01 SIFFLER JOHANNA - Casterman Enseignants
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01 SIFFLER JOHANNA - Casterman Enseignants
FICHE DE LECTURE Lire Grandir SÉLECTION DU MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION NATIONALE c’est Tu sais siffler, Johanna ? Texte Ulf Stark Illustrations Anna Höglund Format 17,7 x 21,7 cm 56 pages – 11,50 € ALBUMS R É C I T S D ’A U J O U R D ’ H U I E X T R A I T « Il montre la fleur qu’il tenait cachée derrière le dos. Elle est d’un beau jaune chaleureux. – C’est gentil, ça, sourit le monsieur. Je vous en prie, entrez. Alors nous entrons et Berra lui tend la fleur. – S’il te plaît, grand-père ! dit-il. Le monsieur regarde d’abord la fleur, puis Berra. Il se gratte les cheveux, qui sont fins et blancs. – Quoi ? dit-il. Je suis ton grand-père ? – Oui, dit Berra en souriant. Et maintenant je suis là. Ça n’a pas vraiment été possible de venir avant. Alors le monsieur embrasse Berra. – C’est terrible ce que tu as grandi, dit-il en s’essuyant les yeux du revers de la main. Quel âge as-tu maintenant ? » POINTS FORTS L’histoire, émouvante et optimiste, d’un petit garçon qui se choisit un grand-père. Un texte poétique, qui permet d’aborder les thèmes délicats de l’attachement, de la transmission et du deuil. (p. 10) F I C H E D E L E C T U R E PISTES PÉDAGOGIQUES 1 LE DÉSIR D’UN GRAND-PÈRE L’ ASPIRATION DE L’ ENFANT « Je voudrais aussi avoir un grand-père… » (p. 4-5) Berra et Ulf jouent ensemble. Lorsque Ulf évoque son grand-père, Berra l’envie et se met à rêver : Ulf va manger du gâteau, recevoir de l’argent, boire du café, offrir un beau cigare à son grand-père… On peut s’interroger sur l’image, la représentation que Berra se fait alors d’un grand-père : relation privilégiée, fêtes, complicité… On peut aussi se demander s’il désire simplement imiter son copain, ou quel manque il éprouve… On remarquera que dans l’album, rien n’est dit de sa famille ! L’ INTERVENTION DE L’ AMI « Là tu peux trouver ton grand-père. Là il y a plein de vieux messieurs. » (p. 7) Du début à la fin, Ulf, le narrateur, joue un rôle très important. Proche, initiateur, partie prenante de l’histoire, il a à la fois l’intimité et le recul nécessaires pour exprimer les réactions et les émotions de son ami. 2 LE RÊVE PARTAGÉ L A PREMIÈRE RENCONTRE « – Quoi ? dit-il. Je suis ton grand-père ? – Oui, dit Berra en souriant. Et maintenant je suis là. » (p. 10) Berra éprouve un vrai désir, il ne doute pas et le rêve prend forme : il se choisit un grand-père et commence à l’aimer. C’est le besoin d’une relation gratuite et unique, besoin éprouvé spontanément par Berra et Nils, qui crée la complicité. L’identification, le lien familial sont secondaires : la ressemblance tient à un simple sparadrap (p. 9-13) ! L ES LIENS NOUÉS « C’est comme si on était au ciel… » (p. 31) Ce que partagent Berra et Nils les conduit plus loin qu’ils ne l’ont imaginé au début. Il ne s’agit pas seulement d’échapper au monde des adultes ou à la solitude. Les moments partagés, vécus comme d’agréables surprises et parenthèses, les rapprochent, les ressourcent et les unissent. Du cerf-volant en soie aux cerises volées dans l’arbre, tout entre eux est « cadeau ». « – Dire que j’ai un petit-fils comme toi, fait-il ensuite. – Oui. Et dire que moi j’ai un grand-père comme toi, dit Berra. » (p. 35) NIVEAU DE LECTURE 2 RÉSUMÉ Berra veut un grand-père, un qu’il puisse aimer, qui l’invite et le gâte. Par chance, son ami Ulf sait où en trouver un : à la maison de retraite voisine. Là, en un clin d’œil, Berra et le vieux Nils se reconnaissent et s’adoptent. Les liens se tissent et s’enrichissent. Et tandis que le grand-père se risque à grimper aux arbres, Berra apprend à siffler pour lui faire plaisir. Le jour où il y parvient, la chambre est vide… « – Il n’est plus là, dit-elle. Il nous a quittés. – Il s’est sûrement perdu, dit Berra. Ça lui arrive tout le temps. » 3 LA SÉPARATION L’ ATTENTE « – La prochaine fois qu’on se voit, je veux t’entendre siffler, dit le vieux monsieur. » (p. 37) Fragile, nostalgique, fatigué, Nils pense à plusieurs reprises avoir été oublié (p. 14, 24). Pour Berra, qui est dans l’action (il prépare l’anniversaire, apprend à siffler…), la relation au temps est très différente. Il ne saisit pas l’importance des jours qui passent pour son grand-père. Il a une autre priorité : « – On n’irait pas bientôt voir ton grand-père ? je demande. – Non, je dois d’abord apprendre à siffler, dit Berra. » (p. 37) L A DISPARITION « – Il n’est plus là, dit-elle. Il nous a quittés. – Il s’est sûrement perdu, dit Berra. Ça lui arrive tout le temps. » (p. 40) Étonnement, négation, incrédulité, colère, chagrin, adieu, acceptation… Berra vit les phases du deuil avec pudeur, maturité, générosité (p. 38-47). Son ami, une fois encore, sait rester discret. 4 L’ÉMOTION DOMINÉE « Il siffle TU SAIS SIFFLER, JOHANNA ? » L’attachement de Berra est profond et lui permet de dominer sa peine pour offrir à son grand-père de vraies preuves d’amour : une rose et surtout la mélodie que Nils sifflait pour sa femme. Par ce souffle de vie, puis en faisant voler son cerf-volant, Berra fait vivre ce que son grand-père lui a transmis. Vers l’écriture… La lecture de ce livre aidera les élèves à rédiger un récit dans lequel ils exprimeront leurs émotions. « Vous entendez les oiseaux ? Vous sentez les odeurs ? » (p. 16) Dans l’album, plusieurs descriptions sollicitent tous les sens (p. 7, 25, 26, 31, 38, 42). Avant la rédaction, les élèves mèneront une recherche lexicale autour du vocabulaire des cinq sens. On les invitera par exemple à se souvenir d’une rencontre avec une personne aimée en fermant les yeux et en cherchant à retrouver et nommer non seulement ce qu’ils ont vu, mais aussi toutes les sensations qu’ils ont éprouvées. « Au travail, les maraudeurs ! » (p. 31) Après avoir relu le passage où le grand-père incite Ulf et Berra à chaparder des cerises, on demandera aux élèves de raconter une histoire vécue ou imaginaire dans laquelle ils frôlent avec délices les limites de l’interdit, ou dans laquelle un adulte a un comportement décalé par rapport à son statut habituel. La dernière illustration du livre montre les deux amis réunis (p. 48). On demandera aux enfants de rédiger un petit dialogue entre les deux personnages jouant au cerf-volant, en imaginant qu’ils se retrouvent huit jours, un mois ou un an après l’enterrement.