Agriculture et protection sociale en Afrique Atelier consultatif

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Agriculture et protection sociale en Afrique Atelier consultatif
Agriculture et protection sociale en Afrique
Atelier consultatif régional1
Cape Town, les 25 et 26 novembre 2014
1. Liens entre l’agriculture et la protection sociale
En 2004, les états membres de l’Union africaine (UA) ont défini la protection sociale comme
stratégie centrale pour renforcer le développement social et la croissance inclusive. Les états
membres de l’UA se sont engagés, dans la Déclaration et le Plan d’action d’Ouagadougou, à
renforcer les dispositifs de protection sociale et à en accroître la couverture et l’efficacité pour tout
un chacun, en particulier pour les personnes les plus pauvres, les plus vulnérables et plus
marginalisées (Union africaine 2008). De nouveaux engagements ont été contractés en 2006 dans
les appels de Livingstone et de Yaoundé en faveur d'une action pour la protection sociale, ainsi que
dans les recommandations des réunions régionales sur l'investissement dans la protection sociale en
Afrique tenues en 2008. Ces engagements ont débouché sur l'élaboration d'un cadre de politiques
sociales pour l'Afrique (Union africaine 2008). Après des décennies marquées par un manque
d'intérêt relatif pour l'agriculture, celle-ci a refait surface dans les programmes politiques de
nombreux gouvernements africains et d'organismes internationaux. La croissance agricole est
aujourd'hui encouragée de façon résolue dans toute l'Afrique subsaharienne et considérée comme
une stratégie indispensable pour stimuler la croissance économique, les moyens d'existence ruraux,
la sécurité alimentaire et la réduction de la pauvreté (Sabates-Wheeler, et coll. 2009). Un autre
enjeu, plus récemment reconnu dans le Programme détaillé pour le développement de l’agriculture
africaine (PDDAA) consiste à permettre aux petits exploitants de contribuer à cette croissance
agricole et d'en bénéficier.
Malgré l'intérêt accru qui est porté à l'agriculture et à la protection sociale et le fait qu'une grande
partie des bénéficiaires des programmes de protection sociale sont des ménages dont les moyens
d'existence sont basés sur l'agriculture, le discours politique ne s'est pas vraiment attardé sur
l'examen des liens entre ces secteurs. Sur le plan conceptuel, il existe, comme le démontre
également un nombre croissant de preuves empiriques, une relation à double sens entre protection
sociale et agriculture. D’une part, les ménages ruraux pauvres qui dépendent essentiellement de
l’agriculture pour garantir leurs moyens de subsistance se heurtent à de sévères contraintes, telles
que la faible productivité, le manque de ressources, les imperfections et l’étroitesse des marchés, et
l’exposition réitérée à des chocs covariants et spécifiques. La protection sociale peut aider ces
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Organisé par la FAO avec l'appui de l'UNICEF et en collaboration avec African Institute for Health and Development
(AIHD), la Plateforme pour la protection sociale en Afrique (APSP), l’Union Africaine (UA), le Nouveau Partenariat pour
le Développement de l'Afrique (NEPAD), le Programme alimentaire mondial (PAM) et la Banque Mondiale. Cet atelier
a été financé par l’entremise du programme "Amélioration de la gouvernance mondiale pour la réduction de la faim"
de l’Union Européenne.
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ménages à alléger les fortes contraintes qu’ils rencontrent en matière de crédit, d’épargne et de
liquidités et à garantir un degré de certitude qui permet aux ménages de gérer les risques et
d’entreprendre des activités plus rentables dans le domaine agricole et des moyens d'existence.
Par ailleurs, il est peu probable que la protection sociale puisse, à elle seule, sortir les ménages de la
pauvreté de façon durable, d'où la nécessité d'appliquer des programmes agricoles complémentaires.
Les politiques et les programmes agricoles peuvent servir à compléter la protection sociale, car ils
sont susceptibles de réduire les risques et la vulnérabilité en améliorant la production, le revenu et le
bien-être des ménages. De plus, les politiques agricoles peuvent avoir une influence sur les impacts
de la production sociale en termes de productivité en raison de leurs effets sur les rendements
escomptés des investissements en agriculture (Tirivayi et coll. 2013). Par exemple, une politique
foncière qui crée un climat d'insécurité dans l’accès aux terres peut décourager les bénéficiaires d'un
transfert monétaire souhaitant investir une partie de cette somme dans des pratiques agricoles
susceptibles de générer des bénéfices à plus long terme.
On attribue ce peu d'intérêt accordé aux liens entre l'agriculture et la protection sociale à une prise
de conscience insuffisante sur les relations existantes entre ces secteurs et sur la façon d'aborder ces
relations dans le cadre des politiques et de la programmation. L'atelier proposé a pour but de
permettre aux participants de mieux comprendre les liens entre l'agriculture et la protection sociale,
de fournir des preuves relatives à ces liens et d'étudier des expériences pratiques de pays pour
garantir la cohérence et tirer parti des complémentarités. Les efforts déployés actuellement pour
élaborer un matériel d'orientation sur la façon de renforcer la cohérence entre ces secteurs dans les
politiques et dans les programmes ont pour but de donner aux praticiens une ressource concrète
qu'ils peuvent utiliser dans leur travail quotidien afin de renforcer la cohérence entre l'agriculture et
la protection sociale et combler la lacune pertinente en matière de connaissances.
2. Efforts pour renforcer la cohérence entre l’agriculture et la
protection sociale
Certaines tendances récentes à une approche systémique de la protection sociale, sous l'impulsion
essentiellement de l'UNICEF et de la Banque mondiale, apportent un élan favorable à un
renforcement de la coordination entre l'agriculture et la protection sociale (UNICEF et Banque
mondiale, 2013). Par ailleurs, le Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA) a, lors de sa
trente-neuvième session, demandé instamment aux états membres de renforcer la coordination entre
l'agriculture et la protection sociale (CSA, 2013). De même, à l'échelle régionale en Afrique, l'appel
à l'action sur la protection sociale de Livingstone de 2006 et la Déclaration tripartite de Yaoundé
pour la mise en œuvre du socle de protection sociale de 2010, le Partenariat renouvelé pour une
approche unifiée pour l'éradication de la faim en Afrique et le Programme détaillé pour le
développement de l'agriculture africaine (PDDAA) mettent l'accent sur les synergies qui doivent
exister entre la protection sociale et les secteurs productifs, y compris l'agriculture.
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Certaines expériences sont déjà en place au niveau des pays à partir de cette sensibilisation sur la
nécessité de renforcer la cohérence entre l'agriculture et la protection sociale. Les cas les plus
connus en Afrique sont ceux du Programme de sécurité alimentaire de l'Éthiopie et le programme
Umurenge Vision 2020 au Rwanda. Il existe d'autres expériences dans la région, comme celle de la
Zambie où la combinaison entre l’aide publique au bien-être, les lots de sécurité alimentaire, le
soutien à la fourniture d'engrais (Holmes et Slater, 2008) montre qu'il est possible de planifier des
interventions soigneusement échelonnées qui se renforcent mutuellement pour intégrer à l'activité
économique les ménages les plus pauvres et les plus limités en termes de main-d’œuvre,
traditionnellement considérés comme manquant de capacités productives, ainsi que celle du
Mozambique où, dans le cadre d'un projet pilote, un programme de filet de sécurité en travaux
publics est lié à un transfert d'actifs durant la saison creuse. Le Système national et la Politique pour
la sécurité alimentaire et nutritionnelle du Brésil, les modifications proposées au programme
«Oportunidades» du Mexique et l'initiative non gouvernementale baptisée Repousser les frontières
de la réduction de la pauvreté (CFPR) au Bangladesh sont des exemples d'initiatives lancées dans
d'autres régions pour conjuguer la protection sociale et l'agriculture.
Pour améliorer la cohérence entre l'agriculture et la protection sociale, il est indispensable de faire
en sorte que le personnel des ministères de l'agriculture, de la protection sociale, des finances et
d'autres départements pertinents des gouvernements ainsi que les partenaires du développement
aient une compréhension plus fine de la façon dont une cohérence accrue peut contribuer aux
priorités de développement. Il est également essentiel de favoriser une compréhension plus large
des questions pratiques relatives au renforcement de la cohérence entre les politiques et les
programmes en matière de protection sociale et d'agriculture. C'est pourquoi un Groupe de
référence technique a été mis sur pied en mars 2014 pour regrouper un certain nombre d'organismes
tels que l'Institut africain de la santé et du développement, le Programme africain pour la protection
sociale, l'Union africaine, la FAO, la Fondation Ford, le NEPAD, l'UNICEF, la Banque mondiale et
le Programme alimentaire mondial. L’objet de cette collaboration est de: i) accroître la
sensibilisation sur les liens stratégiques existant entre l'agriculture de la protection sociale; ii)
définir les possibilités de maximiser les liens à l'échelon des pays, et iii) soutenir l'évaluation et la
mise en œuvre opérationnelle de mécanismes visant à renforcer la cohérence.
3. Atelier consultatif régional 2014
Un atelier consultatif régional a été tenu en septembre 2013 à Accra. Cet atelier a réuni des
fonctionnaires gouvernementaux des ministères de l'agriculture, de la protection sociale et des
finances de huit pays d'Afrique subsaharienne, l'Institut africain pour la santé et le développement
(AIHD), l'Union africaine (UA) le Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique
(NEPAD), le Programme alimentaire mondial (PAM), le Fonds des Nations Unies pour l'enfance
(UNICEF), la Banque mondiale et la société civile. L'atelier a permis de sensibiliser les participants
sur les effets des programmes de transferts monétaires sur l'agriculture et a comporté des
présentations de programmes combinant les interventions dans le domaine agricole et de la
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protection sociale, tels le Programme de sécurité alimentaire de l’Éthiopie et le programme
Umurenge Vision 2020 au Rwanda.
À titre de suivi du processus de sensibilisation amorcé à l'atelier de 2013, un deuxième atelier sera
tenu en novembre 2014. Cet atelier 2014 aura pour but de permettre aux participants de mieux
appréhender:
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La relation à double sens existant entre la protection sociale et l'agriculture, notamment les
synergies et les arbitrages potentiels entre ces deux domaines
Les raisons qui expliquent pourquoi la protection sociale et le développement agricole/rural
peuvent être considérés comme des approches complémentaires pour réduire la pauvreté et
l'insécurité alimentaire
Les enjeux et les opportunités spécifiques au contexte pour favoriser et renforcer la
cohérence entre l'agriculture et la protection sociale
Les points d'entrée pratiques dans l'élaboration et l'application de politiques et de
programmes visant à maximiser la cohérence entre la protection sociale et l'agriculture
Pour ce faire, des débats porteront sur :
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Un cadre conceptuel définissant différents moyens d'intégrer l'agriculture et la protection
sociale
Des preuves relatives aux effets de différents instruments de protection sociale (par
exemple, les transferts monétaires, les travaux publics, l'alimentation scolaire, etc.) sur
l'agriculture et aux impacts des interventions agricoles sur les résultats de la protection
sociale
Différents modèles d'intervention reliant l'agriculture et la protection sociale
L'atelier sera tenu à Cape Town, les 25 et 26 novembre 2014 et réunira de 50 à 55 participants,
notamment des conseillers politiques de niveau intermédiaire des ministères de l'agriculture, de la
protection sociale et des finances des pays africains à revenu faible et intermédiaire, des
représentants de la société civile, des organismes de développement et des experts thématiques.
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