L`Allemagne - La Fabrique de l`industrie
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L`Allemagne - La Fabrique de l`industrie
Les politiques nationales en faveur de l’industrie du futur L’Allemagne L’« Industrie 4.0 » en Allemagne Le plan « Industrie 4.0 » s’inscrit dans la lignée de politiques de soutien du gouvernement fédéral à la R&D depuis 2006. Il constitue l’un des dix « projets d’avenir » (Zukunftsprojekte) retenus en juillet 2010 dans le cadre de la High-tech strategie 2020 du gouvernement fédéral allemand. Cette dernière organise la recherche et l’innovation pour la période 2010-2020, et succède ainsi à un précédent programme intitulé High-tech Strategie 2006-2009. Elle se distingue par le fait que chacun de ses projets doit proposer des objectifs concrets, technologiques ou scientifiques, réalisables en dix à quinze ans. La construction du plan s’est faite en deux temps. De juin à octobre 2012, un groupe de travail lié à la Forschungsunion a été mis en place autour du président de l’Académie allemande de sciences et d’ingénierie (Acatech) et d’un représentant du groupe Bosch. Une des principales recommandations du groupe a abouti à la mise en place d’un projet collectif intitulé « Plattform Industrie 4.0 » orchestré par les fédérations des entreprises de la machine-outil (VDMA), de l’électrotechnique (ZVEI) et des industries digitales (BITKOM). Cette plateforme a connu une refonte au mois d’avril 2015 menée à l’initiative du gouvernement, ce dernier jugeant nécessaire de donner un nouvel élan à une initiative dont les travaux commençaient à prendre du retard. La co-présidence de la « Neuer Verbändeplattform Industrie 4.0 » est aujourd’hui occupée par Sigmar Gabriel, ministre de l’Economie, et Johanna Wanka, ministre de la Recherche, signe de la volonté d’implication des pouvoir publics dans ce programme jusqu’alors porté par les industriels. Son pilotage a par ailleurs été élargi : les fédérations professionnelles y ont gardé une place prédominante mais elles ont notamment été rejointes par le puissant syndicat IG Metall. En dépit de ces changements organisationnels, le projet « Industrie 4.0 » reste résolument orienté vers le développement d’une offre de solutions et les constructeurs de machines ainsi que les fournisseurs d’automatismes restent très impliqués, qu’il s’agisse de grands groupes ou de PME. Il n’est dès lors pas étonnant que l’Allemagne fasse preuve d’autant d’intérêt pour la problématique de la future normalisation et standardisation des procédés, question que l’on retrouve parmi les cinq grands thèmes de réflexion identifiés par le gouvernement.1 1 Les quatre autres étant la recherche et l’innovation, la sécurité des systèmes et des réseaux, le cadre réglementaire et juridique, et la formation professionnelle. L’objectif affiché du plan est de développer au sein des industries allemandes des « systèmes de production cyber-physiques », fondés sur une modélisation numérique de l’ensemble des processus de production et des échanges de données entre produits en cours de fabrication et machine d’une part, et entre différents acteurs de la chaîne de production d’autre part. Dans la pratique Le projet « Industrie 4.0 » n’est encore aujourd’hui qu’un calendrier de recherche, dont un premier bilan devrait être établi en novembre 2015 lors du sommet national des TIC (Nationaler IT-Gipfel). De fait, les réalisations concrètes demeurent pour l’instant à l’état de prototypes. Les projets de recherche les plus importants s’organisent à l’échelle d’un Land et sous la forme de clusters regroupant des entreprises industrielles et des centres de recherche, en particulier le large réseau des instituts Fraunhofer. Plus concrètement, l’un des grands projets actuels est issu d’un programme gouvernemental « d’initiatives d’excellence » lancé en 2006. Situé à Aix-la-Chapelle, il mobilise 40 millions d’euros de l’Etat, 27 départements de l’université d’Aix-la-Chapelle et 42 groupes industriels autour de recherches sur les thèmes de l’individualisation, la virtualisation et l’optimisation environnementale des processus de production. Doté d’un budget ministériel similaire, le projet « it’s OWL »2 est pour sa part devenu le principal projet-pilote du plan « Industrie 4.0 ». Il regroupe 18 centres universitaires et 24 groupes fondateurs afin de développer 47 projets principalement liés à l’automobile, à l’agriculture ou à la distribution de l’énergie. De son côté, la Plattform Industrie 4.0 se concentre sur des propositions de normalisation et de standardisation des protocoles de communication et de format de données, afin d’harmoniser l’activité industrielle en définissant un référentiel technique (Referenzarchitektur). Afin de ne pas attendre l’établissement de standards, le ministère de l’Education et de la recherche a mis en place des mesures en direction du Mittelstand pour préparer le terrain pour l’« Industrie 4.0 ». Ce double objectif se décline ainsi dans le développement de technologies utilisables et la diffusion de bonnes pratiques auprès des entreprises. De plus, le gouvernement soutient un projet de recherche afin d’améliorer la sécurité des données. Ces initiatives focalisées s’ajoutent aux mécanismes des ministères fédéraux de la recherche et de l’économie ainsi que de ceux des Länder pour subventionner des projets de recherche appliquée en collaboration dans le domaine du manufacturing. 2 « Intelligente Technische Systeme OstWestfalenLippe »