Pour approfondir vos connaissances du E-learning
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Pour approfondir vos connaissances du E-learning
Anne BOUTHRY – Christophe JOURDAIN Construire son projet de formation en ligne Préface de Sandra Bellier Directrice du développement e-business du groupe Adecco © Éditions d'Organisation, 2003 ISBN : 2-7081-2854-X CHAPITRE 1 Q Éditions d’Organisation Le e-learning, des techniques nouvelles au service de la pédagogie Au tout début de l’an 2000, à la lecture de la presse, à l’écoute des médias, on a pu imaginer que le e-learning allait désormais révolutionner le monde de la formation : les apprenants n’auraient plus besoin de se déplacer, les formateurs seraient au chômage ou deviendraient de simples moniteurs. Chacun d’entre nous découvrirait le privilège d’apprendre (presque gratuitement !) n’importe quoi, n’importe quand et n’importe où... L’autonomie parfaite semblait poindre à l’orée de notre avenir. Cette hypothétique évolution est venue du fait que les contenus de formation deviennent consultables par Internet, dans la plus grande réactivité possible, par tuyaux interposés qui apportent directement « à domicile » l’information nécessaire. Aujourd’hui, chacun peut en effet se servir de son ordinateur de bureau pour faire évoluer ses connaissances, à son propre rythme, selon ses besoins ponctuels. Ces perspectives évoluent actuellement. Il semble que les formateurs, par exemple, vont devoir jouer de nouveaux rôles, entre autres dans le domaine de l’ingénierie pédagogique : les ressources ne se mettent pas seules en ligne, surtout lorsqu’elles doivent être ajustées pédago3 Qu’est-ce que la formation en ligne ? Quels en sont les acteurs ? 1. Les Formateurs face aux nouvelles technologies : le sens du changement de Emmanuelle Annoot. Ce livre a été écrit dans le cadre d’une étude sur les nouvelles technologies dans les CFA. 4 Q Éditions d’Organisation giquement à un nouveau support électronique. Cependant, la mise à disposition de savoirs ne signifie pas obligatoirement formation, car une activité pédagogique est indispensable. De surcroît, le présentiel persiste à faire partie prenante des dispositifs e-learning. Les formateurs vont donc, non pas réduire leurs activités, mais les multiplier, voire les amplifier sur des champs différents. Toutefois, que cachent les mots magiques « e-learning », « e-formation » ou « FOAD » ? Que dissimule cette nouvelle réalité pour l’apprenant ? Est-ce que les modes d’apprentissage vont complètement changer pour lui ? A-t-il à sa disposition de nouveaux moyens d’acquisition de compétences ? Oui, le « monde Internet » entre dans le monde de la formation et le bouleverse, mais les nouvelles technologies étaient déjà présentes bien avant Internet depuis une vingtaine d’années. En effet, dans les années quatre-vingt – quatre-vingt-dix, l’EAO était à l’ordre du jour, des milliers d’heures de contenu de formation ont été « médiatisés ». On a cru alors que l’apprenant pouvait apprendre seul devant son ordinateur, plus particulièrement dans les années quatre-vingt-dix lorsque la technique du multimédia l’a rendu possible. Il y eut alors une croyance qui associait « l’utilisation d’un didacticiel à la notion d’efficacité de la formation1 ». D’ailleurs cette croyance n’est peut-être toujours pas dépassée ! Le e-learning, quant à lui, a vraiment pris naissance dans un laps de temps s’étalant entre les années quatre-vingt-dix et le début des années 2000. Il est associé à l’utilisation d’Internet dans la formation. Tentons de définir tout d’abord ce que signifient ces néologismes anglais « e-learning » ou français « e-formation », « FOAD » » et voyons quelles réalités ils recouvrent concrètement en formation. Le e-learning, des techniques nouvelles au service de la pédagogie E-learning, e-formation, formation ouverte et à distance (FOAD)... Q Éditions d’Organisation Dans le domaine mouvant et novateur des technologies de l’information et de la communication, l’une des premières difficultés réside dans le vocabulaire permettant d’obtenir une compréhension sereine et simple d’un nouveau concept. En ce qui concerne le e-learning, l’abondance des termes, sigles, acronymes concurrents – et pour la plupart quasiment synonymes – utilisés ces dernières années par les acteurs du secteur pour désigner cette nouvelle voie de formation, ne peut manquer de semer la confusion et le doute dans les esprits : e-learning, e-formation, formation ouverte et à distance (FOAD), technologies de l’information et de la communication pour l’éducation (TICE), enseignement assisté par ordinateur (EAO), nouvelles technologies éducatives (NTE) : autant de variantes d’expressions utilisées aujourd’hui pour désigner un mode de formation ou d’apprentissage différent de la formation classique (communément appelée « formation en présentiel »). Le e-learning représente, avec Internet, l’évolution la plus récente de la bien connue formation à distance qui s’appuie depuis longtemps sur des moyens de communication à disposition comme le courrier, le téléphone, le minitel... Comme vous avez pu le constater précédemment, nous avons choisi d’utiliser le terme « e-learning », associé à sa version française « e-formation », tout en étant conscients que celui-ci n’est pas forcément le plus pertinent et qu’il sera peut-être obsolète dans les temps à venir. ■ Une définition en mouvement Essayons d’expliciter cependant un peu tous ces concepts. En 1999, la profession utilisait les termes de nouvelles technologies de la formation (NTF) ou nouvelles technologies éducatives (NTE) ou encore téléformation. Cette terminologie un peu lourde tend à être abandonnée aujourd’hui au profit de l’anglicisme e-learning, assorti de sa « traduc5 Qu’est-ce que la formation en ligne ? Quels en sont les acteurs ? tion » française e-formation. La formation ouverte et à distance – sigle FOAD – est aussi un terme employé actuellement. L’hésitation rencontrée ici sur le choix d’un mot ou expression française, porteurs de ce nouveau concept, n’est pas anodine : elle signifie que l’on est en présence d’une activité dont le contenu et les contours ne sont pas encore stabilisés. les mots vous manquent En France, nous « formons », certes, dans le cadre de la formation continue pour adultes, mais nous ne cessons d’« éduquer » ou d’« enseigner » dans le cadre de la formation initiale. Toutefois, comme partout ailleurs, nous devons aussi « apprendre » tout au long de la vie. Formation, éducation, enseignement, apprentissage : quatre termes différents pour désigner, sous diverses appellations, la transmission et l’acquisition de savoirs et de compétences. Vers lequel s’orienter ? Il est à noter qu’en français, « apprendre » peut s’employer selon une double acception : sous l’angle du professeur qui enseigne et sous l’angle de l’élève qui reçoit l’enseignement. La langue française manque ici de précision. En effet, elle désigne par le même terme les notions d’enseignement et d’apprentissage, là où, de manière plus fine, l’anglais distingue teaching de learning. Learning signifie que l’apprenant est en situation d’apprentissage et donc, on peut supposer, plus actif dans l’acquisition des savoirs. Le mot teaching est réservé, quant à lui, au professeur chargé d’enseigner un savoir à des apprenants de manière plus formelle. Les Anglais disposent en outre du mot training pour désigner l’ensemble de la formation en elle-même. En français, le terme apprentissage serait peut-être le plus adéquat pour désigner le e-learning. Mais actuellement, la notion d’apprentissage est étroitement associée à l’apprentissage en alternance et une nouvelle confusion pourrait s’installer. Nous pourrions, sans cette référence trop prégnante, faire de l’e-apprentissage ! 6 Q Éditions d’Organisation ■ Quand Le e-learning, des techniques nouvelles au service de la pédagogie ■ Très français le sigle FOAD Formation ouverte et à distance (FOAD) est aussi, nous venons de le voir, un sigle très utilisé aujourd’hui. Il a été défini par le collectif de Chasseneuil, qui s’est réuni en mars 2000 avec un certain nombre d’acteurs du marché1. La définition suivante a alors été proposée. « Une formation ouverte et à distance : est un dispositif organisé, finalisé, reconnu comme tel par les acteurs, qui prend en compte la singularité des personnes dans leurs dimensions individuelle et collective, et repose sur des situations d’apprentissage complémentaires et plurielles en termes de temps, de lieux, de médiations pédagogiques humaines et technologiques, et de ressources. » Le terme FOAD (formation ouverte à distance) est cependant peu explicite en soi : il fait référence à la distance, mais pas aux technologies. Il faut lire en effet la définition qui en est donnée par le collectif pour comprendre que le type de formation désigné par ce terme prend en compte cette médiation technologique. Le « O » de Ouvert présente l’avantage, en revanche, de donner une idée d’ouverture propre à une formation contenant plusieurs activités pédagogiques : par exemple du présentiel et du distantiel, de la lecture sur papier, sur écran, etc. Q Éditions d’Organisation ■ Pourquoi avons-nous privilégié le terme e-learning ? Notre choix, parmi les termes énoncés ci-dessus, ne relève pas du hasard. Ces termes ne sauraient de plus se substituer les uns aux autres par simple équivalence. Chaque concept exprime de manière très subtile (même de façon peu apparente au premier abord), une orientation vers un type d’organisation, de méthodes pédagogiques, de techniques 1. Voir le rapport complet avec la liste des participants sur le site du FFFOD http ://www.fffod.org sous la rubrique L’espace documentaire, Les textes et rapports, Les textes divers, Conférence Consensus 7 Qu’est-ce que la formation en ligne ? Quels en sont les acteurs ? spécifiques permettant à des personnes d’accroître leur capital de connaissances ou de savoirs et d’acquérir ainsi des compétences supplémentaires. Le terme choisi ne sera donc pas neutre : on voit certains acteurs privilégier des sigles faisant plutôt référence à la technologie utilisée – par exemple technologie de l’information et de la communication (TIC), formation multimédia –, d’autres des sigles plus orientés vers la pédagogie – par exemple autoformation. D’autres enfin insistent, par leur choix, sur le positionnement des acteurs dans le dispositif : c’est le cas de e-learning ou de e-formation. La volonté terminologique de « learning » révèle une pédagogie centrée sur « l’apprendre » et non sur le « transmettre ». En effet, il ne s’agit pas de distribuer des cours en ligne mais de proposer à l’apprenant des ressources en termes de connaissances et de méthodologies. Celles-ci lui permettront d’acquérir des compétences en les mettant en action. Nous choisissons finalement le mot « e-learning » pour cette raison puisqu’il permet de repositionner la formation sur l’apprentissage, le « e » exprimant explicitement la référence aux technologies. Mais, quoi qu’il arrive, l’usage l’emportera. Si nous considérons que le e-learning a débuté, en formation, avec l’introduction d’Internet dans la formation, tout en gardant une partie de son histoire (EAO) par la médiatisation des contenus, nous pouvons distinguer quatre types de projets e-learning : du plus simple au plus complexe. Ces différentes catégories pourront vous aider à envisager le degré de complexité de votre éventuel projet. De l’ampleur de son ambition de départ vont découler les forces à déployer et le budget nécessaire à prévoir. Et pour rendre explicites les différents exemples développés au cours de cet ouvrage, nous nous référerons régulièrement à ces quatre catégories. 8 Q Éditions d’Organisation Quatre types de projets e-learning Le e-learning, des techniques nouvelles au service de la pédagogie Imaginons, pour plus de clarté, que votre projet soit assimilé à la construction d’une fusée, plus ou moins sophistiquée, d’un à quatre étages, détachables selon les choix d’étapes de votre voyage. Il s’agit pour vous, en amont, lors des préparatifs, d’avoir l’ambition de construire la fusée correspondant à vos moyens, parfaitement adaptée à la destination que vous avez choisie. Avec elle, si vous avez fait les bons choix, vous effectuerez un atterrissage sans risques à l’endroit correspondant à vos objectifs de départ ! Q Éditions d’Organisation ■ Un outil d’aide aux formateurs Le premier étage est la concrétisation d’un dispositif simple réclamant peu de moyens techniques. Sur l’initiative du formateur assurant un cours en face à face pédagogique, ce dispositif utilise les nouvelles technologies pour préparer et prolonger la relation d’apprentissage avec son groupe. Le formateur vient de terminer sa formation en présentiel, un suivi de la formation s’avère souvent indispensable pour répondre aux questions de l’apprenant dans le cadre de son travail. Cela peut être aussi le cas lorsque le formateur souhaite préparer la formation avec les apprenants avant la formation en présentiel. En créant une communauté « virtuelle », les stagiaires sont en mesure de poursuivre ou d’anticiper des échanges dans une liste de diffusion, de partager des documents, d’organiser un chat, le formateur devenant alors tuteur à distance. Initiative individuelle du formateur, ce dispositif peut être géré facilement comme complément aux formations présentielles classiques. Si vous décidez de diminuer le temps de présentiel pour gérer une partie de la formation à distance par ce moyen, cela générera des procédures de mise en place et mobilisera un temps important pour le formateur. Bien conduit, ce dispositif peut s’avérer très efficace. Toutefois, nous attirons l’attention sur le fait que, si le formateur veut devenir un excellent animateur de son groupe, il devra y passer du temps. 9 Qu’est-ce que la formation en ligne ? Quels en sont les acteurs ? Par ailleurs, pour mettre en œuvre la communauté virtuelle, il est indispensable que l’ensemble des apprenants et le formateur aient une adresse e-mail ainsi qu’une connexion à Internet. Pour créer cette communauté virtuelle, vous pouvez utiliser des outils comme Yahoo ! groups ou Mayeticvillage1.... C’est gratuit et très facile à mettre en œuvre. Ces outils introduisent l’idée du tutorat et du soutien à la formation dite classique. ■ Un portail qui donne un accès autonome à des documents pédagogiques Ce deuxième étage du dispositif met à la disposition des apprenants des documents pédagogiques sous forme numérique. Une page d’accueil Web offre des liens vers des contenus numérisés ou vers des sites en étroite relation avec le sujet d’apprentissage. Cette page d’accueil devient en quelque sorte un portail spécifique au service d’une matière, d’un métier ou d’une formation. des évaluations de connaissances pour contrôler le degré de compréhension d’un cours en présentiel, une liste de sites Web ou webographie à consulter sur la matière ou le sujet enseigné, une bibliographie, des documents numérisés pour compléter des connaissances, 1. www.yahoo.fr vous permet de créer un e-groups avec une liste de diffusion, un agenda commun, un chat, un espace pour les documents. Un excellent site : http ://www.mayeticvillage.fr mis à disposition par la société Mayetic (spécialisée dans le travail collaboratif). Vous pouvez créer gratuitement votre espace d’échange. Le site est géré notamment par le logiciel QuickPlace (logiciel de travail collaboratif de chez Lotus). 10 Q Éditions d’Organisation Elle ouvre accès à une formation, ou à un complément de formation en libre service, au moyen de documents numérisés mis à disposition des apprenants. Ce sont par exemple : Le e-learning, des techniques nouvelles au service de la pédagogie des fiches de méthodes conçues pour résoudre un problème, des fiches d’instruction de lecture, etc. des résumés de cours, une liste de ressources pédagogiques à consulter dans un centre de ressources, sous forme de fichiers multimédias, livres, etc. des contenus de formation numériques et multimédias existant sur le marché ou réalisés par les formateurs. Ce deuxième étage de fusée peut être aussi l’occasion de créer des contenus numériques et multimédias utilisables par le formateur pour appuyer son discours lors de son cours en face à face pédagogique. Parfois, en effet, les apprenants éprouvent des difficultés à visualiser et à comprendre une problématique d’ordre très concret. Or, un schéma associé à une activité interactive menée par le formateur, proposée sur micro-ordinateur, sera forcément plus explicite. Dans ce cas, le formateur choisit de développer une ressource avec l’aide de logiciels « auteurs » proposés par le marché : c’est ainsi le cas de PowerPoint, d’utilisation simple, ne réclamant pas de compétences informatiques très pointues et permettant rapidement des résultats très performants. Q Éditions d’Organisation L’approche est moins facile avec des logiciels comme Flash, ToolBook, Macromedia Director, Authorware, etc. qui nécessitent une bonne connaissance informatique, d’où le besoin, dans ce cas, de faire appel à des spécialistes susceptibles de développer les ressources souhaitées par le biais de ces outils. Deux chapitres de ce livre sont consacrés à la scénarisation des contenus de formation (Chapitre 10 Scénariser ses contenus de formation et chapitre 11 La scénarisation d’une séquence). Un formateur peut utiliser les ressources pédagogiques du portail dans son cours en présentiel. Le portail peut être utilisé par les apprenants à distance ou dans un centre de ressources et c’est le moyen de revoir des cours ou de visua11 Qu’est-ce que la formation en ligne ? Quels en sont les acteurs ? liser des compléments de formation. C’est un début pour l’individualisation de la formation en libre service pour l’apprenant. Ce dispositif, de type 2e étage, demande une organisation plus importante que la précédente. Toutefois, il est facile à mettre en œuvre par un formateur ou par une petite équipe pédagogique dynamique et inventive. Des espaces disques, souvent gratuits, sont d’ailleurs disponibles sur Internet ou parfois sur l’Intranet d’entreprise pour répondre à ce type de besoin. Dans ce dispositif, plusieurs formateurs d’une même formation ou d’un même organisme peuvent se mettre d’accord pour réaliser le portail. Il s’agit alors d’un travail d’équipe, c’est l’occasion de mutualiser les contenus de formation et les méthodes pédagogiques utilisées par chacun. Cet étage nécessite l’utilisation de techniques un peu plus complexes : création d’un site Web, numérisation des contenus de formation, médiatisation de contenus de formation. Cet étage peut être complémentaire du premier étage de notre fusée. guidance à distance des apprenants Ici la formation est structurée et centralisée, c’est un projet déjà plus ambitieux. Le formateur souhaite aller plus loin en structurant l’individualisation de la formation, en favorisant les échanges entre les apprenants, et en effectuant un suivi des documents consultés. Il n’est pas nécessaire de construire les deux premiers étages pour envisager un dispositif de type troisième étage. Mais c’est un projet plus complexe, qui provient de plusieurs facteurs : la possibilité d’une progression pédagogique pour un groupe, la multiplicité des apprenants, les bouleversements des habitudes pédagogiques, la centralisation du suivi sur un logiciel de type LMS (Learning Management System). 12 Q Éditions d’Organisation ■ Une Le e-learning, des techniques nouvelles au service de la pédagogie À cette fin, une progression pédagogique est mise en ligne. La « progression » est en fait un chemin proposant des modalités de formation synchrones et asynchrones, présentiel et distantiel, organisées pour être le plus efficace possible sur le plan pédagogique ; des activités pédagogiques proposées peuvent être effectuées seules ou en groupe. En proposant un parcours de formation de ce type, destiné à un apprenant ou à un groupe d’apprenants, une phase obligatoire de réflexion pédagogique et organisationnelle est à prévoir en amont, phase menée par l’ensemble de l’équipe pédagogique. Le chapitre 8 de ce livre – Construire sa progression pédagogique – est consacré à la construction de la progression pédagogique. ■ La formation est une partie du dispositif de gestion des connaissances et/ou de gestion des compétences À ce quatrième étage, la formation s’insère dans un dispositif global de gestion des ressources humaines comprenant de nombreuses fonctionnalités et plusieurs acteurs. La formation en est l’un des composants. Q Éditions d’Organisation Généralement, ce genre de dispositif, beaucoup plus ambitieux, amène à définir de manière précise les compétences requises au sein de l’entreprise et/ou à étudier la circulation des savoirs dans cette entreprise spécifique. Ces informations sont indispensables pour construire ensuite un dispositif de qualité, parfaitement adapté à la structure en présence. En effet, l’ensemble des connaissances d’une entreprise forme un capital intellectuel « impalpable », le knowledge management (gestion du savoir, management des connaissances). Celui-ci, une fois défini et formalisé, permet de sauvegarder tant le savoir que les savoir-faire de l’entreprise qui l’a mis en œuvre. Il favorise par-là même la transversalité des échanges d’informations entre les différents acteurs, détenteurs de connaissances spécialisées et d’une culture de secteur. 13 Actuellement, la gestion de cette information devient difficilement gérable en dehors de l’utilisation des nouvelles technologies, seules aptes à la centraliser. Par cette souplesse de capitalisation, ce management des savoirs renforce, par voie de conséquence, la compétitivité d’une entreprise. Le concept du knowledge management, après avoir conquis les ÉtatsUnis, gagne maintenant la France. Tous les secteurs d’activités sont potentiellement concernés par son développement. Le savoir et le savoir-faire « fournis » par les salariés de l’entreprise deviennent une des composantes de la formation. Même si ce « grain » de savoir n’est pas une formation complète, telle qu’on l’entend au sens habituel du terme, il participe au processus de formation de l’entreprise. Dans ce cas, la formation est une part des savoirs et savoir-faire de l’entreprise, le dispositif d’e-learning s’intégrant aisément dans le knowledge management. Dans le cadre d’un dispositif fondé sur la gestion des compétences, il est indispensable de répertorier celles-ci au sein même de l’entreprise. Dans cette perspective, il faut alors créer un référentiel de compétences avant d’aborder véritablement la réalisation de la formation à distance, conçue à partir de ces compétences, désormais identifiées. Ce quatrième étage est relativement similaire au précédent, car un parcours de formation est proposé à l’apprenant. Les seules différences résident dans : • La mise à plat des compétences de l’entreprise et des formations nécessaires pour acquérir ces compétences ; • La capitalisation des savoirs de l’ensemble des salariés et la mise à disposition de ces savoirs et savoir-faire spécifiques à l’entreprise afin de permettre aux salariés de se former. 14 Q Éditions d’Organisation Qu’est-ce que la formation en ligne ? Quels en sont les acteurs ? Q Éditions d’Organisation Le e-learning, des techniques nouvelles au service de la pédagogie Moyens humains Moyens techniques Organisation Étage 1 Un seul formateur Simple et économique • e-mail • lieu d’échanges (exemple Yahoo ! groups, Mayetic Village, etc.) Pas d’organisation spécifique si c’est une initiative individuelle. Si c’est une proposition d’un organisme de formation, une organisation des formateurs pour animer le groupe à distance sera nécessaire. Étage 2 Seul ou en équipe Relativement simple et économique • Réalisation de site Web • Base de données pour gérer les ressources Organiser l’échange entre les formateurs pour qu’ils puissent mutualiser leurs ressources. Organiser le classement des ressources pédagogiques. Organiser une page d’accueil du portail pour qu’il soit facile à utiliser. Étage 3 Ensemble de l’équipe pédagogique L’équipe informatique doit être impliquée • Choix ou développement d’un LMS Cet étage nécessite une réflexion sur l’organisation importante (voir les chapitres suivants). Étage 4 Ensemble des ressources humaines L’équipe informatique doit être impliquée • Choix ou développement d’un LMS Cet étage nécessite une réflexion aussi importante que l’étage précédent. Tableau 1.1. Les quatre types de projets e-learning 15 Qu’est-ce que la formation en ligne ? Quels en sont les acteurs ? ■ Un tableau pour vous repérer (voir page précédente) Quel étage choisir ? Bien entendu, vous pourrez le choisir en fonction de vos besoins. Si vous souhaitez sensibiliser les formateurs aux nouvelles technologies pour qu’ils mutualisent leurs ressources pédagogiques, l’étage 2 est approprié. En revanche, si vous souhaitez mettre une formation en place pour 2 000 personnes dispersées sur l’ensemble du territoire français avec une volonté de suivi des apprenants, vous serez peut-être obligé d’entrer dans l’étage 3 de notre fusée. Quand fait-on réellement du e-learning ? Q Éditions d’Organisation Beaucoup de formateurs font déjà du e-learning sans le savoir ! Suivre les apprenants à distance après un cours présentiel (projet de niveau 1), c’est déjà du e-learning : utiliser le réseau pour améliorer la qualité de la formation. Le niveau 2 utilise le réseau pour mettre à disposition des savoirs. Un tel type de projet peut être mis en œuvre par une équipe pédagogique souple utilisant des outils techniques disponibles sur le marché. Il s’agit surtout s’instaurer un travail d’équipe et d’effectuer une recherche documentaire. Les niveaux 3 et 4 nécessitent davantage d’organisation et impliquent des changements dans le processus de formation. Quoi qu’il en soit à chaque étage le e-learning est présent... Pour conclure, nous reprendrons la définition donnée par la commission européenne de juin 2000 : « Utilisation des nouvelles technologies multimédias et de l’Internet pour améliorer la qualité de l’apprentissage en facilitant l’accès à de ressources et des services, ainsi que les échanges et la collaboration à distance. » 16 Le e-learning, des techniques nouvelles au service de la pédagogie Le e-learning, c’est la formation traditionnelle de demain Q Éditions d’Organisation Quel que soit le terme choisi pour décrire cette évolution, nous pouvons constater que ce choix implique des changements dans l’organisation de la formation et permet souvent de mener une réflexion pédagogique. Ce changement, provoqué par l’évolution technologique, est bien sûr inévitable car Internet fait déjà partie de notre quotidien. Il paraît donc difficile à la formation d’échapper à cette évolution. Cet outil est fait pour améliorer la qualité de la formation et nous pouvons, par son intermédiaire, être acteurs de ce changement. Pour résumer, nous pourrions dire que le e-learning est un mélange ou mixte : de stages en présentiel et formations à distance, de modalités de formation se déroulant en synchrone et asynchrone, d’activités pédagogiques effectuées seul ou en groupe. Le e-learning, ce n’est pas seulement de la formation à distance, même si celle-ci en est une forme et ce n’est pas non plus « se retrouver seul face au savoir », même si cela en découle. Dans quelques années, lorsque les « nouvelles » technologies ne seront plus si nouvelles, mais plutôt banalisées dans notre quotidien, soit nous n’emploierons plus le terme « e-learning », soit le e-learning sera devenu synonyme même de formation. Il n’y aura alors plus de raisons de distinguer le e-learning de la formation. En effet, le e-learning, c’est tout simplement de la formation avec des moyens techniques supplémentaires et une organisation anticipée pour mettre en musique la pédagogie, qui elle est toujours identique. Son « orchestration » se réalise dans une recherche d’efficacité maximale. Ces nouveaux moyens nous permettent de créer, aujourd’hui, dans le virage technologique que nous vivons, de nouvelles activités à la mesure de notre créativité et de notre imagination. C’est l’occasion de mener une réflexion sur nos pratiques pédagogiques ! 17 Qu’est-ce que la formation en ligne ? Quels en sont les acteurs ? TÉMOIGNAGE Un pionnier du e-learning vous livre ses conseils « levée par ce type de projet. Toutes ces démarches innovantes ont dû être conduites sous l’égide du bon sens et de l’écoute. À ce jour, l’évolution est considérable : Leroy Merlin en est à la deuxième phase du projet avec ses vingt-trois magasins dotés d’un dispositif e-learning. Quant à la troisième phase, elle quadruplera ses ambitions en 2003 avec quatre-vingts magasins concernés par cette nouvelle approche. Je me permets donc maintenant de dispenser quelques conseils à ceux n première phase, chez Leroy Merlin, notre projet e-learning a débuté tout simplement d’une feuille blanche et d’une analyse de l’existant par observation et questionnement du marché, en particulier des distributeurs de LMS (les plates-formes, pour parler français !). À force de sonder les différentes possibilités, il était difficile de s’y retrouver. Un recentrage indispensable du projet a permis de se poser les bonnes questions et de découvrir peu à peu, par tentatives concrètes, l’ampleur de la problématique sou- E 18 Q Éditions d’Organisation Aujourd’hui, Thierry Boudry est membre d’un organisme de formation interne (Institut Développement Leroy Merlin), chargé de dispenser des formations pour l’ensemble des salariés des quatre-vingts magasins de Leroy Merlin France. Il coordonne désormais le projet e-learning au sein de cette entreprise, il a atteint ce niveau de compétence par sa constante attirance pour la polyvalence et pour l’aventure passionnante que représente toute ouverture de nouveaux chemins. En effet, il fut l’un des tout premiers à avoir osé s’engager dans la voie du e-learning pour développer, au sein de son entreprise, des compétences dans le domaine de la bureautique, tant sur le métier de base que sur les connaissances techniques génériques. Chez Leroy Merlin, le dispositif e-learning propose : soit un complément de formation au présentiel (la formation à distance étant un prérequis pour suivre la formation en salle), soit un remplacement de la formation en salle, notamment pour des produits simples. Thierry Boudry nous fait part de son expérience : les conseils sont précieux pour négocier un virage essentiel Le e-learning, des techniques nouvelles au service de la pédagogie que cette aventure tenterait, car ce sont ces conseils, justement, qui nous ont manqué au début, quand nous étions encore pionnier dans le domaine. Ils nous auraient certainement fait gagner beaucoup de temps et auraient allégé aussi certaines angoisses. Il est en effet difficile d’avancer sans repères. mettre en œuvre un sens pratique et ergonomique, rédiger et scénariser, planifier, organiser, négocier les productions multimédias, intégrer une application au sein d’un système existant, organiser une industrialisation de la production des contenus et des déploiements, mesurer, synthétiser, motiver et dialoguer avec les équipes, et, enfin, comprendre un système informatique et savoir communiquer avec les techniciens – conversations sur le mode : « Comment va votre réseau ? – Oh ! très bien mais le serveur fait des siennes et le proxy crée toujours des embouteillages, mais ce n’est rien à côté du poste client qui a le disque dur qui plante, sans parler de la saturation des lignes ou du mauvais entretien de la base de données... Au fait, vous êtes sur une base Oracle ou SQL Server ? Et vous êtes sous IE ou Netscape, parce que, bien entendu, ça change tout ! » Q Éditions d’Organisation PREMIER CONSEIL : S’ENTOURER DE TOUTES LES COMPÉTENCES Avant de s’engager dans un projet e-learning, j’insisterais tout d’abord sur la nécessité de favoriser le développement, chez une ou plusieurs personnes d’un même service, d’un champ de compétences extrêmement large. Les compétences nécessaires pour mener un tel projet nécessitent en effet de toucher à la négociation, au commercial, à la pédagogie, à la rédaction, à l’informatique... Je pourrais les résumer en 12 cartes à jouer nécessaires à ces nouveaux acteurs mutants : mener une démarche de projet et convaincre les décideurs, développer une stratégie marketing pour vendre le projet aux futurs utilisateurs et à leurs managers, créer et adapter de nouvelles pédagogies, comprendre et adapter les contenus de formation à produire, structurer une offre de formation globale et innover en ingénierie de formation, DEUXIÈME CONSEIL : ÊTRE CONSCIENT DE SES VÉRITABLES MOTIVATIONS Un tel projet ne peut être mis en œuvre sans connaître la motivation qui anime les acteurs et l’entreprise pour un engagement de ce type. Il s’agit ainsi de définir l’objectif précis du projet, de se poser la question de 19 Qu’est-ce que la formation en ligne ? Quels en sont les acteurs ? fond : qu’attend mon entreprise de cette nouvelle approche de formation ? Qu’est-ce qui m’amène à réfléchir sur un tel projet ? Ai-je rédigé un cahier des charges décrivant l’ensemble de la démarche que je souhaite mettre en place ? Notamment : Qu’est-ce qui va convenir à l’organisation de mon entreprise spécifique ? Quelle approche : synchrone ou asynchrone ? Quelle sera la pédagogie la mieux adaptée à mon public ? Quelles seront les solutions techniques les plus efficaces pour servir mes objectifs pédagogiques ? Quelles sont les solutions techniques les mieux adaptées à mon entreprise ? Comment amener les futurs utilisateurs à utiliser mes produits ? Comment les accompagner ? Ai-je impliqué mon service informatique dans les choix technologiques ? Troisième conseil : s’appuyer sur trois piliers Afin de vous aider à explorer les axes utiles à développer, vous pouvez diviser votre projet en trois grands thèmes clés : pédagogie, organisation, technique. Comme un tabouret à trois pieds, si l’un de ces trois piliers faiblit, c’est l’ensemble de l’édifice qui est menacé : les trois doivent donc être explorés et construits aussi minutieusement les uns que les autres. L’organisation Qui produit les contenus ? Qui accompagne les apprenants ? Quel niveau d’accessibilité pour les apprenants ? Qui donne les autorisations d’accès ? Comment planifier les moments de formation – d’ailleurs, faut-il les planifier ? Qui est prévu en support technique ? Qui est prévu en support pédagogique ? Quel est le temps optimum des séances de formation ? (cela dépend aussi de la pédagogie et du profil des utilisateurs...) Qui crée et inscrit les parcours de formation ? Qui administre le LMS ? (Learning Management System) ? ... La technique Quelle architecture par rapport à mes besoins de bande passante ? 20 Q Éditions d’Organisation La pédagogie Le profil de mon public : aime-t-il lire, écrire, parler, travailler en groupe... ? Quelle est la culture de l’entreprise, quel ton employer quand je m’adresse à un collaborateur ? Quel est le niveau moyen en bureautique de mon public ciblé ? Quel est le niveau d’interactivité nécessaire ? Le e-learning, des techniques nouvelles au service de la pédagogie Comment éviter les temps d’attente en mode Web ? Quelle compatibilité avec les standards de l’entreprise ? Quelles capacités prévoir (serveur, bande passante du réseau...) ? Quelle configuration du poste client ? Qui m’accompagne dans l’entreprise sur le projet ? Qui gère le passage du mode test en mode production ? Si un projet de e-learning est en fait un projet comme un autre, il présente cependant plus d’ampleur, plus d’exigences, plus de coût que tout autre sujet que vous avez pu traiter jusque-là en formation. Il fait autant appel à de nouvelles technologies qu’à de nouvelles compétences sur les 3 piliers. Les erreurs coûtent cher et sont complexes à rattraper ; il est ici, plus que jamais, utile de réfléchir avant d’agir ! La quasi-totalité des investissements (souvent lourds) s’opère avant de distribuer quoi que ce soit, cela induit une confiance sans faille de la part des dirigeants ! Toutefois, en avançant pas à pas, un projet e-learning devient rapidement viable. Seule, une méthode exigeante de conduite de projet le rendra ensuite concret ! Ce livre peut en être le vecteur. » Q Éditions d’Organisation Thierry Boudry Leroy Merlin [email protected] www.leroymerlin.fr 21