beach birds for camera – 1991 merce cunningham

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beach birds for camera – 1991 merce cunningham
BEACH BIRDS FOR CAMERA – 1991
Durée : 35 minutes
Compagnie : La Merce Cunningham Dance Company
Chorégraphe : Merce Cunningham
Compositeur : John Cage
Vidéo : Elliot Caplan, tournée en noir & blanc et en couleurs
Le sujet :
Créé à l’occasion d’un festival rendant hommage à James Joyce et John Cage à Zurich
en 1991, ce ballet a été conçu par Merce Cunningham pour onze danseurs. Inspirée d’un
projet de roman de Joyce devant s’intituler « Ocean », la chorégraphie évoque des
êtres à mi-chemin entre oiseaux et humains, à la gestuelle évoquant les oiseaux de mer.
Le ballet comporte en épigraphe la phrase « Entre la rivière et l’océan, les oiseaux, la
plage ».
Commentaire :
C’est une pièce des plus caractéristiques de la manière Cunningham. Celui-ci ne
souhaitait pas que l’on prenne le titre de la pièce littéralement, pourtant il est difficile
de ne pas voir des oiseaux dans le petit tremblement du bas de jambe, dans les longs
bras noirs étendus et même distendus par le costume de la plasticienne Marsha
SKINNER qui a proposé d’habiller tous les danseurs uniformément d’un justaucorps
blanc jusqu’aux aisselles et noir au-delà, mains comprises. Même le chorégraphe ne
semblait pas vraiment croire à son souhait d’abstraction en disant des danseurs :
« Ils ne sont pas à l’unisson mais ils s’envolent en même temps. » Car c’est une des
raisons de la magie particulière de cette pièce, il n’y a aucun comptage dans Beach Birds.
Les interprètes suivent leur rythme propre dans un espace diffracté, sur une musique
très elliptique de Cage (l’une des quatre tâches qu’on à exécuter les quatre musiciens,
c’est de tenir un long silence) et les séquences varient d’une représentation à l’autre
dans un climat d’une singulière sérénité.
A noter que Beach Birds est la première grande pièce à être élaborée grâce au logiciel
Life Forms et que l’œuvre figure au répertoire du Ballet de l’Opéra de Lyon.
Véronique FAVAREL – Jean-Claude BRELIVET – MDF/EN
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Interview de Merce Cunnigham (Juin 1991 à Zurich) :
 L’une de vos créations s’intitule Beach Birds. Les oiseaux sont-ils pour
vous une source d’inspiration particulière ?
Pas seulement les oiseaux, mais un peu les oiseaux. Dans cette pièce, j’ai décidé de
« donner des bras », des bras pour la danse tout spécialement. Et quand j’ai vu les
dessins des costumes, ça m’a aidé : les gants qui couvraient les mains dans le
prolongement des manches donnaient aux bras une longueur qui m’intéressait beaucoup.
J’ai décidé de rechercher des mouvements non pas exagérés mais qui se prolongent
jusqu’à l’extrémité des doigts et rendent visible la ligne du bras. Pour les pieds et les
jambes c’est autre chose.
 J’ai remarqué dans un solo d’Alan Good (un des danseurs) des mouvements
du buste très inhabituels…
C’est juste. Au départ, avant de voir les costumes, j’avais décidé de centrer ma
recherche sur le travail du torse. Je donne toujours à exécuter, dans les cours, des
exercices qui me permettent de juger de manière concrète ce que ça donne avec les
danseurs.
 En même temps que vous vous êtes inspiré des oiseaux pour le mouvement
des bras, vous avez travaillé avec un ordinateur. Comment combinez-vous
oiseaux et ordinateur ?
J’ai travaillé effectivement Trackers et Beach Birds à l’ordinateur. Pas tout, mais
beaucoup de parties. Je travaille sur ordinateur chaque jour si possible, de quinze à
trente minutes. L’avantage est de pouvoir inventer des mouvements à partir de figures
en trois dimensions. Elles ne sont pas plates ! On peut tourner autour, on peut monter,
descendre, avancer, reculer, se déplacer latéralement. Vous imaginez avec la figure une
position que vous enregistrez dans la mémoire de l’ordinateur, puis une autre et ainsi de
suite. Il est possible ensuite d’en faire des phrases. On peut, quelques jours après,
reprendre un mouvement, une phrase et les modifier. On n’a pas besoin de la présence
des danseurs pour cette opération. Mais il faut les avoir après ! (Merce éclate de rire).
C’est un travail méticuleux qui prend beaucoup de temps, mais très intéressant car il est
possible de visionner plusieurs fois. On est dans la situation du peintre qui recule pour
examiner sa toile. Et il n’y a pas de danseurs qui bougent sans cesse. On a le temps de
regarder, de réfléchir, de se poser des questions : peut-être est-il possible de faire
ça ? Ou ça ? Et j’essaie avec la figure, puis j’enregistre dans la mémoire de l’ordinateur
et ensuite, je communique le mouvement aux danseurs. Ce n’est pas une révolution dans
la chorégraphie, non, mais pour moi, ça élargit les possibilités de composition.
Véronique FAVAREL – Jean-Claude BRELIVET – MDF/EN
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BEACH BIRDS FOR CAMERA – 1991
MERCE CUNNINGHAM
Véronique FAVAREL – Jean-Claude BRELIVET – MDF/EN
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