Villes intelligentes : enjeux pour la coopération et le développement
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Villes intelligentes : enjeux pour la coopération et le développement
M2 CIAHPD Coopération Internationale, Action Humanitaire et Politiques de Développement Université Paris I, Panthéon-Sorbonne Année Universitaire 2012-2013 Villes intelligentes : enjeux pour la coopération et le développement Etude de cas : YACHAY, cité de la connaissance en Equateur Mlle OCHOA GUAYASAMIN Sahira Sous la direction de Mme BERTRAND Monique Novembre 2013 1 AVERTISSEMENT « L'Université Paris I n'entend donner aucune approbation aux opinions émises dans les mémoires. Ces opinions doivent être considérées comme propres à leur auteurs ». REMERCIEMENTS Mes remerciements s’adressent d’abord à Mme. Monique Bertrand pour avoir déposé sa confiance en moi, en ayant accepté la direction de ma mémoire de stage et avoir encadré mon travail pendant ce temps. Ensuite, je veux remercier à l’équipe de l’entreprise Yachay E.P pour m’avoir accueilli pendant quatre mois, dans lesquels j’ai découvert un nouveau concept du développement et de l’urbanisme, concepts qui ont enrichi ma formation académique et professionnelle. Je remercie aussi, du fond de mon cœur, à ma famille qui depuis l’Equateur m’envoyait des énergies, surtout à mes parents qui ont toujours eu confiance en moi et ils ont fait tout le possible pour que je puisse venir en France pour étudier ce master. Finalement, je remercie a une personne très spéciale pour moi, à mon grand ami Marcel Filbig qui a pris son temps pour relire ma mémoire et qui, malgré tout, a été toujours avec moi, spécialement pendant les jours de stress pour me soutenir et m’encourager. 2 SYNTHESE Ce mémoire s’intéresse à la notion de ville intelligente et son rôle comme un levier de développement économique et social des sociétés modernes. Le contexte de son apparition et son application dans le monde et en particulier dans les pays émergents de l’Amérique latine est étudié. Différents cas sont analysés dans le but de déterminer des ressemblances et différences dans l’application du concept. Le cas de l’Equateur est traité plus en détail à travers l’étude de cas de Yachay, Cité de la connaissance. Les objectifs que le gouvernement équatorien cherche à accomplir par ce projet, ainsi que les vrais facteurs qui motivent sa conception et exécution sont analysés. Enfin, l’étude aboutit sur la conclusion que la construction de villes intelligentes est le résultat d’une économie et société développés plutôt qu’un moyen efficace de les atteindre. Mots clés : Innovation, développement, développement durable, gouvernement, ville intelligente, TIC, éducation, mode de vie, infrastructure, environnement, connaissance, recherche, coopération, ville durable, urbanisme, économie, population. ABSTRACT This document focuses on the concept of Smart City and the part it plays as a potential instrument to boost economic and social development. The origin of the concept and its application throughout the world are studied, in particular in Latin American emerging economies,. Different examples of smart cities are identified as a mean to establish similarities and differences in the application of the concept. The case of Ecuador and its newest ambition, the construction of the smart city Yachay, city of knowledge, is studied in detail. Of particular interest to this essay are the objectives the Ecuadorian government seeks to accomplish by this project, as well as the real motivations that originated its conception and execution. Finally, the study results in the conclusion that the construction of a smart city is primarily a consequence of a developed economy and society rather than an effective instrument to obtain the latter. Keywords : Innovation, development, sustainable development, government, smart city, ICT, education, lifestyle, infrastructure, environment, knowledge, research, cooperation, sustainable city, city planning, economy, population. 3 TABLE DE MATIERES REMERCIEMENTS ..................................................................................................................... 2 SYNTHESE .................................................................................................................................. 3 LISTE DES ACRONYMES ......................................................................................................... 5 INTRODUCTION......................................................................................................................... 6 METHODOLOGIE ....................................................................................................................... 9 PARTIE I. Les villes intelligentes et leur rôle dans le développement durable .................... 10 A. L’émergence des villes intelligentes ................................................................... 10 1. Un nouveau concept de développement durable ............................................. 10 2. Un concept globalement répandu .................................................................... 18 B. L’introduction de la notion de ville intelligente en Amérique Latine ................. 27 1. Une initiative en plein essor en Amérique latine............................................. 28 2. Quelques exemples remarquables dans la région ............................................ 29 PARTIE II. Le cas de l’Equateur : YACHAY, cité de la connaissance ................................. 34 A. La genèse du projet ............................................................................................. 34 1. Antécédents ..................................................................................................... 34 2. Présentation du projet ...................................................................................... 46 B. YACHAY : Besoin économique ou volonté politique ? ..................................... 56 1. Besoin économique ......................................................................................... 56 2. Volonté politique : Acteurs et régimes politiques ........................................... 61 C. L’importance des partenariats pour le projet ....................................................... 67 1. Coopération internationale traditionnelle peu visible...................................... 67 2. Partenariat public – privé essentiel pour le développement du projet ............. 69 CONCLUSION ........................................................................................................................... 72 BIBLIOGRAPHIE ...................................................................................................................... 75 ANNEXES .................................................................................................................................. 84 LISTE DES FIGURES ................................................................................................................ 90 4 LISTE DES ACRONYMES TIC : Technologies de l’information et de la communication INEC : Institut Nationale de Statistiques et Recensement de l’Equateur1 SENESCYT : Secrétariat Nationale d’Enseignement Supérieure, Sciences, Technologie et Innovation de l’Equateur2 SENPLADES : Secrétariat Nationale de Planification et Développement de l’Equateur3 YACHAY E.P : Entreprise publique Yachay IBD : Quartier internationale des affaires4 LOES : Loi organique de l’enseignement supérieur5 IFEZ : Zone Economique Franche d'Incheon6 UNASUR : Union de Nations Sud-américaines7 USAID : Agence des États-Unis pour le développement international8 AECID : Agence espagnole de coopération internationale pour le développement9 KICF : Fondation Coréenne d’Innovation et Cluster10 ENFARMA : Entreprise publique de médicaments11 CONEA : Conseil national d’évaluation et accréditation de l’éducation supérieure de l’Equateur12 1 Sigles dérivées du nom original en espagnol : Instituto Nacional de Estadísticas y Censos Sigles dérivées du nom original en espagnol : Secretaria Nacional de Educación Superior, Ciencia, Tecnología e Innovación 3 Sigles dérivées du nom original en espagnol : Secretaria Nacional de Planificación y Desarrollo 4 Sigles dérivées du nom original en anglais: International Business District 5 Sigles dérivées du nom original en espagnol : Ley orgánica de educación superior 6 Sigles dérivées du nom original en anglais: Incheon Free Economic Zone 7 Sigles dérivées du nom original en espagnol : Union des Naciones Sudamericanas 8 Sigles dérivées du nom original en anglais: United States Agency for International Development 9 Sigles dérivées du nom original en espagnol : Agencia española de cooperación internacional para el desarrollo 10 Sigles dérivées du nom original en anglais: Korean Innovation Cluster Foundation 11 Sigles dérivées du nom original en espagnol : Empresa pública de fármacos 12 Sigles derives du nom original en espagnol: Consejo nacional de evaluación y acreditación de la educación superior del Ecuador 2 5 INTRODUCTION A l’heure actuelle, les villes sont devenues indispensables pour le développement des pays puisqu’elles sont le centre des interactions entre les individus, ainsi que le lieu d’échanges commerciaux. Elles sont le moteur économique et politique de chaque nation. Cependant, elles doivent répondre aux besoins d’une société moderne et faire face à nombreux défis actuels. La croissance rapide de la population dans la planète et l’exode rural sont des problèmes auxquels les autorités nationales et internationales doivent se concentrer pour chercher des solutions et assurer un développement économique et social tout en respectant l’environnement et les besoins futurs des prochaines générations. Les sociétés contemporaines sont de plus en plus urbaines. D’après les Nations Unies, en 2010, 50% de la population habitait déjà en villes et il est prévu que pour l’année 2050, ce pourcentage augmente à 69% ; c’est-à-dire, 6,3 milliards d’habitants seront des citadins13. Dans le cas spécifique de l’Amérique latine, le processus d’urbanisation peut se décrire comme un processus rapide, mais aussi problématique. Effectivement, en 1900, la pluparts des latino-américains habitaient dans la campagne et seulement trois villes de la région avaient plus de 500 000 habitants. Cependant, cette réalité va changer à partir des années 1930, lorsque l’industrialisation et les modes de production capitalistes vont être adoptés dans la région. Les villes latino-américaines vont être considérées à cette époque comme les villes de l’espoir pour les paysans qui sortaient des villages rurales pour chercher un travail et améliorer leur condition de vie.14 Dans les années suivantes, l’Amérique latine va se transformer ; sa population urbaine va augmenter considérablement. Actuellement, il y a à peu près quarante villes avec une population de plus d’un million d’habitants.15 De même, d’après l’Un-Habitat, l’Amérique latine est la zone la plus urbanisée du monde. Au début du XXIè siècle, à peu près trois quarts de sa population habitait déjà dans les villes. L’exode rural est un véritable problème pour cette région du monde, pour laquelle sa population urbaine augmentera à environ 85% pour l’année 2030. 16 13 Organisation des Nations Unies, Department of Economic and Social Affairs, Urban Population, Development and the Environment 2011, New York, 2011. 14 Dennis, RODGERS, Jo BEALL, Ravi KANBUR, “Re-thinking the Latin American city”, in Dennis, Rodgers, Jo Beall, eds, Latin American Urban Development into the 21st Century: Towards a Renewed Perspective on the City, Nex York, Palgrave Macmillan, 2012, pp. 270. 15 ibid. 16 ibid. 6 L’Equateur n’est pas l’exception à ces transformations, au contraire elle en est un des acteurs principaux. En effet, le taux d’augmentation de la population urbaine en Equateur est de 2,1%, un taux plus important que la moyenne sud-américaine de 1,6%17. La population urbaine équatorienne grandisse donc plus vite que la moyenne régionale. Ceci lui attribue la 4e position en termes de vitesse d’urbanisation de la population, après seulement la Guyane française, le Paraguay et la Bolivie.18 En Equateur, l’exode rural a lieu envers les collectivités urbaines de chaque province, mais en particulier envers les pôles urbains traditionnels représentés par les villes de Quito et Guayaquil. La croissance de ces villes se fait de façon désordonnée, sans suivre aucun plan d’urbanisme quiconque, résultant en graves problèmes de ségrégation sociale, manque de services de base publics, insécurité, trafique de terres, entre autres. La migration rurale vers les villes, caractérisée surtout par une population jeune, a pour objectif d’améliorer la situation économique, ainsi que la qualité de vie19 des paysans, mais aussi génère des problèmes sociaux causés par une surpopulation de villes, une dégradation de l’environnement (production intensive de déchets, bruit, trafic…) ; consommation excessive de ressources naturelles et d’énergie ; ainsi que des problèmes de dotation de services publics aux citadins tels que la limitation des espaces résidentiels et la marginalisation d’une partie de la population urbaine la plus pauvre. Ce panorama du monde actuel a fait que les acteurs politiques, les organismes internationaux, surtout l’Organisation des Nations Unies, et la société civile s’introduisent dans les logiques d’urbanisme pour trouver des solutions efficaces et durables qui permettent aux villes de répondre aux besoins de leur population et s’adapter aux changements démographiques. D’où la nécessité de créer un nouveau modèle de ville, mais aussi la nécessité de changer le mode de vie des citadins.20 Une nouvelle vague du développement urbain va apparaître, on parle alors de la « ville intelligente ». Ce nouveau concept globalement répandue va être aussi utilisé dans des pays en développement comme un instrument pour atteindre le développement économique, social et durable. Dans la région latino-américaine, plusieurs initiatives se développent à présent, mais comment cette notion de ville intelligente va se traduire dans cette région du monde ? Dans quelle mesure les différents exemples de projets de villes intelligentes en Amérique latine veulent mettre en places des leviers de compétitivités ? 17 Organisation des Nations Unies, Department of Economic and Social Affairs, Urban Population, Development and the Environment 2011, op. cit. 18 ibid. 19 Jacques VERON, L’urbanisation du monde, Paris, La Découverte « Repères », 2006, pp. 122. 20 ibid. 7 Pour répondre à ces problématiques, dans un premier temps, le concept de ville intelligente et son application dans le monde est analysé. Plusieurs exemples de villes intelligentes dans la région latino-américaine sont ensuite identifiés, dans le but de déterminer des similarités et différences dans la façon de s’approprier du concept dans le contexte d’une économie émergente. La deuxième partie de ce mémoire plonge sur l’étude de cas de Yachay, Cité de la connaissance, qui représente l’ambition de l’Equateur de construire sa propre ville intelligente. Finalement sont analysés les objectifs que l’Etat équatorien poursuit avec ce projet, les vraies motivations qui sont à l’origine de celui-ci ainsi que les enjeux qui en dérivent de sa mise en œuvre. 8 METHODOLOGIE Ce travail étant un mémoire de stage, il est important de préciser dans un premier temps le lieu et les objectifs du stage réalisé, pour ensuite décrire la provenance des documents et informations utilisés pour rédiger ce travail de fin d’études. Le stage a été réalisé en Equateur, dans le département de coopération internationale de l’entreprise publique Yachay E.P. Cette entreprise, créée en mars 2013, est la responsable de l’administration, gestion et développement du projet Yachay, cité de la connaissance. Dans cette entreprise, j’ai eu l’opportunité d’avoir un CDD comme analyste de coopération internationale. J’étais la responsable de gérer la coopération internationale non remboursable provenant des pays, organismes et entreprises européennes. Les tâches qui m’ont été assignées étaient les suivantes : • Construire un schéma de la coopération internationale présente dans le projet ; • Identifier les pays, organismes et entreprises stratégiques pour l’entreprise et avec lesquelles l’entreprise pourrait signer des conventions et accords de coopération ; • Rédiger des rapports de la situation de la coopération ; • Organiser l’agenda international des autorités de l’entreprise ; • Présenter le projet aux bailleurs internationaux ; Lors de la réalisation de mon stage j’ai eu accès à des documents officiels du gouvernement et de l’entreprise Yachay E.P. comme le décret exécutif de création de l’entreprise, les conventions et accords souscrits, entre autres. Certains documents avaient le statut de confidentiels comme c’est le cas du cahier de charges du Projet Yachay (Plan générale du projet). De plus, la participation dans des réunions internes et interinstitutionnelles, considérées comme stratégiques pour l’entreprise, a été une source profitable pour récupérer de l’information, la même qui a servi de support pour rédiger ce mémoire. Ce travail est la synthèse d’une part, de l’analyse de l’information récupérée et des problématiques repérées pendant la réalisation de mon stage ; d’autre part d’une recherche personnelle élargie sur le sujet des villes intelligentes ; puis finalement de mon expérience professionnelle précédente et en particulier au sein de l’entreprise publique Yachay E.P. 9 PARTIE I. Les villes intelligentes et leur rôle dans le développement durable A. L’émergence des villes intelligentes Afin de comprendre le rôle des villes intelligentes dans le développement durable des nations, il est nécessaire dans un premier temps d’étudier le contexte d’apparition de ce concept, ainsi que d’analyser sa définition. 1. Un nouveau concept de développement durable L’augmentation progressive de la population urbaine et le mode de vie consommateur des villes pendant le XXème siècle font le centre de préoccupations de la communauté internationale ; laquelle, en 1987, s’adresse pour la première fois au concept de développement durable. La Commission Mondiale sur l’Environnement et le Développement de l’Organisation des Nations Unies ; à travers le Rapport Brundtland, introduit le concept de développement durable comme une réponse aux problèmes environnementaux qui ont surgit depuis quelques années. Le rapport Brundltland définit le développement durable comme un développement « qui répond aux besoins du présents sans compromettre la capacité des générations futures de répondre à leurs »21, c’est-à-dire c’est un développement qui assure la qualité de vie élevée et qui ne détruit pas l’environnement pour les prochaines générations. Le développement durable encadre trois aspects importants pour le développement d’une société : l’environnement, l’économie et le social. Dans le champ environnemental, le développement durable a pour objectif éviter les gaspillages de ressources naturelles et conserver l’environnement à travers de politiques et actions qui stimulent le recyclage de ressources. « Reproduction au long terme des ressources renouvelables, maintien de la capacité de charge des écosystèmes, limiter l’usage des ressources ‘critiques’ ».22 21 Florence RUDOLF, dir., « Le développement durable entre programme d'action et applications», Ecologie & politique, N°29, 2004, p. 37. 22 Antonio DA CUNHA, « Régime d’urbanisation, écologie urbaine et développement urbain durable : vers un nouvel urbanisme », in Peter KNOEPFEL, et alii, Enjeux du développement urbain durable, 10 En ce qui concerne le secteur économique il cherche à assurer une stabilité économique pour la population, c’est-à-dire que toute la population active reçoit un revenu décent qui lui permet de vivre sans être dans une situation de pauvreté extrême. De même, il prétend aussi améliorer les infrastructures au service de la communauté à travers le renforcement de l’investissement. 23 Finalement, dans le secteur social, le développement durable poursuit une participation active de la société. Le concept de développement durable sera vitement popularisé, introduisant avec lui de nouvelles notions tels quel le développement urbain durable et la ville durable, surtout dans le secteur de l’urbanisme. C’est ainsi qu’à partir des années 1990, ces deux nouveaux concepts prennent force dans le contexte mondiale pour faire face aux problèmes causés par une urbanisation excessive et non planifiée. Finalement, pendant le sommet de Rio, en 1992, les notions de développement urbain durable et ville durable sont reconnus. 24 Le développement urbain durable Le terme de développement urbain durable est une conséquence de l’écologie urbaine qui a pour objectifs : « la réduction de la consommation d’espace, la limitation des déplacements inutiles des hommes et des marchandises, la maitrise de la consommation énergétique et de pollutions, ainsi que l’amélioration de la qualité urbaine. »25 Pour quelques chercheurs comme Antonio Da Cunha et Jean-Philippe Leresche, le développement urbain est considéré comme un concept d’innovation qui fusionne le développement économique et social avec le respect de l’environnement. Transformations urbaines, gestion des ressources et gouvernance, Lausanne, Presses polytechnique et universitaires romandes, 2005. p. 15. 23 ibid. 24 Yves GUERMOND, « L'introuvable ville durable », in Nicole Mathieu, dir., La ville durable, du politique au scientifique, Paris, Editions Quæ, 2005 pp. 47-56. 25 Antonio DA CUNHA, « Développement durable, transformations urbaines et projet : enjeux et défis », in Peter KNOEPFEL, et alii, Enjeux du développement urbain durable, Transformations urbaines, gestion des ressources et gouvernance, Lausanne, Presses polytechnique et universitaires romandes, 2005. p. 9. 11 « Le développement urbain est une éthique du changement, un concept intégrateur et un principe d’action qui a pour ambition de promouvoir un projet collectif visant à rendre compatibles, à long terme, les exigences de l’environnement et du développement économique et social »26. Cette nouvelle idée du développement urbain inclut une innovante et nouvelle modélisation de la ville, une ville jolie et sans contamination ; on parle donc de la ville durable. «Plusieurs défis, majeurs, sont donc à relever. Un nouveau modèle de ville pour l’avenir est à inventer. Il doit dans le même temps être réaliste. Les modes de vie des habitants des villes doivent aussi profondément évoluer si l’on veut donner un contenu en quelque sorte pratique au concept de développement durable. »27 La ville durable Le concept de ville durable est présenté comme une alternative à la ville de l’époque, une ville « étalée née du déploiement du régime métropolitain »28. « La ville durable peut être définie comme un discours entre le développement urbain durable des Agendas 2129 locaux impliquant de nouvelles formes de planifications urbaines intégrées et la vision économiste libérale qui réduit la ville durable à la ville économe, surtout en investissements publics. »30 Pour comprendre mieux, la ville durable est en définitif une ville compacte, citoyenne, solidaire et recyclable.31 Cette notion partage les objectifs du développement durable. En effet, la ville durable cherche à éviter le gaspillage d’espace, de temps et d’investissement, ce qui lui caractérise comme une ville compacte.32 Aussi, ce modèle de ville est conçu comme une ville économe et autogérée33 qui diminue l’utilisation des ressources naturelles, d’électricité et qui stimule à une 26 Antonio DA CUNHA, Enjeux du développement urbain durable, Transformations urbaines, gestion des ressources et gouvernance, op. cit., p. 15. 27 Jacques VERON, L’urbanisation du monde, op. cit., p. 93. 28 Antonio DA CUNHA, Enjeux du développement urbain durable, Transformations urbaines, gestion des ressources et gouvernance, op. cit., p. 16. 29 L’Agenda 21 est le programme d’action mondial adopté lors de la Conférence des Nations Unies sur l’Environnement et le Développement (CNUED), réalisé à Rio de Janeiro en 1992. Organisation des Nations Unies, Sommet de Johannesbourg, 2002 http://www.un.org/french/events/wssd/pages/cnued.html., consulté le 10 octobre 2013. 30 Yves GUERMOND, La ville durable, du politique au scientifique, op. cit., p. 93. Paris, Editions Quæ, 2005 p 47. 31 ibid., 47. 32 ibid. 33 Jacques VERON, L’urbanisation du monde, op. cit., pp. 122. 12 réutilisation des choses. Lorsqu’on parle d’une ville durable, on parle aussi d’une ville mixte où il n’existe plus le « zoning de la ville ségréguée»34. La participation active de la collectivité locale est aussi un aspect important de cette ville et avec celle-ci la gouvernance urbaine. D’après François Asher, l’intégration des citadins aux projets de la ville, et à la prise des décisions est un facteur important pour atteindre une ville durable qui assure les besoins de la population urbaine. 35 « La gouvernance urbaine, précise encore François Ascher, ne traduit pas un simple gouvernement de la ville; elle s’applique à un «système de relations entre des institutions, des organisations et des individus, qui assure les choix collectifs et leur mise en œuvre». La gouvernance urbaine suppose ainsi une concertation entre les multiples acteurs impliqués dans le devenir des villes. Elle traduit l’idée d’une participation citoyenne de tous les acteurs de laville lors de la formulation et de l’adoption d’un projet de ville. L’idée d’une plus grande «flexibilité» dans les relations entre les municipalités et leurs administrés est aussi présente dans la gouvernance urbaine» 36 On constate que les acteurs politiques et la communauté locale depuis les années 90 commencent à s’interroger sur les effets négatifs qui ont causé l’urbanisation massive non planifiée et la culture consommatrice des ressources naturelles. Si bien les notions de développement durable, développement urbain durable et ville durable sont des vieux concepts ; ils continuent à être présents dans l’urbanisme actuel. Et on pourrait comme même oser à dire qu’ils prennent force avec la banalisation des TIC créant un ‘nouveau’ modèle de ville : la ville intelligente. Mais comment peut-on définir une ville intelligente ? En quoi elle consiste ? Quelle est son influence dans le monde actuel ? Ce sont des questions qu’on va répondre au cours de cette première partie du chapitre. De nos jours, la technologie joue un rôle important dans nos sociétés ; les outils numériques comme l’internet, les logiciels et les smartphones font partie de la vie citadine actuelle. Par conséquent, les sociétés utiliseront les nouvelles technologies comme des outils efficaces pour résoudre les problèmes actuels des villes. 34 Yves GUERMOND, La ville durable, du politique au scientifique, op. cit., p. 93. Paris, Editions Quæ, 2005 p 47. 35 Jacques VERON, L’urbanisation du monde, op. cit., p. 93. 36 ibid., p. 93. 13 «(…) les facteurs technologiques ont toujours été considérés comme des leviers puissants des mutations urbaines. A l’heure actuelle, on sonde les voies et moyens pour mettre la technologie au service d’une ville durable, figure vertueuse et amiable de la planète, économe en énergie comme consommation d’espace».37 Il n’existe pas une seule définition ni un seul nom pour s’adresser à la notion de ville intelligente. En effet, ville digitale, ville numérique, ville interactive, cibercity ou hypermétropolis, sont tous des synonymes de ce nouveau terme qui aujourd’hui est en plein essor.38 Jean Bouinot définit la ville intelligente comme un centre de connaissance qui intègre des citadins formés : « La ville intelligente sera celle qui offre, en grande partie grâce à ses efforts, un pôle de savoirs et de compétences professionnelles soit un bassin de main d’œuvre hautement qualifiée et des infrastructures de recherche »39 D’autre part, Serge Wachter, voit la ville interactive comme une ville « amiable avec l’environnement »40 qui utilise les numériques pour résoudre les problèmes de la ville, mais aussi pour la planifiée.41 De sa part, la firme internationale International Data Corporation (IDC) précise qu’une ville intelligente est une ville qu’utilise les technologies de l’information et la communication (TIC) pour améliorer la qualité de vie des citadins et garantir un développement économique durable.42 En effet, la ville intelligente est une ville qui à travers l’usage responsable des TIC enchaîne l’économie, les citadins, la gouvernance, la mobilité et l’environnement de manière efficace pour atteindre l’amélioration de la qualité de vie de leur population, en augmentant l’accès aux services publics (santé, éducation, transport, loisirs…) et en diminuant les impacts environnementaux. 43 37 Serge WACHTER, La ville interactive : l’architecture et l’urbanisme au risque du numérique et de l’écologie, Paris, L’Harmattan, 2010, p. 7. 38 ibid. 39 Jean BOUINOT, La ville intelligente, Paris, Librairie générale de Droit et de jurisprudence, 2003. p. 15. 40 Serge WACHTER, La ville interactive : l’architecture et l’urbanisme au risque du numérique et de l’écologie, op. cit., p. 30. 41 ibid. 42 International Data Corportion, Análisis de las Ciudades Inteligentes en España, Madrid, 2011. 43 Smart grids – CRE, Les caractéristiques d’une ville intelligente http://www.smartgrids-cre.fr/index.php?p=dossiers&srub=smartcities&action=imprimer, consulté le 10 septembre 2013. 14 C’est ainsi que Rudolf Giffingerl44 fait allusion aux six critères principaux qu’une ville intelligente doit posséder: une économie intelligente, une mobilité intelligente, un environnement intelligent, des citadins intelligents, un mode de vie intelligent et une administration intelligente.45 Economie intelligente : D’après Giffingerl, une ville a une économie intelligente si elle possède un taux élevé de productivité, de flexibilité de travail du marché et un haut esprit innovateur.46 Aux critères mentionnés on doit ajouter l’attraction d’investissement étranger et la présence d’une industrie hautement qualifiée (produits avec une haute valeur ajoutée). Effectivement, si une ville a un niveau de production élevé, sa population aura plus d’opportunité de trouver un travail dans la ville sans se déplacer ailleurs, ce qui va les garantir une meilleure qualité de vie et plus de temps libre pour le dépenser avec sa famille. Mobilité intelligente : En ce qui concerne le transport dans les villes, il a été traditionnellement associé avec les émissions de gaz et la pollution dans notre environnement. Avec l’augmentation de la population urbaine, augmente aussi la présence des voitures dans la ville ce qui contribue à l’embouteillement, à des accidents automobilistiques et à des problèmes de santé. Grâce à la technologie, ces problèmes peuvent être résolus à travers la création des « différents modes de transport dans un système qui est à la fois efficace, facilement accessible, abordable, sûr et écologique ».47 Une mobilité intelligente permet aux citadins d’optimiser son temps, éviter des déplacements inutiles, accéder à l’information de transports publics (itinéraires) et diminuer la contamination.48 44 Dr. Rudolf Giffinger est un expert dans la recherche analytique de développement urbain et régional. Il est professeur de l’Université de Technologie de Vienne. 45 European smart cities http://www.smart-cities.eu/model.html., consulté le 12 septembre 2013. 46 Centre of Regional Science, Vienna UT, Smart cities Ranking of European medium-sized cities, Vienna, 2007. pp. 28. 47 Smart grids – CRE, Les caractéristiques d’une ville intelligente http://www.smartgrids-cre.fr/index.php?p=dossiers&srub=smartcities&action=imprimer, consulté le 10 septembre 2013. 48 Ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie, Commissariat Général au développement durable, Etudes et Documents, La ville Intelligente : état de lieux et perspectives en France, novembre 2012. pp. 60. 15 Un exemple de cette mobilité intelligente sont : les voitures électriques, le co-voiturage, la construction d’un réseau transport public massive (métro), les capteurs de trafic intelligents, transport multimodal interconnecté entre autres. Un environnement intelligent : Lorsqu’on parle d’environnement intelligent, on s’adresse principalement à deux domaines : les déchets et l’énergie. Une ville intelligente est aussi une ville verte dans laquelle la gestion et la valorisation des déchets sont très importantes. Un environnement intelligent veut dire une réduction de la production de déchets et la création des systèmes qui permettent leur recyclage (récupération) et donc l’élaboration de produits avec matériaux provenant du tri.49 Concernant l’énergie, la ville intelligente met en place des politiques et actions qui contribuent à l’augmentation de l’efficacité énergétique comme par exemple : des éclairages avec senseurs pour ne pas gaspiller l’électricité, des panneaux solaires ; ainsi que la création d’infrastructure pour produire de l’énergie à partir des ressources renouvelables. Des habitants et mode de vie intelligents : Pour atteindre ce modèle de ville, il est impératif que les citadins de cette ville soient des habitants formés avec une haute responsabilité environnementale ; ainsi qu’un mode de vie durable. Une ville intelligente a une population hautement qualifiées, innovatrice et participative dans les espaces politique.50 Les infrastructures deviennent aussi des acteurs fondamentaux de la ville intelligente. La présence des infrastructures communicantes comme des bâtiments intelligentes avec haute technologie permet aux citadins de contrôler les services depuis n’importe qu’elle que soit sa localisation géographique ; ce qui permet la diminution de consommation d’énergie. De plus, une ville intelligente assure à sa population l’accès aux services et à des infrastructures collectives en bonne état comme des bibliothèques, des écoles et des centres de loisirs. Comme on l’a déjà vu, le confort et la qualité de vie de la population est un des facteurs les plus importants dans ce prototype de ville. 49 Smart grids – CRE, Les caractéristiques d’une ville intelligente http://www.smartgrids-cre.fr/index.php?p=dossiers&srub=smartcities&action=imprimer, consulté le 10 septembre 2013. 50 Centre of Regional Science, Vienna UT, Smart cities Ranking of European medium-sized cities, op. cit. 16 Gouvernement et administration intelligent: L’expression gouvernement intelligent est en rapport avec le rôle que jouent d’une part les autorités locales et centrales, et d’autre part la société civil. En effet, le rôle des autorités locales et central est important pour concevoir une ville de ce type, puisqu’ils sont les responsable d’élaborer des lois et mettre en place des politiques qui, dans ce contexte permettront atteindre un développement durable. Un exemple des politiques ce sont les politiques de protection de l’environnement ; des politiques économiques et sociales qui incitent à la population l’usage de la technologie ; des subventions ou programmes d’aide pour que la population ait accès aux ressources numériques à la technologie et à l’internet ; ainsi que des programmes d’éducation pour la population. Le gouvernement doit aussi administrer de manière intelligente la ville, c’est-à-dire planifier la gestion de la même pour assurer une ville économe. La transparence gouvernemental est autre un aspect de la ville intelligente. Le gouvernement a l’obligation d’informer aux citadins les décisions prises pour qu’ils puissent y participer dans les décisions politiques et actions collectives. L’intégration de la société civile à des programmes et action en faveur de la ville est aussi une caractéristique d’une gouvernance intelligente. La technologie, à travers les technologies de l’information et la communication, est un axe transversal est le plus important de la ville intelligente car elle permet d’optimiser les services urbains (énergie, eau, transport, santé, assainissement, réseaux de communication, infrastructure etc.) et les rendre plus performants.51 Selon Wachter, « Les TIC sont un outil précieux pour mesurer, quantifier et vérifier les progrès accomplis ; ainsi qu’un facteur important pour faire face au défi énergétique et climatique actuel»52. La présence des TIC est dans ce type de ville est « omniprésents ».53 En resumé, une ville intelligente est une ville qui utilise les TIC pour se développer et assurer une qualité de vie a sa population tout en respectant l’environnement et en optimisant son budget pour éviter toute sorte de gaspillage innécesaire soit économique ou environnemental (espaces, électricité…). Une ville intelligente est aussi un lieu d’intéraction constant entre ses habitants dans laquelle ses usagers et le gouvenement peuvent faire un 51 Ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie, Commissariat Général au développement durable, Etudes et Documents, La ville Intelligente : état de lieux et perspectives en France, op. cit. 52 Serge WACHTER, La ville interactive : l’architecture et l’urbanisme au risque du numérique et de l’écologie, op. cit., p. 23. 53 ibid., p. 11. 17 pilotage en temps réel de sa situation (pronostiques des catastrophes naturelles, itinéraires des transport, traffic etc.) grâce à la technologie. Finalement, le concept de ville intelligente est un « concept confus qui est souvent utilisé comme une label» 54 par les gouvernements et les entreprises internationales tel que IMB, uniquement pour faire du « marketing ». En effet, la notion de ville intelligente apparait comme une solution pour reconstruire la ville, la rendre une ville plus jolie, plus attirant pour la population, mais aussi pour les entreprises nationales et internationales et pour l’investissement étranger : « La ville doit apparaître comme innovante, excitante, créative, et comme une place sûre à habiter ou à visiter, où l’on peut jouer ou consommer ».55 On constate que le nom de ‘ville intelligente’ est nouveau, mais son objectif et sa définition non puisqu’il s’agit d’un concept qui est apparu depuis les années 1980 et a pris force dans les années 1990 près le sommet de Rio. Dans l’actualité, il s’agit d’un concept de marketing territorial fondé sur la thèse de David Harvey sur le passage du managérialisme urbain à l’entrepreneurialisme urbain où les « politiques urbaines antérieurement focalisées sur la production de services urbains en direction des habitants (le « managérialisme » des années 1960) se transforment dans des politiques orientées vers une stratégie de développement économique endogène ».56 Dans cette partie de l’étude on a pu constater que l’apparition de ville intelligente, n’est pas une nouveauté, c’est simplement la réutilisation et adaptation des concepts déjà utilisés dans les années 1980-1990 et dont leur but est atteindre un développement économique-durable, tout en respectant l’environnement. Actuellement, grâce à la banalisation des TIC ce nouveau modèle de ville est de plus en plus utilisé comme prototype de villes. 2. Un concept globalement répandu La notion de ville intelligente est actuellement un concept populaire et répandu autour du monde. L’initiative de transformer une ville dans une ville digitale est une réponse aux défis environnementaux comme le changement climatique, mais aussi défis sociaux. 54 Taewoo NAM, Theresa A. PARDO, « Conceptualizing Smart City with Dimensions of Technology, People, and Institutions », The Proceedings of the 12th Annual International Conference on Digital Government Research, pp. 282-291. 55 Harvey DAVID, « From managerialism to entrepreneurialism: the transformation in urban governance in late capitalism », Geografiska Annaler. Series B, Human Geography, Vol. 71, n°1, 1989, pp. 3-17., in Christelle Morel Journel et Valérie Sala Pala, « Le peuplement, catégorie montante des politiques urbaines néolibérales ? », Métropoles (En ligne), 2011, p. 4 http://metropoles.revues.org/4536., article publié en octobre 2011, consulté le 18 octobre 2013. 56 ibid., p. 4. 18 Les sociétés actuelles ont intégré les réseaux de communication, surtout l’internet à son mode de vie et donc la ville doit s’adapter aux changements de la modernité. Au niveau mondial, il existe déjà quelques quartiers et villes considérées comme intelligentes, d’autres projets sont encore en phase de construction. L’investissement qu’implique la construction d’une ville de ce type est énorme, raison pour laquelle sont peu les projets ou villes qui intègrent tous les critères du concept d’une ville numérique (économie intelligente, habitants intelligents, mode de vie intelligente, mobilité intelligente, environnement intelligent et gouvernance intelligente). A continuation, on détaillera quelques exemples des villes et quartiers qui ont incorporé la technologie à son territoire pour rendre un meilleur service à sa population. Du fait qu’il n’existe pas un organisme officiel qui analyse et classifie les villes intelligentes, la sélection de ces exemples c’est fait à partir de modèles de référence du projet Yachay en Equateur et d’une recherche étendue à travers l’internet des meilleurs pratiques des villes intelligentes. Un quartier solaire à Linz Solarcity, en français ville solaire, est un projet pilote de la municipalité de la ville de Linz, en Autriche. Ce projet a été conceptualisé en 1992 par Roland Rainer, mais sa construction s’est réalisée en 1999 jusqu’à 2005. Solarcity, comme son nom l’indique est un quartier écologique qui utilise seulement de l’énergie solaire et un quartier compact (32 hectares). Le gouvernement local a subventionné l’achat des panneaux solaires, de façon que 1294 maisons du quartier aient des panneaux photovoltaïques (3 500 mètres2 est la superficie des panneaux en totale)57, il faut aussi mentionner que ces maisons ont été construites avec des matériaux qui contribuent à la réduction de l’usage d’électricité : « Chaque immeuble consomme moins de 37 kilowattheures par mètre carré par an, alors que la moyenne nationale est de 65 kilowattheures »58 Actuellement, 50% de l’eau chaude du quartier, provient de l’énergie solaire produite par les panneaux. La ville a été planifiée de manière que les routes destinées aux voitures sont inexistantes. En effet, elles ne sont pas nécessaires puisqu’il existe un système de transport 57 Bienvenue à «Solar City» http://www.lesaffaires.com/strategie-d-entreprise/innovation/bienvenue-a-solarcity/508197#.UnFLERBpv84, article apparu le 28 décembre 2009, consulté le 19 octobre 2013. 58 ibid. 19 performant et des rues piétonniers.59 Solarcity a un système de recyclage des eaux de pluie lesquels sont utilisés dans l’arrosage. La population qui habite dans cet éco-quartier est de 3000 habitants et le coût total du projet a été de 300 millions de dollars, lesquels ont été financé d’une part par l’Union Européenne et d’autre part par le gouvernement de Haute- Autriche. Amsterdam Smart City Autre exemple clair de la mise en place des initiatives écologiques pour atteindre une ville intelligente est la ville d’Amsterdam. Dans cette ville européenne, le gouvernement local utilise les TIC pour faire face aux problèmes liés à la contamination de l’environnement à cause de l’émission du CO2. Ainsi, que le citadins de sa part, ils ont un mode de vie respectueux avec l’environnement.60 En effet, cette ville se caractérise par une mobilité intelligente dans laquelle la plupart de sa population se déplace en vélo, à pied ou en tramway. Une étude réalisé en 2004, montre que dans l’année 2000 le pourcentage de la population d’Amsterdam qui se mobilisait en voiture n’était que de 31% contre 69% qui se mobilisait en vélo (24%), transport public (23%) et à pied (22%).61 Continuant avec la volonté écologique et atteindre ses objectifs climatiques de diminuer ses émissions de CO2 de 40% pour l’année 202062; la municipalité d’Amsterdam avec le support du secteur privés, la société civil et instituts de recherche, en 2009 a lancé le programme nommé Amsterdam Smart City.63 Ce programme est focalisé principalement en cinq thèmes : loyer, mobilité, travail, espaces publics et information et il cherche a transformé toute la zone métropolitaine d’Amsterdam dans une ville intelligente et non polluante. En ce qui concerne les loyers, il existe plusieurs projets dans la ville qui cherchent à contrôler l’usage de l’énergie et de cette façon éviter un gaspillage de la même. Par exemple, des lecteurs intelligents ont été installés dans quelques maisons de la ville et ils permettent aux propriétaires des maisons connaître leur vrai consommation d’énergie, en temps réel, et prendre 59 Municipalité de Linz http://www.linz.at/english/life/3239.asp, consulté le 25 octobre 2013. 60 Amsterdam Smart City http://www.ecointeligencia.com/2011/11/amsterdam-smartcity/, publié le 11 novembre 2011, consulté le 28 octobre 2013. 61 Pomonti VANNINA, « Politiques urbaines et mobilité durable : analyse comparée d'Athènes et Amsterdam », Ecologie & politique, N°29, 2004 p. 53-68. 62 Ámsterdam, la ciudad inteligente y colaborativa. http://www.sostenible.cat/sostenible/web/noticies/sos_noticies_web.php?cod_idioma=2&seccio=3&num _noticia=438957. Publié le 24 septembre 2012, consulté le 28 octobre 2013. 63 Amsterdam smart city http://amsterdamsmartcity.com/?lang=en, consulté le 26 octobre 2013. 20 des décisions. Autre exemple de ce genre est le projet pareil qui a été mise en place dans le quartier de Haarlem. Ce projet consistait à installer, dans 140 maisons du quartier, un système qui permettait d’identifier la consommation d’énergie de chaque électroménager de la maison. Les résultats de ce projet pilote ont été positifs puisque la plupart des foyers participants ont pu réduire leur consommation d’environ 25%, grâce à une adéquate utilisation des électroménagers.64 D’autre côté, le projet «Amsterdam Free Wifi » dans le quartier d’IJburg65, lequel a pour objectif, assurer l’accès à l’internet wifi de manière gratuite à tous les citadins de cette zone de la ville.66 Finalement, le projet Smart Work Centers est un des projets les plus innovants de la ville. Il s’agit de la création des « centres de télétravail à proximité des zones d’habitat »67. Le but de ce projet est réduire la mobilité des citadins et avec cela diminuer les émissions de CO2 produits par le voitures et le transport public ; ainsi que facilité la vie des salariés en leur permettant dépenser moins de temps pour aller au travail et avoir plus de temps libre pour eux et leur famille.68 Shanghai Dès 2006, le gouvernement local de la ville avait déjà établit un ensemble d’indicateurs qui traduisaient la transformation de celle-ci en une ville intelligente : augmenter considérablement la contribution du secteur des services dans la croissance économique ; augmenter à 2,8% du produit interne de la ville l’investissement en recherche et développement; assurer une main d’œuvre avec au moins 14,5 ans d’éducation :augmenter le taux de diffusion de l’internet ; assurer une bonne qualité d’air, augmenter le taux d’eau résiduelles traitées et augmenter l’espérance de vie des citoyens à plus de 80 ans, entre autres.69 Déjà en 2010, et à 64 Ámsterdam, la ciudad inteligente y colaborativa. http://www.sostenible.cat/sostenible/web/noticies/sos_noticies_web.php?cod_idioma=2&seccio=3&num _noticia=438957. Publié le 24 septembre 2012, consulté le 28 octobre 2013. 65 IJburg est un quartier de la ville d’Amsterdam, construit sur plusieurs îles artificielles vers la fin des années 1990. 66 Amsterdam Free Wifi http://amsterdamsmartcity.com/projects/detail/id/63/slug/amsterdam-free-wifi, consulté le 16 octobre 2013. 67 Smart grids – CRE, Les caractéristiques d’une ville intelligente. http://www.smartgrids-cre.fr/index.php?p=dossiers&srub=smartcities&action=imprimer., consulté le 10 septembre 2013. 68 Avec les Smart Work Centers, la ville d’Amsterdam veut réduire la surface de ses bureaux de moitié http://www.innovcity.fr/2011/04/26/smart-work-centers-ville-amsterdam-reduire-surface-de-ses-bureauxde-moitie/., publié le 26 avril 2011, consulté le 16 octobre 2013. 69 Building an Innovative City: The Macro Perspective http://www.oecd.org/innovation/buildinganinnovativecitythemacroperspective.htm, consulté le 26 septembre 2013. 21 l’occasion de l’exposition universelle au sujet « Meilleure ville, meilleure vie »70 dont Shanghai était le siège, la ville fut capable de montrer des résultats qui ont surpris le monde, avec un développement remarquable des infrastructures et des indicateurs sociaux qui se rapprochaient à ceux des pays développés. Plus récemment, la municipalité de la ville de Shanghai a développé un plan de 5 ans (2011 – 2013) dénommé « Plan pour la construction de Smart City » ce qui montre son compromis envers la continuation des efforts dans la ligne du modèle de ville intelligente et son importance pour l’amélioration de la qualité de vie des citoyens mais aussi comme un levier de transformation de l’économie vers une économie fondée sur l’innovation.71 Le plan établit des objectifs ambitieux dans plusieurs axes, tous fondés sur le développement des technologies de l’information. Notamment, on peut souligner : 72 Développement intégrale de l’accès à l’internet haut débit, internet sans fil et communications mobiles, accompagné par le développement de nouvelles technologies dans ce domaine, notamment le développement des réseaux 4G pour les communications mobiles ; Amélioration des services de santé par la numérisation des histoires cliniques de tous les habitants ; Renforcement du secteur des TIC, accompagné par l’implantation de projets spécifiques dans les domaines de l’informatique en nuage et d’infrastructure comme super ordinateurs, centre de données, entre autres; Construction d’une nouvelle génération de bâtiments innovants et fonctionnels, à niveau domestique et commerciale, de façon à jouer un rôle principale dans ce domaine à niveau mondiale ; Mise en place de systèmes numérique pour améliorer la sécurité et l’administration de la ville, notamment dans les domaines de de la sécurité alimentaire et la prévention de désastres naturelles ; Informatisation des services de transport public locaux et régionaux comme outil pour atteindre une amélioration profonde de l’intégralité des modes de transports offerts aux habitants de la ville ; 70 Sujet original en anglais de l’exposition universelle de 2010: « Better city, better life » Action Plan 2011-2013 of Shanghai Municipality for Building Smart City http://www.shanghai.gov.cn/shanghai/node27118/node27973/u22ai70898.html., consulté le 30septembre 2013. 72 ibid. 71 22 Développement de l’ « e-gouvernement » comme moyen d’offrir des services publics plus convenables mais aussi comme moyen de réduire brèche numérique entre les citoyens, à travers la numérisation des procédures administratives, la réduction de papiers, l’augmentation du nombre de procédures « en ligne », entre autres . La ville intelligente de Masdar L’émergence de villes intelligentes et des initiatives durables faces aux défis actuels n’est pas uniquement présente dans les pays européens et asiatiques ; ces idées sont aussi dans le monde arabe. La ville intelligente de Masdar est un projet de construction d’une ville ex nihilo, laquelle sera localisée au milieu du désert, près de la ville de de Abu Dabi et elle aura une extension de 7km2.73 Cette ville est planifiée pour avoir une population de 50 000 habitants et une capacité pour recevoir jusqu’à 1500 entreprises. Le coût total du projet sera environ de plus de 20 000 millions de dollars.74 La logique de fonctionnement de ce district sera celle d’une ville intelligente qui veut atteindre un développement économique à travers l’attraction d’investissement étranger, mais aussi atteindre un développement sociale et durable. En effet, ce projet cherche à construire la première ville libre d’émissions de CO2 et de déchets dans le monde ; ainsi que d’être une ville autogérée. L’initiative est courageuse, mais pour l’instant le projet est en construction et on estime que pour l’année 2025 sera fini.75 Songdo Quartier internationale des affaires76 Près de la ville d’Incheon, au Corée du Sud, se construit la ville considérée comme la plus intelligente du monde, dénommée Songdo Quartier internationale des affaires (IBD). La construction de ce district a commencé en 2004 et il sera fini pour l’année 2017.77 En 2009, la première phase du projet a été finie, ce qui représente le un tiers du projet final. Cette ville qui commence à être habitée a une extension de 53km2 dans lequel se conjuguent une zone résidentielle, une zone commerciale, une zone industrielle et une zone destinée aux loisirs. L’IBD se caractérise par être une ville compacte qui évite le gaspillage d’espace, de temps et 73 Smart grids – CRE, Les caractéristiques d’une ville intelligente. http://www.smartgrids-cre.fr/index.php?p=dossiers&srub=smartcities&action=imprimer., consulté le 10 septembre 2013. 74 Ciudad Masdar, ejemplo de smart city http://www.ayecertificaciones.com/blog/ciudad-de-masdar-ejemplo-de-smart-city/., publié le 21 décembre 2012, consulté le 02 octobre 2013. 75 Smart grids – CRE, Les caractéristiques d’une ville intelligente, op. cit. 76 Songdo International Business District, est le nom original de la ville. 77 Songdo International Business District, Incheon, South Korea http://www.designbuild-network.com/projects/songdo-international-business-district-incheon/, consulté le 18 septembre 2013. 23 des ressources ; une ville intelligente et une ville verte puisque les espaces verts représentent 40%78 du territoire totale de l’IBD.79 Son objectif est de devenir une zone de développement économique, un des centres d’affaires les plus importants d’Asie en liant les villes proches de Shangai et Tokyo,8081 tout en préservant l’environnement et la qualité de vie des citadins. En effet, l’IBD cherche à devenir un rival économique pour la ville de Seul. La ville intelligente de Songdo est une ville interconnectée et ubiquité, c’est-à-dire qu’il y a internet wifi dans tout le territoire et la technologie est incorporée dans tous l’infrastructure de la ville : « (…) panneaux de commande permettant le contrôle de l’ensemble des fonctions de l’habitat (lumières, température, volets, musique, etc.), surveillance à distance des enfants et, d’autre part, au sein des espaces publics : suivi, contrôle et optimisation du trafic routier grâce à des véhicules équipés de puces RFID, gestion dynamique et intelligente de la signalisation (message de prévention routière, alertes climatiques, etc.), gestion des flux de personnes et adaptation en conséquence du niveau d’éclairage public ». 82 En ce qui concerne la conservation de l’environnement ; cette ville a investi beaucoup dans des systèmes et technologie destinées au traitement des eaux, de déchets et à la récollection des eaux de la pluie. C’est ainsi qu’elle a instauré la technologie pour que « les ordures, soient aspirées et acheminées par des tuyaux sous-terrains »83 et elle possède un centre automatisé de tri. Avec les déchets, cette ville produit de l’énergie renouvelable. Dans cette ville, le concept de mobilité intelligente est aussi présent, grâce aux TIC les citadins ont accès par exemple accès à l’information du transport public (itinéraire) ; il y a des voitures électriques ; ainsi qu’un espace destiné aux piétons : « (…) la ville est constitué d’espaces verts et le réseau de pistes cyclables est long de 25 km».84 78 Songdo, la ciudad más inteligente del mundo http://www.lanacion.com.ar/1616937-songdo-la-ciudad-mas-inteligente-del-mundo., publié le 05 de septembre 2013, consulté le 10 octobre 2013. 79 Kwon Hyung LEE, “Building a New Smart City in Asia: Songdo International City in Incheon, S. Korea”, Incheon Development Institute, 2011. pp. 66. 80 Smart grids – CRE, Les caractéristiques d’une ville intelligente, op. cit. 81 Very Smart Cities http://www.forbes.com/2009/09/03/korea-gale-meixi-technology-21-century-cities-09-songdo.html., publié le 09 mars 2009, consulté le 12 octobre 2013. 82 Smart grids – CRE, Les caractéristiques d’une ville intelligente, op. cit. 83 Séoul porte le futur sur Songdo, Eva John http://www.liberation.fr/economie/2012/12/02/seoul-porte-le-futur-sur-songdo_864602., publié le 02 décembre 2012, consulté le 10 octobre 2013. 84 ibid. 24 Cependant tous les efforts faits par le gouvernement d’Incheon et la technologie incorporée à cette ville pour la rendre plus attractive ; Songdo n’a pas eu le succès attendu, la ville reste vide. Actuellement, l’espace occupé qui était destiné au commerce représente moins du 20 %85 prévu, ce qui nous montre que les résultats attendus arrivent plus lentement de ce qui était espéré. Le coû total du projet est de 35 milliards de dollars.86 Lyon Smart Community La ville de Lyon est aussi considérée comme une ville intelligente. En effet, plusieurs programmes et projets se sont développés pour maitriser la consommation de l’énergie et transformer cette espace dans un lieu d’innovation et de « l’expérimentation Smart City ».87 Le projet urbain le plus remarquable du Grands Lyon date du début du XXIème siècle lorsque le maire de la ville, Raymond Barre, lance l’initiative d’urbaniser 150 hectares88 de la ville de Lyon en construisant un quartier écologique, moderne et durable. Il s’agit du quartier dénommé Lyon Confluence.8990 La construction de cet éco-quartier a été planifiée pour accueillir à 25 000 habitants. Ce projet cherchait à construire : « Un morceau de ville dans laquelle chacun aimerait vivre, travailler et se détendre, organiser une vie urbaine en harmonie avec le patrimoine fluvial et paysager, étendre la centralité lyonnaise historique à toute la presqu’île (…) ainsi que toutes les communes du sudouest, intégrer ce nouveau morceau de ville dans l’agglomération, notamment avec des évolutions sensibles du réseau routier, ferroviaire et de transports en commun ». 91 Aujourd’hui, grâce à son succès, Lyon Confluence est le protagoniste principal de plusieurs initiatives innovantes qui ont pour but atteindre le modèle de ville intelligente. Pour cela, plusieurs politiques et projets sont mise en place dans le quartier pour réduire la pollution. La protection de l’environnement et l’amélioration de la qualité de vie de sa 85 Existen ciudades inteligentes? http://www.muyinteresante.com.mx/preguntas-y-respuestas/638965/songdo-corea-del-sur-ciudad-delfuturo-inteligente/., publié le 04 septembre 2013, consulté le 10 octobre 2013. 86 World's Largest Projects: Songdo IBD http://construction.about.com/od/Future-Projects/a/Worlds-Largest-Projects-Songdo-Ibd.htm., consulté le 12 octobre 2013. 87 Lyon Smart Community http://www.grandlyon.com/Lyon-Smart-Community.5518.0.html, consulté le 15 octobre 2013. 88 SPLA Lyon Confluence, La Confluence : Lyon 1er quartier durable WWF, Lyon, 2011. 89 1600 Pandas et 660 nouveaux logements dans le quartier durable Lyon Confluence http://www.wwf.fr/s-informer/actualites/1600-pandas-et-660-nouveaux-logements-dans-le-quartierdurable-lyon-confluence., publié le 17 octobre 2010, consulté le 15 octobre 2013. 90 Lyon Confluence, Historique du projet Lyon Confluence, Lyon, 2005. 91 ibid., p. 2. 25 population et un principe essentiel du quartier. Les résultats de ses projets ont été jusqu’à positifs. Le quartier de Lyon Confluence a été le premier quartier « durable labellisé WWF de France »92. En effet, en 2010, le Grand Lyon et l’Organisation Mondiale de Protection de la Nature (WWF) ont signé une convention, laquelle a pour finalité construire en commun un Plan d’Action Durabilité (PAD) pour Lyon Confluence ; ainsi que développer des programmes en commun pour atteindre les dix principes de ce plan : 1. Zéro carbone : optimiser l’utilisation de l’énergie et produire de l’énergie renouvelable. 2. Zéro déchets : réussir à recycler 70% des déchets du quartier. 3. Mobilité durable : réduction l’usage des voiture et améliorer le service de transport public. 4. Matériaux locaux et durables : stimuler l’utilisation des matériaux recyclés qui ont un faible impact dans l’environnement et qu’ils soient de production locale. 5. Alimentation locale et durable : stimuler a consommation d’aliments bio et de production locale. 6. Gestion durable de l’eau 7. Habitats naturels et biodiversité : conserver l’environnement et la nature. 8. Culture et patrimoine local : valorisation de l’héritage culturel 9. Equité et développement économique : promouvoir le développement économique local 10. Qualité de vie et bien-être : améliorer la santé et le bien-être des usagers.93 D’autre part, l’utilisation des TIC dans cet éco-quartier est aussi un aspect positif pour atteindre le control de la consommation de l’énergie dans le quartier : « 50% des besoins en eau chaude sont assurés par les bois et les 50% restants par des capteurs solaires (…) installation de 1000m2 de panneaux photovoltaïques en toiture pour réduire encore les charges ».94 La ville de Lyon participe aussi dans le programme Concerto, de la Commission Européenne, à travers le projet Concerto-Renaissance du Grand Lyon. Ce projet a pour objectif 92 SPLA Lyon Confluence, La Confluence : Lyon 1er quartier durable WWF, op. cit., 11. ibid. 94 Grand Lyon Communauté urbaine, Projet urbain durable "éco-quartier : le projet urbain Lyon Confluence, Lyon, sans date. http://www.economie.grandlyon.com/fileadmin/user_upload/fichiers/site_eco/200805_gl_immobilier_dur able_lyon_confluence_fr.pdf., consulté le 13 octobre 2013. 93 26 construire des bâtiments qui favoriseront à l'efficacité énergétique et à l’utilisation des énergies renouvelables. Dans le quartier Lyon Confluence, le gouvernement local cherche à construire « 620 logements, 14 000 m2 de bureaux et 4 300 m2 de commerces et activités en pied d’immeuble » 95 avec le financement de la Commission Européenne. Autre aspect qui caractérise à de Lyon comme une ville intelligente est le fait qu’il a une mobilité intelligente. En effet, la ville de Lyon et Lyon Confluence possèdent un service efficace de transport public (tramway, métro, bus et vélo’v) qui contribue à la diminution de la pollution. Finalement, autre projet innovant qui est en phase de développement à Lyon est le projet Lyon Smart Community, un projet pilote qui sera développé par le Grand Lyon en partenariat avec l’Organisation pour le Développement de Nouvelle Industrie et Industrie Technologique du Gouvernement du Japon (NEDO). La finalité de ce projet sera : la construction d’un « bâtiment à énergie positive »96, la dotation des voitures électriques et l'installation « d'energyboxes »97 pour permettre à leur population avoir un control de la consommation d’énergie dans leurs foyers. Si bien on a pu constater grâce aux exemples précédents de villes intelligentes que les pays développés utilisent ce nouveau modèle de ville pour répondre aux défis environnementales, il serait intéressant aussi d’analyser comment la notion de ville intelligente est mise en œuvre dans les pays émergeants comme c’est le cas de la région latino-américaine. B. L’introduction de la notion de ville intelligente en Amérique Latine L’apparition des initiatives qui cherche à transformer les villes en villes intelligentes prennent force en Amérique latine ces dernières années. 95 Grand Lyon Communauté urbaine, Programme Concerto / Renaissance : L’habitat durable au cœur de Lyon Confluence, Lyon, sans date. http://www.grandlyon.com/fileadmin/user_upload/Pdf/territoire/Grands_Projets/Confluence/Plaket_pres_ Concerto_Renaissance.pdf 96 Lyon Confluence : signature d'une convention d'engagement entre le Grand Lyon et NEDO pour la mise en oeuvre d'un démonstrateur "smart community" d'ici à 2015 http://www.economie.grandlyon.com/actualite-economie-actu-lyon.194+M5237e8b4b85.0.html., consulté le 15 octobre 2013. 97 ibid. 27 1. Une initiative en plein essor en Amérique latine Actuellement, l’Amérique latine est la région du monde avec la plus grande croissance économique, malgré la crise économique mondiale. En 2012, le PIB de la région latinoaméricaine a augmenté de 3,1%, pendant que le PIB mondial a grandi seulement de 2,2%.98 En ce qui concerne sa démographie, en 2012, l’Amérique latine a eu une population de 597 526 000 d’habitants99, parmi laquelle 29,4% est pauvre.100 La population urbaine de l’Amérique latine représente le 80% de sa population totale.101 Concernant le taux de chômage urbain de la région, celui-ci s’est réduit discrètement. En 2011, il était de 6,7% tandis que dans l’année suivante ce taux est baissé à 6,4%.102 Si bien, cette région du monde à une croissance économique, cette croissance n’est pas repartie équitablement à l’intérieur des pays : « D’après les dernières données, le 10% de la population plus riche de l’Amérique latine reçoit 32% de revenus totales de la région, tandis que la population la plus pauvre (40%), reçoit uniquement 15% de revenus de la région. » 103 Lorsqu’il s’agit de l’accès à l’internet, cette région est encore en retard si on la compare avec les pays développés dans lesquels 80% de la population à accès à ce service, tandis ce taux pour les pays latino-américains est uniquement de 40%.104 En 2012, le numéro d’utilisateurs d’internet fut de 2.400 millions, parmi ce pourcentage la population latino-américaine représentait uniquement le 10,6%105 98 Naciones Unidas, Comisión económica para América Latina y el Caribe, Balance preliminar de las economías de América latina y el caribe, Santiago de Chile, 2012. 99 Banco Mundial, América Latina y el Caribe http://datos.bancomundial.org/pais/LAC., consulté le 05 octobre 2013. 100 Naciones Unidas, Comisión económica para América Latina y el Caribe, Panorama Social de América Latina, Santiago de Chile, 2012. 101 La urbanización presenta oportunidades y desafíos para avanzar hacia el desarrollo sostenible http://www.eclac.cl/notas/73/Titulares2.html., publié en août 2012, consulté le 05 octobre 2013. 102 Naciones Unidas, Comisión económica para América Latina y el Caribe, Balance preliminar de las economías de América latina y el caribe, op. cit. 103 « Las últimas estadísticas disponibles para 18 países indican que en promedio el 10% más rico de la población latinoamericana recibe 32% de los ingresos totales, mientras que el 40% más pobre recibe solo 15% ». Naciones Unidas, Comisión económica para América Latina y el Caribe, Panorama Social de América Latina, op. cit. 55. 104 Naciones Unidas, Comisión económica para América Latina y el Caribe, Estado de la banda ancha en América latina y el Caribe: Informe del Observatorio Regional de Banda Ancha, Santiago de Chile, 2012. http://www.eclac.org/publicaciones/xml/9/48449/EstadobandaAnchaenAMLC.pdf 105 América Latina pisa cada vez más fuerte en internet http://www.bbc.co.uk/mundo/noticias/2013/01/130117_tecnologia_internet_2012_aa.shtml., publié le 18 janvier 2013, consulté le 14 octobre 2013. 28 Malgré une économie dynamique, les sociétés latino-américaines en encore des difficultés pour répondre aux besoins de sa population qui est de plus en plus urbaine. Les problèmes urbains sont plusieurs : un taux élevé de pauvreté, un taux élevé de travail informel, précarité concernant les logements (occupation illégale des territoires), une faible dotation de services publics (transport public de mauvaise qualité et pas effective, pas accès à l’eau potable, éducation gratuit etc…) et problèmes environnementaux. Les problèmes de sécurité sont aussi un défi pour l’Amérique latine, en 2008 le taux d’homicide dans la région est de 26 par mil habitants.106 A présent, la mondialisation a permis aux pays latino-américains de reprendre les tendances apparues dans les pays développés et d’essayer de leur mettre en place dans leur propre réalité. D’où, la notion de ville intelligente est actuellement un concept en plein essor dans la région latino-américaine qui est de plus en plus mise en pratique dans les pays de cette région du monde. A continuation, on étudiera quelques exemples de projets et programmes développés ou en face de développement dans l’Amérique latine. 2. Quelques exemples remarquables dans la région Curitiba, Brésil La ville de Curitiba, au Brésil, est un type assez particulier de ville intelligente. Depuis la deuxième moitié du XX siècle, elle suit rigoureusement un plan d’urbanisme réalisé initialement en 1940 par Alfred Lagache et la société française d’études urbaines qui prenait en compte principalement le schéma des voies de communication et les systèmes d’assainissement ; ce plan fut ensuite raffiné en 1968 par le maire de Curitiba, Jaime Lerner. Le plan de Lerner était caractérisé par focaliser les efforts sur une multiplicité de projets modérés qui répondaient à des besoins précis des citoyens avec un regard futuriste de durabilité et inclusion sociale, plutôt que juste sur quelques projets de grande échelle107. Entre les projets dérivés de ce deuxième plan d’urbanisme de la ville, on peut remarquer les suivants : Transport public efficace : A travers la mise en place d’un système de bus rapide, confortable et efficace, la ville a réussi à doubler sa population depuis 1974, mais en même 106 Inter-american Dialogue, La situación de la seguridad ciudadana en América Latina, Perú, 2012. A. SOLTANI, and E. SHARIFI, “A Case Study of Sustainable Urban Planning Principles in Curitiba (Brazil) and Their Applicability in Shiraz (Iran)”, International Journal of Development and Sustainability, Vol. 1 No. 2, 2012, pp. 120–134. 107 29 temps, voir le trafic se réduire de 30%108, tout en réduisant la consommation de 30% par habitant de fuel et profitant une des meilleures qualité d’air de toutes les villes du pays109. Actuellement ce même système de transport public mobilise au moins 85% des habitants de Curitiba110. Le développement des espaces verts et d’une responsabilité citoyenne écologique, à travers la sélection d’industries non polluantes et la massification d’espaces verts, ce qui lui attribue actuellement le surnom de la capitale écologique du Brésil111. Système moderne de gestion de déchets qu’actuellement permet un taux de recyclage de 70% des déchets produits par ses habitants, accompagné de plusieurs programmes de support aux gestes de tri ciblés surtout pour la population de faibles revenus112. La construction depuis les années 1980 de multiples « phares du savoir 113», des véritables centres d’éducation gratuits et complets qui incluent des bibliothèques, de l’accès à internet, bureaux pour la promotion de l’emploi, entre autres, ciblés envers la population la plus désavantagée114. Enfin, les politique suivies par la ville de Curitiba lui ont permis de devenir la 7e ville la plus grande, mais aussi la 4e plus riche du Brésil. Elle détient à elle seule un produit interne de 17 milliards de dollars américains115. Monterrey, Mexique La ville de Monterrey, capitale de l’état de Nuevo Léon, au Mexique, est un référent national voire régional de développement économique fondé sur la transformation des capacités productives d’une ville, détenant plus de 50 parcs industriels occupés par des sociétés spécialisés dans des industries très variées dont la pharmaceutique, des TIC, logistique, entre autres qui se sont implantés dans cette ville de 3,5 millions d’habitants depuis une dizaine d’années.116 En 2009, le produit interne par habitant de la région doublait déjà la moyenne 108 ibid.. Joseph Goodman, Melissa Laube, and Judith Schwenk, Curitiba’s Bus System is Model for Rapid Transit, race, poverty & the environment http://urbanhabitat.org/node/344., consulté le 16 octobre 2013. 110 A. SOLTANI, and E. SHARIFI, “A Case Study of Sustainable Urban Planning Principles in Curitiba (Brazil) and Their Applicability in Shiraz (Iran)”, op. cit. 111 ibid. 112 ibid. 113 Nom original : Faróis de Saber 114 A. SOLTANI, and E. SHARIFI, “A Case Study of Sustainable Urban Planning Principles in Curitiba (Brazil) and Their Applicability in Shiraz (Iran)”, op. cit. 115 Tim DIXON, “Sustainable Urban Development to 2050: Complex Transitions in the Built Environment of Cities”, Oxford Institute for Sustainable Development, Oxford Brookes University, 2011. 116 The World's Smartest Cities 109 30 nationale et détenait un écosystème académique vibrant avec plus de 80 institutions d’éducation supérieure dont l’Institut Technologique de Monterrey117 qui est considérée entre les meilleures du pays.118 Dans le cadre d’un projet réalisé en partenariat par l’Institut Technologique de Monterrey et les sociétés industrielles privées de la région, la construction d’une ville intelligente est prévu démarrer prochainement. Cette ville intelligente devrait offrir à ses citadins tous les bénéfices que la technologie plus moderne peut offrir peut apporter, notamment « l’approvisionnement des foyers en énergie solaire et d’outils électroménagers intelligents pour un bilan écologique et un usage de l’énergie plus performant ; les institutions de la santé sont numérisées et efficaces ; les voitures sont électriques et les services de transports publics se paient avec le portable, entre autres. » 119 Guatemala City La ville de Guatemala120 en Amérique centrale a obtenu le prix à l’initiative la plus innovatrice lors de l’édition 2012 du Smart Cities Expo World Congress qui eut lieu à Barcelona. 121 L’initiative qui a été récompensée est celle de la mise en place de 1400 panneaux solaires pour alimenter l’éclairage publique de la ville, ainsi que pour alimenter en électricité « bon marché » à 400 foyers dans des quartiers pauvres de la ville. Le mécanisme de financement de cette infrastructure énergétique est aussi innovateur : un partenariat public – privé à travers lequel plusieurs quartiers aisés de la ville sont munis des premiers 1000 panneaux solaires ce qui leur permet d’obtenir une réduction de 20% sur sa facture d’électricité ; en échange ces foyers financent la totalité de l’investissement requis, ce qui http://www.forbes.com/2009/12/03/infrastructure-economy-urban-opinions-columnists-smart-cities-09joel-kotkin.html., publié le 1 mars 2009, consulté le 15 septembre 2013. 117 Nom originale : Instituto Tecnológico de Monterrey. 118 Deuxième dans le classement nationale d’universités selon le magazine mexicaine d’affaires América Economia, Las mejores universidades de México http://rankings.americaeconomia.com/2012/ranking-universidades-mexico/ranking.php., consulté le 15 septembre 2013. 119 Texte original : « where homes are solar-powered and equipped with intelligent household appliances, provided hospitals with high technology and where electric cars to circulate and operate payment systems of public transport through cell phone, among other things”. Source: Mexico will develop “Smart City” http://www.mexicanbusinessweb.mx/eng/2012/mexico-will-develop-smart-city/., publié le 06 décembre 2012, consulté le 17 septembre 2013. 120 Ciudad Guatemala est la capital de Guatemala et son nom officiel est : Nueva Guatemala de la Asunción. 121 World Smart Cities Awards 2012 http://www.smartcityexpo.com/premios-2012., consulté le 17 septembre 2013. 31 permet que les derniers 400 panneaux solaires soient installés dans les quartiers les plus pauvres de la ville.122 San Luis, Argentine La ville de San Luis en Argentine est la pionnière dans ce pays en ce qui concerne des programmes et projets de ville intelligente. San Luis a réussi à devenir un pôle technologique grâce à la mise en place de politiques focalisées sur l’inclusion digitale. Ces politiques ont la finalité d’inciter l’usage de technologies aux citadins et l’attraction d’investissement étrangers, à travers l’implémentation des entreprises de TIC. Pour atteindre ces objectifs, le gouvernement local a mis en place plusieurs programmes entre eux, un programme qui finance le 50% du prix total d’un ordinateur. Aujourd’hui les résultats de ces politiques sont très satisfaisants ; toute la population de San Luis a accès gratuit à l’internet ; ainsi que 80% de la même possède un ordinateur.123 De même, San Luis dispose d’un centre de contrôle de la ville, lequel avec l’aide de 70 caméras installées dans toute la ville permet de répondre à la police et ambulance rapidement aux accidents de transports, mais aussi identifier aux délinquants. D’autre part, dans cette ville il existe aussi le projet dénommé « Mon prochain bus »124, lequel permet aux citadins d’accéder à l’information de itinéraires des bus (temps d’attend et routes) ; de même que contrôler la vitesse à laquelle le bus roule et voir si le chauffeur respect les limites de vitesse. Si ils dépassent les limitent de vitesse permis, un système notifie immédiatement aux autorités et le chauffeur peut être sanctionné, c’est un moyen efface pour diminuer les accidents de transport.125 Dans le domaine écologique, San Luis a des programmes de recyclage de déchets. En effet, le tri dans cette ville permet de valoriser les déchets et donc fabriquer des cahiers, agendas entre autres. Pour le futur, San Luis développera un système qui permettra d’enregistrer l’historial clinique de sa population. En résume, la notion de ville intelligente est actuellement vue comme un modèle de ville qui permet aux citadins et aux gouvernement locaux développer leur ville, atteindre un 122 ibid. Ciudad inteligente surge en Argentina http://www.eluniversal.com.mx/articulos/66816.html., publié le 11octobre 2011, consulté le 20 octobre 2013 124 “Mi próximo colectivo” en espagnol. 125 Ciudad inteligente surge en Argentina, op. cit. 123 32 développement économique, mais aussi respecter l’environnement, tout en assurant le futur pour les générations futures. Dans le monde entier, plusieurs projets et programmes prenant en compte au moins un aspect de la ville intelligente se sont développés pendant ces dernières années. L’Amérique latine n’est pas une exception à ce mouvement. La partie suivante de ce document analyse le cas spécifique de l’Equateur, pays andin qui envisage la construction d’une ville intelligente, la même qui aura pour but de contribuer au développement économique et social du pays : il s’agit de Yachay, cité de la connaissance. 33 PARTIE II. Le cas de l’Equateur : YACHAY, cité de la connaissance "La notion d’économie de la connaissance est devenue un cadre de réflexion obligé pour la plupart des économies développées mais aussi pour de nombreux pays en développement".126 L’Equateur fait partie des pays qui croient que l’investissement humain est le seul moteur pour le fonctionnement de l’économie, le développement de la nation et la libération de la dépendance des matières premières comme source principale de revenus. C’est ainsi que le projet Yachay nait pour changer le modèle traditionnel productif du pays et améliorer la qualité de vie de la population équatorienne. A. La genèse du projet 1. Antécédents 1.1. Contexte économique et social L’Equateur est un pays de l’Amérique du Sud qui limite au nord avec la Colombie et à l’est comme au sud avec le Pérou (voir figure 1). Son territoire de 283 561 km2 est occupé par une population d’environ 15 839,799 habitants.127 Il est composé par 24 provinces et sa capitale est la ville de Quito. L’Equateur possède quatre zones climatiques : les Andes, la Côte, l’Amazonie et les Iles Galápagos, lesquelles sont situées à 1000 km de la cote du pays dans l’océan Pacifique ; c’est le pays avec la plus grande concentration de fleuves par kilomètre carré du monde, ainsi que le pays avec la plus grande biodiversité par kilomètre carré du monde, portant plusieurs espèces animales et végétales uniques sur la planète. Le pays s’inscrit dans la liste des 17 nations avec la plus grande biodiversité au monde.128 Cette petite nation sud-américaine possède un territoire riche en ressources naturelles, notamment des importantes réserves minières et pétrolières. En effet, d’après une étude réalisée 126 Haudeville BERNARD et alii, « Quelles articulations entre économie de la connaissance et développement ? », Mondes en développement, 2009/3 n° 147, 2009, p. 2. 127 Censo poblacion del Ecuador http://www.inec.gob.ec/estadisticas/., consulté le 29 septembre 2013. 128 17 países megadiversos del mundo http://www.rpp.com.pe/2012-09-08-17-paises-megadiversos-del-mundo-noticia_520498.html., publié le 08 septembre 2012, consulté le 09 septembre 2013. 34 par l’organisation latino-américaine d’énergie (OLADE), l’Equateur est le quatrième pays avec plus de pétrole dans la région latino-américaine (3%) après le Venezuela (85%), le Brésil (5%) et le Mexique (4%).129 Ainsi, ce pays est un important exportateur de pétrole brut dans la région, le principal exportateur de bananes dans le monde et un des principaux exportateurs de fleurs, cacao et crevettes. Quant à la composition du produit interne brut, les revenus du pays proviennent principalement de l’extraction du pétrole (40%), suivi de l’agriculture (6%), de la pèche et de l’industrie minière.130 Le secteur des services est aussi un secteur important pour le pays puisqu’il représente 54% du PIB.131 Figure 1. Situation géographique de l’Equateur Source : Google Maps 2013 Le début du XXIe siècle fut particulièrement difficile économiquement pour la population équatorienne à cause de la crise économique qui eut lieu dès 1999, date à laquelle le gouvernement de Jamil Mahuad, entre autres mesures très polémiques, décide d’arrêter la 129 Organisation Latinoamericaine d’énergie http://www.olade.org/ecuador., consulté le 29 septembre 2013. 130 Ecuador en cifras http://www.ecuadorencifras.com/cifras-inec/pib.html#tpi=1., consulté le 30 septembre 2013. 131 Banque Central de l’Equateur 2012. http://www.bce.fin.ec/indicador.php?tbl=pib. Consulté le 30 septembre 2013. 35 circulation de la monnaie nationale, le « sucre », pour adopter le dollar américain et tenter ainsi de stabiliser l’économie nationale. Malgré tout, aujourd’hui, l’Equateur est la huitième économie latino-américaine avec un PIB de 84 039 856 000 USD.132 Selon le Centre d’Information des Nations Unies à Panama, l’Equateur est le troisième pays avec la plus grande croissance économique de la région.133 En effet, la croissance économique de l’Equateur entre 2007 et 2011, a augmenté en moyenne de 4,3%, tandis que celle de l’Amérique latine a augmenté que de 3,5% dans la même période.134 Par rapport à l’aspect démographique, l’Equateur est le pays avec la plus grande densité de population par Km2 dans la région sud-américaine (environ 54 habitants par Km2) ; actuellement le pays est détenteur d’un des plus bas taux de chômage de l’Amérique.135 Les citadins représentent la majorité de la population équatorienne avec 60,4% des habitants du territoire national qui habitent dans des collectivités urbaines. Environ 50% de la population équatorienne habite dans la Côte, 45% dans la « Sierra » (zone montagneuse), 5% dans l’Amazonie et de 0,2% sur les Iles Galápagos. 136 Le 71,9% de la population est considérée comme métis (ou d'origine mixte), 6,1% blancs, 6,8% indigènes, 7,2% afro-équatoriennes, et 7,4% « montubios ». 137138 132 Banque Mondiale http://www.bancomundial.org/es/country/ecuador., consulté le 30 septembre 2013. 133 Ecuador: Tercero con mayor crecimiento regional 2011 y 2012 http://www.cinup.org/noticias/noticias-del-mundo/1120-ecuador-tercero-con-mayor-crecimientoregional-2011-y-2012., publié le 04 janvier 2012, consulté le 02 octobre 2013. 134 Secrétariat Nationale de Planification et développement, Système National d’Information, http://app.sni.gob.ec/web/sni., consulté le 18 septembre 2013. 135 Mapa Comparativo de Países, Densidad de población, Sudamérica http://www.indexmundi.com/map/?v=21000&r=sa&l=es., consulté le 19 septembre 2013. 136 Profil Equateur http://www.paho.org/saludenlasamericas/index.php?id=40&option=com_content., publié le 11 avril 2013, consulté le 19 septembre 2013. 137 Censo poblacion del Ecuador. op. cit. 138 Censo revela que los ecuatorianos aceptan sus orígenes étnicos http://www.telegrafo.com.ec/sociedad/item/censo-revela-que-los-ecuatorianos-aceptan-sus-origenesetnicos.html., publié le 12 octobre 2011, consulté le 18 septembre 2013. 36 Figure 2. Répartition par origine ethnique de la population équatorienne Source : réalisation personnelle basée sur les données d’INEC 2013 La distribution de la population n’est pas homogène, la plupart de la population équatorienne est concentrée dans les pôles de développement économique du pays, c’est-à-dire dans les provinces de Pichincha et Guayas. Quito est le siège du gouvernement et des institutions publiques et politiques du pays. Elle détente une population de 2 239 191 habitants. Elle est la deuxième ville la plus peuplée de l’Equateur après Guayaquil. Guayaquil à son tour, est localisée dans la Côte du pays, elle est le principal port commercial du pays, presque le 70% des exportations et importations du pays sont commercialisé à travers cette ville, d’où le surnom de « capitale économique » du pays. Guayaquil est la ville la plus peuplé de l’Equateur avec une population de 2 350 915 habitants139. Si bien l’Equateur est un pays riche en ressources naturelles, avec des paysages naturels et une biodiversité unique au monde, la réalité sociale ne reflète pas cette richesse. Le pays n’a pas encore réussi à réduire considérablement l’inégalité économique entre la population la plus riche et la plus pauvre. Aussi, ils existent encore des énormes inégalités régionales. Malgré les efforts du gouvernement actuel à travers l’exécution de plusieurs politiques économiques et sociales de gauche, le taux de pauvreté reste élevé et on constate toujours une inégalité en ce qui concerne le développement économique et urbain du pays. La concentration des activités économiques dans les villes de Quito, Guayaquil et Cuenca a eu comme conséquence un développement économique et urbain polarisé autour de celles-ci. La plupart des villes de petite 139 Censo poblacion del Ecuador. op. cit. 37 ou moyenne taille ont échappé à ce développement, surtout dans les régions nord, centre et dans la région de l’Amazonie ; dans ces régions l’accès à l’éducation, la santé et aux services publics de base reste limité et de mauvaise qualité, ainsi que la diffusion des technologies d’information et communication reste discrète. D’après, l’Institut Nationale de Recensement de l’Equateur (INEC) en 2012, 25,3% de la population équatorienne était pauvre et 9,4% de la population était dans l’extrême pauvreté. La pauvreté est présente dans tout le pays, mais on constate qu’il y a de zones qui sont exclues de cette catégorisation : il s’agit des deux pôles économiques du pays où ils se trouvent les villes de Quito et Guayaquil. 140 Le centre du pays est la région avec le taux de pauvreté plus élevé (entre 50% et 57%), suivi du nord, de l’est (Amazonie) et du sud-ouest du pays, régions pour lesquelles le taux de pauvreté se trouve entre 30% et 50%. En contraste, pour les provinces de Pichincha (dont la capitale est Quito) et de Guayas (dont la capitale est Guayaquil) ainsi que pour quelques provinces voisines à celles-ci, le taux de pauvreté s’établit de 14% à 30% (voir la figure 3 ci-dessous). Figure 3. Taux de pauvreté par province Source : INEC 2012 140 Ultimos datos de pobreza en Ecuador, INEC, http://www.inec.gob.ec/estadisticas/index.php?option=com_remository&Itemid=&func=startdown&id=1 509&lang=es&TB_iframe=true&height=250&width=800, consulté le 14 septembre 2013. 38 L’inégalité économique régionale observée est une conséquence de la concentration de la richesse uniquement dans les grandes villes du pays. En effet, si on compare les taux de pauvreté de Quito, Guayaquil et Cuenca avec celui du pays, on constate qu’ils sont loin de la réalité nationale. Le taux de pauvreté de Quito pour l’année 2011 était 10,3%, celui de Guayaquil 19,2% et celui de Cuenca 12,4%141, tandis que celui du pays est de 25,3%. En ce qui concerne l’indice de GINI, l’inégalité économique de l’Equateur s’est réduite de 0,54 à 0,45 entre les années 2006 et 2011.142 De même, une évaluation réalisée par le Conseil Nationale de Planification du pays, en décembre 2010, montre que les groupes le plus pauvres sont les indigènes (65,2%) suivi des « montubios » (47,9%) et des afro-équatoriens (37,8%)143, tandis que celui des métis (28,1%) et des “blancs” (20,6%) est considérablement plus bas.144 30,0% 25,6% 25,0% 20,0% Ambato Quito 15,0% 10,0% Guayaquil 11,0% 9,5% 12,3% Machala Cuenca 5,0% 0,0% 2007 2008 2009 2010 2011 2012 Figure 4. Evolution historique du taux de pauvreté dans quelques grandes villes de l’Equateur Source : réalisation personnelle basée sur l’Enquête Nationale d’emploi, chômage et sousemploi, INEC 2012 A partir de l’année 2006, sous le gouvernement du président Correa, on constate un accroissement de l’investissement dans le social (éducation et sécurité sociale). En 2006, le secteur social représenté uniquement 6,7 % du PIB, tandis qu’en 2010 ce taux augmente jusqu’à 9,2%.145 Si bien les efforts investis sont importants, l'Equateur est toujours confronté à un long 141 ibid. Banque Centrale de l’Equateur, op. cit. 143 Indicador registra que se redujo la desigualdad económica en el Ecuador http://andes.info.ec/2009-2011.php/?p=132299, publié le 17 janvier 2012, consulté le 20 septembre 2013. 144 ibid. 145 Ecuador en breve 142 39 chemin de la lutte contre la pauvreté et l'inégalité. Les taux de pauvreté plus élevés on les retrouve dans les zones rurales (49,1%), les populations indigène et afro-équatorienne sont encore marginalisées du progrès ; l’accès aux services publics élémentaires (éducation, santé, eau potable, électricité, etc.) restent limités dans les régions déjà précisées. En matière d’éducation, les inégalités sont d’autant plus visibles. Si bien le taux moyen d’illettrisme en Equateur dans l’année 2010 était de 6,8%146, des différences existent entre le secteur rural et le secteur urbain. En effet, 3,8% de la population urbaine est analphabète, tandis que pour le secteur rural ce taux augmente énormément à 16,5%.147 En outre, ce taux moyen de 3,8% d’analphabétisme ne reflète pas la réalité car toute la population des zones urbaines ne possède pas les mêmes conditions et garanties pour accéder à une éducation publique gratuite de qualité. Dans le domaine de la santé, le gouvernement de Correa a entrepris la construction de nouveaux hôpitaux, le remodelage de bâtiments existants et l’équipement des institutions de la santé publique afin de garantir l’accès de la population à un service de bonne qualité. Seulement l’année dernière (2012), le gouvernement à investit 1,6 milliards de dollars dans le secteur de santé.148 Actuellement, dans tout le pays, il y a 167 hôpitaux généraux et 22 hôpitaux spécialisés, mais il reste encore beaucoup de travail à faire pour que toute la population équatorienne ait accès à la santé publique.149 Le retard pris par quelques régions du pays est visible aussi par rapport à l’usage des technologies d’information et communication (TIC). Si bien, lors du dernier recensement en 2010, 75,5% de la population équatorienne possède un portable, lorsqu’il s’agit d’avoir un ordinateur ce pourcentage ce réduit à 27% des foyers. Ce chiffre diminue considérablement si on regarde les statistiques au niveau rural, où uniquement 8% de la population possède un ordinateur.150 De même, l’accès à l’internet n’est pas encore un service assuré pour toute la population (voir l’annexe 1). En 2010, le taux moyen d’accès à l’internet est de 16,7% pour la population urbaine et de 1,3% pour la population rurale et de 11,8% au national. Si bien ce http://www.fondodelagua.aecid.es/es/fcas/donde-trabaja/paises/ecuador.html., consulté le 17 septembre 2013. 146 Ministère d’éducation de l’Equateur, Indicateurs éducativeshttp://educacion.gob.ec/wpcontent/uploads/downloads/2013/03/Analfabetismo.pdf 147 Ministère d’éducation de l’Equateur, Indicateurs éducatives, Quito, 2012. 148 Gobierno ecuatoriano proyecta invertir $ 6.600 millones en sector social en 2013 http://www.eluniverso.com/noticias/2013/06/14/nota/1026806/gobierno-ecuatoriano-proyecta-invertir6600-millones-sector-social., publié le 14 juin 2013, consulté le 01 octobre 2013. 149 Ecuador prevé consolidar un presupuesto de USD 5.651 millones en salud hasta el 2017, http://www.andes.info.ec/es/sociedad/ecuador-preve-consolidar-presupuesto-usd-5651-millones-saludhasta-2017.html., publié le 10 janvier 2013, consulté le 10 octobre 2013. 150 Ministerio de Telecomunicaciones (MINTEL) y de la Sociedad de la Información e Instituto Nacional de Estadística y Censo (INEC), Reporte anual de estadísticas sobre tecnologías de la información y comunicaciones TIC’s, Quito, 2010. 40 chiffre a augmenté de plus de 50% entre 2008 et 2010, l’accès à l’internet reste un privilège pour une petite fraction de la population urbaine, la population rurale restant presque totalement isolée151. En outre, concernant l’usage courant de l’internet parmi les équatoriens qui en ont accès, seulement 51,7% d’entre eux l’utilisent au moins une fois par jour, ce qui reflète que l’internet n’est pas un instrument de travail pour presque la moitié de ceux-ci.152 Ces chiffres montrent que l’usage des TIC comme instrument pour le développement reste encore très limité ou inexistant pour la plupart des équatoriens. Avec le gouvernement de Correa depuis l’année 2006, l’Equateur a connu quelques progrès économiques et sociaux. Cependant, ces progrès sont encore insuffisants et le gouvernement cherche à améliorer la qualité de vie de la population équatorienne à travers la mise en œuvre de politiques sociales et de projets de développement économique plus ambitieux comme c’est le cas de la construction de la première ville intelligente du pays. 1.2. Contexte politique En ce qui concerne le régime politique, la République de l’Equateur est un pays démocratique depuis sa création en 1829, en exceptant une période de dictature militaire entre les années 1972 et 1979. A partir de 1980 se succèdent une série de gouvernements élus par voie démocratique mais sans une vraie stabilité politique, particulièrement entre les années 1996 et 2006, période pendant laquelle le pays connut dix Chefs d’Etat différents (entre présidents élus et vice-présidents qui les succédaient en leur absence), entre eux Rosalia Arteaga, la première femme vice-présidente du pays, qui ne restât que deux jours au pouvoir, et le colonel retraité Lucio Gutierrez qui restât deux ans au pouvoir et fut le prédécesseur de Correa. En 2006, un nouveau parti politique de gauche sous la devise de « révolution citoyenne»153 gagne les scrutins présidentiels et Rafael Correa devient le Chef d’Etat numéro soixante-dix septe de l’Equateur avec une majorité des scrutins sans précédent dans l’histoire du pays. Il sera réélu en février 2013. Depuis son ascension au pouvoir en 2006, l’économiste de formation M. Rafael Correa annonce mener une politique socialiste souveraine, renforcer l'intégration régionale, notamment 151 ibid. Los usuarios de teléfonos inteligentes (Smartphone) se incrementaron en un 60% http://www.inec.gob.ec/inec/index.php?option=com_content&view=article&id=573%3Alos-usuarios-detelefonos-inteligentes-smartphone-se-incrementaron-en-un60&catid=68%3Aboletines&Itemid=51&lang=es., publié le 02 avril 2013, consulté le 05 octobre 2013. 153 En espagnol : Revolución Ciudadana 152 41 avec les autres gouvernements « Bolivariens »154 et accroître l'investissement social et décide de créer une nouvelle Constitution pour valider avec la population son projet politique. En septembre 2007, se rédigé cette nouvelle Constitution (la 20e constitution du pays) qui est adoptée par référendum populaire le 30 Septembre 2008 avec une majorité éclatante. Cette nouvelle constitution de la République de l’Equateur prend en compte un nouveau concept, le « bien-être » de la population, lequel est présent tout au long des plus de 400 articles composant la constitution : « Nous avons décidé de construire une nouvelle forme de coexistence citoyenne, en diversité et en harmonie avec la nature, pour atteindre le bien être, le».155 Le “sumak kawsay”156, plus qu’une originalité de la nouvelle Constitution équatorienne, fait partie du nouveau modèle de vie des acteurs sociaux proposé par les gouvernements socialistes, notamment en Amérique latine, dans le cadre de leurs revendications contre le modèle économique néolibéral, répandu pendant les années 90, qui a échoué à réduire la pauvreté et à diminuer les écarts dans la distribution de la richesse dans les sociétés latinoaméricaines du XXIe siècle. Dans le cas de l’Équateur, ces revendications ont été reconnues et intégrés dans la Constitution, devenant ainsi les principes et lignes directrices du nouveau « pacte social ».157 Dans la nouvelle Constitution, le « sumak kawsay» cherche à 158: améliorer la qualité de vie et l’espérance de vie de la population ; développer leur capacités et potentialités ; stimuler la participation effective de la citoyenneté dans tous les domaines d’intérêt public ; établir une coexistence harmonique avec l’environnement; garantir la souveraineté nationale, promouvoir l’intégration latino-américaine et protéger et promouvoir la diversité culturelle. 154 En espagnol : Bolivariano. Gouvernements latino-américains de gauche, dont leur but est de construire « Le grand pays latino-américain », suivant la volonté de Simon Bolivar, libérateur des colonies espagnoles de l’Amérique latine. 155 « Decidimos construir una nueva forma de convivencia ciudadana, en diversidad y armonía con la naturaleza, para alcanzar el buen vivir, el “sumak kawsay” ». Source: Asamblea del Ecuador, Constitution de la République de l’Equateur de 2008, Quito, 2008. p. 15. 156 «Le Bien – être » : expression quichua, langue autochtone de certaines populations indigènes de l’Equateur et de la région des Andes, utilisé aussi en référence aux politiques du gouvernement actuel. 157 El Buen Vivir en la Constitución del Ecuador http://plan.senplades.gob.ec/3.3-el-buen-vivir-en-la-constitucion-del-ecuador., consulté le 18 septembre 2013. 158 Asamblea del Ecuador, Constitution de la République de l’Equateur de 2008, op. cit., 135. 42 Les politiques du gouvernement de Correa sont dirigés à la production et distribution des biens et services, à la préservation de l’environnement, au développement de la culture, de la technologie, à la construction d’une souveraineté alimentaire et énergétique, et aux différentes formes de production et distribution, inclus les formes locales et plus traditionnelles de production. 159 Le gouvernement cherche à promouvoir une nouvelle vision économique dans laquelle le centre du développement est l’individu et l’objectif final est atteindre le « bien-être » de celui-ci, le « sumak kawsay ». Pour atteindre ces objectifs, le gouvernement a travaillé dans l’élaboration d’un « Plan Nationale pour le Bien-Etre » : un plan de développement qui relie et organise les politiques, la gestion et l'investissement public dans qui en même temps renforce le caractère plurinational et interculturel de l'Etat. Ce plan cherche à promouvoir un modèle économique inclusive, c’est à dire un modèle qui réussit à incorporer aux procès d’accumulation et de redistribution aux acteurs historiquement exclus de la logique du marché capitaliste : indigènes et afro-équatoriens principalement. Aussi cherche-t-il à promouvoir les formes de production qui se basent sur des principes différents à telle logique du marché. 160 Autre axe directeur de ce plan : garantir, à travers l’intervention de l’état, les droits de la population équatorienne à l’accès universel de services sociaux de qualité. Cette vision est diamétralement opposée au modèle néolibéral qui conçoit les services de base comme l’éducation, la santé et la sécurité sociale comme des marchandises payantes soumises aux règles du marché. 161 Le gouvernement est conscient que l’investissement qu’il doit faire est énorme et que les ressources naturelles qui actuellement sont le moteur de l’économie équatorienne ne sont pas infinies. Le gouvernement a donc mis en place des politiques économiques qui cherchent à développer des nouvelles formes de production pour le pays, transformant une économie d’extraction de matières premières (pétrole, produits agricoles) en une économie productrice de biens et de services de grande valeur ajoutée (par exemple : dérivés du pétrole et pétrochimie, technologies de l’information, électronique, médicaments et bio technologies) dans le but d’augmenter la productivité interne et de diversifier et augmenter les exportations, ce qui devrait avoir un impact positif sur la balance macroéconomique du pays. 162 159 El Buen Vivir en la Constitución del Ecuador, op. cit. ibid. 161 ibid. 162 ibid. 160 43 Cette stratégie vise à renforcer le processus de transformation du modèle de l'économie, afin de surmonter le mode d'accumulation extractive-primaire-exportateur et inverser les externalités négatives qu'il génère pour la qualité de vie, individuelle et collective de la population équatorienne. En Equateur, la concentration de la production qui est exportée provient directement du secteur primaire, notamment du brut de pétrole et de quelques autres produits traditionnels depuis l’époque coloniale. Le manque de diversité des produits d’exportation et la concentration du pouvoir économique et politique dans les pôles de développement limitent les possibilités d’atteindre le bien-être car ils contribuent à l’inégalité régionale du pays, à l’exploitation irrationnelle des ressources naturelles et enfin à la dégradation du territoire et du patrimoine naturel des équatoriens. 163 L’augmentation de la productivité réelle, la diversification productive et la transformation des exportations sont des instruments essentiels de cette stratégie car il permettront améliorer l’économie du pays, à travers le développement du marché interne, la réduction de la dépendance externe du pays et la diminution de la vulnérabilité de l’économie face aux crises externes, en ce qui concerne la demande externe des produits nationaux, et la volatilité des prix dans les marchés globaux de matières premières comme le pétrole, les bananes et les roses, entre autres produits d’exportation traditionnels du pays. 164 Le gouvernement de Correa cherche avec cette stratégie laisser de côté la conception traditionnelle de compétitivité, utilisée largement dans le commerce internationale, et impulser plutôt une coopération entre les Etats latino-américains pour atteindre un développement conjoint de la région. Cette vision devrait contribuer ainsi à surmonter les problèmes récurrents des pays émergents ou sous-développés, comme l’endettement excessif, des salaires faibles, chômage à cause de la rigidité de la main d’œuvre non qualifiée vers des taches plus spécialisées.165 En synthèse, d’après le gouvernement de Rafael Correa, le concept traditionnel du marché voit à l’individu et à l’environnement comme des ressources exploitables, c’est pourquoi il propose un changement de vision dans lequel, les individus et l’environnement sont considérés comme des sujets de droits et dans laquelle la production du pays permet de répondre aux besoins humains sans surexploiter les individus ou l’environnement. Plus exactement, il s’agit d’une productivité au service de la vie et non pas au détriment de celle-ci. Cette nouvelle 163 ibid. ibid. 165 ibid. 164 44 vision est mise en place pour transformer le modèle économique à travers la substitution sélective des importations. Les politiques qui vont délimiter les actions du gouvernement dans l’Etat équatorien ont été incorporées dans le « Plan Nationale pour le Bien-Etre » 166: Stimuler l'économie interne à travers l’usage de technologies moins polluantes et plus efficaces ; Améliorer la qualité de l’éducation et l’accès de la population à celle-ci, ainsi que promouvoir le développement des conditions favorables pour la création d’une main d’œuvre spécialisée qui habilite la population à obtenir une meilleure rémunération et améliorer leur cadre de vie ; Contrôle de l’exploitation ouvrière ; Transformer l’économie, à travers la production de biens et services exportables à importante valeur ajoutée, diminuant ainsi la dépendance économique des ressources naturelles, et stimulant la création de nouveaux emplois ; Construire des zones industrielles modernes ; Développer et construire l’infrastructure qui permet la production des biens et services non traditionnels à importante valeur ajoutée (parcs technologiques et industriels) ; Promouvoir le développement de nouvelles industries pour renforcer le nouveau modèle de spécialisation de l'économie sur les secteurs secondaire et tertiaire ; Renforcer la main-d'œuvre qualifiée dans le développement de technologies et des capacités humaines. L’adoption de ces politiques a comme conséquences des transformations profondes du pays et de la société équatorienne et pour cela il faut mettre en place des projets qui stimulent le développement économique, social et technologique de l’Equateur. Dans ce contexte, le gouvernement de Rafael Correa a décidé d’entreprendre la construction d’une ville destinée à piloter l’innovation ainsi que le développement technologique et économique du pays : il s’agit de Yachay, cité de la connaissance. 166 Construyendo un Estado Plurinacional e Intercultural http://plan.senplades.gob.ec/3.4-los-derechos-como-pilares-del-buen-vivir, consulté le 19 septembre 2013. 45 2. Présentation du projet 2.1. Yachay, Cité de la Connaissance Yachay sera une ville intelligente dans laquelle le gouvernement de l’Equateur intégrera le savoir, la technique et les technologies plus modernes avec l’innovation, l’industrie et le principe de développement durable. Yachay a été conçue comme la première ville planifiée du pays dans laquelle l’université, l’innovation technologique et des sociétés privées dans quelques industries priorisées seraient les moteurs principaux de la dynamique de cette ville. Yachay sera fondée sur l’industrie de la connaissance. Pour cela, le gouvernement cherche à regrouper les meilleures idées, les meilleurs professionnels (étudiants, chercheurs, cadres et main d’œuvre qualifiée) et la meilleure infrastructure de la région pour générer un développement scientifique, économique et social qui permettra à la population du pays, mais aussi de l’Amérique latine, d’atteindre le « BienEtre ». Le projet Yachay est profondément inspiré du concept de la triple hélice167, qui est créé à partir du développement du savoir et l'interaction proche entre les universités, l'industrie et le gouvernement afin de faire face aux problèmes sociaux.168 Avec le projet Yachay, le gouvernement cherche à construire une ville intelligente dans laquelle les ressources naturelles seront utilisés d’une façon plus responsable et surtout durable. Il y aura une réduction de la génération de déchets et une gestion moderne de ceux-ci qui favorise le tri, recyclage et valorisation en matière ou énergie de ceux-ci ; la production de l’énergie à partir de sources renouvelables et non polluantes ainsi qu’un usage plus efficace de l’énergie produite ; une rénovation et protection de l’environnement local ; ainsi que des services publics plus performants. 167 « La triple hélice est un concept pour modéliser les transformations dans les relations entre université, industries et gouvernance. Dans la triple Hélice III, les sphères institutionnelles de l’université, de l’industrie et de la décision politique en plus d’activer leur fonctions traditionnelles, assument chacune le rôle des autres sphères, les universités participant à création d’une atmosphère industrielle, ou jouant le rôle d’un quasi-gouvernement pour organiser la recherche au niveau régional ou local». Source : Martino NIEDDU, Modèle de la triple hélice et régulation du changement régional : une étude de cas, Reims, UFR Sciences Economiques et de Gestion, 2001, p. 1 168 Shinn TERRY, « Nouvelle Production du Savoir et Triple Hélice », Actes de la recherche en sciences sociales, Vol. 141-142, 2002, pp. 21-30. 46 Figure 5. Représentation graphique de la triple hélice Source : Université Tusur169 Yachay est conçue pas seulement comme une ville intelligente et écologique, mais aussi comme une ville « ubiquiste », c’est-à-dire qu’à travers le développement d’un réseau urbain informatique et de communications de pointe, ses habitants pourront être connectés entre eux, les services publiques et les entreprises, favorisant de cette façon le libre échange d’idées, l’innovation, l’esprit d’entreprise et une meilleure gestion de la ville. En effet, sa construction implique la création d'une ville à partir de zéro, mais aussi la consolidation d'une zone économique de développement spécial (zone franche) qui permettra la génération de nouveau savoir-faire autour de nouvelles technologies. Pour atteindre son objectif, Yachay sera définie comme un territoire douanier qui stimule l’implantation de sociétés nationales ou internationales à travers la suppression de certains impôts pour l’importation d’équipements envisagés pour être utilisés dans les processus de transfert de technologie et d’innovation et dans les opérations qui contribuent à la diversification industrielle et au développement des services logistiques. La Cité de la Connaissance se construit en quatre phases, à un coût total estimé de 2,3 milliards de dollars américains, qui seront répartis au cours de vingt ans, temps estimé pour la construction complète du projet de ville. On espère que la population atteint les 200 000 habitants en cinquante ans. 169 Participation de TUSUR dans le modèle «Triple hélice», http://www.tusur.ru/fr/enterprise/triplehelice/., consulté le 14 octobre 2013. 47 Yachay est un projet emblématique du gouvernement de Rafael Correa puisque, au-delà d’être un des projets le plus grands en termes d’investissement financier, il est sans doute le plus ambitieux en termes d’objectifs à atteindre. Yachay sera composée par : une université spécialisée dans les formations scientifiques ; des centres publics-privés de recherche fondamentale et appliquée; des centres de transfert de technologie et savoir-faire ; des entreprises de haute technologie et acteurs majeures nationaux ou internationaux dans les industries priorisés par l’Etat ; un parc industriel et technologique et un comité national agricole et agroindustriel. Yachay sera aussi une ville futuriste, référent national et régional pour le développement économique et social, où l’intégration durable entre l’agglomération urbaine et l’environnement de la zone est indispensable pour le succès du projet. Les espaces verts seront priorisés dans cette ville, ainsi que l’usage de vélos sera incité comme moyen principal de mobilisation des habitants. En plus, il est envisagé de construire éventuellement un système de transport public de haute qualité et efficacité écologique. Tout d’abord, un réseau piétonnier étendu sera construit, supporté par l’installation d’une infrastructure informatique poussée qui permettra une meilleure gestion de la ville. Le bien-être et la santé des habitants de cette ville est un facteur clé pour le succès du projet. C’est pour cette raison que le design de la ville incitera le non-usage de la voiture comme moyen de transport, mais plutôt l’utilisation de moyens plus écologiques et sains, comme la marche et le vélo, qui participent à la prévention d’affectations cardiovasculaires, psychologiques et respiratoires causés par l’obésité, le stress et la pollution de l’air. De plus, on espère que les espaces verts, piétonniers et publiques stimuleront les flux économiques, contribueront au développement d’une économie sociale et solidaire, et favoriseront l’interaction des individus et l’échange des idées. Yachay sera divisée en quatre secteurs ou « quartiers » : 1. Le secteur de la connaissance 2. Le secteur de la technologie et de l’industrie 3. Le secteur de l’Agriculture et des Biotechnologies 4. Le secteur du tourisme 48 La première phase de construction concerne le secteur de la connaissance. Ce secteur sera le centre de l’innovation, la recherche et du savoir. Il rassemblera l’université, les centres de recherche, des entreprises et des institutions éducatives (écoles primaire et secondaire), de santé ainsi que d’autres services essentiels pour garantir le « bien – être » de ses habitants. L’université de Yachay sera le moteur de la ville et le premier centre académique public spécialisé en formations scientifiques de l’Equateur. Elle offrira des formations en sciences et technologies, notamment dans cinq domaines : sciences de la vie ; technologies de l'information et des communications (TIC) ; pétrole et pétrochimie ; nanotechnologies ; énergies renouvelables et changement climatique. Les domaines des formations académiques de l’université de Yachay ont été déterminés à partir d'études réalisés par le Secrétariat Nationale de Planification et Développement de l’Equateur (SENPLADES) et ils répondent, d’après le gouvernement, aux besoins fondamentaux de la société équatorienne. Ainsi, ces formations académiques devraient contribuer au processus de transformation de l’économie et la société équatoriennes. L’infrastructure de l’université est déjà en construction et le gouvernement estime que les premiers cours auront lieu à partir du premier semestre de l’année 2014 (voir Annexe 2). Le secteur de la connaissance de Yachay aura une superficie approximative de 660 hectares et une population estimée de 45 000 habitants. On envisage que pour l’année académique 2014-2015 il y aura 25 enseignants munis d’un diplôme de doctorat (Ph.D), chargés de donner les cours aux étudiants universitaires. La création de l’université poursuit quatre objectifs principaux: i. promouvoir la recherche scientifique, le développement de la technologie ; ii. former les meilleurs professionnels avec des habilités et capacités pour générer une recherche scientifique interdisciplinaires ; iii. faire de la recherche conjointe entre l’université, les centres de recherche et les sociétés industrielles privés ou publiques ; iv. créer des réseaux de recherche au niveau nationale et régionale. Des alliances stratégiques ont déjà été signées avec plusieurs universités reconnues internationalement comme l’université de Stanford, l’université de Californie, l'Institut supérieur coréen des sciences et technologies (KAIST), l’Institut de technologie de 49 Massachusetts et l’université de Yale, dont le but est de réaliser un transfert de connaissance à travers l’échange des futurs étudiants et enseignants. En ce qui concerne la recherche, les centres de recherche qui ont un rapport avec les axes de développement économiques ou sociales priorisés par l’Etat équatorien seront déplacés à Yachay pour qu’ils puissent travailler ensemble et entreprendre avec les sociétés privées industrielles et l’université des recherches en commun, améliorant en même temps les relations entre ses acteurs et l’Etat. A priori, les instituts publics qui auront leur siège à Yachay sont : l’Institut national d’hydrologie et météorologie l’Institut national d’investigation géologique, minière et métallurgique l’Institut national de l’efficacité énergétique et énergies renouvelables l’Institut géographique militaire l’Institut spatial Equatorien l’Institut océanographique de l’armée l’Institut antarctique Equatorien l’Institut national de recherche en santé publique l’Institut national de recherche agricole l’Institut national de pêche l’Institut national du patrimoine culturel Dans le secteur industriel, on construira le parc industriel le plus moderne du pays, ainsi que des pépinières de nouvelles entreprises. Cette zone sera connectée de manière stratégique avec le secteur de la connaissance. Pour inciter les entreprises dans les industries de pointe à s’implanter sur Yachay, le gouvernement équatorien offre plusieurs stimuli financiers et fiscaux: des crédits d’investissement et création d’entreprises qui ont un rapport avec la recherche, le développement et l’innovation dans les axes de développement établis par l’Etat ; des réductions d’impôts pour les sociétés privés dans le domaine technologique, qui contribuent à une amélioration de la production nationale dans certaines industries considérées comme prioritaires pour le pays ; le co-financement pour la formation de professionnels des entreprises. 50 En ce qui concerne les pépinières, ils auront le rôle fondamental de donner du support aux petits producteurs et aux nouvelles micro-entreprises pour améliorer leur efficacité et leur rentabilité. Le troisième secteur est destiné à l’agriculture et les biotechnologies. Cette zone aura plus de 2 000 hectares consacrés à l’agriculture et à des projets innovants de recherche en biotechnologie. Lorsqu’on parle de biotechnologies, le gouvernement équatorien ne veut pas se limiter uniquement au domaine agricole. Il cherche aussi à développer du savoir et du savoir-faire dans d’autres domaines comme l’environnement, la production, et les bio-médicaments, entre autres, qu’actuellement sont relativement inexistants en Equateur. Domaines Biomédecine Production Environnement Agriculture Figure 6. Actions Développement maladies; Développement de médicaments et principes actifs ; Application de la génétique pour la modification des organismes. Production de plastiques biodégradables, huiles végétales et biocarburants ; Production de nouveaux matériaux. Traitement de l’environnement à travers la bio remédiation ; Recyclage de matériaux et traitement de déchets solides ; Traitement de sols pollués ; Traitement des eaux résiduelles. Augmentation des rendements des cultures ; Réduction des épidémies ; Résistance aux facteurs environnementaux ; Réduction de l’usage de pesticides ; de traitements innovants contre Production agricole dans des conditions défavorables. Dimensions du domaine des biotechnologies à Yachay, Cité de la Connaissance Source : Plan Maestro, Yachay E.P., 2012 Le dernier et quatrième secteur est dénommé « de la distraction, la culture et le tourisme ». En effet, Yachay serait construit dans une zone à intérêt touristique en ce qui concerne les paysages naturels et la culture autochtone, de façon à offrir des services culturels et 51 des loisirs à la population active de Yachay, ce qui permet d’éviter les déplacements inutiles dans les grandes villes tout en assurant l’attraction et rétention du facteur humain qualifié dans la ville. En outre, ceci permet d’augmenter le taux de tourisme dans la région qui entoure Yachay. 2.2. Localisation du projet : le village d’Urcuquí, le lieu idéal pour la construction de Yachay Depuis l'époque coloniale, le développement économique, social et urbain de l’Equateur a été centré dans les trois provinces principales: Pichincha, Guayas et Azuay. Ces provinces ont été bénéficiées par l'économie et par sa position géographique. Cependant, les autres provinces du pays ont été ignorées et leur développement a été entravé à cause du faible support politique et économique de l’Etat, d’une mauvaise infrastructure routière qui les isole du reste du pays et du retard pris en infrastructure technologique et de télécommunications, facteurs évidemment nécessaires pour devenir des centres compétitifs et acteurs importants de la croissance économique du pays. Un autre objectif poursuivi par le gouvernement à travers la construction de Yachay est de distribuer d’une manière plus équitable l’investissement publique à la totalité de la population équatorienne, ainsi que d’offrir des nouvelles opportunités aux collectivités locales marginées des pôles de développement historiques. C’est ainsi que le projet de Yachay, Cité de la Connaissance, se construit dans le canton de San Miguel de Urcuquí situé au nord-ouest de la province d’Imbabura, à 152 km de la ville de Quito (voir figure 7). Dans cette zone du pays, le gouvernement de la «révolution citoyenne» a identifié une importante concentration de pauvreté et sous-développement, malgré son niveau élevé de production agricole. Cette zone a été qualifié comme stratégique pour l’exécution de projets de développement économique et social. Avec la construction de la Cité de la Connaissance à Urcuquí, le gouvernement équatorien cherche à réduire les inégalités existantes dans la région par rapport aux pôles de développement historiques déjà cités, permettant de développer de façon plus homogène le pays mais en focalisant les efforts sur les provinces touchées par des niveaux extrêmes de pauvreté, chômage et sous-développement. 52 Figure 7. Localisation et définition de la zone d’intervention de Yachay Source : Entreprise Publique Yachay E.P, 2013 Par ailleurs, ceci est une exigence de la nouvelle Constitution de l’Equateur, qui établit la construction d'un Etat économiquement et socialement égalitaire, qui garantit le développement homogène du pays et l’accès aux services de base à l’intégralité de la population équatorienne, ce qu’on peut apprécier dans l’extrait suivant : «Une des fonctions primordiales de l’Etat est de promouvoir le développement homogène et solidaire dans tout le territoire, à travers le renforcement du processus de décentralisation et l'autonomie de chaque gouvernement locale.»170 Le canton San Miguel de Urcuquí est composé par une paroisse urbaine (Urcuquí) et six paroisses rurales (Cahuasquí, San Blas, Tumbabiro, Pablo Arenas et la Merced de Buenos Aires). Il a une superficie totale de 757 km2.171 Dans la zone d'intervention habitent aussi six communautés rurales (Tapiapamba, San Vicente, San Antonio, Armas Tola, Las Mercedes et El Puente). Un accord entre le gouvernement central et les élus de chaque communauté devrait être 170 « Son deberes primordiales del Estado: Promover el desarrollo equitativo y solidario de todo el territorio, mediante el fortalecimiento del proceso de autonomías y descentralización», Source: Asamblea del Ecuador, Constitution de la République de l’Equateur de 2008, op. cit., p. 17. 171 Présentation géographique du canton de Urcuquí, Municipalité de Urcuquí. http://www.municipiourcuqui.gob.ec/munurcuqui/index.php/2013-02-18-17-22-11/ubicacion-geografica., consulté le 11 octobre 2013. 53 signé en décembre 2013 et est sensé d’empêcher que la construction de la Cité de la Connaissance affecte ces communautés déjà cités; au contraire elle devrait les bénéficier car le gouvernement impulsera la création de plusieurs entreprises communautaires qui pourront élaborer des produits agricoles à valeur ajoutée et d’excellente qualité grâce à la mise en place de procès industriels équipés de nouvelle technologies, transformant les petits paysans artisanales d’Urcuquí et ses communautés en des partenaires clés dans la poursuite des objectifs du projet. Des sept paroisses, Urcuquí est le lieu choisit pour la construction de Yachay. Cette paroisse semi urbaine a un climat sec tempéré et une température moyenne de 17°C. Elle est caractérisée par sa forêt sèche et montagneuse. Sa population est de 15 671 habitants, (7 846 femmes et 7 826 hommes) dont 42,61% correspond à une population jeune, âgée de moins de 19 ans, 46,97% à une population âgée entre 20 et 64 ans et 10,42% à une population âgée de plus de 64 ans. Urcuquí étant une région agricole, il est de l’intérêt de la zone de chercher à maximiser la production en mettant en œuvre des techniques et outils de culture modernes issus de la recherche et les processus d’innovation qui auront lieu à Yachay. D’autre part, le gouvernement, à travers l’entreprise publique Yachay E.P. et la municipalité d’Urcuquí, travaillent dans l’agencement des sites naturels à potentiel touristique de la zone, ainsi que les villages voisins comme c’est le cas du village d’Otavalo. 2.3. Organisation administrative et opérative du projet Pour la mise en place du projet Yachay, Cité de la connaissance, l’Etat équatorien a besoin d’investir pas seulement dans le plan économique, mais aussi dans l’aspect institutionnel de la nouvelle ville. Afin de garantir une adéquate gestion du projet, le président Rafael Correa, à travers un décret exécutif, a décidé de créer l’entreprise publique Yachay E.P. qui est chargée de la gestion intégrale du projet, de sa planification et construction à l’administration de la ville (voir Annexe 3). Le Conseil d’administration de cette entreprise publique est constitué par : le Secrétaire national de l’enseignement supérieur, science, technologie et innovation ; le Secrétaire national de planification et développement ; le Ministre du développement urbain et logement, qui représente le Président de la République. 54 Le Secrétariat Nationale d’Enseignement Supérieure, Sciences, Technologie et Innovation (SENESCYT) et l’entreprise publique YACHAY E.P., en partenariat avec l’entreprise sud-coréenne Zone Economique Franche d'Incheon (IFEZ) sont les institutions responsables de l’élaboration de la stratégie, de la planification urbaine de la ville et de surveiller les travaux de construction. M. Hector Rodriguez est le Directeur général de Yachay E.P. Il est un jeune sociologue équatorien avec une expérience professionnelle remarquable dans le domaine de l’enseignement supérieur. Yachay E.P. est aussi responsable de la diffusion et promotion à niveau nationale et internationale du projet, tout cela dans le but d’obtenir des alliances stratégiques de coopération avec des organismes publics et privés (sociétés industrielles, universités, centres de recherche, réseaux de chercheurs, entre autres) qui permettent le développement du projet. Ces alliances sont donc de fondamentale importance pour le succès du projet. Enfin elle est ussi responsable, en coopération avec le gouvernement local, d’assurer l’accès aux services de base à l’actuelle et future population du canton d’Urcuquí. Yachay E.P. a aussi la responsabilité d’administrer la zone économique de développement spéciale (zone franche), ainsi que la concession et location des territoires destinés à cette zone industrielle. L’organisation interne de Yachay E.P. se schématise en Annexe 4. Yachay E.P. est une des institutions publiques de plus récente création en rapport avec la transformation du modèle économique du pays basé sur l’industrie de la connaissance et l’innovation. Parallèlement, presque 85% du personnel qui travaille à Yachay E.P. sont des jeunes professionnels âgés entre 25 et 40 ans, commençant par le Directeur Général, M. Hector Rodriguez, qui a uniquement 33ans. Plus de la moitié des professionnels travaillant à Yachay E.P. (environ 60%), ont un diplôme universitaire équivalant à un Bac+5. En outre, la plupart des employés ont fait ses études de master à l’étranger, principalement aux EE.UU., Espagne et Argentine. Ceci reflète que l’entreprise est composée et dirigée par un facteur humain jeune et bien formé. L’ambiance de travail à Yachay E.P. est décomplexée et dynamique. Cependant, la charge de travail pour les cadres moyens et supérieurs est importante, c’est pourquoi ceux-ci dépassent aisément les 40 heures de travail par semaine, ce qui lui fait ressembler plutôt à une entreprise privée qu’à une institution publique. Si bien Yachay, comme concept, est une réponse aux défis économiques et sociaux du pays, certains acteurs nationaux s’interrogent sur la pertinence et faisabilité de ce projet. Le prochain chapitre tente d’analyser les facteurs qui sont à l’origine de ce projet. Autrement dit, 55 est-ce que Yachay répond à un besoin nettement économique, ou plutôt à une volonté politique pour devenir un référent régional d’action publique. B. YACHAY : Besoin économique ou volonté politique ? 1. Besoin économique En Equateur, deux importants obstacles empêchent l’amélioration de la qualité de vie de la population et le développement économique du pays : la persistance d’un enseignement supérieure de mauvaise qualité et une économie encore dépendante des activités extractives des ressources naturelles, notamment le pétrole. En effet, en ce qui concerne l’enseignement supérieur, il n’existe pas de programmes de formation technique et scientifique qui répondent aux besoins économiques et sociaux du pays. 172 D’après le rapport « Évaluation de la performance institutionnelle des universités et des écoles polytechniques de l'Equateur », fait par la Secrétariat Nationale de l’Enseignement Supérieur, Science, Technologie et Innovation de l‘Equateur, l’état de lieu de l’éducation supérieure du pays révèle que : 173 Il existe une faible qualité des systèmes d'enseignement supérieur dans les formations techniques ; La plupart des enseignants n’ont pas le niveau d’éducation ou d’expérience suffisants ; quelques-uns n’ont même pas de diplômes universitaires reconnus par l’Etat et/ou n’ont pas fini leurs études après le Bac ; L’infrastructure physique des universités ou instituts n’est pas performante pour garantir une éducation de qualité ; L’offre académique est très limitée dans les domaines scientifiques, et d’innovation ; Plusieurs universités voient l’enseignement supérieur plutôt comme une marchandise, se focalisant à maximiser le nombre d’inscriptions et non pas à assurer les conditions optimales pour offrir une éducation de qualité ; L’existence de centres de recherche est très limitée voire nulle ; Les recherches scientifiques et technologiques en cours manquent de focalisation ou d’alignement stratégique ; Il existe très peu de centres de transfert technologique. 172 SENESCYT, Plan général du projet Yachay (document confidentiel), Quito, 2012. Consejo Nacional de Evaluación y Acreditación de la Educación Superior del Ecuador, Evaluación de desempeño institucional de las universidades y escuelas politécnicas del Ecuador, 2009. 173 56 Le système éducatif en Equateur a connu des forts changements structurels comme conséquence de l’exécution du « Plan Nationale pour le Bien-Etre » et de la récente mise en place de la loi organique d’éducation supérieure (LOES) 174 . Avec ces deux instruments politiques, le gouvernement cherche à créer les conditions qui garantissent l'accès universel à l’enseignement supérieur, permettent d’améliorer la qualité de cet enseignement et favorisent la création de nouveaux facteurs de production, tous éléments indispensables pour le développement économique et social175. D’autre part, le gouvernement est conscient que le modèle économique historique, centré sur le secteur primaire de l’industrie pose des limites au développement : la dépendance face aux marchés externes consommateurs des matières premières, la concentration sur l’exportation de matières premières traditionnelles d'exportation, l’épuisement des ressources naturelles non renouvelables et la déprédation d’autres ressources naturelles, l’absence d’utilisation de technologies plus performantes, un faible transfert de connaissances, des inégalités sociales, formation et spécialisation de la main-d'œuvre insuffisante et le découragement à la recherche et à l’innovation. En définitive, une industrie primaire inefficace, couteuse, de faible productivité et compétitivité et un faible investissement public dans les domaines de la recherche, le développement et l’innovation ce qui limite l’accès de la population équatorienne à la science et à la technologie176. D’après le Réseau Ibéro-américain des Indicateurs de Science et Technologie, en 2006 l’Equateur avait investi à peine 0,14% de son PIB en recherche et développement. Ce taux était très faible par rapport à l’investissement régional (Amérique latine et les Caraïbes) de 0,55%177. Cependant, pendant l’ère Correa, ce taux avait déjà augmenté à 0,44% du PIB national pour l’année 2009 (voir figure 8 ci-dessous). 174 Sigles en espagnol En Equateur, cet appellatif fait référence aux formations Post-Bac 176 Secrétariat Nationale de l’Enseignement Supérieure, Science, Technologie et Innovation, Projet d’investissement : Yachay, Cité de la connaissance, Quito, 2012. 177 Réseau Ibéro-américain de Science et Technologie, Equateur http://db.ricyt.org/query/EC/1990,2010/calculados, consulté le 11 octobre 2013. 175 57 Année Pourcentage d’investissement par rapport au PIB 2006 0,14% 2007 0,15% 2008 0,25% 2009* 0,44% Figure 8. Evolution de l’investissement dans les domaines de recherche et développement (en pourcentage du PIB nationale) Source: Réalisation personnelle sur la base de : (1) Réseau Ibéro-américain des Indicateurs de Science et Technologie, 2013 ; (2) Secrétariat Nationale de l’Enseignement Supérieur, Science, Technologie et Innovation de l’Equateur Concernant la compétitivité, le classement du Forum Economique Mondial pour la période 2011-2012 situe l’Equateur dans la position 101 entre 142 pays. Cette étude prend en compte l’innovation technologique des pays et leurs capacités pour innover ; la qualité des institutions destinées à la recherche scientifique ; l’investissement des entreprises dans le domaine de la recherche et le développement ; l’acquisition de nouvelle technologies ; la disponibilité de scientifiques et ingénieurs et les conditions associées à la protection de la propriété intellectuel.178 Il n’existe pas une statistique récente concernant le nombre de chercheurs en Equateur, mais d’après le Réseau Ibéro-américain des Indicateurs de Science et Technologie, en 2008 il y avait uniquement 53 Ph.D (docteurs)179 travaillant activement dans le domaine de la recherche et le développement. Ce chiffre est déplorable par rapport à la situation dans d’autres pays de la région. En Colombie, par exemple, à la même date, il y avait 98 docteurs, soit le double. Pour mettre ces chiffres en perspective, en Espagne il y avait 7 302 docteurs180. En conséquence, la capacité pour innover du pays est très faible, surtout dans le secteur productif, et la performance des institutions dans le domaine de la recherche et le développement reste insuffisante ; la création de nouvelles techniques et de savoir-faire est presque nulle puisque la disponibilité de chercheurs dans le pays est très limitée. Aussi, on 178 World Economic Forum, The Global Competitiveness Report 2011-2012, Genève, 2011. Diplôme équivalent à la réalisation d’une thèse de recherche, soit équivalent à un niveau de Bac + 8. 180 Réseau Ibéro-américain de Science et Technologie, http://db.ricyt.org/query/AR,BO,BR,CA,CL,CO,CR,CU,EC,ES,GT,HN,JM,MX,NI,PA,PE,PR,PT,PY,SV ,TT,US,UY,VE,AL,IB/1990%2C2010/CDOCTORADO, consulté le 11 octobre 2013. 179 58 constate que la coopération entre les universités, les sociétés privés et l’état dans le cadre de l’innovation est très rare, voire inexistante. C’est pour ces raisons qu’en 2012, le Gouvernement de l’Equateur décide d’entreprendre le projet de construction de la première ville intelligente du pays, laquelle s’inspire d’une vision moderne de l’urbanisme, qui met à l’individu et le savoir comme des acteurs essentiels de la ville. D’après le gouvernement équatorien, le projet Yachay - Cité de la Connaissance, permettra d’améliorer la qualité de l’enseignement supérieur et renforcer la formation de chercheurs dans le pays, encouragés par des politiques sociales comme l’offre de bourses et la création d’une nouvelle université avec des standards de qualité et d’admission exigeants. Ces actions du gouvernement devraient contribuer à favoriser l’innovation et la modernisation des secteurs productifs du pays, favorisant donc surtout le secteur secondaire (industries) et tertiaire (services). Le projet Yachay cherche donc à développer le domaine de l’innovation et la recherche, stimulant la génération de nouveau savoir et de savoir-faire. Ces domaines n’ont pas été développés à cause de l’insuffisance de main d’œuvre spécialisée dans les processus de recherche, développement et investissement. D’après le gouvernement, Yachay devrait être un instrument essentiel pour transformer l’économie du pays. Yachay cherche à intégrer l’innovation, la recherche et la technologie avec les procès productifs dans un seul lieu, dans lequel se construit la première, et pour le moment, la seule université technologique, scientifique, expérimental de l’Equateur ; des centres de recherche publics ; des acteurs internationaux clés (notamment des sociétés privés) dans les différentes industries priorisées par l’état, attirées par des politiques publiques de subventions et d’offre de main d’œuvre qualifiée ; dans le but d’établir les bases pour le développement d’une économie centrée sur le savoir. D’autre part, la décision de localiser le projet Yachay à Urcuquí suit, elle aussi, une logique de développement économique de la zone d’intervention. En effet, le canton d’Urcuquí a des problèmes graves de sous-développement : les services de base ne sont pas assez développés ou de bonne qualité pour toute la population, surtout dans les zones rurales où il n’existe pas un réseau d’assainissement. Le 97,82% de la population du canton a accès à l'électricité mais seulement 29,11% accède au service de téléphonie fixe ; pendant que 75,13% de la population possède un portable, seul le 2,23% de celle-ci a accès à internet. Quant à l'approvisionnement d’eau potable, seule 87% de la population est desservie par un réseau de 59 distribution d’eau potable, le reste devant encore se servir d’eau provenant des cours d’eau naturels du voisinage, de puits ou d’eau distribué par l’intermédiaire de camions citerne. En ce qui concerne l’accès à la santé, la zone est insuffisamment équipée de centres de santé et d’hôpitaux. En effet, d’après l’Institut Nationale de Statistiques et Recensement (INEC), il existe uniquement trois centres de santé qui offrent des services médicaux de base à la population du canton, soit environ un centre de santé pour 5 000 habitants ; pendant que l'accès aux centres de santé spécialisés est inexistant, la population devant être déplacée à la ville d'Ibarra, à une vingtaine de kilomètres, pour être soignée.181 Dans le domaine de l’éducation, le canton d’Urcuquí présente un taux d’analphabétisme de 13,2%. Le nombre moyen d'années scolaires réussites par la population âgée de 10 ans et plus est de 4,7 ans. Quant à la population urbaine, c’est-à-dire la population de la paroisse d’Urcuquí, ce nombre est d’environ 5 ans (4,6 ans pour les femmes et 4,8 ans pour les hommes). Seulement 50,19% de la population a fini l’école primaire et uniquement 3,78% de la population détient un diplôme universitaire.182 Urcuquí est une région majoritairement agricole : 61% de sa population est engagée dans des activités agricoles dont la culture de canne à sucre, haricots, maïs et élevage de bétail. Les activités agricoles sont de petite échelle et mises en œuvre par des moyens très artisanales. Le commerce représente uniquement 6% des activités économiques et la construction représente 4%. En ce qui concerne l’industrie et les services, ces activités représentent 4% des activités économiques de la zone et il s’agit principalement de petits ateliers mécaniques (réparation de voitures, camions, vélos, etc.) qui ne sont pas équipés avec d’outils techniques sophistiqués. Yachay, est un des mégaprojets du gouvernement équatorien qui cherche à orienter le développement du pays dans une économie de la connaissance et non seulement dans l’exportation de matières premières comme les fleurs, le pétrole et les bananes. La construction du projet devrait contribuer au développement de la zone puisque pour la mise en place du projet il faut construire des réseaux de communications (routes, internet, téléphonie, entre autres); il faut aussi améliorer l’accès et la qualité des services de base ; et enfin construire l’infrastructure qui accueillera les chercheurs nationaux et internationaux qui travailleront au sein de l'université et les instituts publics-privés de recherche et qui auront pour objectif le développement de nouveaux biens et services avec une importante valeur ajoutée dans les cinq domaines définis comme prioritaires par l’Etat équatorien : nanotechnologies, TIC, pétrochimie, énergies renouvelables et changement climatique et sciences de la vie. 181 Information obtenue des documentations interne du Projet Yachay. Recensement de la population en Equateur 2010, Institut Nationale de Statistique et Recensement de l’Equateur. 182 60 De plus, Urcuquí réuni tous les éléments nécessaires pour la construction de la Cité de la Connaissance car ce canton possède une topographie régulière qui diminue les coûts de construction. Le climat est l’idéal puisqu’il n’est pas trop humide et cela contribue à réduire les coûts de maintenance des laboratoires de recherche et en générale de toute l’infrastructure physique. Finalement, Urcuquí se situe relativement proche de la capitale et notamment de son aéroport international. 2. Volonté politique : Acteurs et régimes politiques183 Transposition d’un projet sud-coréen Au-delà de la communication officielle et les documents internes sur le projet, d’où vient véritablement l’idée d’une telle ville intelligente en Equateur ? Est-ce qu’il s’agit d’une conception originale du gouvernement de Correa ou d’une influence étrangère ? En septembre 2010, le président Rafael Correa a réalisé une visite officielle à Corée du Sud pour renforcer les liens diplomatiques et commerciales avec la Corée du Sud. Pendant cette visite, le Chef d’Etat équatorien a profité pour visiter la ville d’Incheon, en particulier le projet expérimental de la ville intelligente de Songdo. L’anecdote dit que ce projet a impressionné le président Correa et son équipe de travail. Après deux ans de négociations entre le gouvernement équatorien et IFEZ184, des études économiques et techniques de viabilité furent produits, cependant ces mêmes documents restent confidentiels et inaccessibles même au sein de Yachay E.P. Finalement, à travers la suscription en 2012 d’un accord de coopération entre Yachay E.P. et IFEZ, la décision de construire Yachay, utilisant comme modèle la ville compacte et intelligente de Songdo, est officialisée. Si on compare Yachay avec la ville de Songdo, laquelle on a présenté dans la première partie de ce travail, on constate que c’est une transposition exacte du projet coréen dans un contexte complètement différent, dans une zone sous-développée de l’Equateur. Songdo est une ville verte, compacte et intelligente, dans laquelle il existe presque tous les mêmes secteurs qu’il y aura à Yachay, c’est-à dire, une zone commerciale, un centre d’affaires pour l’attraction d’investissement étranger, une zone de technologie de pointe, une zone logistique (notamment le port maritime qui se connecte aux routes de commerce internationales entres les villes de Shanghai et Tokyo) et une zone de loisirs (voir figure 9). 183 Cette partie est basée sur mon expérience professionnelle au sein de l’entreprise publique. Entreprise sud-coréenne Zone Economique Franche d'Incheon responsable de la construction de la ville intelligente de Songdo. 184 61 Figure 9. Conceptualisation d’une partie de la ville intelligente de Songdo Source : Gale International185 Cependant, après plus de 10 ans depuis sa conception, la ville intelligente de Songdo n’est pas encore complétement construite, et encore les responsables de sa construction admettent que les résultats obtenus sont modestes par rapport aux expectatives initialement formulées. Par contre cette réalité n’a pas bouleversé la volonté du gouvernement équatorien pour lequel ce projet est un impératif. Yachay est une ville intelligente envisagée pour le développement de l’Equateur et qui devrait prendre en compte la réalité de la zone et les nécessités de la population locale. Pour assurer ceci, Yachay E.P. est la responsable de définir les paramètres à IFEZ qui à son tour est responsable de l’élaboration du plan urbain de la ville. La réalité économique et sociale du canton d’Urcuquí en Equateur est évidemment très différente à celle de la ville coréenne d’Incheon. L’adaptation du projet à la réalité équatorienne est responsabilité de IFEZ, cependant les critères d’adaptation utilisés son méconnus. En outre, le personnel d’IFEZ assigné au projet de Yachay travaille depuis Incheon ou se situe le siège de celle-ci, sans un vrai contact de la réalité de la zone. La construction de la ville intelligente de Yachay est un projet politique qui compte avec le support inconditionnel de la Présidence de la République, pas seulement dans l’aspect Songdo International Business District Master Plan http://www.worldarchitects.com/en/projects/1067_songdo_international_business_district_master_plan, consulté le 02 novembre 2013. 185 62 logistique et politique, mais aussi dans le plan économique. Le président Correa plusieurs fois dans des réunions internes avec les ministres d’Etat a annoncé que le projet Yachay est le seul projet du pays qui n’a pas une limite financière et qui aura toujours son support. Le budget n’est pas un problème pour la mise en place du projet : pendant l’année 2012, 300 millions de dollars ont été investi sur Yachay.186 Finalement, le président Correa a déjà annoncé à la population équatorienne que Yachay débutera ses opérations le premier trimestre 2014, dans un premier temps avec l’ouverture de l’Université Yachay, et dans un deuxième temps avec les trois autres phases (secteur industriel, agricole et touristique). Par conséquent Yachay E.P. a une forte pression politique pour accomplir la première phase du projet Yachay : les travaux de construction avancent à grand pas, les décisions politiques au sein de Yachay E.P. se prennent rapidement et presque sans analyse pour assurer à tout prix l’ouverture de l’Université de Yachay à la date prévue. Le projet Yachay est présenté à la société civile comme le projet qui va changer le modèle économique du pays. Des millions de dollars s’investissent en publicité nationale et internationale du projet, et ces publicités présentent qu’en 2014 la construction de la première phase sera finie. La question de la participation de la collectivité locale par rapport au gouvernement central. Yachay est un projet qui a été conçu, élaboré et exécuté par des institutions du gouvernement central. Cependant ce projet cherche à consolider et renforcer la participation des gouvernements locaux, surtout celui de la province d’Imbabura, dans le développement du pays. En effet, la Préfecture d’Imbabura et la Municipalité d’Urcuquí supportent aussi ce projet, malgré une participation inexistante dans la prise des décisions par les élus locaux. Le rapport de pouvoir entre le gouvernement central et le local est toujours présent : le gouvernement central prend les décisions importantes et les élus locaux se limitent à faire respecter cette décision. Par exemple, le gouvernement locaux ont été chargés de négocier avec les propriétaires des terres l’expropriation des terrains pour la construction du projet. Ici on remarque, que le pouvoir central organise et administre le projet, mais les actions les plus polémiques et plus «dures », celles qui ont besoin d’une interaction active est constante avec la population locale sont confiés à la Municipalité et à la Préfecture de la zone comme la négociation de terres. On constate qu’il existe un double discours de la part du gouvernement central qui, d’une part, annonce vouloir homogénéiser le développement du pays, mais d’autre 186 Yachay E.P., Rapport économique, Quito, 2012 63 part, centralise la prise des décisions qui peuvent avoir un impact non négligeable dans l’impact de la vie des habitants de la zone. La disponibilité foncière Pour la construction de la ville intelligente de Yachay, le gouvernement a commencé un processus d’achats des fonciers. La plupart des fonciers s’agit des terres sans construction et qui avaient une activité économique faible, d’après le point de vue du gouvernement. A peu près 80% des 4 489 hectares de construction de Yachay appartenait à neuf familles riches de la région.187 Ces terres font partie de trois grandes fermes, dont les origines datent de de 1920, et sont actuellement considérées comme patrimoine culturelle national: San Vicente Flor, San José et San Eloy. Si bien d’une part la construction de Yachay stimulera le développement économique; actuellement la mise en place de ce projet a généré quelques malaises aux petits agriculteurs et aux propriétaires des fonciers concernant le prix des fonciers et le chômage créer à cause des expropriations. En effet, les propriétaires des fonciers sont mécontents à cause des négociations des fonciers. Ils dénoncent que le prix d’achat imposé par le gouvernement, n’est pas le réel puisqu’il est beaucoup moins que la valeur commerciale attribué : « D’après l’article 58 de la loi d’expropriations, un hectare coût environ 20 000 dollars, tandis que Inmobiliar, l’entreprise public chargée de ce procès, offre seulement 8000 dollars. »188 L’autre problème occasionné est le chômage créé comme conséquence de ces expropriations. La plupart des fonciers étaient destinés à l’agriculture, cela contribuait à la création d’emploi pour la population pauvre de la zone. Néanmoins, il s’agissait d’un emploi précaire qui n’assurait pas aux petits agriculteurs les bénéfices et les droits que la loi du travail équatorienne impose à l’employeur. Dans cet aspect, l’équipe de Yachay E.P. travaille dans un plan d’intégration pour la population du secteur qui est en chômage comme conséquence de l’expropriation des fonciers. Cependant, le défi d’embaucher la population affectée reste encore énorme ; jusqu’au 8 août 2013, seulement 19 personnes de quatre communautés (Armas Tola, Tapiapamba, La Merced, San Vicente et El Puente) ont un contrat d’emploi avec Yachay E.P. 187 Information compilée durant mon stage a Yachay E.P « Al amparo del Art. 58 de la Ley de Expropiaciones, una hectárea cuesta alrededor de 20 000 dólares, mientras Inmobiliar, la empresa estatal a cargo de este proceso, ofrece pagar 8000 »., source: Yachay: un ambicioso proyecto en Imbabura http://masbtl.com/criterios/yachay-un-ambicioso-proyecto-en-imbabura/., publié le 09 mars 2013, consulté le 04 octobre 2013. 188 64 De ces 19 personnes, tous sont des employés non qualifiés embauchés en particulier comme ouvriers pour la construction de la ville. 189 Les difficultés internes On constate que la construction de Yachay avance rapidement et que les institutions du gouvernement central doivent faire tout l’impossible pour accomplir la mission du gouvernement : finir la construction de la première phase de Yachay avant 2014. Cette pression est visible au sein de l’entreprise publique Yachay E.P, lieu où le stage dont se base cette mémoire a été réalisé. En effet, Yachay E.P. est une institution nouvelle qui doit faire face aux problèmes que génère la construction de la Cité de la Connaissance, mais aussi aux problèmes internes de l’entreprise, surtout de la démarche de prise de décisions. A l’intérieur de l’entreprise on observe qu’il y a un manque de sérieux lors de l’organisation des réunions, la continuité des décisions, et le respect des processus internes et des accords. Yachay E.P étant l’institution responsable du projet emblématique du président de la République, l’agenda du Directeur Général est toujours rempli des réunions stratégiques avec des autorités nationales ou internationales et des entretiens avec la presse. Ceci ne lui permet pas de bien travailler et respecter un agenda interne de travaille. Une réunion peur être déplacée, annulée ou accordée n’importe quel jour, à n’importe quelle heure, ce qui peut porter préjudice à la crédibilité de l’entreprise, de son personnel et même de l’intégralité du projet. Le travail de Yachay E.P est un travail plus réactif où tous les jours il faut résoudre des problèmes, faire des rapports pour le président ou les ministres, et laisser de côté la planification. Le mode d’opération de Yachay n’est pas comme une institution publique où les horaires d’entrée et sortie du personnel sont précises. Le temps libre du personnel n’est pas respecté. Le personnel doit toujours être disponible au cas où une autorité du pays veut aller visiter le campus de Yachay ou veut information sur le projet. La pression politique est présente tous les jours dans l’Entreprise, plusieurs décisions sont prises par le poids politique et non par des études techniques de faisabilité. Un exemple de cette situation est le fait que les autorités équatoriennes veulent signer des accords de coopération avec des pays considérés comme stratégiques dans le domaine politique, mais qui n’ont pas toujours une expertise remarquable dans le domaine scientifique. 189 Yachay tema central del Gabinete Provincial de Imbabura http://www.yachay.gob.ec/yachay-tema-central-del-gabinete-provincial-de-imbabura/., publié le 08 août 2013, consulté le 05 octobre 2013. 65 Finalement, le projet Yachay n’est pas conçu seulement comme un projet pour le développement du pays. Effectivement, le gouvernement équatorien a le désir de positionner à Yachay comme un lieu de création de technologie de pointe pour toute la région sudaméricaine. En mai 2013, pendant la première réunion de ministres d’Etat du Conseil Sud-Américain de Science, Technologie et Innovation de UNASUR190, le ministre équatorien a socialisé le projet et a demandé l’appui politique de la région pour la construction du projet. Face à cette demande et respectant la logique de création de l’UNASUR, les pays participants dans cette réunion ont manifesté leur intérêt pour promouvoir le développement, accès et utilisation des TIC pour le développement économique et social de la région. Un des accords de la réunion a été que les pays augmenteront l’investissement public pour la promotion des activités de science, technologie et innovation et coopéreront avec le projet Yachay à travers l’envoie d’experts scientifiques et chercheurs une fois que Yachay sera en fonctionnement.191 Le gouvernement équatorien avec Yachay cherche à encourager l'insertion stratégique et souveraine du pays dans le monde, ainsi qu’une intégration latino-américaine. 192 C’est-à-dire qu’ avec ce projet le gouvernement de la révolution citoyenne cherche a acquérir une présence internationale et surtout régionale à partir de sa propre identité. Mise en question de la pertinence du projet La question de l’efficacité du projet est toujours douteuse. L’investissement public nécessaire pour la création d’une ville depuis zéro est énorme, tandis que les besoins actuelles de la société équatorienne ne peuvent pas attendre à être résolus. Au lieu de construire un méga projet dans une seule zone du pays, le gouvernement pourrait opter pour investir ces mêmes ressources dans l’éducation primaire et dans les universités dans l’intégralité du territoire. Au lieu de construire une nouvelle infrastructure, une autre alternative est toujours d’utiliser et développer l’existante. Autrement, donner du support aux universités publiques déjà crées et les appuyer économiquement dans leurs recherches 190 Union Sud-Américaine des Nations. Proyecto ecuatoriano Yachay será expuesto en el Cuzco ante la Unasur http://www.elcomercio.com/sociedad/Yachay-conocimiento-Cuzco-Unasurtecnologia_0_919708159.html., publié le 15 mai 2013, consulté le 06 octobre 2013. 191 Ecuador posiciona a “Yachay” como proyecto de la Unasur http://elciudadano.gob.ec/index.php?option=com_content&view=article&id=42108:ecuador-posiciona-ayachay-como-proyecto-de-la-unasur&catid=40:actualidad&Itemid=63., publié le 17 mai 2013, consulté le 17 septembre 2013. 192 Identification du siège pour le projet Yachay, Cité de la connaissance. Novembre 2011, SENESCYT. 66 scientifiques. Pourquoi ne pas implanter plusieurs centres de transfert technologique dans des régions du pays où il existe déjà une culture d’entreprise comme c’est le cas de Pelileo.193 Yachay sera construit dans une zone du pays où il n’y a aucune entreprise ni aucune culture d’entreprise. Il faut beaucoup travailler avec les communautés les familiariser avec la notion d’entreprise et les aider pour la construction des entreprises communautaires. Tandis que du côté des grandes entreprises, il faut bien vendre le projet pour réussir à attirer un investissement étranger considérable pour le développement de la région. Le siège du projet est éloigné de presque toutes les zones productives du pays : Quito est à 3 heures d’Urcuquí et Guayaquil à 7 heures. De plus, dans le secteur il n’existe pas un aéroport, ni accès à cours d’eau navigables, laissant comme unique moyen d’accès le routier. Avant de lancer à l’Equateur vers une production « High Tech », il serait nécessaire de résoudre les problèmes existant dans la production agricole et industrielle, secteurs qu’à présent emploient la plupart des équatoriens. 194 Si bien, le projet Yachay a le support politique du gouvernement actuel, il est aussi le sujet principal des critiques à cause de l’ambition du gouvernement face à ce projet considéré pour quelques-uns comme utopique. D’autre part, Yachay est un projet qui cherche le développement du pays, mais aussi il cherche une reconnaissance à niveau régionale, d’où la volonté politique de poursuivre la réalisation de ce projet. Finalement, le projet Yachay ne fait que renforcer les hypothèses d’une possible personnalisation du système politique dans le pays. Du fait que le leader de la ‘Révolution Citoyenne’ veut à tout prix que Yachay soit construit, laissant de côté quelques facteurs qui pourraient être préjudiciables pour le succès de projet. C. L’importance des partenariats pour le projet 1. Coopération internationale traditionnelle peu visible. La coopération internationale dans l’Equateur a été caractérisée par être une coopération traditionnelle, c’est-à-dire une coopération entre l’Etat équatorien et les gouvernements, agences de coopération ou ONG pour le financement ou mis en place des projets. La coopération entre Etat et bailleurs privés comme universités ou entreprises, est une nouveauté pour la coopération dans le pays. 193 194 Ville du pays où il existe une grande industrie de fabrication textile. Julio José PRADO, Yachay : Elefante blanco o joya de la corona ?, (en ligne), 2013, http://fr.slideshare.net/pradojj/yachay-elefante-blanco-o-joya-de-la-corona-v1. 67 En effet, pendant la période 2007 – 2012, les principaux bailleurs du pays pour le financement des projets étaient : l’Union Européenne (18%), l'Agence des États-Unis pour le développement international –USAID- (6%), l’Agence Espagnol pour le Développement – AECID- (5%) et la GTZ (4%). (Secrétariat Techniqe de Coopération Internationale de l'Equateur , 2010). (voir Figure) PROVENANCE DESTINATION SOURCE OFFICIELLE: BILATÉRALE USD 568,7 M MULTILATÉRALE USD 528,4 M TRIANGULAIRE USD 0,04 M USD 799,3 M SECTEUR PUBLIQUE: GVT CENTRAL USD 675,4 M GVT AUTONOMES DECENTRALISES USD 123,9 M INTERNATIONAL USD 1137,4 M USD 1362,6 M USD 127,2 M USD 265,5 M ORGANISMES INTERNATIONAUX USD 127,2 M SECTEUR PRIVE: SOURCE NON OFFICIELLE: ONG USD 262,6 M DECENTRALISE 2,96 M Figure 10. USD 436,2 M ONG INTERNATIONALE USD 276,6 M ONG LOCALE USD 70,4 M SOCIETE CIVILE USD 68,4 M SECTEUR PRIVE USD 20,72 M Schéma de la coopération non-remboursable en Equateur Source : SETECI195 Dans le cas spécifique du projet de Yachay, Cité de la Connaissance, le financement de la construction ce fait avec des ressources publiques. Cependant, comme il s’agit d’un projet emblématique pour l’Etat, le gouvernement à travers Yachay E.P fait connaître ce projet à l’étranger dont le but de recevoir coopération internationale soit à travers d’assistance technique comme l’échange des experts, scientifiques ou professeurs, soit économique. L’identification des pays ou institutions qui ont un haut niveau de performance dans le secteur de la science, la technologie et l’innovation est une des stratégies de l’entreprise publique pour initier une 195 Secrétariat Technique de Coopération Internationale, Flux de coopération internationale de l’Equateur http://app.seteci.gob.ec/mapa/., consulté le 19 septembre 2013. 68 relation de partenariat avec les bailleurs internationales. Yachay E.P. cherche reprendre le savoir-faire et les meilleures pratiques des pays développés pour les répliquer en Equateur. Dans cet aspect, plusieurs pays ont montré son intérêt pour coopérer avec l’Equateur dans l’étape initiale du fonctionnement de Yachay, mais ces intérêts ne sont pas encore bien définis et ils restent encore dans l’air à cause des procédures trop bureaucratiques à l’interne de l’institution public. En outre, le manque d’information et des documents limite considérablement le travail de l’équipe du département de coopération internationale de Yachay E.P. puisqu’au lieu d’avancer avec les négociations déjà initiée, il faut d’abord faire un travail d’investigation pour obtenir l’information nécessaire pour bien définir les intérêts du projet et de l’entreprise. Lorsqu’on parle de coopération internationale dans le projet Yachay, elle est presque inexistante, surtout si elle s’agit d’une coopération de pays à pays. La pluparts des accords de coopération internationale signés par Yachay ont été avec des institutions public-privé (universités et instituts de recherches) en rapport avec le secteur de la science et la technologie. Actuellement, l’entité publique Yachay E.P a signé uniquement deux instruments de coopération internationale. Le premier, il s’agit d’un mémorandum d’entente avec le parc scientifique des Pays-Bas Leiden Bio Science Park, lequel a pour objectif l’identification des sujets d’intérêt commun dans le domaine académique, technologique, scientifique et d’innovation pour promouvoir des projets conjoints. Et le deuxième document signé, c’est un accord de coopération entre Yachay E.P et la Fondation française Sophia Antipolis. Cet accord a pour but la promotion et développement des activités bilatérales pour la construction conjointe de “clusters” et assistance technique pour l’administration et gestion du parc technologique à travers l’échange d’information, d’expériences et des experts.196 2. Partenariat public – privé essentiel pour le développement du projet Yachay est considéré comme un projet socio-économique puisqu’il cherche le développement de la zone en assurant les services de base et une éducation de qualité à sa population. Mais aussi c’est un projet où l’attraction des investissements et des professionnels hautement qualifiés sont des bases fondamentales pour assurer le succès du projet. Comme conséquence l’entreprise Yachay E.P a signés des lettres d’intention avec des entreprises et 196 Ecuador suscribe Acuerdo de Cooperación entre Yachay E.P. y Fundación francesa http://www.yachay.gob.ec/ecuador-suscribe-acuerdo-de-cooperacion-entre-yachay-e-p-y-fundacionfrancesa/., publié le 06 septembre 2013, consulté le 16 septembre 2013. 69 institutions reconnus mondialement comme Microsoft, MIT Media Lab197, l’Université de Cambridge, Qinetiq Space entre autres. En effet, le gouvernement a assuré que dans la première phase d’ouverture de l’Université de Yachay, les étudiants auront l’opportunité de recevoir des cours dictés par des professionnels étrangers provenant des universités américaines comme le MIT198 et l’Université de Boston. Le transfert de connaissances et du savoir-faire des institutions reconnues internationalement est important pour le développement du projet puisqu’il permet à l’Equateur d’apprendre des meilleurs du monde et ne pas commettre des erreurs. Avoir le support des universités prestigieuses comme l’Université de Cambridge contribuera à une formation de qualité pour la population équatorienne. Autre institution avec laquelle Yachay E.P a signé un accord est la Fondation Coréenne d’Innovation et Cluster (KICF).199 Cette institution est la responsable de développer le model académique de l’Université de Yachay lequel sera articulé au système d’investigation et innovation de l’Equateur.200 Yachay E.P a souscrit aussi un accord avec l’entreprise belge Qinetiq Space, lequel a pour objet le transfert de connaissance dans le domaine aéronautique-spatial ; ainsi qu’un travail et investigation conjointe pour la génération de technologie aérospatial pour l’Equateur dans les installations de Yachay. Le partenariat public-privé pour le développement du projet ce fait plutôt avec des entreprises internationales. Effectivement, la relation avec les entreprises privées nationales reste encore faible. Pour l’instant Yachay E.P est toujours en négociations avec les entreprises locale et seulement il y a deux entreprises avec lesquelles Yachay E.P a signé des accords ; il s’agit de l’entreprise publique de télécommunication et l’entreprise publique ENFARMA, entreprise crée récemment pour la commercialisation et production des médicaments génériques dans le pays. Le fait que l’Equateur ne soit pas un pays pionnier dans le domaine technologique ni scientifique limite beaucoup la participation des entreprises nationales dans la phase d’initiation 197 Le MIT Media Lab est un laboratoire dans l’Ecole d’Architecture et Planification de l’Institut de Technologie de Massachusetts. Il est destiné à des projets de recherche qui fusionne le design, la multimédia et la technologie. Le MIT Media Lab a été largement popularisé dans les années 1990 grâce à des inventions pratique concernant les réseaux sans fil et les navigateurs web. Plus récemment, il a mis l'accent sur la conception et la création de technologies qui répondent à des causes sociales. 198 l’Institut de Technologie de Massachusetts. 199 KICF est le principal pôle d’innovation scientifique de la Corée du Sud. Actuellement il produit 60% des patentes dans ces domaines de spécialisation (TIC, biotechnologie, nanotechnologie, aérospatial et technologie nucléaire) et il regroupe les instituts d’investigation plus importants du pays. 70 du projet Yachay. C’est une politique de l’entreprise publique avoir des partenaires avec une bonne expérience dans les domaines d’intervention du projet ainsi qu’une présence reconnu internationalement. Cependant, cette politique est uniquement pour la coopération, car si on parle de production, les entreprises nationales sont bien ou devraient être bien prises en compte. 71 CONCLUSION Il n’existe pas une vrai et seule définition pour qualifier à une ville comme intelligente. Cependant, c’est sure que pour qu’une ville soit intelligente ; elle a besoin d’avoir une économie, une mobilité, un environnement, un gouvernement, une administration, une population et un mode de vie des citadins intelligents. Dans une ville intelligente, l’incorporation et utilisation des TIC dans leurs infrastructures, services et mode de vie des citadins est un impératif pour répondre aux besoins de sa population, mais aussi pour améliorer la qualité de vie de la même ; ainsi que d’atteindre une croissance économique des pays basée sur l’innovation tout en respectant l’environnement. Le concept de ville intelligente n’est qu’une évolution et adaptation du développement urbain durable à la réalité de nos sociétés actuelles, dans laquelle les critères de ville compacte, ville citoyenne et ville recyclable sont présents, mais aussi la dimension de ville innovante comme moteur de développement économique des pays. Si bien cette notion est de plus en plus utilisée par les urbanistes, aussi on peut la qualifier comme un label de marketing utilisé par les grandes entreprises internationales qui ont la capacité technologique et économique d’offrir et mettre en place des couteux projets dans les villes pour les rendre plus efficaces, plus sécurisées, plus attirantes et plus « intelligentes ». Le renforcement du partenariat public-privé est aussi important dans ce type de projet. Ce « nouveau » modèle de ville est répandu dans le monde entier. Les pays développés de l’Europe comme les Pays-Bas, la France entre autres, ont mise en place des initiatives urbaines pour rendre leur ville intelligente depuis il y a une dizaine des années et le recourt à ce modèle de ville n’est qu’un résultat de son développement économique et social; tandis que, pour les pays en voie de développement, qui sont récemment en train d’intégrer ce concept à leur planification urbaine ; cette notion est vue comme un levier pour atteindre le développement économique. On peut donc faire allusion à la thèse de David Harvey, « d’un passage du managérialisme à l’entrepreneurialisme »201 laquelle annonce une transformation des politiques urbaines centrées sur l’assurance des services aux habitants à des politiques dirigées à un développement économique. Dans le cas de l’Amérique latine, il existe plusieurs initiatives de villes intelligentes ; quelques-unes s’approprient de ce concept par la mise en place de projets discrets pour répondre à des besoins spécifiques ; tandis que d’autres initiatives se centrent sur la construction de projets très ambitieux comme c’est le cas de la construction ex nihilo de Yachay, Cité de la Connaissance, en Equateur. 201 Organisation de Coopération et de Développement Économiques, Villes et compétitivité : un nouveau paradigme entrepreneurial pour l’aménagement du territoire, Paris, 2007. p. 21. 72 La création d’une ville intelligente dans une des zones les plus pauvres du pays a pour objectif atteindre le développement économique et social de la région d’Imbabura, mais aussi celui du pays ; à travers le développement d’un nouveau modèle économique basé sur l’innovation et production de biens et de services exportables avec une valeur ajoutée élevée ; ainsi que sur une économie de la connaissance . Les aspects positifs de ce projet sont plusieurs : le désir d’attirer et former des professionnels hautement qualifiés ; stimuler la recherche scientifique dans le pays et la rattacher aux sociétés privées et publiques productrices de biens et services ; finalement la volonté d’accroître l’investissement dans des domaines oubliés et peu développés tels que la recherche, le développement et l’innovation. Autre aspect positif du projet est la création d’emplois et la mobilisation de ressources lors de la construction et fonctionnement de la ville ce qui favorisera le développement économique de la zone d’implémentation du projet. Dans ce sens, la stimulation du tourisme dans la zone grâce à la construction de la ville est aussi un aspect à souligner. Néanmoins, la construction d’un projet de cette proportion et niveau de complexité a aussi des défis économiques et académiques qui peuvent freiner son développement et son succès. Malgré, la disponibilité de ressources économiques publiques et la volonté politique de construire cette ville ; il pourrait être nécessaire d’attendre plusieurs années pour voir les premiers résultats positifs de ce projet, et encore plus de temps, voire plusieurs décennies, pour atteindre des profits économiques par rapport à l’investissement réalisé. Autre obstacle potentiel pour le succès de Yachay est le fait que tout le financement destiné à la recherche, innovation et développement provient essentiellement du gouvernement, alors que l’expérience d’autres pays qui ont eu du succès dans ce type de projet montre plutôt que ce sont les sociétés privé les moteurs de ce processus, l’Etat se limitant à procurer des conditions macroéconomique et des politiques publics favorables à supporter ce processus. 202 Concernent les défis académiques, une université récemment créée comme c’est le cas de l’université de Yachay est très difficile qu’elle soit attirante pour des chercheurs mondialement reconnus car le bénéfice économique offert par l’université de Yachay devrait être supérieur au bénéfice de statut que ces chercheurs perçoivent actuellement dans des universités de prestige. De plus, pour réussir à positionner à l’université de Yachay comme un modèle dans la région latino-américaine c’est nécessaire plusieurs années de fonctionnement pendant lesquelles des publications, des recherches et d’autres reconnaissances soient obtenues. 202 OECD, Territorial Reviews: Competitive Cities in the Global Economy. http://www.oecd.org/gov/regionalpolicy/oecdterritorialreviewscompetitivecitiesintheglobaleconomy.htm, consulté le 22 septembre 2013. 73 Si bien la construction de Yachay est une réponse aux nécessités économiques du pays, ce projet répond aussi à une volonté politique du gouvernement équatorien, une volonté qui n’a pas de limites économiques et doit s’accomplir indépendamment si c’est fiable ou non le projet. Pour conclure, actuellement la population hautement qualifiée, les entreprises reconnues mondialement et les centres de recherché, d’innovation et de développement sont attirés par les villes à succès dans lesquelles leur besoins technologiques et économiques sont bien prise en compte. Dans ce sens, on peut affirmer que les villes intelligentes pourraient devenir de pôles de développement des pays.203 Cependant, elles peuvent aussi devenir de zones qui génèrent des inégalités à l’interne de chaque nation puisqu’elles peuvent concentrer la recherche et le développement empêchant le développement du reste du pays. 204 203 OCDE, Building an Innovative City: The Macro Perspective http://www.oecd.org/innovation/buildinganinnovativecitythemacroperspective.htm., consulté le 13 octobre 2013. 204 OCDE Territorial Reviews: Competitive Cities in the Global Economy http://www.oecd.org/gov/regionalpolicy/oecdterritorialreviewscompetitivecitiesintheglobaleconomy.htm., consulté le 13 octobre 2013. 74 BIBLIOGRAPHIE Asamblea del Ecuador, Constitution de la République de l’Equateur, Quito, 2008. Jean BOUINOT, La ville intelligente, Paris, Librairie générale de Droit et de jurisprudence, 2003. pp. 182. 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Utilisation des TIC en Equateur Source : Ministerio de Telecomunicaciones (MINTEL) y de la Sociedad de la Información e Instituto Nacional de Estadística y Censo (INEC), Reporte anual de estadísticas sobre tecnologías de la información y comunicaciones TIC’s, Quito, 2010. 84 ANNEXE 2. Salles de classe Université Yachay 85 ANNEXE 3. Décret exécutive pour la création de Yachay E.P. 86 87 88 ANNEXE 4. Organisation interne de Yachay E.P. 89 TABLE DES FIGURES Figure 1. Situation géographique de l’Equateur ..................................................................... 35 Figure 2. Répartition par origine ethnique de la population équatorienne ............................. 37 Figure 3. Taux de pauvreté par province ................................................................................ 38 Figure 4. Evolution historique du taux de pauvreté dans quelques grandes villes de l’Equateur .................................................................................................................................... 39 Figure 5. Représentation graphique de la triple hélice ........................................................... 47 Figure 6. Dimensions du domaine des biotechnologies à Yachay, Cité de la Connaissance . 51 Figure 7. Localisation et définition de la zone d’intervention de Yachay .............................. 53 Figure 8. Evolution de l’investissement dans les domaines de recherche et développement (en pourcentage du PIB nationale) .................................................................................................... 58 Figure 9. Conceptualisation d’une partie de la ville intelligente de Songdo .......................... 62 Figure 10. Schéma de la coopération non-remboursable en Equateur...................................... 68 TABLE DES ANNEXES ANNEXE 1. Utilisation des TIC en Equateur ...................................................................... 84 ANNEXE 2. Salles de classe Université Yachay ................................................................. 85 ANNEXE 3. Décret exécutive pour la création de Yachay E.P. .......................................... 86 ANNEXE 4. Organisation interne de Yachay E.P................................................................ 89 90