PHRASÉOLOGIE ET CORPS HUMAIN. Étude comparative de la

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PHRASÉOLOGIE ET CORPS HUMAIN. Étude comparative de la
PHRASÉOLOGIE ET CORPS
HUMAIN.
Étude comparative de la représentation du
corps humain dans les expressions
phraséologiques en français et en allemand
Colette CORTÈS
Université Paris 7, Denis Diderot
C.I.E.L.
(1) Qu'est-ce qu'il y a comme têtes qui se perdent!
Dernièrement, je rencontre un Monsieur qui se tenait la tête dans les
mains :
- J'ai perdu la tête ! J'ai perdu la tête !
Je lui dis :
-Et celle que vous avez entre les mains? (Raymond Devos 1976, 87)
(2) Je connais un monsieur, c'est un auto-stoppeur professionnel.
Un auto-stoppeur professionnel !
Il lui est arrivé un accident de travail...
Il a perdu le pouce.
Il ne peut plus travailler (...)
Heureusement qu'il est à deux doigts de la retraite. (Raymond Devos
1976, 209)
(3) On a beau ne pas être des machines, on s'use ! On s'use! De temps
en temps, il faut faire une petite révision générale. Moi j'en viens! Je
suis allé voir un spécialiste des organes...(...) j'ai dit :
- Je voudrais simplement que vous me remplaciez les organes usagés.
- Ç a ne vaut pas le coup! Et puis quand je vous aurai greffé un rein ou
transplanté le coeur d'un autre, ce n'est pas cela qui vous fera une belle
jambe.
Cahier du CIEL 1998-1999
- Vous n'avez qu'à me greffer une autre jambe.
- Hé ! c'est que je n'en ai pas sous la main! ... C'est qu'une jambe, ça
ne court pas les rues ! (...) une jambe, ça va vous coûter les yeux de la
tête!
- Tiens, je croyais que la greffe c'était à l'oeil!
- Heureusement que ce n'est pas à l'oeil! Ici tout ce qui est à l'oeil est
hors de prix! (...)
- Si vous avez une peau de rechange...
- Vous n'avez pas de chance, en ce moment, je manque de peau! (...) A
votre place, je continuerais de marcher comme cela en essayant de ne
rien perdre en route! Et .... puis je me laisserais pousser la moustache.
- Vous croyez que cela sauverait la face?
- Non, mais ça en cacherait une partie. (Raymond Devos 1976, 69-70)
I NTRODUCTION
Les exemples (1), (2) et (3) montrent à quel type de déconstruction
il est possible de soumettre les phrasèmes, ces "unités polylexicales,
figées et figurées" selon la définition de Harald Burger (1987) et Gertrud
Gréciano (1997). En élaborant un contexte approprié, où les
dénominations des parties du corps apparaissent dans un schéma
isotopique propre à activer leur sens premier, Raymond Devos fait naître
chez le spectateur un sentiment étrange de perte des repères ; il construit
un sens qui semble artificiel, décalé et qui oblige le spectateur à une
connivence particulière avec l'auteur. Les jeux de mots les plus réussis
sont ceux où le sens figé et défigé de l'expression sont mobilisés tous les
deux à la fois. Les sketchs de R. Devos prennent le spectateur à contrepied, l'obligeant à focaliser sur un objet linguistique avec deux angles de
vue différents, un peu comme dans une image à trois dimensions.
Mais ce qu'on admet dans une perspective ludique de distanciation
peut-il correspondre à une attitude scientifique de description du langage?
A priori non. Et pourtant, si l'on observe les modes de classement
proposés par les ouvrages lexicographiques spécialistes de phraséologie,
tout porte à croire que leur but est d'apporter du matériau aux
déconstructivistes comme Raymond Devos plutôt que de soutenir l'effort
de l'utilisateur "normal", notamment dans une perspective d'apprentissage
des phrasèmes, que ce soit dans sa langue maternelle ou dans une langue
seconde.
En effet, pour les besoins du classement alphabétique (le seul
facilement utilisable dans un relevé publié en version papier, convenonsen), le lexicographe choisit artificiellement un mot porteur d'image pour
articuler son classement, alors que, lorsque les phrasèmes sont employés
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C. CORTÈS - Phraséologie et corps humain
dans le langage ordinaire, ils sont choisis par le locuteur comme des
unités lexicales inanalysables en fonction de leur sens figé et figuré. Le
lexicographe propose généralement un classement sémasiologique, alors
que le locuteur cherche un outil pour une pratique onomasiologique.
Ainsi, comme dans les sketchs de R. Devos, l'utilisateur des
phrasèmes est pris à contre-pied, car il ne peut trouver de tels phrasèmes
figés dans les relevés lexicographiques qu'à condition de les défiger.
Comme avec R. Devos, on touche à l'absurde, puisque cela revient à dire
que l'utilisateur de dictionnaire ne peut trouver que ce qu'il connaît déjà.
Le problème de l'entreprise lexicographique est précisément que, à
cause du figement, aucun des signifiants constitutifs du phrasème pris
isolément ne peut donner un accès direct au signifié global du phrasème.
La valeur des phrasèmes repose sur les mécanismes cognitifs complexes
qui ne sauraient être pris en compte qu' à partir du signifié global, des
images, voire des clichés qu'ils véhiculent.
Les classements de phrasèmes retenus ou proposés dans ce travail
seront de nature sémantique, même s'ils ont tous en commun un élément
qui désigne le corps humain ou une de ses parties. Ils chercheront à
découvrir des traits sémantiques communs à certains ensembles de
phrasèmes ou à mettre en évidence, comme le font Regina Hessky et
Stefan Ettinger (1997) dans une perspective onomasiologique, des
domaines d'emploi communs à des phrasèmes d'origines diverses.
Le travail proposé ici utilisera les relevés lexicographiques reposant
sur l'ordre alphabétique des signifiants uniquement comme des sources de
corpus. En outre, pour que soient respectées les contraintes de l'étude
synchronique, les données recueillies dans l'ouvrage de Wolf Friederich
(1966) pour l'allemand et de Bruno Lafleur (1991) pour le français ne
seront retenues que si elles sont attestées dans le Spiegel ou le Monde de
1998.
Dans un premier chapitre, nous partirons de la classification
sémantique des phrasèmes proposée par Regina Hessky et Stefan Ettinger
(1997) dans le cadre de l'apprentissage de la langue seconde. L'étude des
phrasèmes comportant un élément qui désigne le corps humain ou une de
ses parties en fonction de l'étude sémantique holistique du phrasème nous
permettra de repérer (au moins pour l'allemand) leurs domaines d'emploi
et de préciser si les transferts de domaines opérés par le passage au préconstruit relèvent plutôt de la métaphore ou de la métonymie.
Cette première série d'observations nous autorisera à pousser plus
loin nos investigations sur le plan cognitif et à tenter, pour le français et
pour l'allemand, une classification des phrasèmes selon que la partie du
corps nommée appartient au sujet de l'énoncé, à un autre humain que le
sujet ou aux deux. Et nous verrons se dégager des phénomènes
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Cahier du CIEL 1998-1999
d'interaction corporelle significatifs, auxquels la perspective comparatiste
allemand-français nous autorisera à attribuer une valeur de stéréotype.
1.
E MPLOI SÉMANTIQUE DES PHRASÈMES
A L L E M A N D S . ÉTUDE DES TRANSFERTS
MÉTONYMIQUES ET MÉTAPHORIQUES
Dans cette première partie, on essaiera de répondre aux deux
questions suivantes :
- Dans quels domaines sémantiques les phrasèmes comportant un
élément qui désigne le corps humain ou une de ses parties sont-ils
utilisés?
- Que peut-on en déduire sur le plan cognitif?
Nous commencerons par une étude statistique en fonction du sens de
l'expression dans son domaine d'emploi.
Pour cela les travaux de référence de Bruno Lafleur (1991) pour le
français et de Wolf Friederich (1966) pour l'allemand (que nous
qualifierons de sémasiologiques puisqu'ils cheminent du signifiant vers le
signifié) nous permettent seulement d'affirmer que, en français comme en
allemand, environ un tiers des "expressions idiomatiques" font référence
au corps humain. C'est de loin le domaine le plus représenté dans
l'ensemble des phrasèmes.
Mais ces travaux ne sont pas d'un grand secours pour une étude sur
les domaines d'emploi, et ce pour les raisons déjà évoquées plus haut.
J'ai donc cherché des classements sémantiques plus
onomasiologiques (partant du signifié holistique du phrasème). Pour le
français, l'ouvrage de M Martins-Baltar et G. Calbris (1997), qui porte
comme sous-titre : «Esquisse d'un dictionnaire onomasiologique. Notions
et expressions dans le champ de la "dent" et de "manger"» fournit un
cadre théorique très intéressant; mais il est trop spécialisé dans sa
réalisation (domaine de la nutrition) pour permettre une étude statistique
générale (Pour une présentation du cadre théorique, voir l'article de M
Martins-Baltar dans ce numéro des Cahiers de C.I.E.L. 1998-1999). En
revanche, pour l'allemand j'ai découvert un classement de type
onomasiologique portant sur la langue générale dans l'ouvrage de Regina
Hessky et Stefan Ettinger (1997). C'est sur la base de ce dictionnaire
assez général et relativement homogène, car destiné à l'apprentissage de
l'allemand langue étrangère, que s'effectue l'étude qui suit. Les phrasèmes
retenus sont fréquents aujourd'hui, utilisables dans des types de textes
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C. CORTÈS - Phraséologie et corps humain
écrits ou oraux relativement non marqués, c'est-à-dire présentant un
niveau de langue homogène et non marqué.
Bien sûr, l'étude statistique est relative puisqu'elle porte sur un
nombre de phrasèmes beaucoup plus limité que celui dont il était
question dans les ouvrages précédents qui comportaient environ 8000
entrées, mais elle semble néanmoins significative avec ses 1567
occurrences répertoriées.
Pour présenter les résultats, j'ai traduit en français le sommaire du
dictionnaire qui indique l'ensemble des domaines d'emploi retenus par
Regina Hessky et Stefan Ettinger (1997). Les pourcentages indiqués entre
crochets à la suite des titres principaux donnent la proportion des
phrasèmes qui comportent la dénomination d'une partie du corps pour
chaque grande partie. Les nombres entre parenthèses indiquent le nombre
de phrasèmes qui comportent la dénomination d'une partie du corps, suivi
du nombre total de phrasèmes relevés dans la sous-partie du dictionnaire.
A. Apparence de l'homme. [18 %] (5 / 27)
A.1 Vêtements
A.2. Apparence corporelle (4/12) (gut bei Leibe sein, nichts auf den
Rippen haben)
A.3 Age, expérience ou inexpérience en fonction de l'âge (1/ 10)
B. État de l'homme [37 % également répartis] (75/ 205)
B.1 État physique (17/ 44)
B.1.1 Santé, maladie (5/11) (wieder auf die Beine kommen)
B.1.2. Fatigue (3/4) (auf dem Zahnfleisch kriechen)
B.1.3 Sommeil, somnolence, insomnie (1/ 7) (sich aufs Ohr
legen)
B.1 4 Faim, repas (4 / 8) (sich den Bauch vollschlagen)
B.1.5 Soif, boisson (3/6) (sich die Kehle anfeuchten)
B.1.6 Ivresse
B.1.7 Meurtre, assassinat, suicide, trépas, mort (1/8)
B.2 Etat sentimental (46 / 117)
B.2.1 Peur, crainte (3/6) (kalte Füße bekommen)
B.2.2 Bonne humeur, rire, joie, bien-être, bonne ambiance
(2/9) (von einem Ohr zum anderen strahlen)
B.2.3 Tristesse, pleurs (3/6) (jm ist das Herz schwer)
B.2.4 Surprise (7/15) (fast auf den Rücken fallen)
B.2.5 Mauvaise humeur, colère, fureur (6/22) (jm stehen die
Haare zu Berge)
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Cahier du CIEL 1998-1999
B.2.6. Impatience, curiosité (4/11) (seine Nase in alle Töpfe
stecken)
B.2.7 Déception (2/5) (ein Gesicht machen wie drei Tage
Regenwetter)
B.2.8 Désir, concupiscence, exigence, convoitise (3/5) (jm
läuft das Wasser im Mund zusammen)
B.2.9 Sérénité , indifférence, indolence (2/11) (einen
breiten Rücken haben)
B.2.10 Indignation (3/9) (seinem Herzen Luft machen)
B.2.11 Souci, chagrin, souffrance (7/8) (etw auf dem Herzen
haben)
B.2.12 Ingratitude, satisfaction malsaine éprouvée devant le
malheur d'autrui (2/3) (sich die Hände reiben)
B.2.13 Joie exubérante, insouciance (2 /8)
B.3 Perception (5 / 12)
B.3.1 Voir ou ne pas voir qqch (3 /7) (jm nicht unter die
Augen treten dürfen)
B.3. 2. Entendre et comprendre (ou ne pas comprendre ) ce
qu'on entend (2 /5) (jm kommt etw zu Ohren)
B.4 Situation matérielle (4 / 19)
B.4.1. Aisance, richesse, luxe (1/5)
B.4.2. Paupérisation, endettement, pauvreté (3 /14) (bis an
den Hals in Schulden stecken)
B.5 État moral, considération sociale (3 / 13)
B.5.1. Réputation, considération, influence (3/6) (einen
langen Arm haben)
B.5.2. Malhonnêteté (= ce qui déshonore) (0 / 3)
B.5.3. Séduction, subornation, déchéance (0 / 4)
C. Qualités humaines [30 % inégalement répartis du maximum au
minimum] (70/ 234)
C.1 Fermeté / persévérance, esprit de suite (1/3) (nicht aus seiner
Haut können)
C.2 Honnêteté (2/5) (das Gesicht wahren)
C.3 Malhonnêteté, déloyauté (0/4)
C.4 Franchise, loyauté (8/13) (kein Blatt vor den Mund nehmen)
C.5 Maîtrise de soi, manque de contrôle (11/12) (kaltes Blut
bewahren)
C.6 Connaissances, subtilité, intelligence, actions intelligentes
(3/9) (etw aus dem Handgelenk schütteln)
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C. CORTÈS - Phraséologie et corps humain
C.7 Bêtise (1 / 11) (Stroh im Kopf haben)
C.8 Manque d'intelligence, étroitesse d'esprit (1 / 5) (ein Brett vor
dem Kopf haben)
C.9 Extravagance, folie (1/11)
C.10 Vaillance, courage, ténacité (4/5) (das Herz auf dem rechten
Fleck haben)
C.11 Optimisme, confiance, illusion
C.12 Pessimisme, tristesse (qui fait triste mine), insuccès
C.13 Bonté, caractère inoffensif, innocence, ingénuité (1/11)
C.14 Pitié, indulgence, irrésolution (4/5) (ein Auge zudrücken)
C.15 Opiniâtreté, entêtement, obstination (3/9) (mit dem Kopf
durch die Wand rennen)
C.16 Paresse, confort, inertie, négligence (6/11) (keinen Finger
krumm machen)
C.17 Zèle, application au travail et à l'étude (4/5) (mit offenen
Augen durch die Welt gehen)
C.18 Subtilité, rouerie (2/21)
C.19 Insouciance, irresponsabilité (2/16)
C.20 Égoïsme, économie (7 /11) (jn/ etw nicht aus den Fingern
lassen)
C.21 Impertinence, effronterie/ insolence (5/6) (nicht auf den
Mund gefallen sein)
C.22 Conscience (de ses devoirs), scrupules (3/11) (etw liegt jm
am Herzen)
C.23 Modestie, sens des réalités
C.24 Esprit de décision, énergie (1/8)
C.25 Manque de droiture (qui complique les choses, mesquin)
D. Disposition, rapport à son prochain, rapport à l'environnement [13%
inégalement répartis] (20 / 147)
D.1 Inclination, amour sympathie (3/9) (sein Herz an jn verlieren)
D.2 Reconnaissance, attention
D.3 Mépris, dédain (2/7)
D.4 Assistance, soutien, intercession (4/18) (jm etw in die Hände
spielen)
D.5 Aide et refus d'assistance (3/9 aide) (jm unter die Arme greifen)
D.6 Aversion, répugnance, haine (2/16) (jm ein Dorn im Auge sein)
D.7 Indulgence, tolérance
D.8 Solidarité, attachement, complicité (1/8)
D.9 Précaution, méfiance
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Cahier du CIEL 1998-1999
D.10 Supériorité, arrogance, pédanterie/ outrecuidance (1/20)
D.11 Accord : partager une opinion
D.12 Jalousie
D.13 Responsabilité, culpabilité (1/7)
D.14 Confiance (3/3) (seine Hand für jn/ etw ins Feuer legen)
E. Activités humaines [20% inégalement répartis du maximum au
minimum] (95 / 480)
E.1 Chercher, trouver (2/5) (sich die Beine nach etw ablaufen)
E.2 Parler, discourir (9/33) (jm über den Mund fahren)
E.3 Ne pas parler (7/10) (jn mundtot machen, etw auf der Zunge
haben)
E.4 Examiner, contrôler, maîtriser (2/7)
E.5 Juger, estimer, accord généralisation (1/18)
E.6 Acquiescer, donner son accord (1/4)
E.7 Convaincre, persuader (1/2)
E.8 Protester, contredire
E.9 Refus, dénégation (4/20) (jm den Rücken kehren)
E.10 Argumenter
E.11 Promettre (1/7)
E.12 Communiquer (2/7) (von Mund zu Mund gehen)
E.13 Expliquer, informer (1/20)
E.14 Reprocher, contester , critiquer (5/15) (kein gutes Haar an jm
lassen)
E.15 Tromper, abuser, induire en erreur (1/14)
E.16 Importuner (6/13) (jm auf die Nerven gehen)
E.17 Retarder, empêcher, contrecarrer (1/6)
E.18 Intimider, faire peur
E.19 Menacer, mettre en danger (1/9)
E.20 Mettre en doute, en question.
E.21 Exagérer, mettre en relief (1/7)
E.22 Excuser, réconcilier
E.23 Se vanter, fanfaronner, faire l'outrecuidant (1/5)
E.24 Être attentif, observer (5/8) (Augen und Ohren aufhalten)
E.25 Séparation : congédier, renvoyer (1/7)
E.26 Calomnier, diffamer
E.27 Combattre, intervenir énergiquement
E.28 Dire des platitudes, s'ingérer dans qqch
E.29 Prise de contact
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C. CORTÈS - Phraséologie et corps humain
E.30 Participation, activité, initiative (3/12) (bei etw die Finger im
Spiel haben)
E.31 Voler, dérober (2/4)
E.32 Attaquer (2/4)
E.33 Tenir en laisse, protéger (1/4)
E.34 Restructuration, modification positive ou négative
E.35 Vexer, offenser, comportement maladroit (5/13) (jm auf die
Zehen treten)
E.36 Louer, flatter (1/5)
E.37 Blâmer (2/25)
E.38 Punir (2/15)
E.39 Encouragement, exhortation, consolation (3/5)
E.40 Taquinerie, agacerie, mystification (1/8)
E.41 Renoncer, abandonner (1/19)
E.42 Perte, échec
E.43 Décision (4/12)
E.44 Effort, engagement (1/19)
E.45 Attention, soin (5/11) (etw wie seinen Augapfel hüten)
E.46 Urgence, précipitation (4/11) (Hals über Kopf)
E.47 Estimer, évaluer (4/6) (sich den Kopf zerbrechen)
E.48 Achèvement
E.49 Décevoir (1/1)
F. Évaluation d'une situation, d'un fait [11 %] (32 / 282)
F.1 Certitude, habitude, familiarité, routine (6/29) (festen Fuß
fassen)
F.2 Incertitude, manque d'assurance (1/23)
F.3 Exigences
F.4 Secret, énigme
F.5 Possible/ impossible (réalisable, non réalisable) (1/8)
F.6 Bonheur : satisfaction ou soulagement à la suite du succès
d'une affaire (1/11)
F.7 Danger, risque (3/26) (für etw seine Haut zu Markte tragen)
F.8 Succès (2/25) (die Oberhand haben)
F.9 Insuccès, échec, en être pour ses frais (1/22)
F.10 Gain
F.11 Perte, échec, déception (1/9)
F.12 Défaite, gagner de l'expérience à partir de ses erreurs (3/12)
(sich die Finger verbrennen)
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Cahier du CIEL 1998-1999
F.13 Erreur, faute
F.14 Soupçon
F.15 Difficultés (4/29) (sich die Zähne an etw ausbeißen)
F.16 Désavantage, dommage (2/10)
F.17 Provoquer de l'énervement, une tension (2/15)
F.18 Provoquer une sensation, réactions exagérées
F.19 Condition, être prêt à prendre des risques
F.20 Modification, transformation, perte de l'ordre établi
F.21 Excès jusqu'au dégoût (2/4)
F.22 Surprise
G. Environnement, Monde extérieur [7 %] (10 / 151)
G.1 Apprendre et travailler (avec ou sans succès) (0/12)
G.2 Le temps qu'il fait (0/14)
G.3 Relation temporelles (1/23)
G.4 Vitesse (1/9)
G.5 Relations spatiales (1/6) (Schulter an Schulter)
G.6 Mouvement (2/21)
G.7 relations quantitatives, ensembles (2/16) (über den Daumen
peilen / schätzen)
G.8 Mesure (0 / 22)
G.9 Valeur positive (1/9)
G.10 Valeur négative (0/12)
G.11 Valeur matérielle, prix (0/6)
G.12 Possession (0/1)
H. Phraséologismes liés à la situation de communication [2 %] (1 / 41)
H.1 Consolation - Apaisement- Rassérénement
H.2 Formules de souhait (1/1)
H.3 Impatience, colère, indignation, protestation
H.4 Refus, indifférence, résignation
H.5 Vantardise (de celui qui veut se faire bien voir)
H.6 Commentaire
H.7 Recherche du contact
H.8 Mise en doute ou assurance solennelle
H.9 Surprise
Un constat s'impose : la répartition des emplois des phrasèmes
comportant la désignation d'une partie du corps humain n'est pas vraiment
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C. CORTÈS - Phraséologie et corps humain
arbitraire. La plupart des phrasèmes sont verbaux et désignent une attitude
corporelle, un mouvement du corps.
La plupart d'entre eux servent à désigner un état, une qualité ou une
activité relevant de la sphère de l'humain. On observe un pic d'emploi en
B (État de l'homme) [37 % également répartis] et une répartition qui fait
la part belle à des attitudes corporelles à partir desquelles on peut inférer
des propriétés humaines : C (Qualités humaines) [30 % inégalement
répartis] et E (activités humaines) [20 % inégalement répartis], A
(apparence de l'homme) [18 % inégalement répartis], D (Disposition,
rapport à son prochain, rapport à l'environnement) [13 % inégalement
répartis]. Parmi ces exemples, on trouve majoritairement un rapport de
contiguïté entre l'allusion à une attitude corporelle, un mouvement du
corps et ce que l'expérience permet d'en inférer sur un autre plan que le
plan physique. Dans ce cas, la lexicalisation de ces expressions peut
s'interpréter comme un transfert métonymique : le signifié holistique du
phrasème et l'allusion au corps humain se situent dans un même domaine,
en relation "cotopique", selon la définition de M. Bonhomme (1987).
Il faut ajouter que, en C, D et E, il y a de grosses différences de
répartition : il semble que l'allemand évite de relier une attitude du corps
humain à des qualités trop négatives (folie, bêtise, manque de droiture,
méfiance, aversion, jalousie) ou à des activité dégradantes (mettre en
danger, échouer, renoncer, calomnier), comme si cette langue cherchait à
donner le plus possible une image valorisante du corps humain
(assistance, confiance, attention).
Plus on s'éloigne de la sphère de l'humain et moins la représentation
du corps est utilisée : F (Évaluation d'une situation, d'un fait) [11 %
inégalement répartis], G (Environnement, monde extérieur) [7 %
inégalement répartis] et H (Situation de communication) [2 %
inégalement répartis]. Dans ces domaines d'ailleurs, ce n'est plus le
mécanisme de la contiguïté qui est à l'oeuvre, mais c'est plutôt la
similarité avec changement de domaine d'expérience et les expressions
en question sont majoritairement des métaphores : le signifié holistique
du phrasème et l'allusion au corps humain se situent dans des domaines
différents, en relation "allotopique", selon la définition de M. Bonhomme
(1987).
Observons que les domaines de l'argumentation et de la
communication ne font pratiquement jamais appel à la représentation du
corps humain.
On peut conclure de ces quelques remarques que, en allemand, les
phrasèmes comportant la désignation d'une partie du corps humain
s'emploient de préférence dans la sphère de l'humain, mais qu'ils donnent
accès, grâce au figement, à des domaines connexes abstraits (propriétés,
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Cahier du CIEL 1998-1999
qualités, dispositions humaines), dont l'homme n'a qu'indirectement
l'expérience par un travail introspectif d'inférences et de déductions.
En outre, l'emploi des phrasèmes allemands comportant la
désignation d'une partie du corps humain permet de projeter une image
valorisante du corps, en rejetant, dans un mouvement conventionnel
socialisé les images dégradantes.
Au vu de ces résultats, on peut considérer que l'allemand met en
oeuvre au niveau des structures préconceptuelles ce que Lakoff et
Johnson (1980 / 1985) appellent une "gestalt expérencielle" . Rappelons
ici quelques unes de leurs positions :
- "Les gestalts expériencielles représentent des organisations
cohérentes de nos expériences en termes de dimensions naturelles
(parties, étapes, causes etc.). Les domaines d'expérience qui sont
organisés comme des gestalts nous semblent être des espèces
naturelles d'expérience".(Lakoff et Johnson (1980 / 1985) p 127) La
notion de gestalt est utilisée par Lakoff à deux niveaux de la
structure du modèle linguistique : au niveau fondamental de la
gestalt expériencielle qui permet de rendre compte des structures
préconceptuelles, mais aussi au niveau de la catégorisation des
unités linguistiques qui sont le reflet de ces "espèces naturelles
d'expérience" et dont les propriétés se structurent également sous
forme de gestalts.
- les relations à l'intérieur d'une gestalt ne se limitent pas à des
conditions nécessaires et suffisantes ; elles se fondent sur
l'expérience et sur la pertinence pour l'homme. Cela n'efface
nullement la diversité des langues, puisque l'expérience peut être
conventionnalisée différemment d'une culture à une autre. Mais dans
tous les cas, "nous concevons un objet en fonction d'une gestalt
multidimensionnelle constituée de propriétés perceptives, motrices,
intentionnelles, fonctionnelles". (Lakoff et Johnson (1980 / 1985) p
131).
- "Les propriétés interactionnelles sont au tout premier rang des
propriétés qui entrent dans la détermination des ressemblances de
famille. (...) Ainsi les propriétés interactionnelles pertinentes pour
notre compréhension des fauteuils comprendront des propriétés
perceptives (la façon dont ils se présentent, comme nous sommes
assis dedans, etc.), fonctionnelles (ils nous permettent de nous
asseoir), motrices ( ce que nous faisons de nos corps lorsque nous
nous asseyons, lorsque nous nous levons et pendant que nous
sommes assis) et intentionnelles (ils nous servent à nous reposer, à
manger, à écrire, etc.)" (Ibidem p 132-133.)
- Dans une gestalt structurée à l'aide de propriétés interactionnelles,
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C. CORTÈS - Phraséologie et corps humain
aucune propriété n'est nécessaire en soi, mais elle peut l'être par
rapport à des prototypes ou à des ressemblances de famille. En
fonction des propriétés interactantielles mises en oeuvre, on peut
observer des distances plus ou moins grandes entre les unités
linguistiques à l'intérieur d'un champ prototypique ou d'une famille.
(cf. Colette Cortès (1995) et (1996))
Avec les phrasèmes qui comportent la dénomination d'une partie du
corps, nous sommes au coeur de l'expérience humaine à la fois
médiatisée par le corps et donnant à voir le comportement humain
comme signe, comme symbole. Si près de la moitié des expressions
idiomatiques font intervenir le corps ou une partie du corps, leur
signification n'a pas pour but de décrire le corps, mais de décrire de
l'invisible, quelque chose que l'expérience permet de déduire d'un attitude
ou d'un comportement perçus habituellement comme associés à un état,
une action ou un activité humain(e)s, au point d'en devenir des
évocations prototypiques.
Toutefois, même si la valeur prototypique de ces expressions
corporelles joue, en tout état de cause, un rôle essentiel en ce qui
concerne leur interprétation par les locuteurs, il ne faut pas occulter le
fait que, lorsqu'elle sont adoptées par une communauté de locuteurs, elle
prennent une valeur sociale de stéréotype.
R. Amossy (1991) définit le stéréotype comme "le prêt à porter de
l'esprit. (...) En effet notre esprit est meublé de représentations collectives
à travers lesquelles nous appréhendons la réalité quotidienne et faisons
signifier le monde". (R. Amossy 1991 / 9)
"Le stéréotype présente une constante autour de laquelle gravitent
toutes les définitions. En effet, il est toujours présenté comme relevant du
préconçu et du préconstruit, lui-même enraciné dans le collectif (le
groupe, la société, la culture)".(R. Amossy 1991/ 30)
"En tant que représentation collective accréditée, le stéréotype
relève du fonds commun à partir duquel un groupe donné façonne sa
vision des choses et des événements. Il offre des schèmes grâce auxquels
la communauté peut appréhender le réel de façon uniforme et fonder en
vérité ses croyances. Le processus n'est pas en soi irrationnel. Toute
société a besoin de structures cognitives homogénéisantes. Elle les
élabore à la fois en fonction de ses besoins immédiats et en vue de faire
communier les esprits." (R. Amossy 1991/ 48).
C'est sans nul doute de ce besoin que relève la représentation
valorisée du corps que nous avons observée dans les relevés de Regina
Hessky et Stefan Ettinger (1997) : cela semble bien relever de l'image
stéréotypée qu'une société souhaite donner du corps de l'homme.
Les phrasèmes comportant une dénomination d'une partie du corps
97
Cahier du CIEL 1998-1999
humain contribuent certes à la conservation d'images communes à tous
les locuteurs. Mais dans la mesure où certaines images remontent à un
fonds très ancien, on peut se demander si ces phrasèmes ne font que
perpétuer des images ou s'ils permettent d'avoir accès à l'image
instantanée d'une société donnée. La réponse réside, me semble-t-il, dans
le foisonnement même de ces expressions préfabriquées qui offrent dans
chaque langue un répertoire très large dans lequel chaque locuteur puise
selon ses besoins. Et on voit, au fil du temps, certaines expressions
passées de mode, relayées par d'autres reprises ou nouvellement créées.
On peut donc penser qu'une étude strictement synchronique des
expressions employées par une communauté de locuteurs en un temps
relativement restreint peut nous donner un éclairage particulier sur leur
sociolecte.
D'où l'importance de l'étude non pas de tous les phrasèmes attestés,
mais de ceux qui sont effectivement employés et du type de texte qui les
porte. Autrement dit, une étude synchronique des phrasèmes d'une langue
dans un type de textes donné peut servir de fondement à une étude des
stéréotypes de la société qui les utilise.
C'est cette méthode qui va être utilisée dans ce qui suit, à savoir
l'analyse synchronique de phrasèmes français et allemands utilisés dans
des textes relativement homogènes : l'étude suivante sera contrôlée à
l'aide d'un corpus de phrasèmes relevés sur les CD-ROM de journaux
français (Le Monde) et allemand (Der Spiegel) de 1998 à 2000.
Nous proposerons un classement de phrasèmes français et allemands
comportant la dénomination d'une partie du corps humain en fonction
d'une propriété sémantique à laquelle ils sont tous sensibles : pour
l'ensemble des phrasèmes relevés chez Lafleur (1991) et Friederich
(1966), nous nous demanderons si la partie du corps dénommée renvoie
au corps du sujet de l'énoncé dont le phrasème constitue le prédicat, au
corps d'un autre individu interagissant avec le sujet ou aux deux. Les
expressions qui présentent les deux corps comme en interaction
retiendront toute notre attention dans la perspective comparative
allemand-français que nous avons choisie.
Le rapport au corps peut donc bien servir de point de départ à la
classification. Il convient toutefois de ne pas en rester à une liste
alphabétique des parties du corps, comme cela est fait chez Lafleur
(1991) et Friederich (1966), mais de partir à la recherche de traits
pertinents sémantiques communs qui nous conduisent au coeur de la
fonction stéréotypique des phrasèmes.
2.
98
ÉT U D E
COMPARATIVE
DE
LA
C. CORTÈS - Phraséologie et corps humain
REPRÉSENTATION
DE
L ' INTERACTION
CORPORELLE
DANS
LES
PHRASÈMES
FRANÇAIS ET ALLEMANDS
L'étude comparative de la représentation de l'interaction corporelle
dans les phrasèmes français et allemands sera faite dans une perspective
onomasiologique telle qu'elle est préconisée par M. Martins-Baltar et G.
Calbris (1997), mais dans un but un peu différent puisque nous nous
mettons en quête de stéréotypes.
La méthode utilisée s'apparente à une méthode actancielle, mais
elle est "impure" dans la mesure où elle relève à la fois de l'expression
figée et de son analyse défigée: elle joue à la fois sur la syntaxe des
phrasèmes verbaux et sur les rôles sémantiques au niveau de la
représentation du corps. C'est en effet ce croisement même, cette
"impureté" de la classification qui garantit le fait que notre analyse porte
bien sur le phrasème en tant qu'objet linguistique et non sur une
description "objective" de la partie du corps elle même. Nous classerons
les exemples en fonction de l'attribution par le phrasème de la partie du
corps au sujet syntaxique (colonne 2), au corps d'un autre coagissant (qui
peut être objet direct ou indirect du phrasème verbal ou objet du nom
prédicatif désignant la partie du corps) (colonne 3) ou aux deux dans
l'interaction des deux corps (colonne 4).
Prenons un exemple pour montrer que les expressions se répartissent
très facilement selon ce classement :
- la partie du corps dénommée dans le phrasème appartient au corps
du sujet syntaxique du phrasème verbal [+ humain] : avoir perdu la
tête, en faire à sa tête, se mettre en tête de faire qqch
- la partie du corps dénommée dans le phrasème n'appartient pas au
corps du sujet syntaxique du phrasème verbal mais au corps du coagissant qui peut être objet direct, indirect ou complément de nom
[+ humain]: avoir la tête de qqn, monter la tête à qqn, tourner la tête à
qqn
- deux corps sont vus dans leur interaction, corps du sujet et corps du
co-agissant, tous deux [+ humain]: être en tête à tête.
Dans le dernier cas, le phrasème a toujours une valeur réciproque
qui peut être verbalisée par : l'un avec l'autre, les uns avec les autres... Le
sujet se caractérise par sa pluralité intrinsèque. La pluralité du sujet se
réalise de deux façons :
- [Sujet [+ humain]] + lexie verbale + avec + [co-agissant [+ humain]]
: Pierre est en tête à tête avec Marie.
- [Sujet Pluriel [+ humain]] qui se compose sémantiquement d'un
99
Cahier du CIEL 1998-1999
agissant et d'un co-agissant : Pierre et Marie sont en tête à tête. Les
deux jeunes gens sont en tête à tête (l'un avec l'autre).
L'indication [Pluriel Réciproque] dans la colonne 4 doit être lue
comme la structure sous-jacente à ces deux réalisations.
Le tableau 1 présente l'ensemble des exemples relevés pour le
français, mais il ne prétend nullement à l'exhaustivité.
partie
corps du sujet
du corps [Sujet [+ humain]]
tête
coeur
main
face
oeil
nez
oreille
100
corps du co-agissant interaction des corps du
[Sujet [+ humain]]
sujet et du co-agissant
[Objet [+ humain]]
[Sujet [+ humain]]
[Objet [+ humain]]
OU
[Sujet Pluriel [+ humain]]
avoir perdu la tête
avoir la tête de qqn [Sujet Pluriel (être)] en
en faire à sa tête
monter la tête à qqn tête à tête
se mettre en tête de tourner la tête à qqn (voir corps à corps)
faire qqch
avoir du coeur à
si le coeur vous en
coeur à coeur : non cité
l'ouvrage
dit
dans Lafleur, mais voir
parler à coeur
LM (4)
ouvert
avoir à portée de la être entre bonnes
de la main à la main
main
mains
[Pluriel Réciproque] en
avoir sous la main
forcer la main à qqn venir aux mains
donner un coup de
[Pluriel Réciproque]
main
marcher la main dans la
reprendre qqn/ch en
main
mains
faire face
jeter à la face de
[Pluriel Réciproque]
sauver la face
qqn
être face à face
n'avoir d'yeux que
pour les beaux yeux [Pluriel Réciproque]
pour qqn
de qqn
(se) dire qqch entre
ne pas en croire ses jeter de la poudre
quatre-z-yeux
yeux
aux yeux à qqn
avoir du nez
faire qqch au nez
nez à nez
avoir qqn dans le
(et à la barbe) de
[Pluriel Réciproque] se
nez
qqn
bouffer le nez
à vue de nez
passer sous le nez à
qqn
rire au nez à qqn
dresser / prêter
avoir l'oreille de
de bouche à oreille
l'oreille
qqn
faire la sourde
corner aux oreilles
oreille
de qqn
se faire tirer
l'oreille
C. CORTÈS - Phraséologie et corps humain
pied
au pied levé
perdre pied
ne pas mettre les
pieds qqpart
dos
avoir bon dos
en avoir plein le
dos
tourner le dos à qqn
bras
avoir qqn/ch sur les
bras
les bras m'en
tombent
rire dans sa barbe
barbe/
cheveux
doigt
mettre le doigt sur
qqch
s'en mordre les
doigts
peau
risquer sa peau,
sauver sa peau,
avoir qqn dans la
peau, y laisser la
peau
langue
avoir la langue bien
pendue
ne pas avoir sa
langue dans la
poche
donner sa langue au
chat
jambe
ça me fait une
belle jambe
avoir les jambes
coupées
dent
bouche
avoir les dents
longues se casser
les dents sur
être sur le dents
faire la fine bouche
coude
jouer des coudes
lécher les pieds à
qqn
marcher sur les
pieds de qqn
être sur le dos de
qqn
faire qqch dans le
dos de qqn
se mettre qqn à dos
manquer de bras
être le bras droit de
qqn
faire qqch à la
barbe de qqn
obéir au doigt et à
l'oeil
[Pluriel Réciproque] se
faire un appel du pied
non cité dans Lafleur
mais voir LM (5)
[Pluriel Réciproque] être
sur un pied d'intimité avec
[Sujet Pluriel (être)] dos à
dos
[Sujet Pluriel (être)] bras
dessus, bras dessous
[Pluriel Réciproque] se
crêper le chignon
[Pluriel Réciproque] être
comme les deux doigts de
la main
je ne voudrais pas
être dans sa peau,
se mettre dans la
peau de qqn
les mauvaises
langues
[Pluriel Réciproque]
prendre langue
non cité dans Lafleur
mais voir LM (6)
tenir la jambe à qqn
tirer dans les
jambes à qqn
faire un croc en
jambe à qqn
faire grincer des
dents
[Pluriel Réciproque]
se tenir la jambe
se tirer dans les jambes
se faire un croc en jambe
dent pour dent
[Pluriel Réciproque] être à
bouche que veux-tu
de bouche à oreille
[Pluriel Réciproque] être
au coude à coude
[Pluriel Réciproque] se
serrer les coudes
101
Cahier du CIEL 1998-1999
talons
avoir l'estomac
dans les talons
avoir toujours qqn
sur ses talons
avoir les nerfs en
boule
avoir les reins
solides
avoir cela dans le
sang
se faire du mauvais
sang
se ronger les sangs
nerf
reins
sang
être sur les talons
de qqn
pas de symétrie possible
taper sur les nerfs à
qqn
casser les reins à
qqn
[Pluriel Réciproque]
se taper sur les nerfs
pas de symétrie possible
pas de symétrie possible
Les exemples suivants tirés du Journal Le Monde attestent de
l'utilisation en français moderne de certaines expressions citées dans le
tableau 1. Il ne s'agit que d'un court échantillon d'un travail fait à
beaucoup plus grande échelle.
(4) C'est un tombeau, bien sûr, ce recueil qui rassemble poèmes en prose
et en vers, trois élégies et une magnifique " Litanie de toi ". C'est un
livre de neige, mais jamais de grisaille, un souvenir d' " altitude,
poésie, insouciance, goût du risque, étreinte à se briser les os, coeur à
coeur ". Le Monde 4 décembre 1998, page 30.
(5) Le président de la SNCF et le ministre des transports, Jean-Claude
Gayssot, se sont fait un appel du pied concernant les aides publiques
dont l'entreprise pourrait bénéficier afin de mettre en place la réduction
du temps de travail. Le Monde 26 novembre 1998, page 20.
(6) L'arrivée de Rupert Murdoch dans l'audiovisuel italien ressemble à un
feuilleton de l'été. Après avoir négocié un temps, mais sans succès,
avec Silvio Berlusconi pour prendre la majorité de Mediaset, le
magnat australo-américain aurait désormais pris langue avec Telecom
Italia, opérateur transalpin du téléphone. Le Monde 22 septembre 1998,
page 27.
La tableau 2 présente l'ensemble des exemples relevés pour
l'allemand, mais il ne prétend pas davantage que le tableau 1 à
l'exhaustivité.
partie du
corps
102
corps du sujet
corps du co-agissant
les deux : corps
du sujet et celui
de l'interactant/
communication
C. CORTÈS - Phraséologie et corps humain
Kopf
Herz
Hand
Angesicht
Auge
Nase
Ohr
seinen Kopf aufs Spiel
setzen
Hals über Kopf
sich kopfüber in etw
stürzen
den Kopf verlieren
den Kopf über Wasser
halten
das liegt mir am Herzen
jn an sein Herz drücken
das Herz auf der Zunge
haben
er hat das Herz auf dem
rechten Fleck
mir fällt ein Stein vom
Herzen
die Hand im Spiele haben
die Hände nach etw
ausstrecken
sich für jn die Hand
abhacken lassen
mit leeren Händen
dastehen
im Schweiße meines
Angesichtes
ganz Auge und Ohr sein
aus den Augen aus dem
Sinn
vorn und hinten Augen
haben
etw im Auge behalten
jm schöne Augen machen
Die Nase hoch tragen
die Nase rümpfen
die Nase voll haben
seine Nase in die
Angelegenheiten eines
andern stecken
nicht weiter als seine
Nasenspitze sehen
die Ohren spitzen
ein offenes, williges Ohr
leihen
taube Ohren haben
auf diesem Ohr nicht
hören wollen
was ist ihm in den
Kopf gefahren?
jm den Kopf vedrehen
[Pluriel
Réciproque] Kopf
an Kopf (rennen
(coude à coude))
(7)
alle Herzen gewinnen
alle(r) Herzen für sich
einnehmen
das ist ihm ein Stich
ins Herz
jn ins Herz treffen
jm ins Herz blicken
[Pluriel
Réciproque] ein
Herz und eine
Seele sein
zwei Herzen und
ein Schlag
jm freie Hand lassen
an js Hand
jm etw an die Hand
geben
jm etw aus der Hand
nehmen
in fester Hand sein
der Gefahr, dem Tode
ins Angesicht sehen
jm die Augen öffnen
unter js Augen
aufwachsen
jeden Wunsch von
den Augen ablesen
[Pluriel
Réciproque] Hand
in Hand arbeiten
Hand in Hand
gehen
von Angesicht zu
Angesicht (8)
[Pluriel
Réciproque] unter
vier Augen (en
tête à tête) (9)
sich Auge in
Auge
gegenüberstehen
jn an der Nase
herumführen
jm auf der Nase
herumtanzen
jm eins auf die Nase
geben
jm die Ohren
vollschreien
jm etw zu Ohren
bringen
jm klingen die Ohren
js Ohr haben
103
Cahier du CIEL 1998-1999
Fuß
keinen Fuß über js
Schwelle setzen
das Recht mit Füßen
treten
auf dem Fuße folgen
jm über die Füße
laufen
jm etw zu Füßen
legen
Rücken
sich den Rücken decken
einen breiten Rücken
haben
Arm
jn in die Arme schließen
jn mit offenen Armen
empfangen
jm den Rücken
stärken
jm in den Rücken
fallen
jn am Arm packen
jn dem Gegner in die
Arme treiben
jm in den Arm fallen
jn unter die Arme
greifen
auf js Schultern
liegen, lasten
Schulter
Haar
Finger
Haut
Zunge
Bein
104
jm die kalte Schulter
zeigen
etw auf seine Schultern
nehmen
etw auf die leichte
Schulter nehmen
sich die Haare raufen
keinen Finger krumm
machen
etw an den (fünf) Fingern
abzählen
mit Haut und Haar
sich auf die faule Haut
legen
seine Haut zu Markte
tragen
jm mit Haut und Haar
verfallen sein
eine scharfe/ spitze
Zunge haben
sich auf die Zunge beißen
seine Zunge im Zaum
halten
den ganzen Tag auf den
Beinen sein
sich kein Bein ausreißen
mit beiden Beinen im
Leben stehen
[Pluriel
Réciproque] (mit
jm) auf
gespanntem Fuß /
freundschaftliche
m Fuß stehen
[Pluriel
Réciproque]
Rücken an
Rücken
[Pluriel
Réciproque]
Arm in Arm
Schulter an
Schulter
auf js Schultern
stehen
kein gutes Haar an jm
lassen
jm stehen die Haare
zu Berge
laß die Finger davon
jm auf die Finger
sehen
ich möchte nicht in
seiner Haut stecken
jm die Haut gerben
Böse Zungen
behaupten daß
jm die Zunge lösen
etw auf die Beine
bringen
jn wieder auf die
Beine bringen
jm wieder auf die
Beine helfen
[Pluriel
Réciproque]
sich in die Haare
geraten
sich in den
Haaren liegen
C. CORTÈS - Phraséologie et corps humain
Zahn
sich die Zähne an etw
ausbeißen
Haare auf den Zähnen
haben
das reicht für einen
hohlen Zahn
die Zähne nicht
auseinanderkriegen
nicht auf den Mund
gefallen sein
von der Hand in den
Mund leben
Mund
Ellbogen
sich mit den Ellbogen
einen Weg bahnen
Ellbogenfreiheit haben
Nerv(en)
den Nerv haben
schwache,
überempfindliche, starke
Nerven haben
mit den Nerven am Ende
sein.
das geht mir an die
Nieren
das steckt mir im blut
Musik im Blut haben
das Blut stockte ihm in
den Adern
jn (dicht) auf den Fersen
haben
Niere(n)
Blut
Ferse(n)
jm den Zahn ziehen
jm auf den Zahn
fühlen
jm den Mund
verbieten
jm den Mund stopfen
jm die Bissen im
Munde zählen
in aller Munde sein
wie aus einem
Munde reden (10)
[Pluriel
Réciproque] sich
mit dem Ellbogen
anstoßen
der hat Nerven
einem auf die Nerven
gehen
jm die Nerven
zerfetzen
auf Herz und Nieren
prüfen
jn bis aufs Blut
peinigen
das Blut erstarren
lassen
jm (dicht) auf den
Fersen sein
sich an js Fersen
heften
Les exemples suivants tirés du journal Der Spiegel attestent de
l'utilisation en allemand moderne de certaines expressions citées dans le
tableau 2. Il ne s'agit que d'un court échantillon d'un travail fait à
beaucoup plus grande échelle.
(7) Ein Stimmungswandel ausgerechnet zur Bundestagswahl könnte
angesichts des zu erwartenden Kopf-an-Kopf-Rennens zwischen
Koalition und Opposition für Kohl verheerend sein: Weit über eine
Million Rußlanddeutsche sind wahlberechtigt, 500 000 geben erstmals
ihre Stimme ab. Spiegel 98 8 66-67
(8) „Mein Gott, wir haben die ,Titanic‘ gefunden“, hatte derselbe Ballard
kurz nach Mitternacht des 1. September 1985 ausgerufen. Auf den
Bildschirmen in der Beobachtungszentrale an Bord des
Forschungsschiffes „Knorr“ erschien, 560 Kilometer vor Neufundland,
105
Cahier du CIEL 1998-1999
der Hauptkessel mit den Feuertüren. Es war, schrieb Ballard
später, wie „das Wiedersehen mit einer alten Geliebten“, mit der er
viele Jahre korrespondiert hatte und der er schließlich „ von
Angesicht zu Angesicht “ begegnete. Spiegel 1998 4 / 176
(9) Thyssen-Aufsichtsratschef Heinz Kriwet wollte kein Risiko mehr
eingehen. Die beiden Personalien schienen ihm so heikel, daß er
darüber mit einigen einflußreichen Ratskollegen nur unter vier Augen
sprach. Spiegel 98 3 / 82
(10) Die erste große Leistung der drei Schauspielerinnen: wie
h i n g e b u n g s v o l l s i e d i e „ Ä h n l i c h e n “ g e b e n u n d auf
Individualität verzichten, von nahezu identischem Outfit. Sie reden und
quasseln wie aus einem Munde durcheinander, gegeneinander
und miteinander. Spiegel 98 24 / 226
La comparaison des tableaux 1 pour le français et 2 pour l'allemand
est tout à fait éclairante : si les colonnes 2 et 3 sont à peu près également
remplies dans les deux langues, la colonne 4 en revanche est presque
vide pour l'allemand alors qu'elle est fort honorablement remplie pour le
français. Les deux langues semblent donc différer nettement en ce qui
concerne la représentation de l'interaction corporelle, très présente dans
les phrasèmes français et quasiment absente dans les phrasèmes
allemands.
Dans une perspective strictement synchronique, contrôlée par les
relevés dans des journaux récents, on peut admettre que ce résultat nous
renseigne sur des images stéréotypées contrastées en français et en
allemand.
Ce premier sentiment est confirmé par d'autres observations tant
sociologiques que phraséologiques.
Sur la plan sociologique, il suffit de vivre quelques temps en
Allemagne lorsqu'on est français ou en France lorsqu'on est allemand pour
se rendre compte que les salutations sont très différentes dans les deux
pays et que l'Allemagne n'est pas le pays des effusions et des
embrassades dans la vie quotidienne.
Certains termes comme "Tête-à-tête" sont des emprunts en
allemand. Il n'y a pas non plus d'équivalent direct pour "corps-à-corps",
qui se traduit par "Nahkampf (Mann gegen Mann)".
En revanche l'allemand a plus d'expressions que le français pour
marquer la distanciation vis à vis du corps de l'autre : jn vom Leibe halten,
sich auf Armeslänge fernhalten.
A côté de cela, l'allemand présente plus d'expressions que le
français pour la fusion intellectuelle et sentimentale : "ein Herz und eine
Seele sein, zwei Herzen und ein Schlag, wie aus einem Munde reden".
106
C. CORTÈS - Phraséologie et corps humain
C ONCLUSION GÉNÉRALE
Le corps humain impliqué dans un échange linguistique est
transparent à la communication, sauf lorsqu'il sert de repère dans la
relation autodeictique ou lorsqu'il se met en scène dans les phrasèmes. Le
corps se présente alors comme opaque en tant que vecteur de la
communication, en vue d'une construction directe de repères déictiques
(dans son emploi verbalisé ou dans le geste co-verbal par exemple) ou en
vue de la construction d'un sens dérivé selon des procédures cotopiques
ou allotopiques dans les phrasèmes.
Notre courte étude a donné au moins deux résultats :
- dans les phrasèmes allemands, l'image du corps humain est un
vecteur d'abstraction, mais à propos de domaines relativement
connexes au corps humain : abstraction des sentiments, des qualités
humaines, des activités humaines. En outre, le corps est montré bien
davantage dans des conditions qui le valorisent que dans des
conditions dévalorisantes (moins de 5 exemples).
- dans une perspective comparatiste s'appuyant sur une analyse
actancielle hybride, on a pu montrer que l'interaction corporelle est
beaucoup moins représentée en allemand qu'en français.
Ces observations auraient besoin d'être étayées par des études
sociologiques et psychologiques précises. Mais faites avec les précautions
que nous avons indiquées : homogénéité dans le temps et dans le type de
texte étudié, elles peuvent être une indication sur les expressions
préfabriquées qu'une société privilégie à un moment donné.
Le grand nombre des phrasèmes disponibles dans un langue est en
soi un élément pertinent car il garantit l'adaptabilité du matériau
phraséologique aux exigences d'une société toujours en mouvement.
Seule une étude homogène dans le temps et dans le type de discours
analysés permet d'accéder à un inventaire homogène des phrasèmes
effectivement employés en un temps t. De nombreuses études allant dans
ce sens sont consacrées aux phrasèmes dans le domaine économique (C.
Delplanque 1996), dans le domaine juridique , et même dans le domaine
littéraire (Christine Palm (1996), Alain Christophe (1997)). On peut
considérer qu'un inventaire de phrasèmes qui suspend momentanément le
temps et la variété des idiolectes donne accès à une image instantanée
de la représentation stéréotypée qu'une société véhicule en un temps t de
son histoire à travers ses expressions préfabriquées, et ce faisant, il
permet de préciser dans quel sens se fait l'effort d'homogénéisation généré
par la société dont il est le reflet.
107
Cahier du CIEL 1998-1999
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