Comment gérer sa colère

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Comment gérer sa colère
Comment gérer sa colère ?
La colère fait partie du système d’alarme de l’inconscient, au même titre que la
douleur, pour nous avertir d’une atteinte à notre intégrité.
En tant qu’atteinte portée à notre intégrité morale, la colère fait partie de ces
sensations dont on se passerait bien, mais qui sont bel et bien là pour nous
amener à nous protéger et à nous soigner ; la colère existe donc, et a pour
vocation de s’exprimer. La seule problématique est de savoir comment.
Selon les lois de l’Univers, la réponse est une évidence : moins ces alertes auront
besoin de se manifester fortement, et mieux ce sera pour votre évolution : car
alors, au lieu de vous consumer dans des sensations très désagréables et d’y
perdre du temps, vous saurez agir de façon précoce, dans les premières
secondes, en tenant compte de cette alerte pour gérer la situation.
Concrètement, cela consiste d’abord à reconnaître sa propre colère pour la
traiter au plus vite. C’est comme pour la douleur : plus vite on agit, et plus elle
décroît facilement…à moins de se tromper dans le traitement, bien évidemment
!
Et c’est justement ce qui arrive, très souvent, avec la colère, quand on essaye de
l’étouffer, de la contenir, de la contraindre ou de l’annuler, de la réprimer… elle
grandit sous pression jusqu’à l’explosion….mais nous a-t-on jamais appris à faire
autrement ?
La culpabilité, qui est là pour nous enseigner à faire les choses autrement la fois
prochaine, nous a enseigné depuis longtemps qu’il n’était « pas bon » de se
mettre en colère, de sorte que nous l’avons parfois combattue plus que nous
n’avons cherché à la rendre acceptable pour les autres comme pour soi-même.
Aussi restons indulgents envers nous-même : nous n’en savions pas assez pour
qu’il en soit autrement, jusqu’à ces derniers temps.
Deux options pour le moins sont disponibles pour rendre la colère acceptable,
dès lors qu’on a pu l’identifier, la nommer comme telle. Elles consistent soit à se
dégager du problème, soit à le résoudre. Dans le premier cas, on parlera de
gestion des émotions, tandis que dans le second, on parlera davantage de
gestion des conflits.
Dans tous les cas, la colère est déclenchée par la violation d’une ou plusieurs de
nos valeurs.
Nos valeurs, telles que la liberté, l’amour, le bonheur, la justice, etc, n’existent
dans notre psychisme qu’en vertu des expériences qui s’y rattachent et qui sont
propres à chacun. Aussi, Il existe autant de « liberté » que d’individus.
Si pour moi, le respect consiste à « commencer par dire bonjour », alors
j’éprouverai de la colère à voir entrer quelqu’un dans mon espace social sans
qu’il ait dit bonjour.
Quelle que soit la valeur en cause, ce sont donc les critères de cette valeur qui
déterminent nos limites. Nos limites sont ainsi susceptibles d’être franchies par
d’autres constamment, par inadvertance, par ignorance, ou bien encore parce
que nos critères sont parfois trop restrictifs. Quoi qu’il en soit, à chaque fois, c’est
comme une petite voix à l’intérieur qui nous fait dire « je ne peux pas accepter
ça ».
J’affronte alors le problème si je veux que l’erreur soit réparée, et dans ce cas, il
est plutôt recommandé d’observer la démarche suivante, en exprimant quelle
valeur a été violée, avec le critère d’insatisfaction qui s’y rapporte.
Par exemple : « Je suis en colère, parce que quand tu fais du bruit, je ressens ça
comme un manque de respect ». « bonjour, je suis en colère parce que quand
vous arrivez sans dire bonjour, je ressens de la frustration »…ou quoi que ce soit
que vous ressentez vraiment, derrière la colère.
Deux secondes suffisent en principe, pour commencer à exprimer sa colère et
éviter ainsi de la laisser monter déraisonnablement.
Une autre position consiste à se dire : cette personne m’agresse, mais elle ne se
rend même pas compte de ce qu’elle dit, ni à qui elle s’adresse vraiment, aussi
je n’ai pas à prendre personnellement ce qu’elle me balance »…Un bref rappel
des accords toltèques peut en effet s’avérer salutaire face à un climat ressenti
comme hostile ; « ne rien prendre personnellement », particulièrement, permet
de prendre un recul parfois suffisant, quand la colère se présente à nouveau et
qu’on peut grâce à cela, décider simplement d’y mettre fin, en utilisant de bons
outils, qui fonctionnent vraiment bien.
La colère arrive, vous l’identifiez comme telle, et peut-être bien que vous allez
négocier, peut-être pas, mais vous savez de toute façon, qu’elle ne sera pas
bonne conseillère, puisqu’elle est, par nature, alarmiste, et seulement ça ; aussi
vous savez, dès lors que vous la reconnaissez, qu’elle est vouée à disparaître, le
plus vite et le mieux possible, et qu’une solution doit être trouvée.
Pour qu’une solution soit trouvée, ne comptez donc pas sur la colère elle-même.
Déclenchez des dispositions plus sereines au contraire, plus créatives, plus
agréables, qui permettront de générer des réponses plus écologiques pour vous
et pour les autres.
Voici un exemple : je caresse souvent mon chat, sur mes genoux ; je le vois qui
fait plaisir à voir, je l’entends ronronner, et je sens la douceur de ses poils sous
les doigts ; je m’entends lui parler. Je me sens bien.
Quand la colère survient, je m’entends parler à mon chat, intérieurement, et je
me sens bien tout de suite ; pour autant, je reste dans la réalité de ce qui se passe
autour de moi : simplement, je peux y répondre différemment, avec des
dispositions nettement plus intéressantes, qui offrent plus de choix.
Prenez une situation dans laquelle vous allez puiser des ressources intéressantes
pour vous ; plongez dans cette expérience, ressentez, entendez, voyez tout ce
qui est dedans et choisissez tout en revivant cette expérience un mot-clé, un son,
une image, un geste, qui symbolise ce moment, que vous emporterez avec vous,
et qui vous servira ensuite de déclencheur.
Lorsque vous utiliserez votre déclencheur, vous pourrez alors à la fois tenir
compte, consciemment, des enjeux, et de l’alarme qui aura été donnée, mais
vous ne serez plus tentés de crier en même temps qu’elle.
Si la culpabilité existe vis-à-vis de ses propres colères, c’est bien que nous
sommes voués à faire autrement qu’à nous laisser porter par elles. Simplement,
si nous sommes en quelque sorte responsables de nos états internes, cela ne
suffit pas de le savoir pour avoir une bonne gestion. Aussi, il peut s’avérer très
utile de faire l’apprentissage des ancrages, seule technique de gestion des
émotions retenues ici pour son caractère extrêmement rapide, immédiat même,
et radical, tout en étant respectueux de tout un chacun ( chacun y met ce qu’il
veut ) Faire des ancrages s’apprend vite et demande juste un peu de pratique ;
le seul risque que vous prenez, c’est que ça ne fonctionne pas, auquel cas, vous
avez aussi le droit de recommencer, sans limite ! Les ancrages accompagnent
avec simplicité le changement désiré. La seule condition au fond, consiste à
adopter le réflexe d’identifier d’abord la colère elle-même, sur le moment, au
lieu de se focaliser tout de suite et exclusivement sur l’objet qu’elle désigne.
Si vous arrivez sur un lieu où une alarme s’est déclenchée, vous allez
probablement, à un moment donné, couper l’alarme pour mieux évaluer la
situation ; c’est que vous savez bien que ce genre de signaux, très puissants,
n’aide pas à la concentration. Par contre, ce n’est pas parce que vous avez coupé
l’alarme que la situation a changé, et vous allez très probablement aussi tenir
compte de cette alarme pour évaluer la situation. Aussi, plus vous pourrez le
faire sereinement, et mieux vous ferez cette évaluation ; l’ancrage peut avoir
cette fonction d’interrupteur, en vous permettant d’accéder sans délai à cette
sérénité, qui vous permettra d’évaluer la situation plus objectivement, vous
laissant libre ensuite de décider de ce que vous ferez au sujet de ce que vous
considérez au final, comme une effraction, un préjudice, ou non.
Aussi, vous l’aurez compris, il ne suffit pas de se dire : « et hop, je fais un ancrage
et le conflit disparaît avec », mais bien plutôt : « et hop je fais un ancrage, et
voyons sereinement de quoi il s’agit ».
Beaucoup de sites vous conseillent de prendre du recul, de changer de
respiration, de changer de lieu, certains vous parlent de relaxation…..et tous ont
raison, bien évidemment !!!!
Prenez la posture par exemple, et essayez d’être déprimés en vous tenant bien
droit et en regardant en l’air… ou bien essayez de vous mettre en colère en étant
avachi sur votre canapé… ?
Si donc vous changez votre physiologie, vos pensées changent, ainsi que vos
émotions. On peut donc dire à un déprimé : « tiens-toi droit, regarde en l’air et
voilà ! » Mais ça ne marchera pas forcément longtemps, parce qu’il ne pourra
pas penser consciemment à sa posture tout le temps … Si je dois changer ma
respiration par exemple, pour réduire le stress, en adoptant une respiration
abdominale, je vais certainement y parvenir, à condition de n’avoir que ça à faire,
parce que si je suis pris dans le feu de l’action et que je doive en même temps
réagir, très vite, je n’aurai pas eu le loisir de penser à respirer différemment en
même temps…
Aussi pensez-y : un ancrage peut vous permettre d’accéder en quelques fractions
de seconde à une respiration différente sans y penser un seul instant, ainsi qu’à
une bonne dose de relaxation, à une autre posture, et d’autres réflexions, le tout
sans aucun autre effort conscient que celui d’utiliser un simple déclencheur.
Quant au recul nécessaire pour évaluer la situation, il peut être apporté sur
l’instant par l’ancrage, et il peut aussi s’avérer nécessaire après coup, pour
évaluer la situation à distance, quand la culpabilité est là pour nous dire : « aurait
pu mieux faire ».
Dans ce cas, le film est tiré, vous le revoyez et vous vous demandez ce qui n’a pas
été. Si ce film est douloureux, que vous commencez à ressentir de la colère, qu’il
ne vous permet pas de prendre du recul donc, c’est que vous êtes encore dedans
et le revivez de l’intérieur….alors qu’en réalité, vous n’y êtes plus !!! Assurezvous donc de regarder ce film de l’extérieur et pour cela, assurez-vous de vous
voir entièrement. Quand on est associé au film, qu’on est dedans, on ne voit pas
son propre visage, ni son dos. On ressent alors toutes les émotions liées à la
situation ; tandis qu’en se dissociant de l’expérience, les choses apparaîtront
objectivement, en vous apportant des points de vue différents.
De la même manière, si vous voulez mieux connaître le point de vue de l’autre,
mettez-vous à sa place, dans sa posture, avec sa façon d’être, entendant ce qu’il
entend et voyant ce qu’il voit de vous ; de lui : seulement ses bras, ses jambes,
pas son visage ni son dos. « Mettez-vous dans ses chaussures » comme dit
Richard Bandler, voyez entendez et ressentez ce qu’il voit ce qu’il entend et ce
qu’il ressent.
D’une manière générale, pour que la colère ne vous emporte plus, il vous faudra
changer de points de vue, ce qui s’obtient en changeant véritablement la façon
dont vous regardez les choses. Car il ne s’agit plus de « se (re)faire un film », mais
bien de le revoir différemment, à partir de points de vue différents, pour
qu’ensuite, spontanément, la pensée change, ainsi que vos émotions. Vous
apprendrez ainsi à relativiser votre colère après coup, plutôt qu’à la réprimer au
risque de la voir ressurgir un jour plus fortement.
Bien sûr, agir sur le moment avec un bon ancrage de ressources reste la meilleure
option pour ne pas avoir ensuite à se repasser le film d’un « pêtage de plombs ».
Néanmoins, dites-vous bien que nous sommes toujours en apprentissage vis-àvis
de nous-même, et que si nous avons été pris de court, que si nos bonnes vieilles
habitudes d’alimenter la colère par des cris ont repris le dessus, si vite que nous
n’avons même pas songé à couper l’alarme, il est toujours possible d’y revenir
après coup pour mieux se préparer à la prochaine.
N.Rouly