Le défi du supermarché en ligne - HEG-FR

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Le défi du supermarché en ligne - HEG-FR
Datum: 20.01.2016
Le Quotidien de la Côte
1260 Nyon 1
022/ 994 41 11
www.lacote.ch
Medienart: Print
Medientyp: Tages- und Wochenpresse
Auflage: 8'245
Erscheinungsweise: 5x wöchentlich
Themen-Nr.: 375.032
Abo-Nr.: 1089048
Seite: 15
Fläche: 93'214 mm²
Le défi du supermarché en ligne
Sur internet, plus encore que dans la vraie vie, Migros et Coop se partagent l'offre
en alimentation. Un marché difficile à percer, face aux défis du réseau et du transport.
LOGISTIQUE
En 2015, LeShop, le supermarché en ligne de Migros, a encaissé 176 millions de francs, un chiffre d'affaires en hausse de 6,6% sur un an.
KEYSTONE
RACHEL RICHTERICH
Choisir ses poireaux en quel- gros et Coop. Respectivement 60 que 1,5% des ventes réalisées par
les détaillants sur internet, selon
ques clics sur sa tablette, bien ins- et 40 pour cent.
tallé au fond de son canapé. Opter Les revenus des deux géants via la dernière étude sur le compour de la viande hachée plutôt internet sont en hausse continue merce de détail réalisée par Crequ'une barquette de côtes de porc depuis cinq ans. En 2015, dit Suisse. Pas grand-chose comen pianotant sur son smartphone LeShop, le supermarché en ligne paré aux 24% que s'arroge
dans le train. Faire ses courses en de Migros, a encaissé 176 mil- l'électronique et aux 13,6% de
ligne est aujourd'hui possible par- lions de francs, un chiffre d'affaires l'habillement. Plus facile de juger
tout et en tout temps, grâce à la en hausse de 6,6% sur un an. de la qualité d'un téléviseur sur la
multitude de supports disponi- Pour Coop@home, la progres- base d'un descriptif, que de la mables et une abondante offre de sion est de 5,5%, à 120 millions. turité d'une tomate.
produits. Pourtant, seuls deux Une infime part de leurs chiffres Mais, à l'instar des deux autres
distributeurs se partagent ce mar- d'affaires totaux qui dépassent les segments, la part de l'alimentaire
ché de l'alimentaire en ligne: Mi- 27, respectivement 25 milliards. est appelée à doubler d'ici à 2020,
L'alimentation ne représente
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selon ce «Retail Outlook» publié de gamme ne propose que des Coop. Une priorité dans les inpar Credit Suisse en début d'an- produits d'épicerie secs, mais re- vestissements du géant bâlois, de
née. «C'est une niche qui grandit», lève «un fort potentiel de crois- même chez son rival zurichois.
relève Maxime Botteron, chef sance» dans ses filiales Delicateséconomiste analyse conjonctu- sa, dédiées à l'alimentation. Le
relle de la grande banque. Par discounter Aldi note que «l 'eailleurs, «le taux de pénétration du
commerce en ligne dans le segment
de l'alimentation est aujourd'hui de
20 pour cent. Ce qui laisse une belle
marge de progression», relève Car-
Réseau développé
Une force de frappe que les deux
commerce est effectivement une géants du commerce de détail
option très intéressante pour le doivent à leurs réseaux de fourcommerce de détail», mais se con- nisseurs, mais aussi de magasins
centre pour l'heure sur le déve- stationnaires - les succursales
loppement de ses succursales.
Terrent directeur général de Ce qui achoppe n'est ni idéolo- physiques -, qui constituent autant de points de relais. Difficile
l'association suisse pour le com- gique, ni technologique. Beaucoup plus terre à terre: c'est la lo- de rivaliser, «les jeux semblent
merce en ligne Netcomm.
gistique qui pêche. «A la fois le faits», selon Marc Benoun.
nerf de la guerre et la clé du suc- «Les seules possibilités résident
Peu de prétendants
dans des groupements de producPourtant, les prétendants ne se cès», analyse Marc Benoun, con-
bousculent pas pour grignoter seiller indépendant en gestion teurs ou de détaillants», selon l'auteur du livre «Le commerce de
leur part du gâteau. Sur son site des affaires pour la distribution.
«Nous sommes pionniers et parmi détail suisse - du colportage au ecommerce». Ou encore pour des
vaste assortiment de vêtements, les seuls à être rentables avec notre
marchés de niche, comme les paélectronique, jouets, bijoux, cos- livraison à domicile», se félicite
niers bio.
Dominique
Locher,
directeur
métiques. Tout y est. Sauf les
Mais là encore, les deux leaders
internet, Manor propose un
produits Manor Food. Du vin et général de LeShop, qui a fondé
quelques produits d'épicerie non son entreprise en 1998 déjà. Et
périssables, conditionnés sous depuis peu. Car le conditionneforme de corbeilles cadeaux, ment et le transport de produits
mais aucun produit frais. «Pour frais en respectant la chaîne du
l'instant, nous ne prévoyons pas de froid est complexe et coûte cher.
proposer toutes les denrées alimen- «On n'emballe et on ne livre pas
taires du magasin sur notre site on- des salades et des ufs de la même
line», indique une porte-parole manière qu'un T-shirt.»
de Manor.
Sur ce terrain, Migros et Coop
Même son de cloche du côté de dominent. «Notre objectif est d 'of-
Globus, qui annonce pourtant frir aux clients une livraison aussi
avoir doublé son chiffre d'affai- vite que possible, ce qui implique
res online pendant les Fêtes. Le une logistique au top», souligne
site internet des magasins haut Urs Meier, porte-parole de
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ont une longueur d'avance: ils
bénéficient de l'atout confiance,
souligne Marc Benoun. Le client
ne peut pas choisir ses pommes
ou ses brocolis, juger de leur qualité de visu, ou tâter les mandari-
nes avant d'opter finalement
pour un avocat bien mûr. Il doit
se fier aveuglément au distributeur. «Or, le consommateur connaît le standard de qualité de son
supermarché.»
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Des opportunités, peu de compétences
Par rapport au reste du monde, la Suisse trait des achats commandés en ligne dans
est bien positionnée en matière de com- leurs magasins. «Il ne suffit pas de créer un site
merce en ligne, souligne Carlo Terreni, directeur général de l'association suisse de ecommerce Netcomm Les consommateurs
de 16 à 65 ans sont presque tous connectés à
internet (95%) et près de 90% ont déjà fait
un achat en ligne, selon une enquête de
internet. C'est toute la structure d'achat qui doit
être repensée, pour que numérique et station-
naire soient parfaitement complémentaires»,
souligne Magali Dubosson.
L'emploi en pleine mutation
C'est ce qui a poussé Netcomm à lancer
ContactLab menée pour l'association.
Le pays se place juste derrière le Royaume- une formation spécifique en e-commerce
Uni (93%) et l'Allemagne (92%). En termes destinée aux professionnels de la branche.
de dépenses en revanche, il arrive en tête, Dans un premier temps au Tessin. Mais dès
déboursant chaque année en moyenne près avril en Suisse romande, en partenariat avec
de 2000 francs.
la Haute Ecole de gestion de Fribourg, indi-
Le consommateur est prêt et le marché que Magali Dubosson.
existe. Mais «ce qui manque en Suisse, ce sont L'essor du commerce en ligne ralentirait
des compétences spécifiquement formées au e- la progression de l'emploi dans le com-
commerce», relève Magali Dubosson, pro- merce de détail, selon les analystes de Crefesseure de marketing à la Haute Ecole de dit Suisse. Un effet encore difficile à évagestion de Fribourg. «Ce type de consomma- luer. Mais ce qui est certain, c'est que cette
tion implique de connaître et de tenir compte progression des ventes en ligne génère
du cheminement de l'acheteur.»
«une mutation du type de travail», relève
En particulier face à la multiplication des Arnaud Bouverat, du syndicat Unia. Dans
supports: le client va peut-être dans un pre- des conditions parfois plus pénibles, en
DE L'ÉTRANGER?
La
concurrence pourrait
venir de
l'étranger. A commencer par Amazon,
pour qui l'alimentation ne serait pas
l'activité la plus rentable, mais la seule
qui crée un lien très fort avec le client,
selon Dominique Locher. «Nous ache-
tons bien plus souvent du pain, du lait
et des oeufs que des livres ou un poste
de télévision.»
Le géant américain a récemment lancé
un magasin de boissons et une épice-
rie, disponible en France, en Italie ou
en Allemagne. Quant à une prochaine
livraison en Suisse, il ne communique
rien. Même mutisme au sujet des rumeurs annonçant l'arrivée prochaine
mier temps comparer le produit convoité particulier pour les livreurs, soumis à de
sur sa tablette, passer le voir en magasin à sa longues journées.
pause de midi, puis finaliser la commande Le syndicaliste rappelle aussi que seule la
sur son smartphone dans le train, en ren- moitié des salariés du commerce de détail
du supermarché en ligne Amazon
sont soumis à une convention collective de
Les commandes mobiles passées chez travail, ce qui vaut aussi pour les employés
LeShop représentent d'ailleurs 40% des des plateformes en ligne. Mais globalement,
commandes totales. Les supermarchés en li- ce qui inquiète le plus, c'est le développegne de Migros et Coop ont aussi développé ment du tourisme d'achat, lié principaledes solutions spermettant par exemple le re- ment au franc fort, qui menace l'emploi en
ou l'autre, la concurrence sera là. Ce
n'est qu'une question de temps», con-
trant chez lui.
Fresh en Europe. Le géant américain
aurait acheté un immense entrepôt
dans les environs de Londres. «Un jour
clut Dominique Locher.
Suisse.
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