Apprenons le contentement
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Apprenons le contentement
117 C h a p i t r e 9 Apprenons le contentement Le contentement est autant opposé aux plaintes et à l’inquiétude que le jour l’est à la nuit. Jusqu’ici nous avons réuni plusieurs armes pour combattre l’inquiétude. À présent, concentrons-nous sur l’arme la plus indispensable. Véritable épée pour tuer le dragon de l’inquiétude, cette arme est aussi une bannière sous laquelle les armées de Jésus-Christ avancent vers la victoire. Il s’agit du contentement. Comme nous l’avons déjà vu, la Bible présente le contentement non seulement comme une vertu, mais aussi comme un devoir. Ce fait apparaît clairement dans les derniers propos de Paul à l’église de Philippes. Après avoir exhorté les chrétiens à ne jamais succomber à l’inquiétude (Philippiens 4 : 6), l’apôtre poursuit en leur expliquant, par une illustration empruntée à sa propre expérience, comment y parvenir : J’ai éprouvé une grande joie dans le Seigneur à voir refleurir votre intérêt pour moi. Cet intérêt, vous l’aviez bien, mais l’occasion vous manquait. Je ne dis pas cela en raison de mes besoins, car j’ai appris à me contenter de l’état où je me trouve. Je sais vivre dans l’humiliation, et je sais vivre dans l’abondance. En tout et partout, j’ai appris à être rassasié et à avoir GTY.org Non ! à l’inquiétude 118 faim, à être dans l’abondance et à être dans la disette. Je puis tout par celui qui me fortifie. Cependant vous avez bien fait de prendre part à ma tribulation. Vous le savez vous-mêmes, Philippiens, au commencement (de la prédication) de l’Évangile, quand j’ai quitté la Macédoine, aucune église, si ce n’est la vôtre, n’entra en compte avec moi pour ce qu’elle donnait et recevait ; vous avez été les seuls à le faire, car à Thessalonique déjà, et à deux reprises, vous m’avez envoyé de quoi pourvoir à mes besoins. Ce n’est pas que je recherche le don ; ce que je recherche, c’est le fruit abondant porté à votre compte. J’ai tout reçu et je suis dans l’abondance ; je suis comblé, ayant reçu par Épaphrodite ce qui vient de vous comme un parfum de bonne odeur, un sacrifice que Dieu accepte et qui lui est agréable. Mon Dieu pourvoira à tous vos besoins selon sa richesse, avec gloire, en Christ Jésus (Philippiens 4 : 10-19). Dans ce mot de remerciement, Paul indique clairement qu’il sait ce qu’est le contentement. À l’époque de la rédaction de ce passage, il est prisonnier à Rome, enchaîné à un soldat romain vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Malgré ce contexte défavorable, il est satisfait. « La paix de Dieu » (v. 7) et « le Dieu de paix » (v. 9), réalités si évidentes dans la vie de Paul, peuvent devenir nôtres à mesure que nous apprenons le contentement. Indépendant, pas indifférent Le mot grec autarkés traduit par « se contenter » signifie « indépendant », « satisfait », « ayant suffisamment ». Il est employé parfois pour indiquer une personne pourvoyant seule à ses propres besoins, ce qui implique une certaine indépendance d’autrui. Paul écrit en quelque sorte : j’ai appris à me suffire à moi-même, toutefois pas de moi-même, mais grâce à JésusChrist qui vit en moi. Il exprime ailleurs la même distinction subtile : « Je suis crucifié avec Christ, et ce n’est plus moi GTY.org 119 Apprenons le contentement qui vis, c’est Christ, qui vit en moi ; ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi » (Galates 2 : 20). Le Christ et le contentement vont de pair ! À l’époque de Paul, les philosophes stoïciens avaient une conception très différente du contentement. Cette philosophie grecque gagna Rome aux environs de l’an 200 avant J.-C. Elle attirait des notables comme Épictète et Sénèque, tuteur de l’empereur Néron (qui plus tard ordonna l’exécution de Paul). Selon les stoïciens, la réalité est exclusivement matérielle, et accomplir son devoir et acquérir la vraie liberté exigent de se garder de toute passion et de toute exagération. (Néron, le débauché, faisait un piètre stoïcien !) Les stoïciens croyaient que l’on devenait autarkés (content de son sort) en parvenant à une totale indifférence. Épictète expliqua comment accéder à cet état : Commençons par une tasse ou un ustensile de cuisine. S’il se brise, dites : « Cela m’est égal ». Puis, réagissez de la même façon avec un cheval ou avec un chien. Si quelque chose lui arrive, dites : « Cela m’est égal ». Ensuite, ayez la même réaction si vous êtes blessé : « Cela m’est égal ». Si vous persévérez ainsi assez longtemps, vous parviendrez à un état où vous pourrez regarder souffrir et mourir la personne que vous aimez le plus au monde tout en disant : « Cela m’est égal 21 ». Les stoïciens tentaient de réprimer leurs sentiments et leurs émotions. T. R. Glover écrit : « Les stoïciens firent du cœur un désert, puis l’appelèrent la paix 22 ». Quand Paul emploie le mot autarkés, il se réfère à un contentement bien différent. De toute évidence, il ne s’agit nullement de l’indifférence, car l’apôtre est rempli d’une immense compassion pour autrui. Les épîtres pleines d’amour qu’il adresse aux églises dans le Nouveau Testament indiquent clairement qu’il n’aurait jamais adopté une attitude d’indifférence ! Sous l’inspiration du Saint-Esprit, Paul confère au mot autarkés une portée beaucoup plus grande GTY.org Non ! à l’inquiétude 120 que celle qu’il possédait dans la civilisation grecque où il naquit. Voyons maintenant la richesse de sa signification sous la plume de l’apôtre. Les secrets du contentement Fait important, Paul écrit : « J’ai appris à me contenter de l’état où je me trouve […] j’ai appris à être rassasié et à avoir faim, à être dans l’abondance et à être dans la disette » (Philippiens 4 : 11-12). Ici l’apôtre utilise un autre mot grec chargé de sens ; il fait une allusion aux mystères, religions païennes de la Grèce. L’initiation à ces religions impliquait la connaissance de doctrines et de pratiques secrètes. De son côté Paul a découvert le secret du contentement, et il le révèle à tous ceux qui ont foi en Jésus-Christ. Voici les diverses facettes de ce secret : Être confiant en la providence de Dieu Paul affirme : « J’ai éprouvé une grande joie dans le Seigneur à voir refleurir votre intérêt pour moi. Cet intérêt, vous l’aviez bien, mais l’occasion vous manquait » (Philippiens 4 : 10). Environ dix ans se sont écoulés depuis que Paul s’est rendu à Philippes pour la première fois. Actes 16 raconte ce qui y arriva... Paul et ses compagnons de voyage rencontrèrent une femme d’affaires nommée Lydie et lui prêchèrent l’Évangile ainsi qu’à ses amies. Leur conversion permit l’implantation d’une église. Peu après, Paul chassa un esprit de divination d’une esclave. Les propriétaires de cette diseuse de bonne fortune, furieux de la perte des revenus qu’ils tiraient de ses dons, dénoncèrent Paul aux magistrats. Ces derniers le firent rouer de coups, le jetèrent en prison et lui firent attacher les pieds dans des blocs de bois. Or, au lieu de se plaindre de la situation lamentable dans laquelle il se trouvait, Paul loua Dieu en lui adressant des prières de reconnaissance et en chantant des cantiques jusque tard dans la nuit ! GTY.org 121 Apprenons le contentement Dieu répondit de façon extraordinaire : il ébranla les fondations de la prison avec tant de violence que toutes les portes s’ouvrirent en grand et que les chaînes se détachèrent des pieds et des poignets des prisonniers. Cette expérience incroyable, ajoutée à la réaction étonnante de Paul dans des circonstances tragiques, conduisit au salut non seulement le geôlier mais aussi toute sa famille. Ensuite, à mesure que l’église de Philippes se développa, ses membres soutinrent l’activité missionnaire de Paul. Toutefois, notre passage indique clairement que pendant un certain temps les chrétiens de cette église n’ont pas envoyé de soutien à Paul. Néanmoins, l’apôtre se dit satisfait car, il le sait, ils ne sont nullement indifférents à son égard, mais ils n’ont tout simplement pas trouvé « l’occasion » (en grec, kairos, opportunité favorable) pour montrer leur sollicitude. En écrivant aux Philippiens, Paul emploie un terme emprunté à l’horticulture : « J’ai éprouvé une grande joie à voir refleurir votre intérêt pour moi » (4 : 10). C’est comme s’il disait : « Je sais que votre sollicitude a toujours existé, mais il lui manquait l’occasion de se manifester. Les fleurs apparaissent toujours à une certaine saison, et ce n’était pas encore la saison pour celles-ci ». Ce texte souligne le fait que Paul possède une grande confiance en la providence souveraine de Dieu. Il avait été content de se passer du soutien des Philippiens en attendant l’heure de Dieu. Pendant ce temps, il n’a pas sombré dans la panique et n’a pas exercé la moindre pression sur les autres pour obtenir leur aide. Paul était certain qu’en temps voulu Dieu changerait les circonstances et pourvoirait à ses besoins. Nous pouvons avoir la même certitude aujourd’hui ! Tant que nous n’aurons pas vraiment compris que Dieu est souverain et qu’il fait concourir toutes choses selon son dessein bienveillant en faveur de ceux qui l’aiment, nous GTY.org Non ! à l’inquiétude 122 ne pourrons nous empêcher d’être mécontents. En effet, en nous efforçant de diriger notre propre vie, nous serons frustrés en découvrant sans cesse que nous sommes incapables de tout maîtriser. Cependant, tout est déjà sous le contrôle de quelqu’un de beaucoup plus grand que nous ! C’est dans sa providence que Dieu pourvoit à tous nos besoins. La providence divine est la manière dont Dieu orchestre tous les événements pour accomplir ses desseins. Dieu agit de deux façons distinctes dans le monde : par des miracles ponctuels et par sa providence. Un miracle n’a aucune cause naturelle : Dieu arrête subitement le cours de la vie et produit un miracle, puis il remet tout en marche normalement (comme lorsqu’il sépara la mer Rouge afin que son peuple la franchisse, avant de la refermer). En revanche, par sa providence, Dieu orchestre des millions d’événements ordinaires pour accomplir son dessein, comme dans la vie de Joseph, de Ruth et d’Esther. Aujourd’hui, Dieu agit de même avec nous. Le contentement devient une réalité dans notre vie quand nous comprenons que Dieu est souverain. Il intervient de façon surnaturelle, mais c’est lui aussi qui orchestre les événements naturels. Quel formidable arrangement ! Considérons la complexité de tout ce que Dieu accomplit à chaque instant simplement pour nous garder en vie. Quand nous prenons conscience de cette réalité, nous voyons combien il est insensé de croire que nous pouvons contrôler notre vie. Quand nous renonçons à cette illusion, nous abandonnons du même coup un motif majeur d’inquiétude. Paul est satisfait car il a confiance en la providence de Dieu. Cependant, sa confiance ne le conduit jamais à adopter une attitude fataliste, comme si ses propres actions n’avaient aucune importance. L’exemple de Paul dans le Nouveau Testament nous montre comment travailler en donnant le meilleur de nous-mêmes, tout en nous réjouissant de ce que les résultats proviennent de Dieu. GTY.org 123 Apprenons le contentement Se satisfaire de peu Paul nous livre un autre secret pour parvenir au contentement : « Je ne dis pas cela en raison de mes besoins, car j’ai appris à me contenter de l’état où je me trouve. Je sais vivre dans l’humiliation, et je sais vivre dans l’abondance. En tout et partout, j’ai appris à être rassasié et à avoir faim, à être dans l’abondance et à être dans la disette » (Philippiens 4 : 1112). L’apôtre apprécie certes la générosité renouvelée des chrétiens de Philippes, mais il désire qu’ils sachent qu’il ne l’a pas convoitée. Il sait à la fois contrôler ses envies et ses désirs et ne pas les confondre avec ses besoins. « Je ne dis pas cela en raison de mes besoins » revient à dire : « Rien d’essentiel ne me manque ». Nous l’avons souligné dans le chapitre précédent, nos besoins essentiels sont simples : la nourriture, le vêtement, le toit et la piété avec le contentement. L’Écriture nous commande de nous contenter de ces nécessités vitales (cf. 1 Timothée 6 : 6-8). Cette attitude est en contraste flagrant avec l’optique de la société actuelle. Aujourd’hui, que les gens aient peu ou même beaucoup, ils ne sont jamais contents. En règle générale, plus ils possèdent, moins ils sont contents ; et les plus insatisfaits sont les plus nantis, car ils estiment que leurs besoins ne pourront jamais être comblés ! Contrairement à Paul, ils confondent leurs envies avec leurs besoins, car ils suivent l’exemple de notre société matérialiste qui redéfinit les besoins de l’homme. Les publicitaires vantent bien souvent des produits tout à fait inutiles, mais on ne peut pas s’en rendre compte en écoutant uniquement leurs arguments de vente. Ils ne nous demandent pas : « Aimeriez-vous posséder ce produit ? », mais clament : « Vous en avez besoin ! » Si nous nous exposons à de telles incitations sans réfléchir, nous avons l’impression d’avoir besoin de produits dont nous n’avons même pas envie ! Le but de la publicité est de provoquer un sentiment d’insatisfaction qui nous incite à acheter. GTY.org Non ! à l’inquiétude 124 Pour nous protéger, veillons à n’utiliser le mot besoin que pour désigner une nécessité vitale. Comme l’apôtre Paul, considérons avec reconnaissance tout ce qui va au-delà du nécessaire comme une bénédiction de Dieu. Quand nous renonçons à aspirer au superflu que le monde qualifie de besoins, nous sommes capables de nous contenter de peu. Être détaché des circonstances Plus que toute autre chose, des circonstances pénibles nous dérobent notre contentement. Ainsi, quand nous leur permettons de nous tourmenter, notre sentiment de satisfaction et de paix s’effrite. Sans nul doute, Paul était humain ! Il souffrit lui aussi de cette manière, mais il apprit à réagir différemment et à continuer à être content indépendamment des circonstances : « J’ai appris à me contenter de l’état où je me trouve », écrit-il (Philippiens 4 : 11). Il voulait dire « en toutes circonstances » car, dans le verset suivant, il évoque les extrêmes de l’abondance et de la disette. Nous pouvons nous aussi apprendre à être satisfaits dans n’importe quelle situation. Nous n’avons pas à attendre d’être au ciel pour vivre ainsi ; en revanche, dès à présent, nous devons garder un œil sur cette vie future. Paul l’exprime ainsi : « Pensez à ce qui est en haut, et non à ce qui est sur la terre » (Colossiens 3 : 2). « Car un moment de légère affliction produit pour nous au-delà de toute mesure un poids éternel de gloire. Aussi nous regardons, non point aux choses visibles, mais à celles qui sont invisibles ; car les choses visibles sont momentanées, et les invisibles sont éternelles » (2 Corinthiens 4 : 17-18). D’après son résumé dans 2 Corinthiens 11 : 23-33, Paul eut à endurer de nombreuses souffrances atroces, mais grâce à elles il apprit à être content en adoptant une perspective éternelle. Prenons conscience que chacune de nos circonstances n’est que temporaire. L’énergie que nous dépenserons en cédant à l’inquiétude ne se justifie pas en considération GTY.org 125 Apprenons le contentement de notre récompense éternelle. Apprenons le contentement en ne prenant pas trop au sérieux nos circonstances terrestres ! Être soutenu par la puissance divine Paul pouvait affronter toute circonstance dans ce monde avec cette tranquille assurance : « Je puis tout par celui qui me fortifie » (Philippiens 4 : 13). Il avait appris la vérité suivante : peu importent les problèmes matériels qu’un chrétien peut rencontrer, il possède toujours un soutien spirituel. En affirmant pouvoir tout faire par Jésus-Christ, Paul fait allusion à sa capacité d’endurance et non à une délivrance miraculeuse. Cela ne signifie pas qu’il pourrait se passer indéfiniment de manger et de boire ou encore survivre à des milliers de coups de fouet ! (Il y a une limite aux épreuves physiques qu’un être humain peut supporter.) Voici ce que Paul veut dire : « Quand mes propres ressources sont épuisées, c’est alors que la puissance de Jésus-Christ me soutient jusqu’à ce que mes besoins soient pourvus ». L’apôtre croyait à la promesse d’Ésaïe : « Ceux qui espèrent en l’Éternel renouvellent leur force. Ils prennent leur vol comme les aigles. Ils courent et ne se lassent pas. Ils marchent et ne se fatiguent pas » (Ésaïe 40 : 31). Le contentement est un produit dérivé de la détresse. Il se manifeste quand, après avoir épuisé nos propres ressources, nous expérimentons la puissance de Jésus-Christ : « Il donne de la force à celui qui est fatigué et il augmente la vigueur de celui qui est à bout de ressources » (Ésaïe 40 : 29). Cela vaut la peine de passer par suffisamment de difficultés pour voir la puissance de Jésus-Christ à l’œuvre dans notre vie ! À maintes reprises, j’ai vu Dieu accomplir dans ma vie ce que lui seul pouvait accomplir. J’ai pu alors, au fil des années, progresser dans ma capacité à vivre dans le contentement. J’avais tendance à céder à l’inquiétude, à l’agitation et à la GTY.org Non ! à l’inquiétude 126 crainte d’être incapable de régler des situations difficiles. Mais j’ai appris à me confier en sa force en disant : « Seigneur, voici un problème que je suis incapable de résoudre. Aucune ressource humaine ne paraît suffisante, aussi je compte sur ton secours » (cf. 1 Corinthiens 10 : 13). Savez-vous comment fonctionne un stimulateur cardiaque ? Quand le cœur auquel il est relié se met à mal fonctionner, il prend le relais. Le stimulateur soutient le cœur en lui fournissant une énergie provenant d’une source extérieure. En tant que croyants, nous disposons d’un réservoir de puissance spirituelle qui se met en marche dès que nos ressources sont épuisées. Alors nous expérimentons que « par [sa] puissance qui agit en nous, [Dieu] peut faire infiniment au-delà de tout ce que nous demandons ou pensons » (Éphésiens 3 : 20). Nous apprenons le contentement lorsque nous marchons dans la vallée de l’ombre de la mort, quand nous nous trouvons au pied du mur, au bord du précipice, dans l’incapacité de régler nos problèmes, d’éliminer un conflit, d’améliorer notre vie conjugale, de discipliner nos enfants, de changer nos conditions de travail ou encore de combattre la maladie qui ronge notre corps. Car c’est alors que nous nous tournons vers Dieu et trouvons la force de supporter la situation. J’ajoute toutefois une précision importante : si nous avons vécu dans le péché et que nous nous trouvons à présent au fond d’un gouffre dans lequel ce péché nous a conduits, ne nous attendons pas à ce que le Seigneur intervienne en déployant toute sa souveraine puissance pour nous donner le contentement ! Il pourrait même ajouter un châtiment à la souffrance engendrée par nos choix. Il n’existe pas de traitement éclair pour se défaire des mauvaises habitudes contractées durant une vie vécue dans le péché. Tout comme un style de vie physiquement sain favorise la santé du corps, de même, l’obéissance dans le domaine spirituel donne accès à la puissance de Dieu. GTY.org 127 Apprenons le contentement Voici une lettre rédigée par une femme ayant expérimenté cette vérité. Elle devrait nous faire réfléchir : Cher John, J’ai trompé mon second mari pendant les onze premières années de notre mariage. J’ai eu plusieurs liaisons brèves, deux plus longues, et quelques-unes d’une seule nuit, ainsi que diverses autres rencontres. Ainsi j’ai pu avoir des relations avec douze à quinze hommes. J’aimais mon mari, sans être vraiment engagée avec lui. J’ignorais comment changer cette situation. J’étais malheureuse car je n’avais aucune estime de moimême. D’humeur changeante et mécontente de mon sort, je me livrais à des achats intempestifs afin d’essayer de remplir le vide en moi. Menteuse invétérée, j’ai réussi à berner mon mari et mon entourage. Je m’en sortais relativement bien. Les autres me considéraient comme une personne honorable, car je parvenais très bien à dissimuler mon mauvais côté ! Je réussissais à sauver les apparences, mais j’étais consciente de porter sans cesse un masque. Si quelqu’un me disait que j’étais charmante, je pensais en moi-même : Si vous pouviez voir ce qui est à l’intérieur de moi, vous ne diriez pas cela ! Je crois devoir mentionner aussi que j’avais eu recours à l’avortement. J’attendais un enfant de mon second mari alors que j’étais encore mariée au premier. Nous nous sommes séparés, j’ai avorté, puis me suis remariée avec mon second mari un an et demi après avoir déjà vécu avec lui la plupart du temps. À cause d’une dépression à répétition je suis allée consulter. Après une psychothérapie qui s’est poursuivie pendant deux ans, j’ai mieux compris les raisons de mon comportement, mais je n’avais changé en rien. Je suis issue d’une famille chrétienne. Mon père était pasteur et j’ai « accepté Jésus-Christ » très jeune. En réalité, je n’ai jamais vraiment compris ce que signifiait suivre le Seigneur. En grandissant, j’ai fait semblant de vivre la vie chrétienne, mais cela n’avait pas beaucoup de signification pour moi. Aussitôt après avoir quitté la maison pour me rendre à la faculté, j’ai tout rejeté GTY.org Non ! à l’inquiétude 128 afin de mener joyeuse vie. Mon cœur était très froid vis-à-vis des choses de Dieu, et je suis certaine que Satan était heureux de l’endurcir davantage. À deux ou trois reprises peut-être, lors de mes accès de dépression les plus profonds, j’ai supplié Dieu de me venir en aide. Mais à cette époque, je n’étais pas encore prête à regretter mes actes. Ne recevant aucun signe de sa part, j’étais convaincue qu’il me détestait et ne voulait plus avoir à traiter avec moi. Son silence ajoutait encore à ma tristesse et à mon manque d’estime de moi-même. Néanmoins, je suis la preuve vivante que la puissance du Saint-Esprit est capable de transformer le cœur et le comportement d’une personne. Je n’ai pas été convaincue tout de suite de changer totalement de vie. Certains changements se sont produits de façon progressive. En revanche, un aspect a changé immédiatement car, me semble-t-il, c’était primordial pour moi : désormais, la seule pensée d’avoir une liaison avec un autre homme me répugnait. J’ai pris conscience de mon engagement et de mon amour pour mon conjoint. Même s’il était (encore) inconverti, je voulais tout mettre en œuvre pour lui rester fidèle et ne pas le déshonorer. Je n’avais pas prié pour changer dans ce domaine, mais cela s’est produit tout seul ! J’ai éprouvé un sentiment profond à la fois de joie et de contentement, mot que je croyais à tout jamais banni de mon vocabulaire. Quand cette femme se tourna vers Dieu et lui obéit par la foi, il la bénit merveilleusement. Il lui accorda la puissance spirituelle pour changer de vie et il lui procura un profond contentement. Les mêmes bénédictions attendent tout chrétien parvenu au bout de ses propres ressources et qui se met à obéir à Dieu. Être préoccupé du bien-être des autres Si nous vivons pour nous-mêmes, nous ne serons jamais satisfaits. Nous ignorons souvent le contentement car nous exigeons que notre entourage agisse exactement comme GTY.org 129 Apprenons le contentement nous le souhaitons. Nous voulons que notre épouse réponde à nos attentes et collabore à nos projets, que nos enfants se conforment au plan précis que nous avons élaboré pour eux. Nous souhaitons que tous les aspects de notre vie soient rangés parfaitement comme des objets dans un placard. Paul prie afin que les Philippiens aient une perspective très différente. Il commença son épître en demandant à Dieu que leur amour les uns envers les autres abonde de plus en plus (Philippiens 1), et poursuivit en donnant ce conseil pratique : « Ne faites rien par rivalité ou par vaine gloire, mais dans l’humilité, estimez les autres supérieurs à vous-mêmes » (Philippiens 2 : 3). Il voulait qu’ils ne s’intéressent pas uniquement à eux-mêmes mais se préoccupent aussi du bienêtre des autres. Voici l’exemple que l’apôtre nous donne, à nous aussi : Cependant vous avez bien fait de prendre part à ma tribulation. Vous le savez vous-mêmes, Philippiens, au commencement de la prédication de l’Évangile, quand j’ai quitté la Macédoine, aucune église, si ce n’est la vôtre, n’entra en compte avec moi pour ce qu’elle donnait et recevait ; vous avez été les seuls à le faire, car à Thessalonique déjà, et à deux reprises, vous m’avez envoyé de quoi pourvoir à mes besoins. Ce n’est pas que je recherche le don ; ce que je recherche, c’est le fruit abondant porté à votre compte. J’ai tout reçu et je suis dans l’abondance ; je suis comblé, ayant reçu par Épaphrodite ce qui vient de vous comme un parfum de bonne odeur, un sacrifice que Dieu accepte et qui lui est agréable. Mon Dieu pourvoira à tous vos besoins selon sa richesse, avec gloire, en Christ Jésus (Philippiens 4 : 14-19). Assuré de la providence de Dieu et fortifié par la puissance divine, Paul ne dépend pas de ses circonstances. Néanmoins il sait exprimer ses remerciements. Il veut que les Philippiens sachent qu’en pourvoyant à ses besoins, ils ont accompli un geste magnifique. Ainsi une église pauvre de la région de la Macédoine (sa pauvreté est mentionnée dans 2 Corinthiens 8-9), lui a fait parvenir, semble-t-il, de la GTY.org Non ! à l’inquiétude 130 nourriture, des vêtements et de l’argent par l’intermédiaire d’Épaphrodite. Leur générosité extraordinaire impressionne l’apôtre. Remarquons ce qui réjouit le plus Paul concernant ce don : « Ce n’est pas que je recherche le don ; ce que je recherche, c’est le fruit abondant porté à votre compte » (Philippiens 4 : 17). L’apôtre est plus intéressé par leur bienêtre spirituel que par ses besoins matériels. Être installé confortablement, manger suffisamment et être satisfait de sa situation ne sont pas ses préoccupations majeures. Au contraire, il s’emploie à accroître les dividendes éternels de ceux qu’il aime. Voici des principes bibliques immuables : •Tel, qui fait des largesses, devient plus riche ; et tel, qui épargne à l’excès, ne fait que s’appauvrir. Celui qui répand la bénédiction sera dans l’abondance, et celui qui arrose sera lui-même arrosé (Proverbes 11 : 24-25). •Celui qui a pitié de l’indigent prête à l’Éternel, qui lui rendra ce qui lui est dû (Proverbes 19 : 17). •Donnez, et l’on vous donnera (Luc 6 : 38). •En fait, celui qui sème peu moissonnera peu, et celui qui sème en abondance moissonnera en abondance (2 Corinthiens 9 : 6). Paul décrit le don qu’il a reçu comme « un parfum de bonne odeur, un sacrifice que Dieu accepte et qui lui est agréable » (Philippiens 4 : 18). L’apôtre emploie une image de l’Ancien Testament pour dire : « Non seulement vous m’avez donné, mais vous l’avez donné aussi à Dieu ». Au verset 10, nous avons remarqué combien Paul est heureux de recevoir ce don. Sa joie ne provient pas de ce qu’il a enfin reçu ce qu’il avait désiré (comme nous l’avons vu au verset 11, il mentionne avec courtoisie qu’il n’en avait pas besoin), mais de ce que les Philippiens lui ont donné quelque chose qui honore Dieu et accroît leur propre bien spirituel. GTY.org 131 Apprenons le contentement Leur libéralité conduit Paul à conclure : « Mon Dieu pourvoira à tous vos besoins selon sa richesse, avec gloire, en Christ Jésus » (Philippiens 4 : 19). C’est l’un des versets le plus souvent cités de l’Écriture, mais nous ne devons pas le séparer de son contexte. Paul écrit en quelque sorte : « En m’envoyant un don, vous vous êtes exposés à vous trouver dans le besoin. Mais je veux vous assurer que Dieu ne vous sera pas redevable, car il pourvoira à tous vos besoins ». Paul se réfère ici au fait que Dieu pourvoira amplement aux besoins matériels des Philippiens suite aux sacrifices qu’ils ont consentis en sa faveur. De même, si nous obéissons à l’exhortation : « Honore l’Éternel avec tes biens et avec les prémices de tout ton revenu », Dieu accomplira sa promesse : « Alors tes greniers seront abondamment remplis, et tes cuves regorgeront de vin nouveau » (Proverbes 3 : 9-10). En d’autres termes, Dieu ne nous récompensera pas uniquement par des bénédictions spirituelles alors que nous mourons de faim ! Si nous sommes en Christ, les glorieuses richesses de Dieu nous appartiennent. C’est pourquoi, comme nous l’avons appris dans le premier chapitre, nous ne devons pas nous préoccuper de ce que nous mangerons ou boirons, ni de quoi nous serons vêtus. Nous devons au contraire obéir à cette parole : « Cherchez premièrement son royaume et sa justice […] Ne vous inquiétez donc pas du lendemain » (Matthieu 6 : 33-34). En résumé, combattons l’inquiétude dans notre vie en mettant en pratique ce que nous avons appris concernant le contentement. Ayons confiance en la providence souveraine de Dieu, et ne nous laissons pas troubler par les circonstances de notre vie. Au lieu de céder à la panique, accrochons-nous à la promesse de Romains 8 : 28 : « Nous savons, du reste, que toutes choses coopèrent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein ». Employons ce verset comme une bouée de sauvetage pendant tout le reste de notre vie. Apprenons aussi à résister à la pression exercée par notre société égoïste et matérialiste en nous satisfaisant de GTY.org Non ! à l’inquiétude 132 peu, et en nous préoccupant davantage du bien-être spirituel des autres que de nos propres besoins matériels. Obéissons à la Parole de Dieu, et soyons confiants en sa capacité de répondre à tous nos besoins. Que le Seigneur nous rappelle sans cesse tous ces principes afin que nous soyons sereins… et libérés de toute inquiétude ! GTY.org