Ti-Jean-Tête d`Or

Ti-Jean-Tête-d’Or
Melvin Gallant
Ti-Jean-Tête-d’Or
Pour ses activités d’édition, Bouton d’or Acadie reconnaît l’aide
financière de la Direction des arts du Nouveau-Brunswick, du
Conseil des Arts du Canada et du ministère du Patrimoine
canadien par l’entremise du Fonds du livre du Canada.
Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation
réservés pour tous pays.
Titre : Ti-Jean-Tête-d’Or
Conception graphique : Lisa Lévesque
Illustration de la couverture : Michel Duguay
Papier
PDF
ePub
ISBN 978-2-923518-65-7
ISBN 978-2-89682-217-1
ISBN 978-2-89682-567-7
Dépôt légal : 4e trimestre 2010
Bibliothèque et Archives Canada
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Distributeur : Prologue
Courriel : [email protected]
Distributeur en Europe : Librairie du Québec/DNM
Courriel : [email protected]
© Bouton d’or Acadie
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Ti-Jean-Tête-d’Or
conte de
MELVIN GALLANT
Mot de l'auteur
Les cinq épisodes de ce conte
s’inspirent de la tradition orale
universelle. Ils relatent des événements merveilleux où le surnaturel
s’intègre à la vie de tous les jours.
Ces histoires ne sont fixées ni dans
le temps, ni dans l’espace. Elles sont
hors du temps et ne s’inscrivent
dans aucun lieu précis.
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L’intérêt de ces contes repose
sur les obstacles que Ti-Jean doit
franchir. Il réussira à les surmonter
grâce à sa ruse, à sa force et à son
courage, ou avec l’aide de personnes ou d’objets possédant des pouvoirs magiques.
Autrefois, alors qu’il n’y avait ni
Internet, ni cinéma, ni télévision, ni
radio, les contes et les chansons
populaires constituaient le principal divertissement familial. Les conteurs se promenaient de maison en
maison pour partager leur répertoire de contes. Avec le temps, les
conteurs se sont faits rares et
les contes sont progressivement
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tombés dans l’oubli.
Ces dernières années, cependant, le conte est redevenu à la
mode. On organise de plus en plus
de spectacles où des conteurs se
réunissent pour raconter des histoires qui, en général, s’inspirent
du patrimoine culturel. On organise
même
des
festivals
du
conte,
comme le Festival international
Contes en Îles, qui se déroule
durant toute une semaine aux îles
de la Madeleine depuis 2002. On y
reçoit chaque année une vingtaine
de conteurs venus de divers pays.
J’ai eu l’occasion d’y participer en
2005, et ce fut une expérience
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inoubliable. Les participants sont
invités à conter dans toutes sortes
de lieux et de situations. On peut
les écouter dans les églises, les
musées, les cafés, les grandes salles,
sur la plage et même dans des
cavernes, qui sont nombreuses aux
îles de la Madeleine. Selon toute
vraisemblance, le conte n’est pas à
la veille de disparaître.
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Chapitre 1
Ti-Jean-l’Ingénieux
Ti-Jean vivait avec ses parents
dans une petite ferme qui ne produisait presque rien. Année après
année, la famille se persuadait que
son sort allait s’améliorer, mais
rien ne changeait. Ti-Jean rêvait
d’une vie meilleure. Il voulait voir le
monde, travailler chez des rois, qui
avaient la réputation d’être riches,
et s’amuser un peu. Un bon matin,
il dit à ses parents :
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— Inutile que je demeure ici
plus longtemps. Notre condition ne
va pas changer. J’ai décidé d’aller
travailler à l’extérieur. Quand j’aurai gagné beaucoup d’argent, je reviendrai à la maison. Nous achèterons alors de grandes fermes,
nous engagerons des domestiques
et nous ferons prospérer notre
domaine.
Les parents n’étaient pas heureux de voir leur seul fils partir.
Ils comprenaient cependant pourquoi il voulait s’en aller. Sa mère
lui prépara un petit sac contenant
des vêtements et des biscuits à la
farine d’avoine. Ti-Jean dit au
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revoir à ses parents et prit la route
en direction de la grande forêt. Il
savait qu’il lui fallait traverser
cette forêt avant d’arriver dans des
régions plus peuplées.
Il marcha pendant plusieurs
jours sans rencontrer qui que ce
soit qui puisse l’aider. Il avait bien
parlé à quelques fermiers à l’orée
de la forêt, mais ceux-ci n’étaient
guère plus riches que ses parents.
Un jour, il aperçut une vieille dame
habillée en haillons qui demandait
la charité.
— Tu n’aurais pas un petit
morceau de pain pour moi ? lui
demanda-t-elle. Je meurs de faim.
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Ti-Jean l’invita à s’asseoir sur un
tronc d’arbre. Il partagea avec elle
son dernier biscuit, de même que
quelques baies sauvages qu’il avait
cueillies en cours de route. Il passa
un bon moment à discuter avec elle.
Il lui expliqua d’où il venait et
pourquoi il avait quitté la maison
paternelle.
— Maintenant, je cherche du
travail, conclut-il, mais je n’en trouve pas.
— Pourquoi ne vas-tu pas voir le
roi ? suggéra-t-elle. Il a souvent
besoin d’ouvriers.
— Mais où habite-t-il, ce roi ? Je
n’ai pas vu de châteaux aux alentours.
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— Son château se trouve à quelques lieues d’ici, sur la route du
soleil couchant.
Ti-Jean la remercia du conseil.
C’était ce qu’il avait toujours voulu,
travailler chez un roi.
— Mais penses-tu vraiment qu’il
va m’embaucher ? demanda-t-il à la
vieille dame.
— Bien sûr. Je suis certaine que
tu sauras l’impressionner. D’ailleurs, je vais t’aider à te faire
accepter.
— Comment ça, m’aider ?
— Eh oui ! Comme tu es un jeune
homme généreux, j’aimerais faire
quelque chose pour te remercier de
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m’avoir donné à manger, même si
j’étais habillée en guenilles. Je te
prête cette baguette magique. Si tu
en prends bien soin, elle pourra
t’aider. Elle te soutiendra devant les
difficultés que tu pourrais rencontrer. Mais son efficacité sera limitée
dans le temps. Au bout de trois
mois, la baguette me reviendra.
Ti-Jean ne savait comment témoigner sa reconnaissance à la
vieille dame. Il comprit qu’elle devait
être une sorcière pour avoir de tels
pouvoirs. Mais avant de crier victoire, il lui fallait mettre sa nouvelle
acquisition à l’épreuve. Il remercia
encore l’étrangère et reprit la route
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en direction du soleil couchant.
Le lendemain, il arriva devant
un château tout blanc d’une grande
beauté. Après un moment d’émerveillement, il se rendit à la porte de
la superbe demeure royale.
— J’aimerais voir le roi, dit-il au
gardien.
— À quel propos ?
— Je cherche du travail, et on
m’a dit que le roi engageait des
hommes.
— Des hommes, oui, mais pas
des enfants.
— J’ai peut-être l’air d’un enfant,
rétorqua Ti-Jean, piqué au vif par
cette remarque, mais je peux faire
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tout le travail d’un homme, et
même plus.
Le gardien accompagna Ti-Jean
au bureau du roi. Celui-ci l’accueillit
chaleureusement. Il avait effectivement besoin de quelqu’un, mais il
ne pensait pas que Ti-Jean puisse
remplir les fonctions du candidat
recherché.
— Je cherche un maître charpentier depuis des années, expliqua le
roi. Je voudrais qu’il me construise
un bateau amphibie avec lequel je
pourrais me déplacer aussi bien sur
la mer que sur la terre.
— J’ai construit beaucoup de
choses dans ma vie, répliqua Ti18
Jean. Je suis très habile de mes
mains et habitué à travailler avec
des outils. Alors, je suis certain de
pouvoir construire votre bateau.
Après une longue discussion, le
roi finit par accepter l’offre de TiJean. Il fut entendu que celui-ci ne
recevrait pas un sou pour son travail, à moins que le bateau réponde
en tous points aux exigences du roi.
Ti-Jean ne perdit pas de temps
et se mit tout de suite à l’oeuvre. Le
roi avait fait construire un hangar
qu’il réservait à cet effet. Il avait
également mis en réserve une
grande quantité de planches de
chêne blanc déjà sciées et prêtes à
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être utilisées. Lorsque Ti-Jean se
demandait quelle pièce allait où, il
sortait sa baguette magique, la serrait très fort et la pièce s’installait
au bon endroit.
Quand Ti-Jean se rendit compte
du genre d’aide que cette baguette
pouvait lui apporter, il voulut
impressionner le roi. Il se mit en
tête de construire non seulement
un bâtiment amphibie, mais un
bateau qui pourrait aussi voler.
Donc, en plus de fabriquer des
roues qui permettraient à l’embarcation de rouler, il lui fallait maintenant fabriquer des ailes.
Après deux mois de travail, Ti20
Ti-Jean repart à l’aventure sur la
grande
route,
s’arrêtant
de
château en château pour y trouver
du travail. Chaque nouvel emploi lui réserve des
épreuves qui semblent insurmontables. Mais TiJean sait faire preuve de courage, de débrouillardise
et
de ruse. Ces qualités suffiront-elles pour qu’il
vienne à bout de tous les obstacles qui se
dressent sur son chemin ?
Dans la lignée des autres contes de Ti-Jean, chacun
des cinq chapitres de ce livre raconte un nouvel
épisode trépidant dans la vie du jeune intrépide.