Comment devenir ingénieur diplômé par l`État

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Comment devenir ingénieur diplômé par l`État
A C T U A L I T É
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Q U ES TI O N S À Michel Ma ur y ,
c ha r g é d e mission p ou r les IDP E au s ein du r és eau Eif fel
L A VALI DATION DE L’EXPÉRIE NCE E N PRATIQUE
Comment devenir ingénieur diplômé
par l’État
A l’heure où la loi relance et promeut la validation des acquis dans le paysage de
la Formation professionnelle continue, des écoles d’ingénieur habilitées continuent à
s’impliquer, notamment en matière de délivrance de titres d’ingénieur diplômé par l’État
(IDPE). Michel Maury, membre fondateur du réseau Eiffel, où le nombre de candidats à
la validation a doublé en un an, répond à nos questions.
Actualité de la formation
permanente - Michel Maury, quelles sont les modalités de délivrance
du titre d’ingénieur DPE par la
validation de l’expérience ?
Michel Maury - L’examen
conduisant à la délivrance du titre
d’ingénieur DPE permet à des ingénieurs de fonction d’obtenir un titre
d’ingénieur diplômé par validation
de leurs expériences et acquis
professionnels sans suivre de formation. Le candidat doit justifier
de cinq années de pratique professionnelle dans des fonctions
communément confiées à des ingénieurs.
La validation s’effectue sur
entretien puis, en cas de réussite,
soutenance de mémoire. Ces épreuves permettent de vérifier que le ou
la candidat(e) dispose bien des
compétences propres à l’ingénieur,
transversales ou liées à la spécialité postulée et d’une culture scientifique et technique de haut niveau.
Elle conduit à la délivrance d’un
titre d’ingénieur DPE dans l’une
des 28 spécialités existantes, par
exception aux autres titres d’ingénieur diplômé qui portent la mention de l’école qui a sanctionné une
formation d’ingénieur. C’est le
ministère chargé de l’Enseignement
supérieur qui délivre le titre. Il
confère le grade de mastaire, nouveau grade de l’enseignement supérieur. Il bénéficie d’une homolo-
gation de droit au niveau I de la liste
d’homologation des titres et diplômes de l’enseignement technologique (niveau d’homologation des
diplômes sanctionnant une formation de niveau supérieur à celui de
la maîtrise). Ce dispositif trouve en
fait son origine dans la loi du
10 juillet 1934 modifiée relative
aux conditions de délivrance et à
l’usage du titre d’ingénieur
diplômé.
AFP - Comment et où s’inscrire ? Que recommandez-vous aux
candidats ?
M. M. - Pour chaque session,
un avis d’ouverture de l’examen
est publié par le ministre chargé de
l’Enseignement supérieur au Journal officiel de la République française. Traditionnellement, les
inscriptions s’effectuent d’avril à
début juillet. Les dossiers de candidature sont disponibles sur le site
internet du ministère de l’Éducation nationale, ou éventuellement,
sur demande, auprès des écoles
habilitées. Le dossier complet est
à retourner, durant la période fixée
par l’avis ministériel, à l’école d’ingénieurs dans laquelle vous souhaitez passer les épreuves et qui est
habilitée dans la spécialité pour
laquelle vous postulez.
Compte tenu de la spécificité
de cet examen, il faut recommander au candidat, préalablement à
l’inscription, de contacter l’école
dans laquelle il souhaite subir les
épreuves, afin de déterminer avec
elle si son parcours et son projet
correspondent bien à ce type d’examen, à la spécialité et à l’école
sollicitée, et afin d’obtenir des
informations sur le déroulement des
épreuves.
AFP - Comment les épreuves
se déroulent-elles ?
M. M. - L’examen comporte
deux épreuves. Tout d’abord, une
épreuve d’évaluation de l’expérience et des acquis professionnels
du candidat qui se déroule sous la
forme d’un entretien avec le jury.
Puis, en cas de réussite, a lieu une
épreuve de soutenance d’un
mémoire rédigé par le candidat,
suivie d’une discussion avec le
jury.
Le candidat admis à l’épreuve
d’évaluation soumet ensuite un
sujet et un plan de mémoire au
jury qui se prononce sur sa validité. La décision du jury, ainsi
que, le cas échéant, la date fixée
pour la soutenance du mémoire
est notifiée au candidat par le
directeur de l’école, au plus tard
dans le mois qui suit l’épreuve
d’évaluation. S’il est admis à
subir l’épreuve du mémoire, il
dispose d’environ six mois pour
sa rédaction.
Après la soutenance du
mémoire, le jury adresse au jury
national sa proposition d’attribuer
Michel Maury (IDPE)
est ingénieur de
recherche et formation
à l’Institut des sciences
de l’ingénieur de
Montpellier (ISIM,
Université Montpellier 2),
membre fondateur du
réseau Eiffel.
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ou de ne pas attribuer le titre d’ingénieur DPE.
AFP - Certaines écoles habilitées à valider les acquis pour le titre
d’ingénieur DPE font partie du
réseau Eiffel. De quoi s’agit-il ?
M. M. - Le réseau Eiffel est fort
de quatre écoles d’ingénieur en
milieu universitaire : le Centre
universitaire des sciences et techniques de Clermont-Ferrand (CUST),
l’École universitaire d’ingénieur de
Lille (EUDIL), l’Institut des sciences de l’ingénieur de Montpellier
(ISIM) et l’Institut des sciences et
techniques de Grenoble (ISTG). Il
propose par l’intermédiaire de ses
écoles affiliées et habilitées la possibilité de valider les acquis professionnels pour obtenir le titre d’ingénieur DPE. Le réseau Eiffel offre
actuellement huit spécialités.
AFP - Que peut-on dire des
candidats qui ont déjà bénéficié de
ce dispositif ?
M. M. - La majorité des candidats possèdent un diplôme de
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Certaines
entreprises
encouragent
et soutiennent
leur personnel
lors de
cette démarche
niveau bac + 2. Parmi les diplômés,
nous citerons comme cas extrême
celui d’un titulaire de CAP qui a pu
obtenir le diplôme d’ingénieur
après 30 ans d’expérience professionnelle !
Hélas, près d’un candidat sur
deux admis à poursuivre la procédure, c’est-à-dire après un entretien jugé satisfaisant, n’a pas le
temps de rédiger le mémoire
demandé. Les raisons avancées sont
d’ordre professionnel (manque de
temps, nouvelle fonction, changement d’entreprise...).
La spécialité la plus demandée
depuis plusieurs années est l’informatique, ce qui s’explique par
l’absence dans le passé de diplômes de cette spécialité par rapport
à d’autres comme la chimie, la
mécanique, plus historiques. Les
principales motivations avancées
par les candidats sont la reconnaissance de leur fonction au sein
de leur entreprise, la possibilité de
se situer plus favorablement sur le
marché du travail, la reconnaissance vis-à-vis d’eux-mêmes et de
leur entourage familial… Certaines entreprises encouragent et soutiennent leur personnel lors de cette
démarche.
Propos recueillis par
François Boltz
Le réseau Eiffel : contacts
A Montpellier : Michel Maury, tél. : 04 67 14 48 71 ; mail : [email protected]
A Lille : Éric Morel, tél. : 03 28 76 73 82 ; mail : [email protected]
A Clermont-Ferrand : Jean-Claude Faugeras, tél. : 04 73 40 77 01 ;
mail : [email protected]
Consultez le site www.reseaueiffel.org , rubrique validation des acquis.
La Conférence des grandes écoles lance le “badge”
Pour permettre à des salariés d’accéder, grâce à la validation des acquis,
plusieurs badges pour obtenir des titres des grandes écoles.
aux formations des grandes écoles avec seulement le baccalauréat ou
Pour ces dernières, il s’agit de répondre à la demande d’entreprises
bac + 2 (plus expérience), la Conférence des grandes écoles a créé un
nouveau label : le “badge”, acronyme de “bilan d’aptitude délivré par
les grandes écoles”. Les dix premières formations ont été accréditées
souhaitant disposer de moyens de reconnaissance des compétences,
et de créer un “nouveau terrain” pour l’alternance, l’enseignement à
distance, et ce qu’elles appellent “l’investissement-formation partagé”.
le 15 janvier.
Libres d’organiser les modalités de VAE, en conformité avec la loi, deux
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écoles d’ingénieurs et trois de management vont ainsi proposer des
Plus d’informations : www.cge.asso.fr/nouveau/Actualites.html
formations comprenant 250 heures environ d’enseignements théoriques
et pratiques et de projets en équipe, organisés sur sept semaines minimum ou vingt-quatre mois maximum, sous réserve d’une alternance formation-entreprise lorsque la période est supérieure à six mois. Outre
les procédures de VAE, certaines prévoient la possibilité de capitaliser
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F.B.
1 Télécom INT (Institut national des télécommunications) et l’École supérieure
d’ingénieurs de Marseille.
2 Le Ceram (Centre d’enseignement et de recherche appliqués au
management) de Nice, l’Escem de Tours-Poitiers et l’ESC d’Amiens.
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