Henry David Thoreau - Camp littéraire de Baie

Transcription

Henry David Thoreau - Camp littéraire de Baie
David Henry Thoreau
Présentation de Marie-France Brunelle
David Henry Thoreau est né le 12 juillet 1817. En 1837, diplômé de Harvard, il
entreprend son journal et change son prénom pour Henry David. En mars 1845, il
commence la construction de sa cabane à Walden Pond sur un terrain prêté par son ami
Emerson. Il y emménage le 4 juillet de la même année. L’année suivante, il se fait
emprisonner pour non-paiement de ses impôts. Son refus était lié au fait que les
décisions du gouvernement ne reflétaient pas ses valeurs antiesclavagistes. Il
entreprend l’écriture de « Walden, ou la vie dans les bois » cette année-là. En 1847,
lorsqu’il quitte sa cabane, il va vivre dans la maison d’Emerson pendant que ce dernier
fait une tournée de conférences en Europe. En 1848, Thoreau donne une conférence sur
le thème de la relation entre l’individu et l’État. Son œuvre « de la désobéissance civile »
est publiée en 1849.1 Cette œuvre fondatrice inspirera Tolstoï, Gandhi et Martin Luther
King dans leurs actions.
En 1849 « Week on the Concord and Merrimack Rivers » est publié. « Walden, or life in
the woods » est publié en 1854. En mars 1859, au décès de son père, il reprend la
direction de l’entreprise familiale de fabrication de crayons. Le 4 mars 1860, Abraham
Lincoln est inauguré président des États-Unis. Le 6 mai 1862, Thoreau meurt de la
tuberculose à un peu plus de 44 ans. 1
En 1863, « Walking » est publié avec une introduction par Emerson qui dit de son ami,
ma traduction : sa voie pourrait se nomme « l’art de vivre bien », s’il défiait les opinions
des autres c’était pour agir selon ses propres croyances.3 La relation qu’il entretenait
entre le corps et l’esprit était d’une force incroyable. Il a dit qu’il désirait chaque pas que
ses jambes faisaient.6 Il a choisi d’être riche en réduisant ses besoins au point d’être
capable d’y répondre par lui-même.4 Cela ne lui coûtait rien de dire non; en fait, il
trouvait cela plus facile que dire oui. Il s’impatientait des limites de nos pensées
quotidiennes. Sa façon d’être rendait difficiles les relations sociales. Mais, aucun
compagnon ne pouvait l’égaler dans son affection pure et sans intention.5 Il détenait
une sagesse, propre à un très petit nombre d’hommes, qui lui permettait de voir le
monde matériel sous forme de symboles et de significations. Cette capacité, qui parfois
éclaire les poètes pendant quelques instants et leur permet d’agrémenter leur œuvre,
était chez lui une prise de conscience qui ne sommeillait point.7 Sa fantaisie de ne
prendre comme référence que les environs de Concord ne provenait pas de l’ignorance
ou de l’insensibilité au monde plus vaste, mais était plutôt l’expression enjouée de sa
1
conviction de l’indifférence de l’endroit, que la meilleure place pour chacun est où il se
trouve. Il avait énoncé cette pensée ainsi : Je crois qu’il n’y a aucun espoir pour toi, si
cette petite plaque de boue sous tes pieds n’est pas plus douce pour toi qu’aucune autre
dans ce monde, ni d’aucun autre monde.8
Il y a des livres qui vous éclairent, jetant une autre perspective sur un aspect de votre
vie. Il y a des livres qui vous réconfortent, où l’auteur précise des pensées que vous
n’étiez pas encore capable de nommer clairement. Il y a des livres qui vous tuent puis
vous ressuscitent. Où l’auteur vous écrit ces choses que vous saviez dans votre âme tout
en les niant dans votre vie quotidienne. Ces livres font mal. Ces coffrets de lumière vive
peuvent aussi vous sauver. « Walden, ou la vie dans les bois » est l’un de ces livres. Il a
changé ma vie. Avant de vous en lire quelques extraits, j’aimerais vous offrir ma
traduction d’un texte publié par Walter Harding, « le » spécialiste de Thoreau, dans
« Thoreau and children ».
Lors de sa dernière maladie, les enfants de Concord continuaient à s’intéresser à leur
ami. Ils passaient régulièrement lui porter des fleurs et des fruits. Thoreau les invitait à
entrer afin de converser avec eux. À sa mort, Alcott, alors responsable des écoles à
Concord et sachant à quel point les enfants aimaient Thoreau, a ordonné la fermeture
des écoles publiques le jour de ses funérailles. Les enfants cueillirent des fleurs sauvages
tout l’avant-midi. Et cet après-midi-là, 300 des 400 enfants de Concord marchèrent dans
la procession, jetant des fleurs sur le chemin vers le cimetière et déposant les dernières
sur la tombe de leur vieil ami.2
Je vous écris ceci, et le lien presque magique qui me relie à Walden Pond vibre de
nouveau et encore. Il est difficile de résumer ce livre… L’auteur y raconte les travaux de
construction de la cabane et dans son jardin, ses promenades dans les bois, les plantes
et animaux observés, les visites qu’il reçoit et qu’il fait en ville. Il décrit l’étang selon le
passage des saisons… Le ciel de jour comme de nuit… C’est un poète qui décrit le vol
éthéré de l’aigle au-dessus de l’étang, dévoilant le dessous de ses ailes qui brille comme
des rubans de satin au soleil ou comme la nacre d’un coquillage. C’est un philosophe qui
tente d’expliquer le sens de la vie. C’est un intellectuel qui crée des liens entre la bible,
Confucius, Ossian, Homère, Milton, Shakespeare, son ami Channing et d’autres encore.
J’ai décidé de vous relater quelques-unes de ses réflexions.
Sur le site de la cabane, qui a été revendue par Emerson à un fermier du coin en 1849,
nous trouvons aujourd’hui une inscription qui explique la motivation de Thoreau pour
ce projet de vivre en quasi-autarcie dans les bois : “I went to the woods because I
wished to live deliberately, to front only the essentials facts of life, and see if I could
learn what it had to teach, and not, when I came to die, discover that I had not lived.”9
2
Il fallait que je vous livre ses mots, car la traduction française n’est pas du Thoreau. Je
vous souhaite d’être capable de le lire dans le texte…
« Je gagnais les bois parce que je voulais vivre suivant mûre réflexion, n’affronter que les
actes essentiels de la vie, et voir si je ne pourrais apprendre ce qu’elle avait à enseigner,
non pas, quand je viendrais à mourir, découvrir que je n’avais pas vécu. »10
« En général, les hommes, même en ce pays relativement libre, sont tout simplement,
par suite d’ignorance et d’erreur, si bien pris par les soucis factices et les travaux
inutilement rudes de la vie, que ses fruits plus beaux ne savent être cueillis par eux. … Il
faut bien le dire, l’homme laborieux n’a pas le loisir qui convient à une véritable
intégrité de chaque jour… Il n’a pas le temps d’être rien autre qu’une machine.33 … le pis
de tout, c’est d’être le commandeur d’esclaves de vous-même.34 … L’opinion publique
est un faible tyran comparée à notre propre opinion privée. Ce qu’un homme pense de
lui-même, voilà qui règle, ou plutôt indique, son destin.32 »
« Il n’était pas de matin qui ne fût une invitation joyeuse à égaler ma vie en simplicité, et
je peux dire en innocence, à la Nature même. J’ai été un aussi sincère adorateur de
l’Aurore que les Grecs. Je me levais de bonne heure et me baignais dans l’étang; c’était
un exercice religieux, et l’une des meilleures choses que je fisse. On prétend que sur la
baignoire du roi Tching-Thang des caractères étaient gravés à cette intention :
Renouvelle-toi complètement chaque jour; et encore, et encore, et encore à jamais.11 … Il
nous faut apprendre à nous réveiller et tenir éveillés non grâce à des secours
mécaniques, mais à une attente sans fin de l’aube, qui ne nous abandonne pas dans
notre profond sommeil. Je ne sais rien de plus encourageant que l’aptitude
incontestable de l’homme à élever sa vie grâce à un conscient effort. C’est quelque
chose d’être apte à peindre tel tableau, ou sculpter une statue, et ce faisant rendre plus
beaux des objets; mais que plus glorieux il est de sculpter et de peindre l’atmosphère
comme le milieu même que nous soudons du regard.12 … Avoir action sur la qualité du
jour, voilà le plus élevé des arts. Tout homme a pour tâche de rendre sa vie, jusqu’en ses
détails, digne de la contemplation de son heure la plus élevée et la plus sévère.13 »
« De la simplicité, de la simplicité, de la simplicité! Oui, que vos affaires soient comme
deux ou trois, et non cent ou mille.13 … Simplifiez, simplifiez.14 Les hommes ont une
notion vague que s’ils entretiennent assez longtemps cette activité tant de capitaux que
de pelles et de pioches, le chemin de fer roulera partout et pour tous… mais la foule a
beau se ruer à la gare et le conducteur crier « Tout le monde en voiture! » la fumée une
fois dissipée, on s’apercevra que pour un petit nombre à rouler, le reste est écrasé.31…
L’unique remède pour la société comme pour nous consiste en une rigide économie,
une simplicité de vie et une élévation de but rigoureuses et plus que spartiates. La
3
société vit trop vite. Les hommes croient essentiel que la Nation ait un commerce,
exporte de la glace, cause par un télégraphe, et parcoure trente milles à l’heure, sans un
doute, que ce soit eux-mêmes ou non qui le fassent; mais que nous vivions comme des
babouins ou comme des hommes, voilà qui est quelque peu incertain. Si au lieu de…
consacrer jours et nuits au travail, nous employons notre temps à battre sur l’enclume
nos existences pour les rendre meilleures, qui donc construira le chemin de fer? Et si
l’on ne construit pas de chemins de fer, comment atteindrons-nous le ciel en temps?
Mais si nous restons chez nous à nous occuper de ce qui nous regarde, qui donc aura
besoin de chemins de fer? Ce n’est pas nous qui roulons en chemin de fer; c’est lui qui
roule sur nous.14… Pourquoi vivre avec cette hâte et ce gaspillage de vie? 15… Comme si
l’on pouvait tuer le temps sans insulter à l’éternité.32 »
« Après une nuit de sommeil les nouvelles sont aussi indispensables que le premier
déjeuner. Dites-moi, je vous prie, n’importe ce qui a pu arriver de nouveau à quelqu’un,
n’importe où sur ce globe? … sans songer un instant qu’on vit dans la ténèbre de
l’insondable grotte de mammouth qu’est ce monde, et qu’on ne possède soi-même que
le rudiment d’un œil. … Ces nouvelles, ont pourrait avec quelque facilité d’esprit, je le
crois sérieusement, écrire douze mois sinon douze années à l’avance, sans trop
manquer d’exactitude.16… Pour l’Angleterre, la dernière bribe de nouvelle significative
est la Révolution de 1649; et, une fois apprise l’histoire de ses récoltes au cours d’une
année moyenne, nul besoin d’y revenir, à moins que vos spéculations n’aient un
caractère purement pécuniaire.17… Pour le philosophe, toute nouvelle est commérage,
et ceux qui l’éditent aussi bien que ceux qui la lisent ne sont autres que commères
attablées à leur thé.16… Imposture et illusion passent pour bonne et profonde vérité,
alors que la réalité est fabuleuse. Si les hommes, résolument, n’avaient d’yeux que pour
les réalités, la vie, pour emprunter des comparaisons connues, ressemblerait à un conte
de fée et aux récits des Mille et Une Nuits. Si nous respections que ce qui est inévitable
et a droit d’être respecté, musique et poésie retentiraient le long des rues.17 Aux heures
de mesure et de sagesse, nous découvrons que seules les choses grandes et dignes sont
douées de quelque existence permanente et absolue, - que les petites peurs et les petits
plaisirs ne sont que l’ombre de la réalité. Celle-ci toujours est réjouissante et sublime. En
consentant à se laisser tromper par les apparences, les hommes établissent et
consolident leur vie de routine bâtie sur des fondations purement illusoires. Les enfants,
qui jouent à la vie, discernent sa véritable loi et ses véritables relations plus clairement
que les hommes, qui faillent à la vivre dignement, et se croient plus sages par
l’expérience, c’est-à-dire par la faillite.18 Arrête! Halte-là! Pourquoi cet air d’aller vite,
quand tu es d’une mortelle lenteur!17 Halte! Et là en bas faisons jouer nos pieds et se
frayer un chemin à travers la fange et le gâchis de l’opinion, du préjugé, de la tradition,
de l’illusion, de l’apparence…, à travers poésie et philosophie et religion, jusqu’à ce que
4
nous atteignons un fond solide, des rocs en place, que nous puissions appeler réalité et
disions : Voici qui est, et qui est bien; sur quoi commencer, ayant un point d’appui, audessous de la crue et du gel et du feu, une place où vous puissiez fonder un mur… sinon
fixer… une jauge, en sorte que les âges futurs sachent la profondeur que de temps à
autre avait atteinte une inondation d’impostures et d’apparences. Si vous vous tenez
debout devant le fait, l’affrontant face à face, vous verrez le soleil luire sur ses deux
surfaces à l’instar d’un cimeterre… Vie ou mort, ce que nous demandons, c’est la réalité.
Si nous sommes réellement mourants, écoutons le râle de notre gorge et sentons le
froid aux extrémités; si nous sommes en vie, vaquons à nos affaires.
Le temps n’est que le ruisseau dans lequel je vais pêchant. J’y bois; mais tout en buvant,
j’en vois le fond de sable et découvre le peu de profondeur. Son faible courant passe,
mais l’éternité demeure. Je voudrais boire plus profond; pêcher dans le ciel, caillouté
d’étoiles. Je ne sais pas compter jusqu’à un. Je ne sais pas la première lettre de
l’alphabet. J’ai toujours regretté de n’être pas aussi sage que le jour où je suis né. … Je
ne désire être en rien plus occupé de mes mains qu’il n’est nécessaire. … Mon instinct
me dit que ma tête est un organe pour creuser, comme d’autres créatures emploient
leur groin et pattes de devant, et avec elle voudrais-je miner et creuser ma route à
travers ces collines.19 »
« Je trouve salutaire d’être seul la plus grande partie du temps. Être en compagnie, fûtce avec la meilleure, est vite fastidieux et dissipant. J’aime à être seul. Je n’ai jamais
trouvé de compagnon aussi compagnons que la solitude. Nous sommes en général plus
isolés lorsque nous sortons pour nous mêler aux hommes que lorsque nous restons au
fond de nos appartements. Un homme pensant ou travaillant est toujours seul, qu’il soit
où il voudra. … Plusieurs hommes sont incapables de rester assis seul dans une pièce, à
la merci de leurs pensées.20 Il leur faut voir des gens et se récréer, se récompenser de
leur journée de solitude. Ils s’étonnent que l’homme d’études puisse passer seul à la
maison toute la nuit et la plus grande partie du jour, sans ennui, ni « papillons noirs »; ils
ne se rendent pas compte que l’homme d’études, quoique à la maison, est toutefois au
travail dans son champ à lui.21… Je ne suis pas plus solitaire que l’étang de Walden luimême. Quelle compagnie ce lac solitaire a-t-il, je vous le demande? Et cependant, il n’a
pas de « papillons noirs », mais des papillons bleus en lui, en l’azur de ses eaux. … Je ne
suis pas plus solitaire qu’un simple pissenlit dans la prairie.22… L’innocence et la
générosité indescriptible de la Nature, quelle santé, quelle allégresse, elles nous
apportent à jamais! 23 »
« Que signifie l’Afrique – que signifie l’Ouest? Notre propre intérieur n’est-il pas blanc
sur la carte, quelque noir qu’il puisse se trouver être, comme la côte, une fois
5
découverte? Est-ce la source du Nil ou un passage Nord-Ouest autour de ce continent-ci
qu’il s’agit de trouver? Sont-ce là les problèmes qui importent le plus à l’espèce
humaine? … Soyez plutôt l’explorateur de vos propres cours d’eau et océans; explorer
vos propres latitudes. … Soyez un Colomb pour de nouveaux continents et mondes
entiers renfermés en vous, ouvrant de nouveaux canaux, non de commerce, mais de
pensée. Tout homme est le maître d’un royaume à côté duquel l’empire terrestre du
Tsar n’est… qu’une protubérance laissée par la glace.24… Il est des continents et des
mers dans le monde moral, pour lesquels tout homme est un isthme ou un canal,
encore qu’inexploré par lui… mais il est plus facile de naviguer des milliers et milliers de
milles à travers froid, tempête et cannibales, dans un navire, avec cinq cents hommes
pour vous aider, qu’il ne l’est d’explorer seul la mer intime, l’océan Atlantique et
Pacifique de son être. … Quel est le besoin d’aller faire le tour du monde pour compter
les chats de Zanzibar? Toutefois, faites-le jusqu’à ce que vous soyez en mesure de mieux
faire, et que peut-être vous trouviez enfin par quel chemin atteindre l’intérieur…
Explore-toi toi-même. C’est ici qu’il faut de l’œil et du nerf.25… Lancez-vous maintenant
sur cette très lointaine route qui conduit à cette sphère-ci, été et hiver, jour et nuit,
soleil couché, lune couchée, et, pour finir, terre couchée aussi.26 »
« Je quittais les bois pour un aussi bon motif que j’y étais allé. Peut-être me sembla-t-il
que j’avais plusieurs vies à vivre, et ne pouvais plus donner de temps à celle-là. C’est
étonnant la facilité avec laquelle nous adoptons insensiblement une route et nous
faisons à nous-mêmes un sentier battu. … La surface de la terre est molle et
impressionnable au pied de l’homme; tel en est-il des chemins que parcourt l’esprit.
Que doivent être usées autant que poudreuses les grand’routes du monde – que
profondes les ornières de la tradition et de la conformité! Je ne souhaitais pas de
prendre une cabine pour le passage, mais d’être plutôt un matelot de pont, sur le pont
du monde, car c’était là que je pouvais le mieux contempler le claire de lune dans les
montagnes.26 »
« … J’appris que si l’on avance hardiment dans la direction de ses rêves, et s’efforce de
vivre la vie qu’on s’est imaginée, on sera payé de succès inattendu en temps ordinaire.
On laissera certaines choses en arrière, franchira une borne invisible; des lois nouvelles,
universelles, commenceront à s’établir autour et au-dedans de nous; et on vivra en la
licence d’un ordre d’êtres plus élevé. En proportion de la manière dont on simplifiera sa
vie, les lois de l’univers paraîtront moins complexes, et la solitude ne sera pas solitude,
ni la pauvreté, pauvreté, ni la faiblesse, faiblesse. Si vous avez bâti des châteaux dans les
airs, votre travail n’aura pas à se trouver perdu; c’est là qu’ils devaient être. Maintenant
posez les fondations dessous.26... Si humble que soit votre vie, faites-y honneur et vivezla; ne l’esquivez ni n’en dites le mal. … Le chercheur de tares en trouvera même au
6
paradis. Aimez votre vie, si pauvre qu’elle soit. … Les fenêtres de l’hospice reflètent le
soleil couchant avec autant d’éclat que celles de la demeure du riche; la neige fond
aussitôt devant sa porte au printemps. … Ne vous embarrassez point trop de vous
procurer de nouvelles choses… Les choses ne changent pas; c’est nous qui changeons.
Vendez vos habits et gardez vos pensées.27… La richesse superflue ne peut acheter que
des superfluités. L’argent n’est point requis pour acheter un simple nécessaire de
l’âme.28 Il se déverse dans le monde un incessant torrent de nouveauté, en dépit de
quoi nous souffrons une incroyable torpeur. … Nous croyons en l’ordinaire et le
médiocre. Nous nous imaginons ne pouvoir changer que d’habits. … La vie en nous est
comme l’eau en la rivière.29 Seul point le jour auquel nous sommes éveillés. Il y a plus de
jour à poindre. Le soleil n’est qu’une étoile du matin.30 »
Voilà de tous petits reflets révélés par le prisme de Thoreau. Il pourrait vous agacer
prodigieusement. Il pourrait vous émouvoir profondément. Il pourrait heurter vos
sensibilités. Il pourrait illuminer un sentier de votre âme, un sentier enfoui dans la
pénombre de votre vie. J’ai rencontré Christian Bobin dans ses livres il y a une douzaine
d’années. Il m’a pris dans ses bras et m’a bercé de sa tendresse. Thoreau, lui, m’a fait
mal, comme seul un véritable ami peut le faire. Il m’a aussi pris dans ses bras, mais pour
me lever au-dessus du pont du navire, là où les vagues viennent se briser. Il m’a permis
de voir le sentier par lequel me sauver, non pas de ma vie, mais vers ma vie.
Sources :
Harding, Walter, Thoreau and children, James Brunner publishor, 2010, 46 p.
(1) : pages 42 et 43
(2) : page 39
Thoreau, Henry D., Walking, Watchmaker pub, 2010, 97 p.
(3) page 8
(4) page 10
(5) page 11
(6) page 15
(7) page 17
(8) page 21
Thoreau, Henry David, Walden or life in the woods, Dover publications inc., 1995, 216 p.
(9) : page 59
Thoreau, Henry David, Walden ou la vie dans les bois, Gallimard, 1992, 332 p.
(10) Page 90
(11) Page 88
(12) Page 89
(13) Page 90
7
(14)
(15)
(16)
(17)
(18)
(19)
(20)
(21)
(22)
(23)
(24)
(25)
(26)
(27)
(28)
(29)
(30)
(31)
(32)
(33)
(34)
Page 91
Page 92
Page 93
Page 94
Page 95
Pages 96-97
Page 135
Page 136
Page 137
Page 137
Page 320
Page 321
Pages 322-323
Page 327
Page 328
Page 331
Page 332
Page 54
Page 12
Page 10
Page 11
8
Bibliographie de Thoreau tirée de http://fr.wikipedia.org/wiki/Henry_David_Thoreau :
Chronologie des œuvres complètes
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
The commercial spirit of modern times considered in its influence on the Political,
Moral, and Literary (1837)
Aulus Persius Flaccus (1840)
The Service (1840)
Natural History of Massachusetts (publié dans The Dial en juillet 1842)
Paradise (to be) Regained (1843)
The Landlord (1843)
Sir Walter Raleigh (1844)
Herald of Freedom (1844)
Wendell Phillips Before the Concord Lyceum (1845)
Reform and the Reformers (1846-8)
Thomas Carlyle and His Works (1847)
A Week on the Concord and Merrimack Rivers (1849)
Civil Disobedience (1849)
An Excursion to Canada (1853)
Slavery in Massachusetts (1854)
Walden or Life in the woods (1854)
Remarks After the Hanging of John Brown (1859)
The Last Days of John Brown (1860)
A Plea for Captain John Brown (1860)
Walking (1862)
Autumnal Tints (1862)
Wild Apples: The History of the Apple Tree (1862)
Excursions (1863)
Life without principe (1863)
Night and Moonlight (1863)
The Highland Light (1864)
The Maine Woods (1864)
Cape Cod (1865)
Letters to Various Persons (1865)
A Yankee in Canada (1866)
Early Spring in Massachusetts (1881)
Summer (1884)
Winter (1888)
Autumn (1892)
Miscellanies (1894)
Familiar Letters of Henry David Thoreau (1894)
Poems of Nature (1895)
The First and Last Journeys of Thoreau (1905, découvert tardivement parmi ses
journaux et manuscrits inédits
9
Œuvres traduites en français
Éditions de Walden ou la vie dans les bois
•
•
Henry David Thoreau (trad. Louis Fabulet), Walden, ou la vie dans les bois [«
Walden or Life in the Woods »], Paris, Gallimard, coll. « L'Imaginaire » (no 239),
1990 (1re éd. 1854), 377 p. (ISBN 978-2-07-071521-3)
Henry David Thoreau (trad. Louis Fabulet), Walden, ou la vie dans les bois [«
Walden or Life in the Woods »], Paris, Aubier Montaigne, coll. « Bilingues Toutes
», 1992 (1re éd. 1854) (ISBN 978-2-7007-0278-1).
Édition bilingue
•
•
Henry David Thoreau (trad. Louis Fabulet), Je vivais seul dans les bois : Extrait de
Walden ou La vie dans les bois [« Walden or Life in the Woods »], Paris,
Gallimard, coll. « Folio 2 », 2008 (1re éd. 1854), 119 p. (ISBN 978-2-07-035628-7)
Henry David Thoreau (trad. Brice Matthieussent, préf. Jim Harrison), Walden [«
Walden or Life in the Woods »], Marseille, Le mot et le reste, coll. « Attitudes »,
2010 (1re éd. 1854) (ISBN 978-2-36054-012-9).
Postface et notes de Michel Granger
Essais et romans
•
•
Journal, volume I (1837-1840) traduit, annoté et présenté par Thierry Gillyboeuf,
éditions Finitude, 2012
Henry David Thoreau (trad. Didier Bazy et Sophie Fueyo), L'esprit commercial des
temps modernes et son influence sur le caractère politique, moral et littéraire
d'une nation [« The commercial spirit of modern times considered in its influence
on the Political, Moral, and Literary »], Le Grand Souffle Éditions, 2007 (1re éd.
1837), 47 p. (ISBN 978-2-916492-39-1).
Postface de Michel Granger - édition bilingue
•
•
•
Henry David Thoreau (trad. Thierry Gillyboeuf), Le paradis à (re)conquérir [«
Paradise (to be) Regained »], Mille et une nuits, coll. « La petite collection »,
2005 (1re éd. 1843), 78 p. (ISBN 978-2-84205-900-2)
Henry David Thoreau (trad. Guillaume Villeneuve), La Désobéissance civile [« Civil
Disobedience »], Mille et une nuits, 1997 (1re éd. 1849), 63 p.
Henry David Thoreau, La Désobéissance civile [« Civil Disobedience »], Le
Passager Clandestin, 2007 (1re éd. 1849), 75 p. (ISBN 978-2-916952-03-1).
Préface et direction de Noël Mamère, accompagné de l'article du Monde
Diplomatique intitulé « Jusqu'où obéir à la Loi » daté d'avril 2006
10
•
Henry David Thoreau et Frederick Douglass (trad. François Specq), De l'esclavage
en Amérique [« Slavery in Massachusetts »], Éditions Rue d’Ulm, coll. « Versions
Françaises », 2006 (1re éd. 1854), 201 p. (ISBN 978-2-7288-0373-6).
Postface de François Specq
•
Henry David Thoreau (trad. Thierry Gillyboeuf), Plaidoyer pour John Brown [« A
Plea for Captain John Brown »], Mille et une nuits, coll. « La petite collection »,
2006 (1re éd. 1860), 127 p. (ISBN 978-2-84205-966-8).
Intégré au recueil : De l'esclavage : Plaidoyer pour John Brown
•
•
•
Henry David Thoreau (trad. Thierry Gillyboeuf), De la marche [« Walking »], Mille
et une nuits, coll. « La petite collection », 2003 (1re éd. 1862), 79 p. (ISBN 978-284205-748-0)
Henry David Thoreau (trad. Thierry Gillyboeuf), La Vie sans principe [« Life
without principle »], Mille et une nuits, coll. « La petite collection », 2004 (1re éd.
1863), 63 p. (ISBN 978-2-84205-852-4)
Henry David Thoreau (trad. Thierry Gillyboeuf), Couleurs d'automne [« Autumnal
Tints »], Mille et une nuits, coll. « La petite collection », 2007 (1re éd. 1862), 111
p. (ISBN 978-2-7555-0028-8).
Intégré au recueil : Balade d'hiver, couleurs d'automne
•
Henry David Thoreau (trad. Thierry Gillyboeuf), Balade d'hiver [« Winter »], Mille
et une nuits, coll. « La petite collection », 2007 (1re éd. 1888), 111 p. (ISBN 978-27555-0028-8).
Intégré au recueil : Balade d'hiver, couleurs d'automne
•
•
•
•
•
Un Yankee au Canada [« A Yankee in Canada »], La Part Commune, 2006 (1re éd.
1866), 187 p. (ISBN 978-2-84418-095-7)
Henry-David Thoreau (trad. André Fayot), Les Forêts du Maine [« The Maine
Woods »], José Corti, coll. « Domaine romantique », 2002 (1re éd. 1864), 359 p.
(ISBN 978-2-7143-0764-4)
Henry-David Thoreau (trad. François Specq), Les Forêts du Maine [« The Maine
Woods »], Editions Rue d'Ulm, 2004 (1re éd. 1864), 521 p. (ISBN 978-2-72880305-6)
Henry-David Thoreau, Les pommes sauvages [« Wild Apples: The History of the
Apple Tree »], Finitude, 2009 (1re éd. 1862) (ISBN 978-2-912667-61-8)
Henry David Thoreau (trad. Pierre-Yves Pétillon), Cap Cod [« Cape Cod »],
Imprimerie nationale, coll. « La Salamandre », 2000, 319 p. (ISBN 2-7433-0322-0)
11
Correspondances
•
•
•
Henry-David Thoreau (trad. Thierry Gillyboeuf), Je suis simplement ce que je suis :
Lettres à Harrison G.O. Blake, Finitude, 2007 (1re éd. 1848 et 1861), 222 p. (ISBN
978-2-912667-43-4)
Henry-David Thoreau et Ralph Waldo Emerson, Correspondance, Sandre, 2009,
283 p. (ISBN 978-2-35821-028-7)
Henry-David Thoreau (trad. Régis Michaud et Simone David), Journal [« Journal,
1837-1861 »], Presses d'Aujourd'hui, coll. « Romans Traduits », 1981, 216 p.
(ISBN 978-2-207-23187-6).
Notes et préface de Kenneth White
Recueils
•
Henry-David Thoreau (trad. Nicole Mallet), Essais, Le mot et le reste, coll. «
Attitudes », 2007, 426 p. (ISBN 978-2-915378-41-2).
Préface de Michel Granger
•
Henry-David Thoreau (trad. Thierry Gillyboeuf), La Moëlle de la vie : 500
Aphorismes, Mille et une nuits, coll. « La petite collection », 2006, 111 p. (ISBN
978-2-84205-939-2)
12