UICG CONFÉRENCES Mars 2016

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UICG CONFÉRENCES Mars 2016
UNIVERSITÉ
INTERCOMMUNALE
DU GRÉSIVAUDAN
La lettre des Conférences de l’Université Intercommunale du Grésivaudan
Mars 2016
UICG CONFÉRENCES
Qu’est-ce que la vie ? Où est la vie ?
Biologistes, astronomes, ou philosophes, les scientifiques s’expriment…
Consacré à la recherche des origines de la vie, sur terre et dans l’espace, le cycle 2015 -2016 des conférences UICG a déjà
mobilisé des centaines d’auditeurs lors de ses 3 premières séances. L’énigme antique de l’humanité, toujours présente,
connaît un fort regain d’intérêt depuis que des télescopes géants et de merveilleux engins spatiaux permettent
d’accomplir d’étonnants progrès dans la connaissance de l'univers. La renommée des conférenciers invités explique sans
aucun doute aussi l’intérêt apporté à ces sujets.
Conférence du mercredi 16 mars 2016 à 20 H 30,
à la Maison des Arts de Montbonnot
Conférence du mercredi 27 avril 2016 à 20 H 30,
à l’Espace Paul Jargot de Crolles
De la matière inerte au monde vivant :
qu’est-ce que la vie ?
Les défis éthiques liés à la recherche
des origines de la vie
Par Jacques Reisse, Professeur Emérite – Ingénierie moléculaire et biomoléculaire – Université libre de Bruxelles
Par Jacques Arnould , Philosophe, historien des sciences, théologien chargé de mission au Centre National d'Etudes Spatiales
Pour la quatrième conférence de son cycle 2015-2016, l’UICG a
invité un chercheur-enseignant internationalement renommé,
Jacques Reisse.
Si l'idée d'évolution biologique n'est plus un tabou dans le monde
moderne, elle n'en demeure pas moins difficile à recevoir pour certaines croyances ou religions. Plus d'un siècle après la publication
« De l'origine des espèces » par Darwin, il s'agit pourtant de percevoir les enjeux que représente une nouvelle approche de la vie.
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Dans une approche évolutionniste, qui est la
nôtre, la transition n’a
pu être soudaine et il
nous faudra renoncer à
la logique d’Aristote pour
traiter de ce problème.
Une évolution chimique
a nécessairement précédé l’évolution biologique,
et puisque celle-ci semblait être déjà à l’œuvre il y a 3,5 voire
3,8 milliards d’années, notre interrogation sur l’origine de la vie
portera sur des étapes plausibles d’une évolution chimique qui
de moléculaire puis macromoléculaire est devenue supramoléculaire, durant les premières centaines de millions d’années de
l’histoire terrestre.
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« L’origine de la vie sur Terre, dit-il, est une question dont on ne
peut contester l’intérêt mais qui, par sa nature même, est d’une
exceptionnelle difficulté. Il convient de s’interroger en effet sur
la transition d’une matière « non vivante » à une matière « vivante », et sur ce qui rendrait cette transition inéluctable ou, au
contraire, improbable.
L’absence de tout fossile moléculaire (et, a fortiori, macromoléculaire et supramoléculaire) et l’impossibilité de jamais en trouver confère un caractère très singulier à la recherche portant
sur l’évolution chimique pré-biotique. Il est difficile de garder
une approche strictement scientifique, et les exemples de dérapages sont nombreux. La question de l’origine de la vie mérite
que la science s’en empare, même si – sans doute – elle n’apportera jamais la réponse définitive ».
Site web : www.uicg.fr
De son côté, le scientifique prend progressivement conscience de l'importance du processus
d'évolution, depuis les
formes les plus élémentaires de la vie jusqu'aux
formes les plus élaborées, mais butte encore
sur le passage de la matière inerte à la matière vivante. De plus, l’homme étend désormais
ses recherches à l'extraterrestre.
Quelles précautions devons-nous prendre alors, avant d’aller explorer une planète, avant d’en ramener des échantillons ? Quels sont les
droits des extraterrestres et nos devoirs à leur égard ? La communauté spatiale prend très au sérieux ces questions, tout en relançant
des débats plus anciens, venus des champs de la philosophie et de
la théologie. Les extraterrestres connaissent-ils Dieu ? Le mal, le péché, la mort ? Autant de questions qui nous invitent à revenir aux
questions les plus originelles, sur notre origine et notre identité.
CYCLE DE CONFÉRENCES UICG 2016-2017
Dans la continuité du thème traité cette année, ce cycle sera
consacré à « L’évolution de l’homme, dans son environnement,
de la préhistoire au futur ». Des conférencières et conférenciers
de haut niveau (Muséum National d'Histoire Naturelle, « Normale
Sup », CEA) ont accepté d’intervenir. Le programme détaillé de
ces conférences figurera dans la prochaine plaquette de l'UICG.
Contact : [email protected]
La lettre des Conférences de l’Université Intercommunale du Grésivaudan
Mars 2016
Les origines de la vie, sur terre et dans l'espace
L'essentiel des 3 premières conférences du cycle de l'UICG 2015-2016
Conférence du 14 octobre 2015
Conférence du 20 janvier 2016
Conférence du 18 novembre 2015
LES GALAXIES, LA FORMATION DÉCOUVERTE ET CONDITIONS
L’HISTOIRE DES IDÉES SUR
DES ÉTOILES ET DES PLANÈTES D’HABITABILITÉ DES EXOPLANÈTES LES ORIGINES DE LA VIE
© UICG
Visant à « planter le décor » des recherches
sur l’existence de la vie dans l’univers, cette
première conférence a commencé par un
questionnement : « Puisque la vie n’a été
identifiée à ce jour que sur notre planète,
celle-ci est-elle originale, voire unique en
son genre, ou au contraire banale ? », et :
« Quelles conditions sont nécessaires pour
abriter la vie ? », sachant qu’il faut de l’eau
liquide, des sources d’énergie, une abondance de corps chimiques et… beaucoup
de temps… On peut alors chercher les
lieux où ces conditions existent.
Les investigations accomplies dans le cosmos – grâce aux engins spatiaux – ont permis de découvrir les nuages moléculaires
et de comprendre la structure des galaxies,
ensembles d’étoiles très chaudes et de gaz
très froids, puis d’expliquer le processus de
formation dans leurs anneaux de millions
d’étoiles, et de constater leur diversité (dimensions, durée de vie…).
Planètes, exoplanètes
Récemment découvertes, les exoplanètes
sont très majoritairement grosses et non
habitables, parce qu’elles sont – comme Jupiter et Saturne – gazeuses et très chaudes.
Dans notre seule galaxie, qui compte 100
milliards d’étoiles, le nombre de planètes
habitables est extrêmement grand, mais
la probabilité pour qu’un processus de vie
s’y développe est infiniment petite…Les
molécules trouvées à ce jour ne dépassent
pas en effet quelques dizaines d’atomes
alors qu’une molécule d’ADN, c’est un milliard d’atomes… La vie reste donc finalement encore un mystère…
Par Stéphane TIRARD, Professeur d’épistémologie et d’histoire des sciences – Université de Nantes
© Tyler Olson- Fotolia.com
Par Xavier DELFOSSE, Astronome à l’Institut de Planétologie et d’Astrophysique de
Grenoble
© ESO / L.Calçada
Par Vincent MINIER, Astrophysicien au
Commissariat à l’Energie Atomique et aux
Energies Alternatives
Les exoplanètes sont très difficiles à observer : Jupiter – par exemple – planète
imposante puisque elle est 300 fois plus
grosse que la terre, est ainsi 200 millions
de fois moins lumineuse que le soleil. C’est
pourquoi il a fallu attendre 1995 pour que
la première d’entre elles soit identifiée (à
St Michel de Provence) ; mais actuellement
on en connaît 2000, car on en découvre
environ 200 chaque année.
On les repère seulement par deux méthodes, indirectes, qui permettent de déterminer leur rayon, leur masse, leur densité, leur période de révolution.
C’est à proximité des étoiles « naines
rouges » (80 % des étoiles de notre galaxie), peu éloignées (moins de 32 années
lumière), qu’on a le plus de chances de
trouver des exoplanètes.
Zones habitables
Mais pour qu’on y trouve la vie, elles
doivent être en « zone habitable », donc
convenablement distantes de leur étoile, et
bénéficier d’une masse, d’une pression, de
températures favorables afin que l’eau n’y
gèle pas ou ne s’évapore pas… et contenir
aussi du carbone, du CO2, et si possible de
l’oxygène (« déchet de la vie » rejeté par
les plantes…), car des réactions chimiques
complexes s’y sont alors peut être déroulées. Là commence alors « l’exo-biologie ».
A ce jour, il est encore trop tôt pour affirmer que « la vie existe ailleurs », mais d’ici
une quinzaine d’années on pourra sans
doute dire si « elle est probable ».
Conception-rédaction : C. Sourisse - Infographie : Arriba
De l’antiquité au début du 19ème siècle, la
vie était considérée comme issue d’une
génération spontanée, jusqu’au jour où
Pasteur a démontré que c’était impossible.
Darwin a développé ensuite une théorie
selon laquelle « la vie existante sur terre
empêche la vie de réapparaître, car le vivant se transforme continuellement ».
Lord Kelvin émet alors l’hypothèse de la
« panspermie » : des semences auraient été
apportées sur terre par des météorites… ;
mais au début du 20ème siècle – suite à des
expériences de congélation de bactéries –
cette théorie est abandonnée.
Un concept fondateur :
l'évolution chimique pré-biotique
C’est à partir de 1923 que deux savants,
Oparine en URSS et Haldane en Grande
Bretagne expliquent que compte tenu
des conditions régnant sur la terre primitive, (géologie, atmosphère, et océans
primitifs), des molécules inertes ont pu
s’associer pour former des molécules organiques, puis des « globules ». La notion
d’ « évolution chimique » est ainsi apparue,
conduisant à des organismes vivants. L’expérience de Miller (1953), la découverte
de l’ADN par Watson et Crick, et des recherches approfondies sur l’ARN ont permis à la « chimie prébiotique » de faire ainsi
son apparition, nourrie ensuite par d’importants travaux de biologie moléculaire.
Le problème des origines de la vie est devenu en réalité de plus en plus complexe.
Des questions de fond majeures restent
finalement posées, aujourd’hui.
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