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SUPPORT DU COURS Module : TECHNIQUES DE NEGOCIATION Volume horaire : 15 heures Niveau : Semestre III 2 PLAN DU COURS 1. COMPRENDRE LA NEGOCIATION 2. LE PROCESSUS D’UNE NEGOCIATION 3. LA PREPARATION DE LA NEGOCIATION • Qu’est ce que la négociation ? • Quels sont les fondements de la négociation ? • Quels sont les différents types de négociation ? • Ce que la négociation n’est pas • La négociation : les concepts voisins • Le contact • La clarification • Les concessions • La crise • La conclusion • Les différentes étapes de la préparation • Les conseils pour une préparation de la négociation • Exemples illustratifs : la grille d’analyse d’un conflit et la préparation d’une négociation sociale 4. 2 LES STYLES DE NEGOCIATION • la variation de style en fonction de l’orientation de la négociation • la variation de style en fonction de l’ouverture, la vérité • la variation de style en fonction de l’objet, le climat • la variation de style en fonction de la personnalité, l’attitude, la psychologie • les styles de négociateurs d’après la grille de Thomas Kilmann 3 5. 6. LE PROFIL DU NEGOCIATEUR EFFICACE : ATTITUDES ET COMPETENCES • La fonction d’efficacité du négociateur • Le négociateur efficace : les attitudes • Le négociateur efficace: exemples de techniques NEGOCIER A L’INTERNATIONAL : LES DIFFERENCES CULTURELLES • Degré d’individualisme ou collectivisme des différentes cultures • Contrôle de l’incertitude • Orientation masculine/féminine • Contexte fort/faible • Rapport au temps • Rapport à l’espace • Attitude à l’action, au risque, au travail • La parole VS l’écrit • illustrations 7. CONSEILS PRATIQUES POUR REUSSIR SA NEGOCIATION, FINALISER ET CONCLURE UNE NEGOCIATION • L’intensité de la phase terminale de négociation • Techniques courantes de conclusion d’une négociation 3 4 1. COMPRENDRE LA NEGOCIATION Qu’est ce que la négociation ? La négociation peut se définir comme suit : • Une série d’entretiens, de démarches qu’on entreprend pour parvenir à un «accord», pour conclure «une affaire». • Un moyen d’arranger les différents. • Une discussion entre deux parties qui ont au départ des points de convergence et de divergence et qui cherchent à arriver à un accord sans employer la force. • Une activité qui met en interaction plusieurs acteurs qui confrontés à la fois à des divergences et des interdépendances choisissent (ou trouvent opportun) de rechercher volontairement une solution mutuellement acceptable. • Un processus de communication visant à conclure un accord avec des interlocuteurs qui ont des intérêts communs et opposés. • Un processus par lequel plusieurs parties (au moins deux) tentent de résoudre «un conflit» actif ou latent, qui les oppose et de rechercher librement un accord. • L’activité dans laquelle deux protagonistes s’efforcent d’obtenir la meilleure part dans le «NO MAN’S LAND» qui sépare leurs intransigeances réciproques. • Un système de décision par lequel les acteurs s’entendant de commun accord au lieu d’agir par voie unilatérale. Quels sont les fondements de la négociation ? La négociation est avant tout une activité humaine, c’est un acte qui intègre des approches psychologiques, comportementales, techniques et culturelles. Elle suppose • Un minimum d’accord possible entre les parties • Une volonté d’obtention d’un accord • Un rapport de force équilibré La négociation repose donc sur le caractère volontaire et l’acceptabilité d’une solution satisfaisante pour les parties. Elle implique nécessairement des interactions, des divergences et des intérêts communs. 4 5 La négociation fait intervenir des facteurs affectifs et d’autres irrationnels. Elle comporte plusieurs phases. Elle fait appel à des attitudes et nécessite des compétences et des aptitudes. La négociation peut aboutir à un compromis simple ; à une échange de concessions ; à une adjonction de contrepartie et de compensations mutuelles ou à la création de «nouvelles ouvertures et options». Quels sont les différents types de négociation? La typologie des négociations varie selon plusieurs critères (parties prenantes, thème, équilibre des forces,…). La négociation est le plus souvent bilatérale (deux parties seulement sont en présence). Elle peut être tripartie ou multilatérale (concerne plus de trois parties). La négociation peut être nationale (à l’échelle d’un pays) ou encore régionale ou sous régionale (qui concernent plusieurs pays appartenant à une même région). La négociation varie également en fonction du thème. Elle peut être politique, juridique, économique, sociale, financière ou commerciale. La négociation peut être symétrique (les deux parties sont à la fois en position de revendication et en position de défense) ou dissymétrique (c’est le cas d’une négociation ou l’une des parties est en position revendicative et l’autre est en position défensive). La négociation peut également être classée selon les attitudes adoptées par les parties en présence. Elle peut être conflictuelle quand les protagonistes se comportent comme des adversaires et leurs relations sont marquées par la rivalité, la compétition et la méfiance. Elle est coopérative quand les protagonistes se comportent en partenaires ayant un projet commun et des intérêts liés. Leurs relations sont marquées par l’affinité et la confiance. La négociation peut enfin être identifiée par référence à un secteur d'activités. Elle peut être financière, sociale, politique ou commerciale. Ce que la négociation n’est pas • La négociation n’est pas un combat. Il s’agit plutôt d’un effort collectif conscient pour gagner en faisant gagner l’autre. 5 6 • La négociation n’est pas un travail de persuasion, mais plutôt un échange de concessions. • La négociation n’est pas seulement une réunion formelle autour d’une table pour débattre d’un problème litigieux. • La négociation, n’est pas une partie de Pocker où le hasard des données et le bluff des acteurs constituent les forces principales. • La négociation, n’est pas le marchandage. • La négociation, n’est pas le mensonge et la démagogie. • La négociation, n’est pas que le compromis « la poire en deux » ou la solution 50/50. La négociation : les concepts voisins Le concept de la négociation devrait être distingué d’une série de concepts voisins ont des contenus plus restreints. Il s’agit en particulier de : • La consultation qui a pour seul but le transfert d’information unilatéral ou réciproque, • La discussion qui permet l’expression des divergences, de développer des points de vue différents, d’argumenter et d’apporter des objections, • La concertation qui vise le rapprochement des points de vue qui offre une opportunité de dialogue n’aboutit pas nécessairement à une décision. Exemple illustratif: la négociation commerciale La négociation commerciale est d’après Christophe DUPONT «une activité mettant en présence deux ou plusieurs parties qui, en raison de leur interdépendance, veulent trouver une issue satisfaisante, non violente à une situation exigeant, de la part de chacun, la prise en compte de la réalité de l’autre ». Cette définition nous amène à prendre en compte les différentes caractéristiques d’une négociation : 6 7 • Le contexte de négociation culturel, économique, juridique, social… L’aspect culturel marque fortement une relation. Edward T.Hall différencie les cultures à contexte fort (Japon, Moyen-Orient, Maghreb où la parole donnée sera capitale dans la relation interpersonnelle) et celles à contexte faible (Europe du Nord USA où au contraire la parole donnée est peu fiable). • Les protagonistes ou parties en présence (vendeur/client) sont influencés par leurs personnalités, leurs valeurs, leurs besoins, leurs statuts, leurs compétences de négociateurs. La nature et l’histoire de la relation sont aussi à prendre en compte. • Un écart de position entre les protagonistes amène les parties à échanger en négociant. Cette confrontation, compte tenu des objectifs de chacun, peut être coopérative (trouver une entente), compétitive (l’emporter sur l’autre) ou conflictuelle (faire perdre l’autre). • La volonté de parvenir à un résultat, qui guide les protagonistes à réduire l’écart pour parvenir à un accord commercial. • La nécessité d’une d’une marge de manœuvre conditionne la possibilité, tant pour le vendeur que pour l’acheteur, de faire des concessions pour réduire l’écart et aboutir à un accord. Cette marge dépend des objectifs respectifs des parties. • Le rapport de force ne doit pas être trop déséquilibré, sinon « le fort » impose sa solution au « faible », mais celui-ci est déterminé par divers éléments comme le statut (rapport franchiseur/franchisé) le poids économique (Petit producteur/grande distribution), la compétence (la parole de l’expert), la personnalité (la confiance en soi). Qui en sont les acteurs ? Quels sont leurs objectifs ? Les acteurs Un vendeur Un acheteur 7 Leurs objectifs Vendre en maximisant les profits Promouvoir son activité Défendre ses conditions commerciales (prix, services : livraison, transport, garantie…) Fidéliser et promouvoir la notion de partenariat Satisfaire un besoin individuel ou collectif Acheter au mieux de ses intérêts Obtenir les meilleures conditions Amorcer des relations durables 8 CE QU’IL FAUDRAIT RETENIR La négociation est une série d’échanges verbaux ou démarches effectués par deux ou plusieurs agents économiques, sociaux ou politiques en vue d’aboutir à la conclusion d’un accord ou d’un contrat à partir de besoins définis explicites ou implicites pour améliorer leur situation respective, c’est–à-dire modifier un équilibre existant de fait ou de droit. EXERCICES : 1. Pourquoi négocie t-on ? 2. Quand est ce qu'il faudrait éviter de négocier? 3. A votre avis, la négociation serait plutôt un art ou une science ? 8 9 2. LE PROCESSUS DE LA NEGOCIATION La négociation est un processus, c’est à dire une démarche qui comporte des étapes, qui permet à deux ou plusieurs parties d’atteindre un accord satisfaisant leurs besoins mutuels en partant d’une situation de désaccord. Le processus de la négociation et la satisfaction des besoins Projets de satisfaction Exécution du contrat A B Besoins satisfaits Besoins satisfaits Ressources apportées par B Ressources apportées par A CONTRAT Négociation en cours Objectifs de B Objectifs de A A Avant la négociation B Négociation Besoins non satisfaits Besoins non satisfaits Intentions relationnelles Source : Paul G. Tessier, didacthèque internationale en management public La négociation comporte généralement cinq phases principales : La phase 1 : le contact Durant cette phase les parties prenantes à la négociation font des déclarations de bonne intention, ou au contraire expriment des positions maximalistes, pour intimider l’autre. Elles peuvent affirmer leur volonté d’aboutir à un accord, se rendre mutuellement hommage et se féliciter de la qualité des relations et du climat de confiance qu’elles ont su créer. Cette phase est importante. Elle constitue un moment d’écoute essentiel pour la suite des évènements. Elle permet surtout «d’identifier l’autre et de le mettre en confiance». 9 10 La phase 2 : la clarification C’est la phase qui permet aux deux parties d’entrer dans « le vif du sujet » et de dévoiler leurs positions initiales. Chaque partie tentera d’exprimer ses attentes et de marquer les limites des concessions qu’elle pourrait éventuellement accepter. C’est la phase d’observation qui prépare celle des concessions réciproques. Les deux parties peuvent, dans cette phase, s’accorder mutuellement quelques concessions partielles, sur des questions mineures nées souvent de malentendus. La phase 3: les concessions C’est la phase classique d’échange de concessions réciproques. Les deux parties font généralement preuve de bonne volonté, réduisent leurs exigences et élargissent leurs propositions. Le rapprochement des positions peut connaître dans cette phase une accélération et les parties peuvent décider de conclure l’accord. Dans certains cas, les discussions s’enlissent et aucune partie ne veut faire d’avancée. Les prémices de la crise sont là. La phase 4: la crise L’une des parties fait brusquement marche arrière. Aucun accord ne semble possible. Chaque partie compare sur ses positions initiales. La rupture est inévitable. La phase 5: la conclusion L’issue de la négociation se précise. L’une des parties peut faire une dernière concession. L’autre partie fait autant. Un accord est enfin possible. Si les positions sont vraiment éloignées, la rupture deviendrait l’issue la plus probable. Un ajournement des négociations peut être décidé. Cela permettrait d’atténuer la crise et de réexaminer calmement les possibilités de nouvelles bases de concessions. C’est un nouveau départ à la recherche d’un accord. 10 11 3. LA PREPARATION DE LA NEGOCIATION Les différentes étapes de la préparation : La préparation de la négociation doit permettre au négociateur de bien connaître son dossier, d’évaluer le rapport de force, de définir sa marge de manœuvre, de préparer une argumentation et d’anticiper les réactions de l’autre partie. La préparation de la négociation se fait en quatre étapes conformément au schéma suivant : PREMIERE ETAPE Faire un diagnostic détaillé de la situation, des points à négocier, des négociateurs. (Penser toujours qu’il y a une « partie adverse ») D’OU PART-ON ? DEUXIEME ETAPE Se fixer ses objectifs (et anticiper ceux de la partie adverse) OÙ VEUT-ON ALLER? CIBLE(S) Si une partie ne fixe pas les objectifs précis de la négociation, elle s’expose à ce que l’autre partie lui impose la conduite des débats. Les objectifs d’une négociation peuvent concerner : - La recherche d’information sur le client : les quantités maximales qu’il peut acheter, ses marges de manœuvre par rapport aux négociations sur les prix, sa sensibilité aux offres commerciales (crédit fournisseur, conditions de livraison,…) ; - La création ou la gestion de la relation client : conquérir un nouveau client, en fidéliser un ancien, rétablir des relations commerciales interrompues… ; - La conclusion totale ou partielle d’un contrat… Pour être efficaces, les objectifs doivent être : • Limités en nombre : au delà de huit, il sera difficile de concentrer l’attention des parties sur les points essentiels ; 11 12 • Mesurables de façon à pouvoir les évaluer et les contrôler à posteriori. Il est également indispensable de fixer les limites à ne pas dépasser ; • Cohérents, de façon à ce qu’ils répondent à la logique d’ensemble de la négociation et ne se contredisent pas ; • Hiérarchisés, de façon à concentrer les forces sur les plus importants ; • Clairement écrits, afin de faciliter leur exposé lors de la négociation et leur évaluation à posteriori. Il est utile d’élaborer une grille d’évaluation permettant d’analyser les résultats obtenus par rapport aux objectifs fixés. Il est important de noter à ce niveau qu'une négociation est souhaitable tant qu’il existe une zone d’accord entre les parties. L’analyse de la marge de manœuvre est indispensable pour déterminer ce qui est négociable de ce qui ne l’est pas, les points de rupture les zones d’intérêt commun. Elle est déterminante, car les objectifs entre les parties étant souvent différents, un rapport de force plus ou moins équilibré va se mettre en place et déterminer le comportement que chaque partie peut adopter : • La soumission : le vendeur accepte d’accorder un crédit client plus long que celui qu’il s’était fixé au départ, à cause de l’importance de l’acheteur ; • Le refus : le vendeur en situation de force refuse une réduction de prix à l’acheteur ; • La satisfaction partagée : chaque partie accepte de faire des concessions, le vendeur accepte d’augmenter le crédit client, et l’acheteur, la quantité achetée. La détermination de la marge de manœuvre. Avant de se lancer dans une négociation, le négociateur doit connaître ses marges de manœuvre et les limites à ne pas dépasser. Il est donc indispensable de déterminer le clauses qui seront inacceptables, les concessions maximales, les limites de la négociation au niveau du prix, des conditions de paiement, des conditions commerciales…Les marges de manœuvre doivent être déterminées en fonction des contraintes financières, sans négliger toutefois les aspects commerciaux, qui permettront de sauvegarder la relation client. Il faudra de toutes les façons se fixer un objectif de repli (MESORE meilleure solution de repli) qui vise à maintenir la relation même si l’objectif principal n’est pas atteint (par exemple, laisser une documentation au client en convenant de reprendre rendez –vous ultérieurement). La connaissance de la marge de manœuvre de l’autre partie L’appréciation de l’autre partie peut être difficile, dans la mesure où chacun peut cacher son jeu et feindre de ne donner qu’un intérêt limité à l’accord. Il est donc indispensable d’évaluer le plus précisément possible la marge de manœuvre de l’autre partie qui dépend : • De l’objet de l’accord et du type de partenariat (nouveau client, renouvellement d’un contrat…); • Du montant du contrat (sans vouloir fixer un seuil, on peut considérer qu’un contrat qui représente plus de 10 % du chiffre d’affaires annuel devient déterminant) ; 12 13 • De l’importance stratégique de l’accord (importance du bien, existence de solutions alternatives) • De la complexité du contrat à négocier (existence ou absence de contrat type…) ; • Du caractère national ou international du contrat (maîtrise du lieu, de la langue de négociation, du système de références….). TROISIEME ETAPE Elaborer des stratégies de négociation : D’une manière générale : scénario, terrain, jeu du temps, options/alternatives, initiatives majeures à prendre, etc. D’une manière ponctuelle : fixer ses «positions» et essayer d’anticiper celles de la partie adverse (plage de négociation). OU PEUT-ON ALLER? COMMENT Y ALLER? Orientations générales Moyens majeurs Le choix d'une stratégie de négociation se fait généralement en fonction de plusieurs critères: • Le partenaire : ne jamais sous estimer son partenaire. Souvent, l’importance d’une des parties crée le rapport de force qui induit le choix de la stratégie de négociation. Mais quand il s’agit d’un partenaire important (en chiffre d’affaires par exemple), l’entreprise aura intérêt à adopter la stratégie intégrative pour garantir la stabilité de la relation commerciale. • Le produit ou service négocié : les produits rares et stratégiques dont l’acquisition est indispensable pour l’acheteur mettent le vendeur en position de force. Toutefois, une stratégie de négociation intégrative permettra d’instaure un climat de confiance favorisant une relation durable ; les biens non stratégiques mais dont l’acquisition est décisive pour l’acheteur vont plutôt donner lieu à des négociations intégratives ou mixtes de façon à développer la relation client ; les produits banals, standardisés, peuvent faire l’objet d’une négociation distributive car la multitude de l’offre incite les parties à orienter les négociations vers la baisse des prix et l’obtention des meilleures conditions commerciales (c’est le cas dans la grand distribution). 13 14 • Le lieu de négociation : car la position du négociateur sera variable selon le lieu où se déroule la négociation, en effet, on sait combien l’ambiance, la disposition de la pièce (dans une banque, le guichet ne permet pas autant de confidentialité que le bureau du conseiller) … sont autant d’éléments qui peuvent avoir une influence sur le déroulement de la négociation. • Le temps de négociation : les facteurs liés au temps sont aussi déterminants et les attitudes seront différentes si l’entretien se déroule en un temps limité ou si au contraire l’entretien s’éternise (les pauses par exemple). La négociation peut aussi se dérouler sur plusieurs semaines voir mois (dans le secteur bancaire pour négocier un taux intéressant pour un prêt immobilier). • Le contexte socio -culturel : il est essentiel de prendre en compte la dimension internationale de la négociation lorsque celle- ci met en scène des acteurs (acheteur -vendeur) dont l’origine géographique est différente (exemples : une banque tunisienne et un client français/ une entreprise américaine et une entreprise japonaise…). En effet, Michel Delahaye dans son ouvrage « la négociation d’affaires » paru aux éditions Dunod en 2001 évoque des attitudes et comportements très typiques selon les pays d’où le négociateur est originaire, en voici ci-dessous un résumé : Pays USA Amérique latine Japon Chine Afrique noire Pays Arabes 14 Nombre de négociateurs Plusieurs dont au moins 1 avocat Atmosphère des Forme du négociations discours Les distances sont Litiges potentiels gardées malgré toujours l’utilisation du envisagés prénom Méthode employée Prise de décision rapide, négociation courte et objectifs précis Limité aux Possibilité de Agréable, prêts à Prendre le temps Négociateurs tisser des liens dialoguer de négocier et de nécessaires se connaître Délégation Pas de mise en Subtil et nuancé Prendre le temps importante évidence des de tout négocier conflits et rechercher le compromis Délégation Relation froide et Rigide et factuel Tout examiner importante et distante point par point et solidaire revenir en arrière Délégation Relation distante Ferme avec des Rechercher le importante dont avec une envie de objectifs difficiles compromis certains membres domination à appréhender ne se sentent pas quelquefois parfois concernés Délégation sérieuse Respect de l’autre Accorder une importante et et volonté concession en hiérarchisée d’instaurer un échange d’une climat de autre confiance 15 Allemagne Uniquement les négociateurs nécessaires Italie France Souvent tendue Souvent plusieurs Débat animé et humour Les négociateurs Atmosphère nécessaires sérieuse Très concret et analytique Examiner chaque point à l’ordre du jour Langage imagé et amical Langage amical, ferme Recherche le compromis Négociation longue, recherche compromis QUATRIEME ETAPE Organiser ponctuellement la négociation (équipe, procédure, arguments, logistique, etc…) COMMENT Y ALLER? Ponctuellement Les conseils pour une préparation de la négociation: Dans la pratique, il ne faut jamais commencer une négociation sans savoir ce que vous voulez accomplir et comment vous avez l’intention de le faire. • Une bonne préparation de la négociation: 80 % des chances de réussite de la négociation résident dans sa préparation. Le négociateur doit agir avec méthode de façon à prendre connaissance de son dossier, des caractéristiques de l’autre partie, définir clairement les objectifs de la négociation au niveau économique et commercial. • Les façons de faire pour une négociation intégrative : l’adoption de ce mode de négociation va justifier le choix d’un lieu confortable, d’une attitude courtoise, de respect, d’écoute active, d’un langage favorisant le dialogue, d’une conclusion qui favorise le compromis. • Les façons de faire pour une négociation distributive : l’adoption de ce mode de négociation va justifier le choix d’un lieu peu confortable, une organisation de la salle de réunion et du temps de parole qui ne facilite pas les échanges, une attitude de domination, d’intimidation, avec un langage directif, répétitif, des tentatives de culpabilisation de la partie adverse (attaques personnelles, mauvaise foi, dérision, ironie…) des manœuvres de manipulation de division des parties, la conclusion de ce type de négociation met la partie adverse au « pied du mur » : « c ‘est à prendre ou à laisser ». 15 16 CE QU’IL FAUDRAIT RETENIR Bien préparer la négociation avant de l’entamer est essentiel. Cela suppose : • Une définition des objectifs (objectifs clairs et réalistes), • Une hiérarchisation des priorités (priorité absolue, priorité moyenne, petite priorité …), • Une étude de la partie adverse (qui sont-ils? Quels sont leurs objectifs? Quels sont leurs atouts? Leurs priorités? Leurs intérêts? Jusqu’ou peuvent-ils aller?), • Un positionnement dans le contexte (environnement physique, humain, social, culturel…) • Une définition de la stratégie et des alternatives. IL NE FAUT SURTOUT PAS OUBLIER DE: 16 • Tester les hypothèses de départ et les valider, • Simuler la négociation • S’exercer à bien écouter • Travailler les arguments • Définir les rôles des membres de l’équipe de négociation 17 EXEMPLES ILLUSTRATIFS : GRILLE D’ANALYSE D’UN CONFLIT ET DE PREPARATION D’UNE NEGOCIATION SOCIALE 1- Cause et type (spontané ou non, etc.) 2- Recueil des informations • • • • • • • • • • L’entreprise (trésorerie, chiffre d’affaires, commandes, livraisons, stocks). L’environnement économique de l’entreprise (banques, fournisseurs, clients). Le personnel. Les familles du personnel. L’encadrement. Les syndicats (une bonne connaissance des partenaires est primordiale). La profession et la concurrence. l’opinion publique Position des administrations : inspection de travail, etc. contexte politique 3- Evaluation du rapport de force (Evaluer en influence positive : Très favorable, favorable et en influence négative : Défavorable, très défavorable). La liste des points à évaluer : • les revendications (priorités), • y-a-t-il de nouvelles ? • trésorerie, • soutiens financiers • stocks • positions des banques, • position des clients, • position des actionnaires • coût actuel de la grève, • coût si elle se prolonge : 1-2-3-4 jours – 2 semaines – 3 semaines – 4 semaines, • attitudes des concurrents, • opinion publique • pouvoirs publics, • journaux • radio • télévision • la ville, 17 18 • • • • • • • • • • • • • la région, retentissement national, pourcentage des grévistes, solidarité, attitude des grévistes vis-à –vis de la direction, de l’encadrement, grévistes, attitude des non-grévistes vis-à –vis de la direction, de l’encadrement, grévistes, attitude de l’encadrement vis-à –vis de la direction, des grévistes, intensité des motivations des grévistes, Qu’est-ce qui est le plus remis en cause : La direction, l’entreprise, les autres ? Qui mène le conflit ? Quels sont les fonds des grévistes ? Aide de l’extérieur ? ville, confédération, autres, réactions des familles, 4- Stratégies de la direction • • 18 Informations (non grévistes, grévistes, tiers). Actions à envisager. 19 4. LES STYLES DE LA NEGOCIATION Le style de négociation est un facteur déterminant dans le déroulement d’une négociation. Le style varie en fonction d’un certain nombre de critères : attitudes, intérêts en jeu, compétences du négociateur. Variation du style en fonction de l’orientation de la négociation : Enjeux INCITATIVE Convergents COOPERATIVE Dilemmes, • Transparence, bonne ouverture/fermeture, foi, écoute, proposition, souplesse démonstration, séduction • Donnant/donnant • Tonus, • Equilibrés enthousiasme, bonne foi, écoute. Fermeté Globalisation NEGOCIATION CIRCONSPECTE CONFRONTATIVE • Dissimulation, biais, • Affirmation de soi, patience écoute réduite, tension •Pivot factice, petits pas, stratagèmes •Salami, pivot factice Divergents • Faibles 19 CONSULTATIVE Moyens CONFLICTUELLE • Exigences, menaces, escalade, violence verbale •Salami Forts Pouvoirs A/B 20 Variation du style en fonction de l’ouverture, la vérité : VERITE NEGOCIATEUR GRAINTIF NEGOCIATEUR COOPERATIF OUVERTURE FERMETURE NEGOCIATEUR MANIPULATEUR NEGOCIATEUR CONFLICTUEL MENSONGE Variation du style en fonction de l’objet, le climat : Climat Manipulateur Coopératif Compétitif Rationnel Positif Négatif Gain propre 20 Gain mutuel Objet 21 Variation du style en fonction de la personnalité, l’attitude, la psychologie: Dominateur Dominé convivial Séducteur Agressif Irritateur حاسة الشم ال تخطئ Ax + by = analytique Intuitif La vie en rose L’Optimiste 21 Je ne vois que du noir Le pessimiste 22 Les styles de négociateurs d’après la grille de Thomas Kilmann: Styles (+) Distributif compétitif • Battant, présence, autorité, dynamisme • Fermeté, résilience • Capacité d’initiative • Impulsif, (-) impatient • Tendance à régimenter, dominateur • Faible investissement psychologique • • • • • • Résolution de problèmes Largeur de vue Créativité, inventif Disponibilité Intégrité Anticipateur Assurance tranquille Ce style n’a pas de véritable point faible, mais il suppose que la négociation permette de l’employer dans sa triple dimension compromis Retrait • «diplomate», • Prudence, sais sait manœuvrer habilement • Sait utiliser les couloirs • Suppose l’ambiguïté laisser venir • Assez souvent, solidité • Sait «occulter» si nécessaire • Peut • Niveau être perçu comme faible • Opportunisme parfois exagéré • Accepte parfois un résultat médiocre • Trop axé sur le marchandage d’aspiration faible • Manque de résilience, peu chaleureux, défensif • Pessimisme ou cynisme exagéré • • • • Fortement coopératif Sait établir un bon climat Sait dédramatiser Sens psychologique aigu Ouvert • Peut être perçu comme «utopique»; «naïf» • Résilience souvent insuffisante • Trop affectif EXERCICES : Le style de négociateur joue un rôle essentiel dans le déroulement de la négociation. Chacun a le sien propre, et pour vous aider à repérer le votre, un questionnaire comportant 12 situations professionnelles vous est proposé : pour chaque situation, quatre options sont possibles. Choisissez la votre et argumentez votre choix. 22 23 Situation professionnelle 1. Acheteur de composants électroniques, vous recevez un fournisseur répondant à une consultation pour fournitures de produits standard. Ce dernier développe un long exposé vantant la quantité de ses fournitures. A- Je l’écoute d’une oreille distraite en me disant qu’il dira peut-être quelque chose d’intéressant. B- Je le ramène avec fermeté à l’objet de la négociation. C- Je manifeste de l’intérêt et le ramène en douceur sur mon terrain de préoccupation. D- Je laisse paraître mon impatience et l’interromps sous le prétexte que le temps est précieux. 2. Vendeur à l’exportation, vous êtes en cours de négociation pour la vente d’un équipement industriel de 10 MD. Alors que la négociation progressait normalement, un expert de la délégation client prend une position intransigeante et irrecevable sur un problème de limite de responsabilité. A- Je marque mon refus immédiatement et fermement. B- sans dire non, je tente une manœuvre d’évitement en lançant la discussion sur un autre sujet. CJ’entreprends d’expliquer posément à mon vis-à-vis pourquoi son exigence est irrecevable à mes yeux. D- En indiquant qu’il s’agit d’un point très difficile, je propose de prendre de recul et de le resituer dans la globalité de la transaction. 23 Votre choix Votre argumentation 24 3. En négociation difficile-un plan social inéluctablevous êtes pris à parti par un représentant du syndicat majoritaire, de façon répétée et depuis plus d’une heure. Il vous interrompt et vous met en cause, freinant ainsi une progression déjà ardue. A- j’engage le fer une bonne fois, en mettant en cause son propre comportement, et en prenant les autres à témoin de la gravité des perturbations entraînées. B- Je le laisse faire … je prend de la distance et je m’évade par la pensée, le temps qu’il s’essouffle. C- Je me polarise sur les points à négocier en étant aussi factuel que possible. D- Je rappelle les enjeux, lourds pour tous, indique que je comprends son attitude et en appelle au calme pour avancer vers un accord. 4. Lors d’une négociation commerciale, votre interlocuteur, le vendeur, vous propose un donnant/donnant : si vous acceptez une augmentation de 5% du devis, il vous garantie une livraison ramenée de 8 à6 semaines. Ces deux semaines ont de l’intérêt pour vous. A- Je saute sur l’occasion pour tirer au minimum sur les délais et sans réagir sur les prix… on verra plus tard. B- En mon for intérieur, j’apprécie le geste à sa juste importance, et lui propose 2% d’augmentation : il faut reconnaître l’effet mais à sa valeur réelle… or, je sais qu’il à du stock et le lui fais remarquer. C- j’entre dans le jeux, en soulignant son aspect positif et en essayant d’obtenir une semaine de mieux pour un peu moins d’augmentation, avec l’idée qu’on est pas loin d’un bon accord. D- Je marque de l’intérêt et lui demande de commenter et d’améliorer encore sa position … on pourra sans doute faire affaire, sans réserve d’un effort non négligeable. 5. Lors d’une négociation commerciale plutôt favorable, après un tour d’horizon qui a permis de clarifier quelque peu les positions des parties, votre interlocuteur, vendeur, ouvre la négociation sur un point qui vous tient au cœur. A- Détestant m’enfermer dans une vision étroite de la négociation, je demande à mon interlocuteur d’avancer sur l’ensemble des points en débat, pour faciliter l’obtention d’un accord optimisé. 24 25 B- L’affiche ma demande et je m’efforce de convaincre mon vis-à-vis de son bien fondé en l’appelant à concéder au mieux. C- J’entre dans le jeu en prenant une position maximaliste et en tenant jusqu'à un accord partiel favorable. D- Je prends acte de la proposition comme d’un premier pas qui vas dans le bon sens et suppose une avancée complémentaire. 6. Alors que la négociation progresse favorablement, votre vis-à-vis aborde un point nouveau que vous n’aviez pas anticipé et qui, à première vue, n’apparaît pas essentiel. A- Je demande des éclaircissements en manifestant un esprit d’ouverture et de compréhension. B- Je demande le coup : ce point n’est pas à l’ordre du jour ; je prends note, on en parlera ultérieurement, mais je ne promets rien, bien au contraire. C- Soudain méfiant, je cherche à en savoir plus et me demande comment tirer davantage de ce point nouveau. D- Je considère la démarche comme naturelle –ne s’agit-il pas d’être créatif dans la négociationet fait dans la foulée une proposition… si ça peut lui faire plaisir, alors que ça ne me coûte rien. 7. La négociation est encore dans sa phase exploratoire. Chacun se cherche et tâte le terrain pour avancer. Le climat est plutôt bon. A- Je prends l’initiative de jouer l’échange d’information. Au nom de l’efficacité et de la réciprocité, je prends les risques d’ouvrir la communication et de révéler, pour partie, ma position. B- Je fais pression pour obtenir le maximum d’informations, même si cela peut irriter mon partenaire. Je lui livre le minimum en retour, en biaisant quelque peu la réalité. C- Le cherche à obtenir le maximum d’informations en évitant d’irriter l’autre partie. Je relance et j’écoute, je m’intéresse à ses problèmes et laisse filtrer juste se qu’il faut d’informations en retour. D- J’engage une échange aussi structurée que possible, expliquant clairement la logique de mes propos et l’intérêt de bien poser les problèmes. J’attends la même chose en retour. 25 26 8. Vous êtes à un moment important et délicat de la négociation, dans la mesure où vous débattez d’un point important mais plutôt conflictuel. Vous êtes vendeur d’une société ayant pignon sur rue… mais vous n’êtes pas seul sur le marché, de loin s’en faut. A- Je construis avec logique et bonne fois, en cherchant une rationalité partagée. Je n’hésite pas à expliquer et réepliquer pour bien convaincre l’autre partie. B- j’apprécie et je pratique le jeu de l’argumentaire, pour autant qu’il fasse progresser la négociation et que chacun y trouve sa place. C- Je développe avec vigueur ma position, j’emploie avec plaisir des arguments forts, aussi bien pour soutenir mon point de vue que pour réduire celui de l’autre partie… le plaisir suprême, c’est de la déstabiliser. D- Je suis aux aguets, j’écoute et je rebondis, ce qui compte c’est de convaincre l’autre par ses propres arguments, de relancer et d’orienter, en douceur et avec patience. 9. La négociation touche à sa fin, elle a été tendue et plutôt conflictuelle. Votre interlocuteur vous fait une proposition, à la limite de l’acceptable, son ton est ferme, il est tendu mais sans excès. A- J’analyse la proposition, pèse les plus et les moins, distingue ce qui paraît logique et raisonnable ce qui ne l’ait pas. j’intègre et je contre-offre, en expliquant pourquoi. B- Celle avancée est bon signe, je dois pouvoir obtenir plus. Je lui revoie la balle en soulignant qu’il doit faire mieux s’il veut aboutir à l’accord… après tout, je pourrai faire sans. C- Je suggère une petite avancée, en donnant mon accord sous réserve d’une ultime concession de portée limitée… et je laisse venir en évitant tout blocage. D- Je lui donne acte de sa proposition, et j’essaie d’obtenir un peu plus, en insistant sur les points prioritaires pour moi et en laissant entendre que je ne peux, à mon corps défendant, accepter sa proposition : j’ai mes propres contraintes… A défaut, je recours à des manœuvres dilatoires. 26 27 10. la négociation est engagée depuis trois heures. Alors que vous pensiez parvenir à un accord en fin de matinée, on parle beaucoup, l’affaire traîne en longueur, sans véritablement progresser. Il est vrai que le sujet est complexe et qu’on n’y doit pas encore très clair, mais cela vous irrite car vous sentez qu’il faudra y passer la journée ! A- Je prends sur moi, car la négociation appelle la durée, et je finirai bien par amener l’autre là où je veux. B- Je demande qu’on fasse le point et qu’on remette sur rail la négociation : certes, il faut s’expliquer, mais soyons efficaces, cernons bien les zones d’ombre et traitonsles dans l’ordre. C- Je fais en douceur un bilan de nos discussions et souligne que nous n’avons pas beaucoup progressé. Joignant le geste à la parole, je fais une ouverture et suggère à mon partenaire d’en faire le même. D- Je donne un coup d’accélération en laissant percevoir mon impatience. Je demande une proposition claire et constructive, une avancée sensible. 11. L’enjeu de la négociation est important pour les deux parties. Il s’agit de la mise en place d’un système de gestion de production informatisée. Vous êtes ingénieur d’affaire, et votre société fait partie du dernier carré, encore en course pour le contrat. Le processus est engagé depuis huit mois. Dans la phase finale où vous êtes, vos partenaires, acheteur et utilisateurs viennent de durcir leur position. Ils exigent des pénalités lourdes pour retard et des pénalités sur performances. Devant vos réticences, ils soulignent avec force que vos concurrents l’on accepté sans problème et que votre refus laisse planer un doute sur votre fiabilité. A- Je comprends votre position, mais je ne veux pas accepter votre demande… elle est excessive … il faut que j’en réfère à ma direction. B- Je réagis sur la mise en cause de nos compétences, je rappelle nos références, tout ce que nous avons fait comme études pour leur compte, considérées comme excellentes jusqu'à la seconde présente. 27 28 C- Je fais comme si ne rien était, je rappelle qu’on a bien avancé et qu’on est tout prêt d’aboutir. On doit aussi trouver un terrain d’entente sur ses points, en respectant une règle d’équité et de bon sens. J’encourage à trouver une formule plus efficace. D- Je m’étonne qu’a ce stade, on recoure à la menace; bien sur qu’il y a de la concurrence, pas la peine de le rappeler§ Depuis deux mois que nous négocions, nous avons résolu problème après problème. Continuons donc dans cette voie. 12. En plein jeu de concession, dans une négociation pas très facile, votre interlocuteur fait une avancée très importante, à la limite de l’inattendu… A- C’est le signe d’une volonté de coopérer, je concède en retour de façon équivalente, en soulignant le côté positif de son initiative. B- C’est le signe de faiblesse ou de lassitude, j’en prends acte et attaque sur un autre point… il faut profiter du moment. C- Le mouvement est sympathique, mais il m’étonne ; je cherche à comprendre, pose si besoin et quelques questions et avance après être sûr d’avoir bien compris. D- Je prends acte et valorise le mouvement, je décode et bouge au minimum, juste se qui paraît bon pour entretenir une dynamique intéressante. 28 29 5. LE PROFIL DU NEGOCIATEUR EFFICACE Les négociateurs efficaces … • • • • • • • Ne cherchent pas à « gagner », mais plutôt à s’en tirer le mieux possible; S’occuper surtout de satisfaire les intérêts des deux parties; Considèrent le processus comme un processus de résolution de problèmes avec l’autre partie; Fondent la négociation sur des critères objectifs tels que les lois, les normes ou les pratiques; Cherchent à établir des relations de travail positives avec l’autre partie; Écoutent afin de comprendre et non pas de réfuter les propos; Sont disposés à poursuivre la meilleure solution de rechange s’il est impossible d’en arriver à une entente. (Tiré de Stanford, Joseph, la négociation: redéfinir le succès, dans les pratiques de gestion, centre canadien de gestion, juin 1994.) La fonction d’efficacité du négociateur : L’efficacité du négociateur a été déterminée par la fonction de «KARRASS» : E = f (Pp, NA, Pv, H) Pp= degré de préparation NA= niveau d’aspiration Pv= niveau de pouvoir H= l’habilité du négociateur Négociateur efficace = savoir agir + savoir réagir + savoir défendre + savoir attaquer Comment communiquer avec efficacité dans une négociation? Intégrer les processus d'influence sociale Les réactions de chacun, la capacité à intégrer, à analyser une situation, sont directement déterminées par le mode de raisonnement appris. Ces éléments 29 30 d’ordre socioculturel (par exemple le milieu social) et psychologique (par exemple, une personne extravertie) filtrent les éléments vécus, créant des difficultés lors de la rencontre d’interlocuteurs ayant des bases culturelles et des approches personnelles différentes. Le négociateur doit en avoir conscience pour ajuster ses propos et son attitude. La personnalité va influencer les modes de communication ainsi que le rôle occupé par chacune des parties en présence au cours de la négociation. En effet, la négociation est un jeu social entre un vendeur et un acheteur aux personnalités différentes dont les rôles sont distribués à l’avance. Etre persuasif en combattant ses préjugés Conscient des différences culturelles entre les individus, le commercial, plutôt que de tenter de convaincre par ses propre arguments, adopte une attitude persuasive en se préoccupant avant tout du point de vue du client et en s’y adaptant ensuite pour proposer son offre en s’appuyant sur des faits, il suscite l’adhésion. A cette fin, il se méfie des idées préconçues qui risquent de bloquer la négociation. Il entre dans une logique l’autre en prenant appui sur ses expériences, ses critères. Pour y parvenir, le vendeur doit avant tout se centrer sur l’autre et le convaincre à partir de ce qu’il révèle et exprime, et non à partir de se qu’il croit important de lui dire. Etre assertif en contrôlant ses émotions Le commercial doit se garder d’adopter certains comportements qui peuvent perturber la négociation. Il en est ainsi de l’agressivité (le vendeur considère son interlocuteur comme un adversaire), de la passivité (le vendeur subit l’entretien) de la manipulation (le vendeur ruse en ne tenant pas compte des intérêts de son interlocuteur). Le commercial doit au contraire se fixer une discipline comportementale, l’assertivité, qui consiste à se montrer capable de s’affirmer tout en respectant l’autre, sans susciter son hostilité. En extériorisant et en contrôlant ses émotions (peur, irritation, joie…), il exprime son propre point de vue sans se sentir coupable ni porter atteinte à l’intégrité de son interlocuteur (il assume le fait de vendre avec une marge ; il reconnaît au client le droit de ne pas acheter). Faire attention au non verbal Nous avons besoin du langage pour traduire nos perceptions en quelque chose de communicable aux autres. Mais le mot n’est qu’une étiquette linguistique qui nous aide à signifier la réalité. L’écart entre le mot et la réalité peut être source d’incompréhensions, d’où la nécessité d’échanger, d’écouter, de questionner afin de mieux se comprendre. Dans les années 60, les travaux sur la communication ont montré l’influence du contexte sur le langage. Dell Hymes, linguiste et anthropologue américain, a été un des premiers à considérer la communication interpersonnelle comme phénomène socioculturel. Son modèle speaking (1962 remanié en1972) propose une approche des interactions du langage inscrites dans leur contexte social. Ce modèle comprend huit éléments : Setting (situation englobe le cadre de la scène : moment, disposition de la salle …) Participants (correspondent à l’émetteur et le destinataire), Ends (les finalités) Acts sequences (les actes 30 31 signifient le contenu du message) Keys (le ton qui rend compte de l’esprit dans lequel l’acte est accompli) Instrumentalities (les instruments ou canaux de transmission de la parole) Norms (les normes qui interviennent : respect du tour de parole par exemple), Gender ( le genre qui désigne la catégorie à laquelle appartient la communication : conférence, conversation). Pour communiquer efficacement, il faut être à l’écoute de la prononciation, appelé paraverbal ou prosodie. Elle exprime les émotions et renseigne sur l’intentionnalité et le sens exprimé par le locuteur. Illustrons ce propos avec le mot merci, suivant l’intonation, il peut signifier oui merci, avec plaisir, ou , non merci, vraiment pas. Soyons attentif maintenant aux pièges de la communication verbale ; il y a l’imprécision du langage qui entraîne la généralisation , l’omission et la distorsion et la déperdition (échelle de déperdition : ce j’ai à dire (100 %), ce que je pense à dire (90 %), ce que je sais dire (80 %), ce que je dis effectivement (70 %), ce qu’il entend (60 %), de qu’il écoute (50 %), ce qu’il comprend effectivement(40 %), ce qu’il admet (30 %), ce qu’il retient (20 %), ce qu’il dira ou répètera (10 %). Il faut aussi évoquer la voix qui fait vivre la communication. La diction d’abord est synonyme de bien communiquer, le rythme permet grâce à ses variations de rendre le discours attrayant. Quant à l’intonation, elle va donner un sens à la parole, l’addition de toutes ces notes va permettre de communiquer efficacement. Déchiffrer les postures Les postures du corps sont des réactions exprimées par les zones corporelles telles que la tête (la tête baissée exprime la soumission, la tête inclinée évoque l’écoute), le buste (incliné vers l’avant, il exprime l’implication ; en recul, il évoque le désintérêt), les bras (croisés signifient la fermeture, écartés, l’ouverture) ; et les jambes (croisées pour la protection), les mains accompagnent les mots mais leur impact peut être supérieur car elles intensifient ou minimisent leur signification (poing : force, main serrée : possession, tranche de la main : fin ou rupture, mains jointes : concentration, index tendu : agression). Les mimiques, expressions spontanées dont l’interprétation est identique dans toutes les cultures, qui traduisent nos émotions. On observera la bouche, les yeux et le regard (exemples : le clin d’œil : complicité, le regard soutenu : l’agressivité, le regard panoramique : partage). Elles transmettent de nombreux messages inconscients qui ne s’expriment pas nécessairement par la parole. Le vendeur est donc sensible tant aux modifications des postures qui expriment des réactions face à des propos. Développer la confiance en soi La confiance en soi est un atout pour la réussite professionnelle. Certaines personnes, contraintes par des croyances personnelles, souvent issues de l’enfance, ne développent pas tout leur potentiel. Comprendre la personnalité et 31 32 développer ses compétences relationnelles permettent d’être plus à l’aise face à autrui, au client. La personnalité « Ayez confiance en vous, vous vendrez mieux ! à mes débuts, déclare S. Bezotte (attaché commercial au Crédit Mutuel du Nord à Calais), une heure de prospection téléphonique sans décrocher de rendez-vous, cela me faisait perdre ma confiance en moi. Aujourd’hui, si cela m’arrive, je ne me laisse pas abattre ! je me plonge dans une activité plus facile, comme aller voir des prospects recommandés par des clients. Les rendez-vous sont plus faciles à décrocher. » Cette illustration montre bien comme l’affirme S. Freud dans son introduction à la psychanalyse (1916) que « l’homme n’est pas maître dans sa propre maison », il ne conduit pas sa vie selon ses intentions conscientes, il est habité par des forces irrépressibles, les pulsions inconscientes. Plus généralement, la personnalité peut être définie par des traits de caractère : Compréhension Adaptabilité Contrôle de soi Combativité Assurance Sociabilité Traits de personnalité Ecoute, empathie, intuition Souplesse, capacité à jouer Discipline personnelle Détermination, rage de vaincre Confiance en soi, affirmation de soi Ouverture aux autres, aptitude à nouer des contacts Quelques principes pour développer la confiance en soi : S’accepter avec ses atouts et ses limites. Connaître ses limites pour savoir où commence sa zone de risques et prendre des risques calculés afin de progresser. Cultiver ses convictions favorables pour Mobiliser ses ressources internes faire émerger les ressources. Admettre que l’on progresse par le seul fait d’avoir osé. Tirer des leçons des ses échecs en comprendre les causes. Se donner des objectifs accessibles. S’assigner des objectifs réalistes, précis et mesurables dans un certain délai, avec, si besoin des étapes intermédiaires et des objectifs partiels. Pratiquer une communication assertive. Exprimer clairement ses idées, ses préférences. 32 33 Le négociateur efficace : les attitudes recommandées • S’exprimer de façon complète, claire et précise, • Accepte le jeu de concessions mutuelles d’importance comparable pour les parties, • Communiquer ses positions véritables, • Prendre des initiatives tendant à faciliter un accord ou à éviter des blocages, • Éviter de recourir au chantage, à la menace, à la coercition, à la provocation, • Reconnaître la légitimité des intérêts propres de l’autre partie, • S’exprimer de façon pondérée, assurée, • Chercher à ce que les problèmes soient bien posés et résolus au mieux des intérêts des parties, • Voir la négociation comme le moyen d’aboutir à un accord servant au mieux les intérêts de toutes les parties présentes, • Faire preuve d’une attitude conciliante. Le négociateur efficace: exemples de techniques La technique de la segmentation: • Composer un point à négocier en plusieurs points (point par point) • Traiter chaque point séparément, chercher des séries de petits compromis, grignoter Avantage: Exclure les points bloquants difficiles à gérer, ne pas effrayer l’autre partie Inconvénient: Risque de discontinuité et accepter de créer des brèches dans sa ligne de défense La technique « paquet »: Considérer l’ensemble des points en discussion pour les articuler dans une proposition globale Avantage: Souplesse de compensation (points +, points -) Inconvénient: Tout ou rien La technique de l’élargissement ou de la transformation: • Introduire des points nouveaux sur l’agenda de la négociation ou • Modifier l’objet de la négociation et redéfinir le contenu, les modalités et la finalité de la négociation Avantage: sortir des blocages et introduire une nouvelle «donnée» Inconvénient: Effet de surprise dans le cas où l’on s’y prépare pas 33 34 La technique des bilans: Premier temps: Faire établir par l’autre partie les avantages et les inconvénients de chaque solution envisagée au fur et à mesure du déroulement Deuxième temps: Réclamer à son interlocuteur de rééquilibrer le bilan (en lui suggérant des solutions) La technique des quatre marches: Présenter «quatre solutions» de façon progressive Marche 4 Solution inacceptable présentée de façon excessive et caricaturale Solution peu avantageuse Marche 3 pour soi acceptable pour l’autre Marche 2 Solution avantageuse pour soi et probablement acceptable pour l’autre Solution idéale pour soi, difficile à admettre pour Marche 1 l’autre S’élimine d’elle même À éliminer par l’argumentation La solution visée S’élimine d’elle même La technique des «pivots» ou encore technique du retournement: Premier temps: Amener l’autre partie à négocier sur «des objectifs secondaires» Deuxième temps: Céder sur «ces objectifs secondaires» en exigeant et obtenant des concessions sur les «véritables objectifs» La technique de l’usure # la technique de l’assaut: • Utilisation du temps: faire durer la négociation le plus longtemps possible sans la rompre en: - Faisant des propositions inacceptables - Ajoutant des conditions de dernière minute - Demandant des précisions - Différant ses réponses • Exiger des délais et fixer des ultimatums pour arracher des concessions importantes de dernière minute (règles des 80% des concessions 20% Temps) 34 35 CE QU'IL FAUDRAIT … … éviter de faire … fa ir e 1. Bien préparer son devoir 1. Préparation insuffisante 2. Pratiquer l’écoute active 2. Ecoute insuffisante 3. Etablir de bons rapports 3. Perdre sa crédibilité, manque de réalisme et de flexibilité 4. Avoir l’air sur de soi 4. Perception « flou, vague, mou, amateur, vulnérable au stress» 5. Exprimer son point de vue sans 5. Mauvaise présentation provocation 35 6. Créer un climat favorable 6. 7. Poser des questions constructives 7. Pas ou peu de question 8. Ne pas rejeter, recadrer 8. Absence de stratégie et d’alternative 9. Reconnaître le point de vue de l’autre 9. Mauvaise connaissance de la partie adverse 10. Savoir s’excuser 10. Se donner raison et s’entêter Mauvais contrôle impatience de temps, 36 6. NEGOCIER A L’INTERNATIONAL 1. LES FACTEURS DE DIFFERENCIATION CULTURELLE: La négociation à l’international doit tenir compte du contexte politique, économique, social et culturel dans lequel elle se déroule. Les critères qui permettent de repérer les différences culturelles entre les pays se réfèrent à : Degré d’individualisme ou collectivisme des différentes cultures: • Individualisme: Europe, E.U., Australie. • Collectivisme: Japon, Asie, Afrique du Nord. Priorités individualistes Priorités collectivistes L’individu d’abord Vie personnelle, L’équipe d’abord vie Vie personnelle, vie professionnelle professionnelle séparées confondues Efficacité d’abord, loyauté ensuite Loyauté d’abord, efficacité ensuite Compétition entre individus Compétition entre équipes Etre franc, direct Etre indirect Coopération selon la tâche Coopération au sein de l’équipe Le conflit peut être productif harmonie Etre clair avec soi-même Sauver la face Considérer que tout le monde est, Reconnaître les différences culturelles au fond, individualiste Conséquences • Négociateur avec mandat rigide • Négociateur avec mandat souple • Groupe de négociateurs à la recherche d’un consensus 36 37 Contrôle de l’incertitude • Tolérance faible: E.U., G-B, Allemagne. • Tolérance forte: Afrique du Nord, Pays latins, Mexique, Japon. Priorités d’un collaborateur Priorités d’un collaborateur préférant un contrôle de l’incertitude préférant un contrôle de l’incertitude faible forte Pragmatique: si la règle ne s’applique pas, on la modifie Principes pratiques Le temps constitue un cadre Originaux et marginaux appréciés Manque d’émotivité Règles et procédures aussi complètes que possible Principes philosophiques Le temps est à gérer Suspicion de l’original, du marginal Emotivité acceptée dans des conditions bien précises Les affaires peuvent être sérieuses et Les affaires sont sérieuses drôles à la fois Conséquences • Déroulement de la négociation • Durée • «Surprise» • Rationalité VS Émotivité NB: les pays latins semblent à fort contrôle de l’incertitude, tout comme le Japon ou la Corée. Au contraire, les pays scandinaves, les pays bas, les Etat-unis, la Grande Bretagne, présentent une tendance au faible contrôle de l’incertitude. Orientation masculine/féminine • Culture masculine: Japon, E.U., Allemagne. • Culture féminine: Pays nordiques, Afrique du nord. Priorités d’un collaborateur préférant un contrôle de l’incertitude faible La modestie L’intuition Les relations humaines Le social La qualité de vie Le souci d’autrui Conséquences: 37 Priorités d’un collaborateur préférant un contrôle de l’incertitude forte La parade La raison La réalisation matérielle La carrière L’argent L’affirmation de soi 38 Négociation rationnelle ou émotive Les sociétés traitent différemment le problème de la division des rôles entre sexes dans la société. Certaines cultures établissent une nette division entre ce qui doit être fait par les femmes et ce qui doit être fait par les hommes. Dans ce cas, les hommes assurent des rôles plutôt affirmés et dominants. On parlera de culture masculine. D’autres cultures minimisent la division des rôles entre sexes: on parlera de culture féminine. Les comportements valorisés dans ces cultures seront différents. NB: Le Japon, les pays germanophones, auraient une culture plutôt masculine, les pays nordiques, une culture plutôt féminine. Rapport au temps Utilisation du temps • monochrome: E.U., Allemagne. • polychrome: Pays latins, Afrique du nord. Dans un système «monochronique» (Temps M) les individus… ne font qu’une chose à la foi se concentrent exclusivement sur le travail en cours s’estiment tenu de respecter les dates, les délais, les programmes communiquent sans ou avec faible référence au contexte sont demandeurs d’informations se sentent tributaires de la tâche à accomplir S’en tiennent strictement au plan ou au programme fixé sont soucieux de ne pas déranger, se conforment aux règles de la discrétion et de la courtoisie sont très soucieux de la propriété, ne prêtent, ni n’empruntent volontiers 38 Dans un système «polychronique» (Temps P) les individus… font plusieurs choses à la foi se laissent facilement interrompre, passent facilement d’une tache à l’autre considèrent que leurs engagements surtout en matière de temps constituent un objectif idéal à atteindre, mais révisible et non contraignant communiquent avec forte référence au contexte disposent déjà d’un maximum d’informations se sentent tributaires des personnes concernées abandonnent ou modifient facilement le plan ou le programme initial se sentent davantage obligations pour leurs proches (famille, amis, relations d’affaires éprouvées) empruntent et prêtent facilement 39 insistent sur la promptitude ne sont pas spontanément enclins à établir des relations à long temps sont méthodiques et travaillent à un rythme mesuré, soutenu les engagements concernant les délais ont priorités modulent la promptitude en fonction des personnes concernées s’efforcent systématiquement d’instaurer des relations durables s’impatientent facilement, travaillent d’une manière intense mais moins soutenue les engagements concernant les personnes ont priorités Conséquences: • Négociation rigide VS flexible • Rapide VS lente • Cadre déterminé VS improvisation Les attitudes face au temps sont sources de diversités culturelles. Dans certaines cultures, le temps est considéré comme une ressource à gérer; les tâches ou les problèmes sont traités de manière dissociés: on parle de culture monochronique. Dans d’autres cultures, on gère ses diverses obligations dans le cadre du temps disponible. Plusieurs activités peuvent être menées simultanément, interrompues, reprises,… NB: On oppose traditionnellement les pays latins, la France en particulier, qui sont polychroniques, à l’Allemagne (monochronique). Rapport à l’espace Distance sociale - Chaleur du contact - Vie privée • Espace plus courte: Latin. • Espace plus étanche: Japon, Allemagne. 39 40 40 cm distance intime 1.20 m Distance personnelle 2 m Distance sociale proche 3 m Distance sociale lointaine 7,5 m Distance publique Distance publique éloignée Conséquences: • Vie professionnelle VS privée • Le social durant la négociation Les codes spatiaux varient selon les cultures: la façon de saluer et la distance interpersonnelle acceptable lors des rencontres n’est pas partout la même. On peut représenter l’individu entouré d’une série emboîté de bulles qui ajustent la distance personnelle, sociale, publique … Contexte fort/faible Implicite ou Explicite, le non-dit ou le verbal • implicite: Moyen-orient, Asie, Japon. • Explicite: E.U., Allemagne. 40 41 Japon Elevé Moyen-orient Amérique-Latine Italie/Espagne France Grande Bretagne Contexte Etat-Unis Scandinavie Allemagne Suisse faible Explicite (DIGITAL) Messages Implicites (ANALOGIQUES) Conséquences: • Décoder le non-verbal durant la négociation • L’art du détour • L’art de dire le NON, le OUI Attitude à l’action, au risque, au travail • • Action est importante: E.U., Allemagne. Idées sont plus importantes: Méditerranée, Afrique du nord. Conséquences: • Argumentation de la négociation • Diriger la négociation ou laisser les événements arriver La parole VS l’écrit • • L’Écrit: Anglo-Saxon, E.U., Canada. Le verbal: Asie, Afrique du Nord. Conséquences: Le contrat: Une fin de négociation ou le point de départ de la négociation 41 42 2. LES SPECIFICITES DE LA NEGOCIATION PAR PAYS: Ce qu’il faudrait faire quelque soit le pays: Il est important quelque soit le pays • D'apprendre sur le pays: - Histoire - Géographie - Système politique - Économie - Société - Culture • Poser des questions à ceux qui connaissent le pays: - Amis - Collègues - Concurrents Ce qu’il faudrait éviter: • parler de politique • parler de religion • critiquer le pays • donner des leçons • être trop bavard • faire attendre vos interlocuteurs • s’engager à la légère • laisser une demande sans réponse • juger trop rapidement • ne pas s’excuser quand il le faut Spécificités / pays • Le Japon • La Chine • Les États unis d’Amérique • L’Allemagne La négociation avec un japonais à besoin de: • Confiance (gagner peu à peu) • Honnêteté • Sérieux • Patience (temps) Les japonais sont réputés: • Difficiles dans la négociation • Sensibles au compliment • Privilégier les relations personnelles • Préférer l’équipe à l’individu • Pointilleux (détails) 42 • Rigoureux • Accorder de l’importance à l’age • Préférer l’oral à l’écrit • Susceptibles et vaniteux Dans une négociation avec un Japonais, il faudrait surtout : • Présenter sa carte d’affaires • Faire un exposé précis • Penser à un petit cadeau symbolique • Éviter de confondre ou de faire prendre la face à votre interlocuteur (Anglais) • Répondre à toutes les questions (les Japonais sont curieux) ATTENTION ! La négociation à la japonaise = rapport de force Le japonais à besoin d’être impressionné Le japonais adore vous faire travailler et demander toujours plus d’amélioration Négocier avec un chinois: • La Chine est un grand pays • Plus de 5000 ans d’histoire • Une société fortement hiérarchisée Dans une négociation avec un interlocuteur chinois: • Donner une bonne première impression • Accorder de l’importance aux échanges de politesse • Respecter la hiérarchie, attention à l’ordre protocolaire • Éviter les familiarités • Être ponctuel • Le rituel des cartes visites et des cadeaux (n’oubliez personne) • Prendre un interprète local (le jauger avant) Les chinois: • Adorent se faire inviter • N’apprécient pas les plaisanteries • Sont pudiques • Très curieux des personnes • Accordent beaucoup d’importance aux diplômes Le facteur temps dans la négociation avec un chinois: • Le temps qu’il faut pour arriver à un « bon » accord • L’impatience est perçue comme une faiblesse 43 43 44 Négocier avec les américains: • Négocier = trouver le meilleur deal • Esprit de la négociation = compétition aucune pitié pour les losers • Time is money • Relations moins formelles Un négociateur américain: • Apprécie un ordre du jour précis et s’attend à ce qu’il soit suivi • Le non respect de l’ordre du jour est mal interprété • Apprécie la simplicité des relations humaines. Il noue des contacts plus rapidement Négocier avec un Allemand: • Négociation = véritable marathon informatif • Premier contact relationnel, impersonnel, professionnel et formel • Présenter l’offre « voilà ce que j’ai à vous proposer » • Pas de rendez-vous après 16h.00 Les allemands sont • Direct « et » agressifs • Distants et formels • Ponctuels, brefs et concrets • ordre du jour précis Ils préfèrent: • Les écrits (en allemand) • Les arguments structurés • La négociation point par point • avoir un maximum d’informations avant de décider • La phase de conclusion est rarement immédiate • La décision est plutôt collégiale • L’allemand dira aisément s’il est intéressé et n’hésitera pas à dire qu’il n’est pas intéressé et pourquoi • avoir un maximum d’informations avant de décider ILLUSTRATION N°1 : les manières japonaises de dire « non» 1) «non » exprimé de façon estompée et indécise; 2) « oui » ou « non », vagues et ambigus; 3) silence; 4) contre-questions; 5) réponses tangentielles, à la limite du sujet; 6) faire une sortie en quittant la salle; 44 45 7) mentir; en tergiversant, ou encore en s’excusant et en prenant prétexte d’une maladie ou d’une obligation antérieure; 8) critiquer la question elle-même; 9) refuses la question; 10) « non » conditionnel; 11) « oui, mais… »; 12) repousser la réponse (c’est-à-dire «nous vous écrivons»); 13) intérieurement on pense «oui» à l’extérieur on dit «non»; 14) intérieurement on pense «non», à l’extérieur on dit «oui»; 15) faire des excuses; 16) l’équivalent de l’anglais «no» -qui est utilisé principalement pour remplir les formulaires officiels, et pas dans la conversation. ILLUSTRATION N° 2 : La négociation oblique « à la Chinoise » La propension naturelle des choses »étant déterminante dans le processus de négociation, il en résulte que pour influencer autrui, il est efficace d’ « attendre son destin », en agissant de manière indirecte. « Quand la bataille a lieu, tout est déjà joué ». Le négociateur chinois privilégie le biais, l’esquive, l’indirect… « la rencontre a lieu de face, mais la victoire s’obtient de biais ». La résolution d’un conflit implique des détours, des évitements, des variations…parfois contradictoires. « C’est dans le détour que se trouve la ressource ». C’est pourquoi il faut « faire du bruit à l’Est pour attaquer l’Ouest ».La variation l’emporte sue le concept. il faut « tuer le cheval pour atteindre le cavalier ». ainsi, la négociation d’un accord de licence d’exploitation d’un procédé ou d’un contrat de fourniture de matériels ou logiciels sophistiqués, s’avère moins sensible sue les dispositions techniques, juridiques et économiques essentielles, que sur les clauses habituellement considérées comme accessoires : « assistance technique », « formation des cadres et techniciens locaux », « suspension et résolution du contrat », « confidentialité » et « nonconcurrence »… leur degré « c’est dans le détour que se trouve la ressource ». Plusieurs laboratoires pharmaceutiques français cherchent à se positionner en Chine. Ils s’efforcent- tels Rhône Poulenc, Pasteur-Mérieux, Sanofi, Fournier…- de négocier la construction de « joint ventures » avec des laboratoires chinois. Un des négociateurs français déclare à ce propos : « les réponses aux défis de ce marché sont dans la confrontation des expériences. il n’y a pas qu’une seule voie pour avancer ici. nous avons encore un long chemin 45 46 à parcourir ». *Afin d’éviter les captations de technologies, plusieurs laboratoires ont réussi à négocier avec l’administration chinoise, des accords limitant la fabrication locale de produits génériques et favorisent l’importation de molécules innovantes non encore duplicables. les autorités chinoises ont donc, dans un premier temps, favorisé l’importation de principes actifs afin de créer un marché, puis, dans un second lieu, elles ont édicté de nouveaux règlements stipulant que « tout produit faisant l’objet d’un remboursement devait désormais être fabriqué localement ». * actes des journées pharmaceutiques France-chine(avril 1995) la négociation commerciale chinoise ILLUSTRATION N° 3 : La pression du temps sur le négociateur français. Pour le négociateur français le temps semble rarement être un atout. Des le début d’une négociation, les cadres et hommes d’affaires français sont pressés d’en finir, pressés par nature et par leurs sociétés. cela est frappant quand on les voit négocier avec les étrangers et, d’autant plus, s’ils négocient à l’étranger. Les commerciaux français partent pour leur première mission (« de reconnaissance »dirait-on ailleurs…) avec l’impression d’avoir pratiquement et en frais de déplacement, en temps de ré-ajustement du tir après une première vérification des hypothèses de départ…cet investissement-là est trop souvent formidablement sous-estimé. Cela généralement dû, d’une part à la méconnaissance des difficultés réelles qu’il faudra résoudre avant de pouvoir conclure et d’autre part à l’impact négatif possible sur les décideurs dans le cas où la durée et le coût réel de la négociation à mener était connus dès le départ. On appréhende d’essuyer un refus avant même d’avoir tenté sa chance et on ne présente à sa hiérarchie que des informations qui nous aideront à la convaincre. La pression de la hiérarchie au cours de la négociation joue également un rôle important et souvent néfaste. des attentes irréalistes font qu’après une 3è mission à l’étranger le commercial d’une PME, s’il revient les poches vides,(ce qui à ce stade là est souvent le cas), se heurte à des reproches, des ricanements et des insinuations à peine voilées). Exercice : vous êtes appeler à négocier un accord de prêt avec une banque suisse. Quelles précautions prendriez vous ? 46 47 7. CONCLURE UNE NEGOCIATION La conclusion: • Le dernier acte d’un processus long et laborieux • Un moment fort « de la relation »actuelle et future • Une traduction « des rapports de force » Quand conclure? • Certains signaux indiquent que votre interlocuteur est prêt à dire oui C’est le moment, il faut y aller • Cela dure depuis déjà trop longtemps Il faut donner un coup d’accélérateur Comment conclure? • Faire vite Efficacité = f (temps) • Faire simple Efficacité = f (clarté) • Faire vrai Efficacité = f (crédibilité) Cela suppose: • Une maîtrise de soi: état émotionnel, état au temps durée • Une maîtrise du verbe argumentaire réduit, concentration exclusive sur l’objet Dix techniques courantes de conclusion 1. Alignement total sur la proposition de l’autre partie: Avantage: conclure rapidement Inconvénient: comportement trop coopératif, trop de concessions 2. L’accélération conditionnelle: Prendre appui sur la proposition de l’autre partie et s’en écarter sur 1 ou 2 points « OK, je signe SI » Avantage: demander un peu plus tout en restant dans la zone d’acceptabilité Inconvénient: Irriter l’autre partie, basculer vers un début de rupture 3. La poire coupée en deux Chaque partie consent de faire exactement le même pas Avantage: Simplicité, clarté et rapidité Inconvénient: Équité, « apparenté » 47 48 4. L’engagement Irrévocable Cela suppose: • Une petite mise en scène pour capturer l’attention • Une énorme structure des propositions • Un effort de clôture: un silence qui crée la peur et l’anxiété à la réflexion et appelle à l’accord Avantage: Crédibilité Inconvénient: Tout ou rien 5. Conclusion avec résumé Faites un résumé de tous les points sur lesquels les deux parties sont d’accord • Mettre l’accent sur les concessions que vous faites • Faites ressortir les avantages dont l’autre partie pourrait bénéficier si elle accepte vos propositions 6. Conclusion avec concession Garder une dernière concession en réserve pour parvenir à un accord. 7. La conclusion du pour et du contre Aider l’autre partie à dépasser le stade de l’hésitation. 8. La conclusion avec supposition La première partie pose une question laissant supposer que l’autre partie a implicitement accepté l’offre en répondant à la question. Ex. Quand voulez-vous que nous livrions? Pensez vous que l’on peut commencer les travaux dans un mois? 9. L conclusion avec alternative Au lieu de faire une dernière proposition «c‘est à prendre ou à laisser » vous laissez le choix à l’autre partie entre deux alternatives « soit ceci, soit cela ». 10. La conclusion avec « sinon » Négociateur désespéré a recours à l’ultimatum, à la menace. Ex. un syndicaliste dirait « vous accepteriez cette dernière offre, sinon nous nous mettons en grève ». La rupture • Intervient quand tout a été exploré • C’est le constat d’un échec • C’est difficile, mais c’est parfois la seule issue possible • Attention à la pseudo-rupture • Prévoir la reprise 48 49 OUF! VOUS Y ÊTES ENFIN. QUE FAUDRAIT – Il FAIRE? 1. Formuler l’accord • Vérifier que tout y est: - Date - Définition des termes - Points juridiques • Vérifier que tout est bien compris 2. Valider l’accord • Proposer une confirmation écrite • S’assurer que l’accord est réel et qu’il y sera effectif 3. Proposer la signature de l’accord • Solonnel (Cérémonie) • En même temps ATTEENTION! Dès qu’un contrat est signé, le pouvoir change de coté. Il passe dans les mains de celui qui est chargé de sa mise en œuvre. Vincent Eurieutt, professeur de négociation à l’ESEP affirme: « Les meilleurs négociateurs sont ceux qui dénoncent le lendemain de la signature, un contrat ratifie la veille » Le mot de la fin: Même après la conclusion, la négociation continue …. 49