musique de film

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Interview
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Interview
Musique de film
texte - Philothée Buttol
Nom : Van Parys
Prénom : Bram
Profession : Auteur-compositeur
Après avoir collaboré avec An Pierlé pour « Eldorado », Bouli Lanners a fait
appel pour son dernier film, « Les Géants », à une autre figure de la scène musicale gantoise : Bram Van Parys, du groupe folk The Bony King of Nowhere.
« Comment avez vous rencontré Bouli Lanners ? » - « Bouli et moi, nous
avons un ami en commun, prénommé « Sourire ». C’est lui qui s’occupe de
mes concerts en Wallonie. Sourire lui avait donné un exemplaire de mon premier album, qui lui avait beaucoup plu. Il a donc eu envie de collaborer avec
moi pour la bande originale de son dernier film. »
« Qu’est-ce qui vous a donné envie de participer au film? » - « Au début,
je n’ étais pas sûr de vouloir le faire. J’avais vu quelques images, j’avais lu le
script. Mais c’est vraiment quand il m’a invité sur le tournage que je me suis
complètement engagé dans le projet. »
« Vous aviez déjà vu des films de Bouli Lanners ? » - « Il m’avait donné un
dvd d’ " Eldorado ", que j’ai beaucoup aimé. »
« Pouvez-vous nous expliquer comment vous avez travaillé, concrètement
? » - « Bouli m’a invité sur le tournage du film. J’ai passé une semaine là-bas.
J’avais deux micros, ma guitare et j’ai tout enregistré dans ma chambre
d’hôtel. Chaque jour, je venais sur le plateau et je faisais écouter à Bouli ce
que j’avais composé. Tout s’est donc créé au fur et à mesure, en même
temps que le film se construisait. La musique apportait de nouvelles inspirations à l’image. Bouli ne m’a jamais donné de directives, il ne m’a jamais
demandé de changer quelque chose. J’avais simplement écrit une chanson
(« Across the Universe ») avant le tournage et Bouli m’a dit que l’ambiance
correspondait bien à ce qu’il avait en tête. Mais par la suite, plus rien.
J’avais carte blanche. C’était vraiment intéressant parce que d’habitude,
on fait appel aux musiciens après le tournage. On m’a dit que ça arrive très
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rarement, ce que j’ai pu faire sur ce film. Ici, il n’y a pas de distance entre
les morceaux et le film. »
« Par rapport à la manière dont vous composez vos morceaux habituellement, est-ce que vous avez envisagé l’écriture d’une autre manière pour
cette bande originale ? » - « Non. J’écris toujours sur ce que je vis sur le
moment. Là, j’ai participé au tournage et j’ai écrit sur ce qui me touchait, sur
l’expérience que je vivais là-bas. »
« Qu’est-ce qui vous a le plus inspiré, l’ambiance de pleine nature ou plutôt
l’histoire des adolescents ? » - « J’ai été influencé par les images, la nature,
l’environnement dans lequel nous étions. »
« Vous n’avez pas eu envie d’aller composer un morceau dans la cabane
que l’on voit dans une séquence du film, au bord de l’eau. Profiter de cet
endroit isolé, au bord de l’eau ? » - « Je n’en ai pas eu l’occasion, ils étaient
en train de la déconstruire. Dommage... »
« Vous êtes donc revenu du tournage avec des maquettes de morceaux.
Comment cela s’est-il passé ensuite ? » - « J’avais prévu de tout ré-enregistrer chez moi, avec d’autres micros. J’ai fait quatre versions pour chaque
chansons et je les ai envoyées à Bouli. Mais à chaque fois, celle qui lui plaisait, celle qu’il choisissait, c’était la version démo. L’arrangement est plus
bric-à-brac, mais totalement imprégné de l’ambiance du film. »
« Quand vous avez vu l’ensemble, la musique et les images ? En salle de
montage ou en projection ? » - « J’ai vu le film, à sa présentation à Cannes.
C’était un moment fort. Le public l’a super bien accueilli, la salle a applaudi
pendant quinze minutes. C’était vraiment émouvant. »
« Qu’est-ce que vous avez ressenti pendant la vision? C’est différent de
ce que vous vivez habituellement, pendant un concert. Ici, vous devenez
spectateur du film et donc de votre musique, aussi. ça vous a fait quoi,
comme impression ? » - « C’était très bizarre. A chaque fois que la musique
démarrait dans le film, je me sentais visé. J’étais là dans cette salle, avec
tous ces gens que je ne connaissais pas, et j’avais l’impression que tout le
monde était en train de me regarder. »
« Est-ce que cette association musique et images vous a donné des envies pour
votre projet The Bony King of Nowhere. Des idées de visuels, de projections
pour vos futurs concerts ? » - « Non, pas du tout. Je fais bientôt un concert à
l’Ancienne Belgique et je vais jouer quelques morceaux du film « Les Géants ».
Bouli m’avait proposé de projeter quelques images du film, mais j’ai refusé. Et de
manière générale, non. Ça ne me donne pas d’envie pour un futur album. »
« Après cette expérience, vous auriez envie de continuer à collaborer au
monde du cinéma? D’écrire d’autres bandes originales ? » - « Non pas vraiment. Cette expérience était très intéressante, mais c’est surtout grâce à
ma rencontre avec Bouli Lanners. Je pense qu’on a eu une réelle connexion,
naturelle. On était vraiment sur la même longueur d’ondes. C’est assez rare
et c’est ça qui en a fait une collaboration enrichissante, selon moi. La rencontre humaine avant le projet en lui-même. On est tous les deux de grands
enfants, et je me retrouvais totalement dans sa vision de l’adolescence.
« Peut être une autre bande originale pour Bouli Lanners, alors ? » « Oui... Peut être. Si le film me plaît. »
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