Acidocétose diabétique - Diabetic ketoacidosis
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Acidocétose diabétique - Diabetic ketoacidosis
Deuxième partie : urgences métaboliques Acidocétose diabétique Diabetic ketoacidosis S. Salem, J.F. Gautier* Définition La cétose et l’acidose constituent deux modalités d’aggravation du diabète. Elles sont secondaires à une carence insulinique, absolue ou relative, grave. Elles se définissent par l’association d’une hyperglycémie (> 2,5 g/l), d’une cétonémie positive ou d’une cétonurie supérieure à ++, d’un pH sanguin artériel inférieur à 7,3 ou de bicarbonates plasmatiques inférieurs à 15 mEq/l, et d’une augmentation du trou anionique (> 18 mEq/l). L’acidocétose se rencontre surtout, mais non exclusivement, chez le diabétique de type I. Elle est également caractéristique de la décompensation du diabétique type IB. Chez ces patients, d’origine le plus souvent africaine ou tropicale, la durée de l’insulinopénie est relativement courte et est suivie d’une récupération significative de la fonction pancréatique endogène qui permet l’arrêt de l’insulinothérapie. Le diabétique de type II est protégé de ce risque par sa sécrétion résiduelle d’insuline : la cétose modérée y est fréquente, l’acidose rarissime. Cadre de survenue Étiologie L’acidocétose est la conséquence d’un déficit absolu ou relatif en insuline. * Service d’endocrinologie et de diabétologie, hôpital Saint-Louis, Paris. ✓ Déficit absolu : dans 20 à 40 % des cas, c’est la manifestation inaugurale du diabète, surtout chez l’enfant. Une autre cause de carence absolue en insuline est représentée par l’omission volontaire ou non de l’injection d’insuline. Cela peut être lié à un mauvais fonctionnement d’un stylo injecteur d’insuline, à la défaillance mécanique d’une pompe à insuline utilisant la voie sous-cutanée, à sa désinsertion ou à l’obstruction de son cathéter. ✓ Déficit relatif : dû à l’adjonction d’un facteur hyperglycémiant tel qu’une infection, un stress majeur (infarctus du myocarde, traumatisme, gangrène artéritique), une hyperthyroïdie, un hypercorticisme (endogène ou iatrogène), ou un phéochromocytome. Dans 20 à 25 % des cas, la cause déclenchante demeure indéterminée. cétoniques, principalement en acides acéto-acétique et ß-hydroxybutirique qui sont libérés en quantité excessive dans le sang (augmentation de 200 à 300 fois), puis dans les urines. Ces acides provoquent une acidose lorsque l’hyperventilation ne parvient pas à assurer une compensation et que les capacités de tampon du plasma sont dépassées. La décarboxylation non enzymatique de l’acide acéto-acétique produit de l’acétone (acétonurie et odeur de “vernis à ongle” de l’haleine). Le glycérol résultant de la lipolyse contribue à la gluconéogenèse. ✓ Métabolisme protidique : la carence insulinique prolongée est responsable d’une perte de tissu musculaire, traduction de la protéolyse. Elle est caractérisée par une libération d’importantes quantités d’acides aminés qui contribuent à la gluconéogenèse. Physiopathologie ✓ Métabolisme glucidique : le déficit en insuline induit une hyperglycémie. Elle résulte à la fois d’une accélération de la glycogénolyse, d’une production hépatique accrue de glucose à partir de précurseurs non glucidiques (acides aminés, lactates, glycérol), et d’une diminution de l’utilisation périphérique du glucose, surtout au niveau musculaire. ✓ Métabolisme lipidique : la lipolyse est très fortement accrue avec accumulation dans le sang d’acides gras libres qui favorisent l’apparition d’une insulinorésistance. Dans le foie, ces acides gras sont transformés en acétyl-coA, puis en corps ✓ Métabolisme hydro-ionique : des vomissements et une diurèse osmotique (due principalement à l’hyperglycémie) entraînent des pertes hydriques de l’ordre de 50 à 150 ml/kg (jusqu’à 10 % du poids corporel), de même qu’une perte électrolytique. Une déshydratation intracellulaire s’ensuit par passage d’eau du compartiment intracellulaire vers le compartiment extracellulaire pour maintenir l’isotonicité. Les pertes en sodium peuvent atteindre 7 à 10 mEq/kg (1 g de NaCl = 17 mEq) avec hypovolémie et insuffisance rénale fonctionnelle. Les pertes potassiques par fuite rénale et vomissements peuvent atteindre 3 à 12 mEq/kg (1 g de KCl =13 mEq). Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (IX), n° 5, septembre/octobre 2005 175 diabétologie Urgences en endocrinologie, et maladies métaboliques ✓ Rôle des hormones de contre-régulation : ● Le glucagon : c’est le rapport insuline/glucagon (I/G) qui détermine l’orientation métabolique du métabolisme hépatique vers un état anabolique (I/G élevé) ou catabolique (I/G bas). Dans l’acidocétose, le rapport I/G est bas. ● Le cortisol : son action inclut une stimulation de la lipolyse, de la protéolyse avec une augmentation des acides aminés circulants précurseurs de la gluconéogenèse, l’induction des enzymes hépatiques de la gluconéogenèse et l’inhibition de l’utilisation périphérique du glucose. L’acidocétose s’installe rarement en quelques heures (enfant, pompe), mais le plus souvent en 2 à 3 jours. Clinique Cétose Le tableau clinique comporte un symptôme cardinal : l’amaigrissement. S’y associent quelquefois des troubles visuels. Les signes digestifs évocateurs de cétose sont également présents (nausées, vomissements, crampes abdominales, anorexie, etc.). Le diagnostic de cétose diabétique est établi sur la présence d’une hyperglycémie associée à une cétonémie ou à une cétonurie positive. Le pH sanguin reste normal. Acidocétose En cas d’acidocétose, les manifestations cliniques de la cétose sont plus marquées. On constate une dyspnée de Küssmaul caractérisée par une respiration ample, profonde, bruyante, et assez rapide (30 à 45/mn). L’état de conscience est quelquefois normal (20 %), le plus souvent stuporeux, avec parfois confusion, mais rarement coma hypotonique calme, sans signe de localisation (10 % des cas). La 176 déshydratation est le plus souvent extracellulaire (pli cutané, hypotonie des globes oculaires, hypotension artérielle). Une déshydratation mixte est assez fréquente avec une note intracellulaire (sécheresse des muqueuses). Le syndrome abdominal est le plus souvent secondaire à l’acidocétose mais, dans de rares cas, il peut masquer une lésion digestive primitive (parfois à l’origine de la décompensation acidocétosique). Les critères biologiques sont les suivants : ✓ glycémie entre 3 et 7 g/l ; ✓ bicarbonates veineux inférieurs à 15 mEq/l ; ✓ pH artériel inférieur à 7,30 ; ✓ cétonémie et/ou cétonurie (> ++) ; ✓ hypocapnie (par hyperventilation) ; ✓ kaliémie variable ; ✓ parfois pseudo-hyponatrémie. Pour calculer la natrémie corrigée avec expression de la glycémie en g/l : Na corrigée = Na mesurée + 1,6 x (glycémie-1). Si la glycémie est exprimée en mmol/l : Na corrigée = Na mesurée + 0,3 x (glycémie-5) ; ✓ hyperlipémie majeure ; ✓ déficit en calcium, phosphore et magnésium (importance pratique limitée) ; ✓ trou anionique augmenté proportionnellement à l’acétonémie (il est dû aux anions imposés ß-hydroxybutyrate et acéto-acétate) ; ✓ hyperleucocytose (en l’absence d’infection) ; ✓ insuffisance rénale fonctionnelle ; ✓ augmentation des enzymes pancréatiques, hépatiques et cardiaques en l’absence d’atteinte spécifique de ces organes. La recherche d’un facteur déclenchant est primordiale (radio du thorax, ECG, hémoculture, NFS, ECBU, etc.). neuse continue à la dose de 0,1 U/kg/h, tant que la glycémie est supérieure à 2 g/l. Passé ce cap, les besoins en insuline diminuent en moyenne de moitié et la dose est généralement réduite à 0,05 U/kg/h jusqu’à la correction de la déshydratation et de la cétose. Le relais est ensuite pris par un schéma multiinjections sous-cutanées d’insuline par jour pendant 24 à 72 heures. Réhydratation Le volume à perfuser doit tenir compte de la perte du poids (si elle est connue) à laquelle il faut ajouter les besoins journaliers de base (1,5 à 2 l/j). Le volume total (4 à 7 l) est à passer pour moitié sur les 8 premières heures et pour moitié sur les 16 heures suivantes. Ce volume est réajusté en cours de réanimation en fonction de la tolérance clinique. En cas d’hyperosmolarité associée, ou chez les sujets âgés, il est prudent d’étaler l’apport volumique sur une plus longue période allant de 48 à 72 heures. Correction électrolytique L’apport de sodium par perfusion de sérum physiologique est en général suffisant. Celui en potassium doit être initié précocement, dès le début de l’insulinothérapie si la kaliémie est inférieure à 4 mmol/l. La quantité à administrer est adaptée à l’évolution de la kaliémie, mesurée toutes les 2 à 4 heures. Les bicarbonates L’apport de bicarbonate intraveineux n’est indiqué que si le pH est inférieur à 7,0. Conduite à tenir Insulinothérapie Traitement de la cause déclenchante Une insulinothérapie à action rapide est administrée par voie intravei- Il est un préalable à l’efficacité des autres traitements. Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (IX), n° 5, septembre/octobre 2005 Deuxième partie : urgences métaboliques Surveillance, évolution et complications Surveillance La surveillance clinique, essentielle, est effectuée toutes les heures pendant 8 heures, puis toutes les 2 heures. Elle inclut : rythme cardiaque, pression artérielle, auscultation pulmonaire et diurèse. Glycémie et acétonémie sont surveillées au même rythme. Le monitoring de l’ECG, incluant fréquence cardiaque et pression artérielle est souhaitable. L’ionogramme sanguin doit être évalué aux temps 3, 6, 12, et 24 heures. Les critères de retour à l’insulinothérapie sous-cutanée sont les suivants : ✓ patient conscient pouvant s’alimenter ; ✓ glycémie stabilisée entre 2 et 2,5 g/l ; ✓ ionogramme sanguin normalisé avec, en particulier, une réserve alcaline atteignant 25 mEq/l. Une cétonurie modérée peut persister quelques heures. Évolution L’évolution est défavorable dans 4 % des cas, surtout chez les sujets âgés. Infarctus du myocarde et infection peuvent être méconnus. Complications Il faut avant tout redouter les complications suivantes : ✓ fausses routes ; ✓ collapsus par déshydratation ; ✓ œdème cérébral dont les principales causes sont : apport de liquide hypotonique, hyperhydratation, correction trop rapide de la glycémie et de l’hyperosmolarité plasmatique ; ✓ hypoglycémie ; ✓ hypokaliémie ; ✓ accident thromboembolique ; ✓ infection (cathéters, sonde urinaire, etc.) ; ✓ détresse respiratoire. .../... 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Résumé des Caractéristiques du Produit. 2. Avis de la Commission de la Transparence – 30 mars 2005. Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (IX), n° 5, septembre/octobre 2005 177