Pour approfondir vos connaissances du E-learning

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Pour approfondir vos connaissances du E-learning
Anne BOUTHRY – Christophe JOURDAIN
Construire
son projet de formation
en ligne
Préface de Sandra Bellier
Directrice du développement e-business du groupe Adecco
© Éditions d'Organisation, 2003
ISBN : 2-7081-2854-X
CHAPITRE 1
Q Éditions d’Organisation
Le e-learning,
des techniques nouvelles
au service de la pédagogie
Au tout début de l’an 2000, à la lecture de la presse, à l’écoute des
médias, on a pu imaginer que le e-learning allait désormais révolutionner le monde de la formation : les apprenants n’auraient plus
besoin de se déplacer, les formateurs seraient au chômage ou deviendraient de simples moniteurs. Chacun d’entre nous découvrirait le
privilège d’apprendre (presque gratuitement !) n’importe quoi,
n’importe quand et n’importe où... L’autonomie parfaite semblait
poindre à l’orée de notre avenir.
Cette hypothétique évolution est venue du fait que les contenus de
formation deviennent consultables par Internet, dans la plus grande
réactivité possible, par tuyaux interposés qui apportent directement
« à domicile » l’information nécessaire. Aujourd’hui, chacun peut en
effet se servir de son ordinateur de bureau pour faire évoluer ses
connaissances, à son propre rythme, selon ses besoins ponctuels.
Ces perspectives évoluent actuellement. Il semble que les formateurs,
par exemple, vont devoir jouer de nouveaux rôles, entre autres dans
le domaine de l’ingénierie pédagogique : les ressources ne se mettent
pas seules en ligne, surtout lorsqu’elles doivent être ajustées pédago3
Qu’est-ce que la formation en ligne ? Quels en sont les acteurs ?
1. Les Formateurs face aux nouvelles technologies : le sens du changement de Emmanuelle Annoot.
Ce livre a été écrit dans le cadre d’une étude sur les nouvelles technologies dans les CFA.
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Q Éditions d’Organisation
giquement à un nouveau support électronique. Cependant, la mise à
disposition de savoirs ne signifie pas obligatoirement formation, car
une activité pédagogique est indispensable. De surcroît, le présentiel
persiste à faire partie prenante des dispositifs e-learning. Les formateurs vont donc, non pas réduire leurs activités, mais les multiplier,
voire les amplifier sur des champs différents.
Toutefois, que cachent les mots magiques « e-learning », « e-formation » ou « FOAD » ? Que dissimule cette nouvelle réalité pour l’apprenant ? Est-ce que les modes d’apprentissage vont complètement changer pour lui ? A-t-il à sa disposition de nouveaux moyens d’acquisition
de compétences ?
Oui, le « monde Internet » entre dans le monde de la formation et le
bouleverse, mais les nouvelles technologies étaient déjà présentes bien
avant Internet depuis une vingtaine d’années.
En effet, dans les années quatre-vingt – quatre-vingt-dix, l’EAO était
à l’ordre du jour, des milliers d’heures de contenu de formation ont
été « médiatisés ». On a cru alors que l’apprenant pouvait apprendre
seul devant son ordinateur, plus particulièrement dans les années
quatre-vingt-dix lorsque la technique du multimédia l’a rendu possible. Il y eut alors une croyance qui associait « l’utilisation d’un didacticiel à la notion d’efficacité de la formation1 ». D’ailleurs cette croyance
n’est peut-être toujours pas dépassée !
Le e-learning, quant à lui, a vraiment pris naissance dans un laps de
temps s’étalant entre les années quatre-vingt-dix et le début des années
2000. Il est associé à l’utilisation d’Internet dans la formation.
Tentons de définir tout d’abord ce que signifient ces néologismes
anglais « e-learning » ou français « e-formation », « FOAD » » et
voyons quelles réalités ils recouvrent concrètement en formation.
Le e-learning, des techniques nouvelles au service de la pédagogie
E-learning, e-formation, formation ouverte
et à distance (FOAD)...
Q Éditions d’Organisation
Dans le domaine mouvant et novateur des technologies de l’information et de la communication, l’une des premières difficultés réside dans
le vocabulaire permettant d’obtenir une compréhension sereine et simple d’un nouveau concept.
En ce qui concerne le e-learning, l’abondance des termes, sigles, acronymes concurrents – et pour la plupart quasiment synonymes – utilisés
ces dernières années par les acteurs du secteur pour désigner cette
nouvelle voie de formation, ne peut manquer de semer la confusion
et le doute dans les esprits : e-learning, e-formation, formation ouverte
et à distance (FOAD), technologies de l’information et de la communication pour l’éducation (TICE), enseignement assisté par ordinateur
(EAO), nouvelles technologies éducatives (NTE) : autant de variantes
d’expressions utilisées aujourd’hui pour désigner un mode de formation ou d’apprentissage différent de la formation classique (communément appelée « formation en présentiel »).
Le e-learning représente, avec Internet, l’évolution la plus récente de
la bien connue formation à distance qui s’appuie depuis longtemps sur
des moyens de communication à disposition comme le courrier, le
téléphone, le minitel...
Comme vous avez pu le constater précédemment, nous avons choisi
d’utiliser le terme « e-learning », associé à sa version française « e-formation », tout en étant conscients que celui-ci n’est pas forcément le
plus pertinent et qu’il sera peut-être obsolète dans les temps à venir.
■ Une
définition en mouvement
Essayons d’expliciter cependant un peu tous ces concepts. En 1999, la
profession utilisait les termes de nouvelles technologies de la formation
(NTF) ou nouvelles technologies éducatives (NTE) ou encore téléformation. Cette terminologie un peu lourde tend à être abandonnée
aujourd’hui au profit de l’anglicisme e-learning, assorti de sa « traduc5
Qu’est-ce que la formation en ligne ? Quels en sont les acteurs ?
tion » française e-formation. La formation ouverte et à distance – sigle
FOAD – est aussi un terme employé actuellement. L’hésitation rencontrée ici sur le choix d’un mot ou expression française, porteurs de
ce nouveau concept, n’est pas anodine : elle signifie que l’on est en
présence d’une activité dont le contenu et les contours ne sont pas
encore stabilisés.
les mots vous manquent
En France, nous « formons », certes, dans le cadre de la formation
continue pour adultes, mais nous ne cessons d’« éduquer » ou
d’« enseigner » dans le cadre de la formation initiale. Toutefois, comme
partout ailleurs, nous devons aussi « apprendre » tout au long de la
vie. Formation, éducation, enseignement, apprentissage : quatre termes différents pour désigner, sous diverses appellations, la transmission et l’acquisition de savoirs et de compétences. Vers lequel s’orienter ?
Il est à noter qu’en français, « apprendre » peut s’employer selon une
double acception : sous l’angle du professeur qui enseigne et sous
l’angle de l’élève qui reçoit l’enseignement. La langue française manque
ici de précision. En effet, elle désigne par le même terme les notions
d’enseignement et d’apprentissage, là où, de manière plus fine, l’anglais
distingue teaching de learning. Learning signifie que l’apprenant est en
situation d’apprentissage et donc, on peut supposer, plus actif dans
l’acquisition des savoirs. Le mot teaching est réservé, quant à lui, au
professeur chargé d’enseigner un savoir à des apprenants de manière
plus formelle.
Les Anglais disposent en outre du mot training pour désigner l’ensemble de la formation en elle-même. En français, le terme apprentissage
serait peut-être le plus adéquat pour désigner le e-learning. Mais actuellement, la notion d’apprentissage est étroitement associée à l’apprentissage en alternance et une nouvelle confusion pourrait s’installer.
Nous pourrions, sans cette référence trop prégnante, faire de
l’e-apprentissage !
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Q Éditions d’Organisation
■ Quand
Le e-learning, des techniques nouvelles au service de la pédagogie
■ Très
français le sigle FOAD
Formation ouverte et à distance (FOAD) est aussi, nous venons de le
voir, un sigle très utilisé aujourd’hui. Il a été défini par le collectif de
Chasseneuil, qui s’est réuni en mars 2000 avec un certain nombre
d’acteurs du marché1. La définition suivante a alors été proposée.
« Une formation ouverte et à distance :
est un dispositif organisé, finalisé, reconnu comme tel par les acteurs,
qui prend en compte la singularité des personnes dans leurs dimensions individuelle et collective,
et repose sur des situations d’apprentissage complémentaires et plurielles en termes de temps, de lieux, de médiations pédagogiques
humaines et technologiques, et de ressources. »
Le terme FOAD (formation ouverte à distance) est cependant peu
explicite en soi : il fait référence à la distance, mais pas aux technologies. Il faut lire en effet la définition qui en est donnée par le collectif
pour comprendre que le type de formation désigné par ce terme prend
en compte cette médiation technologique.
Le « O » de Ouvert présente l’avantage, en revanche, de donner une
idée d’ouverture propre à une formation contenant plusieurs activités
pédagogiques : par exemple du présentiel et du distantiel, de la lecture
sur papier, sur écran, etc.
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■ Pourquoi
avons-nous privilégié le terme e-learning ?
Notre choix, parmi les termes énoncés ci-dessus, ne relève pas du
hasard. Ces termes ne sauraient de plus se substituer les uns aux autres
par simple équivalence. Chaque concept exprime de manière très subtile (même de façon peu apparente au premier abord), une orientation
vers un type d’organisation, de méthodes pédagogiques, de techniques
1. Voir le rapport complet avec la liste des participants sur le site du FFFOD
http ://www.fffod.org sous la rubrique L’espace documentaire, Les textes et rapports, Les textes
divers, Conférence Consensus
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Qu’est-ce que la formation en ligne ? Quels en sont les acteurs ?
spécifiques permettant à des personnes d’accroître leur capital de
connaissances ou de savoirs et d’acquérir ainsi des compétences supplémentaires.
Le terme choisi ne sera donc pas neutre : on voit certains acteurs privilégier des sigles faisant plutôt référence à la technologie utilisée – par
exemple technologie de l’information et de la communication (TIC),
formation multimédia –, d’autres des sigles plus orientés vers la pédagogie – par exemple autoformation. D’autres enfin insistent, par leur
choix, sur le positionnement des acteurs dans le dispositif : c’est le cas
de e-learning ou de e-formation.
La volonté terminologique de « learning » révèle une pédagogie centrée
sur « l’apprendre » et non sur le « transmettre ». En effet, il ne s’agit
pas de distribuer des cours en ligne mais de proposer à l’apprenant
des ressources en termes de connaissances et de méthodologies. Celles-ci lui permettront d’acquérir des compétences en les mettant en
action.
Nous choisissons finalement le mot « e-learning » pour cette raison
puisqu’il permet de repositionner la formation sur l’apprentissage, le
« e » exprimant explicitement la référence aux technologies. Mais, quoi
qu’il arrive, l’usage l’emportera.
Si nous considérons que le e-learning a débuté, en formation, avec
l’introduction d’Internet dans la formation, tout en gardant une partie
de son histoire (EAO) par la médiatisation des contenus, nous pouvons
distinguer quatre types de projets e-learning : du plus simple au plus
complexe.
Ces différentes catégories pourront vous aider à envisager le degré de
complexité de votre éventuel projet. De l’ampleur de son ambition de
départ vont découler les forces à déployer et le budget nécessaire à
prévoir. Et pour rendre explicites les différents exemples développés
au cours de cet ouvrage, nous nous référerons régulièrement à ces
quatre catégories.
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Q Éditions d’Organisation
Quatre types de projets e-learning
Le e-learning, des techniques nouvelles au service de la pédagogie
Imaginons, pour plus de clarté, que votre projet soit assimilé à la
construction d’une fusée, plus ou moins sophistiquée, d’un à quatre
étages, détachables selon les choix d’étapes de votre voyage. Il s’agit
pour vous, en amont, lors des préparatifs, d’avoir l’ambition de
construire la fusée correspondant à vos moyens, parfaitement adaptée
à la destination que vous avez choisie. Avec elle, si vous avez fait les
bons choix, vous effectuerez un atterrissage sans risques à l’endroit
correspondant à vos objectifs de départ !
Q Éditions d’Organisation
■ Un
outil d’aide aux formateurs
Le premier étage est la concrétisation d’un dispositif simple
réclamant peu de moyens techniques.
Sur l’initiative du formateur assurant un cours en face à face
pédagogique, ce dispositif utilise les nouvelles technologies
pour préparer et prolonger la relation d’apprentissage avec
son groupe.
Le formateur vient de terminer sa formation en présentiel, un suivi de
la formation s’avère souvent indispensable pour répondre aux questions de l’apprenant dans le cadre de son travail. Cela peut être aussi
le cas lorsque le formateur souhaite préparer la formation avec les
apprenants avant la formation en présentiel.
En créant une communauté « virtuelle », les stagiaires sont en mesure
de poursuivre ou d’anticiper des échanges dans une liste de diffusion,
de partager des documents, d’organiser un chat, le formateur devenant
alors tuteur à distance.
Initiative individuelle du formateur, ce dispositif peut être géré facilement comme complément aux formations présentielles classiques. Si
vous décidez de diminuer le temps de présentiel pour gérer une partie
de la formation à distance par ce moyen, cela générera des procédures
de mise en place et mobilisera un temps important pour le formateur.
Bien conduit, ce dispositif peut s’avérer très efficace. Toutefois, nous
attirons l’attention sur le fait que, si le formateur veut devenir un
excellent animateur de son groupe, il devra y passer du temps.
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Qu’est-ce que la formation en ligne ? Quels en sont les acteurs ?
Par ailleurs, pour mettre en œuvre la communauté virtuelle, il est
indispensable que l’ensemble des apprenants et le formateur aient une
adresse e-mail ainsi qu’une connexion à Internet.
Pour créer cette communauté virtuelle, vous pouvez utiliser des outils
comme Yahoo ! groups ou Mayeticvillage1.... C’est gratuit et très facile
à mettre en œuvre.
Ces outils introduisent l’idée du tutorat et du soutien à la formation
dite classique.
■ Un
portail qui donne un accès autonome
à des documents pédagogiques
Ce deuxième étage du dispositif met à la disposition des
apprenants des documents pédagogiques sous forme numérique. Une page d’accueil Web offre des liens vers des contenus numérisés ou vers des sites en étroite relation avec le
sujet d’apprentissage. Cette page d’accueil devient en quelque
sorte un portail spécifique au service d’une matière, d’un
métier ou d’une formation.
des évaluations de connaissances pour contrôler le degré de compréhension d’un cours en présentiel,
une liste de sites Web ou webographie à consulter sur la matière ou
le sujet enseigné,
une bibliographie,
des documents numérisés pour compléter des connaissances,
1. www.yahoo.fr vous permet de créer un e-groups avec une liste de diffusion, un agenda
commun, un chat, un espace pour les documents. Un excellent site : http ://www.mayeticvillage.fr mis à disposition par la société Mayetic (spécialisée dans le travail collaboratif). Vous
pouvez créer gratuitement votre espace d’échange. Le site est géré notamment par le logiciel
QuickPlace (logiciel de travail collaboratif de chez Lotus).
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Elle ouvre accès à une formation, ou à un complément de formation
en libre service, au moyen de documents numérisés mis à disposition
des apprenants. Ce sont par exemple :
Le e-learning, des techniques nouvelles au service de la pédagogie
des fiches de méthodes conçues pour résoudre un problème, des
fiches d’instruction de lecture, etc.
des résumés de cours,
une liste de ressources pédagogiques à consulter dans un centre de
ressources, sous forme de fichiers multimédias, livres, etc.
des contenus de formation numériques et multimédias existant sur
le marché ou réalisés par les formateurs.
Ce deuxième étage de fusée peut être aussi l’occasion de créer
des contenus numériques et multimédias utilisables par le formateur
pour appuyer son discours lors de son cours en face à face pédagogique.
Parfois, en effet, les apprenants éprouvent des difficultés à visualiser
et à comprendre une problématique d’ordre très concret. Or, un
schéma associé à une activité interactive menée par le formateur, proposée sur micro-ordinateur, sera forcément plus explicite. Dans ce cas,
le formateur choisit de développer une ressource avec l’aide de logiciels
« auteurs » proposés par le marché : c’est ainsi le cas de PowerPoint,
d’utilisation simple, ne réclamant pas de compétences informatiques
très pointues et permettant rapidement des résultats très performants.
Q Éditions d’Organisation
L’approche est moins facile avec des logiciels comme Flash, ToolBook,
Macromedia Director, Authorware, etc. qui nécessitent une bonne
connaissance informatique, d’où le besoin, dans ce cas, de faire appel
à des spécialistes susceptibles de développer les ressources souhaitées
par le biais de ces outils.
Deux chapitres de ce livre sont consacrés à la scénarisation des contenus de formation (Chapitre 10 Scénariser ses contenus de formation et
chapitre 11 La scénarisation d’une séquence).
Un formateur peut utiliser les ressources pédagogiques du portail dans
son cours en présentiel.
Le portail peut être utilisé par les apprenants à distance ou dans un
centre de ressources et c’est le moyen de revoir des cours ou de visua11
Qu’est-ce que la formation en ligne ? Quels en sont les acteurs ?
liser des compléments de formation. C’est un début pour l’individualisation de la formation en libre service pour l’apprenant.
Ce dispositif, de type 2e étage, demande une organisation plus importante que la précédente. Toutefois, il est facile à mettre en œuvre par
un formateur ou par une petite équipe pédagogique dynamique et
inventive. Des espaces disques, souvent gratuits, sont d’ailleurs disponibles sur Internet ou parfois sur l’Intranet d’entreprise pour répondre
à ce type de besoin.
Dans ce dispositif, plusieurs formateurs d’une même formation ou
d’un même organisme peuvent se mettre d’accord pour réaliser le portail. Il s’agit alors d’un travail d’équipe, c’est l’occasion de mutualiser
les contenus de formation et les méthodes pédagogiques utilisées par
chacun. Cet étage nécessite l’utilisation de techniques un peu plus
complexes :
création d’un site Web,
numérisation des contenus de formation,
médiatisation de contenus de formation.
Cet étage peut être complémentaire du premier étage de notre
fusée.
guidance à distance des apprenants
Ici la formation est structurée et centralisée, c’est un projet
déjà plus ambitieux. Le formateur souhaite aller plus loin en
structurant l’individualisation de la formation, en favorisant
les échanges entre les apprenants, et en effectuant un suivi
des documents consultés. Il n’est pas nécessaire de construire
les deux premiers étages pour envisager un dispositif de type
troisième étage. Mais c’est un projet plus complexe, qui provient de
plusieurs facteurs : la possibilité d’une progression pédagogique pour
un groupe, la multiplicité des apprenants, les bouleversements des
habitudes pédagogiques, la centralisation du suivi sur un logiciel de
type LMS (Learning Management System).
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Q Éditions d’Organisation
■ Une
Le e-learning, des techniques nouvelles au service de la pédagogie
À cette fin, une progression pédagogique est mise en ligne. La « progression » est en fait un chemin proposant des modalités de formation
synchrones et asynchrones, présentiel et distantiel, organisées pour être
le plus efficace possible sur le plan pédagogique ; des activités pédagogiques proposées peuvent être effectuées seules ou en groupe.
En proposant un parcours de formation de ce type, destiné à un apprenant ou à un groupe d’apprenants, une phase obligatoire de réflexion
pédagogique et organisationnelle est à prévoir en amont, phase menée
par l’ensemble de l’équipe pédagogique.
Le chapitre 8 de ce livre – Construire sa progression pédagogique – est
consacré à la construction de la progression pédagogique.
■ La
formation est une partie du dispositif de gestion
des connaissances et/ou de gestion des compétences
À ce quatrième étage, la formation s’insère dans un dispositif
global de gestion des ressources humaines comprenant de
nombreuses fonctionnalités et plusieurs acteurs. La formation
en est l’un des composants.
Q Éditions d’Organisation
Généralement, ce genre de dispositif, beaucoup plus ambitieux, amène à définir de manière précise les compétences
requises au sein de l’entreprise et/ou à étudier la circulation des savoirs
dans cette entreprise spécifique. Ces informations sont indispensables
pour construire ensuite un dispositif de qualité, parfaitement adapté
à la structure en présence.
En effet, l’ensemble des connaissances d’une entreprise forme un capital intellectuel « impalpable », le knowledge management (gestion du
savoir, management des connaissances). Celui-ci, une fois défini et
formalisé, permet de sauvegarder tant le savoir que les savoir-faire de
l’entreprise qui l’a mis en œuvre. Il favorise par-là même la transversalité des échanges d’informations entre les différents acteurs, détenteurs de connaissances spécialisées et d’une culture de secteur.
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Actuellement, la gestion de cette information devient difficilement
gérable en dehors de l’utilisation des nouvelles technologies, seules
aptes à la centraliser. Par cette souplesse de capitalisation, ce management des savoirs renforce, par voie de conséquence, la compétitivité
d’une entreprise.
Le concept du knowledge management, après avoir conquis les ÉtatsUnis, gagne maintenant la France. Tous les secteurs d’activités sont
potentiellement concernés par son développement.
Le savoir et le savoir-faire « fournis » par les salariés de l’entreprise
deviennent une des composantes de la formation. Même si ce « grain »
de savoir n’est pas une formation complète, telle qu’on l’entend au
sens habituel du terme, il participe au processus de formation de
l’entreprise.
Dans ce cas, la formation est une part des savoirs et savoir-faire de l’entreprise, le dispositif d’e-learning s’intégrant aisément dans le knowledge
management.
Dans le cadre d’un dispositif fondé sur la gestion des compétences, il
est indispensable de répertorier celles-ci au sein même de l’entreprise.
Dans cette perspective, il faut alors créer un référentiel de compétences
avant d’aborder véritablement la réalisation de la formation à distance,
conçue à partir de ces compétences, désormais identifiées.
Ce quatrième étage est relativement similaire au précédent, car un
parcours de formation est proposé à l’apprenant. Les seules différences
résident dans :
• La mise à plat des compétences de l’entreprise et des formations
nécessaires pour acquérir ces compétences ;
• La capitalisation des savoirs de l’ensemble des salariés et la mise
à disposition de ces savoirs et savoir-faire spécifiques à l’entreprise
afin de permettre aux salariés de se former.
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Q Éditions d’Organisation
Qu’est-ce que la formation en ligne ? Quels en sont les acteurs ?
Q Éditions d’Organisation
Le e-learning, des techniques nouvelles au service de la pédagogie
Moyens humains
Moyens techniques
Organisation
Étage 1
Un seul formateur
Simple et économique
• e-mail
• lieu d’échanges
(exemple Yahoo !
groups, Mayetic Village, etc.)
Pas d’organisation spécifique si c’est une initiative individuelle.
Si c’est une proposition
d’un organisme de formation, une organisation des formateurs
pour animer le groupe
à distance sera nécessaire.
Étage 2
Seul ou en équipe
Relativement simple et
économique
• Réalisation de site
Web
• Base de données
pour gérer les ressources
Organiser l’échange
entre les formateurs
pour qu’ils puissent
mutualiser leurs ressources.
Organiser le classement des ressources
pédagogiques.
Organiser une page
d’accueil du portail
pour qu’il soit facile
à utiliser.
Étage 3
Ensemble de l’équipe
pédagogique
L’équipe informatique
doit être impliquée
• Choix ou développement d’un LMS
Cet étage nécessite
une réflexion sur
l’organisation importante (voir les chapitres
suivants).
Étage 4
Ensemble des ressources humaines
L’équipe informatique
doit être impliquée
• Choix ou développement d’un LMS
Cet étage nécessite
une réflexion aussi
importante que l’étage
précédent.
Tableau 1.1. Les quatre types de projets e-learning
15
Qu’est-ce que la formation en ligne ? Quels en sont les acteurs ?
■ Un
tableau pour vous repérer (voir page précédente)
Quel étage choisir ? Bien entendu, vous pourrez le choisir en fonction
de vos besoins. Si vous souhaitez sensibiliser les formateurs aux nouvelles technologies pour qu’ils mutualisent leurs ressources pédagogiques, l’étage 2 est approprié. En revanche, si vous souhaitez mettre
une formation en place pour 2 000 personnes dispersées sur l’ensemble
du territoire français avec une volonté de suivi des apprenants, vous
serez peut-être obligé d’entrer dans l’étage 3 de notre fusée.
Quand fait-on réellement du e-learning ?
Q Éditions d’Organisation
Beaucoup de formateurs font déjà du e-learning sans le savoir !
Suivre les apprenants à distance après un cours présentiel (projet de
niveau 1), c’est déjà du e-learning : utiliser le réseau pour améliorer la
qualité de la formation. Le niveau 2 utilise le réseau pour mettre à
disposition des savoirs. Un tel type de projet peut être mis en œuvre
par une équipe pédagogique souple utilisant des outils techniques disponibles sur le marché. Il s’agit surtout s’instaurer un travail d’équipe
et d’effectuer une recherche documentaire.
Les niveaux 3 et 4 nécessitent davantage d’organisation et impliquent
des changements dans le processus de formation.
Quoi qu’il en soit à chaque étage le e-learning est présent...
Pour conclure, nous reprendrons la définition donnée par la commission européenne de juin 2000 : « Utilisation des nouvelles technologies
multimédias et de l’Internet pour améliorer la qualité de l’apprentissage en facilitant l’accès à de ressources et des services, ainsi que les
échanges et la collaboration à distance. »
16
Le e-learning, des techniques nouvelles au service de la pédagogie
Le e-learning, c’est la formation traditionnelle
de demain
Q Éditions d’Organisation
Quel que soit le terme choisi pour décrire cette évolution, nous pouvons constater que ce choix implique des changements dans l’organisation de la formation et permet souvent de mener une réflexion pédagogique.
Ce changement, provoqué par l’évolution technologique, est bien sûr
inévitable car Internet fait déjà partie de notre quotidien. Il paraît donc
difficile à la formation d’échapper à cette évolution.
Cet outil est fait pour améliorer la qualité de la formation et nous
pouvons, par son intermédiaire, être acteurs de ce changement.
Pour résumer, nous pourrions dire que le e-learning est un mélange
ou mixte :
de stages en présentiel et formations à distance,
de modalités de formation se déroulant en synchrone et asynchrone,
d’activités pédagogiques effectuées seul ou en groupe.
Le e-learning, ce n’est pas seulement de la formation à distance, même
si celle-ci en est une forme et ce n’est pas non plus « se retrouver seul
face au savoir », même si cela en découle.
Dans quelques années, lorsque les « nouvelles » technologies ne seront
plus si nouvelles, mais plutôt banalisées dans notre quotidien, soit nous
n’emploierons plus le terme « e-learning », soit le e-learning sera
devenu synonyme même de formation. Il n’y aura alors plus de raisons
de distinguer le e-learning de la formation. En effet, le e-learning, c’est
tout simplement de la formation avec des moyens techniques supplémentaires et une organisation anticipée pour mettre en musique la
pédagogie, qui elle est toujours identique. Son « orchestration » se réalise dans une recherche d’efficacité maximale.
Ces nouveaux moyens nous permettent de créer, aujourd’hui, dans le
virage technologique que nous vivons, de nouvelles activités à la
mesure de notre créativité et de notre imagination. C’est l’occasion de
mener une réflexion sur nos pratiques pédagogiques !
17
Qu’est-ce que la formation en ligne ? Quels en sont les acteurs ?
TÉMOIGNAGE
Un pionnier du e-learning vous livre ses conseils
«
levée par ce type de projet. Toutes
ces démarches innovantes ont dû être
conduites sous l’égide du bon sens et
de l’écoute.
À ce jour, l’évolution est considérable : Leroy Merlin en est à la
deuxième phase du projet avec ses
vingt-trois magasins dotés d’un dispositif e-learning. Quant à la troisième phase, elle quadruplera ses
ambitions en 2003 avec quatre-vingts
magasins concernés par cette nouvelle approche.
Je me permets donc maintenant de
dispenser quelques conseils à ceux
n première phase, chez Leroy
Merlin, notre projet e-learning a débuté tout simplement d’une feuille blanche et d’une
analyse de l’existant par observation
et questionnement du marché, en
particulier des distributeurs de LMS
(les plates-formes, pour parler français !). À force de sonder les différentes possibilités, il était difficile de s’y
retrouver. Un recentrage indispensable du projet a permis de se poser les
bonnes questions et de découvrir peu
à peu, par tentatives concrètes,
l’ampleur de la problématique sou-
E
18
Q Éditions d’Organisation
Aujourd’hui, Thierry Boudry est membre d’un organisme de formation
interne (Institut Développement Leroy Merlin), chargé de dispenser des formations pour l’ensemble des salariés des quatre-vingts magasins de Leroy
Merlin France. Il coordonne désormais le projet e-learning au sein de cette
entreprise, il a atteint ce niveau de compétence par sa constante attirance
pour la polyvalence et pour l’aventure passionnante que représente toute
ouverture de nouveaux chemins. En effet, il fut l’un des tout premiers à avoir
osé s’engager dans la voie du e-learning pour développer, au sein de son
entreprise, des compétences dans le domaine de la bureautique, tant sur le
métier de base que sur les connaissances techniques génériques.
Chez Leroy Merlin, le dispositif e-learning propose :
soit un complément de formation au présentiel (la formation à distance
étant un prérequis pour suivre la formation en salle),
soit un remplacement de la formation en salle, notamment pour des produits simples.
Thierry Boudry nous fait part de son expérience : les conseils sont précieux
pour négocier un virage essentiel
Le e-learning, des techniques nouvelles au service de la pédagogie
que cette aventure tenterait, car ce
sont ces conseils, justement, qui nous
ont manqué au début, quand nous
étions encore pionnier dans le
domaine. Ils nous auraient certainement fait gagner beaucoup de temps
et auraient allégé aussi certaines
angoisses. Il est en effet difficile
d’avancer sans repères.
mettre en œuvre un sens pratique
et ergonomique,
rédiger et scénariser,
planifier, organiser, négocier les
productions multimédias,
intégrer une application au sein
d’un système existant,
organiser une industrialisation de
la production des contenus et des
déploiements,
mesurer, synthétiser, motiver et
dialoguer avec les équipes,
et, enfin, comprendre un système
informatique et savoir communiquer avec les techniciens – conversations sur le mode : « Comment
va votre réseau ? – Oh ! très bien
mais le serveur fait des siennes et
le proxy crée toujours des embouteillages, mais ce n’est rien à côté
du poste client qui a le disque dur
qui plante, sans parler de la saturation des lignes ou du mauvais
entretien de la base de données...
Au fait, vous êtes sur une base
Oracle ou SQL Server ? Et vous
êtes sous IE ou Netscape, parce
que, bien entendu, ça change
tout ! »
Q Éditions d’Organisation
PREMIER CONSEIL : S’ENTOURER DE
TOUTES LES COMPÉTENCES
Avant de s’engager dans un projet
e-learning, j’insisterais tout d’abord
sur la nécessité de favoriser le développement, chez une ou plusieurs
personnes d’un même service, d’un
champ de compétences extrêmement
large. Les compétences nécessaires
pour mener un tel projet nécessitent
en effet de toucher à la négociation,
au commercial, à la pédagogie, à la
rédaction, à l’informatique... Je
pourrais les résumer en 12 cartes à
jouer nécessaires à ces nouveaux
acteurs mutants :
mener une démarche de projet et
convaincre les décideurs,
développer une stratégie marketing pour vendre le projet aux
futurs utilisateurs et à leurs managers,
créer et adapter de nouvelles pédagogies,
comprendre et adapter les contenus de formation à produire,
structurer une offre de formation
globale et innover en ingénierie de
formation,
DEUXIÈME CONSEIL : ÊTRE CONSCIENT DE SES VÉRITABLES MOTIVATIONS
Un tel projet ne peut être mis en
œuvre sans connaître la motivation
qui anime les acteurs et l’entreprise
pour un engagement de ce type. Il
s’agit ainsi de définir l’objectif précis
du projet, de se poser la question de
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Qu’est-ce que la formation en ligne ? Quels en sont les acteurs ?
fond : qu’attend mon entreprise de
cette nouvelle approche de formation ?
Qu’est-ce qui m’amène à réfléchir
sur un tel projet ?
Ai-je rédigé un cahier des charges
décrivant l’ensemble de la démarche que je souhaite mettre en
place ? Notamment :
Qu’est-ce qui va convenir à l’organisation de mon entreprise spécifique ?
Quelle approche : synchrone ou
asynchrone ?
Quelle sera la pédagogie la mieux
adaptée à mon public ?
Quelles seront les solutions techniques les plus efficaces pour servir mes objectifs pédagogiques ?
Quelles sont les solutions techniques les mieux adaptées à mon
entreprise ?
Comment amener les futurs utilisateurs à utiliser mes produits ?
Comment les accompagner ?
Ai-je impliqué mon service informatique dans les choix technologiques ?
Troisième conseil : s’appuyer sur
trois piliers
Afin de vous aider à explorer les axes
utiles à développer, vous pouvez
diviser votre projet en trois grands
thèmes clés : pédagogie, organisation, technique. Comme un tabouret
à trois pieds, si l’un de ces trois piliers
faiblit, c’est l’ensemble de l’édifice
qui est menacé : les trois doivent
donc être explorés et construits aussi
minutieusement les uns que les
autres.
L’organisation
Qui produit les contenus ?
Qui accompagne les apprenants ?
Quel niveau d’accessibilité pour les
apprenants ?
Qui donne les autorisations d’accès ?
Comment planifier les moments de
formation – d’ailleurs, faut-il les planifier ?
Qui est prévu en support technique ?
Qui est prévu en support pédagogique ?
Quel est le temps optimum des séances de formation ? (cela dépend aussi
de la pédagogie et du profil des utilisateurs...)
Qui crée et inscrit les parcours de
formation ?
Qui administre le LMS ? (Learning
Management System) ?
...
La technique
Quelle architecture par rapport à mes
besoins de bande passante ?
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Q Éditions d’Organisation
La pédagogie
Le profil de mon public : aime-t-il
lire, écrire, parler, travailler en
groupe... ?
Quelle est la culture de l’entreprise,
quel ton employer quand je
m’adresse à un collaborateur ?
Quel est le niveau moyen en bureautique de mon public ciblé ?
Quel est le niveau d’interactivité
nécessaire ?
Le e-learning, des techniques nouvelles au service de la pédagogie
Comment éviter les temps d’attente
en mode Web ?
Quelle compatibilité avec les standards de l’entreprise ?
Quelles capacités prévoir (serveur,
bande passante du réseau...) ?
Quelle configuration du poste
client ?
Qui m’accompagne dans l’entreprise
sur le projet ?
Qui gère le passage du mode test en
mode production ?
Si un projet de e-learning est en fait
un projet comme un autre, il présente cependant plus d’ampleur, plus
d’exigences, plus de coût que tout
autre sujet que vous avez pu traiter
jusque-là en formation.
Il fait autant appel à de nouvelles
technologies qu’à de nouvelles
compétences sur les 3 piliers.
Les erreurs coûtent cher et sont
complexes à rattraper ; il est ici, plus
que jamais, utile de réfléchir avant
d’agir !
La quasi-totalité des investissements
(souvent lourds) s’opère avant de
distribuer quoi que ce soit, cela
induit une confiance sans faille de la
part des dirigeants !
Toutefois, en avançant pas à pas, un
projet e-learning devient rapidement
viable. Seule, une méthode exigeante
de conduite de projet le rendra
ensuite concret ! Ce livre peut en être
le vecteur. »
Q Éditions d’Organisation
Thierry Boudry
Leroy Merlin
[email protected]
www.leroymerlin.fr
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