L`EHPAD, cette petite maison dans la prairie !

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L`EHPAD, cette petite maison dans la prairie !
L’EHPAD, cette petite maison
dans la prairie !
La chronique de Laurent :
De Laurent Chabert un nouvel auteur pour le blog FO-santé
Je choisis aujourd’hui de me faire l’écho des
oubliés. Ces fonctionnaires hospitaliers censés
avoir les mêmes droits que vous et moi, et qui,
parce qu’ils travaillent dans un petit
établissement en secteur rural, sont victimes
d’aberrations qui restent inconcevables à
l’échelle d’un établissement plus conséquent…
Tout en gardant à l’esprit le fait que ce genre de
gabegie arrive partout en France, prenons
l’exemple d’une petite maison de retraite
perdue au fin fond de l’Auvergne sauvage,
perdue comme une petite maison dans la
prairie bordée de beaux chênes centenaires.
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Imaginez donc cette charmante maison de
retraite dans un cadre enchanteur… sans
cadre de santé…
Imaginez donc le néant intersidéral dans les
fiches de postes tous grades confondus…
Imaginez
donc
l’absence
totale
d’informations aux agents qui en réclament
très régulièrement, etc., etc.
Gênant tout cela, mais pas si rare me direz-vous ?
Malheureusement, ce n’est que la mise en
bouche…
UNE GESTION PERDANTE
La Direction concocte elle-même les plannings,
avec évidemment, de multiples rappels des
agents sur leurs jours de repos. En cas de
conflit, comme de bien entendu, les
assignations en cas de grève sont opérés sur la
totalité de l’effectif présent au lieu d’être
réalisées sur l’effectif minimum du week-end,
comme le bon sens le recommande. Donc une
impossibilité manifeste pour les agents
d’exercer leur droit de grève….
Plus grave, les instances de consultation entre
le personnel et la direction se tiennent en
nombre insuffisant, voire nul pour le CHSCT, et
lorsqu’elles existent, c’est sans aucune
régularité, avec des ordres du jour
pléthoriques, des documents sur table ou pas
de document du tout, etc.
Renseignements pris à l’Association Nationale
de Formation Hospitalière, il apparaît que le
plan de formation des personnels suscite lui
aussi quelques interrogations : En
effet,
chaque
année,
l’établissement
n’envoie
pas
suffisamment de personnels en formation. Il
perd donc une partie des fonds destinés au
financement du plan de formation continue car
il n’est pas possible de reporter l’excédent sur
l’exercice suivant. Les agents cotisent donc
pour des formations qu’ils n’auront pas… Cerise
sur le gâteau, les formations incendies
obligatoires ne sont pas dispensées.
Enfin, Monsieur le Directeur n’ayant pas fourni
à l’Agence Régionale de Santé, en temps et en
heure, la totalité des documents nécessaires
pour l’établissement de la convention tripartite
(convention qui définit les modes de
financement de l’établissement sur le plan
budgétaire, la qualité de prise en charge des
personnes âgées dépendantes, les objectifs
d’évolution de l’établissement ainsi que ses
modalités d’évaluation) et malgré de multiples
relances, la charmante maison de retraite en
question n’a pas bénéficié des budgets
auxquels elle pouvait prétendre ! Une perte
d’environ 100 000 euros pour
cette année…presque 4 emplois !
UN QUOTIDIEN EXTRAORDINAIRE :
Tant de négligences ne peuvent que nous
alerter, et même si les éléments précités ne se
targuent pas d’exhaustivité, je ne peux résister
à l’envie de livrer à votre jugement le quotidien
des agents dans cet établissement :
Par exemple le mardi 9 octobre 2012, sur 6
agents nécessaires en poste du soir, seuls deux
étaient présents ! En effet, deux étaient en
congés maladie non remplacés, et deux ont été
tout simplement « oubliés » au planning par la
Direction. Pour rendre la chose encore plus
savoureuse, le Directeur a tenté de rappeler
deux agents qui avaient travaillé le matin même
! Puis en désespoir de cause, il s’est rabattu sur
deux agents en annulant leurs repos
hebdomadaire. Ils ne seront donc pas six en
poste comme l’effectif normal le prévoit, mais
seulement quatre ! Et sur les quatre, une ASH
contractuelle depuis un mois, qui va devoir
rester seule de 20 heures 30 à 21 heures avec la
responsabilité du service entier, alors que son
rôle doit se limiter à l’hygiène des locaux…
UN SYNDICAT POUR SEULE ESPERANCE
Soyez en certains, chers lecteurs, les petites
structures de ce type là, ces petites maisons
dans la prairie bordées de beaux chênes
centenaires, sont légions. Malheureusement,
un établissement de petite taille, et situé en
zone rurale, ne favorise pas l’implantation
syndicale. Les dérives qui en résultent sont
parfois aberrantes, insolentes, inacceptables.
Nos combats quotidiens pour les conditions de
travail consistent parfois en de subtils
argumentaires sur des détails juridiques.
Mais dans ce type d’établissement oublié, ce
sont les droits fondamentaux qui sont en jeu,
remis en cause par des Directions qui, non
contentes de se rire des conditions de travail,
bafouent trop souvent les statuts. Parfois par
malice, parfois par pure incompétence, tant
que le grain de sable syndical ne vient pas figer
le pilotage automatique en vol libre…
Novembre 2012

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