Le bruit
Transcription
Le bruit
LA LETTRE DU COMITÉ SCIENTIFIQUE Le bruit Sa structure, ses effets sur l’organisme et ses moyens de protection Blandine MADIOU(6) , Vincent KRAUSE(1)(2)(3), Jean-Marc DARVES(1)(2)(5), Jacques BENZAQUEN(1)(2)(4) (1) Audioprothésiste du groupe Audika (4) Directeur technique du groupe Audika (2) Formateur du groupe Audika (5) Directeur de la formation du groupe Audika (3) Responsable des relations avec les écoles d’audioprothèses (6) Responsable Gamme Protections, groupe Audika Septembre 2011 3548-Etude-Bruit et Protect II.indd 1 10/10/11 10:24 3548-Etude-Bruit et Protect II.indd 2 10/10/11 10:24 Audika est conscient depuis toujours de la nécessité de se protéger contre Résumé les nuisances sonores de plus en plus présentes dans notre quotidien. Leader de la correction auditive, Audika a toujours été un acteur majeur dans le domaine de la prévention. Audika a mis en place une structure et une gamme de produits permettant de répondre aux besoins des entreprises et du particulier. En 1999, l’acquisition de la société ELSTAR, a permis de renforcer cette structure sur le secteur de la protection professionnelle en proposant des solutions individuelles ou collectives. Pour le grand public, des actions ont été menées, telles que : • des parutions ou des insertions dans des revues spécialisées comme « Connaissance de la chasse »… • des mailings auprès des conservatoires de musique, clubs de motos, dentistes, • une action de sensibilisation dans les concerts de D.GUETTA, • ainsi qu’une communication dans tous les centres du réseau national. Dans les centres, les particuliers peuvent trouver une gamme de protections dédiée : à la chasse, au sommeil, au travail, au jardinage, à la musique… Dans cet article, nous aborderons la structure physique du bruit, les effets du bruit sur l’organisme, la législation existante et la gamme de protections proposée dans les centres Audika. 3 3548-Etude-Bruit et Protect II.indd 3 10/10/11 10:24 1. Définitions(1)(2) L’étude physique des sons est le domaine de l’acoustique, leur perception et leur interprétation par le système nerveux est celui de la psycho-acoustique. Le son traduit une force invisible qui s’exerce sur les surfaces, c’est donc une pression ou plus exactement une variation de pression périodique. Par exemple la corde d’un arc, qui relâchée émet un son, matérialise cette variation. Cette périodicité s’exprime par la fréquence d’émission du son, avec comme unité le Hertz ou nombre de variations par seconde. L’ensemble des fréquences constitue un spectre sonore. Plus la fréquence est lente (ou basse), plus la note sera grave. Plus la fréquence est rapide (ou haute), plus la note sera aiguë. Les physiologistes s’accordent à dire que : u l’oreille humaine moyenne ne perçoit les sons que dans une certaine plage de fréquences située environ (selon l’âge, la culture, etc.), entre 16 Hz (au-dessous les sons sont qualifiés d’infrasons) et 20 kHz (au-delà les sons sont qualifiés d’ultrasons); u le chat peut percevoir des sons jusqu’à 25 kHz; u le chien perçoit les sons jusqu’à 35 kHz; u la chauve-souris et le dauphin peuvent percevoir des sons de 100 kHz. L’intensité du son correspond à l’amplitude de cette variation et se mesure en Newton par mètre carré (N/m²). Pour des raisons de manipulation plus aisée des chiffres, on utilise, pour mesurer cette intensité, une échelle logarithmique dont l’unité est le décibel. La sensibilité de l’oreille humaine est plus ou moins de un décibel (+/-1dB). L’ensemble des fréquences et des intensités interagissent et diminuent dans le temps (résistance de la matière et amortissements) de manière spécifique. Cette diminution est fonction du milieu de propagation et du système d’émission. Par rapport à un son physique quelconque, le son musical se caractérise essentiellement par son timbre, identifiable par l’harmonicité de son spectre et l’évolution temporelle de ses harmoniques. Par analogie visuelle, on peut considérer que le timbre est la « couleur d’un son ». Ainsi deux sons peuvent être composés des mêmes fréquences, avoir la même intensité et ne pas avoir le même timbre. (Ex : mêmes notes produites par des instruments différents comme la clarinette et le violon). 4 La lettre du comité scientifique Audika - Jean-Marc DARVES, Vincent KRAUSE, Antoine FORGE, Nicolas ADNET, Jacques BENZAQUEN - Septembre 2011 3548-Etude-Bruit et Protect II.indd 4 10/10/11 10:24 2. Comment mesurer un son ? Un sonomètre mesure l’intensité des sons à travers deux filtres de pondération A et C. La pondération A est d’origine psycho-acoustique, conforme à la sensibilité de l’oreille humaine. La pondération C est purement acoustique. Cette mesure se fait usuellement selon deux modes : En dB C : u Qui mesure en pondération C l’intensité de crête du son (l’amplitude maximum) En dB A : u Qui mesure en pondération A la moyenne des intensités émises sur un temps donné (ou Leq). u C’est le niveau de pression acoustique d’un bruit stable qui donnerait la même énergie acoustique qu’un bruit à caractère fluctuant, pendant le même temps. Le (LEX,d ) étant le niveau moyen d’exposition sonore quotidien exprimé en dB(A) (3). Un analyseur de spectre permettra quant à lui de visualiser l’évolution temporelle des fréquences constituant les sons. 5 3548-Etude-Bruit et Protect II.indd 5 10/10/11 10:24 3. Classification des sons Un bruit est un son sans signification qui provoque une sensation acoustique désagréable ou gênante. Ainsi la musique devient du bruit lorsqu’elle est fatigante ou désagréable. Un son ou un bruit peut être défini par : (4) - Son intensité : il est constant, variable, fluctuant ou dynamique, faible, moyen, fort, nocif - Ses composantes fréquentielles : il est pur (une seule fréquence), complexe (vocale, harmonique, musical …) dB (A) 140 — Avion au décollage 120 dB Seuil de la douleur 105 95 85 dB Seuil du danger 85 80 70 — Concert discothèque — Klaxon — Restaurant scolaire — Automobile — Salle de classe — Fenêtre sur rue 60 40 30 Seuil d’audibilité 0 dB Source : ADEME — Salle de séjour — Chambre à coucher — Vent léger 20 Spectrogramme de “Signal Processing Toolbox” - Ses variations temporelles : il est continu, discontinu, périodique, court, long… - Son milieu d’expression (influence des réverbérations et des absorptions) : il est ouvert, fermé, réverbérant, feutré, ouaté, amorti … Par exemple : Un bruit est dit « blanc » s’il est continu, d’intensité constante, mettant en jeu toutes les fréquences du spectre, sans structure temporelle précise, très difficile à neutraliser. 6 La lettre du comité scientifique Audika - Jean-Marc DARVES, Vincent KRAUSE, Antoine FORGE, Nicolas ADNET, Jacques BENZAQUEN - Septembre 2011 3548-Etude-Bruit et Protect II.indd 6 10/10/11 10:24 EFFETS DU BRUIT SUR L’ORGANISME Les effets d’un bruit sur l’organisme vont être fonction des caractéristiques de ce bruit à savoir : • Sa fréquence • Son intensité • Sa durée • Sa répétition 1. Effets sur le système auditif (9) (10) (11) 1.1La surdité d’installation progressive connaît 4 stades (5), (11) : 1.1.1 La fatigue auditive : Elle se définit comme une diminution temporaire de l’acuité auditive suite à l’exposition aux bruits. Elle peut aussi s’accompagner d’acouphènes. Des études ont montré que l’importance de cette diminution et le retour à la normale n’est pas fonction que de l’intensité, mais aussi de la durée et de la fréquence des bruits. Le retour à la normale est la règle, mais il peut aussi persister une hypoacousie avec ou sans acouphènes. 1.1.2 La phase de latence totale : Le déficit devient permanent (scotome sur le 4000 Hz) sans modification de la perception de la parole. 1.1.3 La phase de latence subtotale : à ce stade, on note une gêne à la compréhension pour la voix chuchotée. 1.1.4 Surdité manifeste : L’hypoacousie est nette et entraîne une gêne sociale avec accentuation des acouphènes. 7 3548-Etude-Bruit et Protect II.indd 7 10/10/11 10:24 1.2 Le traumatisme sonore est une atteinte du système auditif suite à une exposition à des bruits très forts, exposition qui peut être unique (explosion) ou répétée (Tir, marteau piqueur), discontinue ou continue. Les atteintes peuvent se situer à tous les niveaux du système auditif : 1.2.1 Surdité de transmission (atteintes du tympan et/ou de l’oreille moyenne) : lors d’explosions, le Blast auditif (compression d’air se déplaçant à la vitesse du son(6) peut entraîner : (8) Hémotympan, perforation tympanique (au delà de 180 dB) Luxation de la chaîne ossiculaire 1.2.2 Surdité de perception (atteintes de l’oreille interne et/ou des voies nerveuses) par : 1.2.2.1. Atteinte des cellules ciliées en particulier au niveau des cils M. Lenoir (6) 1.2.2.2. Atteinte au niveau de la synapse (zone de connexion avec les neurones) des cellules ciliées et du nerf afférent par libération importante de glutamate par les CCI (Cellules Ciliées Internes) provoquant l’éclatement du bourgeon axonal (partie terminale du neurone), qui par sa repousse permettra une réparation. Mais si le traumatisme est répété, l’entrée massive des ions CA++ peut entraîner la destruction irréversible du neurone. Sur l’audiométrie tonale, la courbe auditive est caractéristique. Il existe une diminution du seuil centré sur 4000 Hz, que l’on appelle un scotome (par analogie avec le scotome visuel : tache aveugle). Au départ ce scotome est étroit et ne donne pas de gêne auditive, si l’exposition aux bruits est répétée, il s’élargit ce qui peut diminuer la compréhension de la parole. Dans le cadre de surdités professionnelles, lorsque l’exposition aux bruits a duré plusieurs années, l’altération des cellules ciliées et la destruction neurale peuvent donner des pertes auditives moyennes, mais avec une diminution importante de l’intelligibilité. Dans l’appareillage de ces pertes auditives il est difficile d’améliorer l’intelligibilité. Dessins d’après le site “Promenade autour de la cochlée” (6) 8 La lettre du comité scientifique Audika - Jean-Marc DARVES, Vincent KRAUSE, Antoine FORGE, Nicolas ADNET, Jacques BENZAQUEN - Septembre 2011 3548-Etude-Bruit et Protect II.indd 8 10/10/11 10:24 2. Effets extra-auditifs : 2.1 Troubles objectifs : 2.1.1. Sur le sommeil : Le sommeil est un temps nécessaire de récupération pour l’organisme. Il se met en veille. Il importe que les stimuli externes soient réduits (obscurité, diminution d’intensité de l’environnement sonore). Chaque fois que ces conditions ne sont pas réalisées, cela retentit sur la qualité du sommeil. Sur la durée totale du sommeil : Allongement de la phase d’endormissement (des bruits intermittents de 45 dBA, peuvent augmenter la latence d’endormissement). Eveils nocturnes prolongés (provoqués par des bruits de 55dBA, et plus avec des bruits d’alerte, que des bruits continus) Eveil matinal prématuré sans ré-endormissement. Sur les phases du sommeil : Sans que la durée totale du sommeil soit réduite, les phases du sommeil peuvent être modifiées dans leur durée. Les phases de sommeil profond peuvent être raccourcies au profit des phases de sommeil léger. Ces modifications peuvent ne pas être perçues par la personne. Les effets à long terme de ces perturbations du sommeil sont : - Fatigue chronique excessive - Somnolence - Réduction de la motivation au travail - Une baisse des performances - Une anxiété chronique 2.1.2. Sur le système végétatif - Accélération du rythme cardiaque - Elévation de la pression artérielle - Accélération du transit intestinal 2.1.3. Sur le système endocrinien Il s’agit d’une réaction au stress : décharge d’adrénaline (agissant sur le système cardio-vasculaire, sténose capillaire, augmentation du rythme cardiaque et de la tension artérielle) et de cortisol (entraînant une baisse du système immunitaire). 2.1.4. Sur le système nerveux, sur l’humeur - Anxiété - Dépression 2. 2. Troubles subjectifs : On parle de trouble lorsque le bruit est ressenti de façon désagréable. Il n’y a pas forcément de rapport entre intensité et désagrément. Par exemple : Un bruit subi est plus gênant qu’un bruit choisi. Un bruit non prévisible est plus gênant qu’un bruit prévu. Les facteurs climatiques et culturels qui déterminent le temps passé hors des habitations, peuvent influer sur le ressenti d’un même bruit. Les conséquences sont des troubles comportementaux : - Agressivité, colère, misophonie - Diminution de l’intérêt pour les autres - Interférence avec la communication - Diminution des performances d’apprentissage 9 3548-Etude-Bruit et Protect II.indd 9 10/10/11 10:24 LEGISLATION 1. La loi cadre “bruit” de décembre 1992 n° 92-1444 Elle a pour objet principal d’offrir un cadre législatif complet à la problématique du bruit et de poser des bases cohérentes de traitement réglementaire de cette nuisance. Les dispositions prévues par cette loi sont les suivantes : - Instaurer des mesures préventives pour limiter les émissions sonores - Réglementer certaines activités bruyantes I. Discothèques, bars… : Le décret d’application du 15 décembre 1998 n° 98-1143 leur impose de limiter à 105 dB (A) le niveau sonore moyen à l’intérieur de l’établissement et le niveau de crête à 120 dB (article 2). II. Nuisances sonores générées par des lieux recevant du public, des entreprises, des usines non classées ou autres activités, le seuil limite à partir duquel l’infraction peut être constatée a été fixé à 25dB (A) à l’intérieur des pièces principales d’un logement d’habitation et à 30dB (A) pour les autres cas (décret n° 2006-1099 du 31 août 2006 relatif à la lutte con tre les bruits de voisinage) - Fixer de nouvelles normes pour l’urbanisme et la construction au voisinage des infrastructures de transports, - Instaurer des mesures de protection des habitants touchés par le bruit des transports aériens, financées par une taxe sur les aéroports, création d’organes de concertation entre avionneurs, riverains, et élus. - Renforcer les modalités de contrôle et de surveillance ainsi que les sanctions judiciaires et administratives pour l’application de la réglementation. Cette loi a donné lieu à près de 50 textes d’application, venant compléter le dispositif juridique de chaque orientation. Ces règles nationales peuvent être renforcées par des arrêtés municipaux ou préfectoraux (les mesures prises ne pouvant qu’être plus restrictives que celles prévues par l’autorité supérieure). 2. Le bruit dans l’environnement Le 6 octobre 2003, a été mis en place le plan national d’actions contre le bruit par le Ministère de l’Ecologie et du Développement Durable (MEDD), décliné sur 3 axes : - L’isolation phonique des logements soumis à un bruit excessif (écrans anti-bruit, revêtement routier, isolation acoustique des façades, destruction de logements et reconstruction aux normes actuelles) - La lutte contre le bruit au quotidien via l’éducation (la sensibilisation) des enfants au monde sonore - La préparation de l’avenir (crédits consacrés par l’Etat à la recherche en matière de bruit) Ce plan fait suite à la directive européenne 2002/49/CE qui rend obligatoire la définition de plans d’actions et la réalisation de cartes de bruit pour les grandes agglomérations et les principaux axes de transport. Elle vise à accroître l’information du public en matière de bruit dans l’environnement et de ses effets. 10 La lettre du comité scientifique Audika - Jean-Marc DARVES, Vincent KRAUSE, Antoine FORGE, Nicolas ADNET, Jacques BENZAQUEN - Septembre 2011 3548-Etude-Bruit et Protect II.indd 10 10/10/11 10:24 3. Le bruit au travail (16) La législation relative à la prévention du bruit au travail repose sur la directive européenne nº 2003/10/CE du 6 février 2003. Ce texte fixe des prescriptions minimales en matière de protection des travailleurs contre les risques pour leur santé et leur sécurité résultant ou susceptibles de résulter d’une exposition au bruit. Cette directive a été transposée en droit français par le décret n° 2006-892 du 19 juillet 2006, relatif aux prescriptions de sécurité et de santé applicables en cas d’exposition des travailleurs aux risques dus au bruit. Depuis le 1er février 2006 (date d’application de la directive), les employeurs et employés doivent se conformer aux nouvelles exigences. Voir les articles R.4431-1 à 4437-4 du Code du Travail. 3.1Les différentes valeurs d’exposition : Seuil Valeur d’exposition inférieure déclenchant l’action (VAI) Valeur d’exposition supérieure déclenchant l’action (VAS) Valeur limite d’exposition (VLE en tenant compte des PICB) Paramètres Ancienne réglementation Nouvelle réglementation Exposition moyenne (Lex,8h) 85 dB(A) 80 dB(A) Niveau de crête (Lp,c) 135 dB 135 dB Exposition moyenne (Lex,8h) 90 dB(A) 85 dB(A) Niveau de crête (Lp,c) 140 dB 137 dB(C) Exposition moyenne (Lex,8h) Aucune 87 dB(A) Niveau de crête (Lp,c) Aucune 140 dB(C) PICB : Protection Individuelle Contre le Bruit Lex,8h : valeur donnée pour une durée d’exposition quotidienne de 8h. Ceci implique que l’on peut dépasser ces seuils, si la durée d’exposition diminue (voir tableau plus loin). Lp,c : valeur maximum d’un bruit impulsionnel. VAleur d’exposition Inférieure déclenchant l’action (VAI) : Lorsque les travailleurs sont exposés à un niveau sonore supérieur ou égal à 80 dB(A), l’employeur met des protecteurs auditifs à la disposition des travailleurs, mais n’impose pas leur utilisation. VAleur d’exposition Supérieure déclenchant l’action (VAS) : Lorsque les travailleurs sont exposés à un niveau sonore supérieur ou égal à 85 dB(A), l’employeur doit fournir et imposer l’utilisation des protecteurs auditifs adéquats dans les lieux de travail concernés. 11 3548-Etude-Bruit et Protect II.indd 11 10/10/11 10:24 Valeur Limite d’Exposition (VLE en tenant compte des PICB ) : La Valeur Limite d’Exposition (VLE) au bruit est la valeur d’exposition à ne pas dépasser pour qu’il y ait compatibilité avec la santé des travailleurs notamment avec la protection de l’ouïe. Elle est exprimée en dB(A) pour 8h de travail par jour. Cette valeur tient compte de l’atténuation fournie par la protection auditive portée par le travailleur. Cette valeur limite d’exposition est fixée à 87 dB(A) ; elle correspond au niveau d’exposition sonore toléré à l’intérieur de l’oreille sous la protection auditive. 3.2Seuils limites d’exposition quotidienne (17) : Le niveau de bruit auquel les travailleurs sont soumis peut varier au cours de la journée. Il est donc indispensable de prendre en compte le temps d’exposition aux différents niveaux de bruit. La «dose» de bruit acceptable est une combinaison du niveau et de la durée d’exposition. C’est donc un niveau d’exposition équivalent qui est pris en compte dans la réglementation. Depuis 2006, les seuils d’exposition ont été abaissés. Le premier seuil d’exposition à partir duquel une action est requise est de 80dB(A) pour 8 heures. La dose de bruit varie avec la durée d’exposition ; le tableau ci-dessous donne l’équivalence de ce seuil pour plusieurs durées. Niveau sonore en dB(A) Durée d’exposition maximale Niveau sonore en dB(A) Durée d’exposition maximale 80 8h 100 5 min 83 4h 104 2 mn 86 2h 108 45 s 89 1h 110 29 s 92 30 mn 115 9s 95 15 mn 117 5,7 s 98 7,5 mn 120 2,9 s En tout état de cause, le salarié doit rester à des niveaux d’expositions inférieurs à ceux mentionnés dans le tableau ci-dessus, toutes sources sonores prises en compte (y compris les bruits occasionnels, comme par exemple une soufflette). 12 La lettre du comité scientifique Audika - Jean-Marc DARVES, Vincent KRAUSE, Antoine FORGE, Nicolas ADNET, Jacques BENZAQUEN - Septembre 2011 3548-Etude-Bruit et Protect II.indd 12 10/10/11 10:24 MOYENS DE PROTECTION 1. Protection collective (les PPBE : Plans de Protections du Bruit dans l’Environnement) (12) La protection collective est le premier principe pour lutter contre le bruit. C’est le moyen le plus efficace, mais aussi le plus difficile à mettre en oeuvre techniquement. Elle permet d’agir dès la conception ou par correction des lieux. 1.1 Actions relevant principalement de la compétence des collectivités : 1.1.1. Bruit du trafic routier, Articulation avec les PDU, protections à la source : - action à la source (vitesse, réduction, flux...) ; - revêtements de chaussée moins bruyants ; - résorption «points noirs» du bruit routier (couvertures, écrans anti-bruit) ; - développement de modes de déplacement alternatifs ; - renforcement des transports en commun ; - tranquilliser les hyper centres, zone 30, zones piétonnes… ; - tranquilliser les espaces verts, les bois, les parcs (voies de transit). 1.1.2. Les mesures de protection du bruit, protection en réception : - aide à l’isolation acoustique des bâtiments, réhabilitation des équipements et des logements ; - insonorisation des bâtiments sensibles appartenant à la collectivité (écoles, crèches…) ou sur lesquels elle intervient (hôpitaux, maisons de retraite, …) ; - action sur le bâti neuf, les équipements recevant du public. 1.1.3. Actions réglementaires et opérationnelles d’urbanisme : - recommandations pour la prise en compte du bruit lors des opérations d’urbanisme, de la création ou de la rénovation des espaces verts ; - sensibiliser et former les agents chargés de l’instruction des demandes de permis de construire aux aspects acoustiques. 1.1.4. Information, sensibilisation et éducation à l’environnement sonore urbain : - renforcer la sensibilisation du citoyen au bruit (tables rondes, expositions, conférences…) (public, techniciens, élus) - informer et prendre en compte les victimes du bruit - éduquer à l’environnement sonore (scolaires, Conseils de quartiers). 1.1.5. Autres actions hors champ direct du PPBE : - actions de réduction des nuisances sonores associées aux activités municipales de collecte des déchets (insonorisation des réceptacles, bruit des bennes, horaires de collecte,…) - actions de réduction des nuisances sonores associées aux activités municipales d’entretien des espaces verts (remplacement, restriction d’utilisation des véhicules bruyants, matériels horticoles moins bruyants…). 13 3548-Etude-Bruit et Protect II.indd 13 10/10/11 10:24 1.2 Actions relevant principalement de partenariats (14) 1.2.1. Bruit du réseau ferroviaire : - actions à la source (équipements moins bruyants…) ; - résorption des points « noirs » (mur antibruit, merlon, couverture, …). 1.2.2. Bruit des transports en commun : - choix des équipements, des tracés en site propre ; - formation, sensibilisation des agents… 1.2.3. Bruit aérien : - contrôler le bruit des avions ; - optimiser les procédures de vol ; - optimiser les règles d’exploitation pour réduire les nuisances. 1.2.4. Bruit des livraisons : - réflexion sur la réglementation des livraisons ; - optimiser les dimensions et la localisation des aires de livraison. 1.2.5. Bruit des véhicules à moteur, des deux-roues motorisés : - campagne de sensibilisation citoyenne ; - renforcement des contrôles des véhicules, de l’usage abusif du klaxon… 1.2.6. Autres actions hors champ du PPBE : - gestion optimisée des bruits de chantier ; - chartes avec les responsables des lieux de vie bruyants (restaurants, lieux musicaux…) ou avec les responsables d’activités industrielles non soumises à autorisation ou d’activités commerciales. 14 La lettre du comité scientifique Audika - Jean-Marc DARVES, Vincent KRAUSE, Antoine FORGE, Nicolas ADNET, Jacques BENZAQUEN - Septembre 2011 3548-Etude-Bruit et Protect II.indd 14 10/10/11 10:24 2. Protection individuelle (picb) (15) Il existe de nombreux modèles de PICB, du simple bouchon jetable au casque anti-bruit en passant par les bouchons moulés. Une protection non portée quelques minutes par jour réduit considérablement son efficacité (voir tableau plus loin). 2.1 Classification selon leur mode de port 2.1.1. Les protecteurs munis de coquilles Les casques : ils sont enveloppants et recouvrent la quasi-totalité de la tête. Ils comportent des coquilles munies d’oreillettes qui viennent s’appliquer sur la périphérie de l’oreille. Utilisateurs : principalement professionnels 2.1.2.1 Les serre-têtes : ils sont composés de coquilles contenant un revêtement et munies, elles aussi, d’oreillettes qui s’appliquent sur la périphérie de l’oreille. Les coquilles sont reliées par un arceau passant au-dessus de la tête qui assure leur maintien par une certaine pression sur la tête. Utilisateurs : professionnels et particuliers 2.1.2.2 Les serre-nuques : ils sont similaires aux serre-têtes, mais l’arceau se place derrière la nuque au lieu de s’appuyer sur le sommet de la tête. Utilisateurs : principalement professionnels 2.1.2.3 Les serre-têtes montés sur casque : ils sont composés de coquilles fixées sur un casque de protection par l’intermédiaire d’un dispositif mécanique qui permet soit de les appliquer sur le pourtour de l’oreille, soit de les retirer dans une position d’attente. Utilisateurs : principalement professionnels 2.1.2. Les bouchons d’oreille Ce sont des protecteurs qui, introduits dans le conduit auditif, en obturent l’entrée. Utilisateurs : professionnels et particuliers 2.1.2.1 Les bouchons prémoulés : ils peuvent être introduits dans le conduit auditif sans façonnage préalable. Ils sont généralement fabriqués en caoutchouc, en silicone ou en une autre matière souple. Ce type de bouchon est en général réutilisable. 2.1.2.2 Les bouchons « façonnés par l’utilisateur » : ils sont fabriqués avec des matériaux susceptibles d’être malaxés et façonnés par l’utilisateur avant d’être introduits dans le conduit auditif. Ils peuvent être jetables ou réutilisables. Les bouchons « moulés sur mesure » : ils sont en général fabriqués en matière plastique moulée, en acrylique ou en silicone. Ils sont obtenus à partir d’une empreinte du conduit auditif de l’utilisateur et sont, de ce fait, personnalisés. Ils sont réutilisables et peuvent contenir un filtre acoustique central. 2.1.2.3 Les bouchons « réunis par une bande » : ce sont des bouchons pré-moulés ou façonnés par l’utilisateur, réunis par une bande élastique. Ils peuvent être soit insérés dans le conduit auditif, soit appliqués à l’entrée de celui-ci. 15 3548-Etude-Bruit et Protect II.indd 15 10/10/11 10:24 2.2. Classification selon leur mode de fonctionnement Les modes de fonctionnement des appareils de protection peuvent être différents : il existe des appareils actifs, passifs, de communication ou encore à atténuation dépendante du niveau. 2.2.1. Les appareils passifs : ils ne possèdent pas de dispositif électronique, ni aucun autre élément susceptible de rendre l’affaiblissement acoustique dépendant du niveau sonore extérieur. 2.2.2. Les appareils « à atténuation dépendante du niveau » : ils présentent un affaiblissement acoustique qui augmente avec le niveau sonore ambiant. Cet effet peut être produit par un élément mécanique (orifice très fin ou fente étroite), ou par un élément électronique restituant le son ambiant avec une intensité d’autant plus faible que le niveau du son augmente. 2.2.3. Les appareils actifs ou à réduction active du bruit : l’atténuation passive est renforcée par un dispositif comprenant un microphone, un montage électronique et un écouteur qui émet un son identique au son à supprimer mais en opposition de phase. 2.2.4. Les appareils de communication : ils permettent la transmission de messages vocaux, la perception de signaux d’avertissement ou de signaux utiles à l’accomplissement de la tâche tout en diminuant le bruit perçu par l’utilisateur. 3. Réduction du temps d’exposition Il est important de limiter au maximum son temps d’exposition au bruit. Chaque minute d’exposition au bruit diminue l’efficacité des PICB. Effets du port intermittent de PICB lors d’une exposition continue au bruit (sur une journée de 8 h) (15) Durée de port des PICB Protection effective (protecteurs -30dB) Efficacité des PICB (%) 8h 30 dB 100% 7h 50 min 17.5 dB 58% 7h 30 min 12.6 dB 42% 7h 9.1 dB 30% 6h 3 dB 10% Ex : Le port de PICB pendant 7h30 (sur 8h d’exposition au bruit), diminue l’efficacité des protections de 58 %. 16 La lettre du comité scientifique Audika - Jean-Marc DARVES, Vincent KRAUSE, Antoine FORGE, Nicolas ADNET, Jacques BENZAQUEN - Septembre 2011 3548-Etude-Bruit et Protect II.indd 16 10/10/11 10:24 LA GAMME DE PROTECTIONS AUDIKA EN 2011 1. Protections Standard Pour une utilisation immédiate, ils vous assurent une première protection efficace, dans toutes les situations de bruit (vie quotidienne, transports...) - Casques actifs ou passifs - Arceau de protection - Bouchons prémoulés 2. Protection Sur-mesure : Les audifiltres d’Audika Réalisés « sur mesure », ils s’adaptent parfaitement à votre oreille. Ils atténuent les bruits forts et nocifs, mais laissent passer les sons faibles, vous permettant ainsi de communiquer. 2.1. Audifiltres industrie : procurent une atténuation qui permet d’atténuer les bruits forts, ils sont réalisés en matière souple pour un port prolongé, durant toute la durée d’exposition au bruit. 2.2. Audifiltres musique : procurent une atténuation qui permet d’entendre la musique sans déformation. 2.3. Audifiltres chasse/tir : équipés d’un filtre à 2 positions : - Ouverte : pour pouvoir communiquer - Fermée : pour une protection totale 2.4. Audifiltres sommeil : protègent contre les bruits nocturnes gênants (ronflements…), ils sont réalisés en matière souple afin d’être le plus confortables possible, pour une utilisation régulière. 2.5. Adaptateur audio personnalisé : permet une meilleure tenue des écouteurs dans l’oreille et une meilleure qualité sonore par isolement des bruits environnants. Pour téléphone portable et baladeurs MP3, lecteur CD, PC, … Ces embouts sont uniquement réalisés sur mesure par nos audioprothésistes après la prise de l’empreinte des conduits auditifs. 17 3548-Etude-Bruit et Protect II.indd 17 10/10/11 10:24 Bibliographie (1) Encyclopédie Scientifique (2) INRP-TECNE lexique fondamental (3) La prévention des risques professionnels. Le Bruit. IUMT de Rennes A. Caubet , C. Verger (4) Le livre des techniques du son (TOME 1) Collectif, sous la direction de Denis Mercier, Éditions Fréquences. Acoustique fondamentale (P. Bourcet, P. Liénard) (5) Site de l’Université Virtuelle de Médecine du Travail : www.uvmt.org/sections.php?op=viewarticle&artid=568 (6) Le Blast injury ou syndrome de l’effet de souffle – P. Lemaire, X. Coulpied – cours infirmier janvier 2005. (7) www.uvmt.org/sections.php?op=viewarticle&artid=568Module optionnel de Médecine Militaire – Les traumatismes sonores en milieu militaire Médecin en Chef ANGOT - Année 2005 (8) Site de l’inserm de Montpellier : www.cochlee.org/ - R. Pujol - 1999 – 2007 (9) Impacts sanitaires du bruit – Etat des lieux, indicateurs bruit-santé – AFSSE – p 2 - mai 2004 (10) Site www.sante.gouv.fr/htm/dossiers/bruit/effets_extraauditifs.htm (11) Affections liées aux Bruits, Institut Universitaire de Médecine du Travail, mars 1999 (12) Brochure INRS ED 6020 «Moins fort le bruit» (13) Brochure INRS ED 962 « Techniques de réduction de bruit en entreprise - Quelles solutions, comment choisir. » (14) Brochure INRS ED 997 «Techniques de réduction de bruit en entreprise - Exemples de réalisation» (15) Brochure INRS ED 868 «Les équipements de protection individuelle de l’ouie» Calcul de la protection effective d’un PICB en fonction de la durée de non-port sur une durée de8 heures : Avec : TE est la durée effective de la journée de travail (le plus souvent = 8 heures), TN est le temps de non port du protecteur, Att est l’affaiblissement acoustique apporté par un port permanent du protecteur (vous pouvez utiliser le SNR, même si le terme Att de l’équation ne peut être, en toute rigueur, assimilé au SNR). (16) Brochure INRS ND 2295 «Affaiblissement acoustique des PICB». Ancien article R. 231-125 et suivants du code du travail (Décret n° 2006-892 du 19 juillet 2 006 transposant la directive 2003/10/CE). (17) Dossier INRS « Le bruit », disponible sur www.inrs.fr 18 La lettre du comité scientifique Audika - Jean-Marc DARVES, Vincent KRAUSE, Antoine FORGE, Nicolas ADNET, Jacques BENZAQUEN - Septembre 2011 3548-Etude-Bruit et Protect II.indd 18 10/10/11 10:24 3548-Etude-Bruit et Protect II.indd 19 10/10/11 10:24 11DP0068 La lettre du comité scientifique Audika - Jean-Marc DARVES, Vincent KRAUSE, Antoine FORGE, Nicolas ADNET, Jacques BENZAQUEN - Septembre 2011 3548-Etude-Bruit et Protect II.indd 20 10/10/11 10:24