Diagnostic et traitement de l`anémie ferriprive pendant la grossesse

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Diagnostic et traitement de l`anémie ferriprive pendant la grossesse
4 ème Iron Academy (17 mars 2011, Hôpital universitaire de Zurich, Suisse)
Diagnostic et traitement de l‘anémie ferriprive pendant la grossesse
Daniel Surbek, Clinique Universitaire de Gynécologie, Service de gynécologie et obstétrique, Hôpital de l’Île, Berne, Suisse.
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Résumé
La prévalence de l’anémie ferriprive (AF=IDA, iron deficiency anemia) au cours de la grossesse
est élevée. En effet, cette maladie toucherait 30 à 50% des femmes enceintes à l’échelle mondiale,
avec une prévalence bien supérieure dans certains pays en développement. Plusieurs études de
cohortes de grande envergure et une méta-analyse récente ont démontré qu’en début de grossesse,
l’AF modérée à grave engendrait une augmentation des risques d’accouchement prématuré et de
faible poids de naissance. À long-terme, les conséquences respectives pour le nouveau-né sont
notamment l’apparition d’une maladie cardiovasculaire et une augmentation de la mortalité due à des
épisodes cardiovasculaires ultérieurs. L’AF modérée au cours de la grossesse ne semble pas nuire au
bien-être du fœtus ni au pronostic néonatal. En revanche, les effets couramment constatés chez la
mère sont, entre autres, la fatigue, les vertiges et le syndrome des jambes sans repos.
Le dépistage de l’AF au cours de la grossesse est généralement recommandé. Habituellement,
il consiste à mesurer à plusieurs reprises le taux d’hémoglobine et à déterminer les indices
érythrocytaires. Par ailleurs, le dosage de la ferritine sanguine au cours du premier trimestre donne
un aperçu des réserves en fer et permet de prédire une AF à un stade ultérieur de la grossesse.
Par conséquent, des recommandations plus récentes préconisent le dosage de la ferritine au cours
du premier trimestre. Si une anémie est diagnostiquée, les investigations diagnostiques peuvent
également inclure les carences en vitamine B12, les carences en folates et, dans certains cas, les
hémoglobinopathies (par exemple si la TCMH est inférieure à 27 pg/l). Pour l’étape diagnostique
suivante, la chromatographie en phase liquide à haute performance peut être préférable à
l’électrophorèse de l’hémoglobine si une hémoglobinopathie est soupçonnée.
Une supplémentation en fer doit être administrée aux femmes enceintes dont le taux de
ferritine est bas au cours du premier trimestre afin de prévenir toute AF au cours de la grossesse,
même si le taux d’hémoglobine reste normal. Le traitement d’une AF manifeste au cours de la
grossesse comprend une supplémentation orale en fer. Dans certains cas, cependant, l’administration
de fer par intraveineuse s’avère nécessaire si le traitement oral est insuffisant ou inadéquat.
Chez les patientes souffrant d’AF au cours de la grossesse, l’administration de fer par intraveineuse
est indiquée dans les cas suivants: mauvaise tolérance (effets indésirables gastro-intestinaux),
mauvaise observance, mauvaise absorption (augmentation insuffisante du taux d’hémoglobine et/
ou de ferritine), nécessité d’obtenir des taux d’hémoglobine périnataux élevés ou une augmentation
rapide du taux d’hémoglobine (hémorragie périnatale anticipée, par exemple en cas de placenta
praevia, de distension de l’utérus, de fibrome utérin volumineux ou de trouble de la coagulation, ainsi
que chez les témoins de Jéhovah). L’administration de préparations à base de fer par intraveineuse
est contre-indiquée au cours du premier trimestre. Les données présentées indiquent qu’au cours
des deuxième et troisième trimestres de la grossesse, l’administration de carboxymaltose ferrique
(Ferinject®) par intraveineuse est aussi sûre que l’administration de saccharate de fer (Venofer ®) en ce
qui concerne les effets indésirables subis par la mère. Par ailleurs, l’administration de carboxymaltose
ferrique est mieux tolérée à des posologies plus élevées (administration possible de doses maximales
de 15 mg/kg du poids corporel en une seule perfusion de 30 minutes).
Pour conclure, le dépistage de l’AF au cours de la grossesse et des carences en fer en début de
grossesse, ainsi qu’une supplémentation en fer adéquate sont favorables à l’issue de la grossesse.
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