Projet de recherche

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Projet de recherche
L’homogamie : nouvelles approches temporelles,
longitudinales et comparatives d’un sujet classique
Milan Bouchet­Valat
Direction : Louis­André Vallet
La question de l’homogamie a été relativement délaissée par la sociologie française dans la période récente. Alors que ce thème fait l’objet d’un net regain d’intérêt à l’étranger, tant en Europe qu’aux États­Unis, au Japon et en Corée du Sud, on ne recense en tout et pour tout que trois études empiriques portant sur la France publiées au cours des 20 dernières années (Forsé et Chauvel, 1995 ; Goux et Maurin, 2003 ; Vanderschelden, 2006), chacune portant sur un aspect et une méthode particuliers. Pourtant, depuis l’enquête classique Le Choix du conjoint de l’INED, sous la direction d’Alain Girard (1964), la sociologie française avait trouvé dans l’étude de l’homogamie un terrain fécond, du point de vue de l’étude de la formation du couple, avec le prolongement des travaux de Girard (Bozon et Héran, 1987, 1988), mais aussi sur le plan de la stratification sociale (Desrosières, 1978 ; Audirac, 1982 ; Vallet, 1986). Si, depuis, les travaux sur l’homogamie se sont faits rares, et si la réflexion théorique qui l’accompagne s’est singulièrement amenuisée, cette désaffection ne semble pas justifiée – c’est, du moins, ce que nous tenterons de démontrer dans ce projet.
En effet, même si l’effervescence de travaux des années 1980 est largement retombée, peut­être paradoxalement suite à une critique, sévère mais in fine stimulante, dans laquelle François de Singly (1987) remettait en question nombre d’hypothèses qui sous­tendaient ces analyses, ce n’est pas le signe que tout aurait été dit sur la question, ou que ce sujet ne pourrait rien apporter à la sociologie contemporaine. À l’intersection des sociologies de la famille, des réseaux d’interconnaissance et de la stratification sociale, l’étude de l’homogamie apparaît aujourd’hui comme une voie privilégiée pour l’analyse des tendances contemporaines de la société, dans un contexte où les questions de stratification et d’inégalités sont l’objet d’une attention renouvelée, de la part des chercheurs comme de la société. Au­delà, l’homogamie permet d’aborder des questions anthropologiques déjà anciennes, comme la théorie de l’échange, qui a récemment été remise en question en ce qui concerne l’échange matrimonial dit « interracial » aux États­Unis (Rosenfeld, 2005). Ce débat n’est pas dénué d’incidences concrètes sur la caractérisation de l’espace social : son enjeu est en effet de savoir si celui­ci est gouverné par une préférence pour la similarité, sur le mode « qui se ressemble s’assemble » (Blau, 1967), par des stratégies largement inconscientes de reproduction (Bourdieu, 1972), ou par une concurrence entre individus pour le « meilleur parti » (Becker, 1991), avec des conséquences profondes sur la nature des relations sociales en général.
À l’instar de la mobilité sociale, l’homogamie offre un indicateur exceptionnel des proximités changeantes entre groupes sociaux, avec comme particularité de mesurer des associations synchrones, et non plus intergénérationnelles, entre individus et entre classes. Plus encore que l’association parents­enfants (ou plus spécifiquement père­fils), le lien entre conjoints L’homogamie
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constitue un déterminant fondamental des relations sociales (Haller, 1981), indépendamment des transformations majeures qu’il a connues en même temps que l’institution familiale dans son ensemble. Le choix du conjoint, s’il est pour le sociologue un indice des cercles de relations des deux conjoints, influence aussi la transformation ultérieure de ces cercles, et donc les relations concrètes qu’établissent et maintiennent (ou non) des membres de groupes sociaux différents. Plus encore, à travers l’univers familial créé par une union, ce sont les enfants sur lesquels se font le plus fortement sentir les effets de l’homogamie de la génération qui les a précédés, tant la concentration, ou au contraire l’hybridation, d’héritages économiques, culturels et relationnels peut jouer sur les parcours des enfants qui sont issus de cet univers (Mare et Schwartz, 2006).
Si donc les évolutions de la société et des questionnements de la sociologie n’ont fait, à nos yeux, que renforcer l’intérêt d’un renouvellement des études de l’homogamie, le développement spectaculaire, depuis les années 1980, des méthodes d’analyse statistique fondées sur les modèles log­linéaires, log­
multiplicatifs et apparentés, impose tout autant l’actualisation et le prolongement des études « classiques », qui n’ont été initiés que très partiellement en France. Plus récemment, des travaux comparatifs ont tenté de mesurer l’homogamie dans un grand nombre de pays (Blossfeld, 2009), avec des résultats souvent contradictoires et contestés, qui méritent un approfondissement. Enfin, le recours novateur à des analyses biographiques, dites aussi longitudinales, devrait permettre d’introduire de nouvelles interrogations plus détaillées, comme l’effet de l’allongement de la scolarité sur l’homogamie d’éducation (Blossfeld et Timm, 2003), tout en dépassant certaines difficultés méthodologiques auxquelles se heurtaient les autres approches. Ces trois directions actuelles nous semblent devoir aller de pair, un véritable approfondissement de l’état présent et de l’évolution passée des modes d’association entre conjoints gagnant nettement, comme c’est généralement le cas, à conjuguer les niveaux et les contextes d’analyse.
Dans le cadre de notre année de Master 2, nous avons commencé à explorer la voie « classique » enrichie des modèles statistiques mis au point dans la période récente, et l’approche biographique ; dans les deux cas, l’analyse s’est limitée à la société française. Dans le cadre d’études françaises ou internationales, les dimensions à notre sens les plus intéressantes de l’homogamie sont celles de l’origine sociale et de la catégorie socio­professionnelle, trop souvent négligées dans les travaux actuels, et celle d’éducation (correspondant au niveau de diplôme des conjoints), qui est la plus souvent retenue. Les dimensions ethniques et religieuses, traditionnellement très étudiées aux États­Unis, nous semblent à la fois moins essentielles et plus problématiques pour l’analyse de la stratification sociale en France, sans même parler de la rareté des données disponibles. Si la nationalité d’origine des parents est en revanche un aspect mobilisable de l’homogamie, son étude ne se conçoit qu’en renfort des critères principaux de statut social déjà cités.
L’enjeu théorique de l’homogamie
L’étude sociologique de l’homogamie tire une partie de sa force du dévoilement spectaculaire qu’elle réalise à chaque fois qu’elle insiste sur la force des déterminants sociaux du choix du conjoint, dans une société qui présente le choix amoureux comme le domaine par excellence où s’exerce la liberté individuelle contre les contraintes sociales, explicites ou non (Bozon et Héran, 1987). Représentant peut­
être en cela un des sommets de l’entreprise sacrilège de la sociologie, elle vise à considérer objectivement le processus et le résultat d’une « institution » située au cœur de l’idéologie des sociétés libérales contemporaines. Ainsi l’analyse bourdieusienne, qui visait à démystifier la culture légitime en la replaçant au sein d’un marché des biens culturels, trouve­t­elle un parallèle, peut­être encore plus frappant aujourd’hui, dans l’application de la « froide raison » au domaine tant mis en valeur des sentiments amoureux – parallèle théorique réalisé par Bourdieu lui­même (1979, pp. 109, 167), mais L’homogamie
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curieusement beaucoup plus travaillé à l’échelle de groupes (Bourdieu, 1972 ; De Saint Martin, 1985) qu’au niveau, macrosocial, qui nous préoccupe (Desrosières, 1978).
Au moins deux approches, distinctes jusqu’à un certain point, peuvent être développées à partir de ce dévoilement : l’analyse des processus concrets de rencontre et de mise en couple aboutissant à l’homogamie ; la mesure du résultat de ces décisions individuelles, pris comme un révélateur de l’espace social et de ses transformations. Deux approches qui ne se conçoivent pas complètement isolément, puisque l’étude des processus serait bien fragile sans un regard sur le résultat ainsi atteint, et qu’inversement, celle de ce résultat amène, du moins dans sa version approfondie, à formuler des hypothèses sur les processus qui lui sont sous­jacents.
Une des hypothèses centrales dans les recherches actuelles illustre bien ces deux aspects de l’étude de l’homogamie : à la suite d’une proposition classique de la sociologie de la mobilité (Blau et Duncan, 1967), de nombreux auteurs ont cherché à identifier une tendance des sociétés développées vers un affaiblissement de l’hérédité sociale (statut assigné) au profit d’un renforcement de l’influence du diplôme obtenu par les individus (statut acquis) ; cette proposition signalerait un accroissement de l’égalité des chances au cours des cinquante dernières années. La mise en évidence de la réduction de l’homogamie liée à l’origine sociale (Mare, 1991 ; Kalmijn, 1991 ; Forsé et Chauvel, 1995 ; Uunk, 1996), encore contestée (Vanderschelden, 2006), ouvre directement la voie à des hypothèses concernant les processus de mise en couple. Un accroissement de l’importance de l’éducation pourrait s’expliquer en termes de proximité culturelle (ou d’habitus), d’échange économique et de prestige sur un marché matrimonial, ou encore de rencontre sur les bancs de l’université. Ces hypothèses peuvent plus précisément être testées en concentrant l’analyse sur certains groupes, ou en recourant à des études biographiques qui tiennent compte du moment de mise en couple par rapport à la date de fin d’études (Blossfeld et Timm, 2003).
Ce qui nous semble en jeu derrière cette interrogation théorique, c’est bien la nature même des sociétés développées : non seulement par rapport à leurs tendances passées à une plus ou moins grande ouverture, qui les inscrirait dans un mouvement de long terme de déségrégation des rapports sociaux ; mais aussi par rapport aux effets qu’il convient d’attendre de l’élévation du niveau d’éducation. En plus de cette tendance générale, il est en effet essentiel de porter attention aux variation de l’ouverture des différents groupes sociaux : la relative « unification » de la majorité peut s’accompagner de la fermeture de certains groupes, notamment aux extrêmes de l’espace social. Une étude approfondie de l’homogamie constituerait ainsi une contribution à la formulation d’une forme de diagnostic d’époque.
Mesurer l’association : nouveaux modèles statistiques
On le voit, les tentatives de mesure de l’homogamie, parties d’idées relativement simples, et de techniques élémentaires comme la lecture de tables d’homogamie fondées sur des pourcentages, ont rapidement exigé des développements plus détaillés, impliquant le recours à des méthodes variées et d’une complexité croissante. Face aux transformations majeures de la structure socio­professionnelle et éducative de la population, la comparaison de taux bruts d’homogamie n’offre qu’une information partielle sur la persistance ou l’évolution des comportements réels. C’est pourquoi les modèles log­
linéaires et leurs extensions ont été particulièrement utilisés dans ce champ d’étude : à partir du début des années 1990, le recours à cette famille de modèles a permis non seulement de mesurer l’évolution temporelle de l’homogamie nette des variations structurelles, mais encore de cesser de ne considérer que l’homogamie au sens strict, correspondant à la diagonale d’une table. Grâce aux modèles dits de franchissement (Johnson, 1981 ; Mare, 1991 ; Qian, 1998 ; Blackwell et Lichter, 2000, 2004 ; Schwartz et Mare, 2005) ou encore à ceux de distance sociale (Kalmijn, 1991), il est désormais possible de mesurer des proximités entre groupes sociaux plutôt que de se contenter de considérer leur plus ou moins grande fermeture.
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Dans le cas de l’homogamie socio­professionnelle, il est ainsi particulièrement intéressant de ne pas considérer les catégories d’analyse comme figées, mais d’autoriser un groupe à être ouvert à certains, et fermé à d’autres : cette possibilité est par exemple essentielle en cas de déséquilibre marqué dans la répartition entre hommes et femmes au sein d’un groupe (on songe notamment aux PCS « ouvriers » et « employés », dont l’analyse de l’homogamie au sens strict manque l’essentiel, tant les échanges entre ces deux groupes sont importants). Dans le cas de l’homogamie d’éducation, ces modèles évolués permettent de suivre l’évolution temporelle des barrières entre niveaux de diplôme, montrant ainsi où se situent les vraies ruptures de la société contemporaine. Enfin, avec l’aide de modèles comme celui, log­multiplicatif, d’association lignes­colonnes (Goodman, 1979), il est possible d’examiner si l’espace social considéré se réduit de manière acceptable à une seule dimension, sur laquelle chaque catégorie se voit attribuer une position, ou si cet espace n’est correctement décrit que par l’apport de plusieurs dimensions (Bourdieu, 1979, p. 137). Dans ce dernier cas, il sera alors plus facilement exploré à l’aide de techniques telles que l’analyse des correspondances (Desrosières, 1978), méthode pouvant éventuellement mener à l’élaboration d’un modèle d’associations ad­hoc plus fin, comme un modèle d’association lignes­colonnes à plusieurs dimensions.
Parmi la large variété de modèles utilisés dans les travaux sur l’homogamie, les trois modèles cités ci­
dessus (franchissement, distance, association lignes­colonnes) n’ont pas à ce jour été appliqués à des données françaises. L’article le plus élaboré sur la question, celui de Mélanie Vanderschelden (2006), a utilisé de nombreux modèles pour saisir l’évolution de l’homogamie stricte (log­multiplicative layer effect model, modèle log­multiplicatif à forme de régression...) ; mais il repose sur une définition assez restrictive de l’homogamie à un instant donné, qui ne considère pas ces effets de distance sociale. En outre, les modèles retenus jusqu’ici, qui n’ont que rarement et très récemment été utilisés ailleurs, ne permettent pas une comparaison terme à terme avec la plupart des travaux étrangers. Il nous semble donc important de mettre en œuvre l’ensemble des modèles déjà présents dans la littérature afin de rendre possible cette comparaison et d’enrichir l’analyse – ce que nous avons commencé à faire dans le cadre de notre Master 2.
Il est d’autant plus utile de faciliter la confrontation entre travaux que les données de qualité sont rares : si l’on veut saisir une évolution de l’homogamie dans le temps, recourir à une unique enquête transversale introduit un biais d’observation important, puisque l’on ne dispose d’informations que sur les couples qui ne se sont pas séparés ; étant donné que le risque de séparation augmente avec le temps, et donc avec l’âge des interrogés, la variation temporelle observée pourrait n’être due qu’à cette limite des conditions d’enquête (Kalmijn, 1991, p. 505). Toutes les études récentes sur la société française souffrent de ce problème, puisqu’elles se fondent sur l’enquête Emploi 1989 (Forsé et Chauvel, 1995), sur l’enquête Formation et qualification professionnelle 1993 (Goux et Maurin, 2003), ou encore sur l’enquête Étude de l’histoire familiale 1999 (Vanderschelden, 2006). Afin de contourner ce biais et d’examiner s’il affecte de manière significative les résultats, nous avons cette année utilisé, après harmonisation, la série des enquêtes Emploi de 1969 à 2009, chacune nous donnant une image non biaisée de la société française à la date correspondante. Une autre approche consiste à recourir à des mesures de prévalence, autrement dit à étudier des flux (par cohortes de naissance, de mise en couple...) plutôt que des stocks d’unions (Schwartz et Mare, 2005). En France, cela revient in fine à reconstruire des données concernant des cohortes de naissance à partir, par exemple, des enquêtes Emploi, l’état civil étant particulièrement lacunaire sur les variables qui intéressent habituellement le sociologue ; en revanche, aucune enquête ne permet, à notre connaissance, d’étudier sans biais important des cohortes d’unions.
Un dernier aspect qui nous paraît exiger une reprise à nouveaux frais de ces études tient aux catégories utilisées par les travaux français ; ce problème touche d’ailleurs une grande partie des études étrangères. Jusqu’à récemment, en effet, les chercheurs n’ont que secondairement porté leur attention sur les classifications socio­professionnelles et de diplôme auxquelles ils recouraient. Or, en particulier en l’absence d’utilisation de modèles de distance sociale, plus robustes, les mesures de la force générale de L’homogamie
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l’homogamie sont extrêmement sensibles aux regroupement effectués – ce qui a trop été négligé depuis l’introduction des modèles log­linéaires. Hou et Myles (2008) ont récemment montré, en s’appuyant sur les exemples des États­Unis et du Canada, que la finesse de la classification choisie pour mesurer le niveau d’éducation affectait non seulement l’ampleur de l’homogamie mesurée à une période donnée, mais aussi, et de manière importante, son sens de variation, ce qui était moins attendu.
En plus du recours à l’ensemble des modèles disponibles, et à des études plus détaillées des relations entre groupes, nous estimons donc nécessaire de vérifier la robustesse des résultats en renouvelant les analyses à différents niveaux d’agrégation des catégories socio­professionnelles et des diplômes, et si possible, avec des classifications alternatives. À ce titre, nous avons commencé à appliquer cette règle en recourant à plusieurs regroupements des catégories de diplômes, et, pour la catégorie socio­
professionnelle, en utilisant simultanément la classification française des PCS et la classification internationale Casmin. Cette démarche présente par ailleurs l’avantage de rendre possibles de manière à la fois plus facile et plus rigoureuse des comparaisons internationales.
Comprendre la mise en couple : l’analyse biographique
En complément de la mesure « classique », transversale, de l’homogamie, qui autorise elle­même une variété de niveaux d’analyse, depuis la structure sociale globale jusqu’à la modélisation la plus détaillée, se sont depuis quelques années développées des méthodes longitudinales qui permettent de tenir compte des parcours individuels dans la formation de couples homogames ou hétérogames. Suivant en cela une tendance plus générale des sciences sociales, ces travaux ont donc cherché à ouvrir, ou à rouvrir, la boîte noire des processus menant à l’homogamie – ce qu’avaient déjà fait, avec d’autres méthodes, les premiers travaux sur la formation du couple. Grâce à ces études plus fines, des questions théoriques difficiles à aborder à l’aide de modélisations transversales ont été soulevées, comme celles portant sur le fonctionnement (et l’existence même) des « marchés matrimoniaux ». À travers une analyse biographique, il est en effet possible de mettre en relation la succession d’événements et leurs moments d’occurrence (fin des études, mise en couple, séparation, remise en couple...), et d’en inférer des explications à partir de corrélations observées dans l’ordre chronologique au niveau individuel : relation entre date de fin d’études et choix d’un conjoint de même niveau d’études, influence d’une remise en couple sur l’homogamie, etc.
Dans ce champ d’étude encore peu exploré, la contribution majeure est celle de Hans­Peter Blossfeld et Andreas Timm (2003), ouvrage collectif qui regroupe des travaux appliquant le même modèle d’analyse à 13 pays européens, plus les États­Unis et Israël. Le livre se concentre sur l’éducation et le rôle du système éducatif dans le renforcement de l’homogamie d’éducation, et montre notamment qu’il existe une tendance au mariage homogame immédiatement après la sortie du système scolaire. Mais cette contribution pionnière est bien loin d’avoir couvert toutes les questions qui nous semblent essentielles : en raison de sa focalisation sur l’éducation, et sans doute en partie pour des raisons de comparabilité internationale, l’ouvrage néglige l’origine sociale et le statut socio­professionnel des individus. De même, l’utilisation du nombre d’années comme mesure continue du niveau d’éducation restreint l’analyse, puisque, ainsi que nous l’avons déjà soutenu, ce sont probablement les discontinuités de l’échelle des diplômes qui en disent le plus sur la concurrence scolaire et la structuration de la société.
Par ailleurs, les données françaises utilisées, déjà citées (Goux et Maurin, 2003), ne sont malheureusement pas véritablement longitudinales : faute d’enquêtes plus adaptées, les auteurs ont dû reconstruire le parcours biographique des individus de l’enquête Formation et qualification professionnelle de 1993 ; pour cela, ils ont notamment dû supposer que le premier conjoint (sur lequel l’enquête ne dit rien) possède les mêmes caractéristiques que le dernier conjoint de l’individu (sur lequel portent les questions). Il ne serait donc pas inutile d’approfondir la voie qui a ainsi été ouverte.
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En effet, depuis la parution de cet ouvrage, en 2003, des données plus adaptées sont devenues disponibles. En particulier, l’enquête Biographies et entourage, menée par l’INED en 2001 sur un échantillon de près de 3 000 individus représentatifs de la population d’Île de France âgée de 50 à 70 ans au moment de l’enquête, s’inscrit dans une démarche parfaitement adaptée aux approches biographiques. Elle retrace en effet, grâce à des entretiens ayant duré en moyenne une heure et demie, l’intégralité du parcours professionnel, résidentiel et familial des interrogés et de leurs proches (conjoints, parents, beaux­parents, enfants et beaux­enfants), dans une perspective longitudinale (fiche AGEVEN). La base issue de l’enquête contient donc des renseignements concernant l’ensemble des conjoints successifs des individus, ce qui permet de connaître la situation de l’individu et de son conjoint à la date de mise en couple aussi bien que tout au long de l’histoire du couple (naissance des enfants, mariage, cohabitation...).
Nous avons eu la chance d’avoir accès aux données de cette enquête, encore non publiées, dans le cadre d’un stage au sein de l’unité Mobilité, logement et entourage de l’INED, sous la direction d’Eva Lelièvre, responsable de l’enquête depuis sa conception ; ce stage nous a d’ores et déjà permis d’appliquer des modèles longitudinaux aux données de Biographies et entourage. Un premier objectif a consisté à revenir sur les questions abordées par Blossfeld et Timm, en s’appuyant sur les données plus riches de Biographies et entourage. Cette enquête fournit à cet effet des informations très détaillées sur les diplômes, qui permettent notamment de ne pas trop agréger les catégories du bas de l’échelle, ce que notre regard contemporain tend trop souvent à faire. Ayant aussi accès à l’ensemble des professions successives des individus, il nous est par ailleurs possible d’approfondir cette analyse en tenant compte de caractéristiques socio­professionnelles. Ce travail a aussi été l’occasion d’examiner s’il est possible d’appliquer des modèles paramétriques de durée au phénomène de la mise en couple : il apparaît qu’une fonction log­logistique est plus à même de modéliser le comportement de mise en couple que les distributions exponentielles utilisées par les contributions existantes.
Une des richesses de l’enquête Biographies et entourage tient aussi à la description détaillée qu’elle fournit à propos des parcours biographiques de trois générations : non seulement celui de l’interrogé, mais aussi celui de ses parents et de ses enfants. Ces informations peuvent être considérées comme fiables, puisque pour la période de leur vie qui nous intéresse le plus, l’interrogé vivait avec ses parents ; il en va de même pour les enfants, étant donné que la période en question est plus récente, et le parent interrogé, un adulte. Ainsi, Biographies et entourage permet de remonter à des générations nées au tournant du XXe siècle, ce qui est à notre connaissance inédit, et, ce qui l’est encore plus, d’étudier le lien entre ces générations en termes de « lignée ». Il est donc possible d’analyser des influences inter­
générationnelles, comme la tendance à l’homogamie d’enfants issus de couples eux­mêmes homogames – ce qui peut mener à des considérations sur la fermeture, ou au contraire l’enchevêtrement, des réseaux sociaux.
Dans le cadre d’une thèse, ces recherches devraient en outre s’attacher à vérifier si, et dans quels cas, les caractéristiques des conjoints se rapprochent après la mise en couple, autrement dit, si l’homogamie se renforce avec le temps, et si l’homogamie appelle ou non son propre renforcement ultérieur (Verbakel, 2008). Au­delà, ce renforcement qui s’opère potentiellement par la mise en harmonie des modes de vie et des cercles de relations des conjoints présente des conséquences considérables sur la génération suivante ; cette question, qui commence à peine à être abordée (Mare et Schwartz, 2006 ; Schwartz, 2010), est à même de renouveler la tradition sociologique d’analyse des mécanismes invisibles de la reproduction sociale. Elle ne peut qu’avoir gagné en importance au cours des dernières décennies, si l’on considère l’effet mécanique sur les inégalités de revenu qu’entraîne le passage d’un modèle dans lequel l’emploi féminin ne fournit qu’un revenu d’appoint au ménage, à celui où les deux parents disposent d’un revenu, sinon complètement égal, du moins largement comparable : les écarts de revenus peuvent s’en trouver, dans le scénario extrême, doublés. Dans une période qui se préoccupe de l’inégalité des chances, il est loin d’être inutile de comprendre comment et dans quel sens les mécanismes de reproduction économique et culturelle ont évolué.
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Enfin, une extension de ces approches biographiques serait utilement réalisée en passant de l’étude des comportements à celle des préférences des individus et des processus de choix du conjoint. Ceux­ci avaient déjà été étudiés à travers les annonces matrimoniales du Chasseur français par François de Singly (De Singly, 1984) ; très récemment, ce sont les sites de rencontres en ligne, en développement rapide, qui ont retenu l’attention des sociologues (Skopek, Schulz et Blossfeld, 2011). Ces derniers auteurs ont par exemple pu vérifier que les individus les plus diplômés, et particulièrement les femmes, sont ceux qui ont le plus tendance à contacter de potentiels partenaires de même niveau d’éducation. L’homogamie serait donc autant, sinon plus, le résultat des préférences des individus (homophilie) que du cloisonnement des univers sociaux, qui limite les possibilités de rencontres. Ces analyses fournissent une entrée intéressante pour la compréhension de ce que reflète l’homogamie, mesurée en tant que résultat de processus de mise en couple, et ne doivent pour cela pas être négligées.
Comparaisons internationales
Un dernier aspect des études contemporaines de l’homogamie qui gagne à notre sens à être développé est celui, déjà évoqué, des comparaisons internationales (Blossfeld, 2009). Avant l’ouvrage collectif dirigé par Blossfeld et Timm (2003), plusieurs programmes ambitieux par leur ampleur, mais recourant à des méthodes plus classiques, ont déjà produit des résultats. Cette série de travaux (Ultee et Luijkx, 1990 ; Smits, Ultee et Lammers, 1998 ; Smits, 2003), d’abord tournée exclusivement vers les pays industrialisés, s’est progressivement élargie pour couvrir 65 pays de tous niveaux de développement, faisant ainsi face à de nouveaux questionnements quant au sens de l’homogamie et des niveaux d’éducation dans des pays profondément différents.
Encore une fois, ces travaux se sont concentrés sur l’homogamie d’éducation, limitation salutaire étant donné l’extrême difficulté à réunir des données concernant un échantillon aussi diversifié de pays. Leurs conclusions sont difficiles à synthétiser, les problématiques et les méthodes ayant dû se transformer avec l’élargissement de l’échantillon ; un résultat relativement solide est cependant qu’avec le développement de l’éducation de masse, l’homogamie d’éducation se renforce à mesure que le diplôme devient un déterminant central des positions sociales, avant que la plus grande ouverture de la société ne la fasse à nouveau diminuer. L’originalité de ces travaux tient donc à ce qu’ils mettent en relation des niveaux très différents de développement, et pas seulement une société donnée sur quelques décennies.
Notre projet est bien plus modeste : alors que les recherches ont jusqu’ici été limitées par les données disponibles, nous pensons pouvoir tirer parti de la publication récente des résultats de l’enquête SHARELIFE (Survey of Health, Ageing and Retirement in Europe, volet biographique), qui fournit des informations harmonisées grâce à une enquête menée conjointement dans 12 pays européens. Conduite par l’Université de Tilburg grâce à un financement de la Commission européenne, cette enquête porte sur 19 000 personnes (dont, par exemple, 2 000 pour la France), appartenant sensiblement à la même génération que l’échantillon de Biographies et entourage, et contient, pour ce qui concerne notre recherche, le même type de renseignements. L’existence de cette enquête européenne permet d’éviter le recours à des enquêtes nationales aux modalités très différentes, source de difficultés lors de la synthèse des résultats. Ces données offrent ainsi l’opportunité de comparer les processus de formation du couple dans une série de sociétés assez proches pour qu’une comparaison ait du sens, mais ayant cependant connu des trajectoires historiques assez différentes.
Notamment, dans une autre étude comparative portant sur trois anciennes démocraties populaires (République tchèque, Slovaquie et Hongrie), Tomáš Katrňák (2008) a montré que l’homogamie d’éducation avait suivi dans les deux premiers pays une courbe en U, diminuant avant la chute du Mur et regagnant ensuite de manière assez rapide le terrain perdu. Une recherche comparative portant sur des générations plus anciennes serait l’occasion de mesurer les écarts entre pays d’Europe de l’Ouest, et de mettre en regard ces différences avec celles qui les séparent des sociétés alors sous domination soviétique, L’homogamie
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mais aussi de comprendre plus précisément les processus de mise en couple dans ces deux groupes de pays.
Cette approche comparative pourrait ensuite être prolongée par l’utilisation d’enquêtes non longitudinales, mais qui fourniraient des indications sur l’évolution des comportements matrimoniaux au cours du temps dans différents pays, à l’image de notre travail actuel sur la série des enquêtes Emploi en France ; ceci aurait pour avantage secondaire d’augmenter nettement les effectifs des échantillons, ce qui est nécessaire à la mise en œuvre de certaines analyses transversales détaillées. À notre connaissance, un seul travail comparatif international (Uunk, 1996) a déjà pris en compte l’homogamie socio­professionnelle (et aucun celle liée à l’origine sociale), mais en utilisant une mesure continue du statut social (l’International Socio­Economic Status Index, ISEI), et donc sans recourir aux modèles log­linéaires qui permettent une mesure des distances sociales – et, de manière secondaire, sans inclure la France. Cet aspect de l’homogamie nous semble pourtant mériter, nous l’avons dit, de plus amples investigations, notamment quant à son rapport avec l’homogamie d’éducation.
Nous espérons avoir démontré l’intérêt des nouvelles voies qui sont aujourd’hui ouvertes pour renouveler l’étude sociologique de l’homogamie. L’approche la plus classique, alliant études transversales et comparaisons temporelles, garde son intérêt, puisqu’elle n’a pas été approfondie autant qu’elle le pourrait, en particulier en France. L’approche biographique, ou longitudinale, n’a encore été qu’ébauchée, et permettrait une compréhension bien plus fine des processus en jeu dans le phénomène de l’homogamie. Enfin, l’approche comparative s’est principalement attachée à étudier des pays très différents par leurs niveaux de développement, et moins à comparer des pays développés entre eux, ce qui autoriserait des analyses plus détaillées, potentiellement associées à une approche longitudinale.
Si les données longitudinales ont fait défaut jusqu’à récemment, les enquêtes aujourd’hui disponibles sont assez riches. Du point de vue transversal, et concernant la France, les enquêtes Emploi et Formation et qualification professionnelle fournissent de longues séries qui peuvent être rendues homogènes, concernant l’éducation, la catégorie socio­professionnelle et l’origine sociale des conjoints. En outre, les données issues des Recensements de la population peuvent être mobilisées en renfort, en particulier du fait de leurs importants effectifs. Ce sont là à notre sens les principales sources, les autres données, comme l’enquête Étude de l’histoire familiale 1999 (héritière des enquêtes Famille), ne constituant pas des séries harmonisées, et ne fournissant pas d’informations biographiques assez détaillées pour reconstituer des cohortes non biaisées.
En ce qui concerne les études longitudinales, l’enquête Biographies et entourage apparaît comme la source à privilégier, puisqu’elle rend possibles, comme nous l’avons montré, plusieurs types d’analyses biographiques : étude de la mise en couple des individus, de leurs couples successifs, des parcours professionnels des conjoints après leur mise en couple. Elle offre aussi une information unique à propos de l’homogamie sur trois générations successives, et donc sur un possible auto­renforcement de l’homogamie, ainsi que sur son influence sur les inégalités sociales à long terme.
Enfin, les études comparatives peuvent se fonder de manière prioritaire sur l’enquête SHARELIFE, qui présente l’intérêt d’une harmonisation en amont entre les pays européens qu’elle couvre, et de recueillir des données biographiques, croisant ainsi les deux dernières approches que nous avons présentées. Des études comparatives transversales peuvent aussi être menées, mais elles devront passer par l’harmonisation d’enquêtes issues de différents pays, comme les enquêtes Emploi françaises ou les Labor Force Surveys des différents pays européens.
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Bibliographie
Audirac, Pierre­Alain (1982), « Cohabitation et mariage : qui vit avec qui ? », Economie et statistique, vol. 145 (1), pp. 41­59.
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