La culture du lin graine
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La culture du lin graine
herbivores 36 / 15 juin 2012 Ce document provient de l’Agrithèque. Toute reproduction sous quelque forme que ce soit, n’est autorisée que dans le cadre de l’usage privé du copiste ou après autorisation obtenue auprès des Chambres d’Agriculture de Bretagne. Et pourquoi pas cultiver du lin graine ? Porte ouverte Association Lin Tradition Ouest le 15 mai 2012 autour d’une parcelle de lin graine d’hiver. Une cinquantaine d’agriculteurs sont venus découvrir la culture. Plusieurs ateliers ont été présentés: un pôle implantation et récolte, un pôle sur l’itinéraire cultural, un pôle contractualisation et un dernier sur la filière Lin Tradition Ouest et Bleu Blanc Cœur. Beaucoup d’agriculteurs bretons sont en recherche de nouvelles cultures sur leur exploitation pour plusieurs raisons : allongement et diversité des rotations, économiques avec une culture sous contrat supplémentaire... Le lin graine d’hiver peut être une des possibilités pour introduire une culture de diversification dans les assolements. Le débouché existe via l’association Lin Tradition Ouest qui coordonne la production et la valorisation via des contrats dès le semis. Cependant, cette culture longtemps considérée comme "facile" : on sème et on récolte doit être conduite en tenant compte de plusieurs éléments techniques si on veut assurer une bonne rentabilité technicoéconomique. Par Valérie de Baynast Pôle Herbivore [email protected] Le premier élément clé est le choix de la parcelle. Il faut privilégier des sols profonds et légèrement acides. Il paraît évident qu’une parcelle avec un potentiel de rendement en blé de 60 à 65 quintaux aura du mal à assurer 25 quintaux en lin. En terre humide, la crainte sera le gel mécanique et donc des pertes de pieds. De plus, le lin craint un manque d’eau au moment de la floraison en mai. Les terres doivent avoir une bonne réserve hydrique, on évitera donc les terres sableuses. Un autre point important est une bonne préparation du sol. La culture est adaptée aux implantations sans labour, à condition que le sol soit bien structuré en profondeur. Il faut rechercher une structure type colza, légèrement motteux en surface sur un sol rappuyé à 1-2 centimètres de profondeur. Eviter les sols creux et soufflés. Semer début octobre La date de semis est un autre point crucial : du 1er au 10 octobre est la période idéale avec un semoir à céréales classique. Attention à ne pas semer trop dense, sous peine de verse. Le lin est une plante peu couvrante et sensible à la concurrence des mauvaises herbes. Le désherbage ne doit pas être négligé. Un anti-dicotylédones à l’automne et au printemps et un anti-graminées au printemps sont couramment appliqués. Protéger contre la septoriose Il est impératif de protéger le lin contre la courbure du pied et la septoriose. Il faut respecter un intervalle de 6 ans entre 2 cultures de lin. Une application de fongicide à l’automne est indispensable. Au printemps, l’attention portera sur une protection contre la septoriose sur les capsules qui descend sous 37 / 15 juin 2012 forme de stries brunes sur les tiges. Un régulateur systématique De plus, le lin est une plante qui peut atteindre environ 1 mètre et qui a une forte vitesse de croissance à partir de 5-7 centimètres. Il est impératif d’appliquer un régulateur au stade 30 centimètres pour éviter les risques de verse et des conditions difficiles de récolte. 70 à 130 u d’azote Le raisonnement de la fertilisation se fait en tenant compte des besoins de la culture 4.5 u N/quintal, de la minéralisation du sol, des reliquats sortie hiver. Pour exemple, un rendement estimé à 25 quintaux, l’apport d’azote se situe entre 70 et 130 unités en 2 passages : 50 unités à la reprise de végétation et le reste 3 semaines plus tard. Il est possible d’apporter du lisier de porc mi-février au stade 7 cm environ. Pas d’apports de phosphore et potasse dans les sols où les apports de fertilisants organiques sont réguliers. Surveiller les trhips Si la plante est peu sensible aux ravageurs, il est nécessaire de surveiller les thrips dont les attaques tardives provoquent l’avortement des fleurs et altèrent le rendement. Pour la récolte, un temps chaud et sec La récolte : attendre les conditions optimales. Il est impératif de récolter quand les graines sonnent à l’intérieur et par temps sec, chaud et ensoleillé. Beaucoup d’échecs de la culture sont dus à des récoltes dans de très mauvaises conditions. La récolte se fait avec Philippe Chuberre, président de l’association Lin Tradition Ouest Quels sont les besoins de la filière lin en Bretagne "Les besoins de la filière sont estimés à 3 000 ha pour une production en 2011-2012 de 1 000 ha. De plus, l’association travaille à la valorisation de la paille ce qui augmenterait la rentabilité économique de la culture". Pourquoi avoir choisi de cultiver du lin ? "Je suis producteur de lin depuis 2000. J’ai choisi le lin pour des raisons avant tout agronomiques : un allongement des rotations colza, lin, blé, maïs et donc une diminution de la pression mauvaises herbes et maladies. C’est une culture sous contrat dès la mise en semis avec un calcul basé sur le prix du marché du colza, du lin, du blé à la récolte. Globalement, c’est une culture qui impose une certaine vigilance dans sa conduite". une moissonneuse–batteuse avec une lame de barre de coupe bien affûtée. La lame doit pouvoir couper de manière franche la tige qui contient une fibre très résistante. Les rendements observés en 2011 en Ille et Vilaine se situaient autour de 25 quintaux. Les pailles sont parfois valorisées en fonction des filières en place sous forme de paillage ou en isolation. Pour en savoir plus Le respect des ces éléments clefs dans la conduite du lin graine d’hiver, n’en fait pas une culture ni "facile" (on sème on récolte) ni "difficile" (impos- sible à récolter) mais nécessite du professionnalisme (pour plus de détails techniques voir la brochure "Lin graine d’hiver 2011" éditions du Cétiom). L’association Lin Tradition Ouest créée par la Chambre d’agriculture d’Ille et Vilaine recherche toujours des producteurs pour assurer des besoins en graines de lin pour une valorisation en alimentation animale en raison de leur forte teneur en oméga 3. Tout agriculteur intéressé par la culture peut contacter l’Association Lin Tradition Ouest au 02 23 48 28 10 eco@ ille-et-vilaine.chambagri.fr