Attaque contre l`ambassade israélienne en Mauritanie. Les tirs sont

6 février 2008
Centre d'Information sur les Renseignements
et le Terrorisme
au Centre d'Etudes Spéciales (CES)
Attaque contre l'ambassade israélienne en
Mauritanie. Les tirs sont apparemment l'œuvre d'"AlQaïda au Maghreb Islamique", une branche du jihad
mondial. L'attaque a été effectuée dans le cadre des
pressions islamistes sur le gouvernement
mauritanien, afin qu'il rompe les relations
diplomatiques avec Israël.
Scène de l'attaque à Nouakchott, capitale de la Mauritanie
(Télévision Al-Arabiya, 1er février 2008)
1
Aperçu général
1. Le 1er février 2008 à l'aube, des coups de feu ont été tirés contre l'ambassade israélienne à
Nouakchott, la capitale de la Mauritanie. L'attaque a apparemment été commise par des
éléments du jihad mondial auto-baptisés "Al-Qaïda au Maghreb Islamique". Trois résidents
locaux ont été blessés; le personnel de l'ambassade n'a pas été atteint. Les forces de sécurité
mauritaniennes ont appréhendé trois suspects impliqués dans l'attaque. Il faut préciser que,
récemment, des voix se sont fait entendre en Mauritanie afin de soutenir les Palestiniens et en
faveur de la rupture des relations diplomatiques avec Israël.
Description des faits
2. À 2h20, heure de Mauritanie, des hommes armés ont ouvert le feu sur le bâtiment de
l'ambassade israélienne à Nouakchott, la capitale, en criant "Allahu akbar." Les forces de sécurité
locales chargées de la sécurité de l'ambassade ont riposté aux tirs. Selon plusieurs informations,
les terroristes véhiculés se sont rendus jusqu'à la discothèque "Casa", située près de
l'ambassade, et ont ouvert le feu avant de quitter les lieux. Les tirs ont blessé trois clients de la
discothèque. (Agence de presse Al-Akhbar, 1er février 2008). Deux grenades et deux armes
utilisées par les terroristes ont été retrouvées sur le lieu de l'attaque (Agence France Presse, 3
février 2008).
3. Les forces de sécurité mauritaniennes ont annoncé que trois suspects avaient été arrêtés au
centre du pays à environ 150 kilomètres de la capitale. Les trois hommes avaient essayé
d'esquiver un point de contrôle en échangeant leur véhicule contre un autre qui les attendait.
Aucun détail n'a été rendu public sur l'identité des trois suspects (Agence de presse Al-Akhbar,
Agence de presse Sahara Media, 2 février 2008).
Activités du jihad mondial en Mauritanie
4. Une organisation baptisée "Al-Qaïda au Maghreb Islamique" a revendiqué l'attaque. Dans
un communiqué officiel intitulé "A tes ordres Gaza," elle a précisé que l'attaque avait été
commise alors que les Juifs "causent des ennuis à nos frères en Palestine", en référence aux
événements récents dans la bande de Gaza. Le texte appelle les "Musulmans ardents" à inciter
leurs gouvernements à couper les relations diplomatiques et commerciales avec Israël. Il lance
2
également un avertissement formel à l'ambassadeur israélien en Mauritanie, Boaz Bismut, le
menaçant d'une autre attaque (Forum d'Al-Jazeera, 3 février 2008).
5. La même organisation a également menacé la France et la Mauritanie, provoquant l'annulation
à la dernière minute du rallye du Paris-Dakar, qui devait avoir lieu début Janvier 2008. Le groupe
a par ailleurs récemment revendiqué deux attaques terroristes en Mauritanie :
1) 24 décembre 2007 : Quatre touristes français ont été pillés et tués dans la partie
orientale du pays (AP, 24 décembre 2007). Les meurtriers ont trouvé refuge au Sénégal;
certains d'entre eux ont été attrapés. Leur interrogatoire a révélé que l'organisation "AlQaïda au Maghreb Islamique" était apparemment derrière les meurtres (Forum d'Ana alMuslim, 29 décembre 2008).
2) 27 décembre 2007 : Trois soldats mauritaniens ont été tués à l'entrée d'une base
militaire. Al-Qaïda au Maghreb Islamique a revendiqué la responsabilité de l'attaque
(Forum d'Ana al-Muslim, 29 décembre 2008).
Manifestations anti-israéliennes en Mauritanie
(Télévision Al-Jazeera, 1er février 2008)
6. Israël entretient des relations diplomatiques officielles avec la Mauritanie depuis 1999. Quand
son gouvernement a été modifié en 2005, les opposants à des relations avec l'Etat hébreu ont
fait entendre leurs voix de plus en plus fréquemment. A plusieurs reprises, des groupes
islamiques radicaux ont exigé la rupture des liens. Récemment, le gouvernement mauritanien a
même autorisé les activités d'un groupe appelé la Garnison Mauritanienne pour la Lutte contre
l'Invasion Sioniste,1 une des organisations les plus actives dans la campagne contre la
normalisation des relations israélo-mauritaniennes. Le secrétaire-général de l'organisation,
1
"Ribat mauritanien" en arabe. La garnison musulmane était à l'origine située dans un secteur frontalier. Le terme a des
connotations musulmanes positives car l'unité de garnison garde la frontière entre la zone islamique et les secteurs des
ennemis de l'Islam mais elle pourrait être appelée à reprendre du service si le jihad est repris.
3
Muhammad Ghulam, a déclaré que son groupe œuvrait contre la normalisation avec Israël et
montrerait son soutien aux Palestiniens (Al-Khaleej, 30 janvier 2008).
7. Après les événements récents dans la bande de Gaza, une pression accrue a été exercée sur le
Président mauritanien afin qu'il rompe les relations diplomatiques avec Israël (Télévision AlArabiya, 1er février 2008). Le Président du Parlement mauritanien a appelé le gouvernement à
réexaminer la question (Al-Quds Al-Arabi, 27 janvier 2008). Les sept plus grands partis politiques
du pays ainsi que les partis féministes ont eux aussi appelé à la rupture des relations
diplomatiques avec Israël (Al-Khaleej, 20 janvier 2008). Suite à cela, le gouvernement
mauritanien a annoncé qu'il demandait au gouvernement israélien de mettre un terme au "blocus
de la bande de Gaza" et à "la punition collective de ses résidents." La Mauritanie, a ajouté le
gouvernement dans un communiqué, suit soigneusement les événements qui se déroulent dans
la bande de Gaza (Al-Quds Al-Arabi, 27 janvier 2008).
8. Dans ce cadre, plusieurs manifestations anti-israéliennes ont récemment eu lieu en Mauritanie
:
1) Des organisations politiques, parlementaires et civiles ont annoncé leur intention
d'organiser des activités populaires afin de montrer leur solidarité avec les Gazaouites.
Ces mêmes organisations ont également condamné le monde arabe et la communauté
internationale pour leur silence face aux souffrances endurées par les Palestiniens (AlKhaleej, 20 janvier 2008).
2) Dans la capitale Nouakchott, des étudiants ont manifesté pour condamner le blocus de
la bande de Gaza ainsi que le silence du monde arabe et des institutions civiles en
Mauritanie face à "l'agression" israélienne dans la bande de Gaza. Les manifestants
arboraient des pancartes appelant la Mauritanie à rompre les relations diplomatiques
avec Israël (Al-Quds Al-Arabi, 22 janvier 2008).
3) Récemment, les médias mauritaniens ont été impitoyablement critiques envers Israël.
Les médias d'opposition représentent Israël comme un "pays d'occupation qui tue des
Palestiniens et abat des civils" (Télévision Al-Arabiya, 1er février 2008).
4