Homicide et psychose : particularités criminologiques des

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Homicide et psychose : particularités criminologiques des
L’Encéphale (2008) 34, 322—329
Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com
journal homepage: www.elsevier.com/locate/encep
MÉMOIRE ORIGINAL
Homicide et psychose : particularités
criminologiques des schizophrènes, des
paranoïaques et des mélancoliques
À propos de 27 expertises
Homicide and psychosis: Criminological
particularities of schizophrenics, paranoiacs and
melancholic
A review of 27 expertises
S. Richard-Devantoy a,∗, A.-S. Chocard b, A.-I. Bouyer-Richard c,
J.-P. Duflot d, J.-P. Lhuillier e, B. Gohier a, J.-B. Garré a
a
Département de psychiatrie et psychologie médicale, CHU d’Angers, 4, rue Larrey, 49933 Angers cedex 9, France
Unité de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, CHU d’Angers, 4, rue Larrey, 49933 Angers cedex 9, France
c
Centre Hospitalier Sainte Anne, 1, rue Cabanis, 75014 Paris, France
d
100, rue Tricottière, 53100 Mayenne, France
e
CHS CESAME, 27, route de Bouchemaine, 49130 Sainte-Gemmes-sur-Loire, France
b
Reçu le 12 janvier 2007 ; accepté le 4 juin 2007
Disponible sur Internet le 19 novembre 2007
MOTS CLÉS
Homicide ;
Schizophrénie ;
Trouble délirant
paranoïaque ;
Trouble de l’humeur ;
Lien à l’agresseur
∗
Résumé Le schizophrène Mathieu X. 21 ans, convaincu de se défendre contre des êtres impurs,
décapita dans la nuit du 11 au 12 décembre 2002, une infirmière et une aide-soignante de
l’hôpital psychiatrique de Pau. Ce meurtre très médiatisé interroge indéniablement la dangerosité et la violence du malade mental, dont l’acmé se résout parfois dans le passage à l’acte
homicide. Contrairement à l’image populaire caricaturale, fortement ancrée dans la conscience
collective du malade mental impulsif tuant un inconnu dans la rue, les données épidémiologiques actuelles rassurent : 15 % des auteurs d’homicides présenteraient une maladie mentale
grave (schizophrénie, paranoïa, mélancolie). Nous présentons une série de cas d’homicides
de psychotiques. Cette série rétrospective illustre comparativement différents types d’actes
Auteur correspondant.
Adresse e-mail : [email protected] (S. Richard-Devantoy).
0013-7006/$ — see front matter © L’Encéphale, Paris, 2008.
doi:10.1016/j.encep.2007.06.006
Homicide et psychose : particularités criminologiques des schizophrènes, des paranoïaques et des mélancoliques
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homicides pathologiques (schizophrénie, trouble délirant paranoïaque et trouble de l’humeur :
mélancolie, hypomanie) et constitue une base de réflexion sur le passage à l’acte homicide. Au
sein d’une série de 268 dossiers d’expertises d’homicides, 27 homicidaires sont psychotiques.
Dix d’entre eux sont schizophrènes de sexe masculin, jeunes et consommant peu d’alcool ; leur
victime est connue (ascendant, ami). Neuf meurtriers sont paranoïaques, majoritairement de
sexe masculin, plus âgés et tuent leur conjoint ou leur voisin. La prise d’alcool est souvent
associée. Le caractère volontiers émotionnel de l’acte est classique chez les homicidaires schizophrènes et paranoïaques. À l’inverse, les meurtriers mélancoliques sont majoritairement des
femmes d’un âge moyen de 30 ans consommant peu d’alcool. L’homicide est davantage prémédité, la victime est connue : enfant, conjoint. La tentative de suicide suit très fréquemment
l’homicide du mélancolique.
© L’Encéphale, Paris, 2008.
KEYWORDS
Homicide;
Schizophrenia;
Paranoiac delirious
disorder;
Affective disorder;
Link with the
perpetrator
Summary
Introduction. — During the night of the 11 to 12 of December 2002, Mathieu X. 21 years old,
convinced he was defending himself from evil human beings decapitated a nurse and an auxiliary nurse of the psychiatrist hospital. This crime, which received saturated media coverage,
obviously raises questions about the dangerous and violent nature of the mentally ill, which can
sometimes culminate in homicide. Firmly rooted in the collective consciousness is the popular
idea that someone who kills an unknown person in the street is mentally ill. Conversely, the
epidemiological data are reassuring; only 15% of such crimes are committed by the seriously
mentally ill (schizophrenia, paranoia, melancholia).
Aim. — Typing and comparison of homicides committed by schizophrenic, paranoiac and melancholic persons.
Method. — Several murders committed by psychotic persons are presented in this article. This
retrospective study shows several types of pathological murder (schizophrenia, paranoiac delirious disorder, affective disorder: melancholia and hypomania). Twenty-seven cases have been
selected and analysed from 268 cases prepared over 30 years by two psychiatrists, whose
diagnoses were schizophrenia, paranoia, melancholia or hypomania.
Results. — From these 268 cases of homicide examined, 27 murderers were psychotic.
Ten of these were young, single, jobless, male schizophrenics: they drank little alcohol.
Most of them had a criminal history. They were paranoid schizophrenics whose hallucinatory
mechanisms fed mostly persecuted, sexual and metaphysical themes. Forty percent of them
were disorganised, and half of them showed negative features. They knew their victim (family,
friends).
Nine others were paranoiac, for the most part male, older, married, family men, without
psychiatric or criminal record. Intuitions with delirious fed persecuted (77%), jealous (40%) or
prejudicial themes. They murdered their wife or husband or neighbour. Alcohol consumption
was often involved. Schizophrenic and paranoiac murderers often have an emotional temper.
Conversely, melancholic murderers are mostly female aged around 30, married, family
women, drinking little alcohol. Two-thirds of them have psychiatric records of depression,
bipolar disorders and attempted suicide. Altruism is the most frequent delirious theme. Their
murders are more often premeditated. They know the victim: child or partner. Suicide often
follows the murder.
© L’Encéphale, Paris, 2008.
Introduction
« Le criminel, au moment où il accomplit son crime, est
toujours un malade ». F.M. Dostoïevski, 1866, Crime et
Châtiment, III, 5
La médiatisation de quelques meurtres commis par des
malades mentaux fait la publicité de la folie du crime, corroborant la thèse de F.M. Dostoïevski.
La représentation collective du malade mental abonde
dans le sens de sa dangerosité et plus particulièrement
de celle du schizophrène, figure paradigmatique contem-
poraine et actuelle de la folie. En effet, 48 % des français
pensent que les schizophrènes sont dangereux pour les
autres [37]. Dans l’enquête « santé mentale en population
générale : images et réalité », à la question de la maladie
mentale selon les divers actes et comportements, le meurtre
et le viol sont associés, pour une majorité de personnes, au
fou et au malade mental [21].
Acte antisocial par excellence, l’homicide éveille une
multitude d’interrogations et de peurs. Les données épidémiologiques actuelles sur l’homicide justifient-elles la
crainte suscitée par le malade mental ? La synthèse des
résultats d’une étude réalisée à partir de 27 expertises tente
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d’éclairer les aspects de l’énigmatique figure de l’homicide
psychotique. Quelles sont les spécificités criminologiques de
chaque groupe nosographique que constituent les schizophrènes, les paranoïaques et les mélancoliques ?
Nous tentons de répondre à ces questions en restituant
successivement les données épidémiologiques actuelles
sur l’homicide, en exposant les résultats d’une étude
rétrospective de 27 meurtriers psychotiques sélectionnés
parmi 268 dossiers d’expertises d’homicides et en dégageant les particularités criminologiques du schizophrène,
du paranoïaque et du mélancolique, préliminaire indispensable à une réflexion préventive de l’acte homicide du
psychotique.
Données épidémiologiques actuelles sur
l’homicide
En France, on dénombre 510 homicides volontaires en
moyenne par an [33]. Les troubles mentaux graves sont responsables de 0,16 cas d’homicide pour 100 000 habitants
et par an, soit un taux de 0,00016 % [13]. Cependant, les
études récentes montrent que le risque de commettre un
meurtre chez les personnes souffrant de troubles mentaux
graves serait plus élevé que dans la population générale
[15,16,20,40,42,43,45].
Les données épidémiologiques actuelles suggèrent
l’existence d’un lien, et non d’une causalité, entre la maladie mentale et l’homicide. La relation entre homicide et
pathologie psychiatrique varie en fonction de la définition
de cette dernière.
Les auteurs schizophrènes
La prévalence de la schizophrénie est diversement appréciée selon les pays et selon les études. Toutefois, les études
en population d’homicides s’accordent à évaluer la prévalence des homicidaires schizophrènes entre 5 et 10 % (6,4 %
Gottlieb et al. [20] 1987 ; 6,2 % Eronen et al. [15] 1996 ; 6,5 %
Eronen [16] 1996 ; 6,5 % Wallace [45] 1998 ; 8,9 % Fazel et
al. [17] 2004 ; 5,34 % Schanda et al. [39] 2004 ; 5,5 % Koh
et al. [24] 2005 ; 5 % Shaw et al. [40] 2006), corroborant
l’estimation de Bénézech et al. [7] et les données d’une
revue de cinq études récentes [41].
L’existence d’une schizophrénie multiplierait, par rapport à une population indemne de pathologie mentale, le
risque de violence homicide par six [39], huit [45], voire par
dix [14,16] chez l’homme et par six [16], neuf [45], voire
par 17 [39] chez la femme.
Ce sont les schizophrènes paranoïdes abusant de substances qui présentent un risque particulier de violence [16].
S. Richard-Devantoy et al.
auteurs de meurtre. Le diagnostic de paranoïa multiplierait
par six le risque d’homicide chez l’homme [39].
Les auteurs présentant un trouble de l’humeur
M. Bénézech et M.-L. Bourgeois [8] affirment la très forte
corrélation entre homicide et dépression et infirment le
lien entre homicide et manie. Ils soulignent également la
fréquente sous-évaluation du potentiel criminogène de la
dépression. Le diagnostic rétrospectif de dépression préhomicide reste cependant difficile à affirmer [26].
Dans la littérature contemporaine, plusieurs études
évoquent une proportion relativement importante de pathologies dépressives préexistantes dans des séries d’auteurs
d’homicides ou d’actes de violences graves [19,38]. Dans
une revue de la littérature, P. Le Bihan [26] retrouve un
ratio de 16,8 à 28,6 % de déprimés au moment des faits
parmi les auteurs d’homicides. Il ajoute par ailleurs, que
les critères diagnostiques de la dépression ne sont pas tous
précisés dans chacune des études considérées. Dans la population de malades mentaux auteurs d’homicides, étudiée par
Schanda et al. [39], le diagnostic d’épisode dépressif majeur
ou d’épisode maniaque est porté chez 15,1 % des hommes
et 29,2 % des femmes. L’auteur ne met pas en évidence
de risque significatif de passage à l’acte homicide pour un
sujet atteint d’un trouble de l’humeur. Dans cette étude, les
homicides-suicides sont exclus. En 2006, J. Shaw et al. [40]
nuancent ces chiffres et dénombrent 118 troubles affectifs
(essentiellement dépressifs) sur 1594 auteurs d’homicides,
soit un taux de 7 %. Les études actuelles concluent à une
proportion moyenne de 7 à 8 % [24,40] de sujets meurtriers
présentant un trouble de l’humeur.
Synthèse des données
La proportion de passages à l’acte homicidaire est ainsi
majorée significativement dans la population de sujets
atteints de pathologies psychiatriques graves (schizophrénie, paranoïa, trouble de l’humeur) et variable selon le
genre. Le risque est multiplié par deux chez les hommes et
par six chez les femmes par rapport à la population générale
[39].
Même si le risque de violence associé à des troubles
mentaux graves est plus élevé que celui retrouvé dans
la population générale, le nombre absolu d’agressions
commises par les malades mentaux reste faible. Quatrevingt à 85 % des meurtriers ne sont pas des malades mentaux
[13]. L’homicide n’est pas le fait exclusif du malade mental,
mais plutôt l’exception.
Matériel et méthodes
Les paranoïaques
Il existe peu de données épidémiologiques concernant
l’homicide du délirant paranoïaque et cela d’autant plus que
les études internationales regroupent ou confondent sous
le terme de « psychotique » les délirants schizophrènes et
paranoïaques.
Les quelques données disponibles retrouvent, selon les
séries, une fréquence de 0,9 à 5,4 % [24,30] de paranoïaques
La collaboration de deux psychiatres experts nous a permis de consulter et d’analyser 268 expertises d’homicides
(homicide volontaire, meurtre, infanticide, parricide, assassinat). Ces homicides ont été accomplis entre 1975 et
2005. Le matériel d’étude comprend uniquement les pièces
du dossier d’expertise. Les diagnostics posés par les psychiatres experts ont été classifiés en tenant compte des
critères posés par la CIM-10 [35] et le DSM-IV [1]. Nous
Homicide et psychose : particularités criminologiques des schizophrènes, des paranoïaques et des mélancoliques
avons retenu 27 sujets auteurs d’homicide pour lesquels
les données de l’expertise ou les conclusions expertales
orientaient vers les diagnostics de schizophrénie (dix cas)
[F20 (CIM-10) ; 295.10 ; 295.20 ; 295.30 ; 295.60 ; 295.90
(DSM-IV)], de psychose paranoïaque (neuf cas), qualifiée de
« trouble délirant » dans les classifications internationales
[F22 (CIM-10) ; 297.1 (DSM-IV)] ou de trouble de l’humeur
« mélancolique » (sept cas) [F32.x (CIM-10) ; 296.xx (DSMIV)] ou « hypomaniaque » (un cas) [F31.0 (CIM-10) ; 296.40
(DSM-IV)]. Nous avons exclu de notre étude les expertises
pour lesquelles la discussion ou les conclusions orientaient
vers les diagnostics d’état limite, de débilité mentale ou de
trouble de la personnalité. Le diagnostic oscille parfois entre
l’expertise et la contre-expertise, voire la surexpertise.
Cette série, trop brève pour en tirer des conclusions statistiquement significatives, corrobore les notions classiques
de la littérature sur l’homicide psychotique.
Nous privilégions l’emploi des termes « paranoïaque »,
« paranoïa » ou « psychose paranoïaque » pour décrire ce
que le DSM-IV ou la CIM-10, nomment, « trouble délirant »,
et cela dans un souci de clarté. En effet, des éléments
délirants peuvent être retrouvés indifféremment chez les
schizophrènes, les paranoïaques, mais aussi parfois chez les
mélancoliques ou les maniaques. Nous tentons de distinguer
le groupe des schizophrènes de celui des paranoïaques, à la
différence des études anglo-saxonnes qui regroupent le plus
souvent ces entités sous le terme générique de « psychose ».
Nous utilisons également les abréviations suivantes : « S »
pour les schizophrènes, « P » pour les troubles délirants paranoïaques et « H » pour les troubles de l’humeur.
Nous examinons successivement quatre composantes : la
scène du crime, l’auteur, le mobile et la victime du crime.
Nous étudions, comparativement, ces quatre variables au
sein des groupes de schizophrènes, de paranoïaques et de
sujets présentant un trouble de l’humeur.
Résultats et discussion
La scène du crime
M. Bénézech et al. [4,5,7] enseignent que les crimes pathologiques obéissent aux règles de la tragédie classique : unité
de lieu, de temps et d’action. Tous les meurtres de notre
série ont été perpétrés dans un même lieu (à l’exception
d’un homicide de bordée), dans une période temporelle
brève et dans un même mouvement opératoire.
Dans notre étude, toutes pathologies confondues, le
crime est le plus souvent commis le soir ou la nuit, donnée
corroborée par les travaux de L. Mucchielli [28]. À l’inverse,
le crime du sujet paranoïaque n’a pas de spécificité temporelle.
Le crime est perpétré dans 63 % des cas au domicile de
la victime (S : 5/10 ; P : 4/9 ; H : 8/8), plus rarement chez
l’agresseur (7,4 % des cas ; S : 1/10 ; P : 1/9 ; H : 0/8) ou
dans 29,6 % des cas à l’extérieur (S : 4/10 ; P : 4/9 ; H : 0/8).
Dans notre série, le crime du mélancolique a toujours lieu
au domicile. Le schizophrène et le paranoïaque commettent
également majoritairement leur crime au domicile de la victime mais aussi dans un autre lieu, donnée classique de la
littérature [18,44].
325
L’auteur est le seul exécutant (S : 10/10 ; P : 9/9 ;
H : 8/8). L’agression est en règle brutale, soudaine,
n’excédant pas quelques minutes. Une dispute préalable
(notamment conjugale) est retrouvée dans certaines expertises. Un acharnement et une violence excessive ne sont pas
fréquents. Toutefois, dans 50 % des crimes de notre série le
nombre de coups est supérieur à deux, ce qui est un indicateur du caractère volontiers émotionnel de l’acte. Les
lésions par armes blanches sont souvent multiples, allant
jusqu’à 22 coups de couteau chez un schizophrène.
Chez les mélancoliques, l’utilisation de plusieurs moyens
pour commettre le crime est classique, comme si un seul
moyen n’était pas suffisant pour donner la mort. L’intention
n’est pas seulement de tuer, mais de s’acharner à annihiler, à anéantir la victime. Ce débordement de violence est
également constaté au décours du possible passage à l’acte
auto-agressif consécutif à l’homicide : l’agressivité suit un
mouvement centripète et plusieurs moyens sont utilisés dans
un but suicidaire.
L’attitude de l’auteur après l’acte donne des indices sur
le caractère éventuellement pathologique de celui-ci. Les
conduites de réparation (appel des secours) sont relativement fréquentes (S : 4/10 ; P : 4/9 ; H : 1/8). Le cadavre
est souvent laissé sur place, en évidence, non dissimulé ;
dans un cas l’auteur maquille la scène du crime et dans
un autre cas, il déplace la victime. La plupart des homicidaires restent sur le lieu du crime délibérément ou dans
les suites de leur tentative de suicide. D’autres, une fois le
crime commis, fuient. Dans notre série, neuf (30 %) homicidaires tentent de se suicider après l’acte (S : 1/10 ; P : 2/9 ;
H : 6/8), fait extrêmement fréquent quand le meurtrier est
déprimé au moment des faits. L’homicide-suicide est classiquement, mais pas exclusivement, le fait du mélancolique.
Les auteurs contemporains mettent, en effet, en évidence
l’hétérogénéité des pathologies éventuelles retrouvées chez
l’auteur d’un tel acte [11].
Les mélancoliques de notre série ont placé sur le lieu
du crime un testament (un cas), une lettre (deux cas),
ou un autre écrit (un cas), laissant supposer le caractère
éventuellement prémédité de leur acte. Ces notes peuvent
aussi correspondre à un message posthume dans la perspective d’un scénario d’homicide-suicide abouti. À l’exception
d’un meurtrier schizophrène qui a déposé sur les lieux
du crime des textes ésotériques, les homicidaires schizophrènes ou paranoïaques de notre série ne laissent aucun
document.
L’auteur du crime (Tableau 1)
Les schizophrènes
Nous avons retrouvé dix sujets schizophrènes sur 268 dossiers d’expertises d’homicides, soit un taux de 3,73 % de
schizophrènes auteurs de meurtres (Tableau 1).
Il s’agit d’hommes (100 %) jeunes, d’une moyenne d’âge
de 31 ans, célibataires, sans enfant dans 90 % des cas,
au faible niveau d’éducation, majoritairement sans emploi
(60 %), et dont l’enfance a été émaillée de carences
socio-affectives (décès d’un parent, placement en foyer,
séparation parentale). Les antécédents judiciaires sont fréquents (50 %), et ils sont généralement connus des services
de psychiatrie. Seulement 30 % des schizophrènes auteurs
326
S. Richard-Devantoy et al.
Tableau 1
Particularités criminologiques selon la pathologie.
Série de 27 homicidaires psychotiques
27 auteurs
Pathologie psychiatrique
Sexe
10 schizophrènes
10 hommes
9 paranoïaques
8 troubles de l’humeur
8 hommes
5 femmes
1 femme
3 hommes
Âge (âge moyen — écart-type)
Jeunes (31 ans — 19 à 44
Âge mûr (50,1 ans — 33 à 72 Jeunes (36 ans — 26 à 72
ans)
ans)
ans)
Situation familiale
9 célibataires, sans enfant 1 Mariés, pères de famille
Marié(e)s, mères de famille
marié, père de famille
Profession (%)
Sans emploi
En activité
En activité
majoritairement (60)
ATCD judiciaires (%)
Vols, cambriolages,
Non
Non
agression sexuelle (50)
ATCD psychiatriques (%)
Schizophrénies (30), BDA
Non
Épisode dépressif majeur
(30), autres (10)
(62,5)
Inconnus des services de
Tentative de suicide (37,5)
psychiatrie (30)
Psychose
maniacodépressive (25)
Abus ou dépendance à l’alcool (%) (40)
(55)
(12,5)
29 victimes
Parents
Conjoints
3 ascendants (2 mères, 1
père)
0
Enfants
1
Connaissances (amis, voisins)
6 amis (1 voisine, 3 amis, 2
connaissances)
1
Inconnu
2 (1 père, 1 mère)
0
4 conjoint(e)s (3 conjointes, 1 conjointe
1 conjoint)
0
7 enfants (4 garçons, 3
filles)
5 voisins (2 voisins, 2 amis, 1 ex-belle-mère (sujet
1 amant)
hypomaniaque)
0
0
29 homicides
Lieu du crime (%)
Heure du crime (%)
Arme du crime (%)
Domicile (60)
Extérieur (40)
Soir et nuit (60)
Arme à feu (30),
strangulation (30 ), arme
blanche (20), coups (20)
Domicile (56)
Extérieur (44)
Matin, journée, soir et nuit
Arme à feu (56), coups (33),
arme blanche (11)
Alcool au moment des faits (%)
Caractère émotionnel de l’acte
Tentative de suicide (%)
(30)
Majoritairement
Rare (10)
(33)
Majoritairement
Rare (22)
d’homicides de notre série sont inconnus des services de
psychiatrie, donnée classique de la littérature [44]. Les
formes cliniques se répartissent en sous types paranoïde
(60 %), indifférencié (10 %) et résiduel (30 %). Les thématiques persécutives (60 % des cas), sexuelle ou métaphysique
alimentent les propos délirants du sujet, dont les mécanismes sont hallucinatoires (60 %) et/ou constitués d’un
automatisme mental (50 %). Quarante pourcent des homicidaires schizophrènes sont discordants et 50 % d’entre
eux présentent une dimension négative de la maladie.
Les comorbidités associées sont par ordre de fréquence :
consommation et dépendance alcoolique (40 %), personnalité psychopathique (10 %) et débilité mentale (10 %).
Domicile (100)
Soir et nuit (62,5)
Arme à feu (50),
strangulation (25), coups
(12,5), noyade (12,5),
empoisonnement (12,5)
(25)
Fréquent
Fréquente (75)
Les paranoïaques
Nous avons retrouvé neuf sujets paranoïaques auteurs de
meurtres sur les 268 dossiers d’expertises, soit 3,35 % des
auteurs de meurtres.
Ce sont des hommes (88 %), d’âge mur, autour de la
cinquantaine, mariés (66 %), pères de famille (77 %), majoritairement sans emploi (54 %), ou dans 34 % des cas en
activité au moment des faits. Leur enfance a été marquée par des pertes (décès d’un ou des deux parents). Ils
n’ont pas d’antécédents judiciaires ni psychiatriques. Nous
avons relevé, selon la nosographie française, des délires
de revendication (3/9), de jalousie (3/9) et trois délires
d’interprétation de Sérieux et Capgras (3/9). Des intuitions,
Homicide et psychose : particularités criminologiques des schizophrènes, des paranoïaques et des mélancoliques
suivies d’interprétations délirantes alimentent des thématiques persécutives (77 % des cas), de jalousie (40 %) ou de
préjudice. Cinquante pourcent des agresseurs consomment
de l’alcool. Un des auteurs présente, associée à son délire,
une débilité mentale.
Les mélancoliques
Nous avons répertorié une majorité de femmes (62,5 %),
plutôt jeunes, d’un âge moyen de 36 ans, mariées (50 %)
ou divorcées (25 %), ayant effectué des études supérieures,
majoritairement en activité et dont la trajectoire de vie
a été marquée par des pertes (décès d’un parent, d’un
enfant ou d’un membre de la famille). Sans antécédents
judiciaires, les mélancoliques meurtriers de notre série présentent de nombreux antécédents psychiatriques : épisode
dépressif majeur (62,5 %), tentative de suicide (37,5 %) et
des antécédents familiaux de suicide ou d’épisodes dépressifs.
Parmi les troubles de l’humeur, nous relevons sept épisodes dépressifs majeurs et un épisode hypomaniaque.
Quand des propos délirants sont présents, les thématiques
de persécution, de jalousie et surtout altruiste prédominent. La comorbidité alcoolique est peu fréquente chez
les patients mélancoliques (12,5 %).
Le mobile du crime
Par définition, l’homicide pathologique ne présenterait pas
de mobile. Les facteurs criminogènes et les motivations de
l’homicide alléguées par l’auteur peuvent pourtant éclairer
la genèse du meurtre, au premier abord fou et immotivé.
Les motivations délirantes de l’homicide
Dans notre série, les motivations de l’homicide du schizophrène sont parfois en lien avec la psychopathologie
délirante ou discordante. Un des meurtriers « se croyait le
diable et se sentait persécuté par des airs de l’exorciste »,
l’amenant à tuer un ami par strangulation ; un autre
interprète les mots d’un passant « tu peux » comme une
proposition homosexuelle et le tue de plusieurs coups de
couteau. Ces exemples illustrent le passage à l’acte soustendu par une thématique délirante, passant au premier
abord pour un crime immotivé. Un des schizophrènes homicidaires met à exécution un commandement intrapsychique
qui lui enjoignait de tuer « sa mère, son chien et un moine »
afin de « noircir son âme pour purifier et pacifier la terre ».
Une rationalisation discordante peut tenter d’expliquer le
crime : un des meurtriers schizophrènes strangule son ami
car « son cerveau s’est arrêté de penser » ; un autre a une
obsession morbide et lancinante : « tuer une jolie femme »,
enfin un dernier explique son crime par « l’amour du cinéma
et la recherche du Graal ».
Pour les paranoïaques de notre série, il s’agit d’une réaction de légitime défense : le meurtre s’impose comme seule
issue. L’homicide du paranoïaque est marqué du sceau de la
persécution. Cette angoisse persécutive se conjugue parfois
à un état confuso-onirique, où le sujet « se sent menacé » ou
« en danger de mort ». La vengeance ou la jalousie motivent
aussi l’acte homicide (« Si je ne l’avais pas fait, je serais
toujours cocu »). Parfois, il s’agit de tuer un traître.
327
Parmi les sujets mélancoliques, un motif altruiste apparaît dans plusieurs expertises. L’un précise : « Je me sentais
soulagé, je savais que mon fils ne souffrirait plus. J’ai pensé
que je n’avais plus le choix. . . Je crois que j’ai voulu protéger mes enfants contre le malheur ». « Je voulais épargner
la souffrance de mon fils », conclut une autre.
La rareté des mobiles délirants est soulignée par plusieurs auteurs [39] ; J.-L. Dubreucq et al. [13] précisent
l’importance des symptômes négatifs dans la genèse de
l’acte homicide du schizophrène. Les homicides des schizophrènes, des paranoïaques ou des mélancoliques répondent
plus souvent à des facteurs émotionnels ou affectifs
secondaires à la symptomatologie délirante qu’au délire
lui-même. Ainsi, un homicidaire schizophrène paranoïde
se sentant menacé agit secondairement à l’angoisse générée par le délire persécutif. Des idées délirantes, des
éléments catatoniques, thymiques, anxieux se mélangent,
s’amalgament et s’amplifient au moment de l’agression
[2,22,27,30,31].
En effet, la psychose, au même titre que la consommation d’alcool ou la prise de toxique, vient mettre en acte
l’homicide : elle favorise les altérations perceptuelles, les
troubles du jugement et crée la dimension émotionnelle
de l’acte (anxiété, peur, colère, tristesse, impulsivité). Les
altérations perceptives, liées à la psychose et aux émotions
secondaires à l’intensité du vécu délirant et favorisées par
des comorbidités peuvent créer les conditions d’un passage
à l’acte homicide.
Influence des comorbidités sur le mobile
Dans notre série, la dépendance à l’alcool concerne 37 % des
sujets, avec la répartition suivante : 40 % des schizophrènes,
55 % des paranoïaques et 12,5 % des mélancoliques.
Quelle que soit la pathologie (schizophrénie, paranoïa,
ou mélancolie), tous les auteurs insistent sur le poids des
comorbidités addictives (abus d’alcool ou de substances)
ou des troubles de personnalité associés dans le passage
à l’acte homicide [2,3,6,9,10,12,18,19,38,39,44]. Parmi les
auteurs d’infractions criminelles présentant un trouble mental majeur, respectivement 48,7 et 42,9 % des hommes et
des femmes auraient également un diagnostic secondaire
d’addiction à des substances psycho-actives [7].
Dans une étude de 2004, la triade maladie mentale, personnalité antisociale et utilisation de toxique représente
47 % des homicides pathologiques ; l’association abus de
toxiques et maladie mentale 24 % des cas et la maladie mentale sans comorbidités pour 25 % des auteurs [36]. Ce constat
amène à la prudence lorsque nous analysons les chiffres du
passage à l’acte homicide du malade mental. L’alcool associé à une pathologie mentale augmenterait le risque pour le
malade mental de commettre un homicide. Ainsi le risque
de commettre un homicide est de 7,58 en cas de maladie
mentale associée à une alcoolisation contre 1,9 pour une
maladie mentale sans cette comorbidité [36].
C. Joyal [23] souligne la pertinence de distinguer une
clinique paranoïde (idées de persécution, d’influence ou
de grandeur, risques intrafamiliaux ou vis-à-vis des soignants), une schizophrénie évoluant sur une personnalité
psychopathique (violence clastique envers les proches ou
le compagnon) et une clinique « pseudoneurologique » de la
schizophrénie (dimension institutionnelle de la violence).
328
Tableau 2
S. Richard-Devantoy et al.
Le lien homicidaire—homicidé de l’homicide pathologique.
Lien avec l’agresseur
Lanzkron [25]
MacKnight et al. [29]
Étude McArthur [34]
McGrath et al. [31]
Connaissance
Famille (%)
Parents
Conjoint
75
48
24
5
90
50
18
12
86
51
85
Voisin, proche (%)
Enfants
Inconnu (%)
Autres
25
27
15
4
10
40
12
Les comorbidités (alcool, toxiques, traits de personnalité psychopathique, humeur dépressive) et la psychose
potentialisent leurs effets propres et altèrent les fonctions
cognitives du jugement, produisent une protrusion agressive
non retenue et permettent la mise en acte homicide. Trajectoire de vie du sujet et situation contextuelle au moment
des faits inscrivent l’acte homicide dans une singularité et
dans une économie relationnelle souvent conflictuelle.
La relation à la victime (29 victimes)
Dans notre étude, la victime est presque exclusivement une
personne proche de l’auteur et un membre de la famille :
30 % d’enfants (S : 1/10 ; P : 0/9 ; H : 7/8), 18,5 % d’amis
(S : 3/10 ; P : 2/9 ; H : 0/8), 14,8 % de parents (S : 2/10 ; P :
2/9 ; H : 0/8), 14,8 % de conjoints (S : 2/10 ; P : 3/9 ; H : 1/8)
et 11 % de voisins (S : 1/10 ; P : 2/9 ; H : 0/8). Parmi les victimes, nous recensons 16 victimes de sexe masculin et 13 de
sexe féminin.
Le sujet schizophrène tue dans son entourage proche :
mère (2/10), fils (1/10), ami (3/9), connaissance (3/10),
très rarement un inconnu (1/10). Les conjoints sont épargnés ; rappelons la situation familiale des schizophrènes
de notre série qui sont célibataires, sans enfant pour 90 %
d’entre eux. Le délirant paranoïaque commet également son
crime dans son entourage proche : conjoint 44 % (4/9), voisin 22 % (2/9), ami 11 % (1/9), parents (1/9), amant de sa
femme (1/9). Les enfants sont épargnés, étant plus rarement intégrés dans le système délirant du paranoïaque. Les
mélancoliques, à une exception près où la victime est la
femme de l’auteur, tuent leurs enfants. Le sujet hypomaniaque commet le meurtre de son ex-belle-mère.
Contrairement aux idées reçues et véhiculées par les
médias, le malade mental tue dans un cercle fermé de personnes côtoyées, ce que confirment les études actuelles
[18,25,28—32,34] (Tableau 2).
Conclusion
L’essentiel de la violence dans la société n’est pas dû aux
malades mentaux : l’homicide est rarement le fait d’un
malade mental. Mais, la maladie mentale grave (schizophrénie, trouble délirant paranoïaque et trouble de l’humeur),
d’une manière encore obscure, pèse à elle seule sur cette
8
35
14
15
rupture d’équilibre qu’est la violence et génère un risque
d’homicide plus élevé que celui de la population générale.
L’hétérogénéité des données de la littérature, le caractère paradoxal ou « immotivé » de l’homicide témoignent
probablement de notre ignorance et de notre propre incompréhension face à un geste qui ne peut pas toujours être
prévenu.
Les motivations délirantes alimentent la peur, l’angoisse,
la perte de contrôle de l’individu, amenant à l’effacement
des limites entre le malade et l’autre, véritable moment
de dépersonnalisation. L’abus d’alcool, la prise de toxiques,
les traits de personnalité psychopathique, l’humeur exaltée ou au contraire dépressive facilitent alors l’impulsivité,
l’altération des fonctions cognitives, la dissolution de la
conscience et l’éventuel passage à l’acte homicide. D’autres
caractéristiques augmentent le risque d’homicide : histoire
de violence antérieure, non observance de la médication et
du suivi, symptomatologie psychotique aiguë et lésions cérébrales. La victime est le plus souvent connue de son auteur :
famille et proches pour le schizophrène, conjoint et voisins
pour le paranoïaque, ou enfants et conjoint pour le mélancolique. Cette catégorisation ne doit pas faire perdre de
vue que la violence homicide s’inscrit dans un parcours de
vie toujours singulier et dans une dynamique relationnelle
complexe.
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