Paul athlète I

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Paul athlète I
Lectures bibliques :
1 Corinthiens 9.19-27; Philippiens 3.10-14; 2 Timothée 4.5-8
Je vous invite à plonger dans votre enfance, au temps de votre scolarité. A
l’école, vous avez appris l’histoire, l’allemand, les mathématiques. Mais vous
avez aussi pratiqué la gymnastique. A raison de 2 à 4 heures par semaine. Avezvous gardé un souvenir de ces leçons de gymnastique? On vous y a appris des
jeux (balle au camp, balle brûlée); on vous a enseigné les règles des sports
d’équipe (volleyball, basketball, football, handball). On vous a familiarisé avec
les techniques inhérentes à l’athlétisme: le javelot, le lancer du poids ou de la
petite balle, le saut en hauteur, en longueur.
On vous a fait courir : techniquement (courses d’estafette, courses d’obstacle);
rapidement (100m); longtemps (fameuses 12 minutes). Les programmes calqués
sur les normes de J&S vous ont fait transpirer: le step, les abdos, les tractions à
la barre fixe, le saut à la corde, les pompes. Et puis, il y avait ces fameux engins,
les agrès: le sol, les barres parallèles, les anneaux, le trampoline. Je ne saurais
oublier le plus dur: la montée aux perches ou la montée à la corde.
Ma question: Avez-vous aimé ça? Sondage dans l’assemblée: Qui d’entre vous a
aimé les leçons de gym?... Qui en garde un souvenir mitigé?... Qui n’a pas aimé
ça du tout?... Chacun entretient un rapport particulier avec l’effort physique. J’ai
un oncle qui a tenu un centre de fitness à Genève pendant bien des années. Il
avait une certaine partie d’abonnés qu’il ne voyait presque jamais. Ou pour être
précis, 3 fois par année. Des clients potentiels arrivaient en début d’année, après
avoir pris une bonne résolution à Nouvel An. Cette fois c’était décidé, cette
année, ils feraient du sport. Ils arrivaient donc au fitness de mon oncle pour
payer un abonnement annuel : plus de 900.-. On les voyait au centre d’abord 2x :
la semaine même et la semaine suivante. La 3ème fois, c’était à la fin de l’année,
juste avant que l’abonnement n’expire. Mais l’essentiel était sauf : ils faisaient
du sport. La preuve, c’était leur carte d’abonnement. Car finalement, c’est ça qui
compte : la conscience. Avoir la conscience tranquille.
Un homme de 45 ans, Charles Swindoll, qui était agent de change, a eu une idée
incroyable. Il a fait paraître une annonce publicitaire en ces termes: «Louez un
coureur pour 1.95 $ pour toute l’année. Je serai votre coureur; je ferai au moins
2 km de footing pour vous tous les jours pendant une année, si le temps le
permet. Vous vous verrez attribuer un certificat en bonne et due forme, par
lequel «je m’engage à vous assurer bonne mine, tonus musculaire, forme
physique et bien-être général.» En l’espace de quelques jours, 322 personnes lui
ont envoyé 1.95 $. Ces frais de campagne publicitaire étaient largement
couverts.
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En tant que chrétiens, on a tout intérêt à ne pas craindre l’effort. Pourquoi ?
Parce que l’apôtre Paul en parle souvent. L’exemple de l’athlète revient
fréquemment sous sa plume. Quand il parle de son ministère, il emprunte
régulièrement au vocabulaire sportif. Le chrétien qui s’engage est comparable à
un athlète. C’est donc particulièrement vrai pour les conseillères et les
conseillers qui sont installés aujourd’hui. On va donc vêtir les membres de notre
CP d’un signe que nous avons tous porté enfants, pendant les leçons de gym:
montrer les sautoirs. Un sautoir. Demander aux membres du CP de se lever et
leur donner à chacun un sautoir, qu’ils enfilent. Gardez ces sautoirs jusqu’à la
fin du culte, et ensuite veuillez me les rendre; ils appartiennent au Centre
Sportif.
Vous vous en prendrez à Paul si vous le voulez, mais les choses sont claires;
celui qui s’engage pour servir Dieu est appelé à devenir un athlète. On notera
avec intérêt qu’en empruntant à l’imagerie sportive, Paul innove. L’AT ne fait
que rarement allusion à une pratique sportive. On connaît le pugilat de Jacob
avec l’ange (Genèse 32). On ajoutera l’une ou l’autre allusion à une personne
qui court. Mais aucun passage n’évoque l’idée d’une compétition, pour ensuite
lui donner un sens spirituel. Les jeux et les compétitions ne faisaient pas partie
de la culture juive.
C’est Hérode le Grand – le roi à l’époque de la naissance de Jésus - qui va
introduire les compétitions sportives en Palestine. Il fait construire des gymnases
et des stades notamment à Césarée et à Jérusalem. Il organise des jeux
quinquennaux, fastueux, en l’honneur de César. Mais les Juifs restent méfiants.
Ces pratiques étrangères vont à l’encontre de leurs traditions. 1. Ces jeux sont
dédiés à César. 2. Le sport se pratique nu. 3. Ces compétitions comportent des
combats de gladiateurs, cruels par définition. 4. Les trophées remis par Hérode
sont des images, des idoles, ce qui est interdit par la loi juive.
Pourtant, le Juif Paul n’a pas les mêmes blocages. Il est citoyen romain et il a
fait ses études à Tarse. Il a donc grandi avec une culture qui comprend le sport.
Au printemps 51, on sait qu’à Corinthe se sont tenus les jeux Isthmiques (bande
de terre entre 2 mers, autour de Corinthe). A ce moment-là, Paul est dans la ville
depuis 6 mois. Il a donc côtoyé cette atmosphère particulière aux jeux. C’est
surtout la lutte et la course qui semblent avoir retenu son attention. Vous
n’aimiez pas l’effort aux leçons de gym à l’école, ça n’est pas grave. En
revanche, l’effort est constitutif de la vie de la foi. Il faut se battre, il faut se
défendre, il faut du courage.
C’est quand Paul parle de son ministère que les images empruntées au sport
prennent leur ampleur. Pour commencer, Paul associe son ministère à la notion
de discipline, d’entraînement. Aux chrétiens de Corinthe, il rappelle que «tous
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les athlètes à l’entraînement s’imposent une discipline sévère.» Transposé sur le
plan spirituel, ce rappel nous encourage à nous former. Etre conseiller de
paroisse, c’est le devenir. C’est apprendre en faisant.
Quand nous avons demandé à Corinne si elle était d’accord de rejoindre le
Conseil, elle a réfléchi. Elle a bien réfléchi. Elle est venue assister à une de nos
séances. Ensuite, elle a dit oui. Avec une remarque : Mais j’aimerais me former.
Elle a tellement raison. Devenir conseillère, c’est se mettre à l’ouvrage dans la
conduite d’une communauté. Pour ce faire, il faut des outils, des compétences.
J’aimerais relever ici 2 champs de compétence qui me semblent importants pour
la conduite d’une communauté.
1. Connaître sa bible et s’en nourrir. C’est là qu’on puise nos motivations, nos
manières d’être ; c’est là qu’on trouve des indications pour orienter nos
décisions. Etre conseiller, c’est être rempli de grâce, comme la bible l’est ellemême; et c’est aussi savoir décider, savoir trancher, comme la bible le fait aussi.
Etre conseiller, c’est lire sa bible, et apprendre à faire le lien entre elle et ce
qu’on vit. Ce qui est génial, c’est qu’on ne le fait pas tout seul. On lit la bible
ensemble, et on fait interagir entre nous ce qu’on en reçoit pour aujourd’hui.
Pour ce faire, le jour du Conseil, on se retrouve à 7h. On lit le passage biblique
proposé par le lecteur de la Bible, et chacun exprime ce qu’il reçoit. Et
ensemble, on fait le lien avec la paroisse, avec notre actualité spirituelle. On se
forme ainsi à l’écoute de Dieu, une écoute communautaire.
2. Acquérir une sensibilité, une connaissance de l’âme humaine. Apprendre
comment les gens marchent, comment ils fonctionnent. C’est peut-être la
première tâche d’un berger : Observer comment ses brebis marchent. Vous
l’aurez remarqué: un berger n’apprend pas à ses brebis à marcher. Un agneau
apprend à marcher par lui-même, en copiant sa mère et les autres. Si c’est le
berger qui décide où on va, c’est la brebis qui décide comment elle marche. Et le
berger fait avec. Si le but est fixé par le berger, c’est la brebis qui marque le
rythme. Et le berger s’adapte. Vous imaginez un berger mettre des roues aux
pattes de ses brebis pour qu’elles avancent plus vite? C’est impensable… Le
berger compose avec les pattes de son troupeau. De la même façon, les
conseillers apprennent à regarder comment les frères et sœurs marchent. Ils
s’occupent des femmes et des hommes qui leur sont confiés. Or, c’est
compliqué, une âme humaine.
Nous avons un privilège immense avec le Conseil que nous avons élu. C’est
vraiment un Conseil pastoral. Les personnes que nous avons élues ont un cœur
de berger. Nous le disons parfois entre nous, les 3 ministres, avec ravissement :
Nos conseillers sont aussi pasteurs que nous. Mais en plus, eux, ils travaillent à
côté… Si nous disons qu’une âme humaine est compliquée, que dire quand des
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âmes se retrouvent pour former un corps… Ce n’est plus compliqué, c’est
carrément impossible. On comprend alors pourquoi dans le NT, le terme de
berger, en tant que conducteur d’une communauté, n’est attribué qu’au Christ. Il
est le seul berger, parce que le seul capable, le seul intelligent, le seul compétent
pour conduire des âmes humaines compliquées. D’où l’importance de la prière
au Conseil. Nous cherchons la voix du berger pour connaître ce qu’il faut faire.
S’entraîner, se former, apprendre… et donc se remettre en question. Ce serait
terrible d’être un Conseil qui croit faire tout juste, qui pense avoir raison pour
tout. Ce serait un Conseil bétonné, parvenu, à l’abri dans sa tour d’ivoire, assis
sur son pouvoir. J’espère qu’on est loin de ça et qu’on est ouvert sur vos
questionnements. Cf. le célèbre sprinter anglais Linford Christie : «Il faut savoir
rester un concurrent comme les autres et ne jamais croire que la partie est
gagnée.» De la même façon, il ne faut jamais croire qu’on est arrivé au bout.
Paul lui-même avait cette humilité, en parlant aux Philippiens: «Je ne prétends
pas avoir déjà atteint le but ou être déjà devenu parfait.»
Je m’arrête là pour aujourd’hui. Paul dit tant de belles choses à ce sujet qu’il faut
une suite. Je me propose de l’aborder au culte de Pâques, dans 2 semaines. Rose
van de Top et Josy Bossel étant absentes aujourd’hui, c’est pendant ce culte-là
que nous les installerons comme conseillères paroissiales ; on pourra donc aussi
les encourager à vivre leur ministère comme des athlètes pour Christ. Et vous
verrez que Paul fait un lien magnifique entre cette thématique et la résurrection,
plus particulièrement notre résurrection.
Merci à celles et ceux qui s’engagent parmi nous, pour cette nouvelle législature.
Vous êtes 20 à vous investir dans les organes de notre Eglise. Que Dieu vous
enrichisse par le ministère que vous exercerez parmi nous. Amen.
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