Christiane Ziegler
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Christiane Ziegler
MUSEE DU LOUVRE DEPARTEMENT DES ANTIQUITES EGYPTIENNES CAMPAGNE DE FOUILLES ARCHEOLOGIQUES A SAQQARA, AU NORD DE LA CHAUSSEE D'OUNAS, SECTEUR DU MASTABA D'AKHETHETEP (LOUVRE). MISSION DU 18/10/2000 AU 19/11/2000. Chef de la mission : Christiane ZIEGLER, conservateur général, chargée du département des antiquités égyptiennes du musée du Louvre, professeur à l’Ecole du Louvre. Assistée de : Jean-Pierre ADAM, architecte, responsable du bureau de Paris de l'institut de recherche sur l'architecture antique (C.N.R.S.). Guillemette ANDREU-LANOË, égyptologue-archéologue, ancien membre de l'IFAO du Caire, conservateur du patrimoine. Membres de la mission : Catherine BRIDONNEAU, chargée d'études documentaires au D.A.E. Laurence COTELLE-MICHEL, dessinatrice-égyptologue, vacataire au musée du Louvre. Christian DECAMPS, photographe, Direction de l’Archéologie et du Patrimoine, sousdirection de l'Inventaire général des monuments et richesses artistiques de la France. Marc ETIENNE, conservateur au D.A.E., professeur à l'Ecole du Louvre. Francis JANOT, ancien membre de l'IFAO du Caire, médecin spécialiste des momies. Guy LECUYOT, ingénieur de recherche au C.N.R.S., archéologue-céramologue. Marie-Françoise de ROZIERES, restauratrice au D.A.E. 1 et nos collègues égyptiens : M. Salah EL ASSY et M. Mohammed HINDAWY, inspecteurs du Conseil suprême des Antiquités d'Egypte. L'équipe d'ouvriers (entre 60 et 80) était dirigée par le contremaître (reïs) RAFAAT. La mission a bénéficié de l’aide bienveillante et de la collaboration de Messieurs Adel HUSSEIN, directeur du site de Saqqara, et du Dr. Zahi HAWASS, directeur des zones archéologiques de Giza-Saqqara. L’IFAO, en la personne de son directeur, le Prof. B. MATHIEU, et de son personnel administratif et technique, nous a, cette année encore, apporté une aide et un soutien infiniment précieux. Cette dixième mission archéologique menée par le musée du Louvre à Saqqara a poursuivi ses recherches dans le secteur du mastaba d'Akhethetep et a obtenu des résultats très satisfaisants et prometteurs. Tous les objectifs que nous nous étions fixés à la fin de la saison 99 ont été atteints. Comme chaque année, la mission s’est déroulée pendant quatre semaines, à l’automne, et s’est concentrée sur un secteur de fouille dont la superficie couvre environ 8000 m2 et est caractérisée par une succession de couches archéologiques, dont la coupe stratigraphique est lisible sur près de dix mètres de haut1. 1 Bibliographie et filmographie récentes : - Christiane Ziegler, Jean-Pierre Adam, Guillemette Andreu, Catherine Bridonneau, Marc Etienne, Guy Lecuyot, Marie-Françoise de Rozières " La mission archéologique du musée du Louvre à Saqqara, Résultats de quatre campagnes de fouilles de 1993 à 1996 " dans Bulletin de l'Institut français d'archéologie orientale du Caire, n°97, 1997, p. 269 à 292. - Christiane Ziegler, " Les statues d'Akhethetep, propriétaire de la chapelle du Louvre" dans Revue d'Egyptologie n° 48, 1997, p. 227-245. - Guillemette Andreu et Christiane Ziegler, "Cinq campagnes de fouilles à Saqqara (1993-1997) " dans Bulletin de la Société française d'Egyptologie, n° 139, juin 1997, p. 5-17. - Christiane Ziegler : " La mission archéologique du Louvre à Saqqara. Dernières découvertes" dans Comptes-rendus de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1997, p. 169 à 177. - " Une saison à Saqqara ", documentaire réalisé par A. Andreu sur la mission pour La Cinquième et diffusé le 5 décembre 1998. - Guy Lecuyot : " La céramique provenant du secteur du mastaba d'Akhethetep à Saqqara. Observations préliminaires ", Cahiers de la céramique égyptienne, n° 6, 2000, p. 235-260. - Christiane Ziegler, « La mission archéologique du musée du Louvre à Saqqara », Bulletin du Centre français de culture et de coopération, Ambassade de France au Caire (édition bilingue français-arabe), automne 2000, p. 41-47. 2 La campagne de 1996 avait abouti à des résultats spectaculaires, dont le plus important est l’identification absolue de l’emplacement de la chapelle du Louvre, qui s’inscrit dans un vaste complexe architectural dont l’ampleur et les imbrications dans cette zone jusque là inconnue du cimetière Ancien Empire font l’objet de nos recherches actuelles. Trois statues d'Akhethetep, propriétaire de la chapelle du Louvre, sculptées dans un beau calcaire polychrome, ont été découvertes au cours des saisons 1996 et 1997, complétant ainsi le portrait physique et social du personnage. En 1997 et 1998, les travaux s'étaient étendus vers le nord (découverte d'une fausse-porte finement sculptée, nommant un autre Akhethetep), et vers le sud : découverte de la paroi gauche du corridor du mastaba E 17, (petit mastaba accolé à celui d’Akhethetep le long de son mur sud extérieur) et restauration de cet élément à sa place d'origine. En 1999, nos efforts ont porté sur l’étude structurelle du mastaba d’Akhethetep et sur la mise au jour des limites de cette immense construction, dont seul l’angle sud-est était connu. L’angle sud-ouest a été dégagé grâce au démontage des structures coptes et l’angle nord-est a été mis au jour après un dégagement à grande échelle des couches de sable et des niveaux d’inhumations tardifs. On sait donc aujourd’hui que la chapelle du Louvre s’inscrivait dans un monument rectangulaire de 32 m (façade est et ouest) sur 16 m (côtés nord et sud), dont la façade antérieure, à l’Est, est conservée sur une hauteur de 4,50 m. La dernière semaine de la fouille 99 avait été consacrée à l’exploration du puits et du caveau du mastaba, mais nous n’avions pu finir, faute de temps et de moyens techniques. Cette année 2000, notre fouille a concerné trois secteurs : le secteur nord-est et deux secteurs qui appartiennent au niveau Ancien Empire : le mastaba d’Akhethetep et le mastaba E 17. De plus, un sondage portant sur un dépôt de rejets d’embaumement a été effectué dans le secteur sud-ouest. Par ailleurs, le Conseil suprême des Antiquités nous a autorisé à construire une réserve en contrebas du site, destinée à entreposer notre matériel de fouilles (tentes, pioches, outils, bois, paniers, matériel d’éclairage photographique, pharmacie, papeterie etc.). Cette pièce nous a permis de dégager et de réaménager la réserve - - Christiane Ziegler, « Des limiers sur la piste d’Akhethetep », Historia n° 69, janvier-février 2001, p. 40-43. 3 d’antiquités du site, qui, dorénavant, ne contient plus que des objets de fouilles, que nous avons dépoussiérés et rangés. SECTEUR NORD-EST : LE NIVEAU DES INHUMATIONS PRE-PTOLEMAÏQUES : Souhaitant étendre notre fouille pour mieux comprendre les connections entre le grand mastaba d’Akhethetep et les constructions environnantes qui semblent appartenir au même groupe funéraire, nous avons choisi d’explorer le secteur nordest, situé sous les niveaux coptes mis au jour en 1993 et 1994. La présence même de ces vestiges coptes était rassurante : elle nous garantissait que toutes les structures situées en dessous n’avaient jamais été découvertes. Après l’enlèvement d’un couche de remplissage, de terre et de sable auxquels étaient mêlés peu de tessons, un niveau d’inhumations d’époque tardive a été mis au jour, suivi d’un deuxième et peut-être d’un troisième, révélant un bel ensemble de sarcophages, correspondant à plusieurs phases d’enterrement. Au total, 24 sarcophages et une inhumation à même le sable, sans sarcophage, ont été découverts. Tous ces sarcophages sont orientés est-ouest, tête à l’ouest ; sauf un, orienté la tête au nord. Ces sarcophages, composés d’une cuve et d’un couvercle, sont posés à même le sable de remplissage. Dans la partie sud-est du secteur, on relève une construction tronquée, en brique crue, de forme pyramidale, qui semble associée à ces inhumations et qui rappelle une construction semblable trouvée en 1999 dans le secteur nord-ouest, sensiblement au même niveau. A l’est d’une ligne sudouest/nord-est, les sarcophages se trouvaient dans une couche de tafla dont certains éléments ont écrasé les couvercles. Dans le secteur sud-est de la zone fouillée, le niveau situé juste au-dessus des inhumations avait conservé les vestiges d’un mur et peut-être d’une niche. Le sarcophage n°1 était comme protégé par un muret situé sur toute sa longueur, le long de son côté gauche, et les sarcophages n° 2 et 10 étaient placés dans une petite pièce. Presque tous les sarcophages sont momiformes, l’arrière de la tête étant plus ou moins arrondi et souvent presque plat, avec une boîte à pieds. Ils sont en bois relativement bien appareillé (on remarque des tenons et des chevilles encore en place) : longues planches pour le dessus du couvercle et le fond de la cuve, petites planches pour l’arrière de la tête et la boîte à pieds. Les côtés des sarcophages sont 4 faits de morceaux de bois plus ou moins longs de section quadrangulaire et taillés en biais aux extrémités pour faciliter l’assemblage. Le tout est recouvert d’une couche de mouna (terre crue modelée) d’épaisseur variable. Les masques, à l’exception d’un spécimen en bois, et les perruques qui retombent sur la poitrine, sont en mouna modelée plus ou moins finement et placés sur la planche qui forme le dessus du couvercle. Sur certains d’entre eux sont encore visibles les traces des liens ou bandelettes de lin qui les entouraient pour les maintenir fermés. Les sarcophages n’ont pas été pillés et leur mauvais état est dû au poids du sable qui les a écrasés et à la fragilité des matériaux qui les composent. La nécropole de Saqqara a livré en plusieurs points des centaines de sarcophages de ce type, dont le médiocre état de conservation et la qualité souvent fruste du décor sont constants. Leur intérêt majeur réside dans la vivacité de la polychromie encore visible. Sur 24 sarcophages, 9 avaient encore un couvercle polychrome. Les autres avaient juste reçu un badigeon de jus de mouna beige ou marron. Les couleurs les plus courantes sont le rouge, le rose, le bleu (plus ou moins dense), le noir, et, parfois, le jaune, le rouge et le vert appliqués sur un fond blanc ou beige. Les masques des visages sont les éléments les plus marquants de ces sarcophages. En général ils sont roses, sauf un qui est vert. Les oreilles sont parfois également peintes en rose, avec les détails rehaussés de noir. Les sourcils, les contours des yeux et les pupilles sont peints en noirs tandis que le blanc de l’œil est vraiment blanc. Les perruques, décorées de bandes alternées noires, rouges/bleues retombent sur la poitrine en deux pans qui encadrent le visage. Le haut du torse est orné d’un collier ousekh où le rouge et le bleu dominent en une composition de plusieurs rangs de motifs géométriques souvent terminée par un rang de fleurs de lotus épanouies. Six sarcophages (n° 6, 8, 11, 19, 23, 24) portaient une colonne de hiéroglyphes identifiable comme une formule d’offrandes peinte à la hâte à l’encre noire. Ces inscriptions, encadrées par un bandeau ou des traits simples rouges, se terminent sur les pieds mais ne donnent malheureusement pas le nom du propriétaire. Elles semblent rédigés par un égyptien qui ne maîtrise pas bien l’écriture hiéroglyphique. Parfois un décor encadre la partie supérieure de l’inscription : il s’agit de la représentation des quatre fils d’Horus ou de génies funéraires, dans un cas (sarc. n° 6) d’une scène de momification est encore lisible au-dessus de l’inscription. Lors du 5 dégagement, ces sarcophages sont en général pulvérulents et il est rare d’en conserver plus que les masques, que l’on consolide au Paralloïd avant de les stocker dans la réserve du site. L’étude des squelettes a permis de mieux connaître la population inhumée dans le secteur nord-est, sur les deux ou trois niveaux dégagés. Actuellement, il est possible de dire que les corps mis au jour, tous allongés en décubitus dorsal, sont constitués par une majorité d’enfants et d’adolescents. Les adultes, dont le sexe a été identifié, sont surtout des hommes. En règle générale, pour la catégorie des individus non-matures, les mains ont été posées soit sur le pubis, soit une main sur le pubis et l’autre sur la cuisse. Une troisième position (sarc. n° 2) a été observée : les deux mains étaient le long du corps. Pour les sujets adultes, deux positions des mains sont reconnues : soit sur les cuisses, soit sur le pubis. Pour l’ensemble des corps, les jambes sont réunies dans le prolongement du corps, les pieds joints. Le dégagement précis des squelettes a permis de retrouver la présence d'un linceul et de bandelettes plus ou moins bien conservées, enroulées autour des membres (sarc. n° 4 et 5) tandis que le sarcophage n° 6 montrait cinq couches de tissus entourant le corps. Au niveau de l'avant-bras et de la main gauche de ce défunt se trouvait un assemblage soigné de bandelettes réparties sur une pièce de tissu. Il ne s'agit pourtant pas d'un bandelettage car les linges ne font pas le tour du membre, mais sont simplement posés dessus. Dans ce cas, les tissus ne sont ni brûlés ni colorés par les produits d'embaumement. Les vestiges osseux n'ont pas subi de traitement d'embaumement. Les os, de couleur jaune-orange, ne portent aucune imprégnation de couleur noire, trace si caractéristique de l'action du bitume. La pyramide nasale a été épargnée de tout acte. De nombreux crânes étaient encore dotés de cheveux, parfois avec des mèches longues et abondantes (sarc. 5 et 6). Peu de matériel funéraire était associé à ces inhumations et, en particulier, aucune céramique. Toutes les céramiques découvertes dans le secteur (céramiques d'époque copte mélangées à des déchets domestiques, à des tessons d'époque tardive et même d'Ancien Empire) proviennent d'une grande fosse sous-jacente aux niveaux coptes qui a profondément percé la couche de sable. 6 Sur l’inhumation n° 16 (enfant déposé à même le sable) ont été trouvées quelques amulettes en faïence provenant d’un collier (SA 00/41 : plaquettes oudjat stylisées, perles annulaires, colonnette ouadj, Héhé-Shou, trapèze, œil oudjat, rondelles en métal ). Dans le sarcophage n° 20, une résille de plusieurs centaines de perles annulaires et cylindriques a été dégagée sur l'ensemble du corps, à l'exception de la tête et des pieds. Sur le cou de l'enfant du sarcophage n° 14 se trouvait une amulette oudjat (SA 00/39), prise entre les bandes de tissu carbonisé. Pour cet enterrement, il est possible de décrire un acte particulier pratiqué au moment de la mise en place des linges. Deux morceaux de tiges de palmier, coupés à la dimension du corps, ont servi de tuteur afin de donner à l'ensemble du corps tenue et rigidité. Une amulette ouadj (SA 00/33) était déposée sur le couvercle de la caisse du sarcophage n° 1, au niveau de l'abdomen du défunt et un simple anneau en métal cuivreux (SA 00/56) entourait la phalange de l'annulaire de la main gauche d'un adulte déposé dans un sarcophage en mouna lissée. Une découverte très intéressante a été faite dans un petit sarcophage en bois (n° 22). De forme rectangulaire, il contenait les vestiges d'un petit enfant. Une lame de couteau en fer (SA 00/57), de forme incurvée, avait été intentionnellement déposée au niveau de la région antérieure des cuisses. En outre, l'enfant portait une petite boucle d'oreille en argent (SA 00/58), retrouvée à 3 cm de l'épiphyse proximale non soudée de l'humérus gauche. Il s'agit peut-être là de la première attestation en contexte d'un instrument à usage chirurgical. SECTEUR SUD-OUEST : SONDAGE SUR UN DEPÔT DE REJETS D'EMBAUMEMENT Affleurant au niveau des fondations des constructions coptes, un important groupe de jarres avait été repéré en 1997 en limite des fouilles. Ces jarres, en pâte limoneuse L IV, sont d'un type homogène bien que de taille variable. Elles ont un fonds pointu, un corps convexe, une lèvre en bourrelet et deux anses sur l'épaule ; un bouchon de terre crue en obstruait l'ouverture. Certaines contenaient encore, outre plusieurs types de céramiques (en particulier des bols à engobe rouge), des linges, du natron rempli de bandelettes, de la paille hachée finement et des morceaux de papyrus destinés à faire éponge. Des sachets de natron intacts non usagés ont été trouvés dans certaines de ces jarres. 7 Cet ensemble de jarres, visiblement jetées pêle-mêle, n’est visiblement pas en place et ne doit pas être associé aux inhumations non momifiées retrouvées dans ce secteur en mars 1997. Elles proviennent sans doute d'un ensemble plus riche et plus ancien qui devait se situer à proximité. NIVEAU ANCIEN EMPIRE : 1) Le mastaba E 17 : Il était prévu cette année de rouvrir cette petite chapelle de mastaba afin de poursuivre dans de bonnes conditions la couverture photographique et les relevés (dessin et épigraphie) du décor intérieur en vue d'une publication scientifique. Un groupe électrogène a été loué à cet effet. L’étroitesse de l’intérieur du monument et l’absence de recul dont dispose le photographe rendent en effet très difficile de prendre des clichés dans l’axe, sans déformation. Après enlèvement du blocage mis en place dans l'embrasure de la porte en 1998, on a pu constater que, malgré l'apparente fragilité de l'édifice, les témoins posés sur les murs n'avaient pas bougé ; pas plus que les étais de bois destinés à supporter le plafond. Il était cependant dangereux de les enlever pour les prises de vues ; aussi a-t-il été décidé de consacrer la mission 2000 à restaurer et consolider au mieux ce petit monument avant de passer à la couverture photographique. La restauration a porté sur les parois nord et nord-est et a pu bénéficier de la remise en place au registre supérieur de deux blocs qui étaient conservés dans le magasin du site depuis de nombreuses années. La surface du décor a été fixée par la restauratrice. A l’arrière de la chapelle du E 17, la fouille a porté sur la reconnaissance des limites de ce mastaba et la recherche de son puits. Une masse importante de sable a été enlevée, jusqu’au niveau de l’assise inférieure du mur extérieur sud du grand mastaba d’Akhethetep auquel il est accolé. Très éboulés, les murs ouest et sud du mastaba E 17 ont été dégagés, et le mur sud a été partiellement restauré. Cette fouille s’est accompagnée d’une consolidation par l’arrière de la chapelle en plaçant un épais mur de pierres contre son mur extérieur ouest. Les dimensions exactes de ce petit mastaba ont été déterminées : 12,65 m x 5 m. Le puits n’a pas été trouvé, il faut sans doute le chercher du côté du mur sud mais ce dernier, écroulé, rend la fouille quasiment impossible car il faudrait enlever les blocs avec des moyens mécaniques dont nous ne disposons pas. La céramique mise au jour dans le secteur 8 du mastaba E 17 est homogène et date de l’Ancien Empire : elle montre des formes en pâte L : coupelle complète et tessons de vases grossiers. 2) Le mastaba d’Akhethetep, dont la chapelle est au Louvre, est l’objet principal de nos recherches depuis dix ans. En 1996, l’emplacement originel de la chapelle a été formellement identifié tandis qu’en 1999 ses contours ont été reconnus (plan rectangulaire dont trois angles [nord-est, sud-est et sud-ouest] sont dégagés, dimensions : 32,04 m de long sur 16,10m de large). Restait à poursuivre le dégagement du puits et du caveau, dans lequel on avait pu se glisser à la fin de la campagne 1999, malgré les obstacles matériels. Le vidage du puits et du caveau fut notre objectif en 2000, et nous avons pu y aboutir grâce à l’aide très généreuse de la société française qui creuse le tunnel Al Azhar au Caire qui a mis à notre disposition un échafaudage métallique parfaitement adapté à la descente dans le puits. Ce puits est sensiblement carré (2,16 m de côté) et profond de 20,60 m. Sa partie supérieure est installée dans la maçonnerie du mastaba et montre un revêtement argileux jusqu’à la rencontre, en partie inférieure, avec le sol rocheux. C’est ce puits qui a été utilisé dans l’antiquité pour la descente des sarcophages jusqu’au caveau, puisque ce dernier ne montre aucun autre accès (descenderie par exemple). A la cote –10,76 m se trouve une double ouverture, l’une dans la paroi est, l’autre dans la paroi nord, se rejoignant dans une vaste cavité allongée sur 9 m dans le sens nord-sud, et large de 4,35 m, mais d’une hauteur réduite, ne dépassant pas 0,90 m. C’est cette salle que G. Bénédite avait prise pour le caveau d’Akhethetep en la qualifiant d’ «étroit et bas cubiculum ». Il est en fait rapidement apparu que nous étions en présence d’une chambre funéraire creusée postérieurement (à la Basse Epoque ou plus tard), remplie de momies en très mauvais état et bousculées par les pilleurs. La fragilité du plafond, dont des plaques entières menaçaient de tomber, nous a fait abandonner l’exploration de cette chambre, qui manifestement n’appartient pas au domaine contemporain du mastaba d’Akhethetep. Un peu plus bas, à –14 m, une autre chambre parasite et tardive fut taillée sous un bourrelet naturel d’une strate plus dure de la roche. Son très mauvais état nous a également amenés à ne pas nous y arrêter plus longtemps. A –20,60 m de profondeur, le vidage du puits s’est achevé sur un sol rocheux signifiant l’aboutissement du creusement originel. Le bas de la paroi sud montre une maçonnerie faite de gros blocs de calcaire appareillés, liés au mortier et dotés, pour certains d’entre eux, de marques de chantier tracées à l’encre noire. Toutes les 9 marques de carriers et de positionnement des pierres ont été relevées et étudiées, ainsi qu’une inscription hiéroglyphique tracée dans le caveau, donnant apparemment une mesure en coudées. Un étroit passage a été ménagé dans cette paroi par les pilleurs ; c’est par là que nous sommes entrés pour vider et étudier le caveau. Ce dernier est quadrangulaire et montre une orientation identique à celle du mastaba. Ses dimensions sont : 5,10 m dans le sens est-ouest, 4,07 m et 4,80 m le long de ses murs orientés nord-sud. Après dégagement du sol, encombré de pierres tombées du plafond et de débris minéraux, la hauteur de la chambre est en moyenne de 1,85 m. Des observations architecturales et archéologiques ont été menées, tant sur l’implantation du caveau que sur les modes de transport des sarcophages jusqu’au caveau. Lors de l’aménagement du caveau d’Akhethetep, une banquette a été mise en place pour recevoir le sarcophage, typique de l’Ancien Empire avec ses tenons aux extrémités (2,58 m de long, 1,15 m de large, 1,02 m de haut), dont la cuve est en granite et le couvercle en calcaire. A ses côtés une banquette reçoit un autre couvercle de calcaire, retourné, sans doute déposé là car ne convenant pas à la cuve. Le sarcophage était vide et le caveau manifestement pillé. Nous l’avons toutefois entièrement dégagé, pensant que les pilleurs avaient pu négliger des éléments du mobilier funéraire d’Akhethetep. Notre effort fut récompensé puisque, grâce à un tamisage systématique, nous en avons retrouvé quelques-uns, souvent fragmentaires mais toujours de très belle qualité. Parmi ceux-ci, citons des petits vases et coupes en calcite (SA 00/21, 22), des vases miniature en schiste et en calcite appartenant peut-être au matériel dit « nécessaire d’ouverture de la bouche » (SA 00/23, 24, 28) et un très beau vase canope en calcite (SA 00/45), intact, près duquel se trouvait un couvercle en calcaire (SA 00/44) qui était sans doute destiné à en fermer l’ouverture. Une pendeloque en forme de coléoptère (SA 00/38), munie d’une bélière et moulée dans plusieurs feuilles d’or cloisonnées et aménagées pour recevoir des incrustations (hélas disparues) est le seul élément retrouvé des bijoux d’Akhethetep. La qualité et la finesse de cette pendeloque permettent d’imaginer que le mobilier funéraire de ce personnage était à la hauteur de sa position sociale. Quelques outils ont été mis au jour dans le caveau : une lame pointue en silex (SA 00/43), et deux percuteurs ronds en calcaire (SA 00/25 et 43). Peu de matériel céramique a été retrouvé au fond du puits et dans le caveau. Il s’agit essentiellement de fragments de vases frustes en terre cuite limoneuse L IV, 10 auxquels se mêlent quelques tessons coptes (fragments d’amphores Late Roman 7 et tessons décorés en pâte rose d’Assouan). Des tessons en pâte L à engobe rouge permettent d’attester la présence de plusieurs jarres ovoïdes à fond coupé et petite lèvre en bourrelet ; l’une d’elles a pu être presque complètement reconstituée. Ces jarres, Ancien Empire, appartiennent au mobilier funéraire d’Akhethetep. CONCLUSION : Au vu du bilan de la campagne 2000, la prochaine campagne se fixe les objectifs suivants, dont les fondements restent plus que jamais de préciser le contexte archéologique, historique, familial et social d'Akhethetep : - poursuivre l’exploration du secteur nord-est de notre fouille, qui a déjà livré cette année un niveau d’inhumations composées de 24 sarcophages. Il apparaît clairement que ce niveau n’a pas été entièrement fouillé cette année et qu’il faut en achever le dégagement avant d’atteindre le niveau Ancien Empire, qui devrait pouvoir être dégagé en 2001. Ce secteur est particulièrement prometteur puisqu’il s’agit d’un espace intact, qui scelle des couches non encore fouillées. On peut espérer mettre au jour des constructions reliées au mastaba d’Akhethetep puisque ce secteur lui est adjacent - travailler à la publication du mastaba E 17 : couverture photographique, relevés du décor et des textes (dessins et épigraphie). 11