IG-HS6_120-125_Decryptage_Sega-Arcade

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IG-HS6_120-125_Decryptage_Sega-Arcade
120 Analyse
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SEGA, l’autre visage de l’arcade
SEGA,
l’autre visage de l’arcade
E
n 2000, Akira Nagai (senior managing director) estime que les salles d’arcade doivent être modifiées pour
devenir des espaces de loisirs plus grand public afin de toucher une cible plus large et de renouveler la clientèle.
Il parle d’hybrid outlets qui seraient tous reliés par fibre optique afin de connecter toutes les bornes d’arcade
entre elles à travers le Japon. En 2013, SEGA ne produit plus de consoles mais s’accroche plus que jamais à l’arcade,
qui est en quelque sorte dans son ADN.
S
i l’on revient aux débuts de
SEGA, avant même que la firme
ne se nomme ainsi, on trouve des
jeux mécaniques qui sont à l’origine
du jeu vidéo d’arcade. Retournons
au siècle dernier. À Hawaï en 1940,
James Humpert et les Bromley père
et fils fondent une société nommée
Standard Games afin de monétiser le
temps libre des soldats installés dans
les bases militaires américaines.
Après la Seconde Guerre mondiale,
la société s’établit au Japon, occupé
par les Américains qui livrent une
autre guerre en Corée. Elle crée une
filiale du nom de Service Games of
Japan (1952) afin de souligner que
le client visé est le soldat en service.
Comme à leur habitude, les Japonais
forment un mot valise plus court
pour désigner l’entreprise : SEGA.
Durant cette première partie de l’histoire de la firme, ses propriétaires
américains commercialisent avant
tout des machines à sous et des jukeboxes. SEGA fait de l’arcade au sens
large du terme. D’ailleurs, les Japonais ne parlent pas d’arcade mais
d’amusement, de divertissement.
Parallèlement, un certain David
Rosen, soldat mobilisé pour la guerre
de Corée, reste au Japon pour fonder
une entreprise d’import de Photomatons. C’est un succès immédiat et
il continue en important des jeux de
tir : il s’agit de tirer sur des ours avec
un fusil en plastique. Par la suite, il
commercialise d’autres bornes similaires où il faut tirer sur des requins
ou des raies. Comme on le voit, l’arcade est plus proche de ministands
de fête foraine que des jeux vidéo.
L’origine de SEGA explique aussi
pourquoi la firme a toujours tenu à
innover dans le domaine de l’arcade.
Après tout, entre les machines à tuer
les requins avec un fusil et Virtua Cop
où l’on doit recharger son arme en
plastique pour tirer sur des ennemis
en polygones, il n’y a que des différences technologiques, le gameplay
de base étant le même. De même,
l’engouement pour les Photomatons
sera relayé par celui envers les Purikura (Photomaton avec images personnalisées à coller) de nos jours…
Les bandits manchots laissent leur
place aux medal games. Quant aux
juke-boxes, ils sont remplacés par
les jeux de rythme et musicaux dont
Project Diva est l’un des derniers avatars à succès (lire l’article consacré à
Hatsune Miku dans ce hors-série).
De SEGA à SEGA
En 1965, SEGA et l’entreprise de
Rosen fusionnent et la nouvelle entité
change de stratégie : au lieu de simplement importer des machines, elle va
en créer. Entre les jeux de basket, sac
de sable à frapper, ou hélicoptère à
manœuvrer, SEGA s’occupe vraiment
de jeux mécaniques et électroniques.
Son premier logo en caractères un
peu gothiques témoigne de cette
période durant laquelle les bornes
de jeu sont l’essentiel de son activité.
Parmi les succès, on trouve Periscope
en 1966, jeu d’arcade qui n’est plus
vraiment un jeu électronique mais
dont le succès est suffisant pour
que Gulf & Western Industries, Inc.
rachète SEGA au début des années
soixante-dix. David Rosen, resté à la
tête de SEGA, poursuit sur sa lancée
avec des jeux d’arcade électroniques
et lance les versions PC. Mais, avec
la crise des années 1983-1984, l’industrie balbutiante du jeu vidéo sur
ordinateur sombre. Heureusement,
SEGA a toujours ses activités dans les
bornes de jeux !
Le succès de Space Invaders étant
mondial, SEGA se met à créer des
jeux vidéo pour l’arcade et rachète
son principal distributeur au Japon,
Esco Trading. Son ex-dirigeant
Hayao Nakayama prend alors la
place de vice-président de SEGA. La
société perdant de l’argent, la filiale
américaine de SEGA est vendue à
Bally, entreprise fabriquant des
flippers. Par la suite, CSK rachète
SEGA et en fait une société florissante. Le conglomérat japonais renomme la société SEGA Enterprises
Ltd. lors de son rachat en 1984.