Maladie de greffon contre l`hôte (GVH) : biologie
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Maladie de greffon contre l`hôte (GVH) : biologie
C ompte rendu Maladie de greffon contre l’hôte (GVH) : biologie doi: 10.1684/hma.2013.0807 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 08/02/2017. Maud d’Aveni <[email protected]> a maladie du greffon contre ^te (GVH) a l’ho et e d ecrite pour la premiere fois par Barnes [1] et d efinie par Billingham comme un les cellules d’un donsyndrome ou neur immunocomp etent reconnaissent et attaquent les cellules des ^te immunod tissus d’un ho eprim e [2]. La GVH aigu€ e (GVHa) a et e d ecrite et conceptualis ee par Reddy [3] en trois etapes : L – les dommages tissulaires caus es par le conditionnement – plus r ecem^le fondamental du microment : le ro biote (flore commensale digestive) – modulent la s ecr etion de cytokines pro-inflammatoires qui activent les cellules pr esentatrices d’antig enes (CPA) [4], – les CPA matures acqui erent alors une fonction optimis ee de pr esentation de l’antig ene aux lymphocytes T (LT). Les CPA et LT activ es vont accroı̂tre l’orage cytokinique par relargage de cytokines pro-inflammatoires (Th1) qui recrutent des lymphocytes effecteurs (NK et LT cytotoxiques) et l’immunit e inn ee (notamment les cellules phagocytaires), – l’activation et la migration des cellules effectrices ainsi que le relargage de cytokines de type Th1 engendrent des l esions de GVHa notamment au niveau de la peau, du foie et du tube digestif. la description de certains Malgre biomarqueurs associ es a la survenue de la GVHa – elafin (inhibiteur d’ elastase) produite par les k eratinocytes d’un epiderme inflammatoire [5], Reg3a, prot eine antibact erienne matologie He Tir es a part : M. d’Aveni protectrice de l’ epith elium digestif, s ecr et ee par les cellules de Paneth dans les cryptes, reflet de l’atteinte de la muqueuse [6] –, aucun test biologique n’est utilis e en routine pour pr edire l’incidence de la GVHa, sa r eponse au traitement et ainsi la mortalit e li ee a la toxicit e (TRM) du patient. Tout l’enjeu de la recherche sur la physiopathologie de la GVH est d’identifier des biomarqueurs pour ^t les patients pr edire au plus to a haut risque qui n ecessiteraient un monitoring et une attitude th erapeutique immunosuppressive mieux adapt es. On distingue trois grands types de biomarqueurs : – les miRNA : ce sont des transcrits de 21-25 nucl eotides qui r epriment la fonction d’un g ene en interagissant avec son ARNm. Les miRNA ^le d’un g permettent le contro ene a diff erents temps de son expression : la transcription, la translocation et la d egradation de la prot eine. Ainsi, une equipe de Newcastle (Atarod et al., O165) rapporte que le taux plasmatique de miR-146a-5p est significativement diminu e chez les patients atteints de GVHa grade II-IV, alors qu’une equipe de P ekin (Lv et al., O161) montre que miR-500a et miR-532-5p plasmatiques sont augment es chez ces patients (p = 0,032 et p = 0,016). Ces miRNA augment es dans le plasma renforceraient le signal pro-inflammatoire de l’IL18 en r eduisant la sensibilit e aux glucocorticoı̈des et d’autres cytokines anti-inflammatoires telles que le TGFb et l’IL10 (figure 1). ^te (GVH) : biologie. Pour citer cet article : d’Aveni M. Maladie de greffon contre l’ho Hematologie 2013 ; 19 : 25-27. doi : 10.1684/hma.2013.0807 H ematologie vol. 19 n8 suppl ement 3, juillet 2013 25 aGvHD Glucocorticoid Sensitivity IL18-induced IFN-gamma IL-10 Function IL-18BP TGF-beta Function NR3C1 IL-4 Function Treg Function IL-10R TAB3 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 08/02/2017. IL-4R FOXP3 Mir-500a/Mir-532-5p Clusters JAK RUNX3 NF-KB Figure 1. Place des mi-RNA dans la physiopathologie de la GVHa (Lv et al.). miR-500a et miR-532-5p, augmentes dans le plasma, renforcent le signal pro-inflammatoire de l’IL18 ce qui diminue la sensibilite des cellules aux glucocorticoı̈des et a d’autres cytokines anti-inflammatoires telles que le TGFb et l’IL-10. – les cellules : lymphocytes effecteurs : l’attribution classique de la GVHa a une reponse Th1 pro-inflammatoire cytotoxique est maintenant largement compl et ee par la compr ehension plus specifique, organe par organe, de l’infiltrat T. Ainsi, Malard et al. (O141) a montr e que des LT orient es Th17 et les cellules dendritiques plasmocytoı̈des (connues pour secreter l’IFN type I et orienter la r eponse Th17) sont deux acteurs importants de la GVHa cutan ee. L’ etude de Gomez et al. (O390) montre que le nombre de LT CD146+ CCR5+ circulants est pr ecocement augment e chez les patients atteints de GVHa digestive, compar es aux patients indemnes de GVH ou atteints de GVHa non digestive (figure 2), en faisant un v eritable biomarqueur pronostique et pr edictif de la GVHa digestive, les cellules immunor egulatrices : un autre sous-type lymphocytaire T a montr e un int er^ et particulier dans la pr ediction de l’incidence de la GVHa : les NKT invariants p < 0.0001 p < 0.0001 p = 0.28 p = 0.007 p = 0.003 p = 0.03 4 % CD146+CCR5+Tcells p = 0.17 3 2 1 0 n HD Auto GI GVHD No GVHD Non-GVHD Enteritis Skin 1st GVHD Skin Only GVHD 10 30 71 48 33 22 40 29 29 30 28 29 28 Median day of onset/ sample Figure 2. Nombre de LT CD146+ CCR5+ correle a la GVH aigue€ digestive (Gomez et al.). Le pourcentage de LT CD146+ CCR5+ circulants est ^ mes digestifs non lies augment e chez les patients atteints de GVHa digestive compares aux patients indemnes de GVH, aux patients avec des sympto a une GVH et aux patients de GVHa non digestive (cutan ee seule). 26 matologie He vol. 19 n8 suppl ement 3, juillet 2013 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 78.47.27.170 le 08/02/2017. ^te (GVH) : biologie Maladie de greffon contre l’ho (O392). Des publications montrent que la bonne reconstitution immunitaire post-greffe des iNKT est corr el ee a ce une incidence moindre de GVHa chez les patients [7]. A congres, les travaux de Rubio et al., portant sur quatrevingt-une allogreffes de CSH, montrent que le pourcentage d’iNKT CD4- contenus dans le greffon, et surtout leur potentiel d’expansion etudi e ex vivo, sont un facteur predictif independant en analyse multivari ee de l’incidence de GVHa severe. Cette etude offre une perspective s eduisante de pouvoir pr edire avec fiabilit e l’incidence d’une GVHa severe des patients en etudiant, sur un prelevement sanguin du donneur, la capacit e d’expansion eme equipe a in vitro de ses iNKT CD4-. Par ailleurs, cette m^ presente une nouvelle population immunor egulatrice chez la souris et chez l’homme, les pro-MDSC, prog eniteurs de cellules myeloı̈des suppressives (O144) qui induisent la g eneration de lymphocytes T r egulateurs. La proportion de pro-MDSC dans les greffons et leur persistance apr es la greffe chez le receveur pourraient ^ etre corr el ees a la survenue de GVHa, la prot eomique (« prot eines exprim ees par le g enome ») est l’analyse systematique du profil prot eique d’un pr elevement biologique, qui peut varier dans le temps. Une etude multicentrique prospective sur 463 patients (O164), a utilise le panel MS17 (dix-sept peptides d eriv es de l’albumine, b2-microglobuine, CD99, fibronectine, collagene a1 et 2 refl etant l’inflammation, l’activation des LT et les changements de la matrice extracellulaire), comme un facteur pr edictif de la survenue de GVHa s ev ere en moyenne quatorze jours avant le d ebut de tout ^me (sensibilit sympto e de 71 %, sp ecificit e de 77,8 %). La physiopathologie de la GVH chronique (GVHc) a aussi beaucoup evolue, avec l’apparition de nouveaux biomarqueurs. On sait notamment que la polarisation des LT4 vers un profil Th2 induit un relargage de cytokines profibrosantes (TGFb, PDGF...) favorables a la proliferation des fibroblastes, mais aussi un recrutement de cellules inflammatoires. L’inflammation est mesur ee dans le plasma par le CD13 soluble et IL2Ra, deux prot eines relarguees par les cellules immunitaires activ ees [8]. Par ailleurs, BAFF (B-cell-activating factor), augment e lors d’une lymphopenie B persistante, est le t emoin d’une a la pr esence d’autoanticorps [9]. dysregulation B corr el ee Forte de ces dernieres publications, l’ equipe de Paczesny (O324) a montre, par l’analyse de plasma de 109 patients, que le taux elev e combin e de cinq prot eines : BAFF, elafin, CD13, IL2Ra et MIG (monokine induced by interferon g) etait pr edictif de GVHc de novo (aire sous la courbe ROC : 0,84). Par ailleurs, sur une deuxi eme cohorte de 180 patients, cette equipe a tout particuli erement identifi e que MIG etait correle a la severite de la GVHc. Enfin, il faut noter que les cellules my eloı̈des suppressives (MDSC) d ecrites dans les ann ees quatre-vingt-dix dans le microenvironnement tumoral gagnent de l’inter^ et en transplantation. Les patients trait es par photoph er ese extracorporelle pour une GVHc cutan ee (O327) et bons r epondeurs ont dans le sang des MDSC polynucl e ees induites par le traitement, permettant un monitoring biologique de l’efficacit e de ce traitement. Au total, outre la multiplicit e des biomarqueurs qui emergent dans la GVH, l’EBMT a propos e des etudes multicentriques prospectives, avec des resultats reproductibles dans les centres, validant l’int er^ et diagnostic et pr edictif fiable de ces biomarqueurs, et peut-^ etre a l’avenir une place en routine pour certains d’entre eux. re ^t : Aucun. Conflits d’inte & Références 1. Barnes DW, Loutit JF, Micklem HS. ‘‘Secondary disease’’ of radiation chimeras: a syndrome due to lymphoid aplasia. Ann N Y Acad Sci 1962 ; 99 : 374-85. 2. Billingham RE. The biology of graft-versus-host reactions. Harvey Lect 1966 ; 62 : 21-78. 3. Sun Y, Tawara I, Toubai T, Reddy P. Pathophysiology of acute graft-versushost disease: recent advances. 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Altered B-cell homeostasis and excess BAFF in human chronic graft-versus-host disease. Blood 2009 ; 113 : 3865-74. matologie He vol. 19 n8 suppl ement 3, juillet 2013 27