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DIMANCHE 1 MARS 2015 er Marcq-Lambersart et la métropole AUJOURD’HUI ANIMATIONS Projection du film Shaun le Mouton, dans le cadre de la matinée magique organisée par Kinepolis. Animations à partir de 10 h15 (stand maquillage, structures gonflables, clowns…). Film, à 10 h 45 à Kinepolis, rue du Châteaud’Isenghien, Lomme. 6,40 €. BONJOUR Météo LA BIÈRE DE BIRDMAN. Pour arrondir, disons qu’il y a mille raisons d’aller voir le film Birdman. Une de ces mille raisons, c’est l’interprétation de Mickael Keaton, qui campe une ancienne star de cinéma, jadis incarnation d’un superhéros du nom de Birdman et qui tente de monter et de jouer une pièce tirée d’une nouvelle de Ray Carver. Jeudi au Kinepolis, on a trouvé une mille-et-unième raison… Dans la loge du théâtre un peu miteux où se réfugie le personnage de Mickael Keaton, il y a un frigo d’où l’acteur sort régulièrement des cannettes de marque… Stella Artois. Cette bière est aujourd’hui brassée en Belgique mais elle fut d’abord, et pendant des années, fabriquée chez Motte-Cordonnier à Armentières ! Birdman amateur d’une bière d’Armentières : quel honneur ! À moins qu’il ne s’agisse d’un bête placement de produit négocié par In’Bev, le désormais premier brasseur mondial… B. T. Matin 8°C Après-midi 11°C Demain Matin 6°C Après-midi 9°C Le chef de La Laiterie nous reçoit Bien dans son assiette LIRE P.13 PHOTO MAX ROSEREAU WAMBRECHIES PÉRENCHIES Le patron des bouchers Coup d’arrêt pour en colère contre Valls P. 14 la salle polyvalente P. 15 WAVRIN Flo Devos : un premier single sur internet P. 12 1226. LA VOIX DU NORD DIMANCHE 1 MARS 2015 er De Marcq à Lambersart 13 « Depuis plusieurs années, La Laiterie ne s’est jamais sentie aussi bien » Depuis un an et demi, Nicolas Gautier a pris les rênes des cuisines de La Laiterie, le restaurant étoilé de l’avenue de l’Hippodrome. Le jeune chef de 34 ans balaie son actualité : l’étoile préservée au guide Michelin, l’émulation avec d’autres jeunes chefs de la métropole lilloise, sa présence au Salon de l’agriculture mardi… RECUEILLI PAR MATTHIEU DELCROIX [email protected] LAMBERSART. Vous êtes arrivé il y a un an et demi à la Laiterie. À l’époque, on disait l’étoile du Michelin menacée par le turn-over des chefs. Finalement, début février, l’étoile a de nouveau été confirmée. C’est une satisfaction ? « L’étoile au Michelin, c’est évidemment important mais on ne travaille pas pour ça. Une étoile, ça ne s’explique pas, c’est toujours mystérieux. Pourquoi certains n’en ont pas, à Lille par exemple, alors qu’à mon avis ils la mériteraient aussi (lire ci-dessous) ? Disons que c’est la cerise sur le gâteau. C’est bien pour toute l’équipe du restaurant, pour la clientèle. » Vous êtes-vous inspiré du terroir régional pour votre cuisine ? « Je travaille en effet avec beaucoup de producteurs de la région : presque tous nos produits laitiers proviennent de SainteMarie-Cappel, 70 % de nos légumes sont cultivés par des producteurs locaux, tous nos poissons viennent de Boulogne… J’essaie de m’imprégner au maximum de la région. Étant originaire de l’Aisne, ça ne m’est pas totalement inconnu. Et puis, avec d’autres chefs de la métropole lilloise, Florent Ladeyn (Le Vert-Mont, Bloempot) ou Maxime Schelstraete (Meert), on se refile nos bonnes adresses ! » Comment se porte La Laiterie depuis votre arrivée ? « On avance dans le bon sens ! Il a fallu quelques mois, une année peut-être, mais La Laiterie ne s’est jamais sentie aussi bien qu’aujourd’hui depuis plusieurs années. Côté chiffre d’affaires par exemple, nous sommes parvenus à inverser la tendance. » Quelle est votre recette ? « C’est une remise en question permanente, un travail quotidien avec mon équipe. Il n’y a plus de place pour ceux qui pensent que ça va tomber tout cru. Aujourd’hui, il faut mettre les bouchées doubles, aller chercher le client, en étant présent sur Internet par Une étoile, c’est mystérieux. Pourquoi certains à Lille n’en ont pas alors qu’ils la mériteraient aussi ? exemple, et puis en se renouvelant, en servant des plats de qualité, en étant compétitif sur les prix… C’est dans mon tempérament de ne pas m’endormir sur mes lauriers, d’être présent en permanence. » Ce discours offensif, on l’entend peu dans le milieu de la cuisine, où l’on parle davantage de “magie qui s’opère dans les assiettes” par exemple… « La magie de la cuisine n’opère que si le restaurant est plein. Bien sûr qu’on met de la passion dans ce métier, qu’on fait une cuisine qui nous ressemble. Mais si on ne s’occupe que de ça et pas des clients, ça ne fonctionne pas. C’est un ensemble. » Vous semblez vous plaire ici, dans le Nord. Pensez-vous y rester ? « Je suis arrivé il y a un an et demi mais ça faisait déjà quatrecinq ans que j’avais envie de m’installer dans le Nord. Je me vois bien y rester longtemps. » Nicolas Gautier, 34 ans, est originaire de l’Aisne. Ses parents tenaient un restaurant à Ognes, que lui-même a repris durant six années. Auparavant, diplôme en poche, il avait notamment passé un an au Bristol, à Paris. Cas unique, il a reçu deux fois le prix Jeune talent du Gault & Millau, en 2010 et en 2013. Arrivé à La Laiterie en octobre 2013, Nicolas Gautier officiait auparavant au château d’Esclimont, en Eure-et-Loir. PHOTO MAX ROSEREAU Lille : sans L’Huîtrière et sans étoiles Le patron de L’Huîtrière, à Lille, a annoncé cette semaine qu’il allait fermer son restaurant. Quelle a été votre réaction ? « Il est dommage, évidemment, que Lille perde une maison historique comme celle-là. J’ai eu une grosse pensée pour M. Proye, le propriétaire, et pour ses équipes. Ça nous prouve, à nous, qu’il faut toujours être vigilant : quand on perd son étoile, comme c’est arrivé à L’Huîtrière en 2012, il faut se remettre en question très vite. Cette maison emblématique ne peut pas rester sans restaurant, ce n’est pas possible. » Lille intra-muros ne possède plus aujourd’hui aucune table étoilée… « Ce n’est pas normal pour une ville comme Lille. Mais je suis assez confiant pour l’avenir, il y a deux-trois chefs qui mériteraient largement une étoile : je pense à Steven Ramon ou Maxime Schelstraete, qui travaillent de super produits, à Jean-Louis Duchène (Au goût du jour)… Et d’autres aussi bien sûr. Je croise vraiment les doigts pour eux. » Comment expliquez-vous cette absence d’étoiles à Lille ? « Lille a longtemps été le vilain petit canard, on ne parlait pas de sa restauration, contrairement à d’autres villes de France. Ou seulement de plats typiques comme le welsh. Il faut donc changer cette image. C’est par exemple ce que nous faisons au sein du collectif « Mange, Lille ! » : de jeunes chefs de la métropole lilloise qui veulent prouver qu’il n’y a pas que Paris pour la cuisine. Notre but est vraiment de montrer que la métropole lilloise n’est pas une vieille endormie, que nous travaillons de bons produits et que nous aussi, nous avons notre personnalité. » Avec Filouse au Salon de l’agriculture Nicolas Gautier était mardi au Salon de l’agriculture avec d’autres chefs lillois. Ils ont cuisiné des morceaux de viande issus de la race rouge flamande… Celle de Filouse, la star du salon ! Et pour cause : « Quand je suis arrivé, raconte Nicolas Gautier, je me suis renseigné sur les races régionales. On m’a parlé de celle-là en me disant que c’était une race laitière en voie d’extinction. Avec d’autres chefs, on a fait abattre une bête, on s’est partagé les morceaux et on s’est rendu compte qu’elle était très bonne. Une viande qu’il faut bien mastiquer, certes, mais qui a du goût. Et aujourd’hui, d’autres chefs commencent à la cuisiner. » Suffisant pour la préserver ? 2226.