TE1 - TE2 - SES - Corrigé Bac Blanc – Février 2013 Dissertation :

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TE1 - TE2 - SES - Corrigé Bac Blanc – Février 2013 Dissertation :
TE1 - TE2 - SES - Corrigé Bac Blanc – Février 2013
Dissertation :
Sujet : La notion de classe est-elle encore pertinente pour analyser la société française ?
Karl Marx a fait des classes sociales une question sociologique majeure. Le Manifeste du parti
communiste commence par ces mots : "L'histoire de toute société jusqu'à nos jours est l'histoire de
la lutte des classes" (1848). Pour lui, une classe sociale regroupe des individus qui partagent la
même position dans les rapports de production (classe en soi) et qui en ont conscience (classe pour
soi), ce qui débouche sur la lutte des classes. Mais d'autres sociologues s'y sont intéressés aussi,
notamment Max Weber, qui voit les choses autrement. Dans une approche nominaliste, il conçoit les
classes sociales comme un classement opéré par le sociologue, sans visée politique contrairement à
l'approche réaliste de Marx.
Se demander si l'on peut encore distinguer des classes sociales aujourd'hui en France, c'est
donc aussi se demander quelle définition est encore valide pour analyser les classes sociales.
C'est pourquoi nous verrons que l'analyse de Marx garde une certaine actualité, même si
celles inspirées de Weber correspondent mieux aux sociétés actuelles.
Partie 1 : Certaines classes sociales persistent en France aujourd'hui.
A. La bourgeoisie reste une classe au sens traditionnel de Marx.
- La ("haute" ou "grande") bourgeoisie reste au sommet de l'échelle sociale et mobilisée pour
défendre sa position.
Stratégies d'entre soi social (lieux de résidence et de villégiature,
établissements scolaires élitistes, homogamie, loisirs sélectifs, etc). Analyses de M. Pincon-Charlot...
- Pouvoir de l'argent qui se manifeste par le lobbying politique en faveur de réductions fiscales sur
les hauts revenus et les revenus du capital et sur les bénéfices des entreprises (...qui leur
appartiennent).
- On peut distinguer d'autres classes sociales, plus ou moins mobilisées (Marx en distinguait 7 ou 8,
Weber 4) : agriculteurs, bobos, précaires, artisans, professions libérales, fonctionnaires, ...
B. La vision des classes sociales reste d'actualité.
- L'analyse a été renouvelée par Bourdieu : domination par le capital économique, social et culturel
(à définir), qui se transmet. Le clivage bourgeois/prolétaires a pu être remplacé par celui
Actionnaires-dirigeants/ salariés. Son graphique de classement des pratiques sociales (1979) selon le
montant du capital global détenu (axe vertical) et sa composition entre capital économique et
culturel (axe horizontal) reste pertinent, même s'il faut actualiser certaines données : le tennis s'est
démocratisé, mais pas l'avion ni les vacances au ski (ni le polo !).
- Les faits le confirment. Des inégalités dues au milieu social, aux inégalités de ressources
économiques et culturelles demeurent : inégalités d'espérance de vie (doc 2 : /!\ écarts entre CSP,
pas entre sexes), de patrimoine (doc.1 : 1% de la population la plus riche possède à elle seule 20%
du patrimoine global français) de pratiques culturelles, de consommation, de réussite scolaire et
d'insertion professionnelle, homogamie, inégalités urbaines (...). Ces inégalités se maintiennent ou
se renforcent depuis les années 1980 (doc 2 : maintien des écarts entre femmes cadres et femmes
ouvriers, homme cadre et homme ouvrier).
Partie 2. L'analyse en classes sociales correspond moins bien à la société contemporaine.
A. La moyennisation a remis en cause l'analyse traditionnelle (de Marx).
− Sous l'effet des Trente Glorieuses, on assiste à une augmentation des niveaux de vie
permettent un accès à la consommation de masse, à de nouvelles protections (sécurité
sociale). Les modes de vie se sont rapprochés : les taux d'équipement des ménages en
réfrigérateur, lave-linge, télévision, radio et téléphone dépassent tous 95%. 80% pour
l'automobile.
− H. Mendras dans « La seconde Révolution française » (1984) va montrer l’importance de la
moyennisation dans la société française : le niveau des revenus et des patrimoines et le
niveau des diplômes. Cela lui permet d’avoir une « vision cosmographique » de la société
avec 5 « constellations sociales » => Regroupement de la population autour des classes de
revenu médian, qui correspond à une aspiration vers le haut et à une diminution des
inégalités.
- La classe ouvrière au sens de Marx n'existe plus : éclatement entre OQ et ONQ, stables et précaires
(doc.4). Les employés non-qualifiés partagent des conditions de vie semblables aux ONQ mais
l'ensemble ne forme pas une classe sociale : pas de conscience commune, peu ou pas de luttes
communes.
B. La moyennisation a brouillé les frontières de classe.
- Lutte des places contre lutte des classes : les classes modestes ou moyennes ont eu des
opportunités de promotion sociale individuelle (massification scolaire, système qui s'efforce d'être
méritocratique, mobilité sociale structurelle vers les catégories en expansion : cadres, professions
intermédiaires, employés -métiers jugés moins difficiles -physiquement- que le travail en usine).
- Perte du sentiment d'appartenance à une classe et des repères politiques traditionnels : doc.3 : le
vote à gauche et à l'extrême gauche n'est plus une caractéristique fondamentale des ouvriers. La
moitié avaient voté pour Ségolène Royal aux présidentielles de 2007 quand ils étaient les ¾ à avoir
voté Mitterand en 1981.
- Parmi ceux qui ont le sentiment d'appartenir à une classe (doc 3), la grande majorité (2/3) se
situent au centre : peu se définissent comme "défavorisés" ou "aisés" ou "privilégiés", dominants ou
dominés, gagnants ou perdants, riches ou pauvres ; alors qu'ils le sont objectivement...
C. De nouvelles inégalités se manifestent.
- Selon le statut de l'emploi (emploi stable / précaire doc.4), l'âge voire la génération (conflits
potentiels autour des retraites)
- Les mobilisations proviennent de nouveaux motifs, d'appartenance et de préférences individuelles :
conflits pour l'égalité entre genres, pour la reconnaissance des minorités, pour l'égal accès aux
droits fondamentaux, pour l'environnement. La lutte des classes n'est pas pertinente pour analyser
ces conflits.
La vision de Marx reste en partie valide, car la bourgeoisie domine toujours la société, grâce
à ses ressources économiques (Marx, Weber), mais aussi culturelles (Bourdieu). Le renforcement des
inégalités et le développement de la pauvreté et de la précarité redonnent de l'actualité à cette
analyse. Pourtant, la conscience de classe a fortement reculé, surtout dans les milieux populaires
(ouvriers, employés) et modestes, ce qui enlève de la pertinence à la vision marxiste, et explique
l'absence de lutte des classes. Mais cette absence a aussi d'autres raisons, notamment la
moyennisation des conditions de vie et les possibilités d'ascension sociale, ainsi que la multiplication
des critères d'inégalités, qui ne sont pas tous explicables par une logique de (lutte des) classes.
Cependant, ce recul de la dimension politique des classes sociales n'est-il qu'une parenthèse
? D'après Louis Chauvel (2001), l'existence de classes sociales mobilisées obéit à un cycle historique.
La situation actuelle se caractérise par une aggravation des inégalités qui pourrait déboucher vers
un renouveau des "identités de classe", donc d'une conscience de classe partagée par tous les
perdants du système économique et social actuel. Si la tendance se confirme l'analyse marxiste du
XIXe siècle pourrait redevenir d'actualité.
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Conseils de méthode pour la dissertation
- Privilégiez l'épreuve composée si vous avez des difficultés à construire et à rédiger.
- Pour bâtir votre plan, partez de la question posée et de vos connaissances, PUIS, après, étudiez les
documents. Ceux-ci apportent des illustrations, des compléments. Mais vous devez les traiter avec
du recul : ce qui importe est VOTRE réponse, celle que vous construisez. Elle doit être illustrée par
les documents (vous DEVEZ les exploiter) mais votre copie ne doit jamais se limiter à un simple
commentaire des documents.
- Gardez au minimum 2h pour rédiger : gardez toujours la moitié du temps de l'épreuve AU MOINS
pour rédiger. L'idéal est de ne consacrer au brouillon qu'une heure à une heure trente puis de
commencer à rédiger.
EPREUVE COMPOSEE - Éléments de correction
Partie 1 : maîtrise des connaissances
1) Caractériser les formes de solidarité chez Durkheim
- Solidarité mécanique : sociétés traditionnelles. Faible division sociale du travail. Similitude et
ressemblance. Forte conscience collective. Droit répressif.
- Solidarité organique : société moderne. Forte division sociale du travail. Interdépendance des
individus. Droit restitutif.
2) Comparer un système de change fixe à un système de change flottant.
Définir clairement chacun des deux systèmes (2 points).
Présenter un avantage de chaque régime (change fixe : spéculation impossible, pas d'incertitude
pour les exportateurs sur les revenus de leurs ventes) OU un inconvénient de chaque régime
(change fixe : pas de rééquilibrage automatique de la BP par fluctuation de la monnaie) ( 1 point)
Partie 2 : Étude d'un document.
- Présentation : graphique, indices, sources ( 1 point)
- Lecture de données ( 1 point). Pour une base 100 avec interprétation.
- Raison de la forte croissance du commerce international : ouverture des économies... ( 1 point).
- Lien entre croissance du commerce international et croissance du PIB ( 1 point) constat d'une
interdépendance des économies et du rôle de la demande extérieure dans la production des
richesses nationales.
Partie 3 : Comment les NTIC peuvent-elles contribuer à la croissance économique d'un
pays ?
I) NTIC ( Télécommunications, Internet, e-commerce, composants et logiciels
informatiques) sont des innovations de produit source de croissance .
A) Interprétation Schumpéterienne de la dynamique du progrès technique : NTIC : grappe
d'innovation , révolution technologique et branche motrice à l'origine de vague d'expansion.
B) Nouveau produit à la base de nouveaux besoins stimulant la demande et la production : référence
à la "filière inversée" de Galbraith + exemples
C) NTIC facteur de croissance endogène par les dépenses qu'il occasionne en matière de R&D et
parce qu'elles permettent un accès plus aisé aux connaissances , via internet par exemple.
D) NTIC améliorent l'offre, les services des entreprises, leur compétitivité et la qualité. Compétitivité
hors prix ou structurelle. Doc1 : USA pays le plus équipé et qui possède le TCAM du PIB le plus élevé.
L'économie numérique représentait 7,3 % du PIB de l'économie américaine en 2007 contre 4,7%
pour la France. Entre 1980 et 2008, le PIB a augmenté en moyenne de 2,91 % chaque année aux
États-Unis contre seulement 2,01 % en France.
E) NTIC permettent une baisse des coûts des services publics au Danemark (Doc 3) permettant à
l'État de réaliser des économies pouvant être à l'origine de dépenses de redistribution, de grands
travaux si ou de politique de relance de la demande source de croissance.
II) NTIC sont aussi des innovations de procédés source de croissance
NTIC Permettent d'améliorer l'organisation de l'entreprise et constituent une innovation de procédé
source de productivité. Les gains de productivité peuvent ensuite être à l'origine d'effets positifs
pour la croissance :
A) Baisse des coûts et baisse des prix permettant d'améliorer la compétitivité des entreprises
facilitant l'augmentation des ventes stimulant la production donc la croissance.
B) Hausse des salaires si permettant de stimuler la consommation donc la demande donc la
production donc la croissance.
C) Hausse des profits facilitant l'autofinancement donc l'investissement donc la compétitivité donc
les ventes et la croissance..
D) Réduction du temps de travail sans baisse des salaires développant certaines activités en
particulier dans les loisirs stimulant la demande donc la production donc la croissance.
E) Hausse des profits et hausse des salaires permettent augmentation des recettes de l'État qui peut
ensuite utiliser ces recettes pour redistribuer, réaliser des grands travaux ou pratiquer une politique
de relance stimulant la demande donc la production donc la croissance.