Villes intelligentes : enjeux pour la coopération et le développement

Transcription

Villes intelligentes : enjeux pour la coopération et le développement
M2 CIAHPD
Coopération Internationale, Action Humanitaire et Politiques de Développement
Université Paris I, Panthéon-Sorbonne
Année Universitaire 2012-2013
Villes intelligentes : enjeux pour la coopération et le développement
Etude de cas : YACHAY, cité de la connaissance en Equateur
Mlle OCHOA GUAYASAMIN Sahira
Sous la direction de Mme BERTRAND Monique
Novembre 2013
1
AVERTISSEMENT
« L'Université Paris I n'entend donner aucune approbation aux opinions émises dans les
mémoires. Ces opinions doivent être considérées comme propres à leur auteurs ».
REMERCIEMENTS
Mes remerciements s’adressent d’abord à Mme. Monique Bertrand pour avoir déposé sa
confiance en moi, en ayant accepté la direction de ma mémoire de stage et avoir encadré mon
travail pendant ce temps.
Ensuite, je veux remercier à l’équipe de l’entreprise Yachay E.P pour m’avoir accueilli
pendant quatre mois, dans lesquels j’ai découvert un nouveau concept du développement et de
l’urbanisme, concepts qui ont enrichi ma formation académique et professionnelle.
Je remercie aussi, du fond de mon cœur, à ma famille qui depuis l’Equateur m’envoyait
des énergies, surtout à mes parents qui ont toujours eu confiance en moi et ils ont fait tout le
possible pour que je puisse venir en France pour étudier ce master.
Finalement, je remercie a une personne très spéciale pour moi, à mon grand ami Marcel
Filbig qui a pris son temps pour relire ma mémoire et qui, malgré tout, a été toujours avec moi,
spécialement pendant les jours de stress pour me soutenir et m’encourager.
2
SYNTHESE
Ce mémoire s’intéresse à la notion de ville intelligente et son rôle comme un levier de
développement économique et social des sociétés modernes. Le contexte de son apparition et
son application dans le monde et en particulier dans les pays émergents de l’Amérique latine est
étudié. Différents cas sont analysés dans le but de déterminer des ressemblances et différences
dans l’application du concept. Le cas de l’Equateur est traité plus en détail à travers l’étude de
cas de Yachay, Cité de la connaissance. Les objectifs que le gouvernement équatorien cherche à
accomplir par ce projet, ainsi que les vrais facteurs qui motivent sa conception et exécution sont
analysés. Enfin, l’étude aboutit sur la conclusion que la construction de villes intelligentes est le
résultat d’une économie et société développés plutôt qu’un moyen efficace de les atteindre.
Mots clés : Innovation, développement, développement durable, gouvernement, ville
intelligente, TIC, éducation, mode de vie, infrastructure, environnement, connaissance,
recherche, coopération, ville durable, urbanisme, économie, population.
ABSTRACT
This document focuses on the concept of Smart City and the part it plays as a potential
instrument to boost economic and social development. The origin of the concept and its
application throughout the world are studied, in particular in Latin American emerging
economies,. Different examples of smart cities are identified as a mean to establish similarities
and differences in the application of the concept. The case of Ecuador and its newest ambition,
the construction of the smart city Yachay, city of knowledge, is studied in detail. Of particular
interest to this essay are the objectives the Ecuadorian government seeks to accomplish by this
project, as well as the real motivations that originated its conception and execution. Finally, the
study results in the conclusion that the construction of a smart city is primarily a consequence of
a developed economy and society rather than an effective instrument to obtain the latter.
Keywords : Innovation, development, sustainable development, government, smart city,
ICT, education, lifestyle, infrastructure, environment, knowledge, research, cooperation,
sustainable city, city planning, economy, population.
3
TABLE DE MATIERES
REMERCIEMENTS ..................................................................................................................... 2 SYNTHESE .................................................................................................................................. 3 LISTE DES ACRONYMES ......................................................................................................... 5 INTRODUCTION......................................................................................................................... 6 METHODOLOGIE ....................................................................................................................... 9 PARTIE I. Les villes intelligentes et leur rôle dans le développement durable .................... 10 A. L’émergence des villes intelligentes ................................................................... 10 1. Un nouveau concept de développement durable ............................................. 10 2. Un concept globalement répandu .................................................................... 18 B. L’introduction de la notion de ville intelligente en Amérique Latine ................. 27 1. Une initiative en plein essor en Amérique latine............................................. 28 2. Quelques exemples remarquables dans la région ............................................ 29 PARTIE II. Le cas de l’Equateur : YACHAY, cité de la connaissance ................................. 34 A. La genèse du projet ............................................................................................. 34 1. Antécédents ..................................................................................................... 34 2. Présentation du projet ...................................................................................... 46 B. YACHAY : Besoin économique ou volonté politique ? ..................................... 56 1. Besoin économique ......................................................................................... 56 2. Volonté politique : Acteurs et régimes politiques ........................................... 61 C. L’importance des partenariats pour le projet ....................................................... 67 1. Coopération internationale traditionnelle peu visible...................................... 67 2. Partenariat public – privé essentiel pour le développement du projet ............. 69 CONCLUSION ........................................................................................................................... 72 BIBLIOGRAPHIE ...................................................................................................................... 75 ANNEXES .................................................................................................................................. 84 LISTE DES FIGURES ................................................................................................................ 90 4
LISTE DES ACRONYMES
TIC : Technologies de l’information et de la communication
INEC : Institut Nationale de Statistiques et Recensement de l’Equateur1
SENESCYT : Secrétariat Nationale d’Enseignement Supérieure, Sciences, Technologie et
Innovation de l’Equateur2
SENPLADES : Secrétariat Nationale de Planification et Développement de l’Equateur3
YACHAY E.P : Entreprise publique Yachay
IBD : Quartier internationale des affaires4
LOES : Loi organique de l’enseignement supérieur5
IFEZ : Zone Economique Franche d'Incheon6
UNASUR : Union de Nations Sud-américaines7
USAID : Agence des États-Unis pour le développement international8
AECID : Agence espagnole de coopération internationale pour le développement9
KICF : Fondation Coréenne d’Innovation et Cluster10
ENFARMA : Entreprise publique de médicaments11
CONEA : Conseil national d’évaluation et accréditation de l’éducation supérieure de
l’Equateur12
1
Sigles dérivées du nom original en espagnol : Instituto Nacional de Estadísticas y Censos
Sigles dérivées du nom original en espagnol : Secretaria Nacional de Educación Superior, Ciencia,
Tecnología e Innovación
3
Sigles dérivées du nom original en espagnol : Secretaria Nacional de Planificación y Desarrollo
4
Sigles dérivées du nom original en anglais: International Business District
5
Sigles dérivées du nom original en espagnol : Ley orgánica de educación superior
6
Sigles dérivées du nom original en anglais: Incheon Free Economic Zone
7
Sigles dérivées du nom original en espagnol : Union des Naciones Sudamericanas
8
Sigles dérivées du nom original en anglais: United States Agency for International Development
9
Sigles dérivées du nom original en espagnol : Agencia española de cooperación internacional para el
desarrollo
10
Sigles dérivées du nom original en anglais: Korean Innovation Cluster Foundation
11
Sigles dérivées du nom original en espagnol : Empresa pública de fármacos
12
Sigles derives du nom original en espagnol: Consejo nacional de evaluación y acreditación de la
educación superior del Ecuador
2
5
INTRODUCTION
A l’heure actuelle, les villes sont devenues indispensables pour le développement des
pays puisqu’elles sont le centre des interactions entre les individus, ainsi que le lieu d’échanges
commerciaux. Elles sont le moteur économique et politique de chaque nation. Cependant, elles
doivent répondre aux besoins d’une société moderne et faire face à nombreux défis actuels. La
croissance rapide de la population dans la planète et l’exode rural sont des problèmes auxquels
les autorités nationales et internationales doivent se concentrer pour chercher des solutions et
assurer un développement économique et social tout en respectant l’environnement et les
besoins futurs des prochaines générations.
Les sociétés contemporaines sont de plus en plus urbaines. D’après les Nations Unies, en
2010, 50% de la population habitait déjà en villes et il est prévu que pour l’année 2050, ce
pourcentage augmente à 69% ; c’est-à-dire, 6,3 milliards d’habitants seront des citadins13.
Dans le cas spécifique de l’Amérique latine, le processus d’urbanisation peut se décrire
comme un processus rapide, mais aussi problématique. Effectivement, en 1900, la pluparts des
latino-américains habitaient dans la campagne et seulement trois villes de la région avaient plus
de 500 000 habitants. Cependant, cette réalité va changer à partir des années 1930, lorsque
l’industrialisation et les modes de production capitalistes vont être adoptés dans la région. Les
villes latino-américaines vont être considérées à cette époque comme les villes de l’espoir pour
les paysans qui sortaient des villages rurales pour chercher un travail et améliorer leur condition
de vie.14
Dans les années suivantes, l’Amérique latine va se transformer ; sa population urbaine va
augmenter considérablement. Actuellement, il y a à peu près quarante villes avec une population
de plus d’un million d’habitants.15
De même, d’après l’Un-Habitat, l’Amérique latine est la zone la plus urbanisée du
monde. Au début du XXIè siècle, à peu près trois quarts de sa population habitait déjà dans les
villes. L’exode rural est un véritable problème pour cette région du monde, pour laquelle sa
population urbaine augmentera à environ 85% pour l’année 2030. 16
13
Organisation des Nations Unies, Department of Economic and Social Affairs, Urban Population,
Development and the Environment 2011, New York, 2011.
14
Dennis, RODGERS, Jo BEALL, Ravi KANBUR, “Re-thinking the Latin American city”, in Dennis,
Rodgers, Jo Beall, eds, Latin American Urban Development into the 21st Century: Towards a Renewed
Perspective on the City, Nex York, Palgrave Macmillan, 2012, pp. 270.
15
ibid.
16
ibid.
6
L’Equateur n’est pas l’exception à ces transformations, au contraire elle en est un des
acteurs principaux. En effet, le taux d’augmentation de la population urbaine en Equateur est de
2,1%, un taux plus important que la moyenne sud-américaine de 1,6%17. La population urbaine
équatorienne grandisse donc plus vite que la moyenne régionale. Ceci lui attribue la 4e position
en termes de vitesse d’urbanisation de la population, après seulement la Guyane française, le
Paraguay et la Bolivie.18 En Equateur, l’exode rural a lieu envers les collectivités urbaines de
chaque province, mais en particulier envers les pôles urbains traditionnels représentés par les
villes de Quito et Guayaquil. La croissance de ces villes se fait de façon désordonnée, sans
suivre aucun plan d’urbanisme quiconque, résultant en graves problèmes de ségrégation sociale,
manque de services de base publics, insécurité, trafique de terres, entre autres.
La migration rurale vers les villes, caractérisée surtout par une population jeune, a pour
objectif d’améliorer la situation économique, ainsi que la qualité de vie19 des paysans, mais
aussi génère des problèmes sociaux causés par une surpopulation de villes, une dégradation de
l’environnement (production intensive de déchets, bruit, trafic…) ; consommation excessive de
ressources naturelles et d’énergie ; ainsi que des problèmes de dotation de services publics aux
citadins tels que la limitation des espaces résidentiels et la marginalisation d’une partie de la
population urbaine la plus pauvre.
Ce panorama du monde actuel a fait que les acteurs politiques, les organismes
internationaux, surtout l’Organisation des Nations Unies, et la société civile s’introduisent dans
les logiques d’urbanisme pour trouver des solutions efficaces et durables qui permettent aux
villes de répondre aux besoins de leur population et s’adapter aux changements
démographiques. D’où la nécessité de créer un nouveau modèle de ville, mais aussi la nécessité
de changer le mode de vie des citadins.20 Une nouvelle vague du développement urbain va
apparaître, on parle alors de la « ville intelligente ».
Ce nouveau concept globalement répandue va être aussi utilisé dans des pays en
développement comme un instrument pour atteindre le développement économique, social et
durable.
Dans la région latino-américaine, plusieurs initiatives se développent à présent, mais
comment cette notion de ville intelligente va se traduire dans cette région du monde ? Dans
quelle mesure les différents exemples de projets de villes intelligentes en Amérique latine
veulent mettre en places des leviers de compétitivités ?
17
Organisation des Nations Unies, Department of Economic and Social Affairs, Urban Population,
Development and the Environment 2011, op. cit.
18
ibid.
19
Jacques VERON, L’urbanisation du monde, Paris, La Découverte « Repères », 2006, pp. 122.
20
ibid.
7
Pour répondre à ces problématiques, dans un premier temps, le concept de ville
intelligente et son application dans le monde est analysé. Plusieurs exemples de villes
intelligentes dans la région latino-américaine sont ensuite identifiés, dans le but de déterminer
des similarités et différences dans la façon de s’approprier du concept dans le contexte d’une
économie émergente. La deuxième partie de ce mémoire plonge sur l’étude de cas de Yachay,
Cité de la connaissance, qui représente l’ambition de l’Equateur de construire sa propre ville
intelligente. Finalement sont analysés les objectifs que l’Etat équatorien poursuit avec ce projet,
les vraies motivations qui sont à l’origine de celui-ci ainsi que les enjeux qui en dérivent de sa
mise en œuvre.
8
METHODOLOGIE
Ce travail étant un mémoire de stage, il est important de préciser dans un premier temps
le lieu et les objectifs du stage réalisé, pour ensuite décrire la provenance des documents et
informations utilisés pour rédiger ce travail de fin d’études.
Le stage a été réalisé en Equateur, dans le département de coopération internationale de
l’entreprise publique Yachay E.P. Cette entreprise, créée en mars 2013, est la responsable de
l’administration, gestion et développement du projet Yachay, cité de la connaissance.
Dans cette entreprise, j’ai eu l’opportunité d’avoir un CDD comme analyste de
coopération internationale. J’étais la responsable de gérer la coopération internationale non
remboursable provenant des pays, organismes et entreprises européennes. Les tâches qui m’ont
été assignées étaient les suivantes :
• Construire un schéma de la coopération internationale présente dans le projet ;
• Identifier les pays, organismes et entreprises stratégiques pour l’entreprise et avec
lesquelles l’entreprise pourrait signer des conventions et accords de coopération ;
• Rédiger des rapports de la situation de la coopération ;
• Organiser l’agenda international des autorités de l’entreprise ;
• Présenter le projet aux bailleurs internationaux ;
Lors de la réalisation de mon stage j’ai eu accès à des documents officiels du
gouvernement et de l’entreprise Yachay E.P. comme le décret exécutif de création de
l’entreprise, les conventions et accords souscrits, entre autres. Certains documents avaient le
statut de confidentiels comme c’est le cas du cahier de charges du Projet Yachay (Plan générale
du projet). De plus, la participation dans des réunions internes et interinstitutionnelles,
considérées comme stratégiques pour l’entreprise, a été une source profitable pour récupérer de
l’information, la même qui a servi de support pour rédiger ce mémoire.
Ce travail est la synthèse d’une part, de l’analyse de l’information récupérée et des
problématiques repérées pendant la réalisation de mon stage ; d’autre part d’une recherche
personnelle élargie sur le sujet des villes intelligentes ; puis finalement de mon expérience
professionnelle précédente et en particulier au sein de l’entreprise publique Yachay E.P.
9
PARTIE I. Les villes intelligentes et leur rôle dans le
développement durable
A. L’émergence des villes intelligentes
Afin de comprendre le rôle des villes intelligentes dans le développement durable des
nations, il est nécessaire dans un premier temps d’étudier le contexte d’apparition de ce concept,
ainsi que d’analyser sa définition.
1.
Un nouveau concept de développement durable
L’augmentation progressive de la population urbaine et le mode de vie consommateur des
villes pendant le XXème siècle font le centre de préoccupations de la communauté
internationale ; laquelle, en 1987, s’adresse pour la première fois au concept de développement
durable.
La Commission Mondiale sur l’Environnement et le Développement de l’Organisation
des Nations Unies ; à travers le Rapport Brundtland, introduit le concept de développement
durable comme une réponse aux problèmes environnementaux qui ont surgit depuis quelques
années.
Le rapport Brundltland définit le développement durable comme un développement « qui
répond aux besoins du présents sans compromettre la capacité des générations futures de
répondre à leurs »21, c’est-à-dire c’est un développement qui assure la qualité de vie élevée et
qui ne détruit pas l’environnement pour les prochaines générations.
Le développement durable encadre trois aspects importants pour le développement d’une
société : l’environnement, l’économie et le social.
Dans le champ environnemental, le développement durable a pour objectif éviter les
gaspillages de ressources naturelles et conserver l’environnement à travers de politiques et
actions qui stimulent le recyclage de ressources.
« Reproduction au long terme des ressources renouvelables, maintien de la capacité
de charge des écosystèmes, limiter l’usage des ressources ‘critiques’ ».22
21
Florence RUDOLF, dir., « Le développement durable entre programme d'action et applications»,
Ecologie & politique, N°29, 2004, p. 37.
22
Antonio DA CUNHA, « Régime d’urbanisation, écologie urbaine et développement urbain durable :
vers un nouvel urbanisme », in Peter KNOEPFEL, et alii, Enjeux du développement urbain durable,
10
En ce qui concerne le secteur économique il cherche à assurer une stabilité économique
pour la population, c’est-à-dire que toute la population active reçoit un revenu décent qui lui
permet de vivre sans être dans une situation de pauvreté extrême. De même, il prétend aussi
améliorer les infrastructures au service de la communauté à travers le renforcement de
l’investissement. 23
Finalement, dans le secteur social, le développement durable poursuit une participation
active de la société.
Le concept de développement durable sera vitement popularisé, introduisant avec lui de
nouvelles notions tels quel le développement urbain durable et la ville durable, surtout dans le
secteur de l’urbanisme.
C’est ainsi qu’à partir des années 1990, ces deux nouveaux concepts prennent force dans
le contexte mondiale pour faire face aux problèmes causés par une urbanisation excessive et non
planifiée.
Finalement, pendant le sommet de Rio, en 1992, les notions de développement urbain
durable et ville durable sont reconnus. 24
Le développement urbain durable
Le terme de développement urbain durable est une conséquence de l’écologie urbaine qui
a pour objectifs : « la réduction de la consommation d’espace, la limitation des déplacements
inutiles des hommes et des marchandises, la maitrise de la consommation énergétique et de
pollutions, ainsi que l’amélioration de la qualité urbaine. »25
Pour quelques chercheurs comme Antonio Da Cunha et Jean-Philippe Leresche, le
développement urbain est considéré comme un concept d’innovation qui fusionne le
développement économique et social avec le respect de l’environnement.
Transformations urbaines, gestion des ressources et gouvernance, Lausanne, Presses polytechnique et
universitaires romandes, 2005. p. 15.
23
ibid.
24
Yves GUERMOND, « L'introuvable ville durable », in Nicole Mathieu, dir., La ville durable, du
politique au scientifique, Paris, Editions Quæ, 2005 pp. 47-56.
25
Antonio DA CUNHA, « Développement durable, transformations urbaines et projet : enjeux et défis »,
in Peter KNOEPFEL, et alii, Enjeux du développement urbain durable, Transformations urbaines,
gestion des ressources et gouvernance, Lausanne, Presses polytechnique et universitaires romandes,
2005. p. 9.
11
« Le développement urbain est une éthique du changement, un concept intégrateur et un
principe d’action qui a pour ambition de promouvoir un projet collectif visant à rendre
compatibles, à long terme, les exigences de l’environnement et du développement
économique et social »26.
Cette nouvelle idée du développement urbain inclut une innovante et nouvelle modélisation de
la ville, une ville jolie et sans contamination ; on parle donc de la ville durable.
«Plusieurs défis, majeurs, sont donc à relever. Un nouveau modèle de ville pour l’avenir
est à inventer. Il doit dans le même temps être réaliste. Les modes de vie des habitants des villes
doivent aussi profondément évoluer si l’on veut donner un contenu en quelque sorte pratique au
concept de développement durable. »27
La ville durable
Le concept de ville durable est présenté comme une alternative à la ville de l’époque, une
ville « étalée née du déploiement du régime métropolitain »28.
« La ville durable peut être définie comme un discours entre le développement urbain
durable des Agendas 2129 locaux impliquant de nouvelles formes de planifications urbaines
intégrées et la vision économiste libérale qui réduit la ville durable à la ville économe, surtout
en investissements publics. »30
Pour comprendre mieux, la ville durable est en définitif une ville compacte, citoyenne,
solidaire et recyclable.31
Cette notion partage les objectifs du développement durable. En effet, la ville durable
cherche à éviter le gaspillage d’espace, de temps et d’investissement, ce qui lui caractérise
comme une ville compacte.32 Aussi, ce modèle de ville est conçu comme une ville économe et
autogérée33 qui diminue l’utilisation des ressources naturelles, d’électricité et qui stimule à une
26
Antonio DA CUNHA, Enjeux du développement urbain durable, Transformations urbaines, gestion
des ressources et gouvernance, op. cit., p. 15.
27
Jacques VERON, L’urbanisation du monde, op. cit., p. 93.
28
Antonio DA CUNHA, Enjeux du développement urbain durable, Transformations urbaines, gestion
des ressources et gouvernance, op. cit., p. 16.
29 L’Agenda 21 est le programme d’action mondial adopté lors de la Conférence des Nations Unies sur
l’Environnement et le Développement (CNUED), réalisé à Rio de Janeiro en 1992.
Organisation des Nations Unies, Sommet de Johannesbourg, 2002
http://www.un.org/french/events/wssd/pages/cnued.html., consulté le 10 octobre 2013.
30
Yves GUERMOND, La ville durable, du politique au scientifique, op. cit., p. 93. Paris, Editions Quæ,
2005 p 47.
31
ibid., 47.
32
ibid.
33
Jacques VERON, L’urbanisation du monde, op. cit., pp. 122.
12
réutilisation des choses. Lorsqu’on parle d’une ville durable, on parle aussi d’une ville mixte où
il n’existe plus le « zoning de la ville ségréguée»34.
La participation active de la collectivité locale est aussi un aspect important de cette
ville et avec celle-ci la gouvernance urbaine.
D’après François Asher, l’intégration des citadins aux projets de la ville, et à la prise des
décisions est un facteur important pour atteindre une ville durable qui assure les besoins de la
population urbaine. 35
« La gouvernance urbaine, précise encore François Ascher, ne traduit pas un simple
gouvernement de la ville; elle s’applique à un «système de relations entre des institutions,
des organisations et des individus, qui assure les choix collectifs et leur mise en œuvre». La
gouvernance urbaine suppose ainsi une concertation entre les multiples acteurs impliqués
dans le devenir des villes. Elle traduit l’idée d’une participation citoyenne de tous les
acteurs de laville lors de la formulation et de l’adoption d’un projet de ville. L’idée d’une
plus grande «flexibilité» dans les relations entre les municipalités et leurs administrés est
aussi présente dans la gouvernance urbaine» 36
On constate que les acteurs politiques et la communauté locale depuis les années 90
commencent à s’interroger sur les effets négatifs qui ont causé l’urbanisation massive non
planifiée et la culture consommatrice des ressources naturelles. Si bien les notions de
développement durable, développement urbain durable et ville durable sont des vieux concepts ;
ils continuent à être présents dans l’urbanisme actuel. Et on pourrait comme même oser à dire
qu’ils prennent force avec la banalisation des TIC créant un ‘nouveau’ modèle de ville : la ville
intelligente.
Mais comment peut-on définir une ville intelligente ? En quoi elle consiste ? Quelle est
son influence dans le monde actuel ? Ce sont des questions qu’on va répondre au cours de cette
première partie du chapitre.
De nos jours, la technologie joue un rôle important dans nos sociétés ; les outils
numériques comme l’internet, les logiciels et les smartphones font partie de la vie citadine
actuelle. Par conséquent, les sociétés utiliseront les nouvelles technologies comme des outils
efficaces pour résoudre les problèmes actuels des villes.
34
Yves GUERMOND, La ville durable, du politique au scientifique, op. cit., p. 93. Paris, Editions Quæ,
2005 p 47.
35
Jacques VERON, L’urbanisation du monde, op. cit., p. 93.
36
ibid., p. 93.
13
«(…) les facteurs technologiques ont toujours été considérés comme des leviers puissants
des mutations urbaines. A l’heure actuelle, on sonde les voies et moyens pour mettre la
technologie au service d’une ville durable, figure vertueuse et amiable de la planète,
économe en énergie comme consommation d’espace».37
Il n’existe pas une seule définition ni un seul nom pour s’adresser à la notion de ville
intelligente. En effet, ville digitale, ville numérique, ville interactive, cibercity ou
hypermétropolis, sont tous des synonymes de ce nouveau terme qui aujourd’hui est en plein
essor.38
Jean Bouinot définit la ville intelligente comme un centre de connaissance qui intègre des
citadins formés :
« La ville intelligente sera celle qui offre, en grande partie grâce à ses efforts, un
pôle de savoirs et de compétences professionnelles soit un bassin de main d’œuvre
hautement qualifiée et des infrastructures de recherche »39
D’autre part, Serge Wachter, voit la ville interactive comme une ville « amiable avec
l’environnement »40 qui utilise les numériques pour résoudre les problèmes de la ville, mais
aussi pour la planifiée.41
De sa part, la firme internationale International Data Corporation (IDC) précise qu’une
ville intelligente est une ville qu’utilise les technologies de l’information et la communication
(TIC) pour améliorer la qualité de vie des citadins et garantir un développement économique
durable.42
En effet, la ville intelligente est une ville qui à travers l’usage responsable des TIC
enchaîne l’économie, les citadins, la gouvernance, la mobilité et l’environnement de manière
efficace pour atteindre l’amélioration de la qualité de vie de leur population, en augmentant
l’accès aux services publics (santé, éducation, transport, loisirs…) et en diminuant les impacts
environnementaux. 43
37
Serge WACHTER, La ville interactive : l’architecture et l’urbanisme au risque du numérique et de
l’écologie, Paris, L’Harmattan, 2010, p. 7.
38
ibid.
39
Jean BOUINOT, La ville intelligente, Paris, Librairie générale de Droit et de jurisprudence, 2003. p. 15.
40
Serge WACHTER, La ville interactive : l’architecture et l’urbanisme au risque du numérique et de
l’écologie, op. cit., p. 30.
41
ibid.
42
International Data Corportion, Análisis de las Ciudades Inteligentes en España, Madrid, 2011.
43
Smart grids – CRE, Les caractéristiques d’une ville intelligente
http://www.smartgrids-cre.fr/index.php?p=dossiers&srub=smartcities&action=imprimer, consulté le 10
septembre 2013.
14
C’est ainsi que Rudolf Giffingerl44 fait allusion aux six critères principaux qu’une ville
intelligente doit posséder: une économie intelligente, une mobilité intelligente, un
environnement intelligent, des citadins intelligents, un mode de vie intelligent et une
administration intelligente.45
Economie intelligente :
D’après Giffingerl, une ville a une économie intelligente si elle possède un taux élevé de
productivité, de flexibilité de travail du marché et un haut esprit innovateur.46 Aux critères
mentionnés on doit ajouter l’attraction d’investissement étranger et la présence d’une industrie
hautement qualifiée (produits avec une haute valeur ajoutée).
Effectivement, si une ville a un niveau de production élevé, sa population aura plus
d’opportunité de trouver un travail dans la ville sans se déplacer ailleurs, ce qui va les garantir
une meilleure qualité de vie et plus de temps libre pour le dépenser avec sa famille.
Mobilité intelligente :
En ce qui concerne le transport dans les villes, il a été traditionnellement associé avec les
émissions de gaz et la pollution dans notre environnement. Avec l’augmentation de la
population urbaine, augmente aussi la présence des voitures dans la ville ce qui contribue à
l’embouteillement, à des accidents automobilistiques et à des problèmes de santé. Grâce à la
technologie, ces problèmes peuvent être résolus à travers la création des « différents modes de
transport dans un système qui est à la fois efficace, facilement accessible, abordable, sûr et
écologique ».47
Une mobilité intelligente permet aux citadins d’optimiser son temps, éviter des
déplacements inutiles, accéder à l’information de transports publics (itinéraires) et diminuer la
contamination.48
44
Dr. Rudolf Giffinger est un expert dans la recherche analytique de développement urbain et régional. Il
est professeur de l’Université de Technologie de Vienne.
45
European smart cities
http://www.smart-cities.eu/model.html., consulté le 12 septembre 2013.
46
Centre of Regional Science, Vienna UT, Smart cities Ranking of European medium-sized cities,
Vienna, 2007. pp. 28.
47
Smart grids – CRE, Les caractéristiques d’une ville intelligente
http://www.smartgrids-cre.fr/index.php?p=dossiers&srub=smartcities&action=imprimer, consulté le 10
septembre 2013.
48
Ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie, Commissariat Général au
développement durable, Etudes et Documents, La ville Intelligente : état de lieux et perspectives en
France, novembre 2012. pp. 60.
15
Un exemple de cette mobilité intelligente sont : les voitures électriques, le co-voiturage,
la construction d’un réseau transport public massive (métro), les capteurs de trafic intelligents,
transport multimodal interconnecté entre autres.
Un environnement intelligent :
Lorsqu’on parle d’environnement intelligent, on s’adresse principalement à deux
domaines : les déchets et l’énergie.
Une ville intelligente est aussi une ville verte dans laquelle la gestion et la valorisation
des déchets sont très importantes. Un environnement intelligent veut dire une réduction de la
production de déchets et la création des systèmes qui permettent leur recyclage (récupération) et
donc l’élaboration de produits avec matériaux provenant du tri.49
Concernant l’énergie, la ville intelligente met en place des politiques et actions qui
contribuent à l’augmentation de l’efficacité énergétique comme par exemple : des éclairages
avec senseurs pour ne pas gaspiller l’électricité, des panneaux solaires ; ainsi que la création
d’infrastructure pour produire de l’énergie à partir des ressources renouvelables.
Des habitants et mode de vie intelligents :
Pour atteindre ce modèle de ville, il est impératif que les citadins de cette ville soient des
habitants formés avec une haute responsabilité environnementale ; ainsi qu’un mode de vie
durable. Une ville intelligente a une population hautement qualifiées, innovatrice et participative
dans les espaces politique.50
Les infrastructures deviennent aussi des acteurs fondamentaux de la ville intelligente. La
présence des infrastructures communicantes comme des bâtiments intelligentes avec haute
technologie permet aux citadins de contrôler les services depuis n’importe qu’elle que soit sa
localisation géographique ; ce qui permet la diminution de consommation d’énergie. De plus,
une ville intelligente assure à sa population l’accès aux services et à des infrastructures
collectives en bonne état comme des bibliothèques, des écoles et des centres de loisirs. Comme
on l’a déjà vu, le confort et la qualité de vie de la population est un des facteurs les plus
importants dans ce prototype de ville.
49
Smart grids – CRE, Les caractéristiques d’une ville intelligente
http://www.smartgrids-cre.fr/index.php?p=dossiers&srub=smartcities&action=imprimer, consulté le 10
septembre 2013.
50
Centre of Regional Science, Vienna UT, Smart cities Ranking of European medium-sized cities, op. cit.
16
Gouvernement et administration intelligent:
L’expression gouvernement intelligent est en rapport avec le rôle que jouent d’une part
les autorités locales et centrales, et d’autre part la société civil.
En effet, le rôle des autorités locales et central est important pour concevoir une ville de
ce type, puisqu’ils sont les responsable d’élaborer des lois et mettre en place des politiques qui,
dans ce contexte permettront atteindre un développement durable. Un exemple des politiques ce
sont les politiques de protection de l’environnement ; des politiques économiques et sociales qui
incitent à la population l’usage de la technologie ; des subventions ou programmes d’aide pour
que la population ait accès aux ressources numériques à la technologie et à l’internet ; ainsi que
des programmes d’éducation pour la population.
Le gouvernement doit aussi administrer de manière intelligente la ville, c’est-à-dire
planifier la gestion de la même pour assurer une ville économe. La transparence gouvernemental
est autre un aspect de la ville intelligente. Le gouvernement a l’obligation d’informer aux
citadins les décisions prises pour qu’ils puissent y participer dans les décisions politiques et
actions collectives. L’intégration de la société civile à des programmes et action en faveur de la
ville est aussi une caractéristique d’une gouvernance intelligente.
La technologie, à travers les technologies de l’information et la communication, est un
axe transversal est le plus important de la ville intelligente car elle permet d’optimiser les
services urbains (énergie, eau, transport, santé, assainissement, réseaux de communication,
infrastructure etc.) et les rendre plus performants.51
Selon Wachter, « Les TIC sont un outil précieux pour mesurer, quantifier et vérifier les
progrès accomplis ; ainsi qu’un facteur important pour faire face au défi énergétique et
climatique actuel»52. La présence des TIC est dans ce type de ville est « omniprésents ».53
En resumé, une ville intelligente est une ville qui utilise les TIC pour se développer et
assurer une qualité de vie a sa population tout en respectant l’environnement et en optimisant
son budget pour éviter toute sorte de gaspillage innécesaire soit économique ou
environnemental (espaces, électricité…). Une ville intelligente est aussi un lieu d’intéraction
constant entre ses habitants dans laquelle ses usagers et le gouvenement peuvent faire un
51
Ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie, Commissariat Général au
développement durable, Etudes et Documents, La ville Intelligente : état de lieux et perspectives en
France, op. cit.
52
Serge WACHTER, La ville interactive : l’architecture et l’urbanisme au risque du numérique et de
l’écologie, op. cit., p. 23.
53
ibid., p. 11.
17
pilotage en temps réel de sa situation (pronostiques des catastrophes naturelles, itinéraires des
transport, traffic etc.) grâce à la technologie.
Finalement, le concept de ville intelligente est un « concept confus qui est souvent utilisé
comme une label»
54
par les gouvernements et les entreprises internationales tel que IMB,
uniquement pour faire du « marketing ». En effet, la notion de ville intelligente apparait comme
une solution pour reconstruire la ville, la rendre une ville plus jolie, plus attirant pour la
population, mais aussi pour les entreprises nationales et internationales et pour l’investissement
étranger :
« La ville doit apparaître comme innovante, excitante, créative, et comme une place
sûre à habiter ou à visiter, où l’on peut jouer ou consommer ».55
On constate que le nom de ‘ville intelligente’ est nouveau, mais son objectif et sa
définition non puisqu’il s’agit d’un concept qui est apparu depuis les années 1980 et a pris force
dans les années 1990 près le sommet de Rio. Dans l’actualité, il s’agit d’un concept de
marketing territorial fondé sur la thèse de David Harvey sur le passage du managérialisme
urbain à l’entrepreneurialisme urbain où les « politiques urbaines antérieurement focalisées sur
la production de services urbains en direction des habitants (le « managérialisme » des années
1960) se transforment dans des politiques orientées vers une stratégie de développement
économique endogène ».56
Dans cette partie de l’étude on a pu constater que l’apparition de ville intelligente, n’est
pas une nouveauté, c’est simplement la réutilisation et adaptation des concepts déjà utilisés dans
les années 1980-1990 et dont leur but est atteindre un développement économique-durable, tout
en respectant l’environnement. Actuellement, grâce à la banalisation des TIC ce nouveau
modèle de ville est de plus en plus utilisé comme prototype de villes.
2.
Un concept globalement répandu
La notion de ville intelligente est actuellement un concept populaire et répandu autour du
monde. L’initiative de transformer une ville dans une ville digitale est une réponse aux défis
environnementaux comme le changement climatique, mais aussi défis sociaux.
54
Taewoo NAM, Theresa A. PARDO, « Conceptualizing Smart City with Dimensions of Technology,
People, and Institutions », The Proceedings of the 12th Annual International Conference on Digital
Government Research, pp. 282-291.
55
Harvey DAVID, « From managerialism to entrepreneurialism: the transformation in urban
governance in late capitalism », Geografiska Annaler. Series B, Human Geography, Vol. 71, n°1, 1989,
pp. 3-17., in Christelle Morel Journel et Valérie Sala Pala, « Le peuplement, catégorie montante des
politiques urbaines néolibérales ? », Métropoles (En ligne), 2011, p. 4
http://metropoles.revues.org/4536., article publié en octobre 2011, consulté le 18 octobre 2013.
56
ibid., p. 4.
18
Les sociétés actuelles ont intégré les réseaux de communication, surtout l’internet à son
mode de vie et donc la ville doit s’adapter aux changements de la modernité.
Au niveau mondial, il existe déjà quelques quartiers et villes considérées comme
intelligentes, d’autres projets sont encore en phase de construction.
L’investissement qu’implique la construction d’une ville de ce type est énorme, raison
pour laquelle sont peu les projets ou villes qui intègrent tous les critères du concept d’une ville
numérique (économie intelligente, habitants intelligents, mode de vie intelligente, mobilité
intelligente, environnement intelligent et gouvernance intelligente).
A continuation, on détaillera quelques exemples des villes et quartiers qui ont incorporé
la technologie à son territoire pour rendre un meilleur service à sa population. Du fait qu’il
n’existe pas un organisme officiel qui analyse et classifie les villes intelligentes, la sélection de
ces exemples c’est fait à partir de modèles de référence du projet Yachay en Equateur et d’une
recherche étendue à travers l’internet des meilleurs pratiques des villes intelligentes.
Un quartier solaire à Linz
Solarcity, en français ville solaire, est un projet pilote de la municipalité de la ville de
Linz, en Autriche. Ce projet a été conceptualisé en 1992 par Roland Rainer, mais sa
construction s’est réalisée en 1999 jusqu’à 2005. Solarcity, comme son nom l’indique est un
quartier écologique qui utilise seulement de l’énergie solaire et un quartier compact (32
hectares). Le gouvernement local a subventionné l’achat des panneaux solaires, de façon que
1294 maisons du quartier aient des panneaux photovoltaïques (3 500 mètres2 est la superficie
des panneaux en totale)57, il faut aussi mentionner que ces maisons ont été construites avec des
matériaux qui contribuent à la réduction de l’usage d’électricité :
« Chaque immeuble consomme moins de 37 kilowattheures par mètre carré par an, alors que la
moyenne nationale est de 65 kilowattheures »58
Actuellement, 50% de l’eau chaude du quartier, provient de l’énergie solaire produite par
les panneaux. La ville a été planifiée de manière que les routes destinées aux voitures sont
inexistantes. En effet, elles ne sont pas nécessaires puisqu’il existe un système de transport
57
Bienvenue à «Solar City»
http://www.lesaffaires.com/strategie-d-entreprise/innovation/bienvenue-a-solarcity/508197#.UnFLERBpv84, article apparu le 28 décembre 2009, consulté le 19 octobre 2013.
58
ibid.
19
performant et des rues piétonniers.59 Solarcity a un système de recyclage des eaux de pluie
lesquels sont utilisés dans l’arrosage.
La population qui habite dans cet éco-quartier est de 3000 habitants et le coût total du
projet a été de 300 millions de dollars, lesquels ont été financé d’une part par l’Union
Européenne et d’autre part par le gouvernement de Haute- Autriche.
Amsterdam Smart City
Autre exemple clair de la mise en place des initiatives écologiques pour atteindre une
ville intelligente est la ville d’Amsterdam. Dans cette ville européenne, le gouvernement local
utilise les TIC pour faire face aux problèmes liés à la contamination de l’environnement à cause
de l’émission du CO2. Ainsi, que le citadins de sa part, ils ont un mode de vie respectueux avec
l’environnement.60 En effet, cette ville se caractérise par une mobilité intelligente dans laquelle
la plupart de sa population se déplace en vélo, à pied ou en tramway.
Une étude réalisé en 2004, montre que dans l’année 2000 le pourcentage de la population
d’Amsterdam qui se mobilisait en voiture n’était que de 31% contre 69% qui se mobilisait en
vélo (24%), transport public (23%) et à pied (22%).61
Continuant avec la volonté écologique et atteindre ses objectifs climatiques de diminuer
ses émissions de CO2 de 40% pour l’année 202062; la municipalité d’Amsterdam avec le
support du secteur privés, la société civil et instituts de recherche, en 2009 a lancé le programme
nommé Amsterdam Smart City.63 Ce programme est focalisé principalement en cinq thèmes :
loyer, mobilité, travail, espaces publics et information et il cherche a transformé toute la zone
métropolitaine d’Amsterdam dans une ville intelligente et non polluante.
En ce qui concerne les loyers, il existe plusieurs projets dans la ville qui cherchent à
contrôler l’usage de l’énergie et de cette façon éviter un gaspillage de la même. Par exemple,
des lecteurs intelligents ont été installés dans quelques maisons de la ville et ils permettent aux
propriétaires des maisons connaître leur vrai consommation d’énergie, en temps réel, et prendre
59
Municipalité de Linz
http://www.linz.at/english/life/3239.asp, consulté le 25 octobre 2013.
60
Amsterdam Smart City
http://www.ecointeligencia.com/2011/11/amsterdam-smartcity/, publié le 11 novembre 2011, consulté le
28 octobre 2013.
61
Pomonti VANNINA, « Politiques urbaines et mobilité durable : analyse comparée d'Athènes et
Amsterdam », Ecologie & politique, N°29, 2004 p. 53-68.
62
Ámsterdam, la ciudad inteligente y colaborativa.
http://www.sostenible.cat/sostenible/web/noticies/sos_noticies_web.php?cod_idioma=2&seccio=3&num
_noticia=438957. Publié le 24 septembre 2012, consulté le 28 octobre 2013.
63
Amsterdam smart city
http://amsterdamsmartcity.com/?lang=en, consulté le 26 octobre 2013.
20
des décisions. Autre exemple de ce genre est le projet pareil qui a été mise en place dans le
quartier de Haarlem. Ce projet consistait à installer, dans 140 maisons du quartier, un système
qui permettait d’identifier la consommation d’énergie de chaque électroménager de la maison.
Les résultats de ce projet pilote ont été positifs puisque la plupart des foyers participants ont pu
réduire leur consommation d’environ 25%, grâce à une adéquate utilisation des
électroménagers.64
D’autre côté, le projet «Amsterdam Free Wifi » dans le quartier d’IJburg65, lequel a pour
objectif, assurer l’accès à l’internet wifi de manière gratuite à tous les citadins de cette zone de
la ville.66
Finalement, le projet Smart Work Centers est un des projets les plus innovants de la ville.
Il s’agit de la création des « centres de télétravail à proximité des zones d’habitat »67. Le but de
ce projet est réduire la mobilité des citadins et avec cela diminuer les émissions de CO2 produits
par le voitures et le transport public ; ainsi que facilité la vie des salariés en leur permettant
dépenser moins de temps pour aller au travail et avoir plus de temps libre pour eux et leur
famille.68
Shanghai
Dès 2006, le gouvernement local de la ville avait déjà établit un ensemble d’indicateurs
qui traduisaient la transformation de celle-ci en une ville intelligente : augmenter
considérablement la contribution du secteur des services dans la croissance économique ;
augmenter à 2,8% du produit interne de la ville l’investissement en recherche et développement;
assurer une main d’œuvre avec au moins 14,5 ans d’éducation :augmenter le taux de diffusion
de l’internet ; assurer une bonne qualité d’air, augmenter le taux d’eau résiduelles traitées et
augmenter l’espérance de vie des citoyens à plus de 80 ans, entre autres.69 Déjà en 2010, et à
64
Ámsterdam, la ciudad inteligente y colaborativa.
http://www.sostenible.cat/sostenible/web/noticies/sos_noticies_web.php?cod_idioma=2&seccio=3&num
_noticia=438957. Publié le 24 septembre 2012, consulté le 28 octobre 2013.
65
IJburg est un quartier de la ville d’Amsterdam, construit sur plusieurs îles artificielles vers la fin des
années 1990.
66
Amsterdam Free Wifi
http://amsterdamsmartcity.com/projects/detail/id/63/slug/amsterdam-free-wifi, consulté le 16 octobre
2013.
67
Smart grids – CRE, Les caractéristiques d’une ville intelligente.
http://www.smartgrids-cre.fr/index.php?p=dossiers&srub=smartcities&action=imprimer., consulté le 10
septembre 2013.
68
Avec les Smart Work Centers, la ville d’Amsterdam veut réduire la surface de ses bureaux de moitié
http://www.innovcity.fr/2011/04/26/smart-work-centers-ville-amsterdam-reduire-surface-de-ses-bureauxde-moitie/., publié le 26 avril 2011, consulté le 16 octobre 2013.
69
Building an Innovative City: The Macro Perspective
http://www.oecd.org/innovation/buildinganinnovativecitythemacroperspective.htm, consulté le 26
septembre 2013.
21
l’occasion de l’exposition universelle au sujet « Meilleure ville, meilleure vie »70 dont Shanghai
était le siège, la ville fut capable de montrer des résultats qui ont surpris le monde, avec un
développement remarquable des infrastructures et des indicateurs sociaux qui se rapprochaient à
ceux des pays développés.
Plus récemment, la municipalité de la ville de Shanghai a développé un plan de 5 ans
(2011 – 2013) dénommé « Plan pour la construction de Smart City » ce qui montre son
compromis envers la continuation des efforts dans la ligne du modèle de ville intelligente et son
importance pour l’amélioration de la qualité de vie des citoyens mais aussi comme un levier de
transformation de l’économie vers une économie fondée sur l’innovation.71
Le plan établit des objectifs ambitieux dans plusieurs axes, tous fondés sur le
développement des technologies de l’information. Notamment, on peut souligner : 72
 Développement intégrale de l’accès à l’internet haut débit, internet sans fil et
communications mobiles, accompagné par le développement de nouvelles technologies
dans ce domaine, notamment le développement des réseaux 4G pour les
communications mobiles ;
 Amélioration des services de santé par la numérisation des histoires cliniques de tous les
habitants ;
 Renforcement du secteur des TIC, accompagné par l’implantation de projets spécifiques
dans les domaines de l’informatique en nuage et d’infrastructure comme super
ordinateurs, centre de données, entre autres;
 Construction d’une nouvelle génération de bâtiments innovants et fonctionnels, à niveau
domestique et commerciale, de façon à jouer un rôle principale dans ce domaine à
niveau mondiale ;
 Mise en place de systèmes numérique pour améliorer la sécurité et l’administration de la
ville, notamment dans les domaines de de la sécurité alimentaire et la prévention de
désastres naturelles ;
 Informatisation des services de transport public locaux et régionaux comme outil pour
atteindre une amélioration profonde de l’intégralité des modes de transports offerts aux
habitants de la ville ;
70
Sujet original en anglais de l’exposition universelle de 2010: « Better city, better life »
Action Plan 2011-2013 of Shanghai Municipality for Building Smart City
http://www.shanghai.gov.cn/shanghai/node27118/node27973/u22ai70898.html., consulté le 30septembre
2013.
72
ibid.
71
22
 Développement de l’ « e-gouvernement » comme moyen d’offrir des services publics
plus convenables mais aussi comme moyen de réduire brèche numérique entre les
citoyens, à travers la numérisation des procédures administratives, la réduction de
papiers, l’augmentation du nombre de procédures « en ligne », entre autres .
La ville intelligente de Masdar
L’émergence de villes intelligentes et des initiatives durables faces aux défis actuels n’est
pas uniquement présente dans les pays européens et asiatiques ; ces idées sont aussi dans le
monde arabe.
La ville intelligente de Masdar est un projet de construction d’une ville ex nihilo, laquelle
sera localisée au milieu du désert, près de la ville de de Abu Dabi et elle aura une extension de
7km2.73 Cette ville est planifiée pour avoir une population de 50 000 habitants et une capacité
pour recevoir jusqu’à 1500 entreprises. Le coût total du projet sera environ de plus de 20 000
millions de dollars.74 La logique de fonctionnement de ce district sera celle d’une ville
intelligente qui veut atteindre un développement économique à travers l’attraction
d’investissement étranger, mais aussi atteindre un développement sociale et durable. En effet, ce
projet cherche à construire la première ville libre d’émissions de CO2 et de déchets dans le
monde ; ainsi que d’être une ville autogérée. L’initiative est courageuse, mais pour l’instant le
projet est en construction et on estime que pour l’année 2025 sera fini.75
Songdo Quartier internationale des affaires76
Près de la ville d’Incheon, au Corée du Sud, se construit la ville considérée comme la plus
intelligente du monde, dénommée Songdo Quartier internationale des affaires (IBD). La
construction de ce district a commencé en 2004 et il sera fini pour l’année 2017.77 En 2009, la
première phase du projet a été finie, ce qui représente le un tiers du projet final. Cette ville qui
commence à être habitée a une extension de 53km2 dans lequel se conjuguent une zone
résidentielle, une zone commerciale, une zone industrielle et une zone destinée aux loisirs.
L’IBD se caractérise par être une ville compacte qui évite le gaspillage d’espace, de temps et
73
Smart grids – CRE, Les caractéristiques d’une ville intelligente.
http://www.smartgrids-cre.fr/index.php?p=dossiers&srub=smartcities&action=imprimer., consulté le 10
septembre 2013.
74
Ciudad Masdar, ejemplo de smart city
http://www.ayecertificaciones.com/blog/ciudad-de-masdar-ejemplo-de-smart-city/., publié le 21
décembre 2012, consulté le 02 octobre 2013.
75
Smart grids – CRE, Les caractéristiques d’une ville intelligente, op. cit.
76
Songdo International Business District, est le nom original de la ville.
77
Songdo International Business District, Incheon, South Korea
http://www.designbuild-network.com/projects/songdo-international-business-district-incheon/, consulté le
18 septembre 2013.
23
des ressources ; une ville intelligente et une ville verte puisque les espaces verts représentent
40%78 du territoire totale de l’IBD.79 Son objectif est de devenir une zone de développement
économique, un des centres d’affaires les plus importants d’Asie en liant les villes proches de
Shangai et Tokyo,8081 tout en préservant l’environnement et la qualité de vie des citadins. En
effet, l’IBD cherche à devenir un rival économique pour la ville de Seul.
La ville intelligente de Songdo est une ville interconnectée et ubiquité, c’est-à-dire qu’il y
a internet wifi dans tout le territoire et la technologie est incorporée dans tous l’infrastructure de
la ville :
« (…) panneaux de commande permettant le contrôle de l’ensemble des fonctions de
l’habitat (lumières, température, volets, musique, etc.), surveillance à distance des enfants et,
d’autre part, au sein des espaces publics : suivi, contrôle et optimisation du trafic routier grâce
à des véhicules équipés de puces RFID, gestion dynamique et intelligente de la signalisation
(message de prévention routière, alertes climatiques, etc.), gestion des flux de personnes et
adaptation en conséquence du niveau d’éclairage public ». 82
En ce qui concerne la conservation de l’environnement ; cette ville a investi beaucoup
dans des systèmes et technologie destinées au traitement des eaux, de déchets et à la récollection
des eaux de la pluie. C’est ainsi qu’elle a instauré la technologie pour que « les ordures, soient
aspirées et acheminées par des tuyaux sous-terrains »83 et elle possède un centre automatisé de
tri. Avec les déchets, cette ville produit de l’énergie renouvelable.
Dans cette ville, le concept de mobilité intelligente est aussi présent, grâce aux TIC les
citadins ont accès par exemple accès à l’information du transport public (itinéraire) ; il y a des
voitures électriques ; ainsi qu’un espace destiné aux piétons :
« (…) la ville est constitué d’espaces verts et le réseau de pistes cyclables est long de
25 km».84 78
Songdo, la ciudad más inteligente del mundo
http://www.lanacion.com.ar/1616937-songdo-la-ciudad-mas-inteligente-del-mundo., publié le 05 de
septembre 2013, consulté le 10 octobre 2013.
79
Kwon Hyung LEE, “Building a New Smart City in Asia: Songdo International City in Incheon, S.
Korea”, Incheon Development Institute, 2011. pp. 66.
80
Smart grids – CRE, Les caractéristiques d’une ville intelligente, op. cit.
81
Very Smart Cities
http://www.forbes.com/2009/09/03/korea-gale-meixi-technology-21-century-cities-09-songdo.html.,
publié le 09 mars 2009, consulté le 12 octobre 2013.
82
Smart grids – CRE, Les caractéristiques d’une ville intelligente, op. cit.
83
Séoul porte le futur sur Songdo, Eva John
http://www.liberation.fr/economie/2012/12/02/seoul-porte-le-futur-sur-songdo_864602., publié le 02
décembre 2012, consulté le 10 octobre 2013.
84
ibid.
24
Cependant tous les efforts faits par le gouvernement d’Incheon et la technologie
incorporée à cette ville pour la rendre plus attractive ; Songdo n’a pas eu le succès attendu, la
ville reste vide. Actuellement, l’espace occupé qui était destiné au commerce représente moins
du 20 %85 prévu, ce qui nous montre que les résultats attendus arrivent plus lentement de ce qui
était espéré. Le coû total du projet est de 35 milliards de dollars.86
Lyon Smart Community
La ville de Lyon est aussi considérée comme une ville intelligente. En effet, plusieurs
programmes et projets se sont développés pour maitriser la consommation de l’énergie et
transformer cette espace dans un lieu d’innovation et de « l’expérimentation Smart City ».87
Le projet urbain le plus remarquable du Grands Lyon date du début du XXIème siècle
lorsque le maire de la ville, Raymond Barre, lance l’initiative d’urbaniser 150 hectares88 de la
ville de Lyon en construisant un quartier écologique, moderne et durable. Il s’agit du quartier
dénommé Lyon Confluence.8990 La construction de cet éco-quartier a été planifiée pour
accueillir à 25 000 habitants.
Ce projet cherchait à construire :
« Un morceau de ville dans laquelle chacun aimerait vivre, travailler et se détendre,
organiser une vie urbaine en harmonie avec le patrimoine fluvial et paysager, étendre la
centralité lyonnaise historique à toute la presqu’île (…) ainsi que toutes les communes du sudouest, intégrer ce nouveau morceau de ville dans l’agglomération, notamment avec des
évolutions sensibles du réseau routier, ferroviaire et de transports en commun ». 91
Aujourd’hui, grâce à son succès, Lyon Confluence est le protagoniste principal de
plusieurs initiatives innovantes qui ont pour but atteindre le modèle de ville intelligente.
Pour cela, plusieurs politiques et projets sont mise en place dans le quartier pour réduire
la pollution. La protection de l’environnement et l’amélioration de la qualité de vie de sa
85
Existen ciudades inteligentes?
http://www.muyinteresante.com.mx/preguntas-y-respuestas/638965/songdo-corea-del-sur-ciudad-delfuturo-inteligente/., publié le 04 septembre 2013, consulté le 10 octobre 2013.
86
World's Largest Projects: Songdo IBD
http://construction.about.com/od/Future-Projects/a/Worlds-Largest-Projects-Songdo-Ibd.htm., consulté le
12 octobre 2013.
87
Lyon Smart Community
http://www.grandlyon.com/Lyon-Smart-Community.5518.0.html, consulté le 15 octobre 2013.
88
SPLA Lyon Confluence, La Confluence : Lyon 1er quartier durable WWF, Lyon, 2011.
89
1600 Pandas et 660 nouveaux logements dans le quartier durable Lyon Confluence
http://www.wwf.fr/s-informer/actualites/1600-pandas-et-660-nouveaux-logements-dans-le-quartierdurable-lyon-confluence., publié le 17 octobre 2010, consulté le 15 octobre 2013.
90
Lyon Confluence, Historique du projet Lyon Confluence, Lyon, 2005.
91
ibid., p. 2.
25
population et un principe essentiel du quartier. Les résultats de ses projets ont été jusqu’à
positifs.
Le quartier de Lyon Confluence a été le premier quartier « durable labellisé WWF de
France »92. En effet, en 2010, le Grand Lyon et l’Organisation Mondiale de Protection de la
Nature (WWF) ont signé une convention, laquelle a pour finalité construire en commun un Plan
d’Action Durabilité (PAD) pour Lyon Confluence ; ainsi que développer des programmes en
commun pour atteindre les dix principes de ce plan :
1. Zéro carbone : optimiser l’utilisation de l’énergie et produire de l’énergie
renouvelable.
2. Zéro déchets : réussir à recycler 70% des déchets du quartier.
3. Mobilité durable : réduction l’usage des voiture et améliorer le service de
transport public.
4. Matériaux locaux et durables : stimuler l’utilisation des matériaux recyclés qui
ont un faible impact dans l’environnement et qu’ils soient de production locale.
5. Alimentation locale et durable : stimuler a consommation d’aliments bio et de
production locale.
6. Gestion durable de l’eau
7. Habitats naturels et biodiversité : conserver l’environnement et la nature.
8. Culture et patrimoine local : valorisation de l’héritage culturel
9. Equité et développement économique : promouvoir le développement
économique local
10. Qualité de vie et bien-être : améliorer la santé et le bien-être des usagers.93
D’autre part, l’utilisation des TIC dans cet éco-quartier est aussi un aspect positif pour
atteindre le control de la consommation de l’énergie dans le quartier :
« 50% des besoins en eau chaude sont assurés par les bois et les 50% restants par des
capteurs solaires (…) installation de 1000m2 de panneaux photovoltaïques en toiture pour
réduire encore les charges ».94
La ville de Lyon participe aussi dans le programme Concerto, de la Commission
Européenne, à travers le projet Concerto-Renaissance du Grand Lyon. Ce projet a pour objectif
92
SPLA Lyon Confluence, La Confluence : Lyon 1er quartier durable WWF, op. cit., 11.
ibid.
94
Grand Lyon Communauté urbaine, Projet urbain durable "éco-quartier : le projet urbain Lyon
Confluence, Lyon, sans date.
http://www.economie.grandlyon.com/fileadmin/user_upload/fichiers/site_eco/200805_gl_immobilier_dur
able_lyon_confluence_fr.pdf., consulté le 13 octobre 2013.
93
26
construire des bâtiments qui favoriseront à l'efficacité énergétique et à l’utilisation des énergies
renouvelables. Dans le quartier Lyon Confluence, le gouvernement local cherche à construire
« 620 logements, 14 000 m2 de bureaux et 4 300 m2 de commerces et activités en pied
d’immeuble » 95 avec le financement de la Commission Européenne.
Autre aspect qui caractérise à de Lyon comme une ville intelligente est le fait qu’il a une
mobilité intelligente. En effet, la ville de Lyon et Lyon Confluence possèdent un service
efficace de transport public (tramway, métro, bus et vélo’v) qui contribue à la diminution de la
pollution.
Finalement, autre projet innovant qui est en phase de développement à Lyon est le projet
Lyon Smart Community, un projet pilote qui sera développé par le Grand Lyon en partenariat
avec l’Organisation pour le Développement de Nouvelle Industrie et Industrie Technologique
du Gouvernement du Japon (NEDO). La finalité de ce projet sera : la construction d’un
« bâtiment à énergie positive »96, la dotation des voitures électriques et l'installation « d'energyboxes »97 pour permettre à leur population avoir un control de la consommation d’énergie dans
leurs foyers.
Si bien on a pu constater grâce aux exemples précédents de villes intelligentes que les
pays développés utilisent ce nouveau modèle de ville pour répondre aux défis
environnementales, il serait intéressant aussi d’analyser comment la notion de ville intelligente
est mise en œuvre dans les pays émergeants comme c’est le cas de la région latino-américaine.
B.
L’introduction de la notion de ville intelligente en Amérique
Latine
L’apparition des initiatives qui cherche à transformer les villes en villes intelligentes
prennent force en Amérique latine ces dernières années.
95
Grand Lyon Communauté urbaine, Programme Concerto / Renaissance : L’habitat durable au cœur de
Lyon Confluence, Lyon, sans date.
http://www.grandlyon.com/fileadmin/user_upload/Pdf/territoire/Grands_Projets/Confluence/Plaket_pres_
Concerto_Renaissance.pdf
96
Lyon Confluence : signature d'une convention d'engagement entre le Grand Lyon et NEDO pour la
mise en oeuvre d'un démonstrateur "smart community" d'ici à 2015
http://www.economie.grandlyon.com/actualite-economie-actu-lyon.194+M5237e8b4b85.0.html.,
consulté le 15 octobre 2013.
97
ibid.
27
1.
Une initiative en plein essor en Amérique latine
Actuellement, l’Amérique latine est la région du monde avec la plus grande croissance
économique, malgré la crise économique mondiale. En 2012, le PIB de la région latinoaméricaine a augmenté de 3,1%, pendant que le PIB mondial a grandi seulement de 2,2%.98
En ce qui concerne sa démographie, en 2012, l’Amérique latine a eu une population de
597 526 000 d’habitants99, parmi laquelle 29,4% est pauvre.100 La population urbaine de
l’Amérique latine représente le 80% de sa population totale.101
Concernant le taux de chômage urbain de la région, celui-ci s’est réduit discrètement. En
2011, il était de 6,7% tandis que dans l’année suivante ce taux est baissé à 6,4%.102
Si bien, cette région du monde à une croissance économique, cette croissance n’est pas
repartie équitablement à l’intérieur des pays :
« D’après les dernières données, le 10% de la population plus riche de l’Amérique latine
reçoit 32% de revenus totales de la région, tandis que la population la plus pauvre (40%),
reçoit uniquement 15% de revenus de la région. » 103
Lorsqu’il s’agit de l’accès à l’internet, cette région est encore en retard si on la compare
avec les pays développés dans lesquels 80% de la population à accès à ce service, tandis ce taux
pour les pays latino-américains est uniquement de 40%.104
En 2012, le numéro d’utilisateurs d’internet fut de 2.400 millions, parmi ce pourcentage
la population latino-américaine représentait uniquement le 10,6%105
98
Naciones Unidas, Comisión económica para América Latina y el Caribe, Balance preliminar de las
economías de América latina y el caribe, Santiago de Chile, 2012. 99
Banco Mundial, América Latina y el Caribe
http://datos.bancomundial.org/pais/LAC., consulté le 05 octobre 2013.
100
Naciones Unidas, Comisión económica para América Latina y el Caribe, Panorama Social de América
Latina, Santiago de Chile, 2012.
101
La urbanización presenta oportunidades y desafíos para avanzar hacia el desarrollo sostenible
http://www.eclac.cl/notas/73/Titulares2.html., publié en août 2012, consulté le 05 octobre 2013.
102
Naciones Unidas, Comisión económica para América Latina y el Caribe, Balance preliminar de las
economías de América latina y el caribe, op. cit.
103
« Las últimas estadísticas disponibles para 18 países indican que en promedio el 10% más rico de la
población latinoamericana recibe 32% de los ingresos totales, mientras que el 40% más pobre recibe
solo 15% ». Naciones Unidas, Comisión económica para América Latina y el Caribe, Panorama Social
de América Latina, op. cit. 55.
104
Naciones Unidas, Comisión económica para América Latina y el Caribe, Estado de la banda ancha en
América latina y el Caribe: Informe del Observatorio Regional de Banda Ancha, Santiago de Chile, 2012.
http://www.eclac.org/publicaciones/xml/9/48449/EstadobandaAnchaenAMLC.pdf
105
América Latina pisa cada vez más fuerte en internet
http://www.bbc.co.uk/mundo/noticias/2013/01/130117_tecnologia_internet_2012_aa.shtml., publié le 18
janvier 2013, consulté le 14 octobre 2013.
28
Malgré une économie dynamique, les sociétés latino-américaines en encore des difficultés
pour répondre aux besoins de sa population qui est de plus en plus urbaine. Les problèmes
urbains sont plusieurs : un taux élevé de pauvreté, un taux élevé de travail informel, précarité
concernant les logements (occupation illégale des territoires), une faible dotation de services
publics (transport public de mauvaise qualité et pas effective, pas accès à l’eau potable,
éducation gratuit etc…) et problèmes environnementaux. Les problèmes de sécurité sont aussi
un défi pour l’Amérique latine, en 2008 le taux d’homicide dans la région est de 26 par mil
habitants.106
A présent, la mondialisation a permis aux pays latino-américains de reprendre les
tendances apparues dans les pays développés et d’essayer de leur mettre en place dans leur
propre réalité. D’où, la notion de ville intelligente est actuellement un concept en plein essor
dans la région latino-américaine qui est de plus en plus mise en pratique dans les pays de cette
région du monde.
A continuation, on étudiera quelques exemples de projets et programmes développés ou
en face de développement dans l’Amérique latine.
2.
Quelques exemples remarquables dans la région
Curitiba, Brésil
La ville de Curitiba, au Brésil, est un type assez particulier de ville intelligente. Depuis la
deuxième moitié du XX siècle, elle suit rigoureusement un plan d’urbanisme réalisé initialement
en 1940 par Alfred Lagache et la société française d’études urbaines qui prenait en compte
principalement le schéma des voies de communication et les systèmes d’assainissement ; ce
plan fut ensuite raffiné en 1968 par le maire de Curitiba, Jaime Lerner. Le plan de Lerner était
caractérisé par focaliser les efforts sur une multiplicité de projets modérés qui répondaient à des
besoins précis des citoyens avec un regard futuriste de durabilité et inclusion sociale, plutôt que
juste sur quelques projets de grande échelle107.
Entre les projets dérivés de ce deuxième plan d’urbanisme de la ville, on peut remarquer
les suivants :
Transport public efficace : A travers la mise en place d’un système de bus rapide,
confortable et efficace, la ville a réussi à doubler sa population depuis 1974, mais en même
106
Inter-american Dialogue, La situación de la seguridad ciudadana en América Latina, Perú, 2012.
A. SOLTANI, and E. SHARIFI, “A Case Study of Sustainable Urban Planning Principles in Curitiba
(Brazil) and Their Applicability in Shiraz (Iran)”, International Journal of Development and
Sustainability, Vol. 1 No. 2, 2012, pp. 120–134.
107
29
temps, voir le trafic se réduire de 30%108, tout en réduisant la consommation de 30% par
habitant de fuel et profitant une des meilleures qualité d’air de toutes les villes du pays109.
Actuellement ce même système de transport public mobilise au moins 85% des habitants de
Curitiba110.
Le développement des espaces verts et d’une responsabilité citoyenne écologique, à
travers la sélection d’industries non polluantes et la massification d’espaces verts, ce qui lui
attribue actuellement le surnom de la capitale écologique du Brésil111.
Système moderne de gestion de déchets qu’actuellement permet un taux de recyclage de
70% des déchets produits par ses habitants, accompagné de plusieurs programmes de support
aux gestes de tri ciblés surtout pour la population de faibles revenus112.
La construction depuis les années 1980 de multiples « phares du savoir 113», des
véritables centres d’éducation gratuits et complets qui incluent des bibliothèques, de l’accès à
internet, bureaux pour la promotion de l’emploi, entre autres, ciblés envers la population la plus
désavantagée114.
Enfin, les politique suivies par la ville de Curitiba lui ont permis de devenir la 7e ville la
plus grande, mais aussi la 4e plus riche du Brésil. Elle détient à elle seule un produit interne de
17 milliards de dollars américains115.
Monterrey, Mexique
La ville de Monterrey, capitale de l’état de Nuevo Léon, au Mexique, est un référent
national voire régional de développement économique fondé sur la transformation des capacités
productives d’une ville, détenant plus de 50 parcs industriels occupés par des sociétés
spécialisés dans des industries très variées dont la pharmaceutique, des TIC, logistique, entre
autres qui se sont implantés dans cette ville de 3,5 millions d’habitants depuis une dizaine
d’années.116 En 2009, le produit interne par habitant de la région doublait déjà la moyenne
108
ibid..
Joseph Goodman, Melissa Laube, and Judith Schwenk, Curitiba’s Bus System is Model for Rapid
Transit, race, poverty & the environment
http://urbanhabitat.org/node/344., consulté le 16 octobre 2013.
110
A. SOLTANI, and E. SHARIFI, “A Case Study of Sustainable Urban Planning Principles in Curitiba
(Brazil) and Their Applicability in Shiraz (Iran)”, op. cit.
111
ibid.
112
ibid.
113
Nom original : Faróis de Saber
114
A. SOLTANI, and E. SHARIFI, “A Case Study of Sustainable Urban Planning Principles in Curitiba
(Brazil) and Their Applicability in Shiraz (Iran)”, op. cit.
115
Tim DIXON, “Sustainable Urban Development to 2050: Complex Transitions in the Built
Environment of Cities”, Oxford Institute for Sustainable Development, Oxford Brookes University, 2011.
116
The World's Smartest Cities
109
30
nationale et détenait un écosystème académique vibrant avec plus de 80 institutions d’éducation
supérieure dont l’Institut Technologique de Monterrey117 qui est considérée entre les meilleures
du pays.118
Dans le cadre d’un projet réalisé en partenariat par l’Institut Technologique de Monterrey
et les sociétés industrielles privées de la région, la construction d’une ville intelligente est prévu
démarrer prochainement. Cette ville intelligente devrait offrir à ses citadins tous les bénéfices
que la technologie plus moderne peut offrir peut apporter, notamment « l’approvisionnement
des foyers en énergie solaire et d’outils électroménagers intelligents pour un bilan écologique et
un usage de l’énergie plus performant ; les institutions de la santé sont numérisées et efficaces ;
les voitures sont électriques et les services de transports publics se paient avec le portable, entre
autres. » 119
Guatemala City
La ville de Guatemala120 en Amérique centrale a obtenu le prix à l’initiative la plus
innovatrice lors de l’édition 2012 du Smart Cities Expo World Congress qui eut lieu à
Barcelona. 121 L’initiative qui a été récompensée est celle de la mise en place de 1400 panneaux
solaires pour alimenter l’éclairage publique de la ville, ainsi que pour alimenter en électricité
« bon marché » à 400 foyers dans des quartiers pauvres de la ville. Le mécanisme de
financement de cette infrastructure énergétique est aussi innovateur : un partenariat public –
privé à travers lequel
plusieurs quartiers aisés de la ville sont munis des premiers 1000
panneaux solaires ce qui leur permet d’obtenir une réduction de 20% sur sa facture
d’électricité ; en échange ces foyers financent la totalité de l’investissement requis, ce qui
http://www.forbes.com/2009/12/03/infrastructure-economy-urban-opinions-columnists-smart-cities-09joel-kotkin.html., publié le 1 mars 2009, consulté le 15 septembre 2013.
117
Nom originale : Instituto Tecnológico de Monterrey.
118
Deuxième dans le classement nationale d’universités selon le magazine mexicaine d’affaires América
Economia, Las mejores universidades de México
http://rankings.americaeconomia.com/2012/ranking-universidades-mexico/ranking.php., consulté le 15
septembre 2013.
119
Texte original : « where homes are solar-powered and equipped with intelligent household appliances,
provided hospitals with high technology and where electric cars to circulate and operate payment
systems of public transport through cell phone, among other things”. Source: Mexico will develop
“Smart City”
http://www.mexicanbusinessweb.mx/eng/2012/mexico-will-develop-smart-city/., publié le 06 décembre
2012, consulté le 17 septembre 2013.
120
Ciudad Guatemala est la capital de Guatemala et son nom officiel est : Nueva Guatemala de la
Asunción.
121
World Smart Cities Awards 2012
http://www.smartcityexpo.com/premios-2012., consulté le 17 septembre 2013.
31
permet que les derniers 400 panneaux solaires soient installés dans les quartiers les plus pauvres
de la ville.122
San Luis, Argentine
La ville de San Luis en Argentine est la pionnière dans ce pays en ce qui concerne des
programmes et projets de ville intelligente.
San Luis a réussi à devenir un pôle technologique grâce à la mise en place de politiques
focalisées sur l’inclusion digitale. Ces politiques ont la finalité d’inciter l’usage de technologies
aux citadins et l’attraction d’investissement étrangers, à travers l’implémentation des entreprises
de TIC. Pour atteindre ces objectifs, le gouvernement local a mis en place plusieurs programmes
entre eux, un programme qui finance le 50% du prix total d’un ordinateur. Aujourd’hui les
résultats de ces politiques sont très satisfaisants ; toute la population de San Luis a accès gratuit
à l’internet ; ainsi que 80% de la même possède un ordinateur.123
De même, San Luis dispose d’un centre de contrôle de la ville, lequel avec l’aide de 70
caméras installées dans toute la ville permet de répondre à la police et ambulance rapidement
aux accidents de transports, mais aussi identifier aux délinquants.
D’autre part, dans cette ville il existe aussi le projet dénommé « Mon prochain bus »124,
lequel permet aux citadins d’accéder à l’information de itinéraires des bus (temps d’attend et
routes) ; de même que contrôler la vitesse à laquelle le bus roule et voir si le chauffeur respect
les limites de vitesse. Si ils dépassent les limitent de vitesse permis, un système notifie
immédiatement aux autorités et le chauffeur peut être sanctionné, c’est un moyen efface pour
diminuer les accidents de transport.125
Dans le domaine écologique, San Luis a des programmes de recyclage de déchets. En
effet, le tri dans cette ville permet de valoriser les déchets et donc fabriquer des cahiers, agendas
entre autres.
Pour le futur, San Luis développera un système qui permettra d’enregistrer l’historial
clinique de sa population.
En résume, la notion de ville intelligente est actuellement vue comme un modèle de ville
qui permet aux citadins et aux gouvernement locaux développer leur ville, atteindre un
122
ibid.
Ciudad inteligente surge en Argentina
http://www.eluniversal.com.mx/articulos/66816.html., publié le 11octobre 2011, consulté le 20 octobre
2013
124
“Mi próximo colectivo” en espagnol.
125
Ciudad inteligente surge en Argentina, op. cit.
123
32
développement économique, mais aussi respecter l’environnement, tout en assurant le futur pour
les générations futures.
Dans le monde entier, plusieurs projets et programmes prenant en compte au moins un
aspect de la ville intelligente se sont développés pendant ces dernières années. L’Amérique
latine n’est pas une exception à ce mouvement. La partie suivante de ce document analyse le cas
spécifique de l’Equateur, pays andin qui envisage la construction d’une ville intelligente, la
même qui aura pour but de contribuer au développement économique et social du pays : il s’agit
de Yachay, cité de la connaissance.
33
PARTIE II.
Le cas de l’Equateur : YACHAY, cité de la
connaissance
"La notion d’économie de la connaissance est devenue un cadre de réflexion obligé pour
la plupart des économies développées mais aussi pour de nombreux pays en développement".126
L’Equateur fait partie des pays qui croient que l’investissement humain est le seul moteur
pour le fonctionnement de l’économie, le développement de la nation et la libération de la
dépendance des matières premières comme source principale de revenus. C’est ainsi que le
projet Yachay nait pour changer le modèle traditionnel productif du pays et améliorer la qualité
de vie de la population équatorienne.
A. La genèse du projet
1.
Antécédents
1.1. Contexte économique et social
L’Equateur est un pays de l’Amérique du Sud qui limite au nord avec la Colombie et à
l’est comme au sud avec le Pérou (voir figure 1). Son territoire de 283 561 km2 est occupé par
une population d’environ 15 839,799 habitants.127 Il est composé par 24 provinces et sa capitale
est la ville de Quito.
L’Equateur possède quatre zones climatiques : les Andes, la Côte, l’Amazonie et les Iles
Galápagos, lesquelles sont situées à 1000 km de la cote du pays dans l’océan Pacifique ; c’est le
pays avec la plus grande concentration de fleuves par kilomètre carré du monde, ainsi que le
pays avec la plus grande biodiversité par kilomètre carré du monde, portant plusieurs espèces
animales et végétales uniques sur la planète. Le pays s’inscrit dans la liste des 17 nations avec la
plus grande biodiversité au monde.128
Cette petite nation sud-américaine possède un territoire riche en ressources naturelles,
notamment des importantes réserves minières et pétrolières. En effet, d’après une étude réalisée
126
Haudeville BERNARD et alii, « Quelles articulations entre économie de la connaissance et
développement ? », Mondes en développement, 2009/3 n° 147, 2009, p. 2.
127
Censo poblacion del Ecuador
http://www.inec.gob.ec/estadisticas/., consulté le 29 septembre 2013.
128
17 países megadiversos del mundo
http://www.rpp.com.pe/2012-09-08-17-paises-megadiversos-del-mundo-noticia_520498.html., publié le
08 septembre 2012, consulté le 09 septembre 2013.
34
par l’organisation latino-américaine d’énergie (OLADE), l’Equateur est le quatrième pays avec
plus de pétrole dans la région latino-américaine (3%) après le Venezuela (85%), le Brésil (5%)
et le Mexique (4%).129 Ainsi, ce pays est un important exportateur de pétrole brut dans la région,
le principal exportateur de bananes dans le monde et un des principaux exportateurs de fleurs,
cacao et crevettes.
Quant à la composition du produit interne brut, les revenus du pays proviennent
principalement de l’extraction du pétrole (40%), suivi de l’agriculture (6%), de la pèche et de
l’industrie minière.130 Le secteur des services est aussi un secteur important pour le pays
puisqu’il représente 54% du PIB.131
Figure 1.
Situation géographique de l’Equateur
Source : Google Maps 2013
Le début du XXIe siècle fut particulièrement difficile économiquement pour la population
équatorienne à cause de la crise économique qui eut lieu dès 1999, date à laquelle le
gouvernement de Jamil Mahuad, entre autres mesures très polémiques, décide d’arrêter la
129
Organisation Latinoamericaine d’énergie
http://www.olade.org/ecuador., consulté le 29 septembre 2013.
130
Ecuador en cifras
http://www.ecuadorencifras.com/cifras-inec/pib.html#tpi=1., consulté le 30 septembre 2013.
131
Banque Central de l’Equateur 2012.
http://www.bce.fin.ec/indicador.php?tbl=pib. Consulté le 30 septembre 2013.
35
circulation de la monnaie nationale, le « sucre », pour adopter le dollar américain et tenter ainsi
de stabiliser l’économie nationale. Malgré tout, aujourd’hui, l’Equateur est la huitième
économie latino-américaine avec un PIB de
84 039 856 000 USD.132 Selon le Centre
d’Information des Nations Unies à Panama, l’Equateur est le troisième pays avec la plus grande
croissance économique de la région.133 En effet, la croissance économique de l’Equateur entre
2007 et 2011, a augmenté en moyenne de 4,3%, tandis que celle de l’Amérique latine a
augmenté que de 3,5% dans la même période.134
Par rapport à l’aspect démographique, l’Equateur est le pays avec la plus grande densité
de population par Km2 dans la région sud-américaine (environ 54 habitants par Km2) ;
actuellement le pays est détenteur d’un des plus bas taux de chômage de l’Amérique.135 Les
citadins représentent la majorité de la population équatorienne avec 60,4% des habitants du
territoire national qui habitent dans des collectivités urbaines. Environ 50% de la population
équatorienne habite dans la Côte, 45% dans la « Sierra » (zone montagneuse), 5% dans
l’Amazonie et de 0,2% sur les Iles Galápagos.
136
Le 71,9% de la population est considérée
comme métis (ou d'origine mixte), 6,1% blancs, 6,8% indigènes, 7,2% afro-équatoriennes, et
7,4% « montubios ».
137138
132
Banque Mondiale
http://www.bancomundial.org/es/country/ecuador., consulté le 30 septembre 2013.
133
Ecuador: Tercero con mayor crecimiento regional 2011 y 2012
http://www.cinup.org/noticias/noticias-del-mundo/1120-ecuador-tercero-con-mayor-crecimientoregional-2011-y-2012., publié le 04 janvier 2012, consulté le 02 octobre 2013.
134
Secrétariat Nationale de Planification et développement, Système National d’Information,
http://app.sni.gob.ec/web/sni., consulté le 18 septembre 2013.
135
Mapa Comparativo de Países, Densidad de población, Sudamérica
http://www.indexmundi.com/map/?v=21000&r=sa&l=es., consulté le 19 septembre 2013.
136
Profil Equateur
http://www.paho.org/saludenlasamericas/index.php?id=40&option=com_content., publié le 11 avril 2013,
consulté le 19 septembre 2013.
137
Censo poblacion del Ecuador. op. cit.
138
Censo revela que los ecuatorianos aceptan sus orígenes étnicos
http://www.telegrafo.com.ec/sociedad/item/censo-revela-que-los-ecuatorianos-aceptan-sus-origenesetnicos.html., publié le 12 octobre 2011, consulté le 18 septembre 2013.
36
Figure 2. Répartition par origine ethnique de la population équatorienne
Source : réalisation personnelle basée sur les données d’INEC 2013
La distribution de la population n’est pas homogène, la plupart de la population
équatorienne est concentrée dans les pôles de développement économique du pays, c’est-à-dire
dans les provinces de Pichincha et Guayas.
Quito est le siège du gouvernement et des institutions publiques et politiques du pays.
Elle détente une population de 2 239 191 habitants. Elle est la deuxième ville la plus peuplée de
l’Equateur après Guayaquil. Guayaquil à son tour, est localisée dans la Côte du pays, elle est le
principal port commercial du pays, presque le 70% des exportations et importations du pays
sont commercialisé à travers cette ville, d’où le surnom de « capitale économique » du pays.
Guayaquil est la ville la plus peuplé de l’Equateur avec une population de 2 350 915
habitants139.
Si bien l’Equateur est un pays riche en ressources naturelles, avec des paysages naturels
et une biodiversité unique au monde, la réalité sociale ne reflète pas cette richesse. Le pays n’a
pas encore réussi à réduire considérablement l’inégalité économique entre la population la plus
riche et la plus pauvre. Aussi, ils existent encore des énormes inégalités régionales. Malgré les
efforts du gouvernement actuel à travers l’exécution de plusieurs politiques économiques et
sociales de gauche, le taux de pauvreté reste élevé et on constate toujours une inégalité en ce qui
concerne le développement économique et urbain du pays. La concentration des activités
économiques dans les villes de Quito, Guayaquil et Cuenca a eu comme conséquence un
développement économique et urbain polarisé autour de celles-ci. La plupart des villes de petite
139
Censo poblacion del Ecuador. op. cit.
37
ou moyenne taille ont échappé à ce développement, surtout dans les régions nord, centre et dans
la région de l’Amazonie ; dans ces régions l’accès à l’éducation, la santé et aux services publics
de base reste limité et de mauvaise qualité, ainsi que la diffusion des technologies d’information
et communication reste discrète.
D’après, l’Institut Nationale de Recensement de l’Equateur (INEC) en 2012, 25,3% de la
population équatorienne était pauvre et 9,4% de la population était dans l’extrême pauvreté. La
pauvreté est présente dans tout le pays, mais on constate qu’il y a de zones qui sont exclues de
cette catégorisation : il s’agit des deux pôles économiques du pays où ils se trouvent les villes de
Quito et Guayaquil. 140 Le centre du pays est la région avec le taux de pauvreté plus élevé (entre
50% et 57%), suivi du nord, de l’est (Amazonie) et du sud-ouest du pays, régions pour
lesquelles le taux de pauvreté se trouve entre 30% et 50%. En contraste, pour les provinces de
Pichincha (dont la capitale est Quito) et de Guayas (dont la capitale est Guayaquil) ainsi que
pour quelques provinces voisines à celles-ci, le taux de pauvreté s’établit de 14% à 30% (voir la
figure 3 ci-dessous).
Figure 3.
Taux de pauvreté par province
Source : INEC 2012
140
Ultimos datos de pobreza en Ecuador, INEC,
http://www.inec.gob.ec/estadisticas/index.php?option=com_remository&Itemid=&func=startdown&id=1
509&lang=es&TB_iframe=true&height=250&width=800, consulté le 14 septembre 2013.
38
L’inégalité économique régionale observée est une conséquence de la concentration de la
richesse uniquement dans les grandes villes du pays. En effet, si on compare les taux de
pauvreté de Quito, Guayaquil et Cuenca avec celui du pays, on constate qu’ils sont loin de la
réalité nationale. Le taux de pauvreté de Quito pour l’année 2011 était 10,3%, celui de
Guayaquil 19,2% et celui de Cuenca 12,4%141, tandis que celui du pays est de 25,3%.
En ce qui concerne l’indice de GINI, l’inégalité économique de l’Equateur s’est réduite
de 0,54 à 0,45 entre les années 2006 et 2011.142 De même, une évaluation réalisée par le Conseil
Nationale de Planification du pays, en décembre 2010, montre que les groupes le plus pauvres
sont les indigènes (65,2%) suivi des « montubios » (47,9%) et des afro-équatoriens (37,8%)143,
tandis que celui des métis (28,1%) et des “blancs” (20,6%) est considérablement plus bas.144
30,0%
25,6%
25,0%
20,0%
Ambato
Quito
15,0%
10,0%
Guayaquil
11,0%
9,5%
12,3%
Machala
Cuenca
5,0%
0,0%
2007
2008
2009
2010
2011
2012
Figure 4. Evolution historique du taux de pauvreté dans quelques grandes villes de l’Equateur
Source : réalisation personnelle basée sur l’Enquête Nationale d’emploi, chômage et sousemploi, INEC 2012
A partir de l’année 2006, sous le gouvernement du président Correa, on constate un
accroissement de l’investissement dans le social (éducation et sécurité sociale). En 2006, le
secteur social représenté uniquement 6,7 % du PIB, tandis qu’en 2010 ce taux augmente jusqu’à
9,2%.145 Si bien les efforts investis sont importants, l'Equateur est toujours confronté à un long
141
ibid.
Banque Centrale de l’Equateur, op. cit.
143
Indicador registra que se redujo la desigualdad económica en el Ecuador
http://andes.info.ec/2009-2011.php/?p=132299, publié le 17 janvier 2012, consulté le 20 septembre 2013.
144
ibid.
145
Ecuador en breve
142
39
chemin de la lutte contre la pauvreté et l'inégalité. Les taux de pauvreté plus élevés on les
retrouve dans les zones rurales (49,1%), les populations indigène et afro-équatorienne sont
encore marginalisées du progrès ; l’accès aux services publics élémentaires (éducation, santé,
eau potable, électricité, etc.) restent limités dans les régions déjà précisées.
En matière d’éducation, les inégalités sont d’autant plus visibles. Si bien le taux moyen
d’illettrisme en Equateur dans l’année 2010 était de 6,8%146, des différences existent entre le
secteur rural et le secteur urbain. En effet, 3,8% de la population urbaine est analphabète, tandis
que pour le secteur rural ce taux augmente énormément à 16,5%.147 En outre, ce taux moyen de
3,8% d’analphabétisme ne reflète pas la réalité car toute la population des zones urbaines ne
possède pas les mêmes conditions et garanties pour accéder à une éducation publique gratuite de
qualité.
Dans le domaine de la santé, le gouvernement de Correa a entrepris la construction de
nouveaux hôpitaux, le remodelage de bâtiments existants et l’équipement des institutions de la
santé publique afin de garantir l’accès de la population à un service de bonne qualité. Seulement
l’année dernière (2012), le gouvernement à investit 1,6 milliards de dollars dans le secteur de
santé.148 Actuellement, dans tout le pays, il y a 167 hôpitaux généraux et 22 hôpitaux
spécialisés, mais il reste encore beaucoup de travail à faire pour que toute la population
équatorienne ait accès à la santé publique.149
Le retard pris par quelques régions du pays est visible aussi par rapport à l’usage des
technologies d’information et communication (TIC). Si bien, lors du dernier recensement en
2010, 75,5% de la population équatorienne possède un portable, lorsqu’il s’agit d’avoir un
ordinateur ce pourcentage ce réduit à 27% des foyers. Ce chiffre diminue considérablement si
on regarde les statistiques au niveau rural, où uniquement 8% de la population possède un
ordinateur.150 De même, l’accès à l’internet n’est pas encore un service assuré pour toute la
population (voir l’annexe 1). En 2010, le taux moyen d’accès à l’internet est de 16,7% pour la
population urbaine et de 1,3% pour la population rurale et de 11,8% au national. Si bien ce
http://www.fondodelagua.aecid.es/es/fcas/donde-trabaja/paises/ecuador.html., consulté le 17 septembre
2013.
146
Ministère d’éducation de l’Equateur, Indicateurs éducativeshttp://educacion.gob.ec/wpcontent/uploads/downloads/2013/03/Analfabetismo.pdf
147
Ministère d’éducation de l’Equateur, Indicateurs éducatives, Quito, 2012.
148
Gobierno ecuatoriano proyecta invertir $ 6.600 millones en sector social en 2013
http://www.eluniverso.com/noticias/2013/06/14/nota/1026806/gobierno-ecuatoriano-proyecta-invertir6600-millones-sector-social., publié le 14 juin 2013, consulté le 01 octobre 2013.
149
Ecuador prevé consolidar un presupuesto de USD 5.651 millones en salud hasta el 2017,
http://www.andes.info.ec/es/sociedad/ecuador-preve-consolidar-presupuesto-usd-5651-millones-saludhasta-2017.html., publié le 10 janvier 2013, consulté le 10 octobre 2013.
150
Ministerio de Telecomunicaciones (MINTEL) y de la Sociedad de la Información e Instituto Nacional
de Estadística y Censo (INEC), Reporte anual de estadísticas sobre tecnologías de la información y
comunicaciones TIC’s, Quito, 2010.
40
chiffre a augmenté de plus de 50% entre 2008 et 2010, l’accès à l’internet reste un privilège
pour une petite fraction de la population urbaine, la population rurale restant presque totalement
isolée151. En outre, concernant l’usage courant de l’internet parmi les équatoriens qui en ont
accès, seulement 51,7% d’entre eux l’utilisent au moins une fois par jour, ce qui reflète que
l’internet n’est pas un instrument de travail pour presque la moitié de ceux-ci.152 Ces chiffres
montrent que l’usage des TIC comme instrument pour le développement reste encore très limité
ou inexistant pour la plupart des équatoriens.
Avec le gouvernement de Correa depuis l’année 2006, l’Equateur a connu quelques
progrès économiques et sociaux. Cependant, ces progrès sont encore insuffisants et le
gouvernement cherche à améliorer la qualité de vie de la population équatorienne à travers la
mise en œuvre de politiques sociales et de projets de développement économique plus ambitieux
comme c’est le cas de la construction de la première ville intelligente du pays.
1.2. Contexte politique
En ce qui concerne le régime politique, la République de l’Equateur est un pays
démocratique depuis sa création en 1829, en exceptant une période de dictature militaire entre
les années 1972 et 1979. A partir de 1980 se succèdent une série de gouvernements élus par voie
démocratique mais sans une vraie stabilité politique, particulièrement entre les années 1996 et
2006, période pendant laquelle le pays connut dix Chefs d’Etat différents (entre présidents élus
et vice-présidents qui les succédaient en leur absence), entre eux Rosalia Arteaga, la première
femme vice-présidente du pays, qui ne restât que deux jours au pouvoir, et le colonel retraité
Lucio Gutierrez qui restât deux ans au pouvoir et fut le prédécesseur de Correa.
En 2006, un nouveau parti politique de gauche sous la devise de « révolution
citoyenne»153 gagne les scrutins présidentiels et Rafael Correa devient le Chef d’Etat numéro
soixante-dix septe de l’Equateur avec une majorité des scrutins sans précédent dans l’histoire du
pays. Il sera réélu en février 2013.
Depuis son ascension au pouvoir en 2006, l’économiste de formation M. Rafael Correa
annonce mener une politique socialiste souveraine, renforcer l'intégration régionale, notamment
151
ibid.
Los usuarios de teléfonos inteligentes (Smartphone) se incrementaron en un 60%
http://www.inec.gob.ec/inec/index.php?option=com_content&view=article&id=573%3Alos-usuarios-detelefonos-inteligentes-smartphone-se-incrementaron-en-un60&catid=68%3Aboletines&Itemid=51&lang=es., publié le 02 avril 2013, consulté le 05 octobre 2013.
153
En espagnol : Revolución Ciudadana
152
41
avec les autres gouvernements « Bolivariens »154 et accroître l'investissement social et décide de
créer une nouvelle Constitution pour valider avec la population son projet politique. En
septembre 2007, se rédigé cette nouvelle Constitution (la 20e constitution du pays) qui est
adoptée par référendum populaire le 30 Septembre 2008 avec une majorité éclatante. Cette
nouvelle constitution de la République de l’Equateur prend en compte un nouveau concept, le
« bien-être » de la population, lequel est présent tout au long des plus de 400 articles composant
la constitution :
« Nous avons décidé de construire une nouvelle forme de coexistence citoyenne, en
diversité et en harmonie avec la nature, pour atteindre le bien être, le».155
Le “sumak kawsay”156, plus qu’une originalité de la nouvelle Constitution équatorienne,
fait partie du nouveau modèle de vie des acteurs sociaux proposé par les gouvernements
socialistes, notamment en Amérique latine, dans le cadre de leurs revendications contre le
modèle économique néolibéral, répandu pendant les années 90, qui a échoué à réduire la
pauvreté et à diminuer les écarts dans la distribution de la richesse dans les sociétés latinoaméricaines du XXIe siècle. Dans le cas de l’Équateur, ces revendications ont été reconnues et
intégrés dans la Constitution, devenant ainsi les principes et lignes directrices du nouveau
« pacte social ».157
Dans la nouvelle Constitution, le « sumak kawsay» cherche à 158:
 améliorer la qualité de vie et l’espérance de vie de la population ;
 développer leur capacités et potentialités ;
 stimuler la participation effective de la citoyenneté dans tous les domaines
d’intérêt public ;
 établir une coexistence harmonique avec l’environnement;
 garantir la souveraineté nationale, promouvoir l’intégration latino-américaine et
 protéger et promouvoir la diversité culturelle.
154
En espagnol : Bolivariano. Gouvernements latino-américains de gauche, dont leur but est de construire
« Le grand pays latino-américain », suivant la volonté de Simon Bolivar, libérateur des colonies
espagnoles de l’Amérique latine.
155
« Decidimos construir una nueva forma de convivencia ciudadana, en diversidad y armonía con la
naturaleza, para alcanzar el buen vivir, el “sumak kawsay” ». Source: Asamblea del Ecuador,
Constitution de la République de l’Equateur de 2008, Quito, 2008. p. 15.
156
«Le Bien – être » : expression quichua, langue autochtone de certaines populations indigènes de
l’Equateur et de la région des Andes, utilisé aussi en référence aux politiques du gouvernement actuel.
157
El Buen Vivir en la Constitución del Ecuador
http://plan.senplades.gob.ec/3.3-el-buen-vivir-en-la-constitucion-del-ecuador., consulté le 18 septembre
2013.
158
Asamblea del Ecuador, Constitution de la République de l’Equateur de 2008, op. cit., 135.
42
Les politiques du gouvernement de Correa sont dirigés à la production et distribution des
biens et services, à la préservation de l’environnement, au développement de la culture, de la
technologie, à la construction d’une souveraineté alimentaire et énergétique, et aux différentes
formes de production et distribution, inclus les formes locales et plus traditionnelles de
production. 159
Le gouvernement cherche à promouvoir une nouvelle vision économique dans laquelle le
centre du développement est l’individu et l’objectif final est atteindre le « bien-être » de celui-ci,
le « sumak kawsay ».
Pour atteindre ces objectifs, le gouvernement a travaillé dans l’élaboration d’un « Plan
Nationale pour le Bien-Etre » : un plan de développement qui relie et organise les politiques, la
gestion et l'investissement public dans qui en même temps renforce le caractère plurinational et
interculturel de l'Etat. Ce plan cherche à promouvoir un modèle économique inclusive, c’est à
dire un modèle qui réussit à incorporer aux procès d’accumulation et de redistribution aux
acteurs historiquement exclus de la logique du marché capitaliste : indigènes et afro-équatoriens
principalement. Aussi cherche-t-il à promouvoir les formes de production qui se basent sur des
principes différents à telle logique du marché. 160
Autre axe directeur de ce plan : garantir, à travers l’intervention de l’état, les droits de la
population équatorienne à l’accès universel de services sociaux de qualité. Cette vision est
diamétralement opposée au modèle néolibéral qui conçoit les services de base comme
l’éducation, la santé et la sécurité sociale comme des marchandises payantes soumises aux
règles du marché. 161
Le gouvernement est conscient que l’investissement qu’il doit faire est énorme et que les
ressources naturelles qui actuellement sont le moteur de l’économie équatorienne ne sont pas
infinies. Le gouvernement a donc mis en place des politiques économiques qui cherchent à
développer des nouvelles formes de production pour le pays, transformant une économie
d’extraction de matières premières (pétrole, produits agricoles) en une économie productrice de
biens et de services de grande valeur ajoutée (par exemple : dérivés du pétrole et pétrochimie,
technologies de l’information, électronique, médicaments et bio technologies) dans le but
d’augmenter la productivité interne et de diversifier et augmenter les exportations, ce qui devrait
avoir un impact positif sur la balance macroéconomique du pays. 162
159
El Buen Vivir en la Constitución del Ecuador, op. cit.
ibid.
161
ibid.
162
ibid.
160
43
Cette stratégie vise à renforcer le processus de transformation du modèle de
l'économie, afin de surmonter le mode d'accumulation extractive-primaire-exportateur et
inverser les externalités négatives qu'il génère pour la qualité de vie, individuelle et collective de
la population équatorienne.
En Equateur, la concentration de la production qui est exportée provient directement du
secteur primaire, notamment du brut de pétrole et de quelques autres produits traditionnels
depuis l’époque coloniale. Le manque de diversité des produits d’exportation et la concentration
du pouvoir économique et politique dans les pôles de développement limitent les possibilités
d’atteindre le bien-être car ils contribuent à l’inégalité régionale du pays, à l’exploitation
irrationnelle des ressources naturelles et enfin à la dégradation du territoire et du patrimoine
naturel des équatoriens. 163
L’augmentation de la productivité réelle, la diversification productive et la transformation
des exportations sont des instruments essentiels de cette stratégie car il permettront améliorer
l’économie du pays, à travers le développement du marché interne, la réduction de la
dépendance externe du pays et la diminution de la vulnérabilité de l’économie face aux crises
externes, en ce qui concerne la demande externe des produits nationaux, et la volatilité des prix
dans les marchés globaux de matières premières comme le pétrole, les bananes et les roses,
entre autres produits d’exportation traditionnels du pays. 164
Le gouvernement de Correa cherche avec cette stratégie laisser de côté la conception
traditionnelle de compétitivité, utilisée largement dans le commerce internationale, et impulser
plutôt une coopération entre les Etats latino-américains pour atteindre un développement
conjoint de la région. Cette vision devrait contribuer ainsi à surmonter les problèmes récurrents
des pays émergents ou sous-développés, comme l’endettement excessif, des salaires faibles,
chômage à cause de la rigidité de la main d’œuvre non qualifiée vers des taches plus
spécialisées.165
En synthèse, d’après le gouvernement de Rafael Correa, le concept traditionnel du
marché voit à l’individu et à l’environnement comme des ressources exploitables, c’est
pourquoi il propose un changement de vision dans lequel, les individus et l’environnement sont
considérés comme des sujets de droits et dans laquelle la production du pays permet de répondre
aux besoins humains sans surexploiter les individus ou l’environnement. Plus exactement, il
s’agit d’une productivité au service de la vie et non pas au détriment de celle-ci. Cette nouvelle
163
ibid.
ibid.
165
ibid.
164
44
vision est mise en place pour transformer le modèle économique à travers la substitution
sélective des importations.
Les politiques qui vont délimiter les actions du gouvernement dans l’Etat équatorien ont
été incorporées dans le « Plan Nationale pour le Bien-Etre » 166:

Stimuler l'économie interne à travers l’usage de technologies moins polluantes
et plus efficaces ;

Améliorer la qualité de l’éducation et l’accès de la population à celle-ci, ainsi
que promouvoir le développement des conditions favorables pour la création
d’une main d’œuvre spécialisée qui habilite la population à obtenir une
meilleure rémunération et améliorer leur cadre de vie ;

Contrôle de l’exploitation ouvrière ;

Transformer l’économie, à travers la production de biens et services exportables
à importante valeur ajoutée, diminuant ainsi la dépendance économique des
ressources naturelles, et stimulant la création de nouveaux emplois ;

Construire des zones industrielles modernes ;

Développer et construire l’infrastructure qui permet la production des biens et
services non traditionnels à importante valeur ajoutée (parcs technologiques et
industriels) ;

Promouvoir le développement de nouvelles industries pour renforcer le nouveau
modèle de spécialisation de l'économie sur les secteurs secondaire et tertiaire ;

Renforcer la main-d'œuvre qualifiée dans le développement de technologies et
des capacités humaines.
L’adoption de ces politiques a comme conséquences des transformations profondes du
pays et de la société équatorienne et pour cela il faut mettre en place des projets qui stimulent le
développement économique, social et technologique de l’Equateur. Dans ce contexte, le
gouvernement de Rafael Correa a décidé d’entreprendre la construction d’une ville destinée à
piloter l’innovation ainsi que le développement technologique et économique du pays : il s’agit
de Yachay, cité de la connaissance.
166
Construyendo un Estado Plurinacional e Intercultural
http://plan.senplades.gob.ec/3.4-los-derechos-como-pilares-del-buen-vivir, consulté le 19 septembre
2013.
45
2. Présentation du projet
2.1. Yachay, Cité de la Connaissance
Yachay sera une ville intelligente dans laquelle le gouvernement de l’Equateur intégrera
le savoir, la technique et les technologies plus modernes avec l’innovation, l’industrie et le
principe de développement durable.
Yachay a été conçue comme la première ville planifiée du pays dans laquelle l’université,
l’innovation technologique et des sociétés privées dans quelques industries priorisées seraient
les moteurs principaux de la dynamique de cette ville. Yachay sera fondée sur l’industrie de la
connaissance. Pour cela, le gouvernement cherche à regrouper les meilleures idées, les meilleurs
professionnels (étudiants, chercheurs, cadres et main d’œuvre qualifiée) et la meilleure
infrastructure de la région pour générer un développement scientifique, économique et social
qui permettra à la population du pays, mais aussi de l’Amérique latine, d’atteindre le « BienEtre ».
Le projet Yachay est profondément inspiré du concept de la triple hélice167, qui est créé à
partir du développement du savoir et l'interaction proche entre les universités, l'industrie et le
gouvernement afin de faire face aux problèmes sociaux.168
Avec le projet Yachay, le gouvernement cherche à construire une ville intelligente dans
laquelle les ressources naturelles seront utilisés d’une façon plus responsable et surtout durable.
Il y aura une réduction de la génération de déchets et une gestion moderne de ceux-ci qui
favorise le tri, recyclage et valorisation en matière ou énergie de ceux-ci ; la production de
l’énergie à partir de sources renouvelables et non polluantes ainsi qu’un usage plus efficace de
l’énergie produite ; une rénovation et protection de l’environnement local ; ainsi que des
services publics plus performants.
167
« La triple hélice est un concept pour modéliser les transformations dans les relations entre université,
industries et gouvernance. Dans la triple Hélice III, les sphères institutionnelles de l’université, de
l’industrie et de la décision politique en plus d’activer leur fonctions traditionnelles, assument chacune le
rôle des autres sphères, les universités participant à création d’une atmosphère industrielle, ou jouant le
rôle d’un quasi-gouvernement pour organiser la recherche au niveau régional ou local». Source :
Martino NIEDDU, Modèle de la triple hélice et régulation du changement régional : une étude de cas,
Reims, UFR Sciences Economiques et de Gestion, 2001, p. 1
168
Shinn TERRY, « Nouvelle Production du Savoir et Triple Hélice », Actes de la recherche en sciences
sociales, Vol. 141-142, 2002, pp. 21-30.
46
Figure 5.
Représentation graphique de la triple hélice
Source : Université Tusur169
Yachay est conçue pas seulement comme une ville intelligente et écologique, mais aussi
comme une ville « ubiquiste », c’est-à-dire qu’à travers le développement d’un réseau urbain
informatique et de communications de pointe, ses habitants pourront être connectés entre eux,
les services publiques et les entreprises, favorisant de cette façon le libre échange d’idées,
l’innovation, l’esprit d’entreprise et une meilleure gestion de la ville.
En effet, sa construction implique la création d'une ville à partir de zéro, mais aussi la
consolidation d'une zone économique de développement spécial (zone franche) qui permettra la
génération de nouveau savoir-faire autour de nouvelles technologies.
Pour atteindre son
objectif, Yachay sera définie comme un territoire douanier qui stimule l’implantation de
sociétés nationales ou internationales à travers la suppression de certains impôts pour
l’importation d’équipements envisagés pour être utilisés dans les processus de transfert de
technologie et d’innovation et dans les opérations qui contribuent à la diversification industrielle
et au développement des services logistiques.
La Cité de la Connaissance se construit en quatre phases, à un coût total estimé de 2,3
milliards de dollars américains, qui seront répartis au cours de vingt ans, temps estimé pour la
construction complète du projet de ville. On espère que la population atteint les 200 000
habitants en cinquante ans.
169
Participation de TUSUR dans le modèle «Triple hélice», http://www.tusur.ru/fr/enterprise/triplehelice/., consulté le 14 octobre 2013.
47
Yachay est un projet emblématique du gouvernement de Rafael Correa puisque, au-delà
d’être un des projets le plus grands en termes d’investissement financier, il est sans doute le plus
ambitieux en termes d’objectifs à atteindre.
Yachay sera composée par :
 une université spécialisée dans les formations scientifiques ;
 des centres publics-privés de recherche fondamentale et appliquée;
 des centres de transfert de technologie et savoir-faire ;
 des entreprises de haute technologie et acteurs majeures nationaux ou
internationaux dans les industries priorisés par l’Etat ;
 un parc industriel et technologique et
 un comité national agricole et agroindustriel.
Yachay sera aussi une ville futuriste, référent national et régional pour le développement
économique et social, où l’intégration durable entre l’agglomération urbaine et l’environnement
de la zone est indispensable pour le succès du projet.
Les espaces verts seront priorisés dans cette ville, ainsi que l’usage de vélos sera incité
comme moyen principal de mobilisation des habitants. En plus, il est envisagé de construire
éventuellement un système de transport public de haute qualité et efficacité écologique. Tout
d’abord, un réseau piétonnier étendu sera construit, supporté par l’installation d’une
infrastructure informatique poussée qui permettra une meilleure gestion de la ville.
Le bien-être et la santé des habitants de cette ville est un facteur clé pour le succès du
projet. C’est pour cette raison que le design de la ville incitera le non-usage de la voiture comme
moyen de transport, mais plutôt l’utilisation de moyens plus écologiques et sains, comme la
marche et le vélo, qui participent à la prévention d’affectations cardiovasculaires,
psychologiques et respiratoires causés par l’obésité, le stress et la pollution de l’air. De plus, on
espère que les espaces verts, piétonniers et publiques stimuleront les flux économiques,
contribueront au développement d’une économie sociale et solidaire, et favoriseront
l’interaction des individus et l’échange des idées.
Yachay sera divisée en quatre secteurs ou « quartiers » :
1. Le secteur de la connaissance
2. Le secteur de la technologie et de l’industrie
3. Le secteur de l’Agriculture et des Biotechnologies
4. Le secteur du tourisme
48
La première phase de construction concerne le secteur de la connaissance. Ce secteur sera
le centre de l’innovation, la recherche et du savoir. Il rassemblera l’université, les centres de
recherche, des entreprises et des institutions éducatives (écoles primaire et secondaire), de santé
ainsi que d’autres services essentiels pour garantir le « bien – être » de ses habitants.
L’université de Yachay sera le moteur de la ville et le premier centre académique public
spécialisé en formations scientifiques de l’Equateur. Elle offrira des formations en sciences et
technologies, notamment dans cinq domaines :
 sciences de la vie ;
 technologies de l'information et des communications (TIC) ;
 pétrole et pétrochimie ;
 nanotechnologies ;
 énergies renouvelables et changement climatique.
Les domaines des formations académiques de l’université de Yachay ont été déterminés à
partir d'études réalisés par le Secrétariat Nationale de Planification et Développement de
l’Equateur (SENPLADES) et ils répondent, d’après le gouvernement, aux besoins
fondamentaux de la société équatorienne. Ainsi, ces formations académiques devraient
contribuer au processus de transformation de l’économie et la société équatoriennes.
L’infrastructure de l’université est déjà en construction et le gouvernement estime que les
premiers cours auront lieu à partir du premier semestre de l’année 2014 (voir Annexe 2).
Le secteur de la connaissance de Yachay aura une superficie approximative de 660
hectares et une population estimée de 45 000 habitants. On envisage que pour l’année
académique 2014-2015 il y aura 25 enseignants munis d’un diplôme de doctorat (Ph.D), chargés
de donner les cours aux étudiants universitaires.
La création de l’université poursuit quatre objectifs principaux:
i. promouvoir la recherche scientifique, le développement de la technologie ;
ii. former les meilleurs professionnels avec des habilités et capacités pour générer
une recherche scientifique interdisciplinaires ;
iii. faire de la recherche conjointe entre l’université, les centres de recherche et les
sociétés industrielles privés ou publiques ;
iv. créer des réseaux de recherche au niveau nationale et régionale.
Des alliances stratégiques ont déjà été signées avec plusieurs universités reconnues
internationalement comme l’université de Stanford, l’université de Californie, l'Institut
supérieur coréen des sciences et technologies (KAIST), l’Institut de technologie de
49
Massachusetts et l’université de Yale, dont le but est de réaliser un transfert de connaissance à
travers l’échange des futurs étudiants et enseignants.
En ce qui concerne la recherche, les centres de recherche qui ont un rapport avec les axes
de développement économiques ou sociales priorisés par l’Etat équatorien seront déplacés à
Yachay pour qu’ils puissent travailler ensemble et entreprendre avec les sociétés privées
industrielles et l’université des recherches en commun, améliorant en même temps les relations
entre ses acteurs et l’Etat.
A priori, les instituts publics qui auront leur siège à Yachay sont :
 l’Institut national d’hydrologie et météorologie
 l’Institut national d’investigation géologique, minière et métallurgique
 l’Institut national de l’efficacité énergétique et énergies renouvelables
 l’Institut géographique militaire
 l’Institut spatial Equatorien
 l’Institut océanographique de l’armée
 l’Institut antarctique Equatorien
 l’Institut national de recherche en santé publique
 l’Institut national de recherche agricole
 l’Institut national de pêche
 l’Institut national du patrimoine culturel
Dans le secteur industriel, on construira le parc industriel le plus moderne du pays, ainsi
que des pépinières de nouvelles entreprises. Cette zone sera connectée de manière stratégique
avec le secteur de la connaissance. Pour inciter les entreprises dans les industries de pointe à
s’implanter sur Yachay, le gouvernement équatorien offre plusieurs stimuli financiers et fiscaux:
 des crédits d’investissement et création d’entreprises qui ont un rapport avec la
recherche, le développement et l’innovation dans les axes de développement
établis par l’Etat ;
 des réductions d’impôts pour les sociétés privés dans le domaine technologique,
qui contribuent à une amélioration de la production nationale dans certaines
industries considérées comme prioritaires pour le pays ;
 le co-financement pour la formation de professionnels des entreprises.
50
En ce qui concerne les pépinières, ils auront le rôle fondamental de donner du support aux
petits producteurs et aux nouvelles micro-entreprises pour améliorer leur efficacité et leur
rentabilité.
Le troisième secteur est destiné à l’agriculture et les biotechnologies. Cette zone aura plus
de 2 000 hectares consacrés à l’agriculture et à des projets innovants de recherche en
biotechnologie.
Lorsqu’on parle de biotechnologies, le gouvernement équatorien ne veut pas se limiter
uniquement au domaine agricole. Il cherche aussi à développer du savoir et du savoir-faire dans
d’autres domaines comme l’environnement, la production, et les bio-médicaments, entre autres,
qu’actuellement sont relativement inexistants en Equateur.
Domaines
Biomédecine
Production
Environnement
Agriculture
Figure 6.
Actions

Développement
maladies;

Développement de médicaments et principes actifs ;

Application de la génétique pour la modification des
organismes.

Production de plastiques biodégradables, huiles végétales
et biocarburants ;

Production de nouveaux matériaux.

Traitement de l’environnement à travers la bio
remédiation ;

Recyclage de matériaux et traitement de déchets solides ;

Traitement de sols pollués ;

Traitement des eaux résiduelles.

Augmentation des rendements des cultures ;

Réduction des épidémies ;

Résistance aux facteurs environnementaux ;

Réduction de l’usage de pesticides ;
de
traitements
innovants
contre
 Production agricole dans des conditions défavorables.
Dimensions du domaine des biotechnologies à Yachay, Cité de la Connaissance
Source : Plan Maestro, Yachay E.P., 2012
Le dernier et quatrième secteur est dénommé « de la distraction, la culture et le
tourisme ». En effet, Yachay serait construit dans une zone à intérêt touristique en ce qui
concerne les paysages naturels et la culture autochtone, de façon à offrir des services culturels et
51
des loisirs à la population active de Yachay, ce qui permet d’éviter les déplacements inutiles
dans les grandes villes tout en assurant l’attraction et rétention du facteur humain qualifié dans
la ville. En outre, ceci permet d’augmenter le taux de tourisme dans la région qui entoure
Yachay.
2.2. Localisation du projet : le village d’Urcuquí, le lieu idéal pour la construction de
Yachay
Depuis l'époque coloniale, le développement économique, social et urbain de l’Equateur a
été centré dans les trois provinces principales: Pichincha, Guayas et Azuay. Ces provinces ont
été bénéficiées par l'économie et par sa position géographique. Cependant, les autres provinces
du pays ont été ignorées et leur développement a été entravé à cause du faible support politique
et économique de l’Etat, d’une mauvaise infrastructure routière qui les isole du reste du pays et
du retard pris en infrastructure technologique et de télécommunications, facteurs évidemment
nécessaires pour devenir des centres compétitifs et acteurs importants de la croissance
économique du pays. Un autre objectif poursuivi par le gouvernement à travers la construction
de Yachay est de distribuer d’une manière plus équitable l’investissement publique à la totalité
de la population équatorienne, ainsi que d’offrir des nouvelles opportunités aux collectivités
locales marginées des pôles de développement historiques.
C’est ainsi que le projet de Yachay, Cité de la Connaissance, se construit dans le canton
de San Miguel de Urcuquí situé au nord-ouest de la province d’Imbabura, à 152 km de la ville
de Quito (voir figure 7). Dans cette zone du pays, le gouvernement de la «révolution citoyenne»
a identifié une importante concentration de pauvreté et sous-développement, malgré son niveau
élevé de production agricole. Cette zone a été qualifié comme stratégique pour l’exécution de
projets de développement économique et social. Avec la construction de la Cité de
la
Connaissance à Urcuquí, le gouvernement équatorien cherche à réduire les inégalités existantes
dans la région par rapport aux pôles de développement historiques déjà cités, permettant de
développer de façon plus homogène le pays mais en focalisant les efforts sur les provinces
touchées par des niveaux extrêmes de pauvreté, chômage et sous-développement.
52
Figure 7.
Localisation et définition de la zone d’intervention de Yachay
Source : Entreprise Publique Yachay E.P, 2013
Par ailleurs, ceci est une exigence de la nouvelle Constitution de l’Equateur, qui établit la
construction d'un Etat économiquement et socialement égalitaire, qui garantit le développement
homogène du pays et l’accès aux services de base à l’intégralité de la population équatorienne,
ce qu’on peut apprécier dans l’extrait suivant :
«Une des fonctions primordiales de l’Etat est de promouvoir le développement homogène
et solidaire dans tout le territoire, à travers le renforcement du processus de décentralisation et
l'autonomie de chaque gouvernement locale.»170
Le canton San Miguel de Urcuquí est composé par une paroisse urbaine (Urcuquí) et six
paroisses rurales (Cahuasquí, San Blas, Tumbabiro, Pablo Arenas et la Merced de Buenos
Aires). Il a une superficie totale de 757 km2.171 Dans la zone d'intervention habitent aussi six
communautés rurales (Tapiapamba, San Vicente, San Antonio, Armas Tola, Las Mercedes et El
Puente). Un accord entre le gouvernement central et les élus de chaque communauté devrait être
170
« Son deberes primordiales del Estado: Promover el desarrollo equitativo y solidario de todo el
territorio, mediante el fortalecimiento del proceso de autonomías y descentralización», Source: Asamblea
del Ecuador, Constitution de la République de l’Equateur de 2008, op. cit., p. 17.
171
Présentation géographique du canton de Urcuquí, Municipalité de Urcuquí.
http://www.municipiourcuqui.gob.ec/munurcuqui/index.php/2013-02-18-17-22-11/ubicacion-geografica.,
consulté le 11 octobre 2013.
53
signé en décembre 2013 et est sensé d’empêcher que la construction de la Cité de la
Connaissance affecte ces communautés déjà cités; au contraire elle devrait les bénéficier car le
gouvernement impulsera la création de plusieurs entreprises communautaires qui pourront
élaborer des produits agricoles à valeur ajoutée et d’excellente qualité grâce à la mise en place
de procès industriels équipés de nouvelle technologies, transformant les petits paysans
artisanales d’Urcuquí et ses communautés en des partenaires clés dans la poursuite des objectifs
du projet.
Des sept paroisses, Urcuquí est le lieu choisit pour la construction de Yachay. Cette
paroisse semi urbaine a un climat sec tempéré et une température moyenne de 17°C. Elle est
caractérisée par sa forêt sèche et montagneuse. Sa population est de 15 671 habitants, (7 846
femmes et 7 826 hommes) dont 42,61% correspond à une population jeune, âgée de moins de
19 ans, 46,97% à une population âgée entre 20 et 64 ans et 10,42% à une population âgée de
plus de 64 ans.
Urcuquí étant une région agricole, il est de l’intérêt de la zone de chercher à maximiser la
production en mettant en œuvre des techniques et outils de culture modernes issus de la
recherche et les processus d’innovation qui auront lieu à Yachay. D’autre part, le gouvernement,
à travers l’entreprise publique Yachay E.P. et la municipalité d’Urcuquí, travaillent dans
l’agencement des sites naturels à potentiel touristique de la zone, ainsi que les villages voisins
comme c’est le cas du village d’Otavalo.
2.3. Organisation administrative et opérative du projet
Pour la mise en place du projet Yachay, Cité de la connaissance, l’Etat équatorien a
besoin d’investir pas seulement dans le plan économique, mais aussi dans l’aspect institutionnel
de la nouvelle ville. Afin de garantir une adéquate gestion du projet, le président Rafael Correa,
à travers un décret exécutif, a décidé de créer l’entreprise publique Yachay E.P. qui est chargée
de la gestion intégrale du projet, de sa planification et construction à l’administration de la ville
(voir Annexe 3).
Le Conseil d’administration de cette entreprise publique est constitué par :
 le Secrétaire national de l’enseignement supérieur, science, technologie et
innovation ;
 le Secrétaire national de planification et développement ;
 le Ministre du développement urbain et logement, qui représente le Président de
la République.
54
Le Secrétariat Nationale d’Enseignement Supérieure, Sciences, Technologie et
Innovation (SENESCYT) et l’entreprise publique YACHAY E.P., en partenariat avec
l’entreprise sud-coréenne Zone Economique Franche d'Incheon (IFEZ) sont les institutions
responsables de l’élaboration de la stratégie, de la planification urbaine de la ville et de
surveiller les travaux de construction.
M. Hector Rodriguez est le Directeur général de Yachay E.P. Il est un jeune sociologue
équatorien avec une expérience professionnelle remarquable dans le domaine de l’enseignement
supérieur.
Yachay E.P. est aussi responsable de la diffusion et promotion à niveau nationale et
internationale du projet, tout cela dans le but d’obtenir des alliances stratégiques de coopération
avec des organismes publics et privés (sociétés industrielles, universités, centres de recherche,
réseaux de chercheurs, entre autres) qui permettent le développement du projet. Ces alliances
sont donc de fondamentale importance pour le succès du projet. Enfin elle est ussi responsable,
en coopération avec le gouvernement local, d’assurer l’accès aux services de base à l’actuelle et
future population du canton d’Urcuquí. Yachay E.P. a aussi la responsabilité d’administrer la
zone économique de développement spéciale (zone franche), ainsi que la concession et location
des territoires destinés à cette zone industrielle.
L’organisation interne de Yachay E.P. se schématise en Annexe 4.
Yachay E.P. est une des institutions publiques de plus récente création en rapport avec la
transformation du modèle économique du pays basé sur l’industrie de la connaissance et
l’innovation. Parallèlement, presque 85% du personnel qui travaille à Yachay E.P. sont des
jeunes professionnels âgés entre 25 et 40 ans, commençant par le Directeur Général, M. Hector
Rodriguez, qui a uniquement 33ans. Plus de la moitié des professionnels travaillant à Yachay
E.P. (environ 60%), ont un diplôme universitaire équivalant à un Bac+5. En outre, la plupart des
employés ont fait ses études de master à l’étranger, principalement aux EE.UU., Espagne et
Argentine. Ceci reflète que l’entreprise est composée et dirigée par un facteur humain jeune et
bien formé. L’ambiance de travail à Yachay E.P. est décomplexée et dynamique. Cependant, la
charge de travail pour les cadres moyens et supérieurs est importante, c’est pourquoi ceux-ci
dépassent aisément les 40 heures de travail par semaine, ce qui lui fait ressembler plutôt à une
entreprise privée qu’à une institution publique.
Si bien Yachay, comme concept, est une réponse aux défis économiques et sociaux du
pays, certains acteurs nationaux s’interrogent sur la pertinence et faisabilité de ce projet. Le
prochain chapitre tente d’analyser les facteurs qui sont à l’origine de ce projet. Autrement dit,
55
est-ce que Yachay répond à un besoin nettement économique, ou plutôt à une volonté politique
pour devenir un référent régional d’action publique.
B. YACHAY : Besoin économique ou volonté politique ?
1. Besoin économique
En Equateur, deux importants obstacles empêchent l’amélioration de la qualité de vie de
la population et le développement économique du pays : la persistance d’un enseignement
supérieure de mauvaise qualité et une économie encore dépendante des activités extractives des
ressources naturelles, notamment le pétrole. En effet, en ce qui concerne l’enseignement
supérieur, il n’existe pas de programmes de formation technique et scientifique qui répondent
aux besoins économiques et sociaux du pays. 172
D’après le rapport « Évaluation de la performance institutionnelle des universités et des
écoles polytechniques de l'Equateur », fait par la Secrétariat Nationale de l’Enseignement
Supérieur, Science, Technologie et Innovation de l‘Equateur, l’état de lieu de l’éducation
supérieure du pays révèle que : 173
 Il existe une faible qualité des systèmes d'enseignement supérieur dans les formations
techniques ;
 La plupart des enseignants n’ont pas le niveau d’éducation ou d’expérience suffisants ;
quelques-uns n’ont même pas de diplômes universitaires reconnus par l’Etat et/ou n’ont
pas fini leurs études après le Bac ;
 L’infrastructure physique des universités ou instituts n’est pas performante pour garantir
une éducation de qualité ;
 L’offre académique est très limitée dans les domaines scientifiques, et d’innovation ;
 Plusieurs universités voient l’enseignement supérieur plutôt comme une marchandise, se
focalisant à maximiser le nombre d’inscriptions et non pas à assurer les conditions
optimales pour offrir une éducation de qualité ;
 L’existence de centres de recherche est très limitée voire nulle ;
 Les recherches scientifiques et technologiques en cours manquent de focalisation ou
d’alignement stratégique ;
 Il existe très peu de centres de transfert technologique.
172
SENESCYT, Plan général du projet Yachay (document confidentiel), Quito, 2012.
Consejo Nacional de Evaluación y Acreditación de la Educación Superior del Ecuador, Evaluación de
desempeño institucional de las universidades y escuelas politécnicas del Ecuador, 2009.
173
56
Le système éducatif en Equateur a connu des forts changements structurels comme
conséquence de l’exécution du « Plan Nationale pour le Bien-Etre » et de la récente mise en
place de la loi organique d’éducation supérieure (LOES)
174
. Avec ces deux instruments
politiques, le gouvernement cherche à créer les conditions qui garantissent l'accès universel à
l’enseignement supérieur, permettent d’améliorer la qualité de cet enseignement et favorisent la
création de
nouveaux facteurs de production, tous éléments indispensables pour le
développement économique et social175.
D’autre part, le gouvernement est conscient que le modèle économique historique, centré
sur le secteur primaire de l’industrie pose des limites au développement : la dépendance face
aux marchés externes consommateurs des matières premières, la concentration sur l’exportation
de matières premières traditionnelles d'exportation, l’épuisement des ressources naturelles non
renouvelables et la déprédation d’autres ressources naturelles, l’absence d’utilisation de
technologies plus performantes, un faible transfert de connaissances, des inégalités sociales,
formation et spécialisation de la main-d'œuvre insuffisante et le découragement à la recherche et
à l’innovation. En définitive, une industrie primaire inefficace, couteuse, de faible productivité
et compétitivité et un faible investissement public dans les domaines de la recherche, le
développement et l’innovation ce qui limite l’accès de la population équatorienne à la science et
à la technologie176.
D’après le Réseau Ibéro-américain des Indicateurs de Science et Technologie, en 2006
l’Equateur avait investi à peine 0,14% de son PIB en recherche et développement. Ce taux était
très faible par rapport à l’investissement régional (Amérique latine et les Caraïbes) de 0,55%177.
Cependant, pendant l’ère Correa, ce taux avait déjà augmenté à 0,44% du PIB national pour
l’année 2009 (voir figure 8 ci-dessous).
174
Sigles en espagnol
En Equateur, cet appellatif fait référence aux formations Post-Bac
176
Secrétariat Nationale de l’Enseignement Supérieure, Science, Technologie et Innovation, Projet
d’investissement : Yachay, Cité de la connaissance, Quito, 2012.
177
Réseau Ibéro-américain de Science et Technologie, Equateur
http://db.ricyt.org/query/EC/1990,2010/calculados, consulté le 11 octobre 2013.
175
57
Année
Pourcentage d’investissement par
rapport au PIB
2006
0,14%
2007
0,15%
2008
0,25%
2009*
0,44%
Figure 8.
Evolution de l’investissement dans les domaines de recherche et développement (en
pourcentage du PIB nationale)
Source: Réalisation personnelle sur la base de : (1) Réseau Ibéro-américain des Indicateurs de
Science et Technologie, 2013 ; (2) Secrétariat Nationale de l’Enseignement Supérieur, Science,
Technologie et Innovation de l’Equateur
Concernant la compétitivité, le classement du Forum Economique Mondial pour la
période 2011-2012 situe l’Equateur dans la position 101 entre 142 pays. Cette étude prend en
compte l’innovation technologique des pays et leurs capacités pour innover ; la qualité des
institutions destinées à la recherche scientifique ; l’investissement des entreprises dans le
domaine de la recherche et le développement ; l’acquisition de nouvelle technologies ; la
disponibilité de scientifiques et ingénieurs et les conditions associées à la protection de la
propriété intellectuel.178
Il n’existe pas une statistique récente concernant le nombre de chercheurs en Equateur,
mais d’après le Réseau Ibéro-américain des Indicateurs de Science et Technologie, en 2008 il y
avait uniquement 53 Ph.D (docteurs)179 travaillant activement dans le domaine de la recherche
et le développement. Ce chiffre est déplorable par rapport à la situation dans d’autres pays de la
région. En Colombie, par exemple, à la même date, il y avait 98 docteurs, soit le double. Pour
mettre ces chiffres en perspective, en Espagne il y avait 7 302 docteurs180.
En conséquence, la capacité pour innover du pays est très faible, surtout dans le secteur
productif, et la performance des institutions dans le domaine de la recherche et le
développement reste insuffisante ; la création de nouvelles techniques et de savoir-faire est
presque nulle puisque la disponibilité de chercheurs dans le pays est très limitée. Aussi, on
178
World Economic Forum, The Global Competitiveness Report 2011-2012, Genève, 2011.
Diplôme équivalent à la réalisation d’une thèse de recherche, soit équivalent à un niveau de Bac + 8.
180
Réseau Ibéro-américain de Science et Technologie,
http://db.ricyt.org/query/AR,BO,BR,CA,CL,CO,CR,CU,EC,ES,GT,HN,JM,MX,NI,PA,PE,PR,PT,PY,SV
,TT,US,UY,VE,AL,IB/1990%2C2010/CDOCTORADO, consulté le 11 octobre 2013.
179
58
constate que la coopération entre les universités, les sociétés privés et l’état dans le cadre de
l’innovation est très rare, voire inexistante.
C’est pour ces raisons qu’en 2012, le Gouvernement de l’Equateur décide d’entreprendre
le projet de construction de la première ville intelligente du pays, laquelle s’inspire d’une vision
moderne de l’urbanisme, qui met à l’individu et le savoir comme des acteurs essentiels de la
ville.
D’après le gouvernement équatorien, le projet Yachay - Cité de la Connaissance,
permettra d’améliorer la qualité de l’enseignement supérieur et renforcer la formation de
chercheurs dans le pays, encouragés par des politiques sociales comme l’offre de bourses et la
création d’une nouvelle université avec des standards de qualité et d’admission exigeants. Ces
actions du gouvernement devraient contribuer à favoriser l’innovation et la modernisation des
secteurs productifs du pays, favorisant donc surtout le secteur secondaire (industries) et tertiaire
(services).
Le projet Yachay cherche donc à développer le domaine de l’innovation et la recherche,
stimulant la génération de nouveau savoir et de savoir-faire. Ces domaines n’ont pas été
développés à cause de l’insuffisance de main d’œuvre spécialisée dans les processus de
recherche, développement et investissement. D’après le gouvernement, Yachay devrait être un
instrument essentiel pour transformer l’économie du pays.
Yachay cherche à intégrer l’innovation, la recherche et la technologie avec les procès
productifs dans un seul lieu, dans lequel se construit la première, et pour le moment, la seule
université technologique, scientifique, expérimental de l’Equateur ; des centres de recherche
publics ; des acteurs internationaux clés (notamment des sociétés privés) dans les différentes
industries priorisées par l’état, attirées par des politiques publiques de subventions et d’offre de
main d’œuvre qualifiée ; dans le but d’établir les bases pour le développement d’une économie
centrée sur le savoir.
D’autre part, la décision de localiser le projet Yachay à Urcuquí suit, elle aussi, une
logique de développement économique de la zone d’intervention. En effet, le canton d’Urcuquí
a des problèmes graves de sous-développement : les services de base ne sont pas assez
développés ou de bonne qualité pour toute la population, surtout dans les zones rurales où il
n’existe pas un réseau d’assainissement. Le 97,82% de la population du canton a accès à
l'électricité mais seulement 29,11% accède au service de téléphonie fixe ; pendant que 75,13%
de la population possède un portable, seul le 2,23% de celle-ci a accès à internet. Quant à
l'approvisionnement d’eau potable, seule 87% de la population est desservie par un réseau de
59
distribution d’eau potable, le reste devant encore se servir d’eau provenant des cours d’eau
naturels du voisinage, de puits ou d’eau distribué par l’intermédiaire de camions citerne.
En ce qui concerne l’accès à la santé, la zone est insuffisamment équipée de centres de
santé et d’hôpitaux. En effet, d’après l’Institut Nationale de Statistiques et Recensement
(INEC), il existe uniquement trois centres de santé qui offrent des services médicaux de base à
la population du canton, soit environ un centre de santé pour 5 000 habitants ; pendant que
l'accès aux centres de santé spécialisés est inexistant, la population devant être déplacée à la
ville d'Ibarra, à une vingtaine de kilomètres, pour être soignée.181
Dans le domaine de l’éducation, le canton d’Urcuquí présente un taux d’analphabétisme
de 13,2%. Le nombre moyen d'années scolaires réussites par la population âgée de 10 ans et
plus est de 4,7 ans. Quant à la population urbaine, c’est-à-dire la population de la paroisse
d’Urcuquí, ce nombre est d’environ 5 ans (4,6 ans pour les femmes et 4,8 ans pour les hommes).
Seulement 50,19% de la population a fini l’école primaire et uniquement 3,78% de la
population détient un diplôme universitaire.182
Urcuquí est une région majoritairement agricole : 61% de sa population est engagée dans
des activités agricoles dont la culture de canne à sucre, haricots, maïs et élevage de bétail. Les
activités agricoles sont de petite échelle et mises en œuvre par des moyens très artisanales. Le
commerce représente uniquement 6% des activités économiques et la construction représente
4%. En ce qui concerne l’industrie et les services, ces activités représentent 4% des activités
économiques de la zone et il s’agit principalement de petits ateliers mécaniques (réparation de
voitures, camions, vélos, etc.) qui ne sont pas équipés avec d’outils techniques sophistiqués.
Yachay, est un des mégaprojets du gouvernement équatorien qui cherche à orienter le
développement du pays dans une économie de la connaissance et non seulement dans
l’exportation de matières premières comme les fleurs, le pétrole et les bananes.
La construction du projet devrait contribuer au développement de la zone puisque pour la
mise en place du projet il faut construire des réseaux de communications (routes, internet,
téléphonie, entre autres); il faut aussi améliorer l’accès et la qualité des services de base ; et
enfin construire l’infrastructure qui accueillera les chercheurs nationaux et internationaux qui
travailleront au sein de l'université et les instituts publics-privés de recherche et qui auront pour
objectif le développement de nouveaux biens et services avec une importante valeur ajoutée
dans les cinq domaines définis comme prioritaires par l’Etat équatorien : nanotechnologies,
TIC, pétrochimie, énergies renouvelables et changement climatique et sciences de la vie.
181
Information obtenue des documentations interne du Projet Yachay.
Recensement de la population en Equateur 2010, Institut Nationale de Statistique et Recensement de
l’Equateur.
182
60
De plus, Urcuquí réuni tous les éléments nécessaires pour la construction de la Cité de la
Connaissance car ce canton possède une topographie régulière qui diminue les coûts de
construction. Le climat est l’idéal puisqu’il n’est pas trop humide et cela contribue à réduire les
coûts de maintenance des laboratoires de recherche et en générale de toute l’infrastructure
physique. Finalement, Urcuquí se situe relativement proche de la capitale et notamment de son
aéroport international.
2. Volonté politique : Acteurs et régimes politiques183
Transposition d’un projet sud-coréen
Au-delà de la communication officielle et les documents internes sur le projet, d’où
vient véritablement l’idée d’une telle ville intelligente en Equateur ? Est-ce qu’il s’agit d’une
conception originale du gouvernement de Correa ou d’une influence étrangère ?
En septembre 2010, le président Rafael Correa a réalisé une visite officielle à Corée du Sud
pour renforcer les liens diplomatiques et commerciales avec la Corée du Sud. Pendant cette
visite, le Chef d’Etat équatorien a profité pour visiter la ville d’Incheon, en particulier le projet
expérimental de la ville intelligente de Songdo. L’anecdote dit que ce projet a impressionné le
président Correa et son équipe de travail.
Après deux ans de négociations entre le gouvernement équatorien et IFEZ184, des études
économiques et techniques de viabilité furent produits, cependant ces mêmes documents restent
confidentiels et inaccessibles même au sein de Yachay E.P. Finalement, à travers la suscription
en 2012 d’un accord de coopération entre Yachay E.P. et IFEZ, la décision de construire
Yachay, utilisant comme modèle la ville compacte et intelligente de Songdo, est officialisée.
Si on compare Yachay avec la ville de Songdo, laquelle on a présenté dans la première
partie de ce travail, on constate que c’est une transposition exacte du projet coréen dans un
contexte complètement différent, dans une zone sous-développée de l’Equateur. Songdo est une
ville verte, compacte et intelligente, dans laquelle il existe presque tous les mêmes secteurs qu’il
y aura à Yachay, c’est-à dire, une zone commerciale, un centre d’affaires pour l’attraction
d’investissement étranger, une zone de technologie de pointe, une zone logistique (notamment
le port maritime qui se connecte aux routes de commerce internationales entres les villes de
Shanghai et Tokyo) et une zone de loisirs (voir figure 9).
183
Cette partie est basée sur mon expérience professionnelle au sein de l’entreprise publique.
Entreprise sud-coréenne Zone Economique Franche d'Incheon responsable de la construction de la
ville intelligente de Songdo.
184
61
Figure 9.
Conceptualisation d’une partie de la ville intelligente de Songdo
Source : Gale International185
Cependant, après plus de 10 ans depuis sa conception, la ville intelligente de Songdo
n’est pas encore complétement construite, et encore les responsables de sa construction
admettent que les résultats obtenus sont modestes par rapport aux expectatives initialement
formulées. Par contre cette réalité n’a pas bouleversé la volonté du gouvernement équatorien
pour lequel ce projet est un impératif.
Yachay est une ville intelligente envisagée pour le développement de l’Equateur et qui
devrait prendre en compte la réalité de la zone et les nécessités de la population locale. Pour
assurer ceci, Yachay E.P. est la responsable de définir les paramètres à IFEZ qui à son tour est
responsable de l’élaboration du plan urbain de la ville. La réalité économique et sociale du
canton d’Urcuquí en Equateur est évidemment très différente à celle de la ville coréenne
d’Incheon. L’adaptation du projet à la réalité équatorienne est responsabilité de IFEZ, cependant
les critères d’adaptation utilisés son méconnus. En outre, le personnel d’IFEZ assigné au projet
de Yachay travaille depuis Incheon ou se situe le siège de celle-ci, sans un vrai contact de la
réalité de la zone.
La construction de la ville intelligente de Yachay est un projet politique qui compte
avec le support inconditionnel de la Présidence de la République, pas seulement dans l’aspect
Songdo International Business District Master Plan
http://www.worldarchitects.com/en/projects/1067_songdo_international_business_district_master_plan,
consulté le 02 novembre 2013.
185
62
logistique et politique, mais aussi dans le plan économique. Le président Correa plusieurs fois
dans des réunions internes avec les ministres d’Etat a annoncé que le projet Yachay est le seul
projet du pays qui n’a pas une limite financière et qui aura toujours son support. Le budget
n’est pas un problème pour la mise en place du projet : pendant l’année 2012, 300 millions de
dollars ont été investi sur Yachay.186 Finalement, le président Correa a déjà annoncé à la
population équatorienne que Yachay débutera ses opérations le premier trimestre 2014, dans un
premier temps avec l’ouverture de l’Université Yachay, et dans un deuxième temps avec les
trois autres phases (secteur industriel, agricole et touristique).
Par conséquent Yachay E.P. a une forte pression politique pour accomplir la première
phase du projet Yachay : les travaux de construction avancent à grand pas, les décisions
politiques au sein de Yachay E.P. se prennent rapidement et presque sans analyse pour assurer à
tout prix l’ouverture de l’Université de Yachay à la date prévue.
Le projet Yachay est présenté à la société civile comme le projet qui va changer le
modèle économique du pays. Des millions de dollars s’investissent en publicité nationale et
internationale du projet, et ces publicités présentent qu’en 2014 la construction de la première
phase sera finie.
La question de la participation de la collectivité locale par rapport au gouvernement
central.
Yachay est un projet qui a été conçu, élaboré et exécuté par des institutions du
gouvernement central. Cependant ce projet cherche à consolider et renforcer la participation des
gouvernements locaux, surtout celui de la province d’Imbabura, dans le développement du pays.
En effet, la Préfecture d’Imbabura et la Municipalité d’Urcuquí supportent aussi ce projet,
malgré une participation inexistante dans la prise des décisions par les élus locaux.
Le rapport de pouvoir entre le gouvernement central et le local est toujours présent : le
gouvernement central prend les décisions importantes et les élus locaux se limitent à faire
respecter cette décision. Par exemple, le gouvernement locaux ont été chargés de négocier avec
les propriétaires des terres l’expropriation des terrains pour la construction du projet. Ici on
remarque, que le pouvoir central organise et administre le projet, mais les actions les plus
polémiques et plus «dures », celles qui ont besoin d’une interaction active est constante avec la
population locale sont confiés à la Municipalité et à la Préfecture de la zone comme la
négociation de terres. On constate qu’il existe un double discours de la part du gouvernement
central qui, d’une part, annonce vouloir homogénéiser le développement du pays, mais d’autre
186
Yachay E.P., Rapport économique, Quito, 2012
63
part, centralise la prise des décisions qui peuvent avoir un impact non négligeable dans l’impact
de la vie des habitants de la zone.
La disponibilité foncière
Pour la construction de la ville intelligente de Yachay, le gouvernement a commencé un
processus d’achats des fonciers. La plupart des fonciers s’agit des terres sans construction et qui
avaient une activité économique faible, d’après le point de vue du gouvernement.
A peu près 80% des 4 489 hectares de construction de Yachay appartenait à neuf familles
riches de la région.187 Ces terres font partie de trois grandes fermes, dont les origines datent de
de 1920, et sont actuellement considérées comme patrimoine culturelle national: San Vicente
Flor, San José et San Eloy.
Si bien d’une part la construction de Yachay stimulera le développement économique;
actuellement la mise en place de ce projet a généré quelques malaises aux petits agriculteurs et
aux propriétaires des fonciers concernant le prix des fonciers et le chômage créer à cause des
expropriations.
En effet, les propriétaires des fonciers sont mécontents à cause des négociations des
fonciers. Ils dénoncent que le prix d’achat imposé par le gouvernement, n’est pas le réel
puisqu’il est beaucoup moins que la valeur commerciale attribué :
« D’après l’article 58 de la loi d’expropriations, un hectare coût environ
20 000 dollars, tandis que Inmobiliar, l’entreprise public chargée de ce procès,
offre seulement 8000 dollars. »188
L’autre problème occasionné est le chômage créé comme conséquence de ces
expropriations. La plupart des fonciers étaient destinés à l’agriculture, cela contribuait à la
création d’emploi pour la population pauvre de la zone. Néanmoins, il s’agissait d’un emploi
précaire qui n’assurait pas aux petits agriculteurs les bénéfices et les droits que la loi du travail
équatorienne impose à l’employeur. Dans cet aspect, l’équipe de Yachay E.P. travaille dans un
plan d’intégration pour la population du secteur qui est en chômage comme conséquence de
l’expropriation des fonciers. Cependant, le défi d’embaucher la population affectée reste encore
énorme ; jusqu’au 8 août 2013, seulement 19 personnes de quatre communautés (Armas Tola,
Tapiapamba, La Merced, San Vicente et El Puente) ont un contrat d’emploi avec Yachay E.P.
187
Information compilée durant mon stage a Yachay E.P
« Al amparo del Art. 58 de la Ley de Expropiaciones, una hectárea cuesta alrededor de 20 000
dólares, mientras Inmobiliar, la empresa estatal a cargo de este proceso, ofrece pagar 8000 »., source:
Yachay: un ambicioso proyecto en Imbabura
http://masbtl.com/criterios/yachay-un-ambicioso-proyecto-en-imbabura/., publié le 09 mars 2013,
consulté le 04 octobre 2013.
188
64
De ces 19 personnes, tous sont des employés non qualifiés embauchés en particulier comme
ouvriers pour la construction de la ville.
189
Les difficultés internes
On constate que la construction de Yachay avance rapidement et que les institutions du
gouvernement central doivent faire tout l’impossible pour accomplir la mission du
gouvernement : finir la construction de la première phase de Yachay avant 2014. Cette pression
est visible au sein de l’entreprise publique Yachay E.P, lieu où le stage dont se base cette
mémoire a été réalisé.
En effet, Yachay E.P. est une institution nouvelle qui doit faire face aux problèmes que
génère la construction de la Cité de la Connaissance, mais aussi aux problèmes internes de
l’entreprise, surtout de la démarche de prise de décisions. A l’intérieur de l’entreprise on
observe qu’il y a un manque de sérieux lors de l’organisation des réunions, la continuité des
décisions, et le respect des processus internes et des accords. Yachay E.P étant l’institution
responsable du projet emblématique du président de la République, l’agenda du Directeur
Général est toujours rempli des réunions stratégiques avec des autorités nationales ou
internationales et des entretiens avec la presse. Ceci ne lui permet pas de bien travailler et
respecter un agenda interne de travaille. Une réunion peur être déplacée, annulée ou accordée
n’importe quel jour, à n’importe quelle heure, ce qui peut porter préjudice à la crédibilité de
l’entreprise, de son personnel et même de l’intégralité du projet.
Le travail de Yachay E.P est un travail plus réactif où tous les jours il faut résoudre des
problèmes, faire des rapports pour le président ou les ministres, et laisser de côté la
planification.
Le mode d’opération de Yachay n’est pas comme une institution publique où les horaires
d’entrée et sortie du personnel sont précises. Le temps libre du personnel n’est pas respecté. Le
personnel doit toujours être disponible au cas où une autorité du pays veut aller visiter le
campus de Yachay ou veut information sur le projet.
La pression politique est présente tous les jours dans l’Entreprise, plusieurs décisions sont
prises par le poids politique et non par des études techniques de faisabilité. Un exemple de cette
situation est le fait que les autorités équatoriennes veulent signer des accords de coopération
avec des pays considérés comme stratégiques dans le domaine politique, mais qui n’ont pas
toujours une expertise remarquable dans le domaine scientifique.
189
Yachay tema central del Gabinete Provincial de Imbabura
http://www.yachay.gob.ec/yachay-tema-central-del-gabinete-provincial-de-imbabura/., publié le 08 août
2013, consulté le 05 octobre 2013.
65
Finalement, le projet Yachay n’est pas conçu seulement comme un projet pour le
développement du pays. Effectivement, le gouvernement équatorien a le désir de positionner à
Yachay comme un lieu de création de technologie de pointe pour toute la région sudaméricaine.
En mai 2013, pendant la première réunion de ministres d’Etat du Conseil Sud-Américain
de Science, Technologie et Innovation de UNASUR190, le ministre équatorien a socialisé le
projet et a demandé l’appui politique de la région pour la construction du projet. Face à cette
demande et respectant la logique de création de l’UNASUR, les pays participants dans cette
réunion ont manifesté leur intérêt pour promouvoir le développement, accès et utilisation des
TIC pour le développement économique et social de la région. Un des accords de la réunion a
été que les pays augmenteront l’investissement public pour la promotion des activités de
science, technologie et innovation et coopéreront avec le projet Yachay à travers l’envoie
d’experts scientifiques et chercheurs une fois que Yachay sera en fonctionnement.191
Le gouvernement équatorien avec Yachay cherche à encourager l'insertion stratégique et
souveraine du pays dans le monde, ainsi qu’une intégration latino-américaine. 192 C’est-à-dire
qu’ avec ce projet le gouvernement de la révolution citoyenne cherche a acquérir une présence
internationale et surtout régionale à partir de sa propre identité.
Mise en question de la pertinence du projet
La question de l’efficacité du projet est toujours douteuse. L’investissement public
nécessaire pour la création d’une ville depuis zéro est énorme, tandis que les besoins actuelles
de la société équatorienne ne peuvent pas attendre à être résolus.
Au lieu de construire un méga projet dans une seule zone du pays, le gouvernement
pourrait opter pour investir ces mêmes ressources dans l’éducation primaire et dans les
universités dans l’intégralité du territoire. Au lieu de construire une nouvelle infrastructure, une
autre alternative est toujours d’utiliser et développer l’existante. Autrement, donner du support
aux universités publiques déjà crées et les appuyer économiquement dans leurs recherches
190
Union Sud-Américaine des Nations. Proyecto ecuatoriano Yachay será expuesto en el Cuzco ante la
Unasur
http://www.elcomercio.com/sociedad/Yachay-conocimiento-Cuzco-Unasurtecnologia_0_919708159.html., publié le 15 mai 2013, consulté le 06 octobre 2013.
191
Ecuador posiciona a “Yachay” como proyecto de la Unasur
http://elciudadano.gob.ec/index.php?option=com_content&view=article&id=42108:ecuador-posiciona-ayachay-como-proyecto-de-la-unasur&catid=40:actualidad&Itemid=63., publié le 17 mai 2013, consulté le
17 septembre 2013.
192
Identification du siège pour le projet Yachay, Cité de la connaissance. Novembre 2011, SENESCYT.
66
scientifiques. Pourquoi ne pas implanter plusieurs centres de transfert technologique dans des
régions du pays où il existe déjà une culture d’entreprise comme c’est le cas de Pelileo.193
Yachay sera construit dans une zone du pays où il n’y a aucune entreprise ni aucune
culture d’entreprise. Il faut beaucoup travailler avec les communautés les familiariser avec la
notion d’entreprise et les aider pour la construction des entreprises communautaires. Tandis que
du côté des grandes entreprises, il faut bien vendre le projet pour réussir à attirer un
investissement étranger considérable pour le développement de la région.
Le siège du projet est éloigné de presque toutes les zones productives du pays : Quito est
à 3 heures d’Urcuquí et Guayaquil à 7 heures. De plus, dans le secteur il n’existe pas un
aéroport, ni accès à cours d’eau navigables, laissant comme unique moyen d’accès le routier.
Avant de lancer à l’Equateur vers une production « High Tech », il serait nécessaire de
résoudre les problèmes existant dans la production agricole et industrielle, secteurs qu’à présent
emploient la plupart des équatoriens. 194
Si bien, le projet Yachay a le support politique du gouvernement actuel, il est aussi le
sujet principal des critiques à cause de l’ambition du gouvernement face à ce projet considéré
pour quelques-uns comme utopique. D’autre part, Yachay est un projet qui cherche le
développement du pays, mais aussi il cherche une reconnaissance à niveau régionale, d’où la
volonté politique de poursuivre la réalisation de ce projet. Finalement, le projet Yachay ne fait
que renforcer les hypothèses d’une possible personnalisation du système politique dans le pays.
Du fait que le leader de la ‘Révolution Citoyenne’ veut à tout prix que Yachay soit construit,
laissant de côté quelques facteurs qui pourraient être préjudiciables pour le succès de projet.
C. L’importance des partenariats pour le projet
1. Coopération internationale traditionnelle peu visible.
La coopération internationale dans l’Equateur a été caractérisée par être une coopération
traditionnelle, c’est-à-dire une coopération entre l’Etat équatorien et les gouvernements, agences
de coopération ou ONG pour le financement ou mis en place des projets. La coopération entre
Etat et bailleurs privés comme universités ou entreprises, est une nouveauté pour la coopération
dans le pays.
193
194
Ville du pays où il existe une grande industrie de fabrication textile.
Julio José PRADO, Yachay : Elefante blanco o joya de la corona ?, (en ligne), 2013,
http://fr.slideshare.net/pradojj/yachay-elefante-blanco-o-joya-de-la-corona-v1.
67
En effet, pendant la période 2007 – 2012, les principaux bailleurs du pays pour le
financement des projets étaient : l’Union Européenne (18%), l'Agence des États-Unis pour le
développement international –USAID- (6%), l’Agence Espagnol pour le Développement –
AECID- (5%) et la GTZ (4%). (Secrétariat Techniqe de Coopération Internationale de
l'Equateur , 2010). (voir Figure)
PROVENANCE DESTINATION SOURCE OFFICIELLE: BILATÉRALE  USD 568,7 M MULTILATÉRALE  USD 528,4 M TRIANGULAIRE  USD 0,04 M USD 799,3 M SECTEUR PUBLIQUE: GVT CENTRAL  USD 675,4 M GVT AUTONOMES DECENTRALISES  USD 123,9 M INTERNATIONAL USD 1137,4 M USD 1362,6 M USD 127,2 M USD 265,5 M ORGANISMES INTERNATIONAUX USD 127,2 M SECTEUR PRIVE: SOURCE NON OFFICIELLE: ONG  USD 262,6 M DECENTRALISE  2,96 M Figure 10.
USD 436,2 M ONG INTERNATIONALE  USD 276,6 M ONG LOCALE  USD 70,4 M SOCIETE CIVILE  USD 68,4 M SECTEUR PRIVE  USD 20,72 M Schéma de la coopération non-remboursable en Equateur
Source : SETECI195
Dans le cas spécifique du projet de Yachay, Cité de la Connaissance, le financement de la
construction ce fait avec des ressources publiques. Cependant, comme il s’agit d’un projet
emblématique pour l’Etat, le gouvernement à travers Yachay E.P fait connaître ce projet à
l’étranger dont le but de recevoir coopération internationale soit à travers d’assistance technique
comme l’échange des experts, scientifiques ou professeurs, soit économique. L’identification
des pays ou institutions qui ont un haut niveau de performance dans le secteur de la science, la
technologie et l’innovation est une des stratégies de l’entreprise publique pour initier une
195
Secrétariat Technique de Coopération Internationale, Flux de coopération internationale de l’Equateur
http://app.seteci.gob.ec/mapa/., consulté le 19 septembre 2013.
68
relation de partenariat avec les bailleurs internationales. Yachay E.P. cherche reprendre le
savoir-faire et les meilleures pratiques des pays développés pour les répliquer en Equateur.
Dans cet aspect, plusieurs pays ont montré son intérêt pour coopérer avec l’Equateur dans
l’étape initiale du fonctionnement de Yachay, mais ces intérêts ne sont pas encore bien définis et
ils restent encore dans l’air à cause des procédures trop bureaucratiques à l’interne de
l’institution public.
En outre, le manque d’information et des documents limite considérablement le travail de
l’équipe du département de coopération internationale de Yachay E.P. puisqu’au lieu d’avancer
avec les négociations déjà initiée, il faut d’abord faire un travail d’investigation pour obtenir
l’information nécessaire pour bien définir les intérêts du projet et de l’entreprise.
Lorsqu’on parle de coopération internationale dans le projet Yachay, elle est presque
inexistante, surtout si elle s’agit d’une coopération de pays à pays. La pluparts des accords de
coopération internationale signés par Yachay ont été avec des institutions public-privé
(universités et instituts de recherches) en rapport avec le secteur de la science et la technologie.
Actuellement, l’entité publique Yachay E.P a signé uniquement deux instruments de
coopération internationale. Le premier, il s’agit d’un mémorandum d’entente avec le parc
scientifique des Pays-Bas Leiden Bio Science Park, lequel a pour objectif l’identification des
sujets d’intérêt commun dans le domaine académique, technologique, scientifique et
d’innovation pour promouvoir des projets conjoints. Et le deuxième document signé, c’est un
accord de coopération entre Yachay E.P et la Fondation française Sophia Antipolis. Cet accord a
pour but la promotion et développement des activités bilatérales pour la construction conjointe
de “clusters” et assistance technique pour l’administration et gestion du parc technologique à
travers l’échange d’information, d’expériences et des experts.196
2. Partenariat public – privé essentiel pour le développement du projet
Yachay est considéré comme un projet socio-économique puisqu’il cherche le
développement de la zone en assurant les services de base et une éducation de qualité à sa
population. Mais aussi c’est un projet où l’attraction des investissements et des professionnels
hautement qualifiés sont des bases fondamentales pour assurer le succès du projet. Comme
conséquence l’entreprise Yachay E.P a signés des lettres d’intention avec des entreprises et
196
Ecuador suscribe Acuerdo de Cooperación entre Yachay E.P. y Fundación francesa
http://www.yachay.gob.ec/ecuador-suscribe-acuerdo-de-cooperacion-entre-yachay-e-p-y-fundacionfrancesa/., publié le 06 septembre 2013, consulté le 16 septembre 2013. 69
institutions reconnus mondialement comme Microsoft, MIT Media Lab197, l’Université de
Cambridge, Qinetiq Space entre autres.
En effet, le gouvernement a assuré que dans la première phase d’ouverture de l’Université
de Yachay, les étudiants auront l’opportunité de recevoir des cours dictés par des professionnels
étrangers provenant des universités américaines comme le MIT198 et l’Université de Boston.
Le transfert
de connaissances et
du savoir-faire des
institutions reconnues
internationalement est important pour le développement du projet puisqu’il permet à l’Equateur
d’apprendre des meilleurs du monde et ne pas commettre des erreurs.
Avoir le support des universités prestigieuses comme l’Université de Cambridge
contribuera à une formation de qualité pour la population équatorienne.
Autre institution avec laquelle Yachay E.P a signé un accord est la Fondation Coréenne
d’Innovation et Cluster (KICF).199 Cette institution est la responsable de développer le model
académique de l’Université de Yachay lequel sera articulé au système d’investigation et
innovation de l’Equateur.200
Yachay E.P a souscrit aussi un accord avec l’entreprise belge Qinetiq Space, lequel a
pour objet le transfert de connaissance dans le domaine aéronautique-spatial ; ainsi qu’un travail
et investigation conjointe pour la génération de technologie aérospatial pour l’Equateur dans les
installations de Yachay.
Le partenariat public-privé pour le développement du projet ce fait plutôt avec des
entreprises internationales. Effectivement, la relation avec les entreprises privées nationales
reste encore faible. Pour l’instant Yachay E.P est toujours en négociations avec les entreprises
locale et seulement il y a deux entreprises avec lesquelles Yachay E.P a signé des accords ; il
s’agit de l’entreprise publique de télécommunication et l’entreprise publique ENFARMA,
entreprise crée récemment pour la commercialisation et production des médicaments génériques
dans le pays.
Le fait que l’Equateur ne soit pas un pays pionnier dans le domaine technologique ni
scientifique limite beaucoup la participation des entreprises nationales dans la phase d’initiation
197
Le MIT Media Lab est un laboratoire dans l’Ecole d’Architecture et Planification de l’Institut de
Technologie de Massachusetts. Il est destiné à des projets de recherche qui fusionne le design, la
multimédia et la technologie. Le MIT Media Lab a été largement popularisé dans les années 1990 grâce à
des inventions pratique concernant les réseaux sans fil et les navigateurs web. Plus récemment, il a mis
l'accent sur la conception et la création de technologies qui répondent à des causes sociales.
198
l’Institut de Technologie de Massachusetts.
199
KICF est le principal pôle d’innovation scientifique de la Corée du Sud. Actuellement il produit 60%
des patentes dans ces domaines de spécialisation (TIC, biotechnologie, nanotechnologie, aérospatial et
technologie nucléaire) et il regroupe les instituts d’investigation plus importants du pays.
70
du projet Yachay. C’est une politique de l’entreprise publique avoir des partenaires avec une
bonne expérience dans les domaines d’intervention du projet ainsi qu’une présence reconnu
internationalement. Cependant, cette politique est uniquement pour la coopération, car si on
parle de production, les entreprises nationales sont bien ou devraient être bien prises en compte.
71
CONCLUSION
Il n’existe pas une vrai et seule définition pour qualifier à une ville comme intelligente.
Cependant, c’est sure que pour qu’une ville soit intelligente ; elle a besoin d’avoir une
économie, une mobilité, un environnement, un gouvernement, une administration, une
population et un mode de vie des citadins intelligents.
Dans une ville intelligente, l’incorporation et utilisation des TIC dans leurs
infrastructures, services et mode de vie des citadins est un impératif pour répondre aux besoins
de sa population, mais aussi pour améliorer la qualité de vie de la même ; ainsi que d’atteindre
une croissance économique des pays basée sur l’innovation tout en respectant l’environnement.
Le concept de ville intelligente n’est qu’une évolution et adaptation du développement
urbain durable à la réalité de nos sociétés actuelles, dans laquelle les critères de ville compacte,
ville citoyenne et ville recyclable sont présents, mais aussi la dimension de ville innovante
comme moteur de développement économique des pays. Si bien cette notion est de plus en plus
utilisée par les urbanistes, aussi on peut la qualifier comme un label de marketing utilisé par les
grandes entreprises internationales qui ont la capacité technologique et économique d’offrir et
mettre en place des couteux projets dans les villes pour les rendre plus efficaces, plus sécurisées,
plus attirantes et plus « intelligentes ». Le renforcement du partenariat public-privé est aussi
important dans ce type de projet.
Ce « nouveau » modèle de ville est répandu dans le monde entier. Les pays développés de
l’Europe comme les Pays-Bas, la France entre autres, ont mise en place des initiatives urbaines
pour rendre leur ville intelligente depuis il y a une dizaine des années et le recourt à ce modèle
de ville n’est qu’un résultat de son développement économique et social; tandis que, pour les
pays en voie de développement, qui sont récemment en train d’intégrer ce concept à leur
planification urbaine ; cette notion est vue comme un levier pour atteindre le développement
économique. On peut donc faire allusion à la thèse de David Harvey, « d’un passage du
managérialisme à l’entrepreneurialisme »201 laquelle annonce une transformation des politiques
urbaines centrées sur l’assurance des services aux habitants à des politiques dirigées à un
développement économique.
Dans le cas de l’Amérique latine, il existe plusieurs initiatives de villes intelligentes ;
quelques-unes s’approprient de ce concept par la mise en place de projets discrets pour répondre
à des besoins spécifiques ; tandis que d’autres initiatives se centrent sur la construction de
projets très ambitieux comme c’est le cas de la construction ex nihilo de Yachay, Cité de la
Connaissance, en Equateur.
201
Organisation de Coopération et de Développement Économiques, Villes et compétitivité : un nouveau
paradigme entrepreneurial pour l’aménagement du territoire, Paris, 2007. p. 21. 72
La création d’une ville intelligente dans une des zones les plus pauvres du pays a pour
objectif atteindre le développement économique et social de la région d’Imbabura, mais aussi
celui du pays ; à travers le développement d’un nouveau modèle économique basé sur
l’innovation et production de biens et de services exportables avec une valeur ajoutée élevée ;
ainsi que sur une économie de la connaissance . Les aspects positifs de ce projet sont plusieurs :
le désir d’attirer et former des professionnels hautement qualifiés ; stimuler la recherche
scientifique dans le pays et la rattacher aux sociétés privées et publiques productrices de biens et
services ; finalement la volonté d’accroître l’investissement dans des domaines oubliés et peu
développés tels que la recherche, le développement et l’innovation. Autre aspect positif du
projet est la création d’emplois et la mobilisation de ressources lors de la construction et
fonctionnement de la ville ce qui favorisera le développement économique de la zone
d’implémentation du projet. Dans ce sens, la stimulation du tourisme dans la zone grâce à la
construction de la ville est aussi un aspect à souligner.
Néanmoins, la construction d’un projet de cette proportion et niveau de complexité a
aussi des défis économiques et académiques qui peuvent freiner son développement et son
succès. Malgré, la disponibilité de ressources économiques publiques et la volonté politique de
construire cette ville ; il pourrait être nécessaire d’attendre plusieurs années pour voir les
premiers résultats positifs de ce projet, et encore plus de temps, voire plusieurs décennies, pour
atteindre des profits économiques par rapport à l’investissement réalisé. Autre obstacle potentiel
pour le succès de Yachay est le fait que tout le financement destiné à la recherche, innovation et
développement provient essentiellement du gouvernement, alors que l’expérience d’autres pays
qui ont eu du succès dans ce type de projet montre plutôt que ce sont les sociétés privé les
moteurs de ce processus, l’Etat se limitant à procurer des conditions macroéconomique et des
politiques publics favorables à supporter ce processus.
202
Concernent les défis académiques, une
université récemment créée comme c’est le cas de l’université de Yachay est très difficile
qu’elle soit attirante pour des chercheurs mondialement reconnus car le bénéfice économique
offert par l’université de Yachay devrait être supérieur au bénéfice de statut que ces chercheurs
perçoivent actuellement dans des universités de prestige. De plus, pour réussir à positionner à
l’université de Yachay comme un modèle dans la région latino-américaine c’est nécessaire
plusieurs années de fonctionnement pendant lesquelles des publications, des recherches et
d’autres reconnaissances soient obtenues.
202
OECD, Territorial Reviews: Competitive Cities in the Global Economy.
http://www.oecd.org/gov/regionalpolicy/oecdterritorialreviewscompetitivecitiesintheglobaleconomy.htm, consulté le 22 septembre 2013.
73
Si bien la construction de Yachay est une réponse aux nécessités économiques du pays, ce
projet répond aussi à une volonté politique du gouvernement équatorien, une volonté qui n’a pas
de limites économiques et doit s’accomplir indépendamment si c’est fiable ou non le projet.
Pour conclure, actuellement la population hautement qualifiée, les entreprises reconnues
mondialement et les centres de recherché, d’innovation et de développement sont attirés par les
villes à succès dans lesquelles leur besoins technologiques et économiques sont bien prise en
compte. Dans ce sens, on peut affirmer que les villes intelligentes pourraient devenir de pôles de
développement des pays.203
Cependant, elles peuvent aussi devenir de zones qui génèrent des inégalités à l’interne de
chaque nation puisqu’elles peuvent concentrer la recherche et le développement empêchant le
développement du reste du pays. 204
203
OCDE, Building an Innovative City: The Macro Perspective
http://www.oecd.org/innovation/buildinganinnovativecitythemacroperspective.htm., consulté le 13
octobre 2013.
204
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83
ANNEXES
ANNEXE 1.
Utilisation des TIC en Equateur
Source : Ministerio de Telecomunicaciones (MINTEL) y de la Sociedad de la Información e
Instituto Nacional de Estadística y Censo (INEC), Reporte anual de estadísticas sobre
tecnologías de la información y comunicaciones TIC’s, Quito, 2010.
84
ANNEXE 2.
Salles de classe Université Yachay
85
ANNEXE 3.
Décret exécutive pour la création de Yachay E.P.
86
87
88
ANNEXE 4.
Organisation interne de Yachay E.P.
89
TABLE DES FIGURES
Figure 1. Situation géographique de l’Equateur ..................................................................... 35 Figure 2. Répartition par origine ethnique de la population équatorienne ............................. 37 Figure 3. Taux de pauvreté par province ................................................................................ 38 Figure 4. Evolution historique du taux de pauvreté dans quelques grandes villes de
l’Equateur .................................................................................................................................... 39 Figure 5. Représentation graphique de la triple hélice ........................................................... 47 Figure 6. Dimensions du domaine des biotechnologies à Yachay, Cité de la Connaissance . 51 Figure 7. Localisation et définition de la zone d’intervention de Yachay .............................. 53 Figure 8. Evolution de l’investissement dans les domaines de recherche et développement (en
pourcentage du PIB nationale) .................................................................................................... 58 Figure 9. Conceptualisation d’une partie de la ville intelligente de Songdo .......................... 62 Figure 10. Schéma de la coopération non-remboursable en Equateur...................................... 68 TABLE DES ANNEXES
ANNEXE 1. Utilisation des TIC en Equateur ...................................................................... 84 ANNEXE 2. Salles de classe Université Yachay ................................................................. 85 ANNEXE 3. Décret exécutive pour la création de Yachay E.P. .......................................... 86 ANNEXE 4. Organisation interne de Yachay E.P................................................................ 89 90