Facteur d`insertion et réinsertion des filles-‐mères en

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Facteur d`insertion et réinsertion des filles-‐mères en
 Triennale de l’éducation et formation en Afrique (Ouagadougou, Burkina Faso, 12-­‐17 février 2012) Promouvoir les connaissances, compétences et qualifications critiques pour le développement durable de l’Afrique : Comment concevoir et édifier une réponse efficace des systèmes d’éducation et de formation Sous-thème 2
Développement des compétences techniques et professionnelles tout au long de la vie pour une croissance socio-­‐économique durable de l'Afrique LA MAISON ECOLE : Facteur d’insertion et réinsertion des filles-­‐mères en difficulté Congo-­‐Brazzaville by
DZONDHAULT Gaston
BANOUKOUTA Maurice
Ministère de l’Enseignement Technique et Professionnel
Document de travail en cours d’élaboration NE PAS DIFFUSER DOC 2.1.02 • Version originale en français • Triennale de l’éducation et formation en Afrique – ADEA 2012 – Projet maison école Ce document a été préparé pour la Triennale de l’ADEA (Ouagadougou, Burkina Faso, 2012). Les
points de vue et les opinions exprimés dans ce document sont ceux de(s) (l’)auteur(s) et ne doivent pas
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Sous-­‐thème 2 : Développement des compétences techniques et professionnelles tout au long de la vie pour une croissance socio-­‐économique durable de l'Afrique -­‐ 2/28 -­‐ Triennale de l’éducation et formation en Afrique – ADEA 2012 – Projet maison école TABLE DES MATIERES
1
ACRONYMES ET ABREVIATIONS
AGREGE
RESUME
INTRODUCTION
LE CONTEXTE SOCIO ECONOMIQUE
1.1
DEFINITION DE QUELQUES CONCEPTS
1.1.1
Maison école
1.1.2
Insertion et réinsertion
1.1.3
Le profil de « filles-mères »
1.1.4
La notion de « difficulté »
1.1.5
La municipalisation accélérée
1.2
LA SITUATION GLOBALE DU DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET DE L’EMPLOI DANS
4
5
5
6
8
8
9
10
10
10
10
11
LE PAYS
2
1.3
LA SITUATION SOCIO ECONOMIQUE DES LIEUX D’EMERGENCE DU PROJET
1.4
LA SITUATION INSTITUTIONNELLE DU CHAMP DE L’ETP
LES CONTRAINTES ET LES DEFIS
2.1
L’EMERGENCE DU PROJET D’APPUI A L’INSERTION SOCIO PROFESSIONNELLE DES
FILLES-MERES A BRAZZAVILLE
2.2
L’EMERGENCE DU PROJET MAISON-ECOLE COMME APPUI AU DEVELOPPEMENT
11
11
11
11
12
SOCIO ECONOMIQUE DANS LES VILLES SECONDAIRES
3
4
5
6
LES INNOVATIONS SUR LE PLAN DES PRATIQUES : LES STRATEGIES ET
ACTION MENEES
3.1
Le DISPOSITIF DE FORMATION DE LA PREMIERE MAISON-ECOLE DE BRAZZAVILLE
3.1.1
Le pilotage du dispositif (projet)
3.1.2
Le lancement du dispositif (projet)
3.1.3
Au niveau de la méthodologie
3.1.4
Le choix des acteurs et des bénéficiaires
3.1.5
L’ingénierie du dispositif
3.1.6
Les voies et moyens de l’insertion
3.1.7
Les modalités de financement du dispositif
PRESENTATION DES RESULTATS OBTENUS
4.1
Les résultats des principales maisons-écoles
4.1.1
Les données de base du dispositif
4.1.2
Dispositif de formation effectivement mis en œuvre
4.1.3
Contenu de la formation théorique et pratique
4.1.4
Les leçons apprises
VERS UNE INTEGRATION DES MAISONS-ECOLES DANS UN DISPOSITIF
INTEGRE DANS LE SYSTEME GLOBAL DE L’ETP
5.1
LES PERSPECTIVES DE DEVELOPPEMENT ENVISAGEES
5.2
LES CONDITIONS D’INSTITUTIONNALISATION DU DISPOSITIF
NOTRE CONTRIBUTION
RECOMMANDATIONS
CONCLUSION
ANNEXES
BIBLIOGRAPHIE
CONVENTION
PROTOCOLE D’ACCORD
Sous-­‐thème 2 : Développement des compétences techniques et professionnelles tout au long de la vie pour une croissance socio-­‐économique durable de l'Afrique 12
13
13
13
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36
-­‐ 3/28 -­‐ Triennale de l’éducation et formation en Afrique – ADEA 2012 – Projet maison école ACRONYMES ET ABREVIATIONS
ADDFTS
:
Association pour la défense des droits des femmes techniciennes de surface
AED
:
Action pour l’éducation et le développement
AGR
:
Activités génératrices de revenus
Compagnonnage
:
Fonction d’encadrement
DCTP
:
Développement des compétences techniques et professionnelles
ECODO
:
Economie domestique
EPT
:
Education pour tous
ESF
:
Economie sociale et familiale
ETP
:
Enseignement technique et professionnel
FCA
:
Fondation Congo Assistance
METP
:
Ministère de l’Enseignement Technique et Professionnel
OMD
:
Objectifs du millénaire pour le développement
ONG
:
Organisation non gouvernementale
PME
:
Petites et moyennes entreprises
PRAEBASE
:
Projet d’appui à l’éducation de base
SALA NGOLO
:
Centre de formation professionnelle « Sala Ngolo » de Dolisie dans le
département du Niari
SUECO
:
TICE
:
Centre de formation de l’Eglise évangélique du Congo, Département de
Pointe-Noire
Technologies de l’information, de la communication pour l’éducation
Sous-­‐thème 2 : Développement des compétences techniques et professionnelles tout au long de la vie pour une croissance socio-­‐économique durable de l'Afrique -­‐ 4/28 -­‐ Triennale de l’éducation et formation en Afrique – ADEA 2012 – Projet maison école ABREGE
Ce rapport rend compte de l’expérience congolaise en matière de stratégie
d’insertion/réinsertion des jeunes filles désœuvrées et déscolarisées dans un pays en situation de postconflit : le Congo-Brazzaville.
Les conséquences néfastes de la guerre, quelle qu’elle soit, ont un impact négatif sur :





le tissu socioéconomique ;
le patrimoine en infrastructures ;
le système sanitaire ;
le système éducatif.
le comportement des hommes vis-à-vis de la femme
La problématique du redressement socioéconomique d’un pays en situation de post-conflit ne
peut éluder les questions d’éducation intégrale et de formation qualifiante. L’initiation et la mise en
œuvre du projet « maison-école » sont le levier par lequel le Congo espère répondre aux attentes
pressantes et légitimes de la jeunesse féminine en situation de désarroi psychologique, social et
économique.
Le projet « maison-école » est une des offres particulières pour optimiser les formations
dans la perspective de l’égalité des chances entre les citoyens en général et pour valoriser la notion du
genre en particulier. Parallèlement au système formel et institutionnel, le projet maison-école
responsabilise les partenaires, les ONG et les collectivités locales. Cette démarche intègre bel et bien
la philosophie de la refondation du sous-secteur de l’ETFP qui veut promouvoir dorénavant les
formations qualifiantes grâce à l’approche par les compétences. Celle-ci exige d’accompagner les
apprenants depuis leur formation jusqu’à leur insertion socioéconomique et professionnelle.
L’intérêt du projet « maison-école » est qu’il développe un type d’ingénierie de formation par
l’alternance et par immersion, en intégrant l’apprentissage dans une démarche plus didactique
qu’empirique.
Il favorise les échanges entre le système formel et informel en même temps qu’il contribue à
sortir certains métiers peu appréciés des ornières de pratiques empiriques en les valorisant par la
formation et la certification. Le caractère innovant de ce projet constitue en soi sa force et la garantie
de son succès, car il est d’abord un appui à l’insertion socioprofessionnelle des jeunes filles en
difficulté, mais aussi une stratégie permettant de relever certains défis de l’Education pour Tous et des
Objectifs du Millénaire (OMD). Pour réussir sa pérennisation, il conviendra d’établir une traçabilité
de ses exigences liées à l’investissement en ressources humaines, matérielles et financières mais aussi,
à rétablir l’équilibre psychologique de notre société.
Sous-­‐thème 2 : Développement des compétences techniques et professionnelles tout au long de la vie pour une croissance socio-­‐économique durable de l'Afrique -­‐ 5/28 -­‐ Triennale de l’éducation et formation en Afrique – ADEA 2012 – Projet maison école RESUME
Le Congo a connu la traversée du désert lors des guerres qui l’ont ébranlé de 1992 à 1999. La
société Congolaise dans son ensemble a dû relever des défis qui l’obligeaient à :
 ressouder le tissu social ;
 réhabiliter le tissu économique ;
 rebâtir les infrastructures scolaires et sanitaires fortement délabrées sous le poids des
effets pervers et collatéraux des guerres à répétition.
A ces défis s’ajoutent, les violences faites aux femmes et particulièrement aux jeunes filles.
Ces actes ont brisé leur itinéraire scolaire, social et leur équilibre psychologique : maternité précoce,
déscolarisation, échec scolaire.
D’où les réflexions suivantes :
1. Comment restituer sa dignité à la jeune fille-mère ?
2. Face à la pauvreté du tissu économique et des offres d’emploi, comment valoriser les
activités de la femme ?
3. Que faire pour promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomie des filles-mères en
difficulté ?
4. Comment réduire la fracture sociale ?
Cette étude de cas, porte sur deux axes d’analyse qui s’inscrivent dans le champ thématique de
la Triennale de l’ADEA ; la maison-école en tant que dispositif de formation et d’apprentissage a
l’ambition de résoudre les besoins de formation et d’insertion des jeunes filles-mères en difficulté à
partir de structures qui s’appuient ou recourent aux situations réelles de l’environnement socio
économique urbain. Le souci qui nous a guidé c’est la promotion de nouveaux modes de gouvernance
et de partenariats, réussir une meilleure articulation formation/insertion/emploi.
Il a s’agit d’autre part d’identifier les meilleurs mécanismes de suivi et d’évaluation en vue de
l’atteinte des résultats tels que les indicateurs et les paramètres à mettre en place pour atteindre les
objectifs poursuivis et pérenniser l’expérience.
Créer une synergie entre les différentes maison-écoles en vue de mutualiser les expériences
sur la gestion des ressources humaines et les questions liées aux référentiels de formation.
Les premières analyses effectuées ont porté sur l’expérience de la maison-école de
Brazzaville où l’on a noté que sur les deux années d’expérimentation, on a enregistré au total 59
apprenants, et en définitive 37 filles-mères soit 62,71% ont été insérées.
L’extension de cette expérience aux villes secondaires que sont : Pointe-Noire et Dolisie nous
a amené à relever que dans ces deux villes, pour un effectif identique de39 filles-mères en difficulté
chacune, le taux d’échec s’élève à 66,66% à Dolisie et 71,79% à Pointe-Noire.
La maison école est finalement une réponse à l’échec scolaire et à la déscolarisation des jeunes
filles mères ainsi qu’à leur besoin de formation qualifiante et d’insertion/réinsertion socioéconomique
sur toute l’étendue du territoire national. Les résultats obtenus dans le cas des maisons écoles pilotes
prédisposent le projet à essaimage certain. Les opportunités et potentialités locales seront des facteurs
incitatifs ou dissuasifs. La maison école est aussi une réponse adaptée à la demande de valorisation de
la femme et de ce qu’elle fait à la maison.
Sous-­‐thème 2 : Développement des compétences techniques et professionnelles tout au long de la vie pour une croissance socio-­‐économique durable de l'Afrique -­‐ 6/28 -­‐ Triennale de l’éducation et formation en Afrique – ADEA 2012 – Projet maison école INTRODUCTION
« Arrimer le Congo à la modernité par l’éducation » telle est l’ambition de la République du
Congo qui a fêté, comme la plupart des pays africains, le cinquantenaire de son indépendance en
2010.
Le Congo a souscrit aux Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), ainsi que de
l’éducation pour tous (EPT) depuis la formalisation du cadre d’action de Dakar (2000). Malgré les
difficultés rencontrées dans la mise en œuvre de ce cadre d’action de Dakar, le Congo s’engage à
étudier toutes les opportunités susceptibles de diversifier l’acquisition des compétences et des offres
d’emploi ou d’insertion socioéconomique.
Il est intéressant, pour le Congo, pays en situation de post conflit, de mutualiser avec d’autres
pays africains sur « le développement des compétences techniques et professionnelles (DCTP) pour
une croissance économique et un apprentissage tout au long de la vie ».
Ce rapport sur la maison-école décrit l’une des initiatives engagées par la Fondation Congo
Assistance (FCA) qui se soucie de :
 promouvoir l’action sociale dans les domaines de la santé, du développement de
l’éducation et de la formation professionnelle ;
 réaliser des actions en faveur du couple mère-enfant ;
 œuvrer pour l’émancipation de la jeune fille ;
 développer une coopération mutuellement avantageuse dans le domaine de la
formation technique et professionnelle avec le Ministère de l’Enseignement
Technique et Professionnel (METP) ;
 promouvoir l’assistance aux jeunes filles vulnérables en vue de leur insertion
socioprofessionnelle dans le cadre du développement durable et de la lutte contre la
pauvreté.
Afin de réussir la mise en œuvre du projet, un protocole d’accord avait été signé entre le
Ministère de l’Enseignement Technique et Professionnel et la Fondation Congo Assistance aux fins :
 d’appuyer la Fondation Congo Assistance (FCA) dans la réalisation des projets de
formation initiés dans le cadre de l’insertion socio-économique des jeunes filles-mères
en situation difficile, en leur assurant une formation qualifiante aux petits métiers ;
 de fournir à la Fondation Congo Assistance l’expertise nécessaire en matière de
formation.
Face à cette mission, le Ministère de l’Enseignement Technique et Professionnel avait fait un
choix méthodologique : la mise en place des structures porteuses de situations didactiques et intégrant
le processus de l’alternance. Cette démarche est le moyen adéquat pour installer les compétences
pratiques à évaluer en cours de formation. La stagiaire devient opérationnelle automatiquement à
l’issue de sa formation. C’est en cela que réside la quintessence de la maison-école.
1.- LE CONTEXTE SOCIO ECONOMIQUE
« Dans la dynamique de Jomtien et de Dakar, le Congo a réalisé l’objectif de la scolarisation
universelle au cours des années 90 mais les effectifs ont connu un recul entre 1999 et 2003
particulièrement dans le cycle primaire, à la suite notamment des guerres récurrentes que le pays a
connues. Depuis 2005, une nette amélioration est observée, ceci dans la contribution de l’offre de
services provenant de l’enseignement privé et de la mobilisation des communautés.
Si du point de vue de l’accès à l’éducation, le genre ne constitue quasiment pas un facteur
discriminant au préscolaire et au primaire (avec un indice de parité fille/garçon respectivement de 1,05
et 0,92 qui traduit à peu près une situation d’égalité de genre), du point de vue de la rétention et de
l’achèvement par contre, l’équité de genre demeure un problème ». M. BALONGA et al.
Sous-­‐thème 2 : Développement des compétences techniques et professionnelles tout au long de la vie pour une croissance socio-­‐économique durable de l'Afrique -­‐ 7/28 -­‐ Triennale de l’éducation et formation en Afrique – ADEA 2012 – Projet maison école C’est dans ce contexte d’ensemble que la problématique des défis du millénaire et du
développement de la formation qualifiante que la maison-école revêt toute sa pertinence, et constitue
un thème porteur dans la perspective d’une éducation de qualité pour les jeunes filles-mères en
situation difficile. Il est intéressant dans le cadre du Congo, de faire le point, d’examiner les forces et
les faiblesses, les contraintes et les opportunités sur le chemin de leur insertion socio-économique, de
formaliser des stratégies en vue de proposer les bonnes pratiques.
A court ou long terme, il sera utile et pertinent d’étudier l’impact de la formation assurée par
les maisons-écoles et de voir comment organiser le suivi et le soutien pédagogique des formées.
Aujourd’hui, paradoxalement, la scolarisation des filles les éloignent des activités ménagères,
elles deviennent analphabètes au niveau de ces tâches ménagères qui sont considérées dans nos pays
comme étant le socle commun des compétences féminines de base. L’économie domestique est
devenue une science étrangère, voire inaccessible.
« Dans la plupart des sociétés africaines, le travail domestique et la scolarisation constituent
deux modes de socialisation des filles (VIGNIKIN, 2003) et ce dans un contexte de sous scolarisation
particulièrement des filles » M. SEKE op.cit.
C’est donc la prise de conscience de cette situation de fait qui a décidé les deux institutions à
combler cette lacune grave.
Enfin, les OMD étant aussi des objectifs d’équité, une des dimensions importantes de
l’amélioration de l’offre et de la demande, sera la quête de l’égalité de genre vis-à-vis de l’accès. Sur
ce plan, en 2008, la participation des filles est passée de 47,97% au primaire à 32,29% au secondaire
2ème cycle, soit un recul de plus de quatre points. Au fur et à mesure qu’on s’élève dans les niveaux
d’éducation, il y a de moins en moins de filles. Il est intéressant de relever que la présence des filles
dans le secteur privé est plus importante au primaire et au secondaire 1er cycle contrairement au
secondaire 2ème cycle où la participation est moins importante. De façon globale, les filles ne sont
présentes au lycée qu’à la moitié de ce qu’elles sont au primaire (ceci pour des raisons culturelles, car
de nombreuses familles pensent que la place de la fille est dans un foyer et son rôle, c’est la
maternité). Malheureusement, ces filles se retrouvent très vite, filles-mères abandonnées et
désœuvrées. Elles viennent grossir les rangs de celles qui ont été chosifiées, humiliées par les hommes
en armes. En outre, c’est un truisme de dire que la paupérisation globale du pays a des effets aggravant
sur la situation des jeunes filles-mères (les services des affaires sociales reconnaissent l’importance du
phénomène mais ne disposent pas des statistiques y afférents).
Comment récupérer et réinsérer ces jeunes filles-mères dont le nombre est de plus en plus
croissant ?
Comment restituer sa dignité à la jeune fille-mère ?
Face à cette pauvreté du tissu économique et des offres d’emploi, comment valoriser les
activités ménagères de la femme ?
Que faire pour promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomie des filles-mères ?
Comment réduire la fracture sociale ?
1.1.- NEFINITION DE QUELQUES CONCEPTS
1.1.1.- Maison-école :
La maison-école est un dispositif de formation et d’apprentissage qui permet de résoudre les
besoins de formation et d’insertion professionnelle des jeunes filles-mères à partir des structures qui
s’appuient sur les situations réelles de l’environnement familial.
La gestion d’une maison d’habitation exige de développer des compétences principales et
transversales en lien avec l’économie sociale et familiale (ESF) et l’économie domestique (ECODO),
(disciplines qui permettent de former la jeune fille dans la gestion ménagère et de maîtriser les notions
Sous-­‐thème 2 : Développement des compétences techniques et professionnelles tout au long de la vie pour une croissance socio-­‐économique durable de l'Afrique -­‐ 8/28 -­‐ Triennale de l’éducation et formation en Afrique – ADEA 2012 – Projet maison école de puériculture, d’éducation sanitaire, de cuisine, d’alimentation et de budget familial). C’est un lieu
de simulation des compétences à installer en vue d’un apprentissage efficace.
1.1.2.- Insertion et réinsertion :
« Action, manière de s’insérer, se situer dans un groupe » Larousse 1992.
Des jeunes filles ayant le statut d’enfant ont été victimes de mauvais traitements : viol,
grossesse indésirée, etc. Ces mauvais traitements les ont désaxées ou dégradées au plan intellectuel,
physique, moral, psychologique et social.
Des pratiques et comportements déviants les ont éloignées du cadre familial faisant d’elles des
parias. L’échec scolaire couplé à la méconnaissance des tâches ménagères et au nouveau statut de
mère avant l’âge, tout cela constitue des facteurs aggravant la fracture sociale entre elles et leur famille
respective. D’où la nécessité de les insérer ou réinsérer sur tous les plans afin qu’elles reprennent leur
place dans la famille et la société.
1.1.3.- Le profil de « filles-mères » :
Les traits caractéristiques d’une fille-mère s’observent à travers le changement de leur statut.
La fille est immature, encore enfant à la charge de ses parents. Elle devient mère par le fait d’une
grossesse indésirée consécutive au viol, au flirt ou à une activité sexuelle volontaire et précoce.
La précocité dans sa fonction de mère fait d’elle une fille-mère ayant besoin d’un encadrement
(suivi particulier) vu son immaturité.
1.1.4.- La notion de « difficulté » :
Elle renvoie à la situation d’inadaptation psychologique, sociale, affective et économique. Le
fait d’être rejetée par leur famille, de devenir des « parias » les met objectivement en difficulté. Leur
péché est de devenir précocement et involontairement mère donc une double charge pour la famille
qui est déjà dans une condition économique précaire. Face aux nouvelles responsabilités et à leur
condition socio économique peu enviable, elles doivent s’assumer, se prendre en charge. Mais
comment et avec quoi, quand et où ?
Comment reconquérir le statut initial perdu alors qu’on est fille qu’une seule fois ?
La notion de « difficulté » est donc polysémique et polymorphe pour la fille-mère. Les
difficultés des jeunes filles-mères sont consécutives, pour la plupart, du viol dont elles ont été victime.
En effet, on ne s’est intéressé qu’assez récemment aux victimes de viol dont le retentissement
psychoaffectif peut être dramatique.
C’est le livre de S. Brownmiller (1975) qui montre les conséquences graves du viol sur le plan
mental et sexuel : dépressions anxieuses réactionnelles, névroses traumatiques, inhibitions, frigidité et
dyspareunies sont fréquentes dans les suites de cet attentat. Celles-ci sont particulièrement graves pour
des jeunes adolescentes, surtout lorsque le viol s’accompagne d’inceste, provoquant des névroses ou
même des psychoses à l’âge adulte. (D. JEHU, 1988).
1.1.5.- La municipalisation accélérée :
C’est un processus d’urbanisation/modernisation des départements ruraux pour en faire des
villes ayant le même standing que les villes principales. L’objectif affirmé étant de mettre fin à l’exode
rural, permettre la fixation des jeunes dans leur contrée.
1.2.- CA SITUATION GLOBALE DU DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET DE L’EMPLOI DANS LE PAYS
Les caractéristiques suivantes permettent de définir cette situation :

une économie marquée par une rupture entre les activités scolaires, la formation et
le monde du travail ;
Sous-­‐thème 2 : Développement des compétences techniques et professionnelles tout au long de la vie pour une croissance socio-­‐économique durable de l'Afrique -­‐ 9/28 -­‐ Triennale de l’éducation et formation en Afrique – ADEA 2012 – Projet maison école 


une économie essentiellement informelle reposant sur des potentialités de croissance
induites par la petite et moyenne activité ;
une économie qui connaît un manque évident de qualifications dans l’économie
domestique ;
une économie qui peut être renforcée par l’intervention du secteur privé en
partenariat avec le secteur public.
1.3.- MA SITUATION SOCIO ECONOMIQUE DES LIEUX D’EMERGENCE DU PROJET
Le projet maison école a l’ambition de résoudre les besoins de formation et d’insertion
professionnelle des jeunes filles-mères à partir des structures qui s’appuient ou recourent aux
situations réelles de l’environnement socio-économique urbain.
Puisque la municipalisation accélérée en cours dans notre pays, a pour corollaire
l’urbanisation des départements et que ceux-ci exprimeront forcément les mêmes besoins en
qualifications diverses que les grandes villes en terme de « petits métiers » liés à l’économie sociale et
familiale, il est important que les jeunes filles déscolarisées et les jeunes filles-mères en difficulté
soient récupérées pour leur insertion et/ou réinsertion socio-économique.
La volonté des acteurs locaux de développer leur département est manifeste. Cependant, ce
développement a un impact aussi bien sur le milieu physique que sur le milieu humain. Le besoin en
crèches et en écoles maternelles, le recours aux femmes de ménage, aux cuisiniers et aux prestations
des pressings (buanderie), l’hôtellerie, la coupe/couture et la coiffure, etc, se généralise dans toutes les
villes, tous les départements et deviennent autant de créneaux générateurs d’emploi et de revenus.
La pratique de ces activités étant empirique au niveau de la plupart des familles et des jeunes
filles, il devient urgent et important de les formaliser par une formation qualifiante et une certification.
1.4.- MA SITUATION INSTITUTIONNELLE DU CHAMP DE L’ETP
Les objectifs et les missions de l’enseignement technique et professionnel (ETP) l’oblige à :
 faire évoluer suffisamment la formation en adéquation avec la demande économique
et sociale ;
 placer le ministère au cœur des actions de formation qualifiante en tant que
partenaire incontournable, pourvoyeur de compétences pluri et transdisciplinaires ;
 acquérir et affecter les moyens financiers vers les nouveaux métiers ou lieux
identifiés de formation et de qualification.
2.- LES CONTRAINTES ET LES DEFIS
Elles doivent être comprises à la lumière du protocole d’accord signé entre le Ministère de
l’Enseignement Technique et Professionnel et la Fondation Congo Assistance le 3 mai 2004 et dont
l’objet précise que «les parties contractantes décident d’œuvrer ensemble dans le domaine de la
formation initiale et continue des filles-mères en situation difficile, en vue de leur insertion socioéconomique ».
2.1.- CEMERGENCE DU PROJET D’APPUI A L’INSERTION SOCIOPROFESSIONNELLE
DES FILLES-MERES A BRAZZAVILLE
Le point de départ du projet maison-école puise sa quintessence dans le constat des effets
pervers des guerres récurrentes au cours desquelles les femmes en général, les jeunes filles en
particulier, ont été chosifiées, humiliées par les hommes en armes. La paupérisation globale du pays
ayant des effets aggravant sur la situation des jeunes filles. La Fondation Congo Assistance s’est
montrée soucieuse de donner aux jeunes filles-mères en difficulté une qualification professionnelle
pour favoriser leur insertion et leur réinsertion socio-économique.
Sous-­‐thème 2 : Développement des compétences techniques et professionnelles tout au long de la vie pour une croissance socio-­‐économique durable de l'Afrique -­‐ 10/28 -­‐ Triennale de l’éducation et formation en Afrique – ADEA 2012 – Projet maison école Les conflits armés ayant généré des phénomènes de déviance sociale tel que le viol
systématique des femmes et des jeunes filles, il en est résulté des grossesses indésirées donc des fillesmères contraintes d’abandonner l’école et de gérer leur maternité précoce.
L’explosion démographique de cette catégorie de personnes a amené les municipalités et
certaines ONG, à prendre conscience de la dégradation de la situation car la conjonction entre guerre
et pauvreté a généré la dépravation des mœurs et le développement de comportements inadmissibles
ou peu recommandables pour survivre (apparition du phénomène des enfants de la rue : filles et
garçons ayant fui leur foyer et vivant de mendicité et de larcin).
La Fondation Congo Assistance (FCA) ayant pris conscience de la dégradation de la situation
des jeunes filles, elle s’est tournée vers le Ministère de l’Enseignement Technique et Professionnel
pour trouver des moyens effectifs d’insertion pour les démunies et les désœuvrées afin de désamorcer
l’implosion sociale. Il faut noter toutefois que : « la dimension pauvreté semble être plus
discriminante. En effet, quelque soit le milieu de provenance (riche/pauvres, urbains/ruraux), on
observe également peu de différences dans l’accès à l’école primaire ; par contre les disparités
deviennent importantes au détriment des plus pauvres à partir du collège. Le défi de la scolarisation
apparaît donc pluridimensionnel. Il ne s’agit pas seulement de s’en tenir aux structures mais aussi à
orienter les efforts en direction des enfants issus des milieux défavorisés. Cette situation d’ensemble
suggère que la mise en œuvre des objectifs d’une éducation de qualité se fera sans nul doute au prix
d’efforts substantiels sur l’amélioration de la couverture scolaire aussi bien en milieu urbain que rural
et des conditions de scolarisation, notamment sur le plan de l’encadrement des élèves et de la
mobilisation du personnel enseignant ».(M.BALONGA et all. Op.cit).
Le protocole d’accord suscité traduit la conjonction d’intérêts entre le Ministère de
l’Enseignement Technique et Professionnel et la Fondation Congo Assistance. Ces deux partenaires
ont exprimé le souci de mettre en œuvre une formation de qualité à destination des jeunes filles-mères
en difficulté.
2.2.- I LEMERGENCE DU PROJET MAISON ECOLE COMME APPUI AU DEVELOPPEMENT SOCIO-ECONOMIQUE
DANS LES VILLES SECONDAIRES
Le projet maison école a été mis en œuvre premièrement, selon des moyens et des finalités
socio-économiques qui s’adossent sur les structures existant en milieu urbain.
Secundo, une inscription du projet dans une vision prospective axée sur la valorisation des
potentialités en ressources humaines existant dans les départements ; l’hypothèse sous-jacente anticipe
sur la municipalisation desdits départements qui générera les mêmes besoins que dans le milieu
urbain.
Un double investissement devra être réalisé tant au niveau urbain qu’à l’intérieur par
l’acquisition de terrains, la construction de locaux et leur équipement de la part de la Fondation Congo
Assistance et par la mise à disposition de personnels d’encadrement et de formation de la part du
Ministère de l’Enseignement Technique et Professionnel.
3.- LES INNOVATIONS SUR LE PLAN DES PRATIQUES : LES STRATEGIES ET
ACTIONS MENEES
Le projet maison-école a l’ambition de conquérir aussi l’espace rural qui est un vivier riche en
jeunes filles-mères en difficulté.
3.1.- DE DISPOSITIF DE FORMATION DE LA PREMIERE MAISON-ECOLE DE BRAZZAVILLE
Les descriptions indiquées sur la fiche expérimentale du projet ci-dessous, sont la restitution
de la situation du dispositif à son stade de conception et ensuite, de réalisation actuelle.
3.1.1.- LE PILOTAGE DU DISPOSITIF (PROJET)
Sous-­‐thème 2 : Développement des compétences techniques et professionnelles tout au long de la vie pour une croissance socio-­‐économique durable de l'Afrique -­‐ 11/28 -­‐ Triennale de l’éducation et formation en Afrique – ADEA 2012 – Projet maison école Le Ministère de l’Enseignement Technique et Professionnel (METP) est le maître d’ouvrage
des activités engagées dans le cadre du projet maison-école. Il a la tutelle du choix des personnels
impliqués dans la formation et l’encadrement des apprenants dans les différents métiers.
Ainsi, le processus de consultation et de décision, le processus de suivi et d’amélioration sont
pilotés par les experts du ministère et de Congo Assistance.
3.1.2.- LE LANCEMENT DU DISPOSITIF (PROJET)
Dans le cadre de la formalisation des accords de départ entre le Ministère de l’Enseignement
Technique et Professionnel et la FCA, les parties contractantes ont décidé d’œuvrer ensemble pour la
réalisation du projet dénommé : «Maison-Ecole».
La formulation des hypothèses de départ, portant sur la formation théorique/formation pratique
à mettre en œuvre ainsi que la détermination de la stratégie de formation et de réinsertion a consisté à
donner en premier lieu, un fondement théorique et des techniques de base aux bénéficiaires puis à les
orienter dans les ateliers d’apprentissage.
3.1.3.- RU NIVEAU DE LA METHODOLOGIE
Techniques de recherches utilisées





Revue de la littérature : elle consiste à identifier et consulter tout le document ayant traité la
même question en vue de mieux spécifier (cerner) notre problématique.
Enquête de terrain : elle consistera en la visite des maisons-écoles pour des entretiens, afin de
mieux cerner les problèmes et défis à relever.
Analyse des données statistiques : il s’agira de mettre en évidence l’analyse quantitative des
faits étudiés.
Analyse des données qualitatives (interviews et focus) : elles consistent à mettre en évidence
l’impact des faits étudiés.
Analyses comparatives de contextes et de situations : elles permettront de tirer des leçons sur
les répercussions psychopédagogiques et socioéconomiques des faits étudiés pour éclairer la
prise de décisions politiques.
3.1.4.- E CHOIX DES ACTEURS ET DES BENEFICIAIRES
La sélection des apprenants s’est effectuée dans le milieu des déscolarisés et des démunis
vivant dans les quartiers périphériques dans des conditions précaires. Pour ce faire, il a fallu solliciter
la contribution des :
• communautés religieuses ;
• collectivités locales ;
• mairies d’arrondissement.
Les critères de sélection suivants ont été définis à savoir :
• présenter un dossier de sélection permettant de connaître : l’âge requis des
bénéficiaires (de 15 à 20 ans) ;
• le niveau scolaire minimum requis (classe de sixième et plus).
Les encadreurs intervenants sont choisis sur la base de leurs compétences avérées (un
curriculum vitae (CV) est examiné et apprécié par les experts du Ministère de l’Enseignement
Technique et Professionnel.
L’effectif des apprenants par session est de 30 à 40 à raison de dix (10) par filière.
3.1.5.- T INGENIERIE DU DISPOSITIF
Au total six (6) métiers ont été choisis et une grille de compétences a été élaborée pour chaque
métier avec des orientations sur les contenus essentiels et sur l’approche pédagogique.
La procédure de mise en œuvre du projet consiste à identifier au cours d’un entretien, les
bénéficiaires et leur préférence en formation. Les jeunes filles-mères désœuvrées et déscolarisées
Sous-­‐thème 2 : Développement des compétences techniques et professionnelles tout au long de la vie pour une croissance socio-­‐économique durable de l'Afrique -­‐ 12/28 -­‐ Triennale de l’éducation et formation en Afrique – ADEA 2012 – Projet maison école retenues sont de fait issues des familles les moins nanties des quartiers périphériques des villes
retenues. Elles suivent une formation théorique pendant six mois (en alternance) :
•
•
l’apprentissage pratique dure trois (3) mois en entreprise ;
il est prévu douze (12) mois de compagnonnage soit au total vingt un (21) mois de
formation sanctionnée par un certificat de qualification professionnel (CQP).
Filières retenues ou types de compétences enseignées :
-
Coupe et couture
Coiffure et esthétique
Hôtellerie et restauration.
Tableau n°1 : Sites d’expérimentation et localisation des maisons-écoles
-
Brazzaville
Pointe-Noire
Dolisie
(2 sessions)
(1 session)
(1session)
N°
1.
2.
3.
4.
Maison-Ecole
Brazzaville
Pointe-Noire
Dolisie
Owando
Départements
Brazzaville
Pointe-Noire
Niari
Cuvette
5.
Impfondo
Likouala
6.
Ewo
Cuvette Ouest
Quartiers
Makélékélé
Tchimbamba
Tsila
Avenue des
Hôpitaux
Siège de la SousPréfecture
Siège de la SousPréfecture
Localités
Brazzaville
Pointe-Noire
Dolisie
Owando
Impfondo
Ewo
Situation
En fonction
En fonction
En fonction
Construction
achevée
Projet (bâtiment
affecté)
Pose de la 1ère
pierre le 8 mars
2011
Observations
Attente de
lancement
Attente
d’achèvement
En début de
construction
NB : Les difficultés de financement tant pour la matière d’œuvre que pour la prise en charge des
formateurs ont occasionné l’arrêt des activités de certaines maisons-écoles.
Résultats attendus
-
Lutter contre l’oisiveté en milieu juvénile, la délinquance, le sous emploi pour un
développement durable ;
-
A la fin de la formation, l’apprenant devra se prendre en charge au moyen d’un kit
professionnel d’insertion (ou par placement direct).
3.1.6.- TES VOIES ET MOYENS DE L’INSERTION
Le dispositif de suivi mis en place consiste à recevoir les apprenants en situation d’immersion
pour une mutualisation sur les difficultés rencontrées. En outre, l’équipe de pilotage du projet est
composée de :
• un chef de projet (point focal) ;
• un directeur du site ;
• un conseiller pédagogique ;
• une secrétaire ;
• une sentinelle ;
• les formateurs.
Démarche
-
Sensibilisation et identification des apprenants et formateurs
Localisation du site et mise en place du matériel et équipement
Démarrage
Sous-­‐thème 2 : Développement des compétences techniques et professionnelles tout au long de la vie pour une croissance socio-­‐économique durable de l'Afrique -­‐ 13/28 -­‐ Triennale de l’éducation et formation en Afrique – ADEA 2012 – Projet maison école -
Evaluations.
L’ensemble du projet est centré sur la qualification et l’insertion des filles-mères. Il en résulte
que la philosophie en vigueur veut que les moyens mobilisés soient capitalisés par les apprentis afin de
réaliser cette insertion.
3.1.7.- NES MODALITES DE FINANCEMENT DU DISPOSITIF
Tableau n° 2 : Budget programme
Le budget programme pour une session fonctionnelle est estimée comme suit :
Rubrique
Sensibilisation
Prise en charge des formateurs
Prise en charge de l’administration
Transport
Caution de mise en stage
Equipement et petit matériel
Estimation globale
Estimation
100.000 F
1.680.000 F
1.740.000 F
200.000 F
450.000 F
3.420.000 F
10.000.000 F
Observations
Le coût unitaire de la formation varie selon les métiers en raison notamment de la différence
du coût des kits d’apprentissage spécifiques. La viabilité du projet est tributaire de l’investissement
matériel, humain et financier et les chances de sa consolidation et pérennisation sont intimement liées
aux moyens disponibles.
En conclusion, le dispositif de formation en alternance a besoin d’être rôdé et renforcé et la
culture du compagnonnage doit être canalisée selon les principes du ration tuteur/apprenti (poste de
travail/apprenant). Les maisons-écoles doivent être équipées pour en faire des maisons de micro
enseignement ou lieux de simulation pour les formations retenues.
4.- PRESENTATION DES RESULTATS OBTENUS
Même si le projet est au milieu du gué, les enquêtes sur place tant à Brazzaville qu’à
l’intérieur du pays rendent possible une première évaluation des résultats obtenus à ce jour. Ces
résultats permettent autant d’apprécier l’efficience interne du dispositif que son efficacité externe par
rapport aux objectifs visés.
Sous-­‐thème 2 : Développement des compétences techniques et professionnelles tout au long de la vie pour une croissance socio-­‐économique durable de l'Afrique -­‐ 14/28 -­‐ Triennale de l’éducation et formation en Afrique – ADEA 2012 – Projet maison école Tableau n° 3 :
4.1.- OES RESULTATS DES PRINCIPALES MAISONS ECOLES
PROMOTION
OPTION
INSCRITS
ADMIS EN
INSERES
EN
ENTREPRISE
EN
INDIVIDUALITE
EN
COOPERATIVE
EN ATTENTE
KIT REÇU
STAGE
2005-2006
BRAZZAVILL
E
2006-2007
BRAZZAVILL
E
Coupe/Couture
09
09
04
02
02
00
05
00
Coiffure/Esthétique
08
08
08
02
06
00
00
00
Hôtellerie/Restaurant
13
13
10
10
00
00
03
00
Total
30
30
22
14
08
00
08
00
Coupe/Couture
08
08
00
00
00
00
00
Coiffure/Esthétique
09
09
07
00
07
00
00
02
00
04
00
06
00
12
00
09
00
07
00
28
00
12
00
03
00
05
00
Hôtellerie/Restaurant
Total
Coupe/Couture
POINTENOIRE
29
14
Coiffure/Esthétique
Hôtellerie/Restaurant
Total
Coupe/Couture
DOLISIE
12
14
11
39
14
Coiffure/Esthétique
14
12
29
14
14
11
39
14
14
08
15
02
05
04
11
02
05
08
00
08
07
00
02
02
03
04
00
06
05
00
02
00
05
00
00
00
00
00
00
00
00
00
Hôtellerie/Restaurant
11
11
06
06
00
Total
39
39
13
06
07
00
20
00
137
137
61
34
27
00
62
00
TOTAL GENERAL
Sous-­‐thème 2 : Développement des compétences techniques et professionnelles tout au long de la vie pour une croissance socio-­‐économique durable de l'Afrique -­‐ 15/28 -­‐ Triennale de l’éducation et formation en Afrique – ADEA 2012 – Projet maison école Commentaires
L’expérimentation de la maison-école à Brazzaville s’est étalée sur deux ans avant que
l’expérience soit étendue à Pointe-Noire et Dolisie (villes secondaires).
Globalement et sur la période couverte, on a enregistré 137 jeunes filles-mères en difficulté
par rapport à la capacité d’accueil des structures mises en place. A l’issue de la formation dans leur
option respective, le niveau d’insertion réel s’élève à 61 jeunes filles-mères soit 44,52%. Celles qui
restent dans l’expectative d’une embauche éventuelle sont au total 62 soit 45,25%.
Le taux d’abandon est de 10,23%. Toutefois, le problème reste entier pour celles qui sont en
attente (les 45,25%) si elles ne font preuve d’aucune initiative pour se prendre en charge
individuellement.
En considérant la situation de la maison-école dans chaque localité, il ressort que :
 A Brazzaville
Sur les deux années d’expérimentation, on a enregistré au total 59 apprenants et en définitive
37 filles-mères soit 62,71% ont été insérées : 22 en entreprise et 15 en individualité.
Que sont devenues les 22 autres soit 37,28% de non insérées ? Elles auraient dû réaliser leur
insertion de manière autonome par le mode coopératif. Malheureusement, la culture coopérative n’est
pas le dada des congolaises et des congolais. Pourtant la mise en commun des compétences et des
énergies est devenue aujourd’hui, une stratégie économique en Europe et dans les pays émergents. Il
est regrettable que les apprentis ou les débutants dans un métier, ne recourent pas à cette démarche
pour assurer leur insertion socio-économique et professionnelle.
Toutefois, les entretiens réalisés auprès de quelques apprenantes insérées, révèlent que la
première promotion avait bénéficié de l’application intégrale des dispositions contenues dans le
protocole d’accord. Les formées ont bénéficié d’un accompagnement et d’un kit d’insertion ;
cependant la deuxième promotion se retrouve dans une situation d’abandon en cours de stage sans
évaluation des acquis donc sans certification.
 A Pointe-Noire
Capitale économique du Congo Brazzaville, l’insertion s’est faite timidement : 11 filles
seulement sur 39 ont réussi leur insertion soit 6 en entreprise et 5 en individualité. Celles que nous
avons pu interviewer, au cours de nos visites, apprécient l’initiative de la création de la maison-école
qui a fait naître l’espoir auprès des jeunes filles-mères. « La maison-école était nôtre planche de salut,
l’occasion de redonner un sens à la vie ; le moyen d’apprendre gratuitement et de s’insérer
facilement ». Malheureusement, elles sont résignées et envahies par un sentiment d’abandon suite à la
fermeture de la maison-école pour des raisons non élucidées.
Quand aux gestionnaires trouvés sur place, la directrice et quelques membres de
l’administration, ils ont montré leur bonne volonté et leur disponibilité. Ils ont cru en la pertinence du
projet et se sont réellement impliqués. Malheureusement, le site n’était pas approprié du fait des
inondations répétées. Malgré toutes les initiatives prises pour contourner ou pallier cette difficulté liée
aux structures d’accueil, le projet a connu un arrêt précipité en attendant la fin des travaux sur le
nouveau site.
Aujourd’hui, les jeunes filles-mères qui espéraient s’en sortir, sont retombées dans la
désillusion. Après la formation théorique qui a duré six mois, c’est la mise en stage qui s’est terminée
en queue de poisson à cause du non paiement des tuteurs (maîtres artisans) qui ont résilié le contrat
pédagogique d’encadrement pour la formation professionnelle avec la maison-école.
 A Dolisie
Sous-­‐thème 2 : Développement des compétences techniques et professionnelles tout au long de la vie pour une croissance socio-­‐économique durable de l'Afrique -­‐ 16/28 -­‐ Triennale de l’éducation et formation en Afrique – ADEA 2012 – Projet maison école Capitale de l’or vert au Congo Brazzaville, l’insertion a été réalisée à hauteur de 33% c’est-àdire que 13 filles-mères sur un total de 39 ont pu être insérées, soit 6 en entreprise et 7 en individualité.
Dans ces deux villes, on compte respectivement 26 filles-mères non insérées soit un taux
d’échec de 66,66% à Dolisie et 71,79% d’échec à Pointe-Noire.
Qu’est-ce qui justifie ces taux élevés d’échecs? Probablement, leur condition de fille-mère en
difficulté et le déficit en culture managériale ; échecs aggravés par les problèmes de pilotage,
d’errements méthodologiques et d’équipement. Il faut avouer aussi que l’implantation des maisonsécoles dans ces deux villes n’a pas respecté le protocole d’usage. La mise en œuvre de l’expérience a
été quelque peu précipitée.
Les interviews réalisés auprès des responsables administratifs (03), des formateurs (03) et de
quelques apprenantes (04) ont révélé qu’à Dolisie, c’est l’instrumentalisation de la maison-école par
les politiciens et certains responsables qui a entraîné la non application des termes de la convention et
du protocole d’accord. D’où la notion de jeune fille-mère a été galvaudée ; ainsi, des femmes
célibataires, mères de plusieurs enfants des parents parfois analphabètes ont été recrutés en lieu et
place de véritables jeunes filles-mères en difficulté.
Dolisie est pourtant la ville qui a bénéficié d’une vraie maison-école construite et équipée.
L’arrêt de la formation a laissé tout le monde pantois et interrogateur.
NB : Le manque de kit d’insertion constitue l’une des difficultés d’insertion socioprofessionnelle après
formation.
4.1.1.- LES DONNEES DE BASE DU DISPOSITIF
Elles sont autant quantitatives que qualitatives et rendent compte du nombre de jeunes fillesmères formées. La filière la plus sollicitée en vue de la formation, c’est l’hôtellerie/restauration, qui se
révèle être un créneau pourvoyeur d’emplois certain grâce à une demande permanente en main
d’œuvre. Ensuite vient le secteur très prisé par les jeunes filles : la coiffure/esthétique qui permet une
insertion après formation à hauteur de 100%. Enfin, la coupe/couture quant à elle exerce aussi une
forte attraction. Elle offre un niveau d’insertion socioprofessionnelle de -40%.
La même tendance est observée dans les maisons écoles ouvertes dans les villes secondaires.
Toutefois, le niveau d’insertion reste encore faible du fait d’une activité économique peu dynamique
dans le tertiaire. Cependant il faut relever que les apprenantes doivent intégrer l’esprit entrepreneurial.
Cela leur éviterait d’être des éternelles assistées mais de devenir des femmes d’action, pleines
d’initiatives.
4.1.2.- UISPOSITIF DE FORMATION EFFECTIVEMENT MIS EN ŒUVRE
Six (6) mois ont été consacrés aux cours théoriques. Ces cours ont été complétés par des
visites guidées auprès des professionnels par les encadreurs des maisons écoles. La démarche en soi a
revêtu les caractéristiques d’une formation professionnelle par alternance maison/école-artisanat. Par
la suite, trois mois devraient être passés en entreprise en vue du stage pratique.
L’immersion dans ces différents milieux, vise le renforcement de leurs compétences
techniques et professionnelles. L’acquisition de ces compétences est indispensable à leur
autonomisation et à leur insertion professionnelle.
Dans l’ensemble, les enseignements transversaux suivants étaient prévus pour toutes les jeunes
filles-mères quelle que soit la spécialité choisie, ce qui permettrait aux apprenants d’intégrer les
savoirs, le savoir-faire et le savoir-être, nécessaires au développement de leurs activités.
Tableau n° 4 : Enseignements généraux communs
Modules transversaux
Volume horaire hebdomadaire
Sous-­‐thème 2 : Développement des compétences techniques et professionnelles tout au long de la vie pour une croissance socio-­‐économique durable de l'Afrique -­‐ 17/28 -­‐ Triennale de l’éducation et formation en Afrique – ADEA 2012 – Projet maison école Economie domestique
Technique d’Expression Française
Hygiène et sécurité
Instruction civique
Informatique
Gestion
Législation
1H
1H
1H
1H
1H
1H
1H
Soit sept heures par semaine consacrées à formaliser les savoir-faire demeurés empiriques
jusque-là.
4.1.3.- EONTENU DE LA FORMATION THEORIQUE ET PRATIQUE
Il répond au souci d’équilibrer le dosage de la formation théorique et la formation pratique.
Mais la mise en œuvre de la formation se heurte au sous équipement des maisons-écoles et des
ateliers. Celle-ci constitue pour l’instant des faiblesses à surmonter.
Les modules principaux des compétences installées se présentent comme suit :
Tableau n° 5 : Modules principaux
Modules transversaux
Hôtellerie/Restauration/Pâtisserie
Spécialités




Technologie hôtellerie
Technologie du restaurant bar
Technologie culinaire
Technologie pâtissière




Coiffure
(traditionnelle,
moderne)
Esthétique
Anatomie
Cosmétique




Technologie textile
Coupe puis couture
Broderie
Tricotage et crochetage
Coiffure et esthétique
mixte,
Volume horaire
hebdomadaire
32 H
8H
8H
8H
8H
20 H
8H
8H
2H
2H
18 H
Coupe et couture
2H
4H
4H
8H
Ce tableau nous présente 30% des enseignements fondamentaux et 70% des enseignements
spécialisés pour une durée de formation de vingt un (21) mois dont les composantes se déclinent ainsi
qu’il suit :
 Formation en alternance :
 Stage en entreprise :
6 mois
3 mois sanctionnés par un C.Q.P.
 Compagnonnage :
12 mois sanctionnés par un C.A.P.
4.1.4.- TES LEÇONS APPRISES
Elles sont analysées selon les axes d’activité que sont le pilotage, l’approche par les
compétences, la formation en alternance et les équipements. Puis elles sont présentées selon la
catégorie des métiers auxquels les jeunes filles mères se préparent.
 Les faiblesses
Sous-­‐thème 2 : Développement des compétences techniques et professionnelles tout au long de la vie pour une croissance socio-­‐économique durable de l'Afrique -­‐ 18/28 -­‐ Triennale de l’éducation et formation en Afrique – ADEA 2012 – Projet maison école •
Au niveau du pilotage : Les pesanteurs liées à la lourdeur du processus de décaissement des
fonds, couplés à l’absence de financement occasionné par des investisseurs qui n’ont pas tenu
parole; tout cela justifie l’absence des kits d’insertion à la fin de la formation. Certains
opérateurs n’ont pas su s’organiser pour recevoir les stagiaires ; l’organisation administrative
et pédagogique est lacunaire, leur gestion étant empirique. Aucun dispositif de suivi et de
soutien psychologique n’a été prévu tant en amont qu’en aval pour aider à l’équilibre socio
psychologique des filles-mères en difficulté. Les maîtres artisans interrogés sur la question du
soutien psychologique, ont affirmé avoir « donné des conseils pratiques aux apprenantes
quand cela s’imposait, d’autres recourent à la prière comme béquille psychologique ».
•
Au niveau de la méthodologie : L’absence des référentiels de compétences dans les maisons
écoles et l’ignorance de l’approche par les compétences par la plupart des animateurs a
favorisé les pratiques empiriques et faussé ainsi l’orientation pédagogique des maisons-écoles.
•
Au niveau de l’alternance : C’est l’inexpérience des encadreurs qui a constitué un frein dans
le déroulement de l’action pédagogique, en outre l’insuffisance de la communication entre les
différents partenaires n’a pas permis de huiler ou débloquer à temps le mécanisme de
formation. La suspension des stages crée un problème à l’alternance comment confronter la
théorie et la pratique ?
•
Au niveau du suivi des formés : Bien que les experts du Ministère de l’Enseignement
Technique et Professionnel aient pris l’engagement d’assurer le suivi des formés, dans les
faits, les formées sont abandonnées à elles mêmes. Les observations faites au niveau des trois
villes sur la suspension des stages et le sentiment généralisé d’abandon en plein trajet de la
formation, trahit, effectivement l’absence du suivi-évaluation. Elles sont nombreuses à
attendre une session d’évaluation en vue de leur certification. Puisqu’elles ne bénéficient
d’aucune subvention, certaines formées ont fait faillite suite à la mauvaise gestion de leur
petite entreprise (PME).
Un accompagnement et un suivi pédagogique sont nécessaires en termes de gestion
d’entreprise au plan financier et des ressources humaines.
Pour ce faire, nous suggérons la création, au niveau du Ministère de l’Enseignement
Technique et Professionnel, d’un service particulier dont les attributions seraient :







assurer l’encadrement et le suivi des formées dans le cadre du tutorat qui est
« l’organisation des aides apportées à un sujet en formation » ;
identifier les problèmes récurrents ;
proposer des pistes de solutions pratiques pouvant aider à pérenniser les initiatives
des formées ;
étudier les possibilités de conversions/reconversions vers de nouveaux métiers ;
faciliter la communication entre les formées, le Ministère de l’Enseignement
Technique et Professionnel et la Fondation Congo Assistance et les Organisations
Non Gouvernementales ;
associer les psychologues dans la prise en charge des apprenants ;
budgétiser les maisons-écoles pour assurer leur pérennité.
Sous-­‐thème 2 : Développement des compétences techniques et professionnelles tout au long de la vie pour une croissance socio-­‐économique durable de l'Afrique -­‐ 19/28 -­‐ Triennale de l’éducation et formation en Afrique – ADEA 2012 – Projet maison école •
•
Au niveau des équipements : Toutes les promesses portant sur l’équipement des maisons
écoles n’ont pas été tenues. Ainsi les problèmes de logistique sont ils restés pendants tout au
long de la formation. D’où l’absence de kits à la fin de la formation.
Au niveau du financement : Absence d’orthodoxie financière dans la gestion des fonds
alloués. Budget aléatoire.
 Les forces
Le projet est en soi une démarche en faveur de la création d’emplois en partenariat avec les
artisans du milieu informel c’est ainsi que :
•
Au niveau de l’impact de la formation : Les formations assurées par la maison-école
participent à la formation qualifiante en vue de l’insertion professionnelle par la création
de l’auto-emploi.
Les avantages se déclinent en termes de :
-
résolution des besoins en formation et d’insertion/réinsertion (reconversion)
professionnelle ;
développement socio-économique des lieux d’implantation des maisons-écoles et des
formés ;
-
combat contre le chômage et les comportements déviants ;
-
démultiplication de la formation professionnelle par l’apprentissage communautaire.
A titre d’exemple, malgré leur formation inachevée les apprenantes de Dolisie (3) et de Pointe-Noire
(3) se sont insérées dans des ateliers privés participant ainsi à l’économie informelle et à leur propre
prise en charge.
•
Au niveau du pilotage : Tous les acteurs ont été impliqués.
•
Au niveau méthodologique : On a favorisé l’immersion dans des situations exigeant une
prise de décisions ou au mieux la résolution des problèmes.
•
Au niveau de l’alternance : Le souci majeur consistait en l’acquisition des
connaissances théoriques avec référence aux pratiques sociales. La maison école a pour
fonction essentielle, la création de situations didactiques porteuses d’activités
génératrices de revenus (AGR).
•
Au niveau des équipements : Le minimum du matériel acquis a été utilisé au maximum
malgré l’inexistence d’un matériel polyvalent pour les différents métiers choisis.
5.- VERS UNE INTEGRATION DES MAISONS ECOLES DANS UN DISPOSITIF
INTEGRE DANS LE SYSTEME GLOBAL DE L’ETP
5.1.- EES PERSPECTIVES DE DEVELOPPEMENT ENVISAGEES
Sous-­‐thème 2 : Développement des compétences techniques et professionnelles tout au long de la vie pour une croissance socio-­‐économique durable de l'Afrique -­‐ 20/28 -­‐ Triennale de l’éducation et formation en Afrique – ADEA 2012 – Projet maison école Depuis le lancement de la maison école en tant que projet pilote, on note un réel engouement
pour l’enseignement technique, professionnel, de la formation qualifiante et de l’emploi dans notre
pays comme en témoigne les multiples initiatives qui corroborent la démarche de la maison-école.
De nombreuses organisations non gouvernementales (ONG) comprenant la pertinence et l’intérêt
de l’expérience initiée par la Fondation Congo Assistance et le Ministère de l’Enseignement
Technique et Professionnel, n’ont pas attendu la phase de généralisation pour relayer et mettre en
chantier cette expérience à l’identique. C’est le cas de l’Action pour l’Education et le Développement
en sigle AED dont l’objectif est l’initiation des jeunes filles déscolarisées aux petits métiers tels que :
-
la poterie ;
la coupe et couture ;
-
la coiffure et esthétique ;
Animatrice : Madame Bernadette MASSOUASSOUAMA
NB : Il existe des institutions dont la vocation est d’appuyer matériellement et financièrement ceux ou
celles qui se lancent dans l’entreprenariat. Cas du « projet d’appui à l’éducation de base »
(PRAEBASE) qui se propose :
-
d’améliorer la qualité des services éducatifs et l’insertion en milieu productif ;
d’alphabétiser ;
-
d’élaborer un plan stratégique national de développement de la jeunesse déscolarisée et
désœuvrée.
Nous avons ensuite le «Forum des jeunes entrepreneurs » qui s’intéresse à la formation des
jeunes désœuvrés aux activités d’apprentissage en vue d’une qualification technologique aux métiers
de l’informel. A la fin les jeunes se prennent en charge au moyen d’une dotation en kit (trousse
professionnelle).
A Dolisie, l’expérience de « SALA NGOLO » participe à la même dynamique de formation
avec une diversification des qualifications.
A Pointe-Noire, « SUECO » a choisi aussi le trajet de la formation qualifiante dans les mêmes
options.
Il existe un fort engouement en faveur des métiers du tertiaire. Mais comment inverser la
tendance ? La municipalisation accélérée a donné la preuve qu’il existe d’autres métiers que ceux du
tertiaire et notamment des métiers porteurs qui connaissent un déficit énorme tout en étant à la base de
l’amélioration de nos conditions d’existence. Il faut donc les revaloriser, les crédibiliser par la
formation et la certification. En même temps, il faut les rendre attrayant et accessibles en soulignant
leur caractère scientifique et technologique.
A cet effet, l’association pour la défense des droits des femmes techniciennes de surface
(ADDFTS) a annoncé, le 29 mars 2011, au cours d’un point de presse axé sur la condition actuelle de
la femme en général et des ménagères en particulier, l’organisation d’un stage gratuit au profit de
quatre cent (400) femmes. Selon la Présidente de cette association, cette noble initiative permettra aux
ménagères d’acquérir les méthodes à ce métier et de s’instruire sur ses contours et ses aléas.
Elles obtiendront une qualification qui les rendra capable de se prendre en charge. L’objectif
de la formation étant de valoriser un métier difficile à exercer. « Le travail de femme de ménage est
considéré au Congo, comme dégradant, instable, temporaire, sans aucune garantie de retraite et que
l’on exerce en attendant de trouver mieux. Il ne sera plus question de s’accorder à la conception
Sous-­‐thème 2 : Développement des compétences techniques et professionnelles tout au long de la vie pour une croissance socio-­‐économique durable de l'Afrique -­‐ 21/28 -­‐ Triennale de l’éducation et formation en Afrique – ADEA 2012 – Projet maison école africaine selon laquelle, les vrais métiers sont ceux que l’on pratique dans les bureaux. Nous devons
lutter contre cette conception afin de rehausser le niveau social des personnes qui sont ménagères ;
tout en faisant découvrir leur professionnalisme car ce secteur informel a aussi pour vocation, de
réduire le taux de chômage des personnes sans qualification ».
Au niveau des moyens institutionnels, il faut renforcer les capacités des formateurs destinés
aux maisons écoles ouvertes dans tous les départements et circonscriptions scolaires. Cela signifie
qu’il faudra combler les défis en relançant la formation initiale des formateurs destinés à l’ETP.
Pour cela, il convient de :
-
créer des maisons-écoles départementales de référence ;
mettre en place des textes juridiques pour une meilleure traçabilité du fonctionnement de ces
institutions au plan pédagogique, matériel et des ressources humaines et financières ;
-
respecter les étapes ci-après :
Etudes d’identification, de faisabilité
Renforcement des capacités,
Assistance technique ponctuelle
A ass Suivi-évaluation, Indicateurs de
pilotage, Management
Evaluation à mi-parcours
Insertion/Réinsertion
Sous-­‐thème 2 : Développement des compétences techniques et professionnelles tout au long de la vie pour une croissance socio-­‐économique durable de l'Afrique -­‐ 22/28 -­‐ Triennale de l’éducation et formation en Afrique – ADEA 2012 – Projet maison école En termes de financement, il est clair qu’aucune initiative ne peut se réaliser sans un
investissement financier conséquent. La nouvelle politique économique et administrative (la
décentralisation) devra intégrer la nécessité de budgétiser pour chaque département les moyens
financiers indispensables au fonctionnement des maisons écoles.
Le succès de l’expérimentation du projet maison-école a certes, généré l’idée de sa
généralisation, toutefois, il va falloir que la procédure d’ancrage dans les départements qui s’y
intéressent soit codifiée.
5.2.- EES CONDITIONS D’INSTITUTIONNALISATION DU DISPOSITIF
Le projet maison-école s’adosse sur la nécessaire synergie qui existe entre le Ministère de
l’Enseignement Technique et Professionnel et la Fondation Congo Assistance. Comment piloter une
institution de formation et d’apprentissage de manière bipartite ?
Dans le souci de répondre aux questions :
-
Qui fait quoi ?
Quand ?
Comment ?
Pourquoi ?
Avec qui ? et,
Avec quels moyens ?
Il faut mettre en place un pilotage public/privé partenarial qui devra instaurer une « gestion
axée sur les résultats de développement » c’est-à-dire, qu’au début d’une initiative d’une entreprise ou
d’un projet, de penser aux résultats et aux moyens à prévoir pour les atteindre, puis de faire le suivi
des progrès réalisés et de redresser le tir au besoin, afin d’arriver aux résultats escomptés.
Puisque la formation se déroule selon un chronogramme préétabli et négocié, chaque étape
notamment la formation théorique et technologique, ainsi que la formation pratique font l’objet d’une
évaluation formative et sommative. Les contenus de la formation sont élaborés selon l’approche par
les compétences.
Au stade actuel, le projet a dépassé l’étape de l’expérimentation. La réussite de ce projet pilote
au niveau urbain permet son inscription dans le dispositif du champ réglementaire vu l’intérêt qu’il
suscite. En outre, un cadre législatif, un cadre de formation et un cadre de suivi et évaluation
pourraient contribuer à sa traçabilité, son essaimage et sa pérennité.
Notre conviction :
La maison-école est un projet en faveur du développement socio-économique. Pour son
efficience et efficacité, il doit mobiliser les meilleurs pratiques développées par et pour les acteurs
socio-économiques. La maison-école est dans sa quintessence, un projet multi-acteurs au service de la
collectivité. Elle ne pourra atteindre ses objectifs que si elle est conçue et pilotée collectivement dans
la transparence.
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•
Au plan politique : Nécessité d’avoir une politique nationale qui accorde une place de choix
au développement de compétences techniques et professionnelles (DCTP).
•
Au plan financier : Inscrire une ligne budgétaire conséquente pour la mise en œuvre des
projets et exiger une orthodoxie financière dans la gestion budgétaire allouée.
•
Au plan de la gestion des ressources humaines :
-
•
veiller à la stabilisation des cadres efficaces car leur mobilité casse la dynamique
imprimée au fonctionnement tant des institutions que des groupes de travail ;
assurer la prise en charge du point focal lors des triennales et activités connexes.
Au plan pédagogique :
-
institutionnaliser le suivi et le soutien pédagogique pour s’inscrire dans
l’apprentissage tout au long de la vie.
-
nécessité d’instituer un service d’orientation technique et professionnel afin de mieux
conseiller les apprenants sur les choix à faire en corrélation avec leurs aptitudes.
•
Au plan logistique : Equiper les maisons écoles afin qu’elles soient ouvertes au monde grâce
aux technologies de l’information, de la communication pour l’éducation (TICE).
•
Au plan du partenariat : Promouvoir un partenariat dynamique afin de favoriser l’échange
d’expertise et de bonnes pratiques entre les différents pays.
Sous-­‐thème 2 : Développement des compétences techniques et professionnelles tout au long de la vie pour une croissance socio-­‐économique durable de l'Afrique -­‐ 24/28 -­‐ Triennale de l’éducation et formation en Afrique – ADEA 2012 – Projet maison école CONCLUSION
La maison-école constitue indéniablement une opportunité pour les jeunes filles-mères en
difficulté.
Elle s’inscrit dans la formation en alternance et de manière intrinsèque dans la formation par
apprentissage comme élément constitutif du système de l’ETP.
La maison-école peut avoir la capacité de faire de la formation professionnelle un moyen de
récupération et d’insertion professionnelle et économique. En encourageant l’entreprenariat, elle peut
devenir un élément catalyseur de la dynamique entrepreneuriale féminine engagée dans l’économie
informelle.
Les motivations qui sont à la base de la création de la maison école sont une preuve qu’il y a
une prise de conscience de la nécessité de surmonter des maux tels que :




l’inadaptation des formations aux réalités économiques et sociales ;
l’absence des études d’opportunité ;
la gestion des ressources humaines globalement inefficaces ;
l’absence d’un système d’information et d’orientation conséquent.
Cette prise de conscience s’inscrit dans la philosophie de restructuration de l’ETP à qui l’on a
confié aujourd’hui la formation qualifiante et de l’emploi. Le Ministère de l’Enseignement Technique
et Professionnel a reçu pour mission de qualifier les jeunes et de les accompagner vers le pré emploi et
dans l’emploi, assurer l’employabilité des actives et inactives par la formation continue, proposer de
nouvelles modalités d’accès à la qualification et proposer une carte des formations professionnelles
répondant aux démarches de l’économie et aux attentes de promotion sociale et d’égalité de chances
de la population congolaise./-
Sous-­‐thème 2 : Développement des compétences techniques et professionnelles tout au long de la vie pour une croissance socio-­‐économique durable de l'Afrique -­‐ 25/28 -­‐ Triennale de l’éducation et formation en Afrique – ADEA 2012 – Projet maison école ANNEXES
Voici la composition de l’équipe de recherche mise en place pour conduire notre étude de cas.
Le groupe se nomme : Association des Enseignants Chercheurs Congolais en ETP.
Il se compose de six (6) membres :
N°
1.
Noms et prénoms
DZONDHAULT Gaston
Qualités et fonctions








2.
BANOUKOUTA Maurice






3.
MANKITA André
4.
BISSOMBOLO née
BOUANGA Florine




MIZELE Mathieu



5.

Psychopédagogue
Maîtrisard en sciences de l’éducation
Professeur certifié des écoles normales
Point focal du réseau ADEA-METP Congo
Chef
du centre UNESCO-UNEVOC-METP
Congo
Coordonnateur national du groupe, chargé de
l’orientation, des finances et du matériel ;
Psychopédagogue
Diplômé d’études approfondies, option : Sciences
de l’éducation
Professeur certifié des écoles normales
Professeur vacataire à l’Université Marien
NGOUABI
Coordonnateur adjoint du groupe, chargé de la
formation, des études, de la recherche, du suivi et
de l’évaluation.
Enseignant
Conseiller pédagogique à la Maison-école
Membre du groupe, chargé des relations
publiques, du partenariat et du développement
durable.
Enseignante
Professeur certifiée des écoles normales
Directrice de l’ENI de Brazzaville
Membre du groupe, chargée des questions du
genre, de la productivité et de la promotion
féminine.
Psychopédagogue
Professeur certifié des écoles normales
Membre du groupe chargé de l’équipement,
archives et documentation.
Professeur
certifié
des
lycées
option :
Sous-­‐thème 2 : Développement des compétences techniques et professionnelles tout au long de la vie pour une croissance socio-­‐économique durable de l'Afrique Contacts
téléphoniques
06.668.25.02
05.531.03.24
06.635.75.41
06.921.81.17
05. 526.08.66
05.527.10.61
-­‐ 26/28 -­‐ Triennale de l’éducation et formation en Afrique – ADEA 2012 – Projet maison école 6.
MAKITA Michel

Mathématiques
Ecrivain, Membre du groupe, chargé de
l’information et des nouvelles technologies de la
communication.
05.322.83.86
Pour arriver aux résultats escomptés, le groupe de travail a élaboré un calendrier strict.

Mois de février à mars 2011

Mois d’avril à mai 2011

Descente dans tous les départements abritant les maisons-écoles à savoir : Brazzaville,
Kouilou, Niari, Cuvette, Bouenza, Likouala et Sangha
Rédaction des rapports de mission et retour à Brazzaville.
Analyse, synthèse et interprétation des résultats de différents rapports des missions
Traitement statistique des résultats
Elaboration d’un power point
Rédaction du rapport final.
Mois de juin 2011
-
Restitution officielle de l’étude de cas devant les autorités politiques
Envoi du document final au Secrétariat exécutif de l’ADEA.
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Les documents cités ci-dessous sont la production exclusive du projet maison école et n’ont
pas encore été publiés en dehors du DOSTRAPOGE.
Ils constituent notre unique source documentaire associée aux différents protocoles et
entretiens que nous avons eus sur le terrain.
1. ELENGA INGANI INES : « Une formation des congolaises au métier de ménagère »
rubrique Affaires sociales dans "Les Dépêches de Brazzaville" n°1211 du 29 mars 2011
2. BALONGA M et al : « Atteindre les OMD en Education au Congo : Quels obstacles à
surmonter. ROCARE-Congo Edition 2009.
3. Elisabeth MAFOUA et Yvette KIBANGOU : « Travaux domestiques et scolarisation des
filles au Congo : Etat des lieux et impact», ROCARE-CONGO, Edition 2010.
4. SEKE M : « La contribution aux travaux domestiques au sein du ménage de résidence et
scolarisation des filles à Yaoundé ». ROCARE-CAMEROUN, Edition 2010.
5. PRAEBASE : Annuaire statistique 2007-2008 Service des statistiques et de la
Planification scolaire - Bureau des statistiques. Brazzaville, mars 2009
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