A quel Dieu George W. Bush se voue-t-il? A quel Dieu George
Transcription
A quel Dieu George W. Bush se voue-t-il? A quel Dieu George
RELIGION A quel Dieu George W. Bush se voue-t-il? L e président candidat à une réélection ne cesse de faire référence au Tout-Puissant. D’obédience méthodiste, il passe souvent pour un fondamentaliste. L’est-il vraiment? Plongée dans le protestantisme pratiqué dans les hautes sphères de la politique américaine. veut en effet que le futur président ait perçu, à cet instant précis, un parallélisme entre les Américains en mal de chef et les Juifs décrits dans l’Ancien Testament, entre son destin et celui de Moïse. Et le Texan en aurait conclu : «Je pense que Dieu veut que je devienne président.» Ce serait donc pour accomplir la volonté du Seigneur que George Bush junior aurait à son tour gagné la Maison-Blanche. Si une telle justification passe en Europe pour de la mégalomanie caractérisée, pire que le droit divin d’un Louis XIV, elle est très bien reçue aux Etats-Unis où George W. Bush n’est pas du tout perçu comme un fou de Dieu. Notamment parce que les évangéliques y privilégient le contact direct avec Dieu, qui leur parle. Et parce que tous les présidents américains évoquent leur rapport au Tout-Puissant et à la religion dans la plupart de leurs interventions publiques. Une attitude très éloignée de cette pudeur à la Suisse ou à la Française, qui veut que les personnalités publiques ne fassent jamais état publiquement de leurs croyances. La «renaissance» de W. L’actuel président américain n’hésite donc jamais à rappeler sa «conversion», ou plutôt cette «renaissance» qui fait de lui un Born Again Christian depuis 1986. United States Department of Defense ALLEZ SAVOIR! / N°30 OCTOBRE 2004 9 A quel Dieu George W. Bush se voue-t-il? RELIGION Avant cette date, le Texan était bien sûr déjà chrétien, mais de tendance «molle». Jusqu’à ce qu’il fréquente notamment le télévangéliste Billy Graham et qu’il rejoigne le groupe des évangéliques, ces protestants qui ont vécu une rencontre directe avec Dieu, qui souhaitent entretenir cette relation personnelle avec Lui et la vivre au quotidien, en l’intégrant dans les préoccupations de la vie familiale, professionnelle et politique. Un choix que l’actuel président partage avec quatre Américains sur dix, qu’ils soient méthodistes, baptistes, pentecôtistes ou autres. Dans son mythe fondateur, «W.» Bush insiste encore sur le fait que cette rencontre avec Dieu l’a sauvé de l’alcoolisme et l’a mené directement du zinc au bureau ovale. Une histoire de rédemption (j’étais perdu, Jésus m’a sauvé) qu’il répète à l’envi. Une conversion intéressée? Reste que ce récit ne convainc pas les spécialistes : dans un numéro spécial consacré cet été aux Etats-Unis, le «Courrier International» reprenait un article publié dans la presse américaine pour souligner une drôle de coïncidence. Le fils Bush Yves Leresche / lookatonline.com Patrick Streiff, privat-docent à l’Université de Lausanne (UNIL) et directeur du Centre méthodiste de formation théologique Dans son mythe fondateur, George W. Bush raconte que Dieu Lui-même lui a suggéré de se porter candidat à la présidence des Etats-Unis 10 ALLEZ SAVOIR! / N°30 OCTOBRE 2004 United States Department of Defense G eorge W. Bush ne cesse de clamer sa foi et d’affirmer que ses pas, voire sa politique, sont guidés par Dieu. Mais lequel? Devenu méthodiste en 1986, le président candidat à une réélection appartient à la mouvance évangélique, une influence manifeste dans son action. Mais contrairement à ce que l’on pense, nombre de ses prédécesseurs à la MaisonBlanche appartenaient à la même mouvance. Et ils ont, au moins aussi souvent que lui, mêlé religion et politique. Le sermon qui aurait tout changé Et pourtant, toute l’Europe est convaincue que George W. Bush est un fondamentaliste fanatique. La faute à l’actuel président des Etats-Unis, qui y a mis du sien en plaçant sa première candidature sous le signe de Dieu. Parce s’est converti à grand renfort de publicité au moment précis où son président de père, relativement peu apprécié de la droite conservatrice chrétienne, lui avait assigné la mission de s’en rapprocher et de lui gagner sa sympathie. Dans le but, on s’en doute, de glaner ses précieuses voix. Désormais New Born Christian, comme l’a été avant lui le président démocrate Jimmy Carter (qui avait également médiatisé sa «renaissance»), George W. Bush devait encore choisir une Eglise, la mouvance évangélique étant très diverse. «C’est vraisemblablement sa femme Laura, méthodiste, qui l’a fait adhérer à sa propre Eglise», estime Sébastien Fath, un sociologue des religions au CNRS, invité récemment à Lausanne par l’aumônerie de l’UNIL pour qu’il s’exprime sur les rapports ALLEZ SAVOIR! / N°30 OCTOBRE 2004 entre la Maison-Blanche et la religion. Qui sont les méthodistes? Si les méthodistes sont relativement peu connus en Suisse (où l’on compte quelque 8000 membres, environ 12’000 si l’on ajoute les enfants et les intéressés qui gravitent autour), cette Eglise fut dominante aux Etats-Unis entre 1850 et 1950. «Sa création remonte à 1739, année où deux frères, John et Charles Wesley, Britanniques et pasteurs de l’Eglise anglicane, se lancent dans un réveil, influencés par différents mouvements de renouveau issus du protestantisme d’Europe continentale», explique Patrick Streiff, privat-docent à l’Université de Lausanne et directeur du Centre méthodiste de formation théologique. Pour le profane, difficile de voir en 11 A quel Dieu George W. Bush se voue-t-il? RELIGION quoi ces courants se distinguent du protestantisme traditionnel ou de l’Eglise anglicane. Les différences ne sont d’ailleurs pas tellement théologiques ou doctrinales, mais portent plutôt sur la façon de vivre sa foi, très entière, et dans un rapport immédiat et personnel à Dieu. C’est d’ailleurs toujours sur ce contact direct que se basent aujourd’hui les différentes Eglises de la mouvance évangélique, contact qui marque la «renaissance» du croyant. Des pasteurs qui galopaient derrière les chariots Pour le reste, rien de farfelu. Les 12 deux frères étaient loin d’être des illuminés – John, le plus important pour les fondements du méthodisme, enseignait à Oxford, et leur mouvement ne s’est séparé de l’Eglise anglicane que très lentement au début du XIXe siècle. Aux Etats-Unis, la création d’une Eglise méthodiste séparée de l’anglicane date du retrait des prêtres anglicans après l’Indépendance, soit de 1784. Elle s’est développée très rapidement jusqu’à devenir, nous l’avons vu, majoritaire pendant près d’un siècle. Son succès est né d’un système plutôt original : pour toucher leurs ouailles ALLEZ SAVOIR! / N°30 OCTOBRE 2004 – des colons qui avançaient vers l’Ouest – les pasteurs n’étaient pas attachés à une paroisse mais équipés de chevaux pour galoper derrière leurs chariots. Outre la rencontre personnelle avec Dieu, élément commun à tous les évangéliques, les deux frères Wesley ont très fortement mis l’accent sur une très grande implication dans la société. «Les méthodistes se sont énormément engagés auprès des pauvres, pour un traitement décent des prisonniers, dans la lutte contre l’alcoolisme, contre l’esclavagisme», rappelle Patrick Streiff. White House George W. Bush, en compagnie du Pape Une relation personnelle avec Dieu Ce travail social fut perçu positivement par les autorités de l’Eglise anglicane, même si certains aspects des «sociétés» créées par les Wesley posaient problème. Notamment l’insistance sur la justification par la grâce (c’est Jésus qui par son sacrifice nous a rachetés et nous offre la grâce – pour autant qu’on ait la foi, bien sûr; notre conduite, qu’elle soit ou non exemplaire, ne saurait nous sauver). Mais surtout, «l’insistance sur la relation personnelle à Dieu, le fait que le Seigneur puisse agir directement dans la vie de quelqu’un, sans la médiation d’un prêtre par exemple, était perçu comme quelque chose d’un peu dangereux par certains anglicans», explique Patrick Streiff. Cette peur d’aborder la question de la relation personnelle apparaît dans le nom donné aux frères Wesley et à leurs adeptes, qui ont été appelés les «enthousiastes», une façon polie de les traiter de fanatiques ou d’hystériques. Ironie de l’histoire, le terme passé à la postérité, «les méthodistes», vient d’un sobriquet reçu par les Wesley et un groupe d’étudiants proches d’eux, avant que les deux frères ne lancent leur réveil. On se moquait ainsi de leur style de vie très rigoureux et austère, de leur esprit de méthode. Une religion qui n’exclut pas l’avortement Cet état d’esprit était important pour le futur de l’Eglise méthodiste. Car s’il y a indéniablement un aspect très émotionnel dans la mouvance évangélique, «la raison a toujours été très importante dans le méthodisme – les Wesley étaient des universitaires», précise Patrick Streiff. Les «fondements doctrinaux et principes sociaux» de l’Eglise évangélique méthodiste, texte adopté au niveau mondial, précisent ainsi que les trois piliers pour une bonne lecture de la Bible sont la tradition, l’expérience et la raison. Ce texte défend la nécessité d’une interprétation des Saintes Ecritures et l’idée que leur contenu doit être analysé à la lumière du contexte historique, aussi bien de l’époque où ont été écrits les textes que de la nôtre. De même, au chapitre des questions sociales, on découvre des préoccupations écologiques très poussées, et si l’avortement n’est certainement pas vanté, il est décrit comme un choix qui peut se justifier si surgit un «conflit tragique entre la vie et la vie» – celle du fœtus et le bien-être de la mère, «pour laquelle une grossesse non désirée pourrait causer de graves dommages». On est donc bien loin du fondamentalisme et des déclarations à l’emporte-pièce de George W. Bush. George W. Bush, «faux méthodiste»? Serait-il dès lors un «faux méthodiste» que sa communauté assume mal? «Il est avant tout un chrétien de ALLEZ SAVOIR! / N°30 OCTOBRE 2004 13 A quel Dieu George W. Bush se voue-t-il? RELIGION culture protestante et de sensibilité évangélique, répond Sébastien Fath. Son méthodisme est très secondaire. Il est d’ailleurs ouvertement désavoué par sa propre Eglise, la United Methodist Church (Eglise évangélique méthodiste, en français), qui lui reproche d’avoir conduit une guerre injuste et inutile contre l’Irak.» Et comme le rappelle Patrick Streiff, George Bush junior, contrairement à tous ses prédécesseurs y compris son père, a toujours refusé de recevoir le Conseil des évêques de son Eglise. De même que le catholicisme a engendré des mouvements aussi éloignés dans leurs valeurs que la théologie de la libération et l’Opus Dei, de même chaque membre de l’Eglise méthodiste peut avoir des conceptions finalement très divergentes de celles des autres. «Il y a parfois un fossé entre la ligne générale et la position d’un membre individuel, confirme Patrick Streiff. Les principes sont décidés par un vote de majorité, parfois après de grandes discussions, et il est normal qu’ils ne fassent pas l’unanimité. Ainsi, Hillary Clinton, que l’on perçoit comme défendant des valeurs et des idées diamétralement opposées à celles de George Bush, United States Department of Defense Un moment de recueillement durant une cérémonie officielle George W. Bush est désavoué par sa propre Eglise, la United Methodist Church, qui lui reproche d’avoir conduit une guerre injuste contre l’Irak 14 ALLEZ SAVOIR! / N°30 OCTOBRE 2004 United States Department of Defense qu’il aurait été appelé, assure-t-il. Avant de se lancer dans la campagne présidentielle 2000, «W» n’était que gouverneur du Texas et pensait sérieusement poursuivre sa carrière politique en assumant ce seul mandat local. Jusqu’à ce qu’il comprenne sa vraie mission en écoutant prêcher le pasteur d’une église méthodiste de Dallas. Le sermon du religieux évoquait ce jour-là les réticences de Moïse lorsque son Dieu le désigna pour libérer les Juifs du joug des Egyptiens. Comme le peuple avait absolument besoin d’un leader et le Seigneur d’un volontaire pour assumer la fonction, le prophète avait fini par accepter. George W. Bush, c’est Moïse La légende dorée de Bush junior est, elle aussi, méthodiste!» Baptiste ou méthodiste? Les quinze millions d’Américains (sur 293) qui appartiennent à la même Eglise que George W. Bush et Hillary Clinton ne sont d’ailleurs pas réputés pour leur fondamentalisme. Il en va autrement chez les baptistes, trois fois plus nombreux aujourd’hui que les méthodistes – c’est dire s’ils ont le vent en poupe depuis une cinquantaine d’années. Ce mouvement, également d’obédience évangélique, auquel appartiennent notamment Billy Graham et son fils Franklin, plus «moral» encore que le père, est traversé de tendances beaucoup plus dures. Mais là encore, il faut garder le sens de la mesure : Graham est certes proche de George Bush junior, mais il a été reçu par tous les présidents américains, du catholique JFK à Bush senior en passant par Bill Clinton, lui-même issu, comme Jimmy Carter, de cette communauté. On ne saurait donc en conclure que George W. Bush est plus proche idéologiquement ou théologiquement des baptistes que des méthodistes. L’importance du vote chrétien conservateur Pour comprendre le rôle exact et complexe de la religion dans la politique menée par l’actuel président des Etats-Unis, il faut tenir compte de deux paramètres : le caractère très peu laïc de la société américaine et l’importance du vote chrétien conservateur pour un candidat républicain. Sans oublier bien ALLEZ SAVOIR! / N°30 OCTOBRE 2004 15 A quel Dieu George W. Bush se voue-t-il? RELIGION sûr l’influence indéniable que les Born Again exercent à la Maison-Blanche, puisque trois ministres importants, Gale Norton (Intérieur), Tommy Thompson (Santé) et John Ashcroft (Justice), sont issus de ce courant. L’un des plus proches collaborateurs de George W. Bush, par ailleurs responsable de sa campagne pour la présidentielle, s’appelle Ralph Reed, et il est un ancien président de la Christian Coalition (groupe fondamentaliste, deux millions de membres). Les Etats-Unis ont été de tout temps très ancrés dans le religieux. Les prédécesseurs de G. Bush (Jimmy Carter, Ronald Reagan, George Bush senior ou Bill Clinton, par exemple) émaillaient leurs discours d’autant de citations tirées des Evangiles que George W. Bush, si ce n’est plus. Ce qui n’a jamais surpris aucun Européen – leurs propos n’ayant pas le même caractère extrême, ils n’étaient donc pas repris par la presse –, ni aucun Américain : Dieu est très présent aux USA dans la vie politique et sociale. «La religion est perçue comme un élément de stabilité dans ces deux domaines», explique Sébastien Fath. Le rôle messianique de Bush United States Department of Defense Les présidents des Etats-Unis, et pas seulement George W. Bush, ont pour habitude d’émailler leurs discours de citations tirées des Evangiles Comme le rappelle Patrick Streiff, la nation américaine, très hétéroclite dès sa naissance, s’est construite autour de l’imagerie religieuse, sous l’influence notamment des puritains. Parmi les mythes fondateurs les plus fréquents auxquels les Américains eux-mêmes adhèrent, il y a ce parallélisme entre les colons lancés à la conquête de l’Ouest américain et le peuple juif, qui finit par trouver sa terre promise après un long et difficile périple. Au-delà des différences de chapelles parfois fondamentales entre les différentes communautés, il reste ce fond de religiosité commun, «fait de foi, d’optimisme et du sens d’une mission à accomplir, comme le précise Sébastien Fath. C’est d’ailleurs cette dernière conviction qui frappe le plus dans la religiosité de Bush : il est convaincu que les Etats-Unis ont un rôle messianique à jouer au niveau mondial, qu’ils doivent montrer la voie en termes de politique et de mode de vie.» Ceux qui votent Bush Pour jouer ce rôle dans le futur, George W. Bush a besoin des voix des électeurs chrétiens conservateurs de droite, ce qui explique également ses références fréquentes à la Bible et ses déclarations fondamentalistes. Car le vote de cette fraction de l’électorat, dont les poils se hérissent dès qu’il s’agit d’avortement, de féminisme, d’homosexualité ou de génétique, compte lourd dans les présidentielles depuis une trentaine d’années. Sébastien Fath estime ainsi que «75 % des protestants évangéliques vont certainement voter Bush aux élections présidentielles de novembre 2004, parce qu’ils pensent qu’il est le meilleur défenseur de la famille et du «droit à la vie». Mais Kerry va certainement récolter les voix des «Black Churches» – Les Noirs américains ont beau être nombreux au sein des New Born Christians, ils votent néanmoins démocrate par tradition.» Reste à savoir si une partie des 16 ALLEZ SAVOIR! / N°30 OCTOBRE 2004 White House Moritz Leuenberger à l’UNIL Le très chrétien George W. Bush, ici en compagnie de responsables musulmans américains, fait des efforts pour montrer qu’il ne mène pas une croisade contre l’islam évangéliques WASP (White AngloSaxon Protestant) se retournera contre George W. Bush, sachant que les photos en provenance de la prison irakienne d’Abu Ghaib ont été particulièrement mal reçues par ces électeurs. Sébastien Fath estime ainsi que «si le flottement évangélique se confirme, même sur une marge de seulement 5 à 10 % des électeurs, Bush n’aura aucune chance face à Kerry». Le coming out des laïcs américains Dans ce contexte très marqué religieusement, les athées font figure d’exception. Les «Brights» («éclairés», pas parce qu’ils sont illuminés, mais parce qu’ils se réclament de l’esprit scientifique des lumières et réfutent toute interprétation surnaturelle du monde) en sont réduits à faire des coming out dans les écoles pour encourager les étudiants à oser se déclarer publiquement non-croyants. «Le temps est venu pour nous de nous montrer au grand jour», écrivait récemment le philosophe Daniel Denett dans le «New York Times». Il y plaidait entre autres pour qu’on arrête de mettre Dieu à toutes les sauces et que les politiciens cessent de justifier leurs décisions par la volonté divine. Et puisque ce n’est manifestement plus évident aujourd’hui, il rappelait enfin dans cet article que «les Etats-Unis ne sont pas une théocratie». Sonia Arnal ALLEZ SAVOIR! / N°30 OCTOBRE 2004 Pendant que George W. Bush prie volontiers en public et qu’il ne manque jamais une occasion de faire référence à la Bible dans ses discours, le Vieux Continent semble adopter une pratique religieuse exactement inverse. De ce côté de l’Atlantique, la tendance consiste plutôt à se demander si les constitutions des différents Etats doivent encore débuter par une formule telle que le «Au nom du Seigneur, Amen» placé au début de la constitution suisse. Comme l’ont montré les débats très vifs qui ont été ouverts à propos des nouvelles constitutions européenne ou vaudoise. Est-ce à dire qu’en Europe, la religion n’est plus un fondement de l’Etat? Est-il dès lors juste que les membres du clergé soient fonctionnaires, rétribués par l’Etat? Et, finalement, quelles sont les incidences du changement religieux qui s’est opéré depuis les années 60 au niveau des relations religion-société? Voilà l’un des thèmes qui sera abordé lors du prochain Cours public de l’Université de Lausanne, consacré à la thématique générale «Religion et société». Pour en débattre, l’UNIL accueillera notamment le conseiller fédéral Moritz Leuenberger qui viendra à Lausanne pour évoquer le thème «Dieu est-il nécessaire à l’Etat?». Une visite d’ores et déjà agendée au 2 février 2005, à la salle Erna Hamburger, Collège Propédeutique 2, 18h (éventuellement 18h30), station de Métro UNIL - Sorge. Plus largement, ce cours public «Religion et société» abordera encore (sous réserve de modification de dernière minute) des thématiques telles que «De Jésus à Raël, en passant par Bouddha, le religieux en kit». Il se demandera si «la femme émancipée tuera la religion?», cherchera à vérifier si la notion d’âme résiste aux progrès des neurosciences, se demandera quel effet la charia pourrait avoir sur le droit européen de ces prochaines années et étudiera enfin la manière dont les religions résistent à l’épreuve critique de la raison. Autant de rendez-vous qui s’échelonneront entre le 19 janvier et le 23 février, au rythme d’une conférence hebdomadaire, chaque mercredi soir. Pour les renseignements de dernière minute et le programme final, consulter le site www.unil.ch. 17