Article pour L`Arc a dit

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Article pour L`Arc a dit
Nouvelles considérations sur le Seigneur des Anneaux
L’adaptation cinématographique du Seigneur des Anneaux (=SDA) par Peter JACKSON a été
à juste titre un grand succès : un événement culturel de taille qui restera dans la mémoire de l’histoire
du cinéma. La sortie des trois films a remis sur le devant de la scène la trilogie de TOLKIEN, chefd’œuvre de l’Heroic Fantasy ou littérature imaginaire. Le britannique John Ronald Reuel TOLKIEN
(1892-1973) était un philologue de renom, professeur à Oxford. Il était aussi un catholique convaincu
et pratiquant.
Une lecture superficielle du SDA peut nous laisser penser que cette somme de l’Heroic Fantasy n’est
en fait qu’une superbe fresque épique, une évocation parfaite d’un univers à part entière avec son
histoire, sa géographie, ses langues ses « créatures » et ses peuples etc. Le génie de TOLKIEN
consistant à rendre cet univers imaginaire aussi réel, sinon plus, que l’univers qui nous est familier !
D’ailleurs nous nous retrouvons facilement dans les pensées et les attitudes des personnages de
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cette saga . Nous pouvons donc nous identifier plus ou moins à eux. Il est clair que le SDA n’est pas
un traité de philosophie, encore moins un catéchisme. Ce qui prédomine c’est bien une action
dramatique. Cependant tout lecteur attentif et quelque peu connaisseur de la Bible ne pourra
s’empêcher d’établir des passerelles entre l’univers du SDA et l’univers biblique. Rien d’étonnant à
cela puisque l’auteur de cette trilogie est un fervent catholique… C’est TOLKIEN lui-même qui nous
donne en quelque sorte le feu vert pour une lecture au second degré de son œuvre : « Le Seigneur
des Anneaux est une œuvre fondamentalement religieuse et catholique, inconsciemment d’abord
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mais consciemment quand j’en ai fait la révision », lettre 142 à Robert MURRAY.
Pour mettre en lumière l’imprégnation biblique du récit de TOLKIEN il nous faudrait de très
nombreuses pages ! Dans le cadre de cet article nous ne pouvons donner que quelques pistes
d’exploration allant dans cette direction. Nous espérons qu’elles susciteront chez le lecteur l’envie
d’approfondir par une lecture attentive le sens caché du SDA. C’est en suivant cette méthode que
l’œuvre magistrale de TOLKIEN prend en effet toute son ampleur. Au sein même d’une action
dramatique et d’une magnifique épopée nous trouverons une grande sagesse, un enseignement de
vie qui demeure toujours valable et actuel. Le génie de TOLKIEN réside dans cette profonde
imbrication entre une sagesse d’inspiration chrétienne et un genre littéraire aux frontières de
l’imaginaire, du merveilleux et du légendaire : la Fantaisie ou Faërie.
1/ La trame générale du Seigneur des Anneaux
Elle est souvent présentée comme une gigantesque lutte du Bien contre le Mal. Or la réalité n’est pas
aussi simpliste que cela ! Contrairement aux apparences le SDA est une œuvre aux antipodes du
manichéisme selon lequel le monde serait le théâtre d’une lutte permanente entre le dieu du bien et le
dieu du mal. TOLKIEN, en tant que chrétien, sait très bien que la vision manichéenne des choses ne
correspond pas à la réalité. Ecoutons Elrond : « Rien n’est mauvais au début. Même Sauron ne l’était
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pas » . Sauron peut représenter Satan. Dans la révélation chrétienne Satan n’a pas toujours été
mauvais. Il a été créé bon sous le nom de Lucifer, le porteur de lumière. C’est par son orgueil qu’il
s’est perverti et s’est détourné de Dieu. Dans la trilogie de TOLKIEN, le Bien et le Mal ne sont jamais
mis sur le même plan, car ce qui est premier, originaire, antérieur, c’est toujours le Bien. Et le Mal
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n’est finalement qu’une privation de Bien, une dégradation de l’Etre . Allons encore plus loin et
soulignons que la frontière entre le bien et le mal est en chacune des créatures. Cette frontière est
davantage intérieure qu’extérieure. Ce serait une grave erreur de considérer la communauté de
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Il est intéressant de relever le fait suivant : des personnages comme Frodon, Gimli et Gollum, bien que n’étant
pas des humains dans la trilogie, sont très proches de nous dans leurs pensées et leurs comportements. Le SDA
est un univers habité par des créatures très variées mais finalement ces créatures nous sont présentées sous un
jour anthropocentrique. Ce qui est conforme à la conception chrétienne de la création.
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Voir aussi ce qu’affirme Christopher TOLKIEN dans la préface de l’édition posthume du Silmarillion : « Dans
ses derniers écrits la poésie et la mythologie s’effacent devant les préoccupations théologiques et
philosophiques : de là viennent de brusques changements de ton ».
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Livre II, chapitre II, page 296
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Son nom évoque le grec Saura (lézard), l’anglais Sauria/ Saurian (Sauriens et saurien) et bien sûr le français
Saurien. Le serpent, symbole de Satan et du Tentateur dans la Genèse, fait partie des sauriens…
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Frodon explique à Sam l’origine des Orques : « Je ne crois pas qu’elle (l’Ombre) ait donné naissance aux
Orques ; elle n’a fait que les abîmer et les dénaturer », Livre VI, chapitre I, page 975.
1
l’Anneau comme le groupe des « bons » en lutte contre les méchantes créatures du Mordor.
L’exemple de Boromir est de ce point de vue là significatif, sans parler de Frodon lui-même, qui, arrivé
au terme de sa mission, se laisse lamentablement tenter par l’Anneau. Gollum lui-même, nous le
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savons bien, n’a pas toujours été « méchant » . C’est un hobbit, ne l’oublions pas. Si Sméagol est
devenu Gollum, c’est parce qu’il s’est laissé littéralement posséder par ce qu’il croyait posséder :
l’Anneau. Même cette créature enlaidie et amoindrie garde quelque chose de sa bonté originelle.
Comme le montre admirablement bien Peter JACKSON dans son film, la lutte entre le Bien et le Mal
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se déroule dans la conscience même de Gollum . C’est bien la preuve que cet être n’est pas
totalement mauvais.
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L’épopée du SDA se termine heureusement : par une victoire du Bien sur le Mal . Il est important de
relever comment cette victoire a pu être obtenue. « La victoire ne peut être atteinte par les armes »,
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cette affirmation de Gandalf scande tout le chapitre IX du livre V . Pour reprendre un dicton bien
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connu « l’union fait la force » . C’est tout le sens de « la communauté de l’Anneau » qui rassemble en
son sein faibles et forts, amis et ennemis : hommes, hobbits, nain, elfe, magicien. Au sein de cette
communauté et en temps d’épreuve ceux qui habituellement se méprisaient vont vivre un chemin de
réconciliation. C’est ainsi qu’en se parlant et en faisant connaissance le nain Gimli et l’elfe Legolas
vont devenir complices et amis. La communauté de l’Anneau pourrait être une image de l’Eglise,
Eglise signifiant en grec convocation, rassemblement, assemblée. Pour les chrétiens l’Eglise est le
lieu par excellence de la communion et de la réconciliation en vue de la mission. L’Eglise accueille en
son sein des personnes souvent très différentes. Dans l’Eglise les petits, les faibles, les humbles ont
une place particulièrement importante. Si la communauté de l’Anneau peut présenter une analogie
avec l’Eglise c’est dans le sens paulinien du mot « Eglise » : synergie des différents membres dans un
unique Corps. « L’œil ne peut pas dire à la main : ‘Je n’ai pas besoin de toi’, ni la tête dire aux pieds :
‘Je n’ai pas besoin de vous’. Bien plus, les organes du corps qui paraissent les plus faibles sont les
plus nécessaires, et s’il y en a qui sont moins présentables, nous les traitons avec davantage de
respect. […] Quand Dieu a modelé le corps, il a pris soin davantage de ceux qui sont les derniers,
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pour empêcher que le corps se divise » . Lors du conseil d’Elrond ce dernier fait remarquer que « les
faibles peuvent tenter cette quête avec autant d’espoir que les forts. Mais il en va souvent de même
des actes qui meuvent les roues du monde : de petites mains les accomplissent parce que c’est leur
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devoir, pendant que les yeux des Grands se portent ailleurs » . Ce n’est pas un hasard si sur les neuf
membres que compte la Communauté de l’Anneau quatre sont des hobbits ! Les semi-hommes sont
bien les plus faibles dans cette communauté et pourtant c’est l’un d’eux, Frodon, qui est chargé de
porter l’Anneau pour le détruire… Enfin pour accomplir sa mission l’Eglise n’utilise pas les armes
temporelles, mais les armes spirituelles : autre analogie avec la Communauté de l’Anneau.
2/ Frodon : figure christique et anti-héros
Le hobbit Frodon est au centre de l’action dramatique du SDA : c’est lui l’héritier et le porteur de
l’anneau. Ce n’est pas un hasard si Aragorn veut associer étroitement Frodon à sa victoire et à son
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couronnement. Il est relativement facile de montrer que Frodon est par certains aspects une figure
christique ou chrétienne. Loin de nous l’idée de faire de Frodon un Fils de Dieu ! Il n’a rien de divin, il
n’est qu’un semi-homme. Il n’en reste pas moins vrai que nous pouvons trouver de nombreuses
analogies entre le Porteur de l’Anneau et le Christ tant au niveau de son être qu’au niveau de
l’accomplissement de sa mission. Ces analogies ne sont certainement pas fortuites.
- C’est à l’âge de 33 ans, celui de la majorité pour les hobbits, que Frodon reçoit l’Anneau de
Bilbon. C’est selon la tradition l’âge de la mort du Christ en Croix.
- Il n’est pas exagéré de parler d’une vocation de Frodon dans le SDA. Frodon perçoit à deux
reprises un appel intérieur à accepter la redoutable mission qui l’attend : celle d’être le porteur
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C’est aussi le cas du magicien Saroumane.
Livre IV, chapitre II, pages 680 et 681
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TOLKIEN a créé lui-même un mot pour désigner la fin du SDA, il s’agit d’une « eucatastrophe ».
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Page 938. Cf. le psaume 32.
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« Cela peut paraître de la folie, dit Haldir. En fait, le pouvoir du Seigneur Ténébreux n’est nulle part plus
visible que dans la brouille qui divise tous ceux qui s’opposent encore à lui », Livre II, chapitre VI, page 380.
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Première lettre aux Corinthiens 12, 21-25
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Livre II, chapitre II, page 298
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« Je voudrais que le Porteur de l’Anneau me présente la couronne et que Mithrandir la pose sur ma tête, s’il
le veut bien », Livre VI, chapitre V, page 1032. JACKSON traduit cela à sa manière dans « Le Retour du Roi » :
après son couronnement Aragorn fait agenouiller tous les participants à la fête devant les hobbits.
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de l’Anneau pour le détruire dans le feu de la montagne du Destin. Nous trouvons l’origine de
sa vocation dans une conversation avec Gandalf : « Je voudrais bien n’avoir jamais vu
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l’Anneau ! Pourquoi m’est-il venu ? Pourquoi ai-je été choisi ? » Lors de l’agonie, le Christ a
exprimé dans sa prière la terreur de son humanité face au poids de sa divine vocation : « Mon
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Père, si c’est possible, que cette coupe s’éloigne de moi » . La vocation de Frodon trouve
une confirmation lors du conseil d’Elrond : « Enfin, par un grand effort, il parla, étonné
d’entendre ses propres mots, comme si quelque autre volonté se servît de sa petite voix : J’emporterai l’Anneau, dit-il, encore que je ne connaisse pas le moyen ». Bref Frodon ne se
donne pas sa mission, il la reçoit d’un autre. En emportant l’Anneau en Mordor il n’accomplit
pas sa propre volonté, mais celle d’un autre. Il est « choisi ». Lui, le plus faible… Au grand
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étonnement d’Elrond : « Qui donc parmi tous les sages eût pu le prévoir ? » Dans sa
manière d’accepter librement cet appel et dans sa disponibilité à se sacrifier pour le salut de la
Terre du Milieu le hobbit est bien une figure christique. « Je ne cherche pas ma volonté, mais
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la volonté de celui qui m’a envoyé », dit le Christ aux Juifs .
Si Frodon reçoit une vocation, il n’est pas épargné par la tentation. Et cela à de nombreuses
reprises ! Nous trouvons un exemple de tentation à la fin du livre II, au chapitre X (La
dissolution de la communauté). Ici la tentation vient de l’homme Boromir : « Etes-vous sûr de
ne pas souffrir inutilement ? Je voudrais vous aider. Vous avez besoin d’un conseil dans votre
dur choix. Voulez-vous accepter le mien ? » Sans le savoir, sans le vouloir, un membre de la
Communauté, ici Boromir, joue le jeu de Sauron. De même qu’un jour Pierre avait joué le jeu
de Satan en tentant son Maître : « Pierre alors prend à part Jésus et commence à lui faire la
leçon en disant : ‘Ne parle pas de malheur, cela ne t’arrivera pas, Seigneur !’ Mais Jésus se
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retourne et dit à Pierre : ‘Passe derrière moi, Satan, voudrais-tu me faire chuter ? » La
réponse de Frodon montre qu’il résiste à cette tentation : «Cela paraîtrait la sagesse, n’était la
mise en garde que me donne mon cœur… contre tout délai. Contre la manière qui paraît la
plus facile. Contre le refus du fardeau qui m’est imposé ». Au moment du second appel de
Frodon, lors du conseil d’Elrond, ce dernier avait bien prédit que le salut de la Terre du Milieu
ne s’obtiendrait pas par la facilité : « Il faut prendre cette route, mais elle sera très dure à
parcourir ». Le hobbit semble avoir retenu cet enseignement. En refusant la tentation de
Boromir il choisit en effet, et cela de manière consciente, la voie de la difficulté et de l’épreuve.
Une autre tentation provient de Gollum / Sméagol alors que Frodon et Sam parviennent à la
Porte noire, l’entrée du Mordor, sous la conduite de Gollum : « C’est inutile de ce côté !
Inutile ! Ne lui apportez pas le Trésor !… Ou partez, allez à des endroits agréables et rendezle au petit Sméagol. Oui, oui, maître : rendez-le, dites ? Sméagol le gardera en sûreté ; il fera
beaucoup de bien, surtout aux gentils hobbits. Que les hobbits rentrent chez eux. N’allez pas
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à la Porte ! » Ce n’est pas un hasard si le vocabulaire du tentateur Gollum ressemble
étrangement au vocabulaire du tentateur Boromir : c’est inutile ! Face à cette nouvelle
tentation Frodon reste ferme : « Son visage était dur et tendu, mais résolu. […] J’ai l’intention
d’entrer en Mordor, et je ne connais pas d’autre chemin. Je prendrai donc celui-ci. Je ne
demande à personne de m’accompagner. […] J’ai l’ordre d’aller au pays de Mordor, et par
conséquent j’irai dit Frodon. S’il n’y a qu’un seul chemin, il me faut l’emprunter. Advienne que
pourra. » Cette nouvelle tentation permet au hobbit d’entrer véritablement dans ce qu’il
convient d’appeler sa Passion, sa montée jusqu’à la montagne du Destin. L’évangéliste Luc
rappelle par un bref verset la décision irrévocable de Jésus : monter à Jérusalem pour y
souffrir sa Passion. « Comme le temps approchait où il devait être enlevé de ce monde, Jésus
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prit résolument le chemin de Jérusalem ». Une traduction plus proche du grec pourrait
donner : « Jésus durcit sa face en direction de Jérusalem ». Il convient d’ouvrir ici une brève
parenthèse à propos de Gollum et de la relation qu’il entretient avec Frodon. Par bien des
aspects Gollum ressemble au Judas des Evangiles : Judas est à la fois l’ami et le traître pour
Jésus. Judas en trahissant son Maître participe d’une manière mystérieuse à
l’accomplissement des Ecritures selon lesquelles le Messie devait souffrir, mourir puis
ressusciter d’entre les morts. Gandalf avait bien prophétisé quant au rôle de Gollum : « Même
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Livre I, chapitre II, page 78
Matthieu 26, 39
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Cf. Saint Paul dans sa première lettre aux Corinthiens (2, 7-9).
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Jean 5, 30
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Matthieu 16, 22.23
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Livre IV, chapitre III, page 685
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Luc 9, 51
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Gollum peut encore avoir quelque chose à faire ». Au sein de la montagne du Destin Gollum
s’attaque une dernière fois à son Maître Frodon et lui ravit ainsi l’Anneau. C’est ainsi qu’il
coopère bien malgré lui à l’accomplissement de la mission de Frodon et à la ruine du royaume
de Sauron.
Nous avons parlé de l’entrée de Frodon dans sa Passion. Voyons maintenant en quoi
consiste sa Passion. Il faudrait pour cela faire une lecture approfondie de tout le chapitre III
(La Montagne du Destin) du livre VI. Chapitre essentiel puisqu’il contient le véritable
dénouement de l’action dramatique du SDA. Avant d’entrer dans « la Passion » proprement
dite, nous devons dire un mot du Lembas, le pain des elfes. Frodon et Sam se sont nourris
presque exclusivement de ce pain tout au long du périlleux chemin qui les a conduits jusqu’au
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Mordor. Or ce pain n’est pas une nourriture ordinaire : « Ce pain de voyage des Elfes (ou
lembas) avait cependant un pouvoir qui s’accroissait quand les voyageurs s’en remettaient à
lui seul, sans le mêler à d’autres aliments. Il nourrissait la volonté et donnait une force
d’endurance, ainsi qu’une maîtrise des nerfs et des membres dépassant celle des simples
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mortels ». Un lointain rapprochement pourrait être effectué avec la geste d’Elie . Et comment
ne pas penser à une possible analogie avec le pain eucharistique ? Cette parenthèse sur le
lembas étant close, revenons à la passion de Frodon. Accompagné de Sam, il se dirige très
péniblement vers la montagne du Destin où il doit détruire l’Anneau et ainsi accomplir sa
mission de sauveur de la Terre du Milieu. Cette montagne du Destin pourrait très bien
représenter le Golgotha. Nous allons voir jusqu’à quel point Frodon est ici une figure
christique. « Frodon n’avait pas parlé de toute cette dernière journée ; il avait marché à demi
courbé, trébuchant souvent, comme si ses yeux ne voyaient plus la route devant ses pieds.
Sam devinait que de toutes leurs souffrances il endurait la pire, le poids croissant de l’Anneau,
fardeau pour le corps et tourment pour l’esprit ». L’Anneau est dans ce contexte une image de
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la Croix. « A leur dernière halte, il se laissa tomber à terre et dit : ‘J’ai soif , Sam !’, et il ne
parla plus ». Dans les plaines du Mordor et sur les pentes de la montagne du Destin TOLKIEN
nous décrit un véritable chemin de croix du hobbit. Et sur ce chemin de croix Frodon va
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rencontrer son Simon de Cyrène en la personne de son fidèle ami Sam. Puisque Sam ne
peut pas porter l’Anneau, il va porter sur son dos son Maître, Frodon. « Et alors, à son grand
étonnement, le fardeau lui parut léger ». TOLKIEN émet l’hypothèse suivante pour
« expliquer » ce miracle : comme un « don de force finale » qui aurait été accordé à Sam.
Comment ne pas penser ici à Matthieu 11, 28-30 ? « Venez à moi, vous tous qui peinez et
ployez sous le fardeau, et moi je vous soulagerai. Chargez-vous de mon joug et mettez-vous
à mon école, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez soulagement pour vos
âmes. Oui, mon joug est aisé et mon fardeau léger ». Toute la réflexion que nous avons
menée jusque là nous permet de voir en Frodon une figure christique. Mais cette figure est
partielle, incomplète, inachevée. En effet une fois parvenu au terme de sa mission dans la
montagne du Destin, le hobbit s’écarte considérablement par son choix final de toute typologie
christique ou même simplement héroïque. Il cède à l’ultime tentation, au pouvoir même de
Sauron qu’il est censé combattre, reproduisant ainsi l’attitude de Boromir : « Je suis arrivé, dit
Frodon. Mais il ne me plaît pas, maintenant, de faire ce pour quoi je suis venu. Je
n’accomplirai pas cet acte. L’Anneau est à moi ! Et soudain, comme il le passait à son doigt, il
s’évanouit à la vue de Sam ». Frodon est ainsi infidèle au tout dernier moment à sa vocation
et à sa mission. Alors que le Christ agonisant sur la Croix peut dire en toute vérité : « Tout est
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accompli ! » C’est aussi pour cela que Frodon est l’anti-héros. Il est loin d’être parfait et
infaillible. Nous pouvons donc nous reconnaître en lui car finalement ce semi-homme est très
humain.
Même si Frodon ne meurt pas, son retour de la Montagne du Destin ressemble tout de même
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à une résurrection . C’est un aigle (Gwaihir ), envoyé par Gandalf, qui vient délivrer
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Cf. L’oraison après la communion du 31 décembre : « Ton peuple, Seigneur, a besoin de multiples secours
pour sa traversée d’ici-bas ; que ta bonté les lui donne aujourd’hui et demain : trouvant alors la force
nécessaire dans les biens qui passent, il recherchera les biens éternels avec plus de confiance ».
22
Cf. Premier livre des Rois, 19, 8
23
Cf. Jean 19, 28
24
Dans la Passion du Christ Simon de Cyrène est celui qui aide Jésus à porter sa croix jusqu’au bout. Cf.
Matthieu 27, 32.
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Jean 19, 30
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A l’intérieur de la trilogie de TOLKIEN, il nous faut toujours considérer une autre trilogie : celle de Frodon,
Gandalf et Aragorn. Ces trois personnages affrontent directement les puissances du Mal et parviennent à la
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miraculeusement les deux hobbits épuisés, exténués, prisonniers du Mordor en feu, pour les
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emporter vers des contrées plus riantes . Frodon apparaît alors comme le stigmatisé. Il garde
la trace de ses nombreuses blessures ainsi que de ses souffrances morales. Et Gandalf de lui
dire : « Il est des blessures que l’on ne peut entièrement guérir ». Frodon résume alors assez
bien l’impact de tout ce qu’il a vécu depuis qu’il a répondu à son appel : « Même si j’arrive à la
Comté, elle ne me paraîtra plus la même ; car je ne serai pas le même ». Tout cela peut nous
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faire penser aux stigmates du Ressuscité .
Malgré la grande qualité de son adaptation cinématographique du SDA, Peter JACKSON a
omis un chapitre essentiel du livre VI : Le nettoyage de la Comté (chapitre VIII). Ce chapitre,
situé à la fin de la trilogie, est pourtant d’une extrême importance pour comprendre le
personnage de Frodon et sa dimension christique. Rappelons brièvement le contexte : Le
magicien Saroumane, contrairement à ce que montre le film, n’est pas tué lors de la chute de
l’Isengard. Il parvient à s’enfuir et atteint la Comté. Sous son nouveau nom de Sharcoux il
établit dans le pays des hobbits une dure dictature. Il transforme le paysage riant et verdoyant
de la Comté en un univers concentrationnaire et industriel proche de celui du Mordor. Frodon,
Sam, Pippin et Merry doivent donc libérer leur pays du pouvoir tyrannique de Sharcoux. C’est
Frodon qui prend la tête des opérations, sans jamais, notons-le au passage, utiliser une arme
quelconque. C’est le « nettoyage » de la Comté qui va révéler les grandes qualités de cœur
du hobbit. Il est présenté par TOLKIEN tout d’abord comme le pacifique, le non-violent : « Et
personne du tout ne doit être tué si cela peut être évité. […] J’aimerais qu’il n’y ait pas de
tuerie ; pas même des bandits, à moins que ce ne soit nécessaire pour les empêcher de faire
du mal à des hobbits. […] Frodon avait été dans la bataille, mais il n’avait pas tiré l’épée, et
son rôle principal avait été d’empêcher les hobbits de mettre à mort, dans la colère suscitée
par leurs pertes, ceux des ennemis qui avaient jeté leurs armes ». Frodon le pacifique refuse
toute forme de vengeance et accorde son pardon aux hobbits devenus les collaborateurs de
Sharcoux. Cela nous amène à un autre trait de son noble caractère : la clémence. Frodon est
vraiment le miséricordieux. Il a exercé de nombreuses fois la miséricorde, et cela contre l’avis
de Sam, en faveur de Gollum. Il aurait pu s’en débarrasser, le tuer, mais il ne l’a pas fait. Sans
cette miséricorde l’Anneau n’aurait probablement pas été détruit… Dans le nettoyage de la
Comté, c’est envers Saroumane que Frodon se montre une fois de plus miséricordieux : « Je
ne veux pas qu’il soit tué. […] Je ne veux pas qu’il soit mis à mort dans ce mauvais état
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d’âme. Il fut grand, d’une noble espèce sur laquelle on ne devrait pas oser lever la main. Il
est tombé, et sa guérison nous dépasse ; mais je voudrais encore l’épargner dans l’espoir
qu’il puisse la trouver ». Dans le cas précis de Saroumane relevons les motifs invoqués par le
hobbit pour exercer la clémence : 1°/ Il fut grand, d’une noble espèce ; et 2°/ L’espérance qu’il
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puisse changer, se convertir. TOLKIEN souligne dans le SDA à quel point la clémence, la
miséricorde et le pardon sont toujours profitables à ceux qui l’exercent envers leurs ennemis.
Dans le dernier chapitre du SDA (chapitre IX du livre VI : Les Havres Gris) TOLKIEN complète
et achève le portrait de Frodon. Frodon le pacifique, le miséricordieux est aussi Frodon le
méconnu. « Frodon se retira doucement de toutes les activités de la Comté, et Sam remarqua
avec peine le peu d’honneur qui lui était rendu dans son propre pays. Rares étaient ceux qui
connaissaient ou désiraient connaître ses exploits et ses aventures ; leur admiration et leur
respect allaient surtout à M. Meriadoc et à M. Peregrin, et (Sam n’en savait rien) à luimême ». Frodon, comme Jésus, lorsqu’il retourne chez les siens ne rencontre que
victoire à travers les souffrances et la « mort ». Frodon est attaqué par Arachné qui le laisse comme mort,
Gandalf doit combattre le Balrog et est « renvoyé nu pour une brève période », et Aragorn emprunte les Chemins
des Morts. Tous les trois sortent comme « ressuscités » de leur lutte contre le Mal. Au livre V, chapitre II (Le
passage de la Compagnie Grise), Aragorn apparaît nettement comme le Rédempteur, celui qui s’enfonce dans les
Chemins des Morts pour offrir aux parjures le rachat. Les Morts participeront donc à la lutte contre le Mordor et
trouveront la paix en accomplissant leur serment (page 846).
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C’est le même aigle, Gwaihir (le Seigneur des vents), qui sauve Gandalf de la mort à l’issue de sa lutte contre
le Balrog. C’est sur l’ordre de la Dame Galadriel que Gwaihir accomplit son office de sauveteur en faveur du
magicien. Livre III, chapitre V, le Cavalier blanc, page 543.
28
Livre VI, chapitre IV, page 1014. Cf. Exode 19, 4 : « Vous avez vu ce que j’ai fait à l’Egypte et comment je
vous ai portés sur les ailes de l’aigle pour vous amener jusqu’à moi ». Apocalypse 12, 14 : « On a donné à la
femme les deux ailes du grand aigle pour qu’elle vole jusqu’à son endroit au désert ».
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Cf. L’apparition de Jésus ressuscité à Thomas en Jean 20, 24-29.
30
Cf. David qui refuse de tuer son persécuteur le roi Saul : Premier livre de Samuel 26, 9-11.
31
Cf. La deuxième lettre de Pierre 3, 9.
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l’indifférence et l’ingratitude. « Le seul endroit où l’on ne reconnaît pas un prophète, c’est dans
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sa patrie et dans sa famille ».
3/ Le récit tolkénien et l’imprégnation biblique du vocabulaire
Nous avons vu à propos du personnage central qu’est Frodon le hobbit qu’il existe bien des
passerelles entre l’univers du SDA et l’univers biblique. Cela se vérifie non seulement au niveau de
certaines thématiques mais aussi au niveau de l’emploi de certains mots qui ont une résonance
particulièrement biblique. Nous nous contenterons de donner ici trois exemples.
- Le premier se trouve à la fin du livre I, au chapitre XII : Fuite vers le gué. Frodon sur son
cheval blanc elfique est poursuivi par les neufs cavaliers noirs serviteurs du Seigneur des
Ténèbres. Il parvient à franchir le gué et au moment où les cavaliers noirs pénètrent dans
l’eau le niveau monte subitement et les submerge : « Les chevaux noirs furent prie de folie et,
bondissant de terreur, ils emportèrent leurs cavaliers dans les flots impétueux. Leurs cris
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perçants furent noyés dans le grondement de la rivière qui les emportait ». Comment ne pas
penser ici au passage de la mer rouge par les hébreux et à la déroute de l’armée de
Pharaon ? « Au petit matin, de la colonne de feu et de nuée, le Seigneur fixa du regard le
camp des Egyptiens et il y jeta la panique. […] Les eaux revinrent et recouvrirent les chars,
les cavaliers et toute l’armée du Pharaon qui étaient entrés dans la mer à la suite des
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Israélites : pas un d’entre eux n’échappa » . Au chapitre 15 du livre de l’Exode nous trouvons
le cantique de Moïse célébrant la victoire du Seigneur : « Je chanterai le Seigneur, il a fait
éclater sa gloire, jetant à la mer cheval et cavalier. […] Les chars du Pharaon et son armée,
jetés à la mer ! Les meilleurs de ses cavaliers, disparus dans la Mer des Roseaux ! Les eaux
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de l’abîme les ont recouverts, comme des pierres ils ont coulé jusqu’au fond ».
- Le deuxième se trouve au livre III, chapitre 5, Le Cavalier blanc : On se souvient que la
Compagnie avait perdu son guide Gandalf le gris dans les abîmes de la Moria. Sa chute aussi
vertigineuse que profonde ne pouvait laisser aucun espoir à la Compagnie quant à sa survie.
Voici comment Tolkien décrit sa manifestation totalement inattendue à Gimli, Legolas et
Aragorn : « Il se dressa vivement et bondit au sommet d’un grand rocher. Il se tint là, avec une
stature soudain accrue, les dominant de haut. Il avait rejeté son capuchon et ses haillons gris,
et ses vêtements blancs étincelaient. […] Tous avaient les yeux fixés sur lui. Ses cheveux
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étaient blancs comme neige au soleil , et sa robe d’une blancheur lumineuse ; sous ses
épais sourcils, les yeux brillaient, pénétrants comme les rayons du soleil ; la puissance était
entre ses mains. Partagés entre l’étonnement, la joie et la crainte, ils se tenaient là sans rien
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trouver à dire. » Ce vocabulaire est celui que nous trouvons dans les récits évangéliques de
la Transfiguration de Jésus. Prenons le récit de saint Matthieu : « Jésus prit avec lui Pierre,
Jacques et Jean son frère, et il les emmena à l’écart sur une haute montagne. Là, devant eux,
il fut transfiguré. Son visage commença à rayonner comme le soleil pendant que ses
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vêtements devenaient blancs de lumière . […] En entendant cela, les disciples se jetèrent
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face contre terre et furent saisis d’une crainte extraordinaire ». Non seulement le vocabulaire
est semblable dans les deux récits mais aussi certains détails de la situation : la hauteur du
lieu de la manifestation, les trois témoins, les réactions de ces derniers.
- Notre troisième et dernier exemple se trouve au chapitre V du livre VI : L’Intendant et le Roi. Il
concerne la ville de Minas Tirith décrite tout d’abord au chapitre Premier du livre V : « Pippin
poussa alors un cri, car la Tour d’Ecthelion, haut dressée à l’intérieur du mur le plus élevé, se
détachait, brillante, sur le ciel, comme une pointe de perle et d’argent, belle et élancée, et son
pinacle étincelait comme s’il était fait de cristaux ; des bannières blanches flottaient aux
créneaux dans la brise matinale, et il entendait, haute et lointaine, une claire sonnerie comme
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de trompettes d’argent ». « Gandalf traversa rapidement la cour pavée de blanc. Une douce
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Cf. Matthieu 13, 57
Page 242
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Exode 14, 24.28
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Versets 1.4 et 5
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Cf. Apocalypse 1, 14 : « Sa tête et ses cheveux sont blancs comme laine blanche, comme la neige, et ses yeux
sont une flamme de feu ».
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Pages 534.535
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Marc précise : « D’une blancheur telle qu’aucun blanchisseur sur la terre ne peut blanchir de la sorte », 9, 3.
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Matthieu 17, 1.2 et 6
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Page 805
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6
fontaine jouait là dans le soleil matinal, entourée d’un gazon verdoyant ; mais au milieu,
retombant au-dessus du bassin, se dressait un arbre mort, et les gouttes coulaient tristement
de ses branches stériles et brisées dans l’eau claire. […] Sept étoiles, sept pierres et un arbre
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blanc ». Il faut attendre le retour du Roi dans Minas Tirith pour que l’arbre soit replanté à
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partir d’ « un rejeton de l’Aîné des Arbres » . C’est le grand Aigle qui avait annoncé ce signe
aux habitants de la cité : « Et l’Arbre qui fut desséché sera renouvelé, et il le plantera dans les
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hauts lieux, et la Cité sera bienheureuse ». Enfin TOLKIEN note que dans Minas Tirith
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restaurée dans toute sa splendeur et gouvernée par Aragorn « tous étaient guéris et tout
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était réparé ». Quiconque connaît la description de la Nouvelle Jérusalem aux chapitres 21
et 22 du livre de l’Apocalypse ne pourra que relever des similitudes quant au vocabulaire. Le
symbole des sept étoiles est présent en Apocalypse 1,16. Mais c’est surtout le début du
chapitre 22 qui est significatif : « Il m’a encore montré le fleuve des eaux de la vie. Le fleuve,
limpide comme le cristal, sortait du trône de Dieu et de l’Agneau. Sur la place de la ville et de
chaque côté du fleuve, l’arbre de vie produit ses douze fruits ; chaque mois il donne ses fruits,
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et les feuilles de l’arbre sont médicinales pour les nations » . Dans les deux villes une place
avec un arbre et de l’eau, dans les deux villes la guérison est offerte aux habitants. L’arbre
nouveau, planté à partir du rejeton, est perçu par Aragorn comme un « signe » : « Le jour
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n’est plus loin. Et il disposa des guetteurs sur les murs ». TOLKIEN donne une grande
importance à l’arbre de Minas Tirith issu d’un rejeton de l’Aîné des Arbres. Terminons par une
citation de l’Apocalypse : « Moi, Jésus…, je suis la racine de David et son rejeton, et l’étoile
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qui brille à l’aurore ».
NOTA-BENE :
L’une des difficultés majeures de la lecture du SDA au second degré que nous venons de faire est
la suivante : nous avons montré jusqu’à quel point Frodon pouvait être considéré comme une
figure christique. En fait TOLKIEN fragmente cette figure christique en trois personnages : Frodon,
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bien sûr, mais aussi Aragorn et Gandalf . Si bien qu’il est plus exact de parler de figures
christiques dans le SDA. Aucun des personnages du SDA, pas même Frodon, est une figure
christique complète. Chacun des personnages cités plus haut manifeste un aspect ou plusieurs
aspects de la richesse du mystère du Christ. C’est cette difficulté qui explique la présence
d’éventuelles « contradictions » dans notre lecture au second degré. Comment expliquer par
exemple que Frodon, figure christique, se nourrisse du pain elfique, symbole eucharistique ? C’est
que Frodon n’est pas une figure christique complète. Ce n’est qu’à certains moments et dans
certaines situations qu’il correspond à la figure du Sauveur.
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Page 807
Page 1036
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Page 1027
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Voilà comment TOLKIEN décrit le roi Aragorn après son couronnement : « La sagesse se montrait sur son
front, et la force et la guérison étaient dans ses mains, et une lumière l’environnait ». page 1032.
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Page 1032
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Versets 1 et 2. Cf. aussi Ezéchiel 47, 12.
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Il n’est pas incongru de voir dans cette phrase l’aspect eschatologique du SDA. Le jour dont parle le roi est ici
métaphorique. Cf. Isaïe 62, 6 : « Sur tes remparts, Jérusalem, j’ai placé des veilleurs ».
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Apocalypse 22, 16
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Cette fragmentation tripartite de la figure pourrait correspondre à la typologie du Christ prêtre, prophète et roi :
Frodon, Gandalf et Aragorn. Chacun de ces personnages accomplit dans le SDA une partie constitutive du
ministère du Christ. Frodon, nous l’avons vu, est le miséricordieux, celui qui a pitié. Il pardonne à Gollum (page
1010) et à Sharcoux. Gandalf délivre ceux qui sont sous l’emprise des puissances maléfiques : pensons à
« l’exorcisme » de Théoden, prisonnier des maléfices de Grima, langue de serpent (pages 556.557). Le magicien
a en outre le pouvoir de terrasser Saroumane, collaborateur de Sauron (page 628). Certains détails indiquent que
Saroumane est bien une figure « démoniaque » : « Certains crurent soudain voir un serpent en train de se lover
pour l’attaque » (page 625). Enfin Aragorn est celui qui a le pouvoir de guérir les personnes malades ou blessées,
grâce à l’ATHELAS, la feuille de roi : Frodon, Sam, Faramir et Eowyn bénéficient de son pouvoir royal. Mais ce
n’est qu’une hypothèse qui reste à vérifier… Parmi les indices relevons pour Gandalf (prophète) la précision
suivante : « Et nu je restais étendu sur le sommet de la montagne », page 543. Le roi Saül « resta nu sur le sol
tout le jour et toute la nuit ». Et l’auteur du livre biblique de commenter : « C’est pour cela que l’on dit : Saül
est-il aussi parmi les prophètes ? » (1 Samuel 19,24). Enfin la scène du couronnement d’Aragorn pourrait
confirmer cette hypothèse (cf. page 1032).
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Abbé Robert CULAT, 15.I.2005
Diffusé par http://www.tolkienfrance.net
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