Le rôle des partis politiques dans la compétition
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Le rôle des partis politiques dans la compétition
ENSEIGNEMENT DE SPECIALITE Sciences sociales et politiques Il est demandé au candidat de répondre à la question posée par le sujet : - en construisant une argumentation ; - en exploitant le ou les documents du dossier ; - en faisant appel à ses connaissances personnelles. II sera tenu compte, dans la notation, de la clarté de l'expression et du soin apporté à la présentation. Ce sujet comporte deux documents. THÈME DU PROGRAMME : Le système politique démocratique SUJET Quel est le rôle des partis dans la compétition politique ? DOCUMENT 1 Les partis jouent un rôle décisif dans la sélection des élites politiques et des gouvernants. En effet, en dépit de leur mauvaise image, il est très difficile d'être élu à un mandat important sans l'investiture d'un ou de plusieurs partis. La personnalité des candidats, éventuellement leur bilan passé, peut aussi être un élément important du vote. Mais, lorsque les électeurs ne connaissent aucun candidat, l'étiquette partisane et le programme du parti restent des raisons essentielles de choix. Les partis ont un rôle de filtre des candidatures. En principe, ils n'investissent qu'une personne par circonscription et l'aident, par toute une logistique et des financements, à faire campagne. Le poids des partis dans la préparation de l'élection et leur rôle de filtrage doivent normalement aboutir à limiter le nombre de candidats, ce qui est probablement plutôt favorable à un bon fonctionnement de la démocratie représentative. Chacun des candidats crédibles est investi par un parti. Les candidatures hors parti sont peu nombreuses et de peu de poids. Le centrage de plus en plus fort des partis sur les élections et la baisse du nombre des adhér ents font qu’aujourd’hui les membres des partis ayant déjà été candidats représentent une part sensiblement plus importante du membership. P.BRECHON, « Les partis politiques dans l’expression du suffrage », in pouvoirs n°120, 2007. DOCUMENT 2 Sont Sont Enquête post-électorale, CEVIPOF – Juin 2012 . 1 – Analyse du sujet : Quel est le rôle des partis dans la compétition politique ? Quel est le rôle = Quelles sont les différentes fonctions… Partis politiques = organisation durable, dont les membres partagent les mêmes valeurs, les mêmes projets politiques, visant à acquérir et à exercer le pouvoir, et recherchant à cette fin, le soutien populaire. Compétition politique = concurrence entre les partis politiques, en particulier au moment des élections, pour obtenir le suffrage populaire et accéder au pouvoir. Champ spatial et temporel = Les sociétés démocratiques contemporaines 2 – Réponse à la question posée : Introduction : Amorce = La démocratie représentative implique le pluralisme politique, c’est-à-dire l’existence de plusieurs partis politiques qui sont en concurrence pour l’accession au pouvoir politique. Problématique = Quels sont les différentes fonctions exercées par ces associations, qui rassemblent des individus unis par des valeurs et des projets politiques communs, dans la conquête du pouvoir ? Comment sélectionnent-elles les candidats qui vont se présenter aux élections ? Comment font-elles pour mobiliser les électeurs autour de leurs idées ? Comment font-elles pour les politiser ? Annonce du plan = Après avoir montré le rôle des partis dans la sélection des élites, nous montrerons qu’ils jouent un rôle essentiel dans la mobilisation des électeurs autour de leurs idées et dans leur politisation. 1 – Les partis jouent donc un rôle décisif dans la sélection des élites politiques et des gouvernants Les partis politiques jouent un rôle majeur dans la désignation des candidats. En effet, pour que le peuple puisse exercer son droit de choisir ses représentants, il faut bien que des candidats puissent émerger et qu’ils puissent se différencier. Il faut donc que des groupes – les partis politiques – se structurent pour répondre à cette fonction de sélection du personnel politique. Pour cela, les partis vont mettre en concurrence des membres du parti pour choisir ceux qui les représenteront le mieux. Il est en effet difficile de se présenter et de remporter une élection à un suffrage sans avoir obtenu l’investiture d’un parti. Ce « filtrage des candidatures » (Doc 1) permet de rationnaliser l’action politique en mettant à disposition du candidat l’ensemble des ressources financières et logistiques pour mener la campagne électorale. Les électeurs qui ne connaissent pas le candidat se rallieront plus facilement à lui en fonction de son « étiquette partisane ». Mais, dans cette course à l’investiture, les rapports de domination sont prédominants. Quel que soit le mode de désignation des candidats, que ce soit par le comité de direction (FN), par les adhérents et les militants (Mme Merkel pour le CDU) ou par les sympathisants (Primaires socialistes) tous les militants d’un parti n’ont pas les mêmes chances d’accéder à l’investiture. Etre proche d’un dirigeant important du parti est un atout (Rachida Dati), avoir fait des études de Sciences politiques et l’ENA en est un autre (Giscard d’Estaing, Chirac, Hollande…) et avoir du charisme renforce cette domination symbolique (Obama, De Gaulle…). Une véritable loi d’airain de l’oligarchie, pour reprendre les termes de Robert Michels, s’exerce car les élus qui se représentent ont plus de chance d’être choisis parce qu’ils contrôlent mieux les procédures de l’investiture (Doc 1). 2 – Les partis ont également pour fonction de mobiliser les électeurs La campagne électorale assigne aux partis une deuxième fonction, celle de la mobilisation électorale qui correspond à l’ensemble des actions mises en œuvre pour structurer et diffuser une offre politique et persuader les électeurs de s’y rallier en y apportant leur soutien et leur vote. Comment faire en sorte que des millions d’électeurs, qui ne se connaissent pas, se déplacent le jour de l’élection pour désigner des candidats qu’ils ne connaissent pas comme titulaires du pouvoir politique ? Telle est la problématique de Mosei Ostrogorski. Pour ce faire, les partis politiques doivent développer un programme concret d’objectifs réalisables dans le court et le moyen terme, qui tiennent compte, de la base idéologique du parti, des demandes des électeurs et des militants, du programme des autres partis, du type de partis (de gouvernement ou protestataire). Ainsi, le Parti Socialiste, pendant la campagne présidentielle, a proposé de taxer à 75% les revenus au-delà de 1 million d’euros ou de recruter 60 000 fonctionnaires dans l’Education nationale alors que l’UMP proposait de ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux partant à la retraite et que le FN proposait l’abandon de l’Euro (Doc 2). Ensuite, le parti doit s’assurer de la diffusion de ses idées et du soutien des sympathisants. Ceci nécessite l’utilisation de tous les moyens de propagande, des plus traditionnels (tracts, affiches…) aux plus modernes (internet). Une parti du succès de Barack Obama a reposé sur le quadrillage des quartiers assurés par des militants et des sympathisants connectés en permanence sur Internet pour recevoir l’argumentaire et les électeurs cibles devant être contactés. 3 – Les partis contribuent à la politisation des citoyens La politisation des électeurs peut, tout d’abord, être définie comme un processus de socialisation politique qui conduit les individus à s’intéresser, à penser, à agir selon des critères politiques. On peut considérer que ce processus fonctionne lorsque les partis parviennent à convaincre les électeurs du bien-fondé des mesures qu’ils seraient amenés à prendre une fois au pouvoir . Lors de l’enquête post-électorale des présidentielles de 2012, on se rend compte que des propositions correspondant au corpus de valeurs du parti vainqueur axées autour du progrès, de la solidarité ou de l’égalité sont celles qui ont trouvé le plus d’écho auprès de l’opinion publique. D’après le CEVIPOF, 70 % des français interrogés en juin 2012 étaient d’accord avec le droit à l’euthanasie, 69 % pour la taxation des revenus supérieurs à 1 million d’€, ou encore 61 % d’accord avec le mariage ouvert aux homosexuels qui étaient proposés par le PS alors que le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux ne recueillait que 38% d’approbation ou l’abandon de l’euro 24% (Doc 2). La politisation désigne aussi l’attribution d'un caractère politique à ce qui n'en avait pas ou la « récupération » d'un évènement à des fins partisanes. Ils montrent du doigt un certain nombre de faits qu’ils transforment en question politique (La prière du rue, par exemple) afin de faire réagir les citoyens et de canaliser leur mécontentement. Les partis restent donc les principaux animateurs du débat public se livrant à un long travail d’intéressement des profanes en dehors comme lors des campagnes électorales n’hésitant pas à transformer des questions sociales en question politique, voire à récupérer des évènements pour occuper l’espace médiatique.