS
OMS
ANNEXE MÉTHODOLOGIQUE
Région
Sous-région
Sources préférées
Maroc
Soudan
Tunisie
Amériques
Amérique
centrale
447
1,4
2010
UN-CTS
10 028
24,2
2008
OMS
117
1,1
2008
OMS
130
41,7
2010
OEA
527
11,3
2010
Ministère de la justice
El Salvador
4 085
66,0
2010
Police nationale
Guatemala
5 960
41,4
2010
Police nationale
Honduras
6 239
82,1
2010
Police nationale
Mexique
20 585
18,1
2010
Police nationale
766
13,2
2010
Police nationale
759
21,6
2010
Police nationale
2 215
5,5
2009
Ministère de la justice
Argentine
Bolivie (État plurinational de)
884
8,9
2010
Police nationale
43 909
22,7
2009
Ministère de la justice
630
3,7
2009
UN-CTS
Colombie
15 459
33,4
2010
Police nationale
Équateur
2 638
18,2
2010
Police nationale
Brésil
Chili
Guyane française
32
14,6
2008
Police nationale
Guyana
139
18,4
2010
BNS
Paraguay
741
11,5
2010
OEA
Pérou
1 490
5,2
2009
SES
Suriname
69
13,7
2006
UN-CTS
Uruguay
205
6,1
2010
Ministère de l’intérieur
13 985
49,0
2009
ONG
5
7,7
2010
Police nationale
610
1,8
2009
BNS
15 241
5,0
2009
Police nationale
1
6,8
2008
BNS
Venezuela (République bolivarienne du)
Bermudes
Canada
États-Unis d’Amérique
Caraïbes
Source
Costa Rica
Panama
Amérique
septentrionale
Sources préférées
Taux
Année
Belize
Nicaragua
Amérique
du Sud
Compte
Anguilla
Antigua-et-Barbuda
6
6,8
2010
Police nationale
Bahamas
96
28,0
2010
OEA
Barbade
31
11,3
2010
UN-CTS
Cuba
518
4,6
2008
PAHO
Dominique
15
22,1
2010
OEA
Grenade
12
11,5
2010
OEA
Guadeloupe
32
7,0
2008
Police nationale
689
6,9
2010
UN-PKO
Îles Caïmanes
6
11,7
2004
PAHO
Îles Turques et Caïques
3
8,9
2008
PAHO
Haïti
Îles Vierges américaines
2
8,6
2006
PAHO
Îles Vierges britanniques
43
39,2
2007
PAHO
1 428
52,1
2010
UN-CTS
Jamaïque
Martinique
17
4,2
2008
Police nationale
Montserrat
1
19,7
2008
PAHO
Porto Rico
983
26,2
2010
Police nationale
2 472
24,9
2010
Police nationale
Saint-Kitts-et-Neviss
20
38,2
2010
Police nationale
Sainte-Lucie
44
25,2
2010
OEA
République dominicaine
93
8
ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide
Région
Sous-région
Sources préférées
Compte
Saint-Vincent-et-les Grenadines
Asie centrale
Asie du
Sud-Est
Asie
méridionale
Asie
occidentale
Asie
orientale
24
22,0
2010
ONG
35,2
2010
Police nationale
Kazakhstan
1 680
10,7
2008
Transmonee
Kirghizistan
419
8,1
2009
UN-CTS
Ouzbékistan
Tadjikistan
Turkménistan
Brunéi Darussalam
Cambodge
Indonésie
Malaisie
Myanmar
Philippines
République démocratique populaire lao
Singapour
Thaïlande
Timor-Leste
Viet Nam
Afghanistan
Bangladesh
Bhoutan
Inde
Iran (République islamique d’)
Maldives
Népal
Pakistan
Sri Lanka
Arabie saoudite
Arménie
Azerbaïdjan
Bahreïn
Chypre
Émirats arabes unis
Géorgie
Iraq
Israël
Jordanie
Koweït
Liban
Oman
Qatar
République arabe syrienne
Territoire palestinien occupé
Turquie
Yémen
Chine
Chine, Hong Kong
Chine, Macao
Japón
Mongolie
831
96
209
2
448
374
604
800
947
279
25
654
75
346
712
988
7
752
215
5
818
491
958
832
83
192
6
19
39
180
608
158
100
59
95
18
13
582
145
320
990
811
35
10
646
205
3,1
1,4
4,4
0,5
3,4
2,9
2,3
10,2
5,4
4,6
0,5
5,3
6,9
1,6
2,4
2,7
1,0
3,4
3,0
1,6
2,8
7,3
4,6
3,6
2,7
2,1
0,6
1,7
0,8
4,1
2,0
2,1
1,8
2,2
2,2
0,7
0,9
3,0
4,1
3,3
4,2
1,1
0,5
1,9
0,5
7,6
2008
2009
2006
2006
2005
2009
2006
2008
2009
2008
2009
2010
2008
2008
2008
2010
2008
2009
2009
2008
2009
2009
2009
2009
2009
2008
2008
2009
2006
2010
2008
2010
2006
2009
2010
2008
2008
2008
2005
2008
2009
2008
2010
2009
2008
2009
UN-CTS
UN-CTS
Transmonee
UN-CTS
ONG
Police nationale
UN-CTS
OMS
UN-CTS
OMS
Police nationale
Police nationale
OMS
OMS
OMS
Police nationale
BNS
Police nationale
BNS
UN-CTS
BNS
BNS
Police nationale
BNS
UN-CTS
UN-CTS
UN-CTS
UN-CTS
UN-CTS
UN-CTS
OMS
BNS
UN-CTS
UN-CTS
Police nationale
UN-CTS
UN-CTS
UN-CTS
UN-CTS
UN-CTS
BNS
NSO
Policía nacional
BNS
UN-CTS
UN-CTS
1 374
2,9
2009
Police nationale
République de Corée
94
Source
472
Trinité-et-Tobago
Asie
Sources préférées
Taux
Année
1
4
4
3
1
3
40
2
12
2
14
ANNEXE MÉTHODOLOGIQUE
Région
Sous-région
Sources préférées
République populaire démocratique
de Corée
Taïwan Province de Chine
Europe
Europe
méridionale
2008
OMS
832
3,6
2009
BNS
Albanie
93
2,9
2008
UN-CTS
Andorre
1
1,3
2004
Interpol
66
1,7
2008
UN-CTS
Croatie
49
1,1
2009
UN-CTS
Espagne
399
0,9
2009
UN-CTS
Grèce
118
1,0
2008
UN-CTS
Italie
590
1,0
2009
UN-CTS
4
1,0
2009
UN-CTS
Monténégro
22
3,5
2009
UN-CTS
Portugal
130
1,2
2009
UN-CTS
Serbie
145
1,5
2008
Eurostat
Slovénie
13
0,6
2009
UN-CTS
ex-République yougoslave de
Macédoine
40
1,9
2010
UN-CTS
Allemagne
690
0,8
2010
UN-CTS
Autriche
43
0,5
2009
UN-CTS
Belgique
185
1,7
2009
UN-CTS
France
839
1,4
2008
Eurostat
Liechtenstein
1
2,8
2008
Eurostat
Luxembourg
12
2,5
2008
UN-CTS
Monaco
0
0,0
2008
UN-CTS
Pays-Bas
179
1,1
2009
UN-CTS
Suisse
54
0,7
2008
UN-CTS
Bélarus
473
4,9
2009
UN-CTS
Bulgarie
144
1,9
2009
UN-CTS
15 954
11,2
2009
UN-CTS
Hongrie
139
1,4
2009
UN-CTS
Pologne
493
1,3
2009
UN-CTS
République de Moldova
265
6,6
2010
UN-CTS
Fédération de Russie
République tchèque
92
0,9
2009
UN-CTS
Roumanie
397
1,8
2009
UN-CTS
Slovaquie
84
1,5
2009
UN-CTS
2 194
4,8
2009
UN-CTS
47
0,9
2009
UN-CTS
Estonie
70
5,2
2009
UN-CTS
Finlande
121
2,3
2009
UN-CTS
6
10,5
2008
BNS
Islande
1
0,3
2009
UN-CTS
Irlande
53
1,2
2010
Police nationale
Lettonie
108
4,8
2009
UN-CTS
Lituanie
252
7,5
2009
UN-CTS
Norvège
29
0,6
2009
UN-CTS
724
1,2
2009
Eurostat
93
1,0
2009
UN-CTS
Ukraine
Europe
septentrionale
Source
15,2
Malte
Europe
orientale
Sources préférées
Taux
Année
3 658
Bosnie-Herzégovine
Europe
occidentale
Compte
Danemark
Groenland
Royaume-Uni
Suède
95
8
ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide
Région
Sous-région
Océanie
Australie et
NouvelleZélande
Mélanésie
Sources préférées
Australie
1,2
2009
UN-CTS
Nouvelle-Zélande
65
1,5
2009
Police nationale
Fidji
23
2,8
2004
Interpol
19
3,7
2008
UN-CTS
854
13,0
2008
OMS
Vanuatu
2
0,9
2008
OMS
Guam
1
0,6
2007
Police nationale
Kiribati
7
7,3
2008
OMS
Micronésie (États fédérés de)
1
0,9
2008
OMS
Nauru
1
9,8
2008
OMS
Palaos
0
0,0
2008
OMS
Polynésie française
9
3,4
2008
Police nationale
Samoa
2
1,1
2008
OMS
Tonga
1
1,0
2008
OMS
Papouasie-Nouvelle-Guinée
Polynésie
Source
262
Îles Salomon
Micronésie
Sources préférées
Taux
Année
Compte
Tableau 8.2: Sélection des sources pour les séries chronologiques
Région
Afrique
Amériques
Sous-région
Source
Afrique australe
Afrique du Sud
JP
Police nationale
Afrique occidentale
Nigeria
JP
ONG
Afrique orientale
Maurice
JP
CTS
Afrique
septentrionale
Égypte
JP
CTS
Maroc
JP
CTS
Amérique centrale
Belize
JP
CTS/OEA
Costa Rica
JP
CTS/Ministère de la justice
El Salvador
JP
Police nationale
Guatemala
JP
CTS/Police nationale
Honduras
JP
OCAVI/Police nationale
Mexique
SP
PAHO/BNS
Nicaragua
JP
Police nationale
Panama
JP
Police nationale
Argentine
JP
CTS/Ministère de la justice
Bolivie (État plurinational de)
JP
Police nationale
Brésil
SP
PAHO
Chili
SP
PAHO
Colombie
JP
Police nationale
Équateur
SP
PAHO
Guyana
JP
OEA/BNS
Pérou
SP
PAHO
Suriname
JP
OEA
Uruguay
JP
Ministère de l’intérieur/SES
Venezuela (République bolivarienne du)
JP
ONG
Amérique du Sud
96
Pays/Territoire
ANNEXE MÉTHODOLOGIQUE
Région
Sous-région
Amérique
septentrionale
Caraïbes
Asie
Asie centrale
Asie du Sud-Est
Asie méridionale
Asie occidentale
Asie orientale
Europe
Europe méridionale
Pays/Territoire
Source
Bermudes
JP
Police nationale
Canada
JP
CTS
États-Unis d’Amérique
JP
Police nationale
Bahamas
SP/JP
PAHO/OEA
Barbade
SP/JP
PAHO/CTS
Cuba
SP
PAHO
Dominique
JP
OEA
Grenade
JP
OEA
Jamaïque
JP
CTS/Police nationale
Porto Rico
JP
Police nationale
République dominicaine
JP
ONG/SES
Saint-Kitts-et-Nevis
JP
OEA/Police nationale
Sainte-Lucie
JP
OEA
Saint-Vincent-et-les Grenadines
JP
OEA/ONG
Trinité-et-Tobago
SP/JP
PAHO/OEA/Police nationale
Kazakhstan
JP
UNICEF Transmonee
Kirghizistan
JP
CTS/UNICEF Transmonee
Ouzbékistan
JP
CTS/UNICEF Transmonee
Tadjikistan
JP
UNICEF Transmonee
Turkménistan
JP
UNICEF Transmonee
Cambodge
JP
ONG
Myanmar
JP
BNS
Philippines
JP
CTS
Singapour
JP
CTS/Police nationale
Thaïlande
JP
Police nationale
Bhoutan
JP
BNS
Inde
JP
Police nationale
Népal
JP
BNS
Pakistan
JP
BNS
Arabie saoudite
JP
BNS
Arménie
JP
CTS/UNICEF Transmonee
Géorgie
JP
CTS/UNICEF Transmonee
Israël
JP
CTS/BNS
Qatar
JP
CTS
République arabe syrienne
JP
BNS
Chine
JP
BNS
Japon
SP
OMS-MDB
République de Corée
JP
Police nationale
Taïwan Province de Chine
JP
BNS
Albanie
JP
CTS/UNICEF Transmonee
Croatie
JP
CTS/Eurostat
Grèce
SP
OMS-Base de données HFA
Italie
JP
CTS
Portugal
JP
CTS/Eurostat
97
8
ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide
Région
Sous-région
Europe occidentale
Europe orientale
Europe
septentrionale
Océanie
Australie et
Nouvelle-Zélande
Pays/Territoire
Serbie
SP
OMS-Base de données HFA
Slovénie
ex-République yougoslave de
Macédoine
Autriche
JP
CTS
JP
CTS/Eurostat
JP
CTS/Eurostat
Belgique
JP
CTS
France
SP
OMS-Base de données HFA
Allemagne
JP
CTS
Pays-Bas
SP
OMS-Base de données HFA
Suisse
JP
CTS/Eurostat
Bélarus
JP
CTS
Bulgarie
JP
CTS/Eurostat
Fédération de Russie
JP
UNICEF Transmonee
Hongrie
JP
CTS
Pologne
JP
CTS
République de Moldova
JP
CTS
République tchèque
SP
OMS-Base de données HFA
Roumanie
SP
OMS-Base de données HFA
Slovaquie
JP
CTS/UNICEF Transmonee
Ukraine
Danemark
Estonie
JP
JP
JP
UNICEF Transmonee
CTS
CTS/Eurostat
Finlande
JP
CTS
Groenland
JP
BNS
Irlande
JP
CTS/Police nationale
Lettonie
SP
OMS-Base de données HFA
Lituanie
SP
OMS-Base de données HFA
Norvège
JP
CTS/Eurostat
Suède
SP
OMS-Base de données HFA
Australie
JP
CTS/BNS
Nouvelle-Zélande
JP
Police nationale
Données utilisées pour les séries
chronologiques (tendances) en matière
d’homicides
série chronologique)2. Comme on le voit sur la
carte 8.1, il n’y a pas de série chronologique convenable pour la plupart des pays d’Afrique.
Sur la base des critères de sélection discutés au
Estimations des tendances régionales
et sous-régionales en matière
d’homicide
chapitre 7, et sous réserve de la disponibilité des
données, une série chronologique longue et continue des comptes et des taux d’homicides a été
identifiée au niveau du pays (voir tableau 8.2).
Une série chronologique convenable couvrant la
période 1995-2010 (au moins partiellement) a été
sélectionnée pour 98 pays. Les données de la justice pénale ont été utilisées dans la plupart des cas,
tandis que la source de la santé publique a été
sélectionnée pour 16 pays (16 % du total de la
98
Source
Les taux d’homicides régionaux et sous-régionaux
pour la période 1995-2010 (ou dernière année) sont
basées sur les séries chronologiques nationales sélectionnées. Les taux régionaux et sous-régionaux
2 Faisant exception à la règle générale voulant que l’on ne
combine pas des données provenant de la justice pénale
avec des données provenant de la santé publique, des séries
chronologiques des deux sources ont été rassemblées pour
trois pays. Ceci afin de parvenir à une série chronologique
plus longue et parce que les deux sources étaient suffisamment
cohérentes.
ANNEXE MÉTHODOLOGIQUE
Carte 8.1: Sources de données sélectionnées pour les séries chronologiques relatives aux
homicides, par pays
C
C CC
C
C CCC CC C
CC
C
Sources
Justice pénale
Santé publique
Justice pénale/Santé publique
Pas de données disponibles
Note: Les frontières et noms indiqués et les appellations employées sur la présente carte n’impliquent ni reconnaissance ni acceptation officielles de la part de l’Organisation des Nations Unies.
Source: UNODC Homicide Statistics (2011).
sont calculés en tant que moyennes des taux nationaux, pondérées en fonction de la population.
Chapitre 2:
Dans les analyses du présent chapitre, chaque taux
d’homicides par pays a été mis en regard, le plus
précisément possible et par année, du coefficient de
Gini (Banque mondiale) relatif à l’inégalité des
revenus3; les valeurs antérieures à l’année 2000
n’ont pas été retenues. Le tableau 8.3 affiche la
disponibilité des données pour le coefficient de
Gini, en termes de nombre de pays représentés, et
des pourcentages correspondants de la population
totale et des homicides.
Les données du coefficient de Gini sont disponibles pour un nombre relativement faible de pays,
bien que ces pays couvrent 90 % de la population
mondiale et 93 % des homicides perpétrés dans le
monde. Les pays manquants sont principalement
des pays peu peuplés et où le nombre d’homicides
est faible. En raison du manque de données pour
l’Océanie, cette région n’a pas été prise en compte
dans l’analyse régionale.
Les taux d’homicides des pays ont également été
couplés, par année, à l’indice de développement
humain (IDH)4 rapporté à l’année pour laquelle
3 Données de la Banque mondiale.
Tableau 8.3: Nombre de pays inclus dans les analyses d’homicides
par le coefficient de Gini, par région
Région
Nombre de
pays
Pourcentage de
la population
Pourcentage
d’homicides
Afrique
43/53
88%
92%
Amériques
22/46
98%
98%
Asie
Europe
Océanie
32/51
91%
90%
30/43
76%
92%
1/14
<1%
<1%
Monde
128/207
90%
93%
Tableau 8.4: Nombre de pays inclus dans les analyses des
homicides par l’indice de développement humain
(IDH), par région
Région
Nombre de
pays
Pourcentage de
la population
Pourcentage
d’homicides
Afrique
49/53
97%
98%
Amériques
28/46
98%
99%
Asie
Europe
Océanie
43/51
98%
96%
41/43
99,9%
99,9%
7/14
97%
98%
Monde
168/207
98%
98%
les taux d’homicides en question ont été calculés.
Les niveaux de couverture dans chaque région, par
pays, par populations et par homicides sont présentés au tableau 8.4.
4PNUD, Rapport sur le développement humain 2011 (2011).
99
8
ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide
Tableau 8.5:Nombre de pays ayant des données sur les homicides par arme à feu, par sous-région
Région
Sous-région
Nombre de pays
Afrique
Amériques
10/53
14%
Amérique centrale
8/8
100%
Amérique du Sud
10/13
99%
Amérique septentrionale
3/3
100%
11/22
93%
Asie centrale
4/5
72%
Asie du Sud-Est
5/11
49%
Asie méridionale
5/9
75%
Asie occidentale
10/18
77%
4/8
15%
Europe méridionale
10/13
99%
Europe occidentale
7/9
73%
Europe orientale
9/10
22%
9/11
3/14
109/207
96%
27%
54%
Caraïbes
Asie
Asie orientale
Europe
Pourcentage d’homicides†
Europe septentrionale
Océanie
Monde
† Les pourcentages sont approximatifs en raison de différences dans les années sources entre les données sur les homicides
par arme à feu et les données totales sous-régionales sur les homicides.
L’analyse des homicides par l’indice IDH couvre
une forte proportion des pays, plus de 80 %, et
inclut 98 % de la population mondiale et le même
pourcentage d’homicides. Les pays manquant dans
l’analyse sont ceux dont la population est relativement faible et qui connaissent un nombre d’homicides faible également.
Chapitre 3:
Les moyens de l’homicide
Les données sur les homicides par arme à feu sont
compilées à partir d’une diversité de sources,
quoique de façon prédominante au travers des
données de la justice pénale (voir tableau 9.2 du
chapitre 9). Globalement, les données de 109 pays
ont été compilées et la couverture au niveau
sous-régional fait l’objet du tableau 8.5.
Des données sur les homicides par arme à feu
étaient disponibles pour des pays couvrant 54 %
du total mondial des homicides, quoique avec
d’importantes variations sous-régionales. Les pourcentages régionaux et sous-régionaux d’homicides
par arme à feu sont des moyennes pondérées en
fonction du nombre d’homicides par pays.
L’estimation au niveau mondial du pourcentage
d’homicides par arme à feu a fait l’objet d’un calcul
en trois étapes:
100
a. Calcul du pourcentage d’homicides par arme
à feu au niveau sous-régional sur la base des
données disponibles (voir tableau 9.2).
b. Application
du pourcentage calculé en
a) au nombre total d’homicides au niveau
sous-régional (données de pays sélectionnées
pour 2010 ou données connues de l’année la
plus récente), pour obtenir un nombre total
estimé d’homicides par arme à feu pour
chaque sous-région.
c. Addition des comptes sous-régionaux pour
obtenir une estimation mondiale des homicides par arme à feu.
Des données complémentaires (non combinées
avec l’ensemble de données décrit ci-dessus) sur les
moyens de l’homicide ont été tirées du projet
Global Burden of Injuries5, qui détaille les comptes
d’homicides par âge et par sexe, résultant de
l’utilisation d’armes à feu, d’objets tranchants et
autres moyens.
Homicides liés aux bandes de
délinquants/criminalité organisée
Les données sur les homicides liés aux bandes de
délinquants/criminalité organisée sont tirées de
données de la justice pénale produites par les
autorités nationales. Les données ont été compilées
5 Global Burden of Injuries, Injury Mortality Data
Collection (2010).
ANNEXE MÉTHODOLOGIQUE
Tableau 8.6:Sources des données infranationales pour les Amériques
Pays
Catégorie
Source originale
Guyane française
JP
Police nationale
Paraguay
Suriname
Guyana
JP
JP
JP
Venezuela
JP
Bolivie
JP
Police nationale
CTS
Bureau national de statistique
Programme vénézuélien d’action et d’éducation aux droits
de l’homme (PROVEA)
Police nationale
Guatemala
JP
Police nationale
Nicaragua
JP
Police nationale
Pérou
JP
Police nationale
États-Unis d’Amérique
JP
Police nationale
Argentine
JP
Ministère de la justice
Chili
JP
Ministère de l’intérieur
Équateur
JP
Ministère de l’intérieur
Uruguay
JP
Ministère de l’intérieur
Canada
JP
Bureau national de statistique
Mexique
SP
Bureau national de statistique
Belize
JP
Police nationale
El Salvador
JP
Police nationale et Procureur général
Panama
JP
Police nationale
Honduras
JP
Police nationale
Brésil
JP
Ministère de la justice
Colombie
SP
Institut national de médecine légale et scientifique
Costa Rica
JP
Appareil judiciaire
SP: Sources de la santé publique; JP: Sources de la Justice pénale
conformément aux pratiques et aux définitions
nationales, qui sont généralement liées aux législations internes. Les comparaisons entre pays
devraient donc être menées avec précaution.
Chapitre 4:
Homicides liés aux violences
conjugales et/ou familiales
Les données sur les homicides liés au partenaire
et/ou aux proches sont issues des données de la
justice pénale produites par les autorités nationales. Les données ont été compilées conformément
aux pratiques et définitions nationales. Les comparaisons entre les pays devraient donc être menées
avec précaution
Chapitre 5:
Victimes d’homicides, par sexe
Les données sur les victimes d’homicides réparties
par sexe ont été compilées à partir de diverses
sources, sous réserve des critères analysés au chapitre 7 et de la disponibilité des données. Au total, les
données incluses concernent 193 pays (voir
tableau 9.4): dans la vaste majorité des cas, la source
consiste en données issues de la santé publique
(136), tandis que dans 57 cas, les données proviennent de la justice pénale.
Calcul du risque cumulé d’homicide
Le risque cumulé d’être victime d’homicide a été
calculé pour quatre pays différents représentant
différents scénarios qui reflètent divers types de
typologies et de niveaux d’homicides.
Les données issues du projet Global Burden of
Injuries ont été utilisées pour calculer le risque
d’être victime d’homicide pour chaque année
successive entre les âges de 20 et 30 ans, pour
chaque année entre 1996 et 2006.
Pour toute année (et donc âge/sexe), le risque
d’être victime d’homicide est r = 2h/2+h, où h est
le taux d’homicides pour l’année, le sexe et l’âge
considérés. Cette petite correction du taux est
appliquée pour dériver le risque à partir du taux,
compte tenu que le risque est calculé sur le
101
8
ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide
groupe humain au début de l’année, tandis que le
taux est calculé sur la population à mi-année.
Le taux cumulé (R) est la somme des taux annuels
pour un âge spécifique sur une année donnée, et le
risque cumulé (ou probabilité) est donné par
P = 1-exp(-R)6.
Chapitre 6:
Homicides au niveau infranational
Pour les pays d’Europe en 2005, les taux
d’homicides au niveau infranational sont issus
d’Eurostat7. Les données sont ventilées conformément à la classification régionale de la Nomenclature des unités territoriales statistiques (NUTS).
Les taux d’homicides infranationaux pour les
pays des Amériques (à l’exclusion des Caraïbes)
ont été compilés pour tous les pays sauf cinq,
pour la période 2007-2010, à partir de diverses
sources, essentiellement celles de la justice pénale.
Le tableau 8.6 passe ces sources en revue.
6
Day, N.E., A new measure of age-standardized incidence,
the cumulative rate, (1976).
7 Commission européenne, Investir dans l’avenir de l’Europe,
Cinquième rapport sur la cohésion économique, sociale et
territoriale (2010).
102
9. ANNEXE STATISTIQUE
Abréviations
Type de source:
JP
SP
Justice pénale
Santé publique
Sources
de données:
BNS Bureau national de statistique
CTS
Eurostat
GBI
Interpol
OCAVI
OEA
OMS
OMS-HFA
OMS-MDB
ONG (a-f )
PAHO
SES
Transmonee
UN-CASA
UN-OCHA
UN-PKO
UNU
Les données sont fournies chaque année à l’ONUDC par la police nationale, les bureaux nationaux de statistique, ou autres autorités nationales compétentes par le canal de l’Enquête des
Nations Unies sur les tendances de la criminalité et le fonctionnement des systèmes de justice
pénale (CTS). Pour davantage de précisions, voir: http://www.unodc.org.
Office statistique de l’Union européenne
Global Burden of Injuries, Injury Mortality Data Collection
Organisation internationale de police criminelle (OIPC)
Observatorio Centroamericano sobre Violencia – Observatoire d’Amérique centrale sur la
violence. Alimenté par les données de la police nationale.
Organisation des États américains
Organisation mondiale de la Santé, Ensemble de données sur les causes de décès, 2008
Base de données Santé pour tous, de l’Organisation mondiale de la Santé
Base de données sur la mortalité, de l’Organisation mondiale de la Santé
Organisation non gouvernementale: a) Fondation Cleen; données sur les homicides basée sur
des rapports de police annuels; b) Mayra Brea de Cabral et Edylberto Cabral (2009), “Violence
in the Dominican Republic: nature, recent developments and prospects for control”. Données
de la police nationale et du Procureur général de la République dominicaine; c) Annita
Montoute et David Anyanwu (2009), “Situational Analysis of Gun Related Crime in the
Caribbean: The Case of Trinidad & Tobago; Antigua & Barbuda; St Vincent & the Grenadines
and St. Lucia”; d) Programme vénézuélien d’action et d’éducation aux droits de l’homme
(PROVEA); e) Rod Broadhurst et Thierry Bouhours (2009), “Policing in Cambodia: legitimacy
in the making?”, Présence policière et société. Données basées sur les meurtres enregistrés par la
police judiciaire.
Système central de données sur la santé, de l’Organisation panaméricaine de la santé
Système régional de sécurité citoyenne normalisée et d’indicateurs de coexistence
Base de données Transmonee de l’UNICEF. Centre de recherche Innocenti, Florence
Coordination de l’action concernant les armes légères (ONU)
Office des Nations Unies pour la coordination des actions humanitaires
Opérations de maintien de la paix (ONU)
Université des Nations Unies. World Institute for Development Economics Research.
Document de recherche n° 2004/5
103
104
2,3
2,5
2,9
3,4
2007
2008
2,9
6,5
6,4
6,8
7,3
7,4
4,8
8,7
4,3
3,7
3,9
8,3
5,6
5,1
3,5
5,2
4,5
8,8
3,5
3,7
17,1
2,4
4,1
13,8
1,9
OMS †
SP
Sao Tomé-et-Principe
20,7
OMS †
SP
Gabon
OMS †
SP
Guinée équatoriale
4,7
21,7
OMS †
4,5
SP
4,5
30,8
5,2
UN-PKO
JP
République démocraque du Congo
15,8
OMS †
SP
29,3
OMS †
19,0
SP
2,3
14,3
7,7
38,0
19,7
5,4
7,4
OMS †
4,5
5,1
8,7
24,5
36,3
OMS †
SP
8,2
7,7
SP
CTS
OMS †
JP
INTERPOL
JP
SP
AFRIQUE
7,0
Afrique centrale
6,3
7,6
Congo
Tchad
Cameroun
Angola
OMS †
SP
OMS †
SP
CTS
CTS
JP
JP
OMS †
SP
OMS †
INTERPOL
SP
JP
CTS
JP
Ouganda
Zimbabwe
8,0
4,2
5,1
2,8
1,5
5,4
2,6
2,3
5,9
2,4
OMS †
10,8
5,0
2,2
CTS
9,0
2,2
2,7
OMS
SP
République-Unie de Tanzanie
4,9
2,9
JP
OMS †
SP
2,4
SP
Police naonale
GBI
JP
UN-CASA
JP
SP
Somalie
Seychelles
Rwanda
Mozambique
CTS
OMS-MDB
JP
SP
Maurice
8,1
36,0
OMS †
SP
UNU
OMS †
20,1
3,7
25,5
JP
2,8
4,0
SP
OMS †
SP
Malawi
Madagascar
CTS/Police naonale
JP
OMS †
Kenya
INTERPOL
JP
SP
Éthiopie
1,9
3,5
2006
3,4
3,5
2005
17,8
6,5
2004
OMS †
2,6
2003
Année
OMS †
SP
SP
Djibou
Érythrée
2,1
2002
21,7
3,0
2001
12,2
8,5
2000
OMS †
2,2
AFRIQUE
1999
Afrique orientale
1998
SP
1997
Comores
1996
OMS †
1995
SP
Source
Burundi
Pays/Territoire
9.1. Taux d’homicides par pays et par source (1995-2010)
4,9
4,2
3,0
2009
4,7
2,9
2010
ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide
AFRIQUE
1999
2000
1,1
22,0
51,2
1,2
1,6
21,7
48,6
2,9
0,3
11,6
0,6
19,9
37,9
10,8
56,9
0,4
13,1
18,0
0,7
15,1
41,0
36,8
27,4
22,9
23,9
1,1
24,2
4,1
0,8
1,4
2,9
0,2
1,0
1,5
7,2
2008
SP
SP
SP
Mali
Mauritanie
Niger
OMS †
JP
SP
Libéria
8,0
14,7
3,8
OMS †
OMS †
OMS †
4,8
10,1
UN-PKO
SP
SP
Guinée
22,5
0,5
31,6
39,7
3,7
1,7
0,2
0,9
1,3
2007
20,2
0,4
25,7
38,8
11,7
1,6
0,2
0,4
0,6
2006
OMS †
0,4
0,6
12,9
28,5
39,8
13,2
1,5
0,2
0,7
0,6
2005
OMS †
0,6
12,4
26,1
42,5
17,2
1,6
0,2
0,4
1,4
2004
1,8
0,6
24,7
46,8
1,2
1,7
2,3
0,7
2,0
2003
Année
1,6
2002
15,7
27,0
47,2
1,3
1,9
2001
OMS †
Afrique occidentale
AFRIQUE
21,5
57,7
Afrique méridionale
AFRIQUE
0,9
1,9
0,1
Afrique septentrionale
1998
SP
22,2
57,1
1997
Police naŽonale
OMS †
48,3
60,4
1996
JP
INTERPOL
JP
OMS †
SP
SP
CTS
JP
OMS †
18,7
64,9
1995
Guinée-Bissau
Ghana
Gambie
Côte d’Ivoire
UN-OCHA
JP
SP
SP
OMS †
JP
Burkina Faso
Cap-Vert
NSO
SP
OMS †
CTS
OMS †
JP
OMS-MDB
SP
SP
Police naŽonale
OMS †
JP
INTERPOL
JP
SP
CTS
OMS †
JP
OMS †
SP
SP
CTS
JP
CTS
OMS †
JP
SP
CTS
OMS †
JP
OMS †
SP
SP
CTS
OMS †
JP
INTERPOL
JP
SP
CTS
OMS-MDB
JP
SP
OMS †
SP
Bénin
Swaziland
Afrique du Sud
Namibie
Lesotho
Botswana
Tunisie
Soudan
Maroc
Jamahiriya arabe libyenne
Égypte
CTS
JP
Source
A
Algérie
Pays/Territoire
3,8
1,8
33,8
33,6
14,5
1,4
1,2
2009
3,2
1,4
2010
ANNEXE STATISTIQUE
105
9
106
PAHO
Saint-Vincent-et-les Grenadines
Sainte-Lucie
Saint-Ki—s-et-Nevis
Police na‚onale
JP
SP
Porto Rico
PAHO
OEA/ONG (c)
PAHO
JP
SP
OEA
PAHO
JP
PAHO
SP
OEA/Police na‚onale
JP
SP
PAHO
SP
SP
PAHO
Montserrat
Police na‚onale
JP
OMS
SP
CTS/Police na‚onale
JP
PAHO
SP
UNPKO
JP
PAHO
SP
Police na‚onale
JP
SP
OEA
PAHO
JP
SP
PAHO
An‚lles néerlandaises
Mar‚nique
Jamaïque
Haï‚
Guadeloupe
Granade
ONG (b)/SES
JP
PAHO
SP
SP
OEA
JP
République dominicaine
PAHO
SP
Cuba
Dominique
PAHO
PAHO
SP
SP
PAHO
Îles Vierges britanniques
CTS/OEA
JP
SP
OEA
PAHO
JP
SP
PAHO
Îles Caïmanes
Barbade
Bahamas
OEA/Police na‚onale
SP
JP
PAHO
JP
Anguila
SP
BNS
SP
An‚gua-et-Barbuda
16,7
15,9
1,1
1,6
2003
Année
1,6
2002
2,3
1,2
1,9
2004
1,9
1,5
2005
1,9
1,4
2006
2,4
1,3
2007
12,4
18,5
11,0
14,3
9,3
25,1
23,3
0,0
31,7
0,0
9,8
12,7
5,5
7,8
6,0
10,5
6,1
15,0
10,6
0,0
7,9
22,2
8,1
7,1
9,2
24,9
23,3
8,5
9,1
37,2
3,0
10,5
12,8
6,7
2,9
10,8
14,4
3,5
8,3
8,7
17,8
15,8
23,4
19,3
7,5
0,0
41,4
13,4
12,7
5,5
6,8
5,7
0,0
16,2
17,4
22,2
9,3
5,1
17,8
21,3
17,2
9,8
27,8
37,6
15,4
13,5
1,4
7,9
2,8
0,0
7,5
16,6
0,0
10,4
13,0
10,6
25,7
13,2
17,4
15,6
7,7
0,0
33,2
14,6
15,0
12,6
6,9
5,9
0,0
5,0
8,6
18,1
0,0
Caraïbes
12,9
18,5
18,3
14,6
17,3
13,0
17,7
18,2
0,0
1,8
34,4
0,5
0,0
14,8
12,7
14,1
1,4
2,9
5,8
10,4
0,0
9,8
7,5
20,8
24,9
3,0
5,2
8,8
10,3
11,1
16,9
21,4
13,0
12,8
19,7
19,6
0,0
3,6
43,7
15,7
2,4
0,0
5,9
9,6
12,5
1,4
1,4
5,9
4,8
9,7
9,3
16,2
14,3
13,4
8,8
0,0
6,2
13,9
18,5
24,4
26,2
10,7
10,6
18,8
20,5
0,0
2,1
39,8
19,7
3,5
2,0
13,7
8,5
14,4
14,1
13,0
7,0
4,7
11,9
9,3
16,3
17,0
5,9
8,5
16,6
21,0
22,2
21,0
20,9
19,1
20,7
0,0
3,0
36,8
21,3
2,0
8,8
7,6
21,1
9,8
11,6
6,4
7,1
9,2
9,5
12,2
15,8
16,1
2,5
6,1
8,0
7,6
26,7
24,9
23,2
22,0
18,9
22,7
18,5
21,0
2,3
55,2
14,5
2,5
5,9
5,9
9,9
24,5
5,6
11,6
6,5
11,7
18,0
1,6
8,1
13,7
14,0
8,8
4,8
0,0
22,1
22,1
17,6
20,6
16,3
19,3
20,4
22,1
3,5
4,8
62,4
3,4
5,2
1,0
10,7
25,8
11,6
6,2
9,2
16,9
16,3
3,6
7,4
28,6
11,9
11,9
23,4
2,1
34,1
18,3
19,8
21,6
5,8
49,7
6,4
5,3
33,9
33,0
14,8
8,2
31,7
18,1
19,4
5,7
58,4
5,1
1,0
10,6
22,1
10,2
5,5
9,2
23,7
19,8
27,8
1,9
11,6
22,8
1,4
7,3
5,5
8,6
18,1
12,9
19,1
4,9
12,9
29,7
8,2
24,7
22,9
26,5
45,0
21,5
19,7
4,2
50,6
59,5
5,0
7,0
1,0
13,5
24,8
10,3
4,6
8,5
21,6
16,1
6,8
2,6
8,7
12,2
1,3
2008
10,9
0,0
1,7
2001
14,9
9,0
1,0
2000
OMS †
9,8
1,4
1999
AMÉRIQUES
1,4
1998
OMS †
0,0
1,5
1997
SP
10,2
1,4
1996
CTS
OMS †
1,4
1995
JP
SP
OMS †
INTERPOL
SP
JP
ONG (a)
JP
Source
Togo
Sierra Leone
Sénégal
Nigéria
Pays/Territoire
18,3
22,6
52,2
23,8
61,6
6,1
6,7
24,2
19,1
7,0
25,1
18,2
2009
22,0
25,2
38,2
26,2
52,1
6,9
11,5
24,9
22,1
11,3
28,0
6,8
2010
ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide
PAHO
Guyane française
Équateur
Colombie
Chili
Brésil
Bolivie (État plurina
onal de)
Argen
ne
États-Unis d’Amérique
Canada
Bermudes
Panama
Nicaragua
Mexique
Honduras
Guatemala
El Salvador
Costa Rica
CTS/OEA
JP
SP
Belize
PAHO
8,1
Police na
onale
PAHO
JP
PAHO
SP
Police na
onale
JP
PAHO
SP
Police na
onale
JP
SP
CTS
PAHO
JP
PAHO
SP
Ministère de la jus
ce
JP
OMS †
SP
Police na
onale
JP
SP
13,4
76,6
69,7
3,2
25,7
7,8
PAHO
4,2
8,3
JP CTS/Ministère de la jus
ce
PAHO
1,7
2,0
14,1
15,2
18,4
19,7
32,5
51,2
SP
Police na
onale/OEA
JP
SP
BNS
PAHO
JP
PAHO
SP
Police na
onale
JP
PAHO
SP
Police na
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JP
PAHO
SP
Police na
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JP
PAHO/BNS
SP
CTS/Police na
onale
JP
OMS †
SP
OCAVI/Police na
onale
JP
PAHO
SP
CTS/Police na
onale
JP
PAHO
SP
Police na
onale
JP
SP
139,1
5,3
5,2
PAHO
JP CTS/Ministère de la jus
ce
7,1
10,7
1995
SP
PAHO
SP
SP
PAHO
SP
Îles Turques et Caïques
OEA/Police na
onale
JP
Source
Îles Vierges américaines
Trinité-et-Tobago
Pays/Territoire
16,1
80,1
71,8
3,0
27,0
4,7
8,5
7,6
7,3
1,7
2,1
6,6
9,4
9,1
11,7
14,0
17,0
21,2
35,3
52,3
117,3
5,5
5,3
6,7
9,6
1996
12,5
75,0
67,2
2,5
28,7
4,8
9,1
7,1
6,7
1,4
2,0
1,6
12,2
11,3
11,7
14,1
15,8
17,7
28,7
38,1
45,5
112,6
5,6
5,8
27,6
12,8
8,3
1997
24,6
0,0
8,9
7,2
1999
10,6
9,8
13,0
11,2
14,4
14,8
42,1
18,0
24,2
50,7
65,0
6,1
6,4
16,8
18,8
12,0
10,1
13,0
9,4
12,3
13,9
51,1
19,3
25,8
45,4
59,8
6,3
6,4
23,3
0,0
5,9
5,6
1,5
1,8
1,6
15,3
80,1
60,1
2,8
29,5
4,7
7,2
17,7
80,7
62,3
3,0
30,4
5,3
7,3
Amérique du Sud
AMÉRIQUES
6,4
6,2
1,6
1,9
0,0
6,4
16,9
80,7
66,7
5,1
29,7
5,8
7,2
5,8
5,5
1,5
1,8
0,0
1,6
Amérique septentrionale
AMÉRIQUES
10,8
9,9
10,0
13,0
15,9
14,7
26,2
30,9
53,2
95,0
5,7
6,0
21,1
20,8
0,0
12,1
9,3
2000
Amérique centrale
AMÉRIQUES
22,9
0,0
8,5
7,6
1998
7,0
15,9
83,6
68,9
5,4
31,4
7,0
8,2
7,0
5,6
1,5
1,8
3,2
3,2
12,4
10,2
13,7
10,4
11,7
13,7
55,0
20,0
28,1
43,7
60,2
6,1
6,4
21,5
24,9
25,3
0,0
15,1
11,6
2001
8,5
16,3
89,1
70,2
5,3
32,3
7,6
9,2
6,0
5,6
1,5
1,9
0,0
4,7
14,9
12,4
12,5
10,6
11,3
12,8
56,0
23,7
30,8
42,5
47,3
5,8
6,3
25,0
33,1
36,9
9,0
13,7
5,3
13,8
72,8
56,4
5,2
33,1
7,3
7,6
5,9
5,7
1,4
1,7
1,5
3,1
13,8
10,8
18,7
12,0
11,3
12,2
33,6
27,8
35,0
43,0
55,9
7,3
7,2
21,8
24,9
28,3
0,0
17,5
2003
Année
13,1
2002
8,0
29,8
17,9
65,6
47,7
5,3
31,1
22,5
5,8
5,9
5,8
5,5
1,6
2,0
1,5
3,1
12,4
9,7
18,8
12,1
10,6
11,1
32,0
27,5
36,3
57,7
64,6
6,5
6,6
14,5
28,7
33,2
22,3
19,9
2004
5,7
22,3
18,4
52,5
42,1
5,8
3,5
29,2
22,4
6,5
5,2
5,5
6,0
5,6
2,1
3,0
4,7
13,5
11,2
17,5
13,4
10,5
10,6
35,1
34,6
42,0
61,3
62,4
7,7
7,8
16,6
28,8
31,4
0,0
30,2
29,3
2005
20,1
21,2
55,3
40,0
5,6
3,6
31,2
22,7
5,7
5,0
5,3
6,0
5,7
1,9
4,7
12,7
11,3
13,2
13,1
11,2
10,9
43,0
33,3
45,1
63,8
64,7
8,0
8,0
16,3
32,1
40,1
30,2
28,1
2006
13,1
20,7
54,0
38,8
4,5
3,7
29,3
22,3
7,6
4,5
5,3
5,9
5,6
1,8
4,7
15,5
13,3
12,8
8,1
9,4
50,1
33,8
43,3
65,9
57,3
7,1
8,3
11,9
33,1
39,2
29,5
2007
14,6
21,7
35,9
3,5
29,9
22,8
3,2
7,5
4,4
5,8
5,3
1,8
7,7
20,2
19,2
13,1
12,7
11,9
19,7
61,3
40,7
46,0
64,2
51,9
8,7
11,3
12,6
34,4
8,9
41,1
2008
18,4
34,6
3,7
22,7
6,9
5,5
5,0
1,8
9,3
23,6
14,0
17,7
14,4
70,7
46,3
70,9
11,4
31,8
37,9
2009
18,2
33,4
8,9
4,6
7,7
21,6
13,2
21,5
18,1
82,1
41,4
66,0
11,3
41,7
35,2
2010
ANNEXE STATISTIQUE
107
9
108
Cambodge
Brunéi Darussalam
ONG (e)
OMS †
JP
SP
CTS
OMS-MDB
JP
SP
OMS-MDB
SP
OMS †
Police naonale
JP
SP
République de Corée
CTS
BNS
JP
JP
Macao (Chine)
CTS
OMS-MDB
JP
OMS-MDB
SP
CTS/Police naonale
JP
SP
Mongolie
Japon
Hong Kong (Chine)
OMS †
BNS
BNS
OMS
JP
OMS-HFA
SP
SP
CTS/Transmonee
JP
OMS
SP
OMS-HFA
Transmonee
JP
11,1
3,6
1,9
0,6
0,5
1,2
8,3
6,8
5,0
7,9
9,1
4,7
3,0
2,0
0,6
0,5
1,2
8,4
6,5
4,9
7,2
15,7
8,3
15,3
16,7
6,8
2,6
2,2
0,6
0,5
1,6
7,9
5,0
4,4
6,2
13,9
8,4
11,5
9,3
19,8
19,4
25,0
ASIE
19,2
15,7
ASIE
3,9
4,1
8,0
8,5
5,8
9,2
8,8
17,8
ASIE
1,8
9,7
0,7
0,5
0,9
5,7
6,6
1,3
4,8
1,3
Asie du Sud-Est
2,2
0,7
0,6
1,0
6,1
Asie orientale
4,5
4,4
7,6
11,1
8,1
9,5
8,8
19,7
16,6
Asie centrale
13,7
32,9
4,6
1,2
1,9
2,0
0,7
0,5
0,6
5,1
3,8
4,3
7,7
6,4
4,6
9,6
8,3
17,9
15,5
29,3
32,1
3,2
1,7
2,3
0,6
0,5
0,8
1,0
4,8
3,9
4,3
7,1
5,7
3,7
8,2
7,7
16,6
14,5
29,4
3,3
1,8
2,1
0,6
0,5
1,0
1,0
5,1
2,0
3,8
4,2
5,8
4,5
2,9
7,6
8,2
13,8
13,2
34,1
38,1
6,9
3,1
11,9
2,7
4,3
19,8
20,5
3,9
0,6
1,9
2,1
0,6
0,5
0,9
0,8
4,7
1,9
2,7
3,8
5,3
3,5
2,6
7,6
8,4
14,7
13,3
34,6
44,1
4,7
5,9
4,1
12,3
2,9
4,9
21,0
24,1
27,8
2003
Année
19,2
2002
7,8
8,3
16,0
13,9
32,5
37,1
4,6
6,0
1,6
14,4
3,0
5,6
22,4
20,9
14,1
17,6
2004
3,9
1,4
2,0
2,3
13,2
2,1
0,6
0,5
0,6
0,7
4,0
1,9
3,0
3,7
5,1
3,1
2,2
JP
SP
16,7
21,1
18,4
14,1
4,9
6,6
4,9
16,7
3,0
4,9
20,7
9,1
10,7
2001
2,2
7,5
22,0
14,8
5,4
4,6
4,6
3,2
5,0
20,1
10,1
2000
CTS
16,9
11,7
22,4
15,4
20,3
5,8
6,9
2,6
5,1
17,5
4,5
12,4
1999
Transmonee
OMS-HFA
JP
CTS/Transmonee
JP
OMS-HFA
SP
Transmonee
JP
PAHO
SP
ONG (d)
JP
SP
4,7
8,4
5,4
18,5
2,9
15,5
1998
5,5
4,4
4,7
4,2
18,0
3,8
11,9
1997
6,4
PAHO
4,7
3,3
4,4
20,0
4,3
12,1
1996
JP Ministère de l’intérieur/SES
4,8
5,5
18,6
7,2
15,0
1995
SP
OEA
PAHO
JP
PAHO
SP
Police naonale/SES
JP
SP
OEA
PAHO
JP
PAHO
SP
SP
OEA/BNS
Source
JP
République populaire démocraque de Corée SP
Taïwan (Province de Chine)
Chine
Ouzbékistan
Turkménistan
Tadjikistan
Kirghizistan
Kazakhstan
Venezuela (République bolivarienne du)
Uruguay
Suriname
Pérou
Paraguay
Guyana
Pays/Territoire
3,4
0,0
2,0
2,3
15,6
0,5
0,5
0,6
0,5
4,0
1,6
3,4
3,5
4,9
2,4
2,4
1,9
8,8
9,7
14,3
12,2
31,9
37,4
5,7
2,2
13,8
2,9
5,8
17,6
18,2
18,7
19,0
2005
0,5
1,8
2,3
13,0
0,5
0,4
0,5
0,5
4,0
1,4
3,3
4,4
4,3
2,8
7,6
8,8
13,3
11,5
32,8
45,2
6,1
12,3
2,7
5,9
16,1
15,5
20,8
21,8
2006
2,3
10,8
2,2
0,4
0,4
0,3
0,3
3,8
1,2
3,1
2,3
1,8
7,4
8,1
12,7
10,8
34,7
47,7
5,8
8,8
3,0
5,7
16,9
14,8
15,3
2007
21,5
2,3
3,9
7,4
1,5
0,5
0,5
0,5
15,2
3,5
1,6
1,1
3,1
11,8
1,8
1,4
6,5
8,0
11,7
10,7
52,0
6,6
8,3
5,6
16,4
15,1
21,0
2008
2,9
7,6
1,9
0,4
0,7
3,6
1,4
8,0
7,9
49,0
6,8
4,6
5,2
13,4
15,5
2009
0,5
6,1
11,5
18,4
2010
ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide
Bahrein
Azerbaïdjan
Arménie
Sri Lanka
Pakistan
Népal
Maldives
Iran (République islamique d’)
Inde
CTS
OMS-MDB
JP
SP
CTS
OMS-HFA
JP
OMS-HFA
SP
CTS/Transmonee
JP
OMS-MDB
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Police naonale
JP
SP
BNS
OMS †
JP
SP
BNS
OMS †
JP
SP
CTS
OMS
JP
SP
BNS
OMS
JP
OMS
SP
Police naonale
JP
SP
BNS
OMS †
JP
SP
SP
OMS †
JP
Bangladesh
Bhoutan
Police naonale
SP
OMS †
CTS
OMS
JP
OMS †
SP
UNPKO
JP
OMS-MDB
SP
Police naonale
JP
OMS-MDB
SP
CTS/Police naonale
JP
OMS-MDB
SP
SP
CTS
JP
BNS
OMS †
JP
SP
CTS
OMS-MDB
JP
SP
OMS †
SP
OMS †
Police naonale
SP
JP
INTERPOL
JP
Source
Afghanistan
Viet Nam
Timor-Leste
Thaïlande
Singapour
Philippines
Myanmar
Malaisie
République démocraque populaire lao
Indonésie
Pays/Territoire
9,4
5,3
3,6
0,8
4,4
6,0
7,6
0,9
1,5
3,8
1,9
1995
7,9
3,6
3,6
6,9
4,4
9,7
7,4
0,7
0,9
2,1
1996
0,7
6,4
3,1
3,2
4,8
6,9
2,5
2,3
4,4
6,1
7,9
0,8
1,1
2,5
1997
ASIE
11,4
8,1
1,0
1,0
14,7
7,5
2,6
1999
ASIE
4,7
6,6
2,6
4,2
0,6
6,0
3,3
3,0
0,6
4,8
3,3
2,9
Asie occidentale
4,3
7,4
2,8
4,5
1,6
3,2
2,5
3,0
5,1
6,2
2,6
4,2
3,2
2,6
8,7
8,1
1,2
0,9
17,4
7,4
2,3
1,0
2,4
2000
Asie méridionale
8,1
8,7
0,7
1,0
8,0
2,8
1998
0,9
2,7
2,4
2,9
4,1
6,5
3,4
2,5
4,0
3,2
7,9
0,9
0,8
18,2
7,4
2,0
1,6
2001
2,8
2,2
2,3
4,5
6,2
3,4
2,8
3,9
3,1
7,8
7,0
1,0
0,5
18,4
8,1
1,8
0,5
2,6
1,9
2,2
3,7
6,1
2,9
1,4
3,5
0,8
9,8
1,1
0,6
17,9
7,8
1,7
1,6
0,7
2003
Année
1,3
2002
1,0
1,9
2,4
6,2
3,5
3,6
2,3
2,8
2,4
6,5
0,5
7,6
1,6
1,6
0,6
2004
0,6
1,8
6,2
6,1
3,3
3,5
1,7
2,6
1,7
4,6
7,2
0,5
7,5
1,5
1,4
1,9
2005
0,9
1,9
2,4
10,2
6,2
2,3
3,5
1,3
2,9
1,9
4,7
9,3
7,0
0,4
7,1
1,7
1,8
2,3
2006
0,4
2,1
2,3
8,2
6,4
3,1
1,0
3,4
1,2
2,7
5,8
6,5
0,4
6,7
1,6
2007
0,6
2,1
1,8
2,5
7,3
3,6
7,2
8,5
3,2
0,7
1,6
1,4
4,4
3,4
4,8
1,0
8,4
2,8
2,4
1,6
6,9
3,2
5,8
0,4
6,5
10,2
4,6
8,1
2008
2,2
4,6
7,3
2,8
3,0
3,4
2,9
2,9
5,4
0,5
5,4
2009
2,7
3,5
5,3
0,5
2010
ANNEXE STATISTIQUE
109
9
110
République de Moldova
Pologne
Hongrie
République tchèque
Bulgarie
Bélarus
Yémen
Émirats arabes unis
Turquie
République arabe syrienne
Arabie saoudite
2,2
0,9
1,5
1,6
0,5
2,5
4,2
5,0
1998
2,1
0,9
0,5
1,7
2,1
2,2
2,3
3,5
5,1
1999
2,2
0,9
0,2
1,3
3,3
2,4
3,2
5,0
2000
2,3
1,1
0,6
1,8
6,0
3,6
3,9
5,6
2001
2,2
1,3
0,7
1,3
7,9
3,6
6,3
2002
2,3
1,1
0,6
2,7
5,3
3,2
2,4
1,3
0,8
4,2
3,1
4,5
3,8
2,7
6,2
1,5
1,6
2004
Année
6,6
2003
2,3
1,2
0,7
4,1
3,8
2,9
1,3
3,1
2,5
9,0
1,7
1,9
2005
2,4
1,0
0,2
2,1
1,8
1,8
2,9
2,8
7,3
1,6
1,4
2006
1,0
2,5
0,7
2,6
3,1
0,7
1,9
7,5
1,4
1,2
2007
CTS
OMS-HFA
JP
SP
CTS
OMS-HFA
JP
SP
CTS
OMS-HFA
JP
SP
CTS
OMS-HFA
JP
OMS-HFA
SP
CTS/Eurostat
JP
SP
CTS
OMS-HFA
JP
OMS †
SP
SP
BNS
JP
CTS
OMS †
JP
SP
CTS
OMS
JP
OMS
17,6
9,3
2,8
2,2
3,2
2,9
1,8
4,6
5,9
11,8
14,4
9,2
2,7
2,3
3,0
2,6
1,6
4,9
5,3
11,3
10,0
13,5
9,7
2,1
3,0
2,8
1,5
4,3
4,9
11,9
EUROPE
12,3
8,9
4,9
3,1
2,8
1,6
3,5
4,7
12,5
10,2
10,1
11,3
12,3
10,1
2,1
9,4
5,7
2,3
2,5
2,0
1,6
3,3
4,1
11,1
4,7
2,7
2,5
1,5
2,7
4,1
11,1
9,6
Europe orientale
9,7
11,4
10,2
1,7
2,0
2,2
2,5
1,2
3,0
3,9
10,9
9,9
9,8
10,1
1,8
1,9
2,4
2,0
1,3
2,7
3,2
11,0
9,1
9,1
1,5
1,7
1,8
2,3
1,3
2,4
3,2
9,0
8,9
3,6
1,3
4,3
7,3
7,9
1,5
1,7
2,0
2,1
1,2
1,3
2,6
3,1
8,7
8,3
3,2
0,7
4,3
7,6
7,1
1,4
1,5
1,6
1,6
0,9
0,9
2,1
2,5
8,4
8,4
4,6
1,4
4,9
7,2
6,9
1,5
1,3
1,8
1,7
1,0
1,2
1,6
2,4
7,5
4,2
0,8
4,6
6,3
5,9
1,3
1,4
1,6
1,5
1,1
1,1
1,6
2,2
6,2
6,7
4,1
3,6
2,8
2,0
1,6
1,4
0,5
2,8
2,0
5,8
1997
BNS
9,5
4,4
1,9
1,1
2,1
0,6
5,4
1996
3,1
9,3
1,2
1,7
1,5
2,1
0,0
7,7
1995
CTS
SP
SP
JP
BNS
OMS †
JP
SP
CTS
OMS
JP
SP
OMS †
SP
Qatar
CTS
JP
CTS
JP
OMS †
Oman
Police na’onale
JP
OMS-MDB
SP
SP
CTS
JP
Territoire pales’nien occupé
Liban
Koweït
CTS
OMS
SP
JP
OMS-HFA
JP
SP
OMS †
CTS/BNS
SP
Iraq
Israël
Jordanie
OMS-HFA
SP
OMS-HFA
SP
CTS/Transmonee
CTS
JP
Source
JP
Géorgie
Chypre
Pays/Territoire
6,7
6,4
1,2
1,2
1,8
1,5
0,8
1,0
1,4
2,3
5,6
2,1
3,9
0,3
2,9
3,3
2,6
2,7
3,0
2,7
0,6
0,9
2,2
0,7
1,7
6,0
1,1
2,2
7,1
2,3
2,0
6,0
1,2
0,8
2008
6,7
1,3
1,2
1,4
0,9
0,9
1,9
4,9
4,2
2,4
1,9
2,2
2,1
4,7
1,7
2009
7,4
2,2
2,1
4,1
2010
ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide
Bosnie-Herzégovine
Andorre
Albanie
CTS
OMS
SP
OMS †
JP
INTERPOL
JP
OMS-HFA
SP
CTS/Transmonee
JP
OMS-HFA
SP
SP
Eurostat
Eurostat
JP
Royaume-Uni (Écosse)
Royaume-Uni de Grande-Bretagne
et d’Irlande du Nord
Eurostat
JP
JP
Royaume-Uni (Irlande du Nord)
OMS-HFA
Eurostat
SP
JP
CTS/Eurostat
OMS-HFA
JP
CTS/Eurostat
JP
SP
CTS
OMS-HFA
JP
SP
CTS
OMS-HFA
JP
SP
OMS-HFA
SP
Royaume-Uni (Angleterre et pays de Galle)
Suède
Norvège
Lituanie
LeŽonie
CTS/Police naonale
JP
OMS-HFA
SP
Irlande
CTS
BNS
JP
JP
Groenlande
CTS
OMS-HFA
JP
OMS-HFA
SP
CTS/Eurostat
JP
OMS-HFA
SP
SP
CTS
OMS-HFA
8,4
6,7
1,1
2,6
1,5
1,5
1,1
1,1
1,0
12,4
18,7
14,0
0,8
1,2
0,0
25,2
3,2
2,9
24,3
17,1
1,2
1,1
15,3
8,7
8,0
0,9
2,6
2,3
1,3
1,3
1,1
1,0
1,0
9,7
16,3
11,7
1,0
1,2
0,7
5,4
3,6
3,0
21,2
15,1
1,2
1,3
15,2
41,0
49,9
0,7
1,8
2,5
1,4
1,1
1,0
1,0
0,9
9,5
16,6
11,0
1,0
1,0
1,2
19,7
2,7
2,7
16,3
12,7
1,3
1,7
13,1
9,5
EUROPE
12,5
9,2
2,3
2,6
26,2
3,4
2,5
1999
12,7
9,3
2,2
2,6
28,2
3,4
2,1
2000
1,0
EUROPE
0,8
2,4
2,0
1,5
1,2
1,1
0,9
0,8
8,4
13,0
10,4
1,1
1,0
0,4
0,7
21,4
2,9
2,8
17,1
11,4
1,2
18,6
19,9
15,8
16,1
1,1
10,4
1,3
4,0
9,0
1,1
2,1
2,9
1,6
1,0
1,0
1,2
1,1
9,9
12,8
9,6
1,1
1,0
1,9
1,8
24,9
2,8
2,9
13,4
Europe méridionale
0,8
1,9
4,5
1,5
1,2
1,1
1,0
0,9
8,9
13,3
11,2
1,0
1,0
10,7
2,4
2,2
19,0
14,1
1,0
0,9
Europe septentrionale
12,0
9,8
2,0
2,4
23,0
3,1
3,1
1998
7,6
6,8
0,4
2,2
3,1
1,7
0,9
0,9
0,8
0,8
10,2
12,5
10,1
1,1
1,3
0,8
0,4
30,1
3,0
3,0
15,1
10,1
0,9
1,0
12,0
9,5
2,1
2,4
29,8
3,3
2,5
2001
7,4
5,8
0,5
2,5
2,7
2,0
1,2
1,1
0,9
1,0
7,2
10,8
9,3
1,1
1,3
1,6
1,4
23,0
2,7
2,5
12,0
10,5
1,0
1,0
11,4
10,0
2,1
2,6
30,7
3,4
1,9
2,7
29,1
3,6
2,6
2003
Année
2,7
2002
5,9
4,6
0,5
2,1
1,9
1,7
1,0
0,9
1,1
1,1
9,3
10,5
9,2
1,0
1,1
0,0
10,6
2,0
2,0
11,1
10,9
1,2
1,2
10,5
7,6
9,0
2,7
2,6
23,9
3,6
3,2
1997
10,2
7,8
2,0
2,5
26,6
3,8
3,4
1996
CTS
2,1
2,4
30,8
4,1
3,4
1995
Transmonee
JP
SP
JP
OMS-HFA
SP
BNS
CTS/Transmonee
SP
JP
CTS
OMS-HFA
SP
JP
CTS
JP
Source
Islande
Finlande
Estonie
Danemark
Ukraine
Slovaquie
Fédéraon de Russie
Roumanie
Pays/Territoire
1,3
4,4
3,8
0,5
2,7
2,4
1,5
1,2
1,2
0,9
0,8
8,4
10,0
9,2
8,7
0,6
0,7
1,5
1,0
21,0
2,6
2,8
7,8
6,7
0,6
0,8
10,0
9,1
7,4
1,6
2,3
27,3
2,9
2,5
2004
1,9
4,2
0,5
1,8
1,7
1,3
1,0
0,9
0,7
0,7
8,9
10,9
10,4
5,5
1,0
1,3
1,2
1,0
19,2
2,2
2,2
8,9
8,4
1,0
1,0
9,0
8,6
6,4
1,5
2,0
24,9
2,4
2,1
2005
1,9
2,8
0,5
2,3
1,4
1,3
0,9
1,0
1,0
0,7
7,4
8,5
9,6
5,6
0,9
1,5
0,4
0,0
19,2
2,0
2,3
7,4
6,8
0,7
0,5
8,5
8,1
6,3
1,6
20,2
2,0
2,0
2006
1,7
3,3
0,4
2,2
1,7
1,4
1,2
1,2
0,6
0,6
7,0
8,2
8,3
4,1
1,1
1,8
0,7
0,7
7,0
2,3
2,4
6,7
6,9
0,7
7,2
5,7
1,6
17,9
1,8
1,9
2007
1,3
1,7
1,2
2,9
0,4
1,9
1,5
1,2
0,8
0,9
0,6
0,7
7,1
8,9
7,4
4,4
0,9
1,1
0,3
0,0
10,5
2,4
2,5
6,3
6,3
1,0
7,7
7,0
5,3
1,7
16,7
11,6
2,2
2,2
2008
0,3
1,2
1,5
1,5
1,1
1,0
0,6
0,6
5,6
7,5
4,8
1,1
1,3
0,4
0,3
2,0
2,3
5,2
0,9
4,8
1,5
15,1
11,2
2,0
1,8
2009
1,2
2010
ANNEXE STATISTIQUE
111
9
112
Suisse
Pays-Bas
CTS/Eurostat
OMS-HFA
JP
OMS-HFA
SP
SP
CTS
OMS †
SP
JP
CTS
OMS-HFA
JP
SP
Monaco
CTS
Eurostat
JP
JP
Liechtenstein
CTS
OMS-HFA
JP
SP
Eurostat
OMS-HFA
JP
SP
CTS
OMS-HFA
JP
OMS-HFA
SP
CTS/Eurostat
JP
OMS-HFA
SP
CTS/Eurostat
JP
SP
CTS
OMS-HFA
JP
SP
CTS
OMS-HFA
JP
SP
Eurostat
OMS-HFA
JP
OMS-HFA
SP
CTS/Eurostat
JP
SP
CTS
OMS-HFA
JP
OMS-HFA
SP
SP
CTS
OMS-HFA
SP
JP
CTS
OMS-HFA
JP
Luxembourg
Allemagne
France
Belgique
Autriche
ex-République yougoslave de Macédoine
Espagne
Slovénie
Serbie
Portugal
Monténégro
Malte
Italie
SP
OMS-HFA
CTS/Eurostat
SP
JP
CTS/Eurostat
JP
Croae
Grèce
Source
Pays/Territoire
0,9
1,2
1,3
1,8
0,8
1,2
1,7
1,1
1,6
1,4
1,0
1,0
1,7
0,9
0,6
2,3
2,2
1,7
0,9
1,5
1,8
1,2
1,4
3,2
3,6
1995
1,1
1,2
1,4
1,6
0,5
0,0
1,1
1,5
1,1
2,0
2,0
1,2
1,1
1,2
2,2
0,8
0,6
2,3
1,9
1,2
1,0
1,1
1,4
1,7
1,5
1,6
2,9
2,6
1996
1,4
1,2
1,3
1,5
0,4
0,0
0,9
1,4
0,9
1,7
1,8
1,4
1,0
0,8
2,3
0,8
0,5
2,2
1,8
1,3
1,1
0,6
1,2
1,5
1,5
1,9
2,6
2,6
1997
2,6
2,5
0,8
1,1
1,3
1,3
3,0
1,1
1,1
2,3
1,2
1,4
1,1
1,4
2,6
2,7
1999
2,7
2,7
1,0
1,2
1,0
1,8
2,5
2,2
1,0
1,1
0,9
1,0
1,3
1,0
1,4
2,7
2,5
2000
0,9
1,1
1,1
1,2
1,1
0,0
0,9
1,2
0,8
1,6
1,9
1,1
1,0
1,1
1,2
1,3
1,4
0,4
3,1
0,9
1,2
0,7
1,6
2,4
0,8
0,8
0,8
1,0
1,2
1,2
1,8
0,0
0,8
1,2
0,9
1,8
2,1
0,8
1,0
Europe occidentale
EUROPE
2,4
0,8
1,2
1,0
0,7
3,4
1,4
1,2
1,6
1,3
1,5
1,3
1,6
3,1
2,9
1998
1,1
1,2
1,3
1,2
2,4
0,0
0,7
1,1
0,9
1,8
2,8
1,0
0,9
6,4
3,0
1,0
0,8
1,4
2,7
2,4
1,3
1,0
2,9
1,5
0,9
1,2
0,9
1,3
1,9
1,9
2001
1,3
0,9
1,2
1,3
1,0
2,1
0,0
0,8
1,2
0,8
1,9
3,1
0,9
0,8
3,0
3,5
1,0
1,4
1,8
2,1
2,0
1,6
1,1
1,4
1,5
1,0
1,1
0,7
1,0
0,7
1,0
1,2
1,3
1,0
0,0
0,7
1,0
0,8
1,6
2,2
0,6
0,6
3,3
2,4
1,0
1,2
1,1
2,2
1,8
1,5
1,4
3,2
0,0
1,1
1,2
1,0
1,1
1,6
1,5
2003
Année
1,8
2002
1,0
1,1
1,2
1,4
2,8
0,5
2,9
0,7
1,1
0,7
1,6
1,7
2,6
0,7
0,7
2,8
1,4
1,8
1,4
1,6
1,9
0,9
1,4
2,2
1,5
1,7
1,2
0,8
1,0
1,7
1,9
2004
1,0
1,0
1,1
1,2
2,8
1,5
0,0
0,6
1,1
0,7
1,6
1,6
2,1
0,8
0,7
2,6
0,8
0,9
1,1
1,0
1,9
1,6
1,3
3,8
3,5
0,5
1,0
1,0
1,0
1,1
1,3
1,5
2005
0,6
0,8
0,8
1,0
2,8
1,5
1,5
0,0
0,6
1,0
0,7
1,4
2,1
0,8
0,7
2,5
0,8
0,8
0,5
0,6
1,8
1,6
1,5
4,0
0,0
0,9
1,1
0,7
1,0
1,8
1,7
2006
0,6
0,7
1,0
1,0
0,0
1,3
1,5
0,0
0,9
0,6
1,3
2,0
0,6
0,5
2,1
0,7
0,8
0,9
1,2
2,4
1,9
0,9
1,7
0,5
1,6
0,5
1,0
0,9
1,1
1,0
1,0
1,4
1,4
2007
0,7
1,0
1,1
0,0
0,0
1,5
2,5
2,8
0,9
0,7
1,4
1,9
0,5
0,5
1,8
0,8
0,9
0,6
0,5
1,7
1,5
1,4
1,2
2,3
3,7
1,4
1,4
1,0
1,2
1,0
1,7
1,6
2008
1,0
1,1
0,9
1,7
0,7
0,5
1,8
0,9
0,6
1,0
1,2
3,5
1,0
1,0
1,4
1,1
1,1
2009
0,8
1,9
2010
ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide
1998
OCÉANIE
1999
2000
1,8
1,4
1,3
1,6
1,6
1,6
1,6
1,2
1,8
1,5
1,5
1,5
4,9
3,1
1,4
1,1
1,3
4,4
2,8
1,2
1,1
0,8
1,3
2004
5,5
1,8
1,5
1,3
2005
4,8
9,8
1,2
0,7
1,4
2006
5,2
8,1
1,1
1,2
2007
JP
SP
SP
Polynésie française
Samoa
Tonga
OMS
OMS †
Police na€onale
Polynésie
1,0
1,1
3,4
9,8
0,0
OMS
2,7
0,6
OMS †
1,2
6,4
7,3
4,2
0,9
5,4
OMS †
OCÉANIE
Micronésie
OMS
Police na€onale
1,5
1,2
2009
2010
† †Les informations de ce pays ne précisent généralement pas les causes de la mort. Les estimations sont basées sur une modélisation des causes de décès et des données d’enregistrement des décès en
provenance d’autres pays de la région. D’autres informations au niveau du pays et des données sur les causes spécifiques ont également été utilisées.
SP
SP
Micronésie (États fédérés de)
SP
SP
Kiriba€
Nauru
JP
Guam
Palau
SP
3,7
13,0
0,9
1,2
1,2
2008
0,9
5,1
1,4
1,3
1,6
2003
Année
OMS †
1,3
1,5
1,3
1,6
2002
1,0
OCÉANIE
Mélanésie
OCÉANIE
1,5
1,4
1,6
2001
OMS †
1,9
1,8
1,7
1,5
Australie et Nouvelle-Zélande
1,7
1997
SP
1,5
1,7
1996
CTS
OMS †
SP
1,1
1,8
1995
JP
Police na€onale
OMS
JP
Interpol
JP
SP
OMS-MDB
Vanuatu
Îles Salomon
Papouasie-Nouvelle-Guinée
Fidji
Police na€onale
JP
OMS-MDB
SP
SP
CTS/BNS
JP
Australie
Nouvelle-Zélande
Source
Pays/Territoire
ANNEXE STATISTIQUE
113
9
114
CTS/Ministère de la jusce
Police naonale
JP
JP
JP
JP
JP
JP
JP
JP
SP
JP
JP
SP
JP
JP
JP
SP
JP
JP
JP
JP
JP
JP
JP
Zambie
Zimbabwe
République démocraque du Congo
Algérie
Égypte
Afrique du Sud
Libéria
Sierra Leone
Anguila
Bahamas
Barbade
Cuba
République dominicaine
Grenade
Jamaïque
Porto Rico
Saint-Ki–s-et-Nevis
Saint-Vincent-et-les Grenadines
Trinité-et-Tobago
Belize
Costa Rica
El Salvador
Guatemala
CTS/Police naonale
CTS/OEA
OEA
OEA
Police naonale
PAHO
CTS/Police naonale
OEA
SES/Police naonale
PAHO
CTS
OEA
PAHO
CTS
UNPKO
Police naonale
CTS
CTS
UNPKO
CTS
Police naonale
CTS/Police naonale
JP
Ouganda
CTS
JP
Source
Maurice
Pays/Territoire
47,3
41,5
1995
50,3
44,2
1996
1998
AFRIQUE
1999
68,3
AFRIQUE
Afrique centrale
AFRIQUE
72,2
Afrique orientale
1997
49,4
AFRIQUE
49,6
39,1
51,4
72,3
52,7
69,3
51,4
Amérique centrale
AMÉRIQUES
35,0
Caraïbes
AMÉRIQUES
Afrique occidentale
45,6
Afrique australe
AFRIQUE
Afrique septentrionale
9.2. Pourcentage des homicides par arme à feu (1995-2010)
72,6
40,0
49,3
65,6
2000
74,9
45,7
52,1
48,0
2001
75,5
50,8
50,8
0,0
47,0
2002
81,4
49,0
0,0
49,0
65,6
2,0
15,7
2003
80,8
53,6
45,6
69,0
63,6
75,5
16,7
48,0
45,0
2,0
21,8
5,6
18,0
2004
79,4
77,0
58,5
50,6
70,5
75,0
94,8
76,3
9,1
46,4
59,1
19,4
5,4
0,0
2005
78,3
78,2
57,3
40,2
72,5
76,5
75,2
8,3
24,0
47,2
60,0
20,7
4,9
14,0
2,0
2006
82,6
42,3
78,3
75,0
78,9
18,2
4,4
10,0
45,0
64,5
3,6
24,8
4,6
12,8
2007
83,2
76,9
64,1
79,5
78,3
77,4
7,1
75,1
87,7
7,9
76,2
4,8
17,1
7,4
12,7
2008
83,2
48,5
72,1
30,0
85,2
76,7
0,0
69,5
61,2
10,3
69,1
22,2
4,8
10,5
2009
84,0
52,3
85,0
75,6
0,0
65,5
13,2
33,2
11,7
2010
ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide
JP
JP
JP
SP
JP
JP
JP
JP
Uruguay
Venezuela (République bolivarienne du)
Kazakhstan
Kirghizistan
Tadjikistan
Turkménistan
Taïwan (Province de Chine)
Chine (Hong Kong)
JP
JP
Bangladesh
Inde
JP
JP
SP
Philippines
Singapour
SP
Malaisie
Viet Nam
JP
JP
Brunéi Darussalam
Cambodge
SP
JP
Pérou
République de Corée
OMS-MDB
JP
Paraguay
SP
SP
Guyana
JP
JP
Équateur
Japon
JP
Colombie
Mongolie
CTS/Police naonale
SP
Chili
Police naonale
Police naonale
CTS
CTS/Police naonale
OMS-MDB
OMS-MDB
ONG
CTS
OMS-MDB
CTS
BNS
Transmonee
CTS
OMS-HFA
Transmonee
ONG
Ministère de l’intérieur
CTS/SES
CTS/SES
PAHO
CTS/SES
Police naonale
PAHO
Ministère de la santé
CTS
Police naonale
JP
JP
États-Unis d’Amérique
CTS
SP
JP
Canada
Police naonale
Police naonale
Police naonale
CTS/Police naonale
Argenne
JP
Bermudes
Source
Police naonale/OCAVI
Brésil
JP
JP
Nicaragua
JP
Mexique
Panama
JP
Pays/Territoire
Honduras
5,5
4,1
7,1
31,2
1995
46,2
1998
AMÉRIQUES
29,9
1997
60,1
1999
5,0
5,5
7,0
36,0
ASIE
60,0
29,8
ASIE
ASIE
8,4
58,4
Asie du Sud-Est
4,5
2,0
Asie orientale
8,4
Asie centrale
35,6
21,2
47,7
10,3
63,6
34,2
Amérique septentrionale
1996
43,6
2,7
43,4
2,3
10,4
39,3
61,0
26,0
2000
36,9
7,2
12,8
83,5
30,4
25,3
2001
32,9
6,0
14,5
47,2
27,5
19,8
2002
0,0
49,9
36,7
5,8
5,8
16,9
44,2
58,4
28,6
50,0
23,7
2003
20,8
0,0
7,3
0,0
23,6
19,7
46,5
35,8
61,6
84,0
69,9
58,1
30,2
0,0
60,1
24,5
2004
14,3
53,2
0,0
0,0
4,9
20,4
2,1
12,9
5,4
38,4
60,3
61,3
80,8
81,5
37,3
69,4
49,4
60,7
36,2
57,1
28,5
76,0
2005
13,9
52,9
5,9
13,4
0,0
1,7
1,9
16,4
2,4
25,3
4,0
32,0
63,3
68,6
79,6
70,3
49,4
60,0
33,5
68,7
30,7
78,2
2006
12,0
3,4
17,4
14,3
13,2
36,8
80,3
70,8
49,1
59,8
34,7
65,1
39,4
75,0
2007
10,0
4,3
1,8
15,9
9,5
8,3
12,5
32,9
68,7
79,9
70,8
52,0
58,3
35,3
79,4
35,2
38,6
80,3
2008
7,6
1,4
15,6
79,5
50,8
56,1
81,0
60,0
32,0
81,5
42,1
54,6
81,4
2009
81,1
75,0
54,9
83,4
2010
ANNEXE STATISTIQUE
115
9
116
JP
JP
JP
JP
JP
SP
JP
JP
JP
Irlande
LeŸonie
Lituanie
Norvège
Suède
Royaume-Uni (Angleterre et Pays-de-Galle)
Royaume-Uni (Irlande du Nord)
SP
Estonie
Finlande
JP
Danemark
Islande
JP
JP
Slovaquie
Ukraine
JP
JP
République de Moldova
JP
Pologne
Roumanie
JP
JP
République tchèque
Hongrie
JP
Bulgarie
JP
Territoire palesnien occupé
JP
JP
Liban
Bélarus
CTS
JP
Jordanie
JP
SP
Israël
JP
JP
Géorgie
Qatar
JP
Chypre
Turquie
CTS
JP
Bahreïn
CTS
Eurostat
Eurostat
CTS/Eurostat
OMS-HFA
9,3
50,2
16,1
CTS
CTS
27,9
23,3
6,3
CTS/Police naonale
CTS
CTS
OMS-HFA
CTS
CTS
CTS
CTS
CTS
CTS
7,2
28,9
47,2
15,6
38,1
31,9
5,5
7,6
1999
4,6
5,9
14,2
14,2
4,5
8,2
19,0
20,8
17,3
8,0
19,8
6,5
37,6
13,8
33,5
7,9
19,5
28,6
23,7
21,6
8,1
27,2
14,8
31,6
21,2
Europe septentrionale
EUROPE
5,4
5,3
27,6
6,4
Europe orientale
EUROPE
66,7
22,4
13,1
24,1
3,8
4,8
21,5
19,0
2000
12,6
5,5
2001
18,7
3,8
2002
20,6
4,8
19,0
50,0
30,5
71,4
7,7
13,3
2003
10,8
39,3
4,2
16,4
8,3
16,9
58,6
5,5
12,8
5,0
15,5
36,4
7,5
48,2
2,0
8,4
46,7
0,0
17,5
3,6
27,4
1,2
4,5
14,5
9,3
6,7
ASIE
1998
Asie occidentale
1997
19,8
24,0
6,8
70,0
1996
CTS
21,7
8,3
100,0
1995
CTS
CTS
CTS
CTS (Vicmes)
Police naonale
CTS
OMS-HFA
CTS
CTS
CTS
CTS
JP
JP
Arménie
Azerbaïdjan
BNS
CTS/Police naonale
JP
JP
Népal
Sri Lanka
Source
CTS
JP
Pays/Territoire
Maldives
14,6
9,4
33,9
5,0
3,5
30,0
0,0
19,6
3,0
25,4
0,5
6,6
10,6
5,3
13,7
18,8
5,3
18,5
16,7
66,9
28,5
50,0
8,0
25,3
21,1
2004
24,1
7,1
3,0
10,3
42,3
0,0
10,3
20,8
3,3
11,3
1,5
4,9
9,7
12,8
12,4
21,9
1,3
14,9
72,4
5,1
38,8
23,3
62,5
8,9
14,5
11,5
2005
0,0
8,3
3,2
3,1
43,5
0,0
15,8
27,6
4,7
11,2
1,6
4,3
9,8
5,7
14,3
24,0
0,8
16,9
36,5
25,4
35,7
9,5
21,3
13,3
2006
13,3
7,1
8,1
2,6
4,3
23,4
0,0
18,8
17,9
2,8
1,7
2,8
10,3
7,8
16,3
32,0
2,5
11,7
14,2
27,3
25,0
12,5
23,9
22,2
2007
3,8
5,9
1,4
8,1
42,0
0,0
22,7
3,9
11,1
3,4
1,3
2,1
7,0
8,2
16,8
29,7
2,8
17,1
33,3
0,0
6,5
17,9
62,5
2008
4,5
6,6
2,5
4,6
0,0
19,8
31,9
4,5
1,3
3,3
7,1
5,0
11,0
2,5
16,1
26,3
13,0
2009
13,3
2010
ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide
OMS-HFA
CTS
JP
SP
Croae
Grèce
CTS
CTS
CTS
CTS
JP
JP
JP
Portugal
Serbie
Slovénie
OMS-HFA
OMS-HFA
JP
SP
Autriche
Belgique
JP
Îles Salomon
BNS
JP
JP
Australie
Nouvelle-Zélande
CTS/Eurostat
JP
JP
Pays-Bas
Suisse
Eurostat
CTS
Police naonale
CTS
CTS
JP
JP
Luxembourg
Eurostat
JP
Liechtenstein
Monaco
CTS
SP
JP
France
Allemagne
CTS
CTS/Ministère de l’intérieur
JP
JP
Espagne
ex-République yougoslave de Macédoine
CTS
JP
JP
Italie
Malte
CTS
CTS
JP
Bosnie-Herzégovine
CTS
JP
Source
Albanie
Pays/Territoire
22,5
17,8
58,6
37,3
1995
1998
1999
35,3
18,1
71,3
86,8
41,2
OCÉANIE
47,1
80,9
41,2
Europe occidentale
EUROPE
19,8
71,1
Europe méridionale
EUROPE
1997
16,4
31,7
19,7
23,4
7,5
18,9
10,0
18,1
Australie et Nouvelle Zélande
46,6
1996
13,5
19,9
58,0
40,0
47,3
19,6
71,2
2000
11,8
16,1
54,7
38,1
31,4
65,7
78,8
2001
16,7
13,2
79,1
29,4
38,5
65,7
75,4
2002
12,3
64,4
33,8
23,8
53,0
65,9
78,3
2003
0,0
12,1
72,2
29,9
100
30,5
39,5
55,4
25,0
50,0
57,1
66,9
48,2
2004
0,0
14,8
8,9
32,3
0,0
0,0
28,6
24,1
60,4
15,6
55,0
26,1
50,4
0,0
66,2
47,1
25,7
2005
0,0
18,4
16,4
26,9
0,0
11,1
0,0
29,4
29,5
54,9
17,9
25,0
32,6
51,6
0,0
66,7
34,9
50,0
24,7
2006
0,0
10,4
13,3
28,7
28,6
0,0
26,9
9,6
61,9
17,4
36,0
29,0
28,6
50,0
46,8
61,2
2007
0,0
13,5
11,8
29,5
42,9
100
26,1
47,2
16,7
18,2
38,3
43,5
83,3
38,0
65,9
2008
11,5
30,7
29,9
36,1
21,8
15,4
33,1
33,8
0,0
34,7
2009
26,3
62,5
2010
ANNEXE STATISTIQUE
117
9
ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide
9.3. Taux d’homicides dans les villes les plus peuplées, par pays (2000-2010)
Pays/Territoire
Ville
Année
Source
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
AFRIQUE
Afrique orientale
7,1
Kenya
Nairobi
CTS
Maurice
Port Louis
CTS
Ouganda
Kampala
Police naonale
République-Unie de Tanzanie
Dar-es-Salam
ONG
Zambie
Lusaka
Police naonale
7,0
6,1
4,1
4,0
5,4
3,4
5,4
9,4
7,4
13,4
15,3
3,1
9,5
12,9
8,5
8,1
8,6
10,8
8,1
AFRIQUE
Afrique centrale
République démocraque du Congo
Kinshasa
UN-PKO
1,6
AFRIQUE
Afrique septentrionale
Algérie
Alger
CTS
0,8
0,5
0,4
0,5
Égypte
Le Caire
CTS
0,2
0,4
0,3
0,7
0,7
0,7
0,6
Maroc
Casablanca
CTS
1,0
1,0
1,2
0,8
1,1
1,0
1,4
Soudan
Khartoum
CTS
5,0
AFRIQUE
Afrique australe
Botswana
Gaborone
CTS
Lesotho
Maseru
CTS
16,1
Afrique du Sud
Le Cap
Police naonale
64,1
77,0
86,0
60,0
55,0
55,4
61,0
59,7
61,9
59,9
AFRIQUE
Afrique occidentale
Ghana
Accra
Police naonale
1,3
1,3
Libéria
Monrovia
UNPKO
4,6
6,7
5,7
Sierra Leone
Freetown
CTS
5,8
8,0
4,9
AMÉRIQUES
Caraïbes
Bahamas
Nassau
CTS
République dominicaine
Santo Domingo
CTS
28,5
Haï
Port-au-Prince
UNPKO
Jamaïque
Kingston
CTS/Police naonale
33,7
37,3
29,7
50,8
33,1
23,8
13,1
24,1
40,1
43,1
29,0
26,8
20,2
47,4
Saint-Kišs-et-Nevis
Basseterre
Police naonale
26,6
32,5
25,6
50,6
50,0
97,6
Trinité-et-Tobago
Port d’Espagne
CTS
28,5
43,3
36,7
31,9
60,7
47,0
54,0
60,3
61,9
65,1
70,5
81,0
6,2
6,7
102,1
108,0
115,3
109,0
118,3
AMÉRIQUES
Amérique centrale
Belize
Belize (ville)
CTS
Costa Rica
San José
CTS
El Salvador
San Salvador
CTS
Guatemala
Guatemala (ville)
CTS/Police naonale
Honduras
Tegucigalpa
Police naonale
Mexique
Mexique
CTS
Nicaragua
Managua
CTS
Panama
Panama (ville)
CTS
88,2
94,7
106,4
94,6
116,6
72,7
8,0
13,1
7,9
7,3
11,7
14,1
15,8
15,0
8,0
8,0
8,4
18,1
27,0
34,6
AMÉRIQUES
Amérique septentrionale
Canada
Toronto
CTS
1,7
1,7
1,9
1,8
1,9
1,8
1,5
États-Unis d’Amérique
New-York
CTS
7,2
6,8
6,5
7,1
5,9
6,3
5,6
3,9
AMÉRIQUES
Amérique du Sud
118
Argenne
Buenos Aires
CTS
4,3
3,8
Bolivie (État plurinaonal de)
La Paz
CTS
5,5
5,2
Brésil
Sao Paolo
Police naonale
20,8
16,8
13,9
11,6
10,5
10,8
Colombie
Bogotá
Police naonale
22,3
23,2
18,8
18,2
17,8
17,4
Équateur
Quito
CTS
11,4
13,8
13,1
10,6
88,0
107,0
127,0
122,0
Paraguay
Asunción
CTS
Pérou
Lima
BNS
Uruguay
Montevideo
Ministère de l’intérieur
Venezuela (République bolivarienne du)
Caracas
ONG
3,9
6,5
113,0
92,0
118,0
119,0
90,0
130,5
17,1
ANNEXE STATISTIQUE
Pays/Territoire
Ville
Année
Source
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
ASIE
Asie centrale
Kazakhstan
Almaty
CTS
Kirghizistan
Bishkek
CTS
Tadjikistan
Dushanbe
CTS
Turkménistan
Ashkhabad
CTS
9,4
9,9
8,2
11,5
10,9
8,7
11,3
15,3
12,2
11,0
10,5
6,0
6,0
5,0
3,4
3,6
3,5
3,7
ASIE
Asie orientale
Japon
Tokyo
CTS
Mongolie
Oulan-Bator
CTS
République de Corée
Séoul
CTS
16,8
15,5
0,4
0,4
0,4
0,6
0,4
16,3
15,7
14,8
11,5
10,2
2,4
ASIE
Asie du Sud-Est
Indonésie
Jakarta
ONG
Malaisie
Kuala-Lumpur
CTS
Myanmar
Yangon
BNS
Philippines
Quezon
CTS
Thaïlande
Bangkok
CTS
Timor-Leste
Dili
UN-PKO
0,7
3,0
4,4
3,0
2,0
1,9
2,0
5,3
5,5
5,8
5,0
4,5
4,0
2,9
1,2
11,3
ASIE
Asie méridionale
Bangladesh
Dhaka
CTS
Inde
Mumbai
CTS
Maldives
Male
CTS
1,5
Népal
Katmandou
CTS
Sri-Lanka
Colombo
Police na–onale
3,6
5,3
1,3
1,5
19,2
1,4
1,3
6,7
5,0
1,3
2,2
2,2
1,2
0,9
18,5
2,6
ASIE
Asie occidentale
Arménie
Erevan
CTS
0,6
0,8
0,9
1,2
Azerbaïdjan
Bakou
CTS
3,5
3,5
3,3
3,3
Chypre
Nicosie
CTS
Géorgie
Tbilissi
CTS
Israël
Tel-Aviv
CTS
Jordanie
Amman
CTS
Koweït
Koweït (ville)
CTS
Territoire pales–nien occupé
Hébron
CTS
1,3
4,6
4,8
0,3
1,0
2,6
1,0
1,0
1,3
13,1
7,8
8,2
4,9
5,0
6,1
3,8
4,3
4,6
1,5
1,8
1,0
1,1
1,3
1,2
0,6
Oman
Mascate
CTS
0,6
Doha
CTS
1,3
1,1
République arabe syrienne
Alep
CTS
2,9
2,5
5,2
4,7
Turquie
Istanbul
CTS
Dubaï
CTS
1,2
3,2
Qatar
Émirats arabes unis
3,4
6,7
6,8
7,3
6,7
1,9
1,5
8,7
10,1
10,3
5,8
6,6
5,7
3,0
3,1
2,2
1,9
2,2
1,8
EUROPE
Europe orientale
Bélarus
Minsk
CTS
Bulgarie
Sofia
CTS
3,8
République tchèque
Prague
CTS
3,9
4,1
3,1
3,3
3,3
2,6
2,7
Hongrie
Budapest
Eurostat/CTS
2,3
1,9
1,8
1,8
1,0
1,5
2,1
2,9
2,1
2,2
2,1
2,2
1,5
1,9
9,4
7,3
7,2
6,5
4,6
5,5
1,3
1,2
1,4
1,3
1,1
0,9
0,9
8,8
7,4
7,4
6,0
6,0
4,6
4,0
4,2
2,6
3,5
3,8
2,1
2,1
5,0
4,4
4,4
3,4
3,4
4,2
Pologne
Varsovie
Eurostat/CTS
République de Moldova
Chishinau
CTS
Roumanie
Bucarest
Eurostat/CTS
Fédéra–on de Russie
Moscú
CTS
Slovaquie
Bra–slava
CTS
Ukraine
Kiev
CTS
5,3
EUROPE
Europe septentrionale
Danemark
Copenhague
Eurostat
Estonie
Tallinn
Eurostat/CTS
Finlande
Helsinki
CTS
Islande
Reykjavik
CTS
1,6
1,2
3,2
1,8
1,4
1,6
10,6
8,6
10,1
7,3
8,8
6,0
3,9
2,3
2,5
1,8
2,8
1,2
1,0
0,0
1,0
0,0
0,5
Irlande
Dublin
Eurostat
2,4
1,8
2,8
2,7
2,5
2,1
Le¦onie
Riga
Eurostat
12,9
10,5
5,2
7,6
5,4
4,8
7,3
5,4
119
9
ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide
Année
Pays/Territorie
Ville
Source
Lituanie
Vilnius
Eurostat/CTS
2000
2001
2002
2003
9,8
2004
8,5
2005
8,5
2006
6,9
2007
7,4
2008
10,6
2009
Norvège
Oslo
CTS
2,0
1,4
1,6
1,6
1,4
2,1
1,2
Royaume-Uni (Angleterre et Pays-de-Galles)
Londres
CTS
2,9
2,6
2,4
2,2
2,2
2,1
1,6
2,9
Royaume-Uni (Irlande du Nord)
Belfast
CTS
Royaume-Uni (Écosse)
Glasgow
CTS
2010
5,4
2,2
4,9
4,1
2,2
1,5
2,6
4,0
3,1
4,5
4,1
4,1
3,3
1,1
1,6
2,8
EUROPE
Europe méridionale
Albanie
Tirana
CTS
Bosnie-Herzégovine
Sarajevo
CTS
1,8
2,0
Croa•e
Zagreb
CTS
1,9
0,9
2,1
1,4
0,8
1,9
Grèce
Athènes
Eurostat
0,9
0,9
1,1
1,0
0,9
1,3
0,6
Italie
Rome
Eurostat
1,1
1,2
1,4
1,2
1,3
1,1
Monténégro
Podgorica
CTS
5,0
3,9
6,7
5,5
0,5
3,5
0,6
0,5
0,7
0,8
0,6
0,5
2,9
2,8
2,4
2,2
1,4
1,5
0,4
1,1
0,0
0,4
1,1
1,2
1,1
1,2
1,0
2,8
4,0
4,0
2,3
2,3
Portugal
Lisbonne
Eurostat/CTS
Serbie
Belgrade
CTS
Slovénie
Ljubljana
CTS
Espagne
Madrid
CTS
ex-République yougoslave de Macédoine
Skopje
Ministère de l’intérieur
1,1
2,6
3,4
0,2
2,3
EUROPE
Europe occidentale
Autriche
Vienne
CTS
Belgique
Bruxelles
CTS
France
Paris
CTS
Allemagne
Berlin
CTS
Pays-Bas
Amsterdam
Eurostat/BNS
1,1
0,9
1,3
1,1
1,2
0,9
1,1
3,4
4,2
6,9
4,8
3,9
3,1
3,6
1,9
3,9
3,0
2,6
1,0
1,6
1,3
1,5
1,6
2,2
2,3
2,0
2,0
2,0
1,8
1,5
1,2
1,2
1,8
5,3
3,7
4,3
2,3
4,4
2,7
4,4
1,4
1,1
1,2
1,4
1,1
1,3
1,6
0,8
1,3
5,2
20,8
33,0
19,1
OCÉANIE
Australie et Nouvelle-Zélande
Australie
Sydney
BNS
Nouvelle-Zélande
Auckland
CTS
OCÉANIE
Mélanésie
Îles Salomon
120
Honiara
CTS
3,5
1,1
ANNEXE STATISTIQUE
9.4. Pourcentage de victimes d’homicides volontaires, de sexe masculin,
féminin ou indéterminé
Pays/Territoire
Source
Année
Hommes
Femmes
Non déterminé
AFRIQUE
Afrique orientale
Burundi
Comores
Djibou
Érythrée
Éthiopie
Kenya
Madagascar
Malawi
Maurice
Mozambique
Rwanda
Seychelles
Somalie
Ouganda
République-Unie de Tanzanie
Zambie
Zimbabwe
SP
SP
SP
SP
SP
SP
SP
SP
JP
SP
SP
SP
SP
JP
SP
JP
SP
OMS †
OMS †
OMS †
OMS †
OMS †
OMS †
OMS †
OMS †
BNS
OMS †
OMS †
OMS
OMS †
Police naonale
OMS †
Police naonale
OMS †
2008
2008
2008
2008
2008
2008
2008
2008
2009
2008
2008
2008
2008
2009
2008
2010
2008
AFRIQUE
75,9%
67,9%
90,9%
82,4%
81,8%
91,9%
80,6%
87,8%
66,7%
85,8%
81,1%
53,6%
52,5%
94,0%
93,0%
77,8%
84,8%
24,1%
32,1%
9,1%
17,6%
18,2%
8,1%
19,4%
12,2%
33,3%
14,2%
18,9%
46,4%
47,5%
6,0%
7,0%
22,2%
15,2%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
79,6%
64,7%
75,0%
74,8%
78,1%
82,0%
74,5%
74,6%
81,9%
20,4%
35,3%
25,0%
25,2%
21,9%
18,0%
25,5%
25,4%
18,1%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
72,3%
87,7%
92,0%
80,5%
65,8%
88,1%
27,7%
12,3%
8,0%
19,5%
34,2%
11,9%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
75,6%
78,0%
86,8%
81,5%
83,5%
24,4%
22,0%
13,2%
18,5%
16,5%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
83,4%
90,8%
81,6%
84,8%
70,4%
81,5%
79,1%
16,6%
9,2%
18,4%
15,2%
29,6%
18,5%
20,9%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
Afrique centrale
Angola
Cameroun
République centrafricaine
Tchad
Congo
République démocraque du Congo
Guinée équatoriale
Gabon
Sao Tomé-et-Principe
SP
SP
SP
SP
SP
SP
SP
SP
SP
OMS †
OMS †
OMS †
OMS †
OMS †
OMS †
OMS †
OMS †
OMS †
2008
2008
2008
2008
2008
2008
2008
2008
2008
AFRIQUE
Afrique septentrionale
Algérie
Égypte
Jamahiriya arabe libyenne
Maroc
Soudan
Tunisie
SP
JP
SP
SP
SP
SP
OMS †
CTS
OMS †
OMS †
OMS †
OMS †
2008
2009
2008
2008
2008
2008
AFRIQUE
Afrique australe
Botswana
Lesotho
Namibie
Afrique du Sud
Swaziland
SP
SP
SP
SP
SP
OMS †
OMS †
OMS †
OMS
OMS †
2008
2008
2008
2008
2008
AFRIQUE
Afrique occidentale
Bénin
Burkina Faso
Cap-Vert
Côte d'Ivoire
Gambie
Ghana
Guinée
SP
SP
SP
SP
SP
SP
SP
OMS †
OMS †
OMS †
OMS †
OMS †
OMS †
OMS †
2008
2008
2008
2008
2008
2008
2008
121
9
ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide
Pays/Territoire
Source
Année
Guinée-Bissau
Libéria
Mali
Mauritanie
Niger
Nigéria
Sénégal
Sierra Leone
Togo
SP
SP
SP
SP
SP
SP
SP
SP
SP
OMS †
OMS †
OMS †
OMS †
OMS †
OMS †
OMS †
OMS †
OMS †
An­gua-et-Barbuda
Bahamas
Barbade
Cuba
Dominique
République dominicaine
Grenade
Haï­
Jamaïque
Saint-Ki‘s-et-Nevis
Sainte-Lucie
Saint-Vincent-et-les Grenadines
Trinité-et-Tobago
SP
JP
JP
SP
SP
SP
JP
SP
JP
JP
SP
JP
JP
OMS
CTS
Police na­onale
OMS
OMS
OMS
CTS
OMS
Police na­onale
Police na­onale
OMS
CTS
CTS
Hommes
Femmes
Non déterminé
2008
2008
2008
2008
2008
2008
2008
2008
2008
77,6%
83,6%
91,4%
61,4%
83,3%
75,4%
72,3%
78,4%
75,7%
22,4%
16,4%
8,6%
38,6%
16,7%
24,6%
27,7%
21,6%
24,3%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
2008
2009
2010
2008
2008
2008
2010
2008
2010
2010
2008
2009
2009
66,7%
88,5%
67,7%
76,7%
68,7%
87,5%
83,3%
85,5%
89,9%
85,0%
93,3%
85,0%
92,5%
33,3%
11,5%
32,3%
23,3%
31,3%
12,5%
16,7%
14,5%
10,1%
15,0%
6,7%
15,0%
7,5%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
86,9%
88,2%
87,4%
88,9%
93,1%
89,8%
92,1%
91,3%
12,3%
11,8%
12,6%
11,1%
6,9%
10,2%
7,9%
8,7%
0,8%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
73,8%
77,4%
26,2%
22,5%
0,0%
0,2%
77,9%
83,4%
90,8%
86,5%
92,0%
91,8%
76,1%
93,6%
77,3%
76,9%
69,9%
95,0%
15,3%
16,6%
9,2%
13,5%
8,0%
8,2%
23,9%
6,4%
22,7%
23,1%
30,1%
5,0%
6,8%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
AMÉRIQUES
Caraïbes
AMÉRIQUES
Amérique centrale
Belize
Costa Rica
El Salvador
Guatemala
Honduras
Mexique
Nicaragua
Panama
JP
SP
SP
JP
JP
JP
SP
JP
CTS
OMS
OMS
CTS
Police na­onale
BNS
OMS
CTS
2010
2008
2008
2009
2009
2008
2008
2009
AMÉRIQUES
Amérique septentrionale
Canada
États-Unis d’Amérique
JP
JP
CTS
Police na­onale
2009
2010
AMÉRIQUES
Amérique du Sud
Argen­ne
Bolivie (État plurina­onal de)
Brésil
Chili
Colombie
Équateur
Guyana
Paraguay
Pérou
Suriname
Uruguay
Venezuela (République bolivarienne du)
122
JP
SP
SP
SP
JP
SP
JP
SP
SP
SP
SP
SP
Ministère de la Jus­ce
OMS †
OMS
OMS
Police na­onale
OMS
CTS
OMS
OMS
OMS
OMS
OMS
2009
2008
2008
2008
2009
2008
2009
2008
2008
2008
2008
2008
ANNEXE STATISTIQUE
Pays/Territoire
Source
Année
Hommes
Femmes
Non déterminé
ASIE
Asie centrale
Kazakhstan
Kirghizistan
Tadjikistan
Turkménistan
Ouzbékistan
SP
SP
JP
SP
SP
OMS
OMS
UNECE
OMS
OMS
ASIE
2008
2008
2008
2008
2008
74,8%
79,4%
57,6%
85,9%
78,1%
25,2%
20,6%
42,4%
14,1%
21,9%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
69,9%
87,6%
50,0%
72,7%
49,0%
30,1%
12,4%
50,0%
27,3%
51,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
48,9%
90,8%
85,8%
67,6%
76,8%
84,4%
51,1%
9,2%
14,2%
32,4%
23,2%
15,6%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
91,8%
65,4%
88,3%
91,8%
82,4%
8,2%
34,6%
11,7%
8,2%
17,6%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
81,3%
74,8%
65,6%
73,7%
79,5%
99,3%
87,3%
60,5%
96,3%
18,7%
25,2%
34,4%
26,3%
20,5%
0,7%
12,7%
39,5%
3,7%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
69,9%
77,5%
63,2%
84,0%
80,3%
81,2%
82,3%
80,4%
84,0%
73,9%
75,3%
71,5%
30,1%
22,5%
36,8%
15,0%
19,7%
18,8%
17,7%
19,6%
16,0%
26,1%
24,7%
28,5%
0,0%
0,0%
0,0%
1,1%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
Asie orientale
Chine
République populaire démocra‰que de Corée
Japon
Mongolie
République de Corée
SP
SP
JP
JP
SP
OMS
OMS †
CTS
CTS
OMS
ASIE
2008
2008
2009
2009
2008
Asie du Sud-Est
Brunéi Darussalam
Cambodge
Indonésie
République démocra‰que populaire lao
Malaisie
Myanmar
SP
SP
SP
SP
SP
SP
OMS
OMS †
OMS †
OMS †
OMS
OMS †
ASIE
2008
2008
2008
2008
2008
2008
Asie du Sud-Est
Philippines
Singapour
Thaïlande
Timor-Leste
Viet Nam
SP
SP
SP
SP
SP
OMS
OMS
OMS
OMS †
OMS
ASIE
2008
2008
2008
2008
2008
Asie meridionale
Afghanistan
Bangladesh
Bhoutan
Inde
Iran (République islamique d’)
Maldives
Népal
Pakistan
Sri Lanka
SP
SP
SP
JP
SP
SP
SP
SP
SP
OMS †
OMS †
OMS †
CTS
OMS
OMS
OMS †
OMS †
OMS
ASIE
2008
2008
2008
2009
2008
2008
2008
2008
2008
Asie occidentale
Arménie
Azerbaïdjan
Bahreïn*
Chypre
Géorgie
Iraq
Israël
Jordanie
Koweït
Liban
Oman
Qatar
Arabie saoudite
JP
JP
SP
JP
JP
SP
SP
SP
SP
SP
SP
SP
SP
CTS
UNECE
OMS
CTS
CTS
OMS †
OMS
OMS
OMS
OMS †
OMS †
OMS
OMS †
2009
2008
2008
2009
2010
2008
2008
2008
2008
2008
2008
2008
2008
123
9
ÉTUDE MONDIALE sur l’homicide
Pays/Territoire
République arabe syrienne
Turquie
Émirats arabes unis
Yémen
Source
SP
JP
SP
SP
Année
OMS
UNECE
OMS †
OMS †
2008
2008
2008
2008
EUROPE
Hommes
Femmes
Non déterminé
87,6%
80,9%
81,3%
85,1%
12,4%
19,1%
18,7%
14,9%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
59,3%
74,7%
60,9%
54,7%
72,9%
67,9%
60,6%
74,3%
66,0%
74,9%
40,7%
25,3%
39,1%
45,3%
27,1%
32,1%
39,4%
25,7%
25,5%
25,1%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
8,5%
0,0%
65,5%
78,3%
71,1%
81,8%
68,2%
74,6%
58,6%
65,5%
66,1%
34,5%
21,7%
28,9%
18,2%
31,8%
25,4%
41,4%
34,5%
33,9%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
79,6%
73,7%
78,9%
51,0%
70,3%
75,9%
25,0%
70,3%
70,7%
71,2%
46,2%
66,9%
65,9%
20,4%
26,3%
21,1%
49,0%
5,0%
23,9%
75,0%
29,7%
29,3%
28,8%
53,8%
33,1%
34,1%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
24,8%
0,2%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
63,8%
58,5%
65,7%
50,4%
71,5%
68,2%
70,4%
50,9%
36,2%
41,5%
34,3%
49,6%
28,5%
31,9%
26,4%
49,1%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
3,1%
0,0%
Europe orientale
Bélarus
Bulgarie
République tchèque
Hongrie
Pologne
République de Moldova
Roumanie
Fédéra‘on de Russie
Slovaquie
Ukraine
JP
JP
JP
JP
SP
JP
JP
SP
JP
JP
CTS
UNECE
CTS
CTS
OMS
PM
UNECE
OMS
UNECE
UNECE
2009
2008
2009
2009
2008
2010
2008
2008
2008
2008
EUROPE
Europe septentrionale
Danemark
Estonie
Finlande
Islande*
Irlande
Le˜onie
Lituanie
Norvège
Suède
Royaume-Uni
SP
SP
JP
JP
JP
SP
JP
JP
SP
JP
OMS
OMS
CTS
UNECE
UNECE
OMS
CTS
CTS
OMS
Eurostat
2008
2008
2009
2008
2008
2008
2009
2009
2008
2009
EUROPE
Europe méridionale
Albanie
Andorre
Bosnie-Herzégovine
Croa‘e
Grèce
Italie
Malte
Monténégro
Portugal
Saint-Marin *
Serbie
Slovénie
Espagne
ex-République yougoslave de Macédoine
SP
SP
JP
JP
JP
JP
JP
SP
SP
SP
JP
JP
JP
JP
OMS
OMS †
CTS
CTS
CTS
Police na‘onale
CTS
OMS
OMS
OMS
UNECE
CTS
CTS
Police na‘onale
Autriche
Belgique
France
Allemagne
Luxembourg
Monaco
Pays-Bas
Suisse
JP
SP
SP
JP
SP
SP
JP
SP
CTS
OMS
OMS
CTS
OMS
OMS †
Police na‘onale
OMS
2008
2008
2009
2009
2009
2008
2009
2008
2008
2008
2009
2009
2009
2010
EUROPE
Europe occidentale
124
2009
2008
2008
2009
2008
2008
2009
2008
ANNEXE STATISTIQUE
Pays/Territoire
Source
Année
Hommes
Femmes
Non déterminé
OCÉANIE
Australie et Nouvelle-Zélande
Australie
Nouvelle-Zélande
JP
SP
CTS
OMS
Fidji
Papouasie-Nouvelle-Guinée
Îles Salomon
Vanuatu
SP
SP
SP
SP
OMS
OMS †
OMS †
OMS †
2009
2008
OCÉANIE
72,1%
59,1%
27,5%
40,9%
0,4%
0,0%
85,8%
85,9%
76,2%
78,3%
14,2%
14,1%
23,8%
21,7%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
100,0%
84,2%
73,6%
19,6%
87,3%
0,0%
15,8%
26,4%
80,4%
12,7%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
76,3%
68,0%
89,7%
68,9%
74,3%
23,7%
32,0%
10,3%
31,1%
25,7%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
Mélanésie
2008
2008
2008
2008
OCÉANIE
Micronésie
Kiriba‰
Îles Marshall
Micronésie (États fédérés de)
Nauru
Palaos
SP
SP
SP
SP
SP
OMS
OMS †
OMS †
OMS
OMS †
Îles Cook
Nioué
Samoa
Tonga
Tuvalu
SP
SP
SP
SP
SP
OMS
OMS
OMS †
OMS
OMS †
2008
2008
2008
2008
2008
OCÉANIE
Polynésie
2008
2008
2008
2008
2008
* Pas d’homicide enregistré pour l’année correspondante;
† Les informa‰ons de ce pays ne précisent généralement pas les causes de la mort. Les es‰ma‰ons sont basées sur une modélisa‰on
des causes de décès et des données d’enregistrement des décès en provenance d’autres pays de la région. D’autres informa‰ons au
niveau du pays et des données sur les causes spécifiques ont également été u‰lisées.
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