Eveil / réveil de la curiosité Eveil / réveil de la curiosité
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Eveil / réveil de la curiosité Eveil / réveil de la curiosité
Eveil / réveil de la curiosité de la curiosité La curiosité sert à allumer le moteur de la motivation. Ou alors est-ce l’inverse. Difficile à dire, mais une 4 Apprendre aux élèves à surfer… sur leur curiosité S. Connac 6 Daniel Favre et les trois sortes de motivations N. Revaz chose est sûre: les deux sont liées et 10 La bibliographie de la Documentation pédagogique E. Nicollerat 11 Regards croisés sur la curiosité F. Fenouillet, F. Muller, P. Perrenoud, R. Viau 12 Des sites pour aller plus loin Résonances et E. Nicollerat conduisent à l’envie d’apprendre, ce qui les rend essentielles en contexte scolaire. Un enseignant curieux et des élèves curieux, c’est un bon début. Il existe mille et une attitudes pour éveiller / réveiller la curiosité scientifique, littéraire, artisitique… Il faut juste oser l’inattendu. Enfin juste, c’est vite dit. 9 Avis d’enseignants N. Revaz A pprendre aux élèves à surfer… S. Connac «Lorsqu’on observe de très jeunes enfants, on constate souvent qu’à leur entrée à l’école maternelle, ils sont vivants, curieux, pleins d’imagination et avides de connaître. Pendant un certain temps, ils gardent ces traits merveilleux et, petit à petit, ils deviennent passifs en même temps que ces qualités s’estompent. […] Les aptitudes intellectuelles et l’énergie de l’enfant ne semblent pas avoir été altérées par les cinq ou six premières années de sa vie passées dans sa famille. Ce n’est sans doute pas là que l’on trouvera les causes de cette perte de curiosité et d’imagination. Il faut plus vraisemblablement les chercher dans l’école elle-même.1» Quelles sont les astuces qu’un enseignant est en mesure d’employer pour rendre ses élèves plus curieux, plus avides de connaissances, plus dynamiques dans le rapport aux savoirs que les espaces scolaires apportent? Voilà une drôle de question… D’abord, parce qu’elle paraît incongrue tant on se la pose rarement. Ensuite, parce que susciter la curiosité dans une classe, c’est risquer de voir apparaître chahuts et conflit, en particulier si rien n’est organisé pour conditionner l’expression de cette curiosité. Enfin, et surtout, parce que la question de la curiosité s’aborde difficilement par le prisme de la ruse, des trucs et gadgets, des astuces pédagogiques; c’est un trait originel de la personnalité de tout être humain, aucun artifice n’est réellement en mesure de la créer. sur leur curiosité Si ce n’est par l’intermédiaire d’astuces et puisqu’il serait possible de l’estomper, comment peut-on s’y prendre pour autoriser les élèves à rester curieux, et même, à faire de cette avidité à connaître, un moteur pour apprendre? Comment les autoriser à «surfer» sur leur curiosité naturelle? Pour les enseignants, sous forme de gestes professionnels et dispositifs pédagogiques, plusieurs pistes sont envisageables: ® Entretenir des espaces d’expressions du vivant où les élèves auront la possibilité de faire entrer dans la classe des événements issus de leur quotidien. Ces espaces pourront prendre la forme de «Quoi de neuf?» pour tout ce qui concerne des faits de vie, des commentaires de faits d’actualité ou des présentations d’objets ou de lectures, de «Discussions à visée philosophique» pour un travail autour de la capacité des élèves à penser par eux-mêmes, de «recherches documentaires» finalisées par des «conférences d’enfants», d’espaces démocratiques de cogestion de la vie des classes pour tout ce qui concerne les problèmes rencontrés, les réussites obtenues et l’organisation des projets. A travers ces situations de communication, les élèves s’apercevront que l’école est aussi un espace qui leur appartient et dans lequel ils peuvent en toute authenticité faire preuve d’initiatives. Ils se verront en même temps invités à faire appel à ce qu’Edgar Morin appelle leur pensée systémique2, une pensée «en navette» entre plusieurs parties du monde qui les entoure. ® Décontaminer l’erreur de la faute3, ce qui se traduit par un certain nombre de discours et de gestes qui fournissent la preuve aux élèves qu’à l’école, il vaut mieux essayer et risquer de se tromper, plutôt que de s’interdire d’agir et éviter les remarques. «Une erreur ne devient une faute que lorsqu’on refuse de la corriger4.» Ainsi donc, valoriser les élèves qui essayent tout en assumant le risque de commettre des erreurs, plutôt que de louer exclusivement ceux qui réussissent. ® Penser et organiser des formes d’évaluations à partir desquelles les élèves obtiennent des informations sur ce qu’ils savent et maîtrisent effectivement. Cela leur permettra aussi de déter4 Résonances - Décembre 2010 ) miner ce qu’il leur reste à travailler selon les repères des programmes de l’école. Pour le dire autrement, préférer aux systèmes de notation, des bilans d’évaluation sous forme de degrés de maîtrise de compétences ou d’acquisition de connaissances. L’évaluation d’un travail n’est alors plus liée à l’appréhension de se voir jaugé par rapport aux camarades, ni d’être soumis à un jugement dont la visée est de sélectionner les élèves. Elle tend plutôt à être vécue comme la conséquence de ses efforts, au regard d’une norme reconnue mais indépendamment de l’humeur des évaluateurs et de la performance des copains de classe. Les élèves peuvent ainsi se sentir responsabilisés dans leur rapport à l’école puisque celle-ci se présente non pas comme un lieu où l’on reçoit des réponses à des questions que l’on ne se pose pas, mais comme un espace où le but est de travailler et d’apprendre pour participer à son enrichissement personnel. ® Proposer de travailler de manière coopérative, «La curiosité s’aborde difficilement par le prisme de la ruse, des trucs et gadgets, des astuces pédagogiques.» A l’heure où l’on entend de plus en plus dire que nos sociétés souffrent d’un trop grand individualisme, l’école reste la principale institution pouvant susciter davantage de solidarité entre les personnes. Encore faut-il s’en donner les moyens! Encore faut-il que les enseignants, au-delà des discours qu’ils produisent, parviennent à organiser leurs classes et leurs établissements pour que se construise l’altérité chez leurs élèves. Nous avons pu témoigner de plusieurs pistes allant dans cette direction. Nous avons également vu que chacune d’elles s’appuie sur la curiosité naturelle des enfants et même, qu’elles tendent à devenir le combustible principal de leurs apprentissages. entrer dans une ingénierie des pratiques qui, outre du prêt-à-porter, propose du sur-mesure en matière de situations d’apprentissages. Il s’agit donc de personnaliser les apprentissages, c’est-à-dire, à objectifs constants, d’offrir aux élèves la possibilité d’effectuer des choix entre plusieurs possibles. En particulier, et au regard d’un curriculum de compétences commun à tous les élèves (de la classe et/ou de l’établissement), l’enseignant invite chaque élève à choisir celles qui correspondent à la fois à un projet personnel et à un besoin (les obligations scolaires). Puis, il leur permet d’opter pour la modalité de travail qui leur semble être la plus appropriée (travail individuel, en interrelation avec un pair ou un enseignant, en petit ou grand groupe). Chacun se trouve donc placé dans des situations où le savoir n’est plus une «becquée», mais où il a à s’employer s’il souhaite apprendre. Cette approche pédagogique, très apicole dans les formes qu’elle peut prendre, nécessite une organisation précise et rigoureuse pour éviter que chacun se perde dans le foisonnement des activités individuelles. Un outil s’avère particulièrement adapté pour permettre cette rigueur: le plan de travail. Document propre à chaque élève, co-rempli avec son enseignant, il regroupe l’ensemble des travaux à effectuer dans un intervalle de temps fixé. Lors des bilans, le taux de réalisation d’un plan de travail détermine le degré d’autonomie des élèves pour le plan de travail suivant: plus un élève s’est montré en mesure d’assumer son autonomie, plus il peut gagner en libertés; moins cette tâche a été facile, plus présente sera la guidance de l’enseignant. ( Résonances - Décembre 2010 Notes 1 LIPMAN M., A l’école de la pensée, De Boeck Université, Bruxelles, 1995, p. 26. 2 MORIN E., Mieux répondre à la curiosité de l’enfant, in TARPINIAN A. et al., Ecole: changer de cap – Contributions à une éducation humanisante, Chronique Sociale, Lyon, 2007, pp. 45-49. 3 D’après les travaux de Daniel Favre. 4 J.F. Kennedy lors de son dernier discours le 22 novembre 1963. 5 CONNAC S., Apprendre avec les pédagogies coopératives Démarches et outils pour la classe, ESF Editeur, 2009, p. 46. ( l’ auteur ® Rompre avec une gestion uniforme de la classe: en lien avec les autres élèves de la classe ou de l’établissement. C’est-à-dire, d’un côté, pouvoir solliciter un pair, reconnu pour sa compétence, pour qu’il puisse tenter de dépasser un problème qui fait obstacle, d’un autre côté, pouvoir soi-même mettre à disposition de la collectivité ses propres acquis. Il se trouve que, dans de telles situations tutorielles, celui qui apprend le plus, en termes de durabilité de l’apprentissage, est celui placé en qualité d’expert. Amené à réactiver ses apprentissages, à les mettre en mots, à les adapter au profil du demandeur et à s’appuyer sur d’autres réseaux cognitifs, c’est indéniablement le «tuteur» qui fournit l’activité intellectuelle la plus intense. Reconnus dans leurs compétences ou autorisés à solliciter celles de camarades pour apprendre, les élèves sont ainsi invités à vivre les savoirs scolaires comme des sources d’interactions et à trouver des terrains de valorisation de leurs curiosités. Sylvain Connac est professeur des écoles. Il fait partie de l’équipe pédagogique de l’école coopérative Antoine Balard à Montpellier qui a reçu le prix de l’innovation éducative décerné par Le café pédagogique. Docteur en sciences de l’éducation et chargé de cours à l’université Paul Valéry, il publie régulièrement des articles de formation ou de recherche dans la plupart des revues pédagogiques. http://classes-cooperatives.icem34.fr 5 D aniel Favre et les trois sortes de motivations Daniel Favre, docteur en neurosciences et professeur en sciences de l’éducation à Montpellier, a publié en 2007 chez Dunod – Paris «Transformer la violence de l’élève: cerveau, motivations, apprentissage» (site compagnon de l’ouvrage: www.transformerlaviolencedeseleves.com) et chez le même éditeur en 2010 «Cessons de démotiver les élèves: 18 clés pour l’apprentissage». Dans ce nouveau livre vulgarisant la théorie pour la rendre accessible et proposant des exemples très concrets afin de permettre aux élèves de renouer avec le plaisir d’apprendre, il est indirectement question de curiosité, dénommée par l’auteur «pulsion d’exploration», et surtout de motivation, d’où l’interview dans le cadre du présent dossier. les stimule. Mais où nous mène la vie en balisant la réussite aux apprentissages et le gain d’autonomie par des récompenses internes sous forme de dopamine, reste relativement mystérieux. Vous invitez le lecteur à soulever le capot et à observer le cerveau humain en reliant ces connaissances à des clés pour favoriser l’apprentissage, ce qui semble assez rare… C’était rare, mais depuis deux ou trois ans, l’intérêt des neurosciences pour l’éducation est plus fréquent et on peut lire davantage d’articles scientifiques sur le sujet. Quant à la Daniel Favre est l’auteur visite guidée du cerveau humain de «Cessons de démotiver les élèves». que je propose, elle est une invitation pour montrer comment aider Daniel Favre, dès l’introduction de votre ouvrage, concrètement un sujet potentiel à se développer «en on découvre l’importance d’une motivation natuprenant les commandes de lui-même» et en devenant relle de l’enfant pour l’apprentissage… plus autonome dans ses apprentissages. Je dirais que plus que les autres mammifères, le petit d’homme est mu par la pulsion d’exploration. La pluLes neurosciences ont-elles aujourd’hui davanpart des enfants sont naturellement et spontanément tage de place dans la formation des enseignants? enclins à faire de nouvelles expériences et à explorer, Dans ma pratique de formateur des enseignants, je en n’ayant peur ni de se tromper ni de devoir recomconstate très fréquemment que les notions de neuromencer. Ils manifestent le plus souvent une grande biologie sont encore largement absentes des cursus de opiniâtreté, ce qui signifie qu’il y a quelque chose qui formation. Il y a donc beaucoup à construire dans ce domaine. Pourtant dès que je décris la «cabine de pilotage» que constituent les lobes frontaux et évoque l’intérêt d’inviter l’élève à s’installer aux commandes, Un passage du livre la plupart des enseignants sont intéressés par ce type de connaissances. «La meilleure raison de “cesser de démotiver les élèves pour l’apprentissage”, je l’ai trouvée chez les Comment résumer les trois systèmes de motivaenseignants, dans leurs yeux et leurs comportetion présentés dans votre ouvrage? ments: moins de stress pour eux-mêmes, moins de tension avec les élèves – avec lesquels il devient La motivation de sécurisation, la motivation d’innovapossible de passer des contrats explicites –, des relation et son opposé: la motivation de sécurisation parasitions constructives avec les collègues. Et enfin, le retée ou d’addiction intègre différentes théories psychonouvellement de la pratique d’un métier qui perlogiques déjà existantes ainsi que le fonctionnement met d’apprendre tout au long de la vie: le meilleur des circuits nerveux de renforcement des comporteantidote au vieillissement pathologique du cerments. Pour les enseignants, comprendre ce triple foncveau… et la garantie de ne jamais s’ennuyer de son tionnement leur donne une sorte de carte plus précise vivant!» de l’élève que seulement penser que l’élève est motivé ou pas. Lorsque l’un d’eux dit: «Je suis content parce 6 Résonances - Décembre 2010 ) que l’enseignant me dit que je progresse» ou «Je suis content parce que je sens que je progresse» ou encore «Je ne suis content que lorsque l’enseignant me dit que je progresse», il peut décoder trois motivations différentes et ainsi choisir les mots les mieux adaptés pour intervenir auprès de l’élève et éviter de le démotiver pour l’apprentissage. Au terme de la cinquième clé, je propose des exercices pour s’entraîner à distinguer ces trois sortes de motivation et celles des élèves, ce qui aide pour trouver des réactions pertinentes selon les comportements des élèves, le but étant de leur permettre de se remotiver pour l’apprentissage. Cela permet surtout de dépasser le constat binaire: «L’élève est motivé» ou «Non, l’élève n’est pas motivé». Si l’on pense qu’il est «motivable», en recourant au chantage, à la menace ou à la séduction, les solutions mises en place aggravent généralement la situation, sachant qu’il faut inviter les enseignants et les élèves à travailler sur les ressorts à la fois externes et internes. Ce n’est que lorsque l’élève se sent en sécurité qu’il peut prendre le risque d’apprendre, d’où la complémentarité nécessaire entre motivation de sécurisation et d’innovation et cet indispensable équilibre à instaurer entre les deux. Mon message est de dire que pour allumer les feux de la motivation d’innovation, pour paraphraser Aristophane, il s’agit de développer en premier lieu la motivation de sécurisation et ainsi on antidote efficacement la motivation d’addiction, à l’origine des comportements addictifs comme la violence souvent associée à l’échec scolaire. La clé n° 14 est consacrée aux stratégies pour relancer la motivation d’innovation et donc allumer la flamme. Comment insuffler le goût pour la résolution de problèmes? Ce goût pour les énigmes remonte au moins à l’Antiquité et je suis heureux d’avoir pu parler dans mon livre de Cléobuline, la première femme à avoir été reconnue philosophe, grâce à ses énigmes. J’invite à faire le pari que la motivation d’innovation existe chez tous les êtres humains. En classe de français, des professeurs ont par exemple choisi de lire à haute voix, à des élèves fâchés avec la lecture, des débuts de livres policiers bien écrits, en s’arrêtant à l’apogée du suspense et en passant à un autre texte au cours suivant. C’est d’abord un ou deux adolescents qui se sont manifestés pour connaître la suite de l’histoire et au fur et à mesure d’autres jeunes ont verbalisé leur frustration… et sont repartis avec le livre en question pour lire la suite. De la même manière, en mathématiques, plutôt que de donner le corrigé, il vaudrait mieux parfois donner une autre énigme, de façon à obliger l’élève à mettre le nez sur ce qu’il n’arrive pas à comprendre et «forcer la prise de conscience» comme le dit Gattegno. «La plupart des enfants sont naturellement et spontanément enclins à faire de nouvelles expériences et à explorer.» Cette prise de conscience n’est-elle pas en lien avec la «feuille de route» que vous décrivez dans la clé n° 10? Absolument. La feuille de route permet aux élèves de devenir «capitaines», sujets de leurs apprentissages et de se tracer une route, avec un point de départ et un point d’arrivée et entre deux des objectifs précis. Pour développer leur autonomie, l’enseignant doit les autoriser à se tromper et à recommencer sans contrôle «continu». Ensuite ce sont les élèves qui viendront demander à être évalués afin de mesurer le chemin parcouru ou encore à parcourir, ce qui est important pour leur permettre de se responsabiliser. Cette approche n’enlève en rien le rôle cadrant de l’enseignant qui doit par ailleurs veiller à l’équilibre entre motivation de sécurisation, garantie par le cadre, et motivation d’innovation, via les énigmes et autres résolutions de problèmes. Le problème de l’exercice de l’autorité sera alors de repérer les motivations d’addiction chez soi et chez les élèves pour éviter le piège des comportements de domination-soumission (clé n°15 & 16). En filigrane, vous dites que l’enseignant doit modifier son rôle… C’est vrai que le rôle de l’enseignant doit évoluer. Il n’est plus celui qui «oblige» des élèves à effectuer des tâches pour lesquelles ils ne sont pas motivés ( Résonances - Décembre 2010 7 mais celui qui «accompagne» des sujets en devenir à travers la mini-crise affective et cognitive que constitue tout apprentissage en sachant que c’est au terme de cette épreuve que se produit la récompense endogène cérébrale. Sa tâche essentielle revient donc à éviter que les élèves se démotivent pour l’apprentissage car si cela se produit, ces derniers risquent de chercher ailleurs dans la motivation d’addiction (drogues, alcool, jeux, conduites à risque, violence, …) des sources exogènes alternatives d’excitations et de plaisir. En France, avec l’actuelle remise en question du système de formation, nous avons l’opportunité de repenser, même si cela a déjà été partiellement fait, les compétences professionnelles nécessaires pour enseigner et pour favoriser l’apprentissage des élèves. J’espère que nous saurons collectivement saisir cette opportunité pour aller plus loin. Modifier sa pratique en perdant certains automatismes prend du temps… Je répète souvent aux enseignants qu’il faut trois à quatre mois pour constater les conséquences d’un projet visant à permettre aux élèves au sein d’une classe de se remotiver pour l’apprentissage, souvent ils sont impatients d’avoir des résultats tout de suite, mais il faut se rappeler que la logique de l’immédiateté est corrélée avec l’addiction. Autre aspect important pour y parvenir, il est primordial de tenter l’expérience avec des collègues, car il est difficile de régler l’ensemble des difficultés tout seul. Le projet pédagogique que je propose (clé n°18) vise à développer l’autonomie des élèves, qui seront heureux ensuite de Le dossier en citations «Vous savez que le mot «curieux» vient du mot latin cura: le soin? Soyons fiers de notre défaut; être curieux, c’est prendre soin. Soin du monde et de ses habitants.» (Erik Orsenna) «La curiosité est autant parente de l’attention que l’attention l’est de la mémoire.» (Richard Whately) «La curiosité des enfants est un penchant de la nature qui va comme au-devant de l’instruction; ne manquez pas d’en profiter.» (Fénelon) «La science? Après tout, qu’est-elle, sinon une longue et systématique curiosité?» (André Maurois) «La curiosité perdure et s’affirme s’il ne vient pas des réponses pour la combler trop vite.» (Claude Duneton) «A l’origine de toute connaissance, nous rencontrons la curiosité! Elle est une condition essentielle du progrès.» (Alexandra David-Néel) comprendre comment leur cerveau fonctionne, comment on apprend. Et si l’enseignant se présente aux élèves en montrant que lui aussi doit apprendre, en particulier pour «décontaminer l’erreur de la faute», se donner l’autorisation de se tromper, de faire des erreurs à titre personnel (clé n°11) cela peut les aider dans le processus de sécurisation. Propos recueillis par Nadia Revaz Cessons de démotiver les élèves «Enseigner, ce n’est pas remplir un vase, c’est allumer un feu…» Cette conception de l’enseignement, attribuée à Aristophane et reprise plus tard par Montaigne, se retrouve dans de nombreuses traditions. Pour aider les enseignants à ranimer le feu, Daniel Favre propose 18 clés, qui ne sont pas à utiliser toutes ensemble évidemment. Son regard est celui d’un formateur d’enseignants, mais aussi celui d’un spécialiste des neurosciences, ce qui lui permet d’aider le lecteur à comprendre le fonctionnement du cerveau humain en situation pédagogique. Il relève trois visions erronées, la première qui est celle de nous avoir fait croire que l’on pouvait apprendre sans affectivité, la deuxième liée à une sous-estimation de la plasticité de notre cerveau et la troisième qui est de penser que les capacités d’apprentissage sont limitées. Faire confiance à son cerveau et à la vie est donc la première clé livrée par l’auteur. De ce constat découle une double piste d’action, 8 à savoir le postulat d’éducatibilité et la nécessaire «pratique du tissage de liens entre les connaissances pour mieux mémoriser, plus longtemps et pour construire du sens, donc de la motivation.» Pour Daniel Favre, la violence pourrait être une forme d’addiction et pour l’en détourner, il convient de comprendre le triple mécanisme des systèmes de motivation et d’explorer des stratégies pour décontaminer les pratiques pédagogiques polluées par l’assimilation de l’erreur au Mal, pour sécuriser et accompagner l’apprentissage et relancer la motivation d’innovation. Dans son approche, le rôle de l’enseignant doit évoluer vers une autorité sans la domination ni la soumission. Un vaste programme découpé clairement en 18 clés qui se concluent toutes par un précieux encadré intitulé «A ranger pas trop loin dans sa mémoire». Daniel Favre. Cessons de démotiver les élèves. 18 clés pour favoriser l’apprentissage. Paris: Dunod, 2010. Résonances - Décembre 2010 ) A vis d’enseignants La curiosité en classe. Quelques enseignants ont accepté de parler du sujet en livrant leurs approches… Raymond Borgeat enseignant au CO de St-Guérin à Sion «L’éveil à la curiosité est affaire d’émerveillement et s’acquiert très jeune. Les plus âgés sont un peu blasés, même si de nombreux ados restent passionnés par des pans du savoir et veulent en savoir plus. A l’école, si on fait trop de drill, on peut contribuer à éteindre cette curiosité, mais c’est surtout multifactoriel. Pour ma part, en classe, en évoquant un sujet, je cherche toujours à faire des liens entre les connaissances, ce qui me semble être un bon moyen pour donner l’impulsion d’investiguer. Pour les mathématiques ou les sciences, en créant des ponts entre l’abstrait et le concret, c’est plus motivant pour eux. Quand je parle d’électricité, je les associe souvent à des exemples en relation avec l’eau, car c’est plus accessible pour eux. J’aime bien les questions dites “hors sujet”, car la plupart du temps c’est parce que quelque chose les a titillés. La curiosité, c’est juste l’envie d’aller plus loin que ce que l’on sait et d’être plus dynamique dans le processus d’apprentissage. Elle peut être suscitée par le prof, par la matière, par la manière de la rendre attractive, toutefois ces différents catalyseurs dépendent totalement de l’individu.» Patricia Gross enseignante au CO Ste-Jeanne-Antide à Martigny «La curiosité est un moteur très important de l’apprentissage, pour que ce dernier devienne plaisir et pas seulement effort. Pour titiller la curiosité des élèves, je pense qu’il faut aborder de temps à autre les cours un peu différemment, en jouant avec la mise en scène. J’aime bien leur lire des histoires courtes et étonnantes, par exemple les Histoires pressées de Bernard Friot. Même si elles sont d’abord destinées aux plus jeunes, elles contiennent plusieurs niveaux de lecture et peuvent plaire aussi à des adolescents. L’une d’elles décons- Le dossier en citations «Je n’ai pas d’obligation plus pressante que celle d’être passionnément curieux.» (Albert Einstein) «La curiosité, mère de la science, est fille du savoir. Pour l’ignorance, tout est surprenant et rien n’est curieux.» (Jacques Bainville) ( Résonances - Décembre 2010 truit par exemple les contes de fées. Ce genre d’approche peut leur donner l’envie de prolonger la lecture ou leur fournir des idées pour écrire la suite d’une histoire lue en classe. Si on leur lit quelque chose qui les intéresse et qui les interpelle, ils sont captivés et ont vite envie d’en savoir plus, de lire et de partager. L’important me semble de créer des moments particuliers et d’oser sortir des sentiers battus.» Différentes pistes existent pour susciter la curiosité. Antoinette Philippoz enseignante d’appui à Martigny «J’associe la curiosité à la motivation à apprendre et je crois qu’elle est présente, même si parfois latente, chez tous les élèves. Je pense qu’avec les petits degrés, il faut leur proposer un grand choix de livres, essayer des choses créatives et sortir de la classe, en allant à la Médiathèque, en visitant des expositions, en sortant en forêt pour observer les fourmis, etc. En enfantine, degré dans lequel j’enseignais jusqu’à cette année, on a une plus grande liberté. Reste qu’il faut simplement saisir toutes les opportunités. L’enseignant a un rôle de passeur de curiosités. Je crois que si l’on est soi-même très curieux de tout, c’est plus facile d’introduire une plus grande variété dans la nourriture que l’on apporte aux élèves. Pour que la curiosité de chacun soit stimulée, il faut un menu varié pour allécher selon les goûts. Prochain dossier - février 2011 Regards sur le monde d’aujourd’hui en classe (regard historique et médiatique) Délai rédactionnel: 5 janvier 2011 9 Et si les enfants voient que l’enseignant est dans la même démarche de découverte, cela les aide. Seule différence, certains auront un spectre large de domaines d’intérêt et d’autres une approche plus en profondeur, tout comme nous adultes.» Adrienne Rey enseignante à l’école enfantine à Chermignon «A l’école enfantine, tout ce qu’on présente aux enfants est là pour susciter leur curiosité. On les laisse par exemple deviner les réponses, ce qui est possible puisque le programme à suivre est souple et on peut aisément reprendre le lendemain ce qui a été interrompu la veille. Le langage des jeunes enfants est aussi plus spontané. Reste qu’ils ont déjà des préférences, en lien avec leur environnement socio-culturel actuel: utiliser l’ordinateur les motive plus que dessiner par exemple. Plus on monte dans les degrés, plus ce doit être difficile, ne serait-ce qu’en raison des contraintes du programme à suivre, pour l’enseignant de partir de cette curiosité, qui est spontanée et assez globale dans la petite enfance.» Monika Witschi enseignante en primaire à Monthey «J’essaie de susciter la curiosité des élèves en partant de leurs questions, de leurs centres d’intérêt. En début d’année par exemple, je les ai “scotchés” en leur parlant du blog auquel ils allaient contribuer. J’ai entendu des “wouah” d’enthousiasme. Après, pour raviver leur curiosité, je leur ai par exemple dit que quelqu’un, sans leur préciser qui, avait laissé un message, créant ainsi un petit suspense. L’enjeu, c’est de les guider dans leurs découvertes. L’éveil à la curiosité s’accompagne, car parfois les enfants peuvent être vite découragés si les connaissances sont trop complexes pour eux. En grandissant, ils perdent un peu de leur curiosité globale, car ils se découvrent des centres d’intérêts plus précis. Si l’enseignant est passionné, l’enthousiasme est plus facile à activer et ensuite si quelques élèves sont curieux, l’effet groupe peut faire le reste. Idéalement, ce serait bien si les élèves avaient un après-midi par semaine pour explorer ce qui les passionne.» Propos recueillis par Nadia Revaz L a bibliographie de la E. Nicollerat Documentation pédagogique Le secteur documentation pédagogique de la Médiathèque Valais - SaintMaurice propose quelques suggestions de lecture en lien avec le dossier pour aller plus loin. Tous les documents mentionnés sont bien sûr disponibles à la Médiathèque Valais - SaintMaurice (cf. cotes indiquées) et pour certains à Sion également. Des activités pour motiver les élèves en difficulté…et les autres: [4 e /3e français], «Les petits carrés pour l’aide individualisée; 6», Nancy, Scérén-CRDP de Lorraine, 2001. Cote: 804.0(072) ACTI 10 Le goût d’apprendre, «Les Entretiens Nathan; actes 14», Paris, Nathan, 2004. Cote: 37.02 GOUT Motiver, remotiver: des pratiques innovantes de l’école au lycée: des enseignants témoignent, des chercheurs s’expriment, Buc, CRDP de l’Académie de Versailles, 2006. Cote: 37.02 MOTI CZECHOWSKY N. (dir. Par), La curiosité: les vertiges du savoir, Paris, Autrement, 1983. Cote: 001 CURI DELANNOY C., La motivation: désir de savoir, décision d’apprendre, «Ressources formation. Enjeux du système éducatif», Paris, Centre national de documentation pédagogique; Hachette Education, 2005. Cote: 159.947 DELA LIEURY A et FENOUILLET F, Motivation et réussite scolaire, Paris, Dunod, 2006. Cote: 159.947 LIEU LONGHI G., Décrocheurs d’école: redonner l’envie d’apprendre aux adolescents qui craquent, Paris, Ed. de La Martinière, 2003. Cote: 371.212.72 LONG MACCOMBS B., Motiver ses élèves: donner le goût d’apprendre, «Animer sa classe », Paris [etc.], De Boeck, 2000. Cote: 159.947 MACC THEYTAZ P., Motiver pour apprendre: guide pour parents, enseignants et élèves, «L’aire de famille»,SaintMaurice, Ed. Saint-Augustin, 2009. Cote: 159.947 THEY VIANIN P., La motivation scolaire: comment susciter le désir d’apprendre?, «Pratiques pédagogiques», Bruxelles. De Boeck, 2006. Cote: 37.02 VIAN VIAU R., La motivation scolaire en contexte scolaire, «Pratiques pédagogiques», Bruxelles. De Boeck, 2007. Cote: 37.02 VIAU Résonances - Décembre 2010 ) R egards croisés sur la curiosité Quatre spécialistes de l’école (et de la motivation en ce qui concerne Fabien Fenouillet et Rolland Viau) ont accepté de relever un petit défi en lien avec la curiosité. Ils avaient pour mission d’aborder en quelques lignes ce sujet passionnant, en adressant leur message aux enseignants et/ou aux élèves. Voici le résultat. Ou comment d’une petite flamme de curiosité en faire un feu d’artifice. Alors, si vous êtes curieux, vous lirez avec empressement ces quelques lignes. Fabien Fenouillet, professeur de Psychologie cognitive à l’Université Paris X Nanterre http://fabien.fenouillet.free.fr La curiosité et la motivation intrinsèque (Fabien Fenouillet) «Cher élève, trouveras-tu un moment pour regarder différemment, pour interroger ce qui «va de soi», pour proposer créativement. L’école ne peut se faire sans toi, elle est pour toi, par toi et avec les autres; alors trois suggestions courtes et réalistes pour envisager votre quotidien scolaire d’un autre regard: «cherchez l’erreur»: en sciences, si on ne remet pas en cause sa démonstration, on ne pourra jamais rien trouver; la science s’est construite souvent par les erreurs réalisées. L’erreur est pensée comme une source du progrès, et permet d’éviter l’enfermement. Jouez à «chercher l’erreur», quand vous participez au cours; questionnez ce qui paraît une évidence. Osez la «reliance»: créez le lien, le rapprochement entre ce qui peut paraître cloisonné, dissocié (regardez votre emploi du temps!); permettez-vous des mariages bizarres entre sciences et arts, entre vidéo et langue, entre éducation physique et sportive et histoire; proposez-le à votre professeur; ce sera toujours surprenant, et créatif, dynamique. Changez une «petite chose» dans votre organisation, qui bousculera peu à peu tout le reste; travaillez à deux, changez de place; ou encore, inventez des rôles dans la classe; bougez les tables; écrivez à votre professeur. Là encore, l’inattendu sera au rendez-vous.» «Le concept de curiosité est proche de celui d’intérêt et de motivation intrinsèque, concepts qui tournent autour de l’idée qu’une activité peut être réalisée pour ellemême. Par exemple, l’élève peut s’investir à l’école parce qu’il veut faire plaisir à ses parents, pour avoir de bonnes notes ou encore parce qu’il a conscience de l’importance de ce travail pour son avenir. Dans tous ces cas de figure peu importe la nature de l’activité, cette dernière n’est que l’instrument d’une réalisation qui lui est extérieure. Ce n’est pas le cas pour la curiosité. Berlyne (1960) conceptualisait la curiosité comme un état d’éveil, autrement dit quand on est curieux, on est plus attentif, plus attentionné par ce que l’on fait. Pour éveiller la curiosité il faut intriguer, surprendre, prendre au dépourvu les attentes de l’élève. L’introduction de la nouveauté peut donc évoquer cette curiosité, tout comme l’incertitude. Cependant, il ne s’agit là que d’une activation à court terme. Une fois que la curiosité est “éveillée”, il faut ensuite être en mesure de la faire durer pour qu’elle profite réellement aux apprentissages scolaires, qui eux se conçoivent généralement sur du plus long terme. C’est à ce niveau-là que le concept d’intérêt peut s’avérer très utile, mais ceci est une autre histoire.» Trois suggestions à l’élève (François Muller) «On ne force pas une curiosité, on l’éveille.» Daniel Pennac, Extrait de Comme un roman. François Muller, responsable de la mission «innovation et expérimentation», académie de Paris Innovation > www.ac-paris.fr/portail/jcms/piapp2_694 25/innovation-et-experimentation Diversifier > http://francois.muller.free.fr/diversifier/ index.htm Le blog > www.lewebpedagogique.com/diversifier Trois idées sur la curiosité (Philippe Perrenoud) Pour éveiller la curiosité, il faut oser par exemple se permettre des mariages entre sciences et arts. ( Résonances - Décembre 2010 «“La curiosité est un vilain défaut“, dit-on aux enfants qui ne cessent de poser les questions, en particulier lorsqu’elles sont embarrassantes. Réveiller la curiosité, 11 c’est d’abord renoncer à cette cenLa curiosité à apprendre: sure, ce qui ne va pas de soi, car l’enseignant, un modèle la curiosité des enfants s’adresse (Rolland Viau) bien entendu à ce que les adultes leur cachent ordinairement, à ce «Il est difficile de déterminer si la cuque la pudeur, le bon goût, la moriosité est une source ou une consérale ou l’hypocrisie interdisent de quence de la motivation à apprendire. Seconde idée: tous les endre à l’école. Quoi qu’il en soit, elle fants ne sont pas spontanément y est intimement liée. La recherche curieux simplement parce que en psychopédagogie démontre que ce sont des enfants. Cela dépend l’enseignant est l’un des plus imporde leur éducation, de leur classe tants facteurs qui influent sur la cusociale, de leur rapport au monde riosité intellectuelle et la motivation et au savoir. Troisième idée: cesà apprendre de ses élèves. sons de voir la curiosité comme un Souvent en classe il adopte une posLa petite flamme curiosité peut trait stable d’une personne. Perture d’expert qui “sait”, et dont le devenir feu d’artifice. sonne n’est curieux de tout. La curôle est de transmettre son savoir. riosité est le produit fragile et éphémère d’une renEn s’attribuant ce rôle, il oublie malheureusement de sicontre entre une personne et une situation qui crée gnifier à ses élèves que lui-même se retrouve fréquemun déséquilibre cognitif, un décalage entre le besoin ment dans une position d’apprenant afin de satisfaire de savoir et l’état présent du savoir. Si l’on ne peut sa curiosité intellectuelle. Il pourrait non seulement leur changer la personne, alors tentons de changer la sidire à quel point il aime apprendre, mais leur en faire tuation.» également la démonstration. Douter, se questionner, chercher, et surtout prendre plaisir à le faire, voilà ce qu’il doit accomplir devant ses élèves pour éveiller et Philippe Perrenoud, Faculté de psychologie et des entretenir leur curiosité à apprendre.» sciences de l’éducation, Université de Genève Internet: www.unige.ch/fapse/SSE/teachers/perrenoud Laboratoire Innovation, Formation, Education (LIFE): Rolland Viau, Université de Sherbrooke, Québec www.unige.ch/fapse//LIFE https://pages.usherbrooke.ca/rviau D es sites pour aller plus loin Atelier Graine de Curieux L’Atelier Graine de Curieux est un relais pédagogique didactico-ludique qui s’adresse aux enfants mais aussi aux parents ainsi qu’aux professionnels de l’enfance. Le site propose une vidéo intéressante sur le thème: «Apprendre, c’est se questionner». http:// atelier graine decurieux. blogspot. com 12 Questions sur… Questions sur la philosophie, sur l’informatique, sur internet, sur les migrations, sur l’archéologie, sur la biologie… Ce service permet d’adresser des questions à des spécialistes ou de lire les réponses qu’ils ont déjà fournies. Avec des vidéos. De quoi éveiller la plupart des curiosités. www.questionsur.ch/home Vidéos sur la motivation Interview d’Alain Lieury sur la motivation d’apprendre et donc sur la curiosité indirectement http://apprendreaapprendre.com/reussite_scolaire/article.php?cat_num_sel=&numtxt=1013 Résonances - Décembre 2010 )