La problématique de la gestion de stock et la coopération et

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La problématique de la gestion de stock et la coopération et
Comité Préparatoire de Conférence de Révision du Programme d’Action des Nations
Unies sur les Armes Légères
19-23 mars 2012
L’importance de la coopération et assistance internationales pour la gestion efficace des
stocks en Afrique
Félix Kokou Aklavon, Réseau d’Action sur les Armes Légères au Togo (RASALT)/IANSA
New York, le 21 mars 2012
Madame la Présidente, Excellences,
Je vous remercie pour me donner l’occasion de m’adresser au Comité Préparatoire.
Le dimanche 4 mars 2012, aux environs de 8h 30 mn, une série de détonations s’est produite à MpilaBrazzaville, en République du Congo, à l’Etablissement central de réparation et de rechange des
armements et munitions. Cet établissement, qui abritait un dépôt de munitions, est situé à proximité de
trois autres sites militaires.
Les explosions ont provoqué l’effondrement des trois autres sites militaires voisins. Les dégâts causés
par ces déflagrations sont énormes : plus de 250 morts, plus de 1500 blessés, plusieurs dizaines de
disparus, plus de 15000 sans-abris et plus de 5000 logements détruits.
Madame la Présidente,
Ce malheureux incident n’est malheureusement une première en Afrique.
En effet, au cours des dernières années, nous avions enregistré notamment :
- l’incendie et l’explosion d’un dépôt de munitions à l’aéroport de N’djili à Kinshasa en
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République Démocratique du Congo (RDC), en avril 2000, faisant plus de 104 morts ;
l’incendie d’un dépôt de munitions à Conakry, Guinée, en mars 2001 (42 morts) ;
l’explosion d’un dépôt de munitions dans la caserne d’Ikeja à Lagos au Nigéria, en janvier
2002 (plus de 1000 morts) ;
l’explosion d’un dépôt de munitions près de l’aéroport de Maputo, Mozambique, en 2007 (plus
de 100 morts) ;
l’explosion d’un dépôt de munitions du camp militaire de M’Bagala à Dar-es-Salam, Tanzanie,
en 2009 (28 morts)
Madame la Présidente,
La fabrication, la commercialisation, le stockage et la circulation illicite des armes légères et des
munitions ont toujours représenté un danger pour les civils. La preuve la plus récente est le nombre
impressionnant de civils tués, blessés ou déplacés lors des évènements de Brazzaville.
Ces incidents répétés posent le problème du stockage des armes et des munitions dans le monde et
particulièrement en Afrique.
Ces incidents posent aussi le problème des munitions. Le Programme d’Action ne fait aucune mention
substantielle des munitions. Le mot n’apparait dans le texte que deux fois, en référence à des titres
d’autres documents des Nations Unies. Les munitions sont souvent décrites comme étant
“complémentaires” ou “liées” aux armes légères et de petit calibre et leur possession,
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commercialisation et usage illicite. Ceci est un euphémisme. Les munitions sont une partie intégrale et
indispensable de toute arme légère et de petit calibre. Et leur stockage pose de nombreux dangers.
Comment traduisent et s’opèrent la coopération et l’assistance technique internationale dans la
gestion des flux des armements et leur stockage ?
Que fait la communauté internationale devant de tels désastres humains ?
C’est ici l’occasion d’interpeler les Etats à élaborer, adopter et mettre en œuvre des plans d’action
nationaux en matière des armes et des munitions. Comme l’ont souligné le Groupe Africain et le
mouvement des non-alignés et plusieurs délégations qui sont intervenues dans cette conférence, la
coopération et l’assistance internationale sont cruciales pour mettre en oeuvre ces plans d’action
nationaux dans les pays en voie de développement.
Il urge donc de tenir compte de cet aspect dans les accords de coopération au développement, afin
que des moyens substantiels soit consacrés aux mécanismes de gestion des stocks à travers des
inspections régulières des entrepôts d’armes, la sécurisation des sites et l’élaboration et la
maintenance d’inventaires rigoureux de ces stocks.
Considérant qu’aujourd’hui, beaucoup de dépôts d’armes et de munitions en Afrique se retrouvent au
centre ville, il est aussi nécessaire d’envisager la délocalisation de ceux-ci.
Nous osons croire à vos bonnes intentions et déclarations pour que vous puissiez prendre des
résolutions idoines dans le cadre du Programme d’Action des Nations Unies sur les armes légères.
Le monde entier, et particulièrement les nombreux survivants et victimes, attendent un signal très fort
de votre engagement.
Je vous remercie.
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