Connaissances, attitudes et pratiques dans l`éducation au risque

Transcription

Connaissances, attitudes et pratiques dans l`éducation au risque
Guide à l’intention des Chefs
de projet pour les études CAP
Octobre 2009
Connaissances, attitudes
et pratiques dans l’éducation
au risque : mettre en œuvre
les études CAP
Auteurs :
Fabienne Goutille pour Handicap International.
Contributions et supervision :
Valentina Crini – Référent Technique Education au Risque de Handicap International
Patrick Jullien – Référent Technique Epidémiologie de Handicap International
Edition : Handicap International - Pôle Publications Professionnelles, Catherine Clavel, Catherine Dixon.
Mise en page : Fred Escoffier pour Handicap International
Impression : Vassel graphique
Contacts : [email protected]
Crédit photo couverture :_© Olivier Shu pour Handicap International (collecte de données au Sénégal)
Ce guide peut être utilisé et reproduit à des fins non commerciales et à condition que la source soit toujours citée.
ISBN: 978-2-909064-20-8
Partie
Partie
page 06
Introduction page 07
S’approprier le projet et définir
les objectifs de l’étude
page 11
Développer le protocole
page 25
Elaborer le questionnaire
page 35
Mettre en place l’étude CAP
page 7
Analyser les données
page 55
Utiliser les données
page 61
Activités complémentaires
page 67
Conclusion
page 72
Bibliographie
page 73
Annexe A: Comment savoir quel type
de questions utiliser ?
page 76
Annexe B: Cycle du projet CAP
page 77
Annexe C: Exemple de questionnaire CAP
page 78
Annexe D: Exemples de questions
sur les Connaissances, Attitudes,
Pratiques et Croyance
3
page 82
Protocole
Aperçu du contenu
Questionnaire
Partie
page 05
Etude CAP
Partie
A propos de ce guide
Analyse
Partie
1
2
3
4
5
6
page 04
Données
Partie
Sigles et abréviations
Projet
Sommaire
Sigles et abréviations
CAP
Connaissances Attitudes Pratiques
CAP ER Etude des connaissances, attitudes et pratiques pour l’éducation au risque (des
mines et engins non explosés)
CBMRE
Community-Based Mine Risk Education
CDC
Center for Disease Control (organisation de contrôle et de prévention de la santé
publique)
DAM Département de l’Action contre les Mines d’HI
ERW
Explosives Remnants of War
ENE
Engins Non Explosés
ER Education au Risque
E-MINE Electronic Mine Information Network
FGDs
Focus Groups Discussions
IDP
(Internal Displaced People) Personnes déplacées dans leur pays
IMAS International Mine Action Standards
IMMAP Information Management & Mine Action Programs
HI
Handicap International
LIS
Landmine Impact Survey
LMR Landmine Monitor Report (Rapport de l’observatoire des mines)
KAP
Knowledge Attitudes Practices
KAPB Knowledge Attitudes Practices Believes
MAC Mine Action Center (Centre de l’Action contre les Mines)
META Monitoring Evaluation and Training Agency (Afghanistan)
ONG
Organisation Non Gouvernementale
PEPAM
Programme d’Education à la Prévention des Accidents par Mines et autres engins
non explosés
TdR Termes de Référence
UNMAS United Nations Mine Action Service
UXOs
Unexploded Ordnances
UNICEF United Nations Children’s Found
WHO World Health Organization (Organisation Mondiale de la Santé)
4
A propos de ce guide
A quoi sert ce guide ?
•Pouvoir mettre en place une étude CAP
•Aider à systématiser le rassemblement et l’utilisation de données sur la connaissance, des attitudes et des pratiques (faire avancer la technicité des CAP)
•Connaitre le cycle de projet CAP pour réussir sa mise en œuvre
•Comprendre la mise en place d’une CAP ER chez Handicap International
•Réaliser une CAP coordonnée aux besoins ER (évaluer+informer) et intégrée aux 5 piliers de
l’action contre les mines
•Discuter, échanger, présenter, capitaliser des projets CAP de HI
A qui est destiné ce guide ?
•Chefs de Projets CAP
•Equipes CAP
•Supports Méthodologiques CAP
•Consultants CAP
•Chefs de Projets PEPAM
•Référents Techniques ERM
Quelles sont les limites de ce guide ?
•Conçu pour des chefs de projets, équipes et consultants qui sont familiers avec des méthodes
de recherche fondamentale, qui ont des bonnes connaissances en collecte de données et qui
ont déjà conduit des activités liées au risque des mines.
•Le guide est une présentation de la méthodologie CAP et non un guide méthodologique détaillé
sur des sujets comme l’échantillonnage, l’interview, la surveillance, la formation, la saisie de
données ou l’analyse de données.
Comment utiliser ce guide ?
•Le guide est organisé en 6 étapes majeures qui s’étendent de la conceptualisation du but de
l’étude CAP à l’analyse et l’utilisation des données rassemblées.
•Certains éléments réalisés lors de terrains précédents, certaines idées des questionnaires CAP
proposés en annexes, pourront être extraits et adaptés pour mener de nouvelles études CAP.
•Une liste de documents supplémentaires est fournie pour aider le lecteur à compléter certains
points couverts par ce guide.
•Attention !! Cette ressource ne constitue pas un travail définitif sur comment mener une étude
CAP, mais une boite à outils qui offre une structure théorique, des suggestions pratiques et une
liste de ressources utiles.
5
Aperçu du contenu
Ce guide présente en six étapes des orientations pratiques pour la conduite d’une étude
CAP dans l’action contre les mines et les ENE :
Etape 1 : S’approprier le projet et définir les objectifs - contient des informations sur la façon
d’accéder à des informations déjà existantes, de déterminer l’objet de l’étude et les principaux
champs de la recherche, d’identifier la population de l’étude et de construire l’échantillon.
Etape 2 : Développer le protocole - décrit et suggère les éléments à inclure dans le protocole
pour vous aider à identifier les principales questions de la recherche. Déterminer si l’étude a besoin de retravailler sa déontologie est essentiel à cette étape, tout comme la création du plan de
travail et du budget.
Etape 3 : Elaborer le questionnaire - propose des mesures importantes pour le développement,
le pré-test et la finalisation du questionnaire, et la mise en place du plan d’analyse des données.
Etape 4 : Mettre en œuvre l’étude CAP - contient des réflexions sur le choix des dates de
l’étude, le recrutement et la formation des superviseurs et enquêteurs, et la gestion de la mise en
œuvre de l’étude.
Etape 5 : Récolter les données - consiste à saisir et à vérifier les données collectées, et à mettre
en œuvre le plan d’analyse des données réalisé à l’étape 3.
Etape 6 : Utiliser les données - met en lumière des idées sur la façon de traduire les résultats de
l’enquête en action, les éléments à inclure dans le rapport de l’étude, et de diffuser les résultats
de l’enquête.
6
Introduction
A. Qu’est-ce qu’une étude CAP ?
La CAP est une étude représentative conduite auprès d’une population particulière pour identifier
les connaissances (C), les attitudes (A) et les pratiques (P) d’une population sur un thème précisles mines et les objets non explosés dans notre cas.
Dans la plupart des études CAP, les données sont collectées oralement par un interviewer qui utilise un questionnaire structuré et standardisé. Ces données peuvent alors être quantitativement
ou qualitativement analysées en fonction des objectifs et des tenants et aboutissants de l’étude.
Une étude CAP peut être spécialement conçue pour collecter des informations sur le sujet des
mines et des engins non explosés (ENE). Il est aussi possible d’y inclure des questions d’ordre
plus général sur les pratiques et les croyances de la population exposée au risque.
B. A quoi sert une étude CAP ?
Les données de l’étude CAP sont essentielles pour aider à planifier, mettre en place et évaluer les
Programmes d’Education à la Prévention des Accidents par Mines et autres engins non explosés
(PEPAM).
• Une étude CAP permet de recueillir des informations sur la manière dont les répondants vivent
la présence de mines et d’ENE, mais plus exactement sur ce que les répondants connaissent au sujet de ce danger et comment ils mettent, ou pas, en pratique cette connaissance.
L’étude CAP peut identifier le manque de connaissance, des modes de fonctionnement ou des
croyances culturelles qui peuvent faciliter la compréhension et l’action sur ce qui fait obstacle
à la réduction des accidents par mine ou engin non explosé.
D’une certaine manière, cette étude peut donner à voir des facteurs qui influencent les « mauvais » comportements, des raisons qui expliquent certaines attitudes, et le pourquoi et le comment de certaines pratiques relatives aux mines et ENE.
• L’étude CAP peut aussi déterminer les réseaux de communication (qui où quand comment
reçoit-on/diffuse-t-on l’information) qui sont essentiels à la préparation et à la diffusion des
messages de prévention. Les études CAP souvent utilisées pour identifier les besoins, les problèmes et les obstacles peuvent aussi apporter des solutions pour améliorer la qualité et l’accessibilité aux projets ER.
• L’étude CAP, et plus largement la diffusion de ses résultats, est l’occasion de réunir les différents acteurs locaux impliqués dans l’action contre les mines (ONG locales et internationales,
gouvernement, MAC, associations, communautés).
7
• Les données collectées peuvent permettre à ces acteurs:
-d’établir une base de données des niveaux de connaissance de l’ER et de mesurer les changements qui en résultent,
-d’établir les priorités de l’action contre les mines/ENE (pour travailler sur le problème le plus
présent ou pour identifier des sous-groupes spécifiques dont les besoins en prévention diffèrent des autres groupes),
-d’estimer les ressources requises pour les différentes activités,
-de sélectionner les réseaux et messages de communication les plus effectifs,
-de montrer l’étendue du problème, et par là-même informer sur le besoin en ressources.
C. Quand conduire une étude CAP pour les PEPAM ?
• Le PEPAM
Les PEPAM, aussi appelés Education au Risque (« Risk Education » dans le contexte international), s’adressent aux populations civiles vivant ou se déplaçant dans une région minée. Ces
programmes contribuent à la diminution du nombre de victimes et permettent aux habitants de
gérer le risque en acquérant des connaissances et des compétences qui leurs permettent de vivre
avec la menace des mines et de développer des comportements adaptés. Des campagnes de
prévention sont lancées au travers de posters, de spots télévisés, de messages radios et de programmes d’éducation directement dispensés au niveau communautaire et parfois même intégrés
au cursus scolaire.
L’étude des Connaissances Attitudes et Pratiques des populations pour l’éducation à la prévention des accidents par mines, aussi appelée « étude CAP ER » (« RE KAP survey » dans le
contexte international), constitue une étape charnière dans le processus de diffusion, d’adaptation et d’évaluation des messages et programmes de prévention. Les résultats de l’étude CAP
permettent selon le contexte, de lancer, de cibler et de réorienter les PEPAM :
• Avant le PEPAM : La CAP informative
La CAP conduite dans une région qui n’a pas encore été couverte par des Programmes d’Education à la Prévention des Accidents par Mines/ENE est appelée CAP informative. C’est une sorte
d’étude exploratoire qui permet d’identifier les besoins en ER et qui fournit les informations nécessaires à la mise en place des PEPAM. Elle tente d’identifier les réseaux de communication les
plus performants pour distribuer de l’information et mesure l’étendue du problème des mines en
couvrant des zones où il serait possible de conduire des programmes d’ER. Accumulant des informations sur le niveau de connaissance mais aussi sur les attitudes et pratiques des différentes
populations vis-à-vis des mines, elle constitue ainsi une base de données utile à l’action contre
les mines.
Les résultats de la CAP informative constituent une base solide pour la programmation de futures
actions de prévention ainsi qu’une base de référence pour la CAP évaluative.
• Après le PEPAM : La CAP évaluative
La CAP peut se révéler être un précieux outil d’évaluation de l’ER lorsqu’à posteriori elle mesure
son impact et efficience en évaluant l’évolution du niveau de connaissance, d’attitude et de pratiques; on parle alors de CAP évaluative. La comparaison de ses résultats avec ceux de la CAP
informative permet de savoir ce qui a été le plus effectif dans les programmes d’ER, ce qui est à
reconduire et ce qui ne fonctionne pas. Elle permet alors de justifier des demandes de subventions pour conduire des PEPAM ciblés et localement adaptés.
8
• La fréquence de la CAP
Plus une étude CAP est conduite fréquemment plus elle peut être effective dans l’action contre
les mines/ENE. Premièrement, en mesurant au maximum tous les deux/trois ans les évolutions
des connaissances, attitudes et pratiques, elle permet aux équipes PEPAM d’avoir du recul sur
leur pratique et de réorienter leurs actions en fonction des évolutions réelles des populations impactées. Deuxièmement, lorsque plusieurs CAP quantitatives ont précédemment été conduites,
l’étude CAP peut prendre une forme plus qualitative et renseigner les PEPAM sur ce qui rend les
messages de prévention ineffectifs, autrement dit, sur ce qui fait que certaines populations ont
une très bonne connaissance du danger des mines/ENE mais continuent à avoir des comportements qui les mettent en danger.
La CAP conduite fréquemment permet d’avoir une base de données à jour sur les connaissances
attitudes et pratiques ainsi que des informations plus qualitatives sur les problématiques qui touchent les populations impactées par les mines et ENE.
D. Qui conduit une étude CAP?
Une étude CAP requiert aussi bien des ressources humaines internes que les compétences spécifiques d’un spécialiste externe. Les référents techniques ou les chefs de projets eux-mêmes
sont souvent trop occupés pour prendre en charge certains aspects de l’étude CAP et l’appui
d’un support méthodologique, au tout début puis à certains points clés du processus, peut leur
être particulièrement bénéfique.
Il peut être nécessaire de collaborer avec des personnes ou des agences pour définir l’échantillonnage (le nombre de personnes et de zones à interviewer), créer/adapter les questionnaires,
conduire les interviews dans le langage local, saisir les données ou bien encore analyser les
données. Attention ! Faire intervenir des consultants pour la phase finale de l’étude (analyse des
données, écriture du rapport, etc.) signifie les impliquer au plus tôt. Ils doivent être tenus informés
des objectifs de l’étude, de sa mise en place et de sa progression pour pouvoir intervenir là où
cela leur semble essentiel. On réduit ainsi le risque de se retrouver en fin d’étude avec des données incomplètes ou invalides.
Les points à retenir : Introduction à l’étude CAP
Les objectifs généraux
•Evaluer les Connaissances, Attitudes et Pratiques courantes vis-à-vis du danger des
mines des populations à risque.
•Mesurer l’impact des programmes d’Education au Risque.
•Fournir des recommandations pour la conduite de futurs projets ER.
Les résultats attendus
•De nouvelles informations sur les connaissances, attitudes et pratiques courantes vis-àvis des mines et ENE doivent être collectées et analysées (pour identifier les besoins en
prévention).
•Une meilleure compréhension des facteurs socioculturels ou socio-économiques clés qui
influencent les comportements et pratiques à risque.
•Une contribution à la stratégie des programmes d’intervention de prévention en identifiant les réseaux de communication appropriés pour la population cible.
•Une évaluation des activités de prévention.
•Une ligne de conduite pour l’orientation et l’évaluation des futures méthodes et activités
de l’ER.
9
10
S’approprier le projet
et définir les objectifs de l’étude
Partie
1
/ 1. Revue de la littérature existante -- - - - - - - - - - - - -
PAGE 12
/ 2. S’approprier le but de l’étude - - - - - - - - - - - - - - - -
PAGE 14
/ 3. Définir les objectifs spécifiques
-- - - - - - - - - - - - - PAGE 17
/ 4. Identifier la population à interroger -- - - - - - - - - -
PAGE 18
/ 5. Construire l’échantillon - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
PAGE 21
11
Partie
1. Revue de la littérature existante
1
Avant d’élaborer les outils qui permettent de réaliser l’étude, il est conseillé de rechercher toutes
données existantes sur le sujet pour éviter de dupliquer les efforts ou de collecter des données
qui ne seraient pas nécessaires.
• Une rapide lecture de la littérature sur le sujet permet de connaitre ce qui est déjà su et peut
suggérer des domaines qui mériteraient une plus grande exploration. En commençant par les
données du « Landmine Monitor Report » (LMR), de la « Landmine Impact Survey » (LIS),
et, si cela a été mis en place, du système de surveillance nationale, pour comprendre le
contexte des mines et ENE dans le pays.
• Toute étude qualitative ou quantitative qui aurait pu être produite sur le sujet, qui aurait inclus
un sujet relatif à la question que l’on veut étudier (statistiques relatives aux mines et ENE, etc.).
• Toute étude (diffusée sur Internet ou autre) ayant été conduite auprès de la population qui vous
intéresse (taux d’alphabétisation, répartition de la population, etc.).
• En demandant à vos collègues des autres organisations ainsi qu’aux parties-prenantes locales
s’ils ont des informations, des matériaux ou expériences à partager avec vous.
La collaboration est un point vital de l’étude CAP et se servir des ressources institutionnelles déjà
existantes permet de démarrer son étude de manière stratégique. En fonction des données existantes, vous serez capable d’identifier les manques qui pourraient être comblés avec les résultats
de la CAP. Savoir dès le début de l’étude que telle ou telle population (les enfants, les bergers, les
contrebandiers, etc.) est la plus impactée par les mines/ENE permet d’orienter l’étude sur cette
population ou de mettre en place des activités particulières (ateliers, focus group, entretiens) pour
recueillir des informations plus approfondies sur cette population cible. La manière de recueillir
des informations peut aussi dépendre de certains facteurs culturels, obtenir des informations sur
les particularités culturelles de telle ou telle population permet d’établir une stratégie de recueil
de données adaptée1.
Les sources d’informations utiles pour débuter l’étude :
• LMR, LIS et système de surveillance ;
• Publications et documents produits par les organisations partenaires ;
• Les journaux locaux ;
• Internet et sites Internet dédiés à l’action contre les mines/ENE (E-MINE, IMAS, IMMAP, UNMAS, etc.) ;
• Enquêtes et études (locales, nationales, internationales) ;
• Experts locaux comme les chefs de village, des agents de médiations, des travailleurs de la
santé.
1. Lors de la « Kurdistan KAP survey », la collecte des informations respecta le genre des interviewés pour des raisons culturelles (décision prise
avec les parties prenantes) et les « interviewées femmes » furent interrogées par des « interviewers femmes ».
12
(LMR) Observatoire des Mines :
« L’Observatoire des Mines œuvre en toute bonne foi et souhaite fournir des informations
reposant sur des faits avérés par lui afin d’en faire bénéficier la communauté internationale
dans son ensemble. Un réseau de 59 chercheurs dans 46 pays ainsi qu’une équipe éditoriale
de 20 personnes rassemblent les informations pour rédiger le rapport annuel. Le Rapport
2008 contient des informations sur 120 pays et d’autres régions. Il aborde la politique
interdisant l’utilisation, la production, le transfert et le stockage des mines ainsi que d’autres
questions comme le déminage, l’éducation aux dangers des mines/ERW, les nouvelles
victimes, l’assistance aux victimes et le soutien à l’action contre les mines. Le rapport
couvre les pays affectés, les Etats parties dont certaines obligations doivent encore être
remplies conformément au Traité d’interdiction des mines, et les Etats non parties au Traité
d’interdiction des mines. Le rapport comprend un résumé et une analyse des tendances en
ce qui concerne la politique d’interdiction des mines, l’action contre les mines, l’éducation
aux dangers des mines/ENE, les nouvelles victimes et l’assistance aux victimes, ainsi que
le soutien à l’action contre les mines ».
Extrait du -Landmine Monitor Report 2008- www.icbl.org/lm/2008
13
Projet
(LIS) Enquête d’impact :
« Handicap International identifie et évalue l’impact social et économique de la présence
des mines et autres engins explosifs sur les communautés affectées. Les études d’impact
permettent d’établir une vision complète de l’étendue et de l’importance de la pollution.
Les données collectées et traitées sont exploitées par les principaux secteurs de l’action
contre les mines/ENE. Pour la planification stratégique en éducation pour la prévention des
risques, les enquêtes techniques approfondies, le marquage et le déminage, mais aussi
l’assistance aux victimes. Des enquêtes nationales d’impact ont été réalisées par Handicap
International au Tchad en 2001, en Bosnie en 2003, au Sénégal (Casamance) en 2006, au
Soudan en 2008 ».
Partie
2. S’approprier le but de l’étude
1
Après avoir fait une « revue de la littérature existante », le chef de projet doit se mettre au clair
avec les objectifs premiers et les finalités de l’étude qu’il va conduire. L’objectif général du projet CAP a été établi par le client qui demande l’étude ou par l’organisation qui a fait une
demande de fonds pour la réaliser. C’est alors sur les Termes de Référence (TdR) (contexte,
objet, objectifs généraux, etc.) que le chef de projet doit s’appuyer pour s’approprier l’étude.
Le chef de projet qui s’approprie l’étude se demande : « Qu’est-ce que j’espère accomplir
en conduisant cette étude CAP ? » :
• Exploration : (CAP informative) le but d’une étude exploratoire est de collecter des informations sur une population particulière ou sur un sujet peu connu. Avec ce type d’étude, on
s’attend plus à des données qualitatives qu’à des données quantitatives faisant ressortir des
statistiques. La préparation des questions est une des clés majeures.
• Tester une hypothèse : (CAP évaluative) on peut utiliser l’étude CAP pour tester l’acceptabilité
des messages ou une proposition de stratégie d’intervention. Il faudra s’assurer que les questions correspondent à des activités qui seraient possible de mettre en place.
• Etablir une base de données : (CAP comparative) les données sont collectées à un moment T.
Il est alors possible de répéter la collecte de données à un moment T+1 pour pouvoir comparer, mesurer ou évaluer les changements. L’échantillonnage devra être rigoureusement élaboré
afin de permettre la commensurabilité des données T avec les données T+1. Si l’on souhaite
comparer son travail avec d’autres, il faut utiliser des définitions similaires et être clair sur comment cette population/étude est similaire/différente des autres populations/études qui ont été
évaluées.
« Pour comparer deux études sur une même population, les conditions de recueil des données doivent être strictement comparables (population, échantillonnage, environnement,
facteurs de risque, indicateurs de santé,…). Seul le facteur de risque ou de protection étudié peut être différent, qui est justement l’enjeu de la comparaison. Il n’y a pas de situation
idéale, en dehors des études dites expérimentales. On peut donc accepter des différences
entre les deux études, sous réserve d’une argumentation suffisante2».
2. « L’enquête épidémiologique », Handicap-International, France 2006 par Patrick Jullien.
14
Il est vivement recommandé de rédiger une ou deux phrases sur les objectifs de votre
étude. Ce document écrit peut notamment être repris lors de l’analyse des données mais il sert
surtout de base d’échanges et de mise au point avec les différents acteurs de l’étude CAP (référents techniques, parties prenantes, consultants, équipe CAP).
Exemples du terrain : Définir les objectifs de la CAP
2 études CAP sur 1 même pays à 2 moments différents
CAP au Nord-Ouest de Somalie
Handicap International,
Novembre 2002
Objectifs : « Comme première étape pour déterminer un programme d’éducation au
risque des mines/ENE approprié en Somalie, Handicap International et UNICEF ont
entrepris l’étude des Connaissances, Attitudes et Pratiques dans trois régions de la
zone Nord-Ouest. Les trois régions d’Awdal, Galbeed, et de Togdheer ont été identifiées en tant que zones où les communautés courent un risque très élevé vis-à-vis
des mines et Engins Non Explosés. Le but de l’étude fut de recueillir aussi bien
des informations sur les pratiques courantes des communautés vis-à-vis des
mines et des ENE que des informations sur les pratiques relatives à la communication. Les informations de cette étude fournissent une base pour mieux
comprendre et sélectionner les communautés et seront utilisées pour guider la
planification et la mise en place d’un programme d’éducation au risque des mines
adapté au contexte local ».
15
Projet
On peut souvent avoir différents objectifs en tête, comme la collecte d’informations pour la formulation et diffusion de messages de prévention et en même temps la création d’une base de
données sur le niveau de connaissance et de comportements vis-à-vis des mines et ENE. Ceci
peut être bénéfique mais avoir deux objectifs différents peut aussi allonger et rendre plus complexe votre étude. Lorsque l’étude a plusieurs objectifs (informative et évaluative par exemple),
il est conseillé d’établir des priorités et de ne pas essayer de tout traiter dans la même étude au
risque de nuire aux résultats liés aux objectifs généraux. Les études qui incluent des objets de
recherche, des « populations cibles » ou des questionnements trop larges, ne sont pas réalisables
et deviennent vite non transposables en une et même étude. Plus l’objet est simple, plus les résultats ont des chances d’être clairs et exploitables.
CAP au Nord-Ouest de Somalie
Handicap International,
Janvier 2007
Objectifs généraux
• « Mesurer l’impact du projet d’Education au Risque de HI vis à vis de l’ensemble
de la population.
• Evaluer les Connaissances, Attitudes et Pratiques de la population cible du NordOuest de Somalie (République du Somaliland auto-déclarée) vis à vis de la menace des mines et ENE.
• Adapter une stratégie ER appropriée avec l’intention de l’étendre pour couvrir
l’ensemble du Nord de la Somalie ».
Objectifs spécifiques
« Comparer les résultats avec les résultats de l’étude CAP obtenus en 2002,
avec le plus de validité statistique possible, pour mesurer l’impact des projets d’ER
de HI sur les communautés cibles des zones urbaines, rurales et nomades des
régions de Galbeed et de Sahil dans le Nord-Ouest de la Somalie (auto-déclarée).
Construit sur la précédente évaluation, le but principal de cette étude fut de fournir des données et des informations [pour] une meilleure compréhension des
Connaissances, Attitudes et Pratiques dans le domaine de la sécurité et de la prévention des mines et ENE. De plus, l’étude a aspiré à établir les moyens les plus efficaces de communication qui pourrait être utilisés pour le programme d’Education
au Risque. Il est important de souligner que cette étude n’a pas essayé d’évaluer
quantitativement la contamination par mines terrestres et ENE, l’impact des accidents et mortalités par mines et ENE, ou de mesurer l’impact économique de la
contamination par mines et ENE. Ce besoin de données précises a déjà été comblé
par le Danish De-mining Group (DDG). Leur intensive étude « Landmine Impact Survey » (LIS), regroupe les plus précises et crédibles informations à ce jour, et fournit
une ligne de base à partir de laquelle la progression peut être mesurée ».
16
1
« Qu’est-ce que l’on souhaite faire ressortir et qu’est-ce que je cherche exactement ? »
Les études CAP peuvent permettre :
•de recueillir tout un éventail d’informations sur les systèmes de croyances et valeurs relatives aux mines et ENE, ainsi que sur comment ces croyances et valeurs jouent sur leurs
pratiques,
•d’identifier les facteurs qui influencent les pratiques et opinions des communautés touchées par le danger des mines et ENE,
•d’identifier ce qui fait que l’on prend le risque ou que l’on n’adopte pas complètement les
comportements dits « sûrs » qui sont véhiculés par les programmes d’ER,
•d’identifier les parties prenantes,
•de découvrir les habitudes de la population cible concernant l’utilisation des medias.
Le but de l’étude, les possibilités de PEPAM et la manière dont pourront être utilisées les
informations par les acteurs de l’ER déterminent les données que vous avez besoin de
collecter.
Il est recommandé de faire une liste des sujets principaux qui seront investis et de prioriser
les deux ou trois plus importants.
La plupart des champs de la recherche devraient inclure :
• Les croyances communes au sujet des mines et la connaissance des leurs effets,
• Ce qui pousse individuellement, socialement ou structurellement à prendre le risque,
• Les réseaux de communication les plus adaptés pour la diffusion de messages d’ER.
La plupart du temps, l’étude CAP indique le pourcentage de la population totale qui a des
connaissances, attitudes ou pratiques qui encouragent ou inhibent leur habilité à adopter
des comportements sure vis-à-vis des mines. Si la littérature existante (cf. Etape 1 page 12)
fait dors-et-déjà ressortir des différences culturelles des populations vis-à-vis des mines,
l’étude CAP peut essayer d’explorer d’autres données qui permettront alors de concevoir
des interventions appropriées à ces différences. L’étude peut par exemple explorer les
connaissances et la transmission de ces connaissances à propos du danger des mines et
ENE pour votre population cible. Si l’on se focalise sur la prise de risque, on se demandera
comment les attitudes différent selon les communautés, les espaces de socialisation, selon
les membres de la famille, selon la profession, selon la situation socio-économique. Si la
CAP est plus dirigée sur le repérage des sources d’informations et de leur circulation, on
voudra trouver les meilleurs moyens de communiquer, en trouvant les réseaux les plus usités, les moments les plus appropriés, l’effet des différents types de messages, le poids de
l’influence sociale (amis, communauté religieuse, famille) et sélectionner les plus adaptés à
la diffusion de messages de prévention contre les mines.
17
Projet
3.Définir les objectifs
spécifiques de l’étude
Partie
Les Pratiques
Les Attitudes
Les Connaissances
Proposition méthodologique sur les trois thèmes d’étude et leurs outils3:
Définitions
Observations
Outils d’analyse
Critères
d’évaluation
Ensemble des
informations acquises par des
personnes sur un
sujet donné.
On peut mesurer avec précision le niveau de connaissances d’informations acquises par une population,
puis comparer
(avant – après, ici – ailleurs).
Attention à ce que les outils
utilisés soient bien adaptés
aux personnes (voir point 1
en bas).
Données quantitatives :
•questions fermées
(«oui / non» ou à choix multiple),
•comparaisons statistiques entre
deux lieux ou deux temps.
Prévalences,
incidences,
taux de «bonnes»
réponses selon le
groupe, comparaisons, etc…
Ce que la personne perçoit de
la contamination,
ce qu’elle dit de
ses intentions,
des difficultés à
l’appréhender, de
ses obstacles à
modifier les pratiques.
Les attitudes sont le «gap»
entre connaissances et
pratiques, résultats de
contraintes diverses pesant
sur la personne. Il s’agit
donc de comprendre comment la personne se situe
par rapport au problème de
la contamination.
Données quantitatives :
•échelles de mesure des intentions,
des perceptions, des obstacles.
Tendances
chiffrées,
comparaisons.
Les actes réels
accomplis par la
personne en situation, dans son
contexte.
Domaine de l’observation
directe, des faits vus par
l’observateur. Nous sommes
dans l’anthropologie souvent, dans l’épidémiologie
rarement. Les indicateurs de
résultats, mesurables, n’en
sont qu’un reflet.
Données qualitatives (voir point 2
Mesures
en bas):
qualitatives
•les entretiens, l’interrogation, et
l’observation directe quand elle est
possible.
Données qualitatives :
Mesures
•éléments de compréhension par le qualitatives
recueil de la parole, outils d’ajustement et observation.
Données quantitatives :
•par des mesures indirectes : soit
de la parole (ce que je dis faire),
soit des résultats (voir point 3
en bas) de la pratique (consommables, morbidité, mortalité...).
Tendances
chiffrées,
comparaisons.
1. Par exemple :
• dans les cas où l’écrit n’est pas le meilleur moyen d’interrogation (illettrisme)
• dans les cas où la liberté de parole est difficile, ou bien quand le sujet est tabou.
2. Les temps de l’interrogation anthropo-sociologique des attitudes et des pratiques ne sont pas
forcément différents : la personne interrogée peut décrire sa pratique tout en l’expliquant, tant
dans ses limites que dans ses obstacles et facilitateurs.
3. Les résultats – tels que morbidité et mortalité – peuvent être l’objectif réel du projet : au bout
du compte, les connaissances et pratiques sont au service de ces résultats. Donc attention,
une étude CAP n’est pas forcément l’évaluation des résultats (les résultats d’un projet peuvent
porter uniquement sur l’amélioration des pratiques, et/ou sur des indicateurs de santé).
3. « La construction des termes de référence d’une étude CAP, base de travail », Handicap International – France 2007.
18
4. Identifier la population à interroger 1
L’Education au Risque est dispensée à différents publics, l’étude CAP pour l’ER doit l’être aussi.
Dans certains cas une revue de la littérature existante peut faire apparaitre des groupes de la population qui n’ont pas encore été consultés et qui pourtant sont touchés par le risque des mines
(notamment dans des zones récemment libérées). Mais en règle générale la population de votre
étude est prédéfinie en fonction du programme de prévention en place.
On définit généralement sa population de recherche en termes de :
• Caractéristiques démographiques (sexe, l’âge, la religion, milieu urbain/rural, revenus, position
sociale, éducation, l’occupation principale salariée ou non, l’appartenance ethnique, le dialecte, etc…) ;
• Métiers ou Catégories Socioprofessionnelles (professeurs, démineurs, agriculteurs, étudiants,
fonctionnaire, etc…) ;
• Autres distinctions caractéristiques : des individus ou groupes qui peuvent être plus particulièrement touchés par le danger des mines et ENE que d’autres (populations vivant à la frontière
de deux pays en conflit, populations déplacées, contrebandiers, bergers, nomades, etc…) ;
• Public secondaire : doivent être inclus les personnes qui pourront influencer ou vous présenter
des personnes que vous souhaitez interroger dans le « premier public » (chefs de communautés, autorités politiques, experts locaux, etc…).
Les connaissances attitudes et mauvaises pratiques peuvent varier substantiellement selon les
groupes de population, ainsi que selon des caractéristiques sociales, culturelles et économiques.
Ceci est à prendre en compte si l’enquête tente d’établir des différences dans la manière de dispenser de la prévention. Segmenter la population de l’étude est important pour que les activités
de prévention puissent s’adapter aux différents publics. On doit se demander : « Quelles caractéristiques particulières composent la population auprès de laquelle l’étude doit rassembler des
informations ? ». Pour l’échantillonnage, les caractéristiques de la population peuvent être mises
en relation avec la localisation de cette population, son appartenance religieuse ou ethnique, son
dialecte ou langage, son âge, sa situation socio-économique ou bien encore en fonction de la
densité de terrains minés qui l’entourent.
19
Projet
Partie
Personnes susceptibles d’être interrogées
•Des hommes et des femmes en général
•Des jeunes, des adultes et des personnes plus âgées en général
•Des personnes qui se rendent fréquemment dans les terrains minés
•Des populations déplacées qui retournent chez elles
•Des personnes qui ont vécu un accident par mine ou ENE
•Des membres de la famille, des amis, voisins, d’une victime
•Des démineurs
•Des professeurs
•Des leaders de religion
•Des policiers
•Chefs du village
« Identifier la population » à interroger est une étape incontournable de la recherche puisque c’est
à partir de cela que sont déterminés la taille de l’échantillon, le temps nécessaire pour collecter
les données, le type d’interviews et aussi le nombre de questionnaires à développer. Les questionnaires doivent par exemple être adaptés au type public que vous souhaitez rencontrer (experts, enfants, ménages, etc.) et être élaborés en fonction des informations spécifiques que vous
aimeriez collecter auprès de chacune des populations.
20
5. Sélectionner l’échantillon 1
L’échantillon de l’étude est la série de répondants qui a été sélectionnée sur une population plus
large dans le but de participer à l’étude. Les répondants sont interrogés pour obtenir des informations représentatives de l’ensemble de la population. En définissant qui est inclus dans l’étude et
combien de personnes sont nécessaires, l’échantillonnage permet de généraliser (d’étendre à la
population totale) et de préciser les résultats. La précision et l’extension de l’étude ne sera pas la
même en fonction de « qui » et « combien de personnes » ont été inclus dans l‘étude : « comment
l’échantillon est défini » et « comment les personnes sont choisies sur le terrain » (Cf. Etape 2)
peut permettre de minimiser les biais et permet plus ou moins de généraliser les résultats à une
population plus large.
L’échantillonnage est aussi important pour la « collecte de données » que pour l’analyse et l’interprétation des résultats. Les choix que vous faîtes (les personnes à qui vous parlerez, où, quand, à
quel sujet et pourquoi) sont autant de limites aux conclusions que vous pourrez tirer, à la confiance
avec laquelle vous les formulerez et au crédit que les autres leur accorderont. Les stratégies
d’échantillonnage peuvent sembler complexes à première vue. Mais ce ne sera pas le cas si
vous prenez le temps de planifier soigneusement votre étude et de cerner clairement ce que vous
voulez faire ressortir. Il est important de faire la distinction entre les stratégies d’échantillonnage,
certaines sont plus axées sur la « représentativité » alors que d’autres tiennent plus compte de la
« variabilité ». Souvent des stratégies d’échantillonnage combinées ou mixtes sont utilisées dans
le cadre de la même étude en vue de répondre à différentes questions.
21
Projet
Partie
Les différentes formes de construction de l’échantillon4:
Echantillon aléatoire
simple
Les individus sont prélevés au sein d’une population définie, de façon aléatoire et en
une seule opération. Tout le monde a la même chance de faire partie de l’échantillon et
chaque personne ne peut être choisie qu’une seule fois.
Echantillon aléatoire
stratifié
Il s’agit d’une méthode qui requiert : l’utilisation d’une liste exhaustive et une très bonne
connaissance de la répartition de la population étudiée par des strates en lien avec l’objet
de l’enquête. Il faut déterminer le nombre d’individus à interroger par strate (sexe, âge,…).
La taille de l’échantillon sera fixée proportionnellement à la population globale et un tirage
au hasard sera effectué dans chaque strate.
Echantillonnage
Cette méthode est utilisée lorsqu’il est difficile de se procurer une liste exhaustive de la
aléatoire par grappes population étudiée. Il est tout d’abord nécessaire de découper la population en grappes;
notamment géographique (par exemple les quartiers ou les arrondissements d’une ville)
puis de tirer au hasard certaines de ces grappes. Enfin, il faut recenser tous les individus
des grappes choisies. Si l’établissement d’une liste exhaustive n’est pas possible dans
l’une des grappes, un nouveau tirage au hasard devra être réalisé.
Echantillonnage par
quotas
La méthode des quotas se base sur la répartition connue de la population pour un certain nombre de caractères (sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle...). L’échantillon est
construit en respectant la distribution de la population, il est choisi de façon à constituer
une image aussi fidèle que possible de la population totale.
Echantillonnage
en chaîne
(Snowball sampling)
A partir d’un échantillon comportant un nombre restreint de personnes, on ajoute des
unités avec lesquelles les premières sont en relation.
Echantillonnage sur
la base du jugement
Echantillon formé à partir de l’opinion d’une ou de plusieurs personnes suffisamment
éclairées pour identifier les unités qui représentent adéquatement la population. Constitue un net avantage lorsque des individus compétents ont une expérience pertinente mais
il est difficile d’évaluer objectivement jusqu’à quel point l’échantillon est représentatif.
L’extension de l’étude dépend entièrement de sa représentativité. Les études CAP qui ont un
échantillon représentatif (statistiquement) permettent d’affirmer avec un certain degré de confiance
que tel pourcentage de la population dans la population globale (ou population globale touchée
par les mines) intéressée a : telles connaissances, telles attitudes, ou tels comportements. Un
échantillon plus large amène plus de précision dans les données mais cela est plus coûteux et
prend plus de temps. L’assistance d’un statisticien ou épidémiologiste est recommandée pour
calculer la « précision » et le « taux de confiance » de l’échantillon requis pour l’étude.
Si vous souhaitez inclure dans l’analyse la comparaison de différents groupes de la population,
alors les échantillons devront être calculés proportionnellement. Il faut essayer de déterminer les
comparaisons que l’on souhaite faire lors de l’analyse avant de constituer ou d’adapter les questionnaires ou de constituer les échantillonnages et de les inclure dans la planification de l’analyse
des données.
Un statisticien ou un support méthodologique peut vous fournir de l’aide sur « pourquoi » utiliser
une technique d’échantillonnage et « comment » éviter certains biais. Un biais est une sous ou sur
estimation de mesure lié à la méthode de sélection de l’échantillonnage. Le protocole de l’étude
devra spécifier quelle méthode aura été utilisée pour garantir la sélection représentative
des répondants (« échantillonnage aléatoire » ou « échantillonnage par quotas »).
4. Pour plus d’informations vous pouvez consulter : EuropAid, « Comment construire l’échantillon ? ».
22
Il y a deux étapes importantes à respecter quand vous décidez du nombre de personnes à inclure
dans votre étude et des critères de sélection:
• Étape 2: Découvrez de combien de parties ou groupes est formé le tout et déterminez la pertinence de chacun relativement aux questions auxquelles votre étude vise à répondre. Vous
pouvez alors prélever des échantillons ou représentations de l’ensemble et les inclure dans
votre étude.
Exemples du terrain : Technique d’échantillonnage
CAP en Afghanistan : INTERSOS/META, 2005
En Afghanistan, un échantillonnage aléatoire n’était pas possible comme il n’existe
aucune liste de recensement de la population pour extraire des interviewés. Comme
alternative, une sélection d’interviewés a été faite basée sur «la méthode des quotas». L’échantillonnage par quotas permit une analyse transversale ou analyse croisée des quotas avec une représentativité suffisante de la population cible. La collecte de données de l’étude CAP fut conduite par l’équipe de « META (Monitoring,
Evaluation and Training Agency) MRE » et supportée et guidée par un conseiller
d’INTERSOS et un coordinateur UNICEF. Un chercheur expert supervisa l’ensemble
du processus et analyse les données croisées en intégrant les résultats des sources
de collecte de données secondaires.
CAP au Nord-est de l’Iraq (région du Kurdistan) : Handicap International, 2008
« Au Kurdistan, l’échantillonnage aléatoire n’était pas possible comme il n’y avait
aucune liste de recensement pour extraire les interviewés. Comme alternative, pour
les objectifs de cette étude, une sélection d’interviewés (« opinion leaders », en
fants, ménages) a été faite à partir d’une méthode combinant l’« échantillonnage par
quotas » et l’« échantillonnage en chaîne ».
Etapes de la stratégie d’échantillonnage :
1. Sélection du nombre d’interviewés pour chaque population cible; en fonction
de la représentation de la population cible vis-à-vis de la population totale et des
buts spécifiques de la recherche, les chercheurs ont identifié les nombres suivants
d’interviewés pour chaque cible :
POPULATION CIBLE
Opinion leaders
Enfants
Ménages
Groupes à risque
QUOTA
47
262
646
71
23
Projet
• Étape 1: Délimitez les frontières de votre site d’étude. Peut-être le territoire a-t-il déjà été découpé afin de distinguer les secteurs où des projets sont en cours de ceux où les projets sont
terminés ou qui n’ont pas encore fait l’objet d’un projet. Ou peut-être encore préférerez-vous
délimiter la population étudiée en utilisant les frontières politiques/administratives existantes
(régions, districts, divisions, localités et sous-localités); ou selon l’importance de la contamination par mines et ENE (zone impactée faiblement, moyennement ou hautement).
2. Sélection des départements : Dans chaque zone nous avons choisi des secteurs hautement ou moyennement impactés en utilisant la stratégie aléatoire; pour
réaliser cela nous avons utilisés les données de la LIS.
3. Sur le terrain : Sélection du nombre de maisons Dans chaque village hautement ou moyennement impacté nous avons choisi :
• 3 maisons s’il y a plus de 10 maisons dans le village
• 2 ménages si le village a moins de 10 maisons
• 1 ménage si le village est composé de 5 maisons ou moins.
4. Sur le terrain : Sélection des interviewés Nous avons utilisé la méthode de
l’échantillonnage en chaîne
Etape 1: se présenter au chef du village;
Etape 2: sélectionner le premier ménage à interroger;
Etape 3: Conduire l’interview et laisser les brochures d’ER;
Etape 4: Demander au premier ménage de suggérer les suivants
Les points à retenir : S’approprier le projet et définir les objectifs
spécifiques de l’étude
•Commencer l’étude avec les bonnes informations : Pour éviter de collecter des informations déjà connues, consulter les différentes sources de données qui peuvent exister,
comme les documents des ONG locales sur le sujet, le centre anti-mines et ses statistiques, des études qualitatives locales, etc...
•Se demander : « qu’est-ce que l’organisation souhaite accomplir en menant cette étude
CAP ? ». Ecrire le but de cette étude en deux ou trois phrases.
•Ecrire une liste des questions principales auxquelles devra répondre l’étude, et faire ressortir de manière prioritaire celles qui ont le plus d’importance.
•Sélectionner la population qui devra être interrogée avec les objectifs et possibilités des
programmes PEPAM en tête. Soyez précis lorsque vous définissez les caractéristiques
du public interrogé.
•La taille de l’échantillon dépendra du sujet de l’étude. Si l’on souhaite tester une hypothèse ou faire des comparaisons en plus, un échantillon plus large est recommandé. Si le
but principal est de fournir des données descriptives pour la décision de programme, un
échantillon plus petit conviendrait mieux. Consulter un statisticien pour calculer la taille
de l’échantillon que requiert votre étude CAP.
•Etablir une stratégie d’échantillonnage permet de réduire ou de minimiser les biais.
Consulter un statisticien pour déterminer la méthode adaptée à vos buts, objectifs et
ressources possibles.
24
Développer le protocole
Partie
2
/ 1. Organiser le contenu du protocole -- - - - - - - - - -
PAGE 26
/ 2. Définir les questions clés de l’étude- - - - - - - - - -
PAGE 28
/ 3. Recherche et déontologie - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
PAGE 30
/ 4. Monter le plan de travail -- - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
PAGE 32
/ 5. Prévoir le budget et la logistique- - - - - - - - - - - - -
PAGE 33
25
Partie
2
1.Organiser le contenu du
protocole de l’étude / collecte des données
Avoir déterminé les objectifs spécifiques de l’étude vous autorise à préparer la mise en place de
l’étude en rédigeant « le protocole ». Le protocole de l’étude fournit les différentes étapes par lesquelles l’étude devra passer et fixe « qui » et « quoi » l’on veut étudier et « comment », « quand » et
« où » l’enquête sera mise en place. Le protocole doit expliquer clairement et de manière concise
le propos de l’étude et en quoi elle sera exploratoire, évaluative, informative, comparative, etc.
(Cf. Etape 1 partie B : S’approprier le but de l’étude). Le protocole est un outil essentiel qui permet
de structurer et d’organiser l’étude CAP. Il est avant tout un document de travail interne mais il
peut aussi être soumis aux parties prenantes.
Au minimum, le protocole doit inclure une description des éléments suivants:
• Titre de l’étude ;
• Enoncé du problème ou son arrière-fond ;
• But de l’étude et les questions clés de la recherche ;
• Population de l’étude et l’échantillonnage ;
• Zones de l’étude (géographique) ;
• Méthodes de collectes de données et leur suivi ;
• Planification de l’analyse des données ;
• Planification de l’examen du protocole de recherche en matière d’éthique pour
- la confidentialité des personnes interviewées et leur consentement
- peser les bénéfices et inconvénients pour les participants ;
• Budget (répartition) ;
• Planning du projet ;
• Description de l’utilisation et de la dissémination des résultats de l’étude ;
• Les questionnaires et grilles d’entretien doivent aussi être inclus dans les annexes du protocole
d’enquête.
26
Comment décrire la collecte des données dans le protocole ?5
Le mode de sélection des personnes interrogées sera transparent autant pour la population
que pour les enquêteurs. Rien ne doit être laissé au choix de l’enquêteur, pour limiter les biais.
Le protocole de collecte des données prévoira :
•dans quelle zone se rendre, dans quel foyer enquêter,
•le mode de présentation de l’enquêteur (pour qui il travaille, dans quel objectif),
•qui fait partie de l’échantillon (population, tranche d’âge, sexe, etc.),
•comment remplacer un refus, un absent ou une personne qui sort des critères définis.
•etc.
Si l’échantillonnage se fait directement sur le terrain, l’enquêteur doit savoir précisément
comment sélectionner la personne interrogée. Où doit-il aller pour commencer ? Quelle
direction doit-il prendre ? A quel foyer doit-il s’arrêter ? Quelle personne doit-il interroger ?
Où doit-il continuer en sortant ?
Si l’enquêteur se trouve devant un foyer dont la porte est fermé, il doit savoir s’il doit revenir
une heure après, ou le lendemain, ou s’il passe tout de suite à un autre foyer, le premier à
droite, ou à gauche, ou l’étage au dessus.
Si la première personne sélectionnée du foyer refuse de répondre, l’enquêteur s’adressera-t-il à une autre personne du même foyer avec le même protocole de sélection, ou bien
va-t-il directement dans le foyer voisin ?, etc.
5. Extraits tirés de : “L’enquête épidémiologique, handicap International - France- 2006” p.6.
27
2.Définir les questions clés
de la recherche
Partie
2
Pour chaque type de questionnements l’on doit prendre en compte les questions auxquelles
doit répondre la CAP.
Exemples de questionnements :
• Quelle connaissance doit être évaluée/estimée ?
- Le risque des mines et ENE est-il connu par la population cible ?
- Quelle connaissance la population a-telle des mines et ENE ? Comment circule cette connaissance ? Connait-on les effets d’une mine ou d’un ENE ?
- La population sait-elle où se situent les zones dangereuses et connait-elle les signes qui indiquent la présence des mines/ENE ?
• Quelles attitudes doivent-être évaluées ?
- Comment perçoit-on la présence des mines/ENE ?
- Quelle attitude a ton vis-à-vis des mines ? Doit-on prendre le risque ? Doit-on éviter le risque ?
- La population dit-elle se sentir en danger ? Se sent-elle assez prévenue du danger ?
• Quelles pratiques doivent être évaluées ?
- Quel est le comportement (réel, observé) de la population face à une mine ou un ENE ?
- Quelles pratiques ont les différents types de populations vis-à-vis des mines et ENE ?
- Dans quelle mesure les pratiques socio-économiques et culturelles sont-elles impactées par la
présence des mines et ENE ? Quels changements d’habitude la présence des mines entraînet-elle ? Comment le risque est-il pris ou éviter ? Quelles sont les facteurs qui amènent les communautés à prendre le risque ?
28
Protocole
Quand le protocole de l’enquête a été rédigé, l’étape suivante est d’identifier les questions clés
auxquelles vous souhaitez répondre au travers de l’étude CAP. Il faut se référer aux « but de
l’étude » et « objectifs spécifiques de l’étude » comme à un guide. Les questions clés de la recherche doivent évoluer en fonction des domaines que vous souhaitez couvrir avec la CAP. On
peut établir la liste des questions auxquelles l’on souhaite répondre en se basant sur « les objectifs spécifiques » définis en Etape 1 de cet guide.
Exemples du terrain :
Définir les questions clés de la recherche
CAP en Afghanistan (Temps 1)
INTERSOS/META, 2004
Objectifs:
- Identifier le niveau de connaissance,
- Mesurer l’impact des activités ER,
- Fournir des informations clés pour des méthodes et activités effectives dans
l’Education au Risque.
CAP en Afghanistan (Temps 2)
INTERSOS/META, 2005
L’étude CAP (Temps 2) 2005 a été aussi conduite utilisant une approche quantitative; cependant, basés sur l’expérience et les leçons apprises de la CAP 2004, des
changements du questionnaire et de l’échantillonnage ont été faits. Le questionnaire CAP (Temps 2) : permettra au programme d’ER de continuer et de s’améliorer
selon les besoins et les défis des communautés Afghanes impactées par les mines
terrestres et les engins non explosés.
Pour améliorer le questionnaire, des questions quant aux croyances et le rôle
du fatalisme dans des communautés ont été ajoutées. Dans le Questionnaire
CAP 2004, aucun indicateur n’avait été inclus pour prendre en compte les facteurs culturels. Ces facteurs sont des éléments importants quant à la perception individuelle du risque. De plus, quelques questions ont été supprimées et
d’autres modifiées. Ces modifications ont simplifié la langue et ont amélioré les
données.
29
3. Recherche et déontologie
2
Si votre étude CAP constitue une recherche sur des sujets humains vous devrez tenir compte
du fait qu’il faille la faire approuver par un comité d’éthique. Les comités qui examinent l’éthique
de la recherche revoient les protocoles de l’étude pour s’assurer que les procédures protégeront
de manière adéquate les participants. A défaut de pouvoir soumettre votre protocole au comité
d’éthique du pays concerné, vous pourrez toujours le soumettre aux parties prenantes impliquées
localement. C’est pourquoi le protocole de l’étude doit inclure en plus des « objectifs de l’étude »,
la manière d’investir le consentement des interviewés, la confidentialité des données collectées
ainsi que la mesure des avantages et inconvénients de la participation des interviewés.
• Que va-ton faire de ce que l’on recherche ?
• A qui cela sera-t-il utile ? Pour quelle action ? Pour quels bénéficiaires ?
• L’étude est-elle utile à une population, à un gouvernement, à une association ?
• Les résultats pourront-ils être utilisés pour, ou contre la population ?
Il existe des standards internationaux sur l’éthique de la recherche :
Libre consentement et consentement éclairé :
L’interviewer doit expliquer le propos de l’étude et obtenir le consentement des répondants à
être interviewés. Cette procédure est appelée le « consentement éclairé ». Les répondants ont le
droit de décliner ou de cesser l’interview à tout moment à n’importe quel moment de l’étude sans
conséquence négative. Dans certains cas, le consentement oral peut être suffisant, particulièrement si la signature ou l’écrit n’est pas culturellement approprié ou possible ou si l’enregistrement
constitue un risque pour le participant.
Protection des participants :
La sécurité de chaque participant est prioritaire aux avantages potentiels que la population peut
attendre de l’enquête. On ne peut pas « sacrifier » des personnes pour effectuer une expérimentation.
Confidentialité :
Toutes les données resteront confidentielles, et ne pourront pas être utilisées de façon à porter
préjudice aux personnes. Il est toujours important de préserver la confidentialité des réponses.
Quand cela est possible il est préférable de coder la participation plutôt que de la rendre nominative. Chaque participant doit savoir que les informations qu’il fournit seront gardées et utilisées en
respectant leur confidentialité. Les données recueillies devront alors être placées en lieu sûr où il
n’y aura pas de chance qu’elles soient utilisées par un tiers (sans le consentement du participant).
Ceci est particulièrement crucial si votre étude implique une population qui pourrait être mise en
danger à cause de la divulgation de certaines informations. (personnes qui posent des mines,
conflit politique etc…)
30
Protocole
Partie
Orientation éventuelle :
Toute personne qui le nécessite doit pouvoir être orientée vers un service compétent de soins
ou de réadaptation, sans fausse promesse de services prodigués à l’occasion des activités de
l’enquête.
Communication des résultats:
Toute personne doit avoir connaissance des destinataires des résultats. Sur demande, toute personne pourra obtenir les résultats.
Les quelques grands principes résumés ici ne peuvent seuls couvrir l’ensemble des « bonnes
pratiques » qui doivent régir toute enquête épidémiologique. Pour cela, il est utile de se référer
à un « Guide de déontologie et de bonnes pratiques en épidémiologie » que vous trouverez sur
Internet.
31
Partie
4. Monter le plan de travail
2
Protocole
Pour attribuer un temps suffisant et raisonnable à chaque étape de l’étude CAP, il est préférable
de monter un plan de travail qui présente le temps attribué à la réalisation de chacune des étapes.
Ce plan de travail peut inclure une liste détaillée des activités, la date à laquelle elles devront avoir
été réalisées ainsi que la personne qui en est responsable.
La création d’un plan de travail peut être particulièrement utile pour planifier les réunions avec
les parties prenantes, pour calculer le nombre de jours ou de semaines nécessaire au travail de
terrain, ainsi que pour planifier l’analyse et la dissémination des résultats.
Les projets CAP s’étendent généralement sur 4 à 6 mois minimum mais les activités peuvent ne
pas toutes se dérouler sur le terrain.
Le développement du protocole, l’adaptation/traduction des questionnaires, la sélection des
zones d’intervention, le recrutement des consultants (locaux ou non) ainsi que la formation des
interviewers prendra certainement plus d’un mois. La collecte de données s’étend généralement
sur plusieurs semaines (2 mois) et l’analyse (1 mois) et l’écriture du rapport (1 mois) nécessitent
tout autant une allocation de temps suffisante. Créer un plan de travail vous permet d’estimer
le temps total nécessaire à la réalisation de l’étude CAP et permet aux parties constitutives de
l’étude d’en suivre son déroulement.
Exemple du plan de travail d’une étude CAP6
6. Etude Cap réalisée par HI en Iraq en 2008.
32
Partie
5. Prévoir le budget et la logistique
2
Constituer le budget nécessaire à votre étude signifie penser aux coûts éventuels de la location
d’un bureau de travail, l’appel de consultants individuels, d’agence de recrutement ou autre que
vous engagerez pour des travaux spécifiques. Il faut penser à toutes les ressources nécessaires
pour la réalisation de l’étude et prendre en compte tous les frais relatifs à l’étude, comme :
• Le coût salarial de l’équipe interne (administrateur, logisticien, etc.),
• consultants (individus) ou sous-traitants (agences),
• formation,
• création de la base de données, saisie et analyse des données,
• rédaction/édition pour la publication finale,
• traduction des questionnaires dans le langage local,
• traduction du rapport final si nécessaire,
• matériel (ordinateurs, appareils photos, papèterie, téléphones portables, dictaphones, 1 téléphone satellite ou d’autres équipements nécessaires),
• communication (carte de téléphone, connexion Internet, fax),
• déplacements (vols, location de voitures, carburant, per diem, chambre et pension),
• coûts d’organisation de réunions avec les parties prenantes ou la dissémination de l’étude en
général (éthique de la recherche, étape d’avancement),
• Impression des questionnaires, du matériel d’interview et du rapport final,
• fonds de réserves (pour les imprévus comme devoir retourner pour collecter des informations
en plus sur le terrain),
• coûts test terrain,
• autres (locations de salles, de bureaux, etc…).
Penser au personnel interne nécessaire pour planifier et conduire l’étude (formateurs, superviseurs, interviewers, chargé de communication), les experts techniques externes qui devront être
engagés (formateurs, superviseurs, interviewers, saisie et analyse de données) ainsi qu’aux coûts
administratifs supplémentaires liés à la gestion de l’étude.
Les points à retenir : Constituer le protocole de l’étude
•Le protocole de l’étude doit être cohérent avec le but et les objectifs spécifiques de
l’étude.
•Si possible, identifier un comité de révision moral approprié ou en expert pour évaluer la
déontologie de votre étude.
•Utiliser un plan de travail pour attribuer suffisamment de jours et de semaines à chaque
étape de l’étude, et pouvoir suivre la progression de la mise en place de l’étude.
•La prévision budgétaire doit refléter précautionneusement l’expertise interne et externe
nécessaire pour planifier, conduire, gérer l’étude CAP ainsi que toutes autres dépenses
annexes.
33
34
Partie
Elaborer le questionnaire
3
/ 1. Etablir le questionnaire de l’étude -- - - - - - - - - - -
PAGE 36
/ 2. Planning de l’analyse des données-- - - - - - - - - -
PAGE 42
/ 3. Pré-tester et finaliser les questionnaires- - - - - -
PAGE 44
35
1. Elaborer le questionnaire
de l’étude CAP
Partie
3
Le chef de projet CAP peut utiliser ce guide et plus particulièrement l’exemplaire de questionnaire CAP fourni en annexe pour développer le ou les questionnaires de l’étude. Les exemples de
questions présentés peuvent être repris pour créer ou adapter le questionnaire mais la liste des
questions de votre outil de collecte de données doit être préparée avec « les questions clés de la
recherche » en tête (Cf. Etape 1). Il faut collecter des données essentielles aux activités PEPAM
et à leur programmation. En incluant tout autant des questions/informations que l’on a besoin de
connaitre pour décider de la mise en place des programmes que des questions/informations qu’il
serait intéressant de connaître. On doit se demander : « comment l’on pourra utiliser cette information ? », « Quelle est la valeur stratégique de cette information ? »
Questionnaire 7
Le questionnaire peut déjà exister ou être créé pour l’occasion. Un questionnaire déjà
construit sera utilisé pour deux raisons :
1. il existe déjà un questionnaire adapté aux objectifs. Les coûts et l’analyse de l’enquête
en seront diminués,
2. on souhaite effectuer une comparaison entre ici et ailleurs, ou entre avant et après. Dans
ce cas, un questionnaire même imparfait peut permettre ces comparaisons.
Dans les deux cas, le questionnaire doit répondre aux objectifs de l’enquête, être adapté le
plus possible :
• à la situation de l’enquête (il y a autant de situations que de préparations et mises en
pratiques différentes. Enquête en zone tropicale, avec saison des pluies, enquête en partenariat avec une administration corrompue, enquête où l’anonymat est difficile à réaliser,
enquête demandée par un gouvernement social très actif) ;
• aux personnes concernées (qui présentent toujours des caractéristiques à prendre en
compte : analphabétisme, peu de téléphones, absence des données, faible participation,
acceptabilité) ;
• aux enquêteurs (à la saisie et à l’analyse).
Les questions posées doivent répondre aux objectifs de l’enquête. Ni plus, ni moins. On peut
être tenté de se renseigner sur des aspects complémentaires et différents. On risque ainsi
de diminuer la qualité des résultats de l’enquête. Il doit être construit selon les impératifs du
plan d’analyse. Un questionnaire « copié-collé » d’une autre enquête a peu de chances de
répondre aux objectifs.
7. Extraits tirés de : “L’enquête épidémiologique, handicap International- France- 2006” par Patrick Jullien.
36
Les questions vous permettront d’obtenir des informations sur les obstacles individuels ou communautaires liés au système socio-économique et culturel que vous avez listés lors du « protocole
de l’étude » en déterminant les « questions clés de la recherche » (voir Etape 2). Les questions
doivent interroger les connaissances, attitudes et pratiques de vos répondants. Les connaissances, attitudes et pratiques des personnes sont des catégories générales qui englobent des
dynamiques sociales et des objets psychologiques plus complexes, comme la possibilité de se
confier, de se dire, ou de subir la pression de son groupe de pairs. Comprendre ces dynamiques
peut vous aider à élaborer les questions qui vous permettront de collecter des informations utiles
pour la prise de décisions au sein des projets PEPAM.
• Perception du risque (« puis-je être victime d’un accident par mine/ENE ? »)
• Perception de la gravité (« A quel point les conséquences d’un accident par mine peuvent-elles
être graves ? »)
• L’acceptation sociale (« comment les personnes qui ont de l’importance pour moi perçoiventelles les mines/le risque des mines/ENE ? »)
• Perception de l’efficacité (« En quoi est-il difficile pour moi d’adopter un comportement sure
vis-à-vis du danger des mines/ENE ? »)
• Accès (« sais-je où je peux obtenir des informations sur les mines/ENE, où il y a des mines/ENE,
et si je peux recevoir des informations sur les mines dans mon village ? »)
Des déterminants du comportement se retrouvent aussi bien à un niveau individuel, que social ou
environnemental. Pour identifier les déterminants qui empêchent ou qui amènent à un changement de comportement, l’étude CAP doit inclure des questions qui permettront de voir lesquels
de ces déterminants influencent la perception et les actions des répondants vis-à-vis des mines.
Un questionnaire est plus efficace lorsqu’il propose différent type de questions. On doit autant
se pencher sur les questions fermées que sur les questions ouvertes. Des questions ouvertes sont des questions auxquelles il n’y a pas une réponse prédéterminée, tandis que ferméesles questions ont un jeu de réponses prédéterminées parmi lesquelles le répondant choisit. Les
questions fermées sont plus faciles à codifier/exploiter et se prêtent plus volontiers à l’analyse
statistique. Les deux types de questions fermées qui existent sont : des « questions fermées à
choix multiple » et les « questions de l’échelle de Likert8 ». Le classement ordinal, catégorique
(sexe masculin ou féminin ?) et numérique (ex : « Quel âge avez-vous ? ») sont d’autres types de
questions fermées que vous pourriez envisager d’utiliser. Les questions fermées peuvent aussi
permettre aux répondants de citer des options de réponse différentes (non prédéterminées) en
ajoutant la possibilité de cocher la case « Autre réponse » et en demandant à l’enquêteur de précisé le propos de l’interviewé.
8. Echelle de Likert : 1. Pas du tout d’accord, 2. Pas d’accord, 3. Ni d’accord ni pas d’accord, 4. D’accord, 5. Tout à fait d’accord
37
Questionnaire
Plusieurs théories sur les changements de comportement font ressortir les déterminants qui
peuvent potentiellement aider ou freiner les personnes à se protéger. Les déterminants les plus
connus sont :
Exemple de questions à choix multiple
Q30. Quelles sont les meilleures façons pour vous de recevoir de nouvelles informations sur
la santé, l’agriculture ou d’autres sujets importants pour vous ou votre communauté?
[Lire les modalités de réponse. Sélectionner au maximum 3 items]9
1.
2.
Messages radiodiffusés 6. Panneaux d’affichage 7. Pièce/théâtre
12.
3.
Enceintes
8. Mosquées 13.
4.
Centre de santé
9. Parents/famille
14.
Spécialiste qui se rend
de maison en maison
Regroupement
communautaire
Formation à l’école
5.
TV Autre(s) (Précisez)
10. Posters
11.
Ne sait pas
15.
Dépliants
___________________________________________________________________________________
___________________________________________________________________________________
Quelques questionnaires d’enquête utilisent des filtres; les questions filtres permettent d’éviter
des séquences de question qui ne correspondent pas au répondant10. Dans l’exemple ci-dessous, le répondant qui n’a jamais été témoin d’un accident par mine passe directement à la
question numéro dix-huit et répond sur « ce qu’il ferait s’il était témoin d’un accident » et non
sur « ce qu’il a fait en ayant été témoin».
Q16. Avez-vous déjà été témoin d’un accident par mine ou ENE?
1.
YES 2.
NO [Aller à la Q18]
Q17. (Si oui) Quelle est la première chose que vous avez faite, [Ne pas suggérer les Items].
Noter l’ordre dans lequel les réponses ont été données
1.
S’enfuir
4. Continuer son chemin
7.
Courir à la victime
pour l’aider
Appeler de l’aide médicale 5. Appeler des démineurs 8.
Rester immobile et
2.
regarder autour de soi
3.
Ne se souvient pas
6. Autre (Préciser) ____________________________________
Q18. Si un accident se produisait devant vous, quelle est la première chose que vous
feriez?
[Ne pas proposer les Items] Noter l’ordre dans lequel les réponses ont été données
1.
S’enfuir
4. Continuer son chemin 7.
Courir à la victime
pour l’aider
Appeler de l’aide médicale 5. Appeler des démineurs
8.
Rester immobile et
2.
regarder autour de soi
3.
Ne sait pas
6. Autre ( Préciser)
9. « What are the main ways for you to get new information about health, agriculture or other issues that are important to you and to your community? [Read answers and choose only up to 3]”. Extrait de la CAP Iraq 2008 réalisée par HI.
10. On peut utiliser dans un questionnaire des questions filtres pour “aiguiller” le sujet en fonction des réponses de la personne interrogée. Ces
questions ont surtout pour fonction de préciser un sujet, de l’approfondir. Ce n’est pas un type de question mais plutôt une «option» que l’on
rajoute sur un type de question.
38
Le questionnaire ne peut être exactement le même d’une étude à une autre. Le contexte et les évolutions des pratiques font qu’il doit être adapté à chaque pays, à chaque période, à chaque étude.
Mais la constitution d’un questionnaire CAP se doit de respecter certaines règles pour
pouvoir obtenir et analyser des données de qualité dans un temps limité :
1. Des questions signalétiques en début de questionnaire
(A remplir avant de rencontrer l’interviewé)
• Nom du lieu où se déroule l’interview + indication de s’il s’agit d’une zone rurale ou urbaine ;
• Nom du département, de la région, du pays ;
• Numéro de l’échantillon ;
• Présentation de l’étude en quelques mots et explications sur l’anonymat ;
2. Lors de l’analyse de données, ces questions signalétiques permettent de déterminer les
connaissances attitudes et pratiques vis-à-vis du danger des mines en fonction du genre,
de l’âge, de l’espace de socialisation, de l’occupation principale ou bien encore de la zone
géographique. Les régulations statistiques qui pourront en ressortir constitueront une base de
données aux acteurs de l’ER pour adapter et diffuser les messages de prévention.
3. Les règles de passation doivent être identifiables par les interviewers sur chaque question (Ne pas lire les réponses ; Suggérer les options de réponses ; Précisez le propos de l’interviewé ; etc… ).
4. Les réponses doivent être pré-codées dans le plus de cas possible.
Cela signifie que l’on doit avoir pensé à toutes les modalités de réponses possibles (le pré-test
permet d’ailleurs de découvrir de nouvelles modalités de réponses). Dans L’encadré précédent
« Exemples de questions », les réponses possibles ont été préalablement codées :
1.
Messages radiodiffusés 2.
Panneaux d’affichage 3.
Enceintes 4.
Autres réponses
L’ensemble des réponses possibles a été prédéfini et l’on a attribué un numéro à chacune des
réponses possibles. Les questions ouvertes doivent être pré-codées comme les questions fermées mais elles ont de
différent qu’elles sont seulement à la disposition de l’interviewer et non proposées à l’interviewé.
Des réponses pré-codées facilitent la « saisie de données » et permettent un traitement rapide
des questionnaires.
5. Ne pas faire un questionnaire trop long.
6. L’étude peut être conduite dans plus d’une langue, mais dans ce cas chaque questionnaire devra être traduit. Si le questionnaire est traduit dans une langue locale, envisagez
une seconde traduction afin de vérifier deux fois l’exactitude de la traduction.
39
Questionnaire
(A remplir chez l’interviewé)
• Genre de l’interviewé ;
• Age de l’interviewé ;
• Situation maritale ;
• Nombre d’enfants ;
• Occupation principale de l’interviewée ;
• Langue maternelle ;
• Langue lue et écrite.
Exemples du terrain : Elaboration du questionnaire
Intervention d’un support méthodologique pour améliorer le
questionnaire11
CAP au Nord-est de l’Iraq (région du Kurdistan)
Handicap International, 2008
Les points plus importants :
1. Uniformisation de la passation de questions en indiquant la démarche à suivre sur
chaque question:
Ex: « Montrer les images », « Attention! Ne pas lire les options de réponse »
2. Changement de la forme du questionnaire pour améliorer la saisie de données sur
papier puis sur ordinateur.
Ex: Ajout de cadres, lignes de réponse, numérotation des réponses, etc.
3. Ajout et création de modalités de réponses aux questions ouvertes pour faciliter
la saisie de données sur ordinateur et réduire le biais d’interprétation.
Campagne N°1: “Q1. Do you know what landmines are? (Please explain it to us)”
Campagne N°2: “Q1. Do you know what landmines are? (Show the pictures)
Yes
No (Please explain it to us) [ Skip to Q2 ]
Q1.A (If yes) what landmines are? (Be careful, don’t read the answers)
Dangerous object/weapon 2.
Disables us
1.
3.
Kill us/ Lead to death
4.
Injure us
5.
Tears us into pieces
6.
Harms us
7.
Explodes
8.
Mines
9.
Game
10.
Other ( Describe) _______________________
Attention ! Les modalités ne sont pas énoncées par l’interviewer. On ajoute la modalité « Other » (L’interviewer précise l’expression employée par l’interviewé). La
question devient une « question ouverte à choix multiples » pour faciliter et accélérer
la saisie de données (les modalités de réponses ont été crées à partir des réponses
données spontanément en campagne 1 et des modalités de réponses proposées
dans d’autres études CAP ou dans des campagnes d’« ER ».
4. Reformulation de quelques questions :
Des questions ont été reformulées car elles amenaient à des résultats aberrants.
Ex « Did you ever throw things to mines and ERW?» (Campagne 1)
« Did you ever seen someone/ friends throw things to mines/UXO ?» (Campagne 2)
99 % des enfants répondaient à la négative lors de la campagne 1
Ex: « what did you do then? » (Campagne1)
« Do you remember exactly what did you do then? » (Campagne 2)
Pour cette même question posée au futur les réponses étaient données au passé
5. Ouverture de la modalité « Other »:
Toutes les questions fermées à choix multiples de la campagne 1 comportaient une
modalité « Other » qui a souvent été cochée et jamais précisée. Ouvrir la modalité
« Other » permet d’obtenir de nouvelles informations.
6. Changement de l’ordre des questions: Dans un questionnaire l’ordre des questions doit être en entonnoir. Des questions les plus générales aux questions les
plus personnelles. Il faut au possible créer des thèmes et ordonner les questions en
fonction si l’on ne souhaite pas confondre l’interviewée.
11. Kurdistan RE KAP survey 2008, Methodological advice & support par Fabienne Goutille.
40
Six conseils pour élaborer les questions de l’étude12
1. Se rappeler du but de l’étude
Chaque question doit correspondre aux objectifs de votre étude. Elles doivent être constituées
en référence aux objectifs et aux domaines de l’étude déterminés dans l’étape précédente.
2. Si un doute persiste sur l’efficience de la question, effacez-là
Une question ne doit jamais être intégrée au questionnaire parce que l’on n’a pas trouvé de
bonne raison de l’effacer…Si l’on ne voit pas en quoi elle peut être bénéfique à la recherche,
alors il ne faut pas utiliser la question.
4. Focaliser – Eviter les questions vagues
Si vous demandez: « Quand avez-vous reçu des informations sur le danger des mines? » Vous
allez obtenir des réponses sur la dernière fois que le répondant a entendu un spot radio allez
que vous souhaitiez savoir quand était la première fois que le répondant à réellement reçu de
l’info sur le danger des mines. Il faut faire attention aux imprécisions de langue et éviter les
doubles négations.
5. Eviter les questions qui influencent les réponses (questions biaisées ou leading questions)
Il est trompeur de rédiger une question à laquelle le répondant peut croire qu’il faille répondre
« oui » ou « non ». « Après avoir découvert une mine, appelez les autorités locales est la
meilleure chose à faire, êtes-vous d’accord ? » Beaucoup de personnes pensent qu’il est très
dangereux de se rendre sur une zone minée ? ». Poser des questions qui influencent les réponses produit des biais et des conséquences quand à la précision des résultats de l’étude.
6. Assurer vous que le répondant possède suffisamment d’informations
Demander aux répondants : « en quoi les PEPAM ont été efficaces ? » est moins efficace que :
« depuis plusieurs années des programmes d’éducation à la prévention du risque des mines
ont été mis en place dans la région. Le saviez-vous ? Si oui, Avez-vous perçu des effets bénéfiques à la mise en place de ces programmes? »
12. “L’enquête épidémiologique, Handicap International- France- 2006” par Patrick Jullien.
41
Questionnaire
3. Rendre les questions le plus simple possible
Une question ne doit pas avoir différentes orientations ou interprétations possibles, elle doit se
concentrer sur un seul et même sujet. Des phrases trop longues et trop complexes obligent les
répondants à retenir de nombreuses informations, ce qui produit généralement des réponses
incertaines. Une bonne question est une question qui ne contient pas d’idées complexes, qui
reste simple, claire et concise.
Partie
2. Elaborer le plan d’analyse
3
L’élaboration d’un plan d’analyse vous aidera à examiner profondément les données et assurer
que les informations rassemblées sont directement liées aux objectifs de l’étude. Un plan d’analyse de données décrit les étapes et les conditions d’analyse qui seront conduites quand les
données seront disponibles.
Des étapes types dans la gestion des données incluent de:
• Parvenir à recueillir des données ;
• Saisir et nettoyer des données ;
• Analyser des données ;
• Interpréter des données ;
• Sélectionner le format de présentation des données ;
Votre plan d’analyse de données se doit de détailler les informations suivantes :
• Décrire comment vous conduirez chacun des étapes de la gestion des données ;
• Spécifier les analyses statistiques qui devront être exécutées (descriptif des essais d’hypothèse
influençant des facteurs), y compris les types d’analyse et lié aux essais statistiques;
• Identifier le nombre et les qualifications des personnes qui seront impliquées dans la saisie de
données ;
• Décrire les exigences du logiciel. (ex :EpiInfo ou MODALISA).
EpiInfo est le logiciel de domaine public qui est gratuit et libre d’utilisation. Le logiciel et son
manuel peuvent être téléchargés sur le site du Center for Disease Control. D’autres programmes
d’analyse statistiques incluent SPSS, SYSSTAT, STATA, SASS, KwikStat ou MODALISA permettent d’analyser les données et de produire les tableaux de données utiles pour le rapport final.
Plus d’informations peuvent être trouvées aux sites Web suivants :
Http: // www.cdc.gov/epiinfo
Http://www.modalisa.com/
Http://www.epiconcept.fr
42
Plan d’analyse
Il est préférable de définir dès le départ la nature et la forme de l’analyse des résultats :
•Définition des classes : un indicateur de santé (ou de protection) ou un facteur de risque
peut s’exploiter de façon continue ou par classes.
Exemple de définition de classes pour l’âge :
de 0 à 9 ans
de 10 à 19 ans
de 20 à 50 ans…
• Tri à plat : Il permet de visualiser la répartition des données obtenues, d’appréhender la
répartition des effectifs et d’orienter vers des regroupements de classes. Il permet aussi
de chiffrer les non-réponses et de repérer certaines incohérences.
Questionnaire
• Croisements de données : Les croisements utiles seront prévus dans la mesure du possible. Un tableau croisé vide présentera les données attendues.
Attention : Toute interprétation d’un tableau croisé nécessite une analyse statistique (par
exemple test du X² pour comparer des pourcentages).
43
Partie
3. Pré-tester et finaliser le questionnaire
3
Une fois que vous avez rédigé les questionnaires, pré-testez chacun d’entre eux séparément pour
découvrir si les questions sont bien comprises par les interviewers ainsi que par un échantillon
de répondants.
Le pré-test est une étape essentielle qui détermine si les données qui ont été rassemblées sont
utiles et s’il y a des questions qui devraient être modifiés avant que vous n’imprimiez les questionnaires.
Etapes à suivre pour le pré-test :
• Vérifiez que les instructions soient claires pour l’interviewer. Et que celles concernant la nature
volontaire de la participation des répondants et la confidentialité de leurs réponses soient citées.
• Lisez le questionnaire à haute voix pour voir si le flux de questions est logique et se lit bien.
• S’il est dans une autre langue faites le lire par plusieurs personnes pour comprendre le sens
qu’ils donnent à chaque phrase et si la traduction est la mieux. Il faut pré-tester le questionnaire
dans toutes ses versions, chacune des traductions qui sera administrée devra être pré-testée.
• Assurez-vous que les questions ne soient pas complexes et que la réponse à chaque question
corresponde aux informations que vous recherchez.
• Il faut reprendre le questionnaire si un de ces éléments est manquant.
• Administrer le questionnaire à un petit nombre d’individus sélectionnés au hasard dans la population décidée pour l’étude. Par exemple 10-30 personnes (Attention ! Ces individus ne devront pas
refaire partie de l’échantillon final de l’étude). Si nécessaire demander l’avis d’un statisticien pour
savoir comment sélectionner les participants, et combien de personnes devrait être interrogées.
Le pré-test devrait vous aider à découvrir :
• Quelles questions les interviewers ou les répondants n’ont pas comprises et quelles questions,
quels mots prêtent à confusion ;
• Quelles questions semblent redondantes ou non nécessaires ;
• Comment améliorer la formulation de questions.
Cette étape revêt une importance majeure puisque les failles de la conception de l’enquête doivent
logiquement être décelées à ce moment-là. Un test doit se faire pour mettre à l’épreuve tous
les aspects de l’enquête (logistique, financiers, questionnaire, formation des enquêteurs,
saisie et analyse). Ce test peut porter sur quelques questionnaires seulement (10 ou 20) mais il
doit se faire en grandeur réelle. La déroulement du test doit être rigoureusement identique à celui
de l’enquête et peut être l’occasion pour les interviewers/superviseurs de se former à administrer
le questionnaire. Idéalement, il aura lieu dans une population non concernée par l’enquête, mais
en tous points semblable. Si le test a lieu dans la même population, on prendra soin d’interférer
le moins possible sur les personnes de l’enquête réelle (au minimum, ne pas réinterroger dans
l’enquête les personnes du test). Si le temps et les ressources sont limités, un pré-test minimal
devra-t-être conduit en rassemblant un petit nombre de répondants et en leur demandant de lire
le questionnaire dans son entier pour discuter de leurs réactions. Si les ressources humaines sont
insuffisantes, on peut collaborer avec les organisations partenaires de l’étude pour conduire le
pré-test.
44
Tous les éléments de l’enquête doivent pouvoir être modifiés après le test. Les enquêteurs, la
population ou ses représentants, le secrétariat de saisie des questionnaires pourront aussi aider
à modifier l’enquête.
Points clés pour réussir le pré-test:
1.Le répondant doit savoir qu’il s’agit d’un questionnaire de pré-test, et que vous voudriez
son retour si des questions ne lui semblent pas claires.
2.Les répondants seront critiques sur la compréhension des questions. Vous aurez donc à
décider lesquelles de leurs suggestions sont à retenir et lesquelles sont impraticables.
3.Bien regarder chaque réponse apportée à chaque question ouverte. Les réponses sont
elles détaillées comme vous le souhaitiez? Si non, il faut être sure que les mots, le positionnement ou l’espace des questions soit suffisant.
4.Il y-a-t-il beaucoup de réponses “Ne sais pas”? Cela signifie que le questionnaire n’a
pas été construit correctement, que certaines questions sont peu clair ou que les mots
choisis sont inappropriés.
6.Vérifier que les répondants/interviewers n’ont pas de problème à suivre le fil du questionnaire, les instructions et les filtres.
7.Le temps qu’il faut pour administrer un questionnaire en moyenne. Les questionnaires trop
longs peuvent déranger vos répondants et rendre moins performants vos interviewers.
Les points à retenir : Pour élaborer le questionnaire
•Garder le questionnaire le plus court possible qu’il soit. Un questionnaire trop long fatiguera vos répondants et vos interviewers.
•Ne pas poser plusieurs questions dans une simple question.
•Rédiger les questions simplement et avec attention pour que chaque personne- même
les moins instruites- puisse les comprendre.
•Si vous allez conduire la CAP auprès de différentes audiences, amenuiser votre questionnaire en fonction des besoins de chaque audiences
•Rechercher des logiciels de données en avance, et inclure les informations importantes à
propos de la sélection du logiciel dans votre plan d’analyse de données.
•Pré-tester le questionnaire pour vous assurer qu’il soit facilement compréhensible par les
répondants et qu’il correspond aux attentes de votre recherche.
45
Questionnaire
5.Regardez si certains items ont reçu un nombre significatif de réponses, de non-réponse,
ou de sans-réponse. Il faudra alors réexaminer et redéfinir les propositions de réponse.
46
Partie
Mettre en place l’étude CAP
4
/ 1. Choisir les dates et la durée de l’étude -- - - - - -
PAGE 48
/ 2. Recruter les interviewers et superviseurs -- - - -
PAGE 49
/ 3. Former les interviewers et superviseurs -- - - - -
PAGE 51
/ 4. Assurer la qualité de la collecte
de données - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
PAGE 53
47
Partie
4
1. Choisir la période et la durée de l’étude
Pour choisir les dates, il faut se demander :
• Y’a-t-il des vacances ou fêtes particulières au moment ou l’on souhaite programmer les dates
de l’étude?
• Quelles sont les conditions climatiques au moment aux dates de l’étude décidées? (Ex : la
saison des pluies peut nuire à la collecte des données).
• Quelle est la potentielle disponibilité des répondants? Par exemple, à certaines saisons les
agriculteurs (ruraux) sont moins disponibles qu’à d’autres.
• Y-aura-t-il d’autres activités mises en place à la même date qui pourraient entrer en conflit ou
au contraire entrer en synergie ?
• Combien de jours de formation seront nécessaires pour les interviewers et superviseurs ?
• Combien de jours environ les interviewers seront sur le terrain ?
• Combien de jours nécessitera l’analyse de données?
48
2. Recruter les interviewers
et superviseurs de l’étude
Partie
4
Qualifications des interviewers Qualifications des superviseurs
•Sait lire, écrire et parler la langue locale ;
•Peut parler couramment la langue locale ;
•Connait la zone géographique de l’étude ;
•Aime travailler en équipe ;
•Doit démontrer sa compréhension de la recherche en
général et des objectives spécifiques de l’étude ;
•Bonne écoute et bonne communication ;
•Bien organisé ;
•Expérience dans les enquêtes à base communautaire. •Sait lire, écrire et parler la langue internationale ;
•Sait gérer une ou plusieurs équipes ;
•Connaît des langues locales ;
•Une expérience précédente de travail dans une
étude ;
•Connait la zone géographique ;
•Disponible pour toute la période du projet ;
•Excellente capacité de communication et d’observation ;
•Patient et habitué à faire des retours constructifs à
ses collaborateurs.
Pour rechercher des interviewers et des superviseurs, on pourra mettre des annonces dans les
medias, par exemple les journaux locaux, diffuser des messages radio, contacter le secrétariat
des universités, et ne pas oublier de contacter les organisations partenaires qui ont peut être déjà
eu à conduire une recherche similaire dans le passé. Il est utile de présélectionner les candidats
par téléphone ou email avant de les rencontrer. On suggère d’interroger le candidat sur ses expériences passées et utiliser une liste de contrôle ou un guide d’entretien pour évaluer tous les
candidats de la même manière. En un certain sens, il est judicieux de sélectionner et de former
plus d’interviewers qu’il n’en faut à priori, pour assurer un travail de terrain stable et renforcer les
équipes en cas d’absence/désistement.
N’oubliez pas de prendre en compte les particularités culturelles du lieu d’étude même pour le
recrutement des candidats, tenez par exemple compte du genre et s’il est culturellement acceptable pour une femme d’être interviewée par un homme et vice-et-versa. C’est mieux de prendre
en considération toutes les circonstances qui nous permettrons ça.
Le choix des interviewers dépend du temps de formation dont vous disposez et de l’expérience
en interview dont vous avez besoin (une étude qualitative requiert plus de compétences). Les étudiants en santé publique, en sociologie, en anthropologie, en linguistique ou en médecine se révèlent être d’excellents candidats pour les postes d’interviewers. Ils présentent les avantages d’être
une main-d’œuvre peu cher, investie (l’étude CAP peut leur servir dans leur propre recherche),
expérimentée en étude et certainement familière du langage et de la culture locale.
49
Etude CAP
Pour employer quelqu’un il est recommandable de faire une liste de ses qualités et qualifications,
cela vous aidera par la suite à différencier puis sélectionner les interviewers et les superviseurs.
Vous pourrez adapter à vos besoins les qualifications listées ci-dessous. Si vous comptez employer une équipe de consultants spécialisée pour conduire l’étude sur le terrain, ils seront probablement responsables du choix des candidats. Il peut être utile de discuter avec eux des critères
qu’ils utiliseront pour le processus de recrutement et comment ils planifient de recruter des candidats. Qualifications recommandées :
Choix et formation des enquêteurs13
Deux solutions pour le choix des enquêteurs : Soit on prend des enquêteurs locaux, pas
forcément professionnels, soit on choisit des enquêteurs professionnels, pas forcément
locaux.
« Les enquêteurs professionnels non locaux seront plus habitués à la démarche d’enquête et plus rigoureux dans son application. Ils accepteront mieux le principe du contrôle
de qualité (page 23). Ils seront moins sensibles aux pressions (affectives ou sociales). Leur
formation pourra être plus rapide.
Les enquêteurs locaux non professionnels connaîtront bien la culture, la langue, les problèmes d’acceptabilité, les conditions optimales d’application de l’enquête et sauront mieux
s’adapter aux personnes pour obtenir une bonne participation. Le coût de leur intervention
pourra être plus faible (indemnités, déplacements, compétences).
Le choix se fera en fonction de la situation. Il est souvent en faveur des enquêteurs locaux,
qui nécessitent une formation plus poussée s’ils n’ont jamais participé à une enquête ».
« Engager pour la CAP ER des enquêteurs professionnels du ER, souvent des professeurs, est monnaie courante. Ces professionnels possèdent le vocabulaire, la
connaissance, et sont apparemment les plus à même pour conduire ce genre d’enquêtes.
Mais n’y-a-t-il pas un risque à ce que cette solution influence l’évaluation du ER ?
Ces enquêtes ne devraient-t-elles pas être conduites par des personnes plus « neutres » ?
Un professeur qui a dispensé du MRE et qui interroge pour une CAP la même population,
les mêmes enfants qu’il a « éduqué », ne risque-t-il pas d’influencer les interviewés CAP ?
L’enfant se sentira-t-il libre de dire qu’il défie les interdits devant son professeur ? ».14
13. “ L’enquête épidémiologique”, HI, France 2006 par Patrick Jullien.
14. « Rapport de mission sur la méthodologie CAP 2008 en Iraq » par Fabienne Goutille.
50
3. Former les superviseurs
et les interviewers
Partie
4
Planifiez une formation de plusieurs jours pour préparer vos interviewers et superviseurs à se
rendre sur le terrain. Cette formation sera particulièrement nécessaire pour les enquêteurs qui ne
sont pas familiers à l’action contre les mines, ou qui n’ont qu’une expérience limitée en conduite
d’étude. La formation est aussi le moment pour l’équipe de s’approprier les objectifs de l’étude,
son contenu, ainsi que la manière dont elle sera mise en place.
Il y aura donc deux étapes importantes de la formation des enquêteurs :
1. la présentation générale du projet pour les informer de leur rôle au sein de l’étude et de l’importance des informations collectées pour la bonne réussite des activités de sensibilisation;
2. la formation au questionnaire pour leur indiquer le travail qu’ils auront à fournir et les conditions dans lesquelles ils devront le réaliser.
Il est toujours préférable d’impliquer toute l’équipe du projet lors du briefing des enquêteurs, particulièrement ces qui auront à travailler sur les données (ex : le data entry officer pourra expliquer
comment il utilisera le données et pourquoi il a besoin des certains précisions sur les données).
• but de l’étude (définition CAP, etc.) ;
• rôles et responsabilités de l’interviewer et du superviseur ;
• contenu et utilisation des questionnaires et du matériel de l’étude (prospectus, photographie,
etc) ;
• lecture complète de chaque question, item par item, sans oublier les questions filtres et les
diverses instructions de passation ;
• procédures de sélection du répondant ;
• procédure de consentement et de confidentialité liées aux données recueillies ;
• mise au point sur les questions et réponses souvent demandées ou proposées ;
• techniques d’interview propres, avec une liste des règles d’or de l’interviewer (recommandations et prohibition) ;
• explication de la supervision et des procédures de control de la qualité du travail de terrain ;
• démonstration d’une interview/passation de questionnaires qui fonctionne, avec des scenarios
différents qui permettent de passer par différentes questions filtrées ;
• jeux de rôles et mise en situation d’interview 2 par 2 ;
• dernier pré-test du questionnaire ;
• planification logistique.
Soyez sûr de prévoir un temps de formation suffisant pour que les interviewers aient le temps
de travaillez avec vous si quelque chose ne leur semble pas claire et surtout pour qu’ils aient le
temps de bien pratiquer les questionnaires par des jeux de rôles ou des mises en situation. Ceci
permet au formateurs d’observer les performances des interviewers pour leur fournir en suite un
retour critique et constructif afin qu’individuellement ils améliorent leurs techniques d’interviews.
51
Etude CAP
La formation doit pour le moins contenir :
Lorsque l’étude inclus des personnes particulièrement touchées par les mines, ou des personnes
qui doivent se rendre sur des terrains minés, les interviewers devront avoir été sensibilisés à poser
les bonnes questions pour explorer les possibles sans heurter les répondants.
A la fin de chaque jour de formation, l’équipe de formateurs doit disposer d’un temps pour partager leurs observations, évaluer les progressions des participants et identifier les problèmes qu’il
faudra explorer le jour suivant. L’équipe de formateurs devra sélectionner l’équipe d‘interviewers
ainsi que les superviseurs qu’elle souhaite retenir en fonction de leur compétences linguistiques
et des observations des compétences de chacun des participants durant la formation.
Avant que l’équipe d’interviewers ne se rendent sur le terrain, l’équipe de formateurs doit avoir
complété les points suivants :
• déterminer la composition de chaque équipe ;
• s’accorder sur le nombre d’heures et de jours destines à la passation des questionnaires sur le
terrain ;
• répartir l’assignation des différents sites ;
• s’assurer que tous les arrangements administratifs et logistiques sont en ordre ;
• distribuer toutes les informations et le matériel nécessaire aux interviewers et aux superviseurs.
52
4. Assurer la qualité
de la collecte de données
Partie
4
L’élément le plus important de la collecte de données est le « contrôle de la qualité », qui doit à
un premier niveau être géré par les superviseurs. Avant d’être déployés sur le terrain, les superviseurs devront avoir en main une stratégie claire et convenue pour pouvoir supporter les interviewers, régler les problèmes qui surviennent sur le terrain, et évaluer et maintenir la qualité du
recueil de données.
Les membres des équipes d’interviewers doivent se rencontrer à la fin de chaque journée pour
partager leurs expériences et soumettre aux superviseurs leurs observations et questionnaires
complétés. Les superviseurs doivent à leur tour regarder l’ensemble des questionnaires complètes et extraire les questionnaires invalidés/incomplets avant que la saisie de données ne
commence.
Pour aider leur organisation sur le terrain, on peut proposer aux superviseurs d’utiliser une liste
pour tenir à jour le transport (voiture, conducteur, combustible), les provisions (eau, trousse de
premier secours, stylos, etc…) et matériels de l’étude (copies supplémentaires des questionnaires
dans chacune de ses formes, cartes ou panneaux nécessaires à la passation des questionnaires,
etc.).
Et c’est pendant que les équipes sont sur le terrain en train de collecter les données, qu’il faut
finaliser les derniers arrangements concernant la saisie de données, l’analyse et la dissémination
des résultats.
Contrôle de qualité
Il faut des outils de vérification des questionnaires auprès des personnes interrogées, et il
faut aussi prévenir les enquêteurs de cette nécessité.
On peut :
•Tirer au sort quelques questionnaires et vérifier leur validité auprès des personnes, en
se déplaçant ou par téléphone. La vérification se fera sur tout le questionnaire ou sur
quelques questions clés.
•Etablir des comparaisons statistiques entre les résultats des différents enquêteurs. Si la
dispersion des réponses est trop importante, cela pourra aboutir à des vérifications plus
fines.
•Vérifier la cohérence interne des questionnaires.
53
Etude CAP
Chaque jour, avant de quitter le terrain, les superviseurs devront vérifier les points suivants:
• La sélection des répondants doit suivre à la lettre le protocole d’échantillonnage déterminé en
détail dans le protocole d’enquête ;
• Chaque questionnaire doit avoir été rempli dans son entier ;
• Si un questionnaire n’est pas valide et que l’on ne peut recontacter le répondant, il sera alors
considéré comme déchet et sera au mieux remplacé le jour même dans la même commune.
Les points à retenir : Conduire une étude CAP
•Tenir compte du nombre d’interviewers, des conditions climatiques et la longueur des interviews pour calculer le nombre de jours et la période de l’année où l’enquête de terrain
aura lieue.
•S’exercer, s’exercer, s’exercer ! Laisser un temps suffisant aux interviewers lors de la
formation pour qu’ils puissent pratiquer la passation des questionnaires en jeux de rôle
devant les yeux des différents membres de l’équipe de formateurs.
• Etre sure que l’ensemble des superviseurs ont une compréhension commune de leur
rôle dans le contrôle de la qualité des données, par exemple, s’assurer que chaque questionnaire ait été rempli correctement dans son entier avant de quitter le lieu où l’interview
aura-t-été conduite.
54
Partie
Analyser les données
5
/ 1. Saisir et nettoyer les données -- - - - - - - - - - - - - - -
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/ 2. Analyser les données -- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
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/ 3. Interpréter les résultats -- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
PAGE 59
55
Partie
1. Saisir et nettoyer les données
5
Pour pouvoir analyser les données il faut tout d’abord les saisir sur ordinateur puis les organiser.
« Nettoyer » les données consiste à repérer et corriger les erreurs avant d’analyser, autrement dit,
cela permet d’homogénéiser les données pour les rendre exploitables. Le nettoyage des données
assure leur intégrité en éliminant les doublons, en corrigeant l’orthographe et en supprimant ou
complétant les champs non renseignés. Les opérations de nettoyage peuvent également permettent de repérer des mauvais sauts de questions, des mots illisibles, des mauvais codes et de
réduire ou d’éliminer les items inappropriés ou les réponses inutilisables ou inconsistantes pour
chaque question où l’on a donné une réponse conflictuelle.
Une fois la base de données bien organisée, le logiciel comptabilise et établie des fréquences
pour chacune des réponses saisies. On repère ainsi très vite là où des réponses sont manquantes
et on peut noter les items qui ont été sélectionnés un très petit/ grand nombre de fois.
N’oubliez jamais de faire des copies supplémentaires des données et de gardez les fichiers
principaux dans un emplacement sûr.
Saisie des questionnaires
Ce travail doit être intégré dès la conception du questionnaire papier.
De nombreux logiciels permettent ce travail (par exemple Excel, Access, Modalisa, SPSS, Epi-Info).
Attention :
Il ne suffit pas de bien maîtriser un logiciel de statistiques pour comprendre la manipulation
des nombres. L’aide d’un épidémiologiste ou d’un statisticien est très souvent nécessaire.
Plusieurs options pour une bonne saisie :
• Le masque de saisie doit ressembler au questionnaire. La chronologie des questions,
leurs intitulés, la position des zones à renseigner, le mode de renseignement (texte, case
à cocher, réponse oui/non,…) doivent être les mêmes.
• Le codage doit être réalisé avant la saisie. Il peut être réalisé par l’enquêteur ou par une
autre personne.
• Les questions ouvertes seront interprétées soit par les enquêteurs selon un schéma établi
et commun, soit par une seule personne.
Exemple : La variable «Sexe» ne pourra accepter que les valeurs décidées : 1 et 2, ou M et F.
• Un contrôle de saisie en ligne permet d’éviter les données impossibles.
• Chaque questionnaire doit être enregistré en double saisie, par deux personnes différentes ou la même personne à deux temps différents. La comparaison des deux fichiers
de saisie ainsi obtenus permettra de corriger les potentiels erreurs de saisie (il est peu
probable que la même erreur se produise deux fois). Une double saisie avec corrections
est donc un bon critère de qualité. Certains logiciels prévoient cette option et la production d’un rapport de comparaison des deux fichiers (Epi-Info par exemple).
•Le tri à plat évite parfois certaines incohérences de saisie.
56
Partie
2. Analyser les données
5
Le but de l’analyse est d’obtenir des réponses aux questions que vous avez déterminées au
début du processus de l’étude. Reprendre « les questions clés de l’étude » sera très utile pour
interpréter et tirer des conclusions des données.
Pour analyser les données il faut :
• Coder les données
Il est usuel de convertir les données non-numériques ainsi que chaque catégories de réponses
possible en un code numérique unique. Les codes numériques doivent alors être listée à part
avec une description de chaque variable (question transformée pour la base de données) et de
chaque valeur (possibilité de réponses) que chaque variable peut accepter. Cette liste permettra
de retourner sur la construction de vos données même longtemps après, et de se rappeler
comment vous avez travaillé les données lors de l’analyse. Cela permet aussi à toute autre
personne d’interpréter votre travail. Etablir un bon système de codage est essentiel dans le cas
où l’étude CAP sera répétée à une date postérieure. Chaque aménagement des données devra
être annoté.
• Chercher les correspondances statistiques
On peut déterminer le lien entre deux variables. Par exemple, « Le fait d’avoir reçu de l’ER est-il
lié au fait de savoir reconnaitre une mine ou un ENE ? », « Le genre est-il lié au fait d’avoir déjà
manipulé une mine ou un ENE dans sa vie? ».
• Sélectionner le format de présentation des données
Le format de présentation des données devra être adapté au public qui recevra l’étude. On y
inclut généralement des tableaux statistiques, des interprétations narratives, et des graphiques.
57
Analyse
• Chercher les différences entre les différents groupes de la population d’étude
Chaque résultat obtenu peut soit s’appliquer à l’ensemble de la population soit être significativement différent selon les sous-groupes de populations de l’étude.
Si l’échantillon est assez grand et représentatif, les tris croisés permettront de souligner ces différences entre les sous-groupes. Par exemple, « Est-ce que les connaissances du danger des
mines différent vraiment entre hommes et femmes ? », « Y-a-il des attitudes vis-à-vis des mines
qui ne soient pas les mêmes selon que l’on habite une région montagneuse du nord ou une ville
du sud ? »
Analyse des données
Cette phase, en apparence simple, nécessite une approche statistique. Au minimum, on
doit effectuer :
•une vérification de la représentativité de l’échantillon par rapport à la population-source.
(Exemple : le sexe ratio est de 0,45 dans la population générale, et 0,54 dans l’échantillon, échantillon aléatoire de 100 personnes.
Peut-on montrer une différence significative ?
Réponse : on ne peut pas montrer de différence (p > 0,05 au risque α = 5%). L’échantillon
peut donc être considéré comme représentatif.
Non répondants et non exploitables :
Ces deux catégories, par leur absence, peuvent entraîner un biais si leurs caractéristiques sont statistiquement liées à l’intervention ou aux résultats).
Différentes techniques peuvent aider à cette vérification, comme la recherche d’une différence entre ce groupe et les répondants sur les caractéristiques générales (sexe, âge,
adresse, etc).
•une vérification des non-répondants ou non-exploitables, pour estimer si ce groupe peut
entraîner un biais par son exclusion.
(Exemple : la population générale du pays X comprend 1,7% de personnes amputées.
L’échantillon local en comprend 2,5%. La différence est-elle significative pour un échantillon aléatoire de 1000 personnes ?
Réponse : on ne peut pas montrer de différence (p > 0,05 au risque α = 5%). L’échantillon
ne permet pas de montrer une différence dans la proportion des personnes amputées).
•puis les comparaisons prévues avec la population de référence.
L’étude de l’impact de l’ER prévoit trois étapes principales :
• Rassembler des données sur le Niveau d’Éducation au Risque des mines (Risk Education Level
(REL) dans le contexte international) parmi la population;
• Comparer la distribution de REL avec le nombre d’hommes, des femmes, de garçons et de
filles qui ont suivi des sessions ER : le but est l’évaluation des apports du REL rapporté au
nombre de personnes qui a suivi des sessions de ER.
• Comparer la distribution de REL avec la distribution du nombre d’accidents.
58
Partie
3. Interpréter les résultats
5
L’analyse de données peut être très longue et donner à voir diverses résultats. Le but de l’étude et
les questions clés de la recherche vous permettront plus vite d’aller vers les principaux résultats
de l’étude.
L’objectif final de l’analyse de données pourrait-être d’identifier des facteurs qui empêchent l’accès des individus aux activités de prévention. Interpréter les résultats peut alors vous permettre
d’identifiez les barrières spécifiques rapportées par les personnes interrogées. L’étude peut aussi
avoir découvert des facteurs qui encouragent les populations à accéder aux sessions de ER.
Une des règles d’or est de se demander si les résultats obtenus confirment les hypothèses de
départ et viennent appuyer l’ensemble des informations que vous avez obtenues tout au long du
projet (par des méthodes qualitatives ou autre).
Si possible, rencontrez les équipes d’ER, réunissez de nouveau les interviewers et partager des
impressions et échanger vos idées sur les résultats. Pendant la discussion avec le personnel et
des consultants, rappelez-vous d’identifier les domaines (ou « les questions clés de la recherche »)
qui auraient mérités une plus grande exploration au travers d’une recherche qualitative.
Les points à retenir : ANALYSER LES DONNÉES
•Identifier les erreurs survenues sur le terrain ou lors de la saisie des données avant d’analyser les données.
•Se rappeler de se référer aux objectifs de l’étude, aux questions clés de l’étude, ainsi
qu’au plan d’analyse lors de la phase d’analyse des données.
•Déterminer les résultats statistiques qui mériteraient un approfondissement plus conséquent lors de la recherche qualitative.
59
Analyse
•Utiliser les tris croisés pour faire apparaître les différences entre les groupes/catégories
de participants à l’étude.
60
Partie
Utilliser les données
6
/ 1. Traduire les résultats en action- - - - - - - - - - - - - - -
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/ 2. Ecrire le rapport de l’étude -- - - - - - - - - - - - - - - - - -
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/ 3. Disséminer les résultats - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
PAGE 64
/ 4. Utiliser la CAP pour la programmation
des Pepam-- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
PAGE 65
/ 5. Capitalisation- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
PAGE 66
61
Partie
1. Traduire les résultats en action
6
Selon le but et les objectifs de l’étude, les résultats peuvent permettre de concevoir des interventions PEPAM ou d’établir simplement une image de la réalité des populations vis-à-vis du danger
des mines et ENE. Dans tous les cas, il faut donner priorité aux problèmes spécifiques qui pourraient être pris en charge par un projet PEPAM et laisser des recommandations pour conduire du
PEPAM de la manière la plus adaptée en évitant certaines barrières.
Les résultats de l’étude doivent être analysées et articulées dans un rapport final qui sera disséminé aux parties-prenantes lors d’une réunion et certainement intégré dans le programme
nationale contre les mines.
62
Partie
2. Ecrire le rapport de l’étude
6
Quand l’analyse est faite, on assemble les différents résultats de l’étude dans le rapport. Le rapport
final doit reporter les différents processus et résultats de l’étude CAP. Les résultats doivent
être présentés toute aussi bien sous forme de graphiques (histogramme, diagramme) que sous une
forme de description narrative. Le but étant de faire les recommandations les plus appropriées.
Un rapport CAP typique contient généralement dans ses grandes lignes :
• Page de couverture avec le titre de l’étude
• Une table des matières, une liste des acronymes et abréviations, une page de remerciements
(tous les participants de l’étude)
• Résumé plutôt orienté sur les résultats de la CAP (« Executive sommary »)
• Contexte du projet (« Background »)
• Les objectifs de l’étude
• Description de la méthodologie employée
- population de l’étude,
- zones concernées par l’étude,
- l’échantillonnage,
- une brève description de la procédure d’éthique et de consentement des répondants
- formation,
- collecte de données et son control de qualité,
- analyse de données.
• Résultats (corps de texte significatif)
• Echanges
• Conclusion et recommandations
• Bibliographie
• Annexes
- outils de l’étude (questionnaires, dépliants, etc.),
- un sommaire des tableaux de données (analyses statistiques),
- carte du pays ou des zones de l’étude,
- tableau de répartition des répondants s’il n’a pas été inclus dans la partie méthode (nombre
de répondants, par genre, âge, lieu, etc…),
- liste des personnes ayant participé de près ou de loin à l’étude et le rôle qu’ils ont joué,
- le programme de la formation.
• La plus grande partie de l’étude en ce qui concerne son déroulement et la méthodologie employée peut être dessinée à partir du « protocole de l’étude ».
• La partie des résultats est généralement la plus importante et la plus longue du rapport où,
comme on l’a déjà dit, devront apparaitre des graphiques afin d’étayer la narration.
• Une autre partie encore doit elle l’interprétation des résultats de l’étude, la comparaison avec d’autres
littératures sur le sujet ainsi que des échanges sur ce qu’impliquent les résultats de la recherche.
• La bibliographie devra quant à elle référer les données sur la population de l’étude, les méthodes de l’étude, les donnes de comparaison utilisées.
63
Données
Pour écrire le rapport il faut tenir compte des différents acteurs à qui il sera remis, les donateurs,
les organisations partenaires, les chercheurs, le centre national contre les mines.
Partie
3. Disséminer les résultats
6
Le rapport final de l’étude doit être préparé mais aussi distribué aux différentes personnes et
organisations concernées par l’étude. Il peut être utile pour les bailleurs, les parties prenantes
gouvernementales, les organisations non-lucratives et les programmes d’action contre les mines
et ENE de participer à la réunion de diffusion des résultats pour recevoir tout d’abord une présentation des résultats mais aussi pour participer aux échanges sur les recommandations liées aux
résultats de l’étude CAP. Cette réunion de diffusion avec les parties prenantes doit être considérée comme une activité complémentaire de l’étude (nous y reviendront dans la prochaine partie
de ce guide). Ce type de forum encourage la discussion et invite la contribution de différents experts, ce qui en fin de compte profite à votre projet de contribution à une base de connaissance
partagée sur l’action contre les mines et ENE. Il est aussi possible de faire un retour sur les résultats de l’étude aux membres de la population qui ont été interviewés. Cela peut effectivement
servir d’outil pour engager des communautés ou des individus dans la planification d’intervention
de sensibilisation plus orientées, dans des campagnes médiatiques plus appropriées ou dans
d’autres activités à base de communautés.
Envisagez de publier les résultats de l’étude CAP pour qu’ils puissent aussi servir un auditoire
plus large. Conférences locales, nationales et internationales, des articles dans des revues sur
l’action contre les mines et ENE, ainsi que des bulletins d’informations à diffuser en ligne peuvent
être une solution.
64
4. Utiliser la CAP pour la
programmation des PEPAM
Partie
6
Il y a différentes façons dont les directeurs de programmes et chefs de projets peuvent utiliser les
données de l’étude une fois qu’elles ont été analysées. La manière dont vous utilisez vos données
est relative au but de votre étude. Présenter les données de la CAP peut permettre d’accréditer le
besoin en PEPAM auprès des politiciens, des fonctionnaires, des journalistes aussi et de montrer
en quoi l’action pour la réduction des accidents par miens et ENE est nécessaire. Les données
permettent aussi au PEPAM de concevoir des messages façonnés afin de surmonter certaines
barrières révélées par l’étude qui empêchent le changement comportemental vis-à-vis des mines.
Le propos suivant présente des exemples sur comment les données représentant des tendances
trouvées dans l’étude CAP peuvent être traduites en actions pour la programmation de PEPAM.
Les données peuvent être utilisées:
• Pour intégrer des données statistiques sur les connaissances attitudes et pratiques sur Internet,
• Informer les leaders politiques et les encourager à prêter de l’attention à l’action contre les
mines et ENE,
• Montrer le manque de connaissance et d’identifier les besoins spécifiques des populations,
• Créer des messages ciblés qui engagent à l’adoption de comportements surs,
• Développer des matériaux et messages d’éducation pour encourager les familles à prendre part
à l’action contre les mines,
• Identifier les événements communautaires les plus populaires pour votre programme pour faire
augmenter la conscience de prévention (Liaison Communautaire, PEPAM d’urgence, ER à base
communautaire (« CBMRE » dans le contexte international),
• Faire participer les communautés locales,
• Employer les réseaux médiatiques que l’étude CAP identifie pour être la plus accessible et préférée.
En fonction des données collectées, les résultats peuvent pointer l’importance de la réorganisation des PEPAM en ciblant plutôt un public qu’un autre, en se coordonnant avec d’autres activités
de l’action contre les mines et ENE, en décalant les horaires ou saisons d’interventions. Améliorer
ces aspects de l’intervention permettront de rendre plus effectifs les PEPAM en améliorant leur
accès et leur usage.
65
Données
Les résultats de l’étude permettent d’identifier les obstacles que pourraient rencontrer les programmes de prévention. Par exemple, les résultats de l’étude CAP pourraient être utilisés pour
rendre les services plus adaptés aux besoins cités par les communautés.
Partie
5. Capitaliser
15
6
Une autre manière d’utiliser les données est de décrire les difficultés ou facilités que l’on a rencontrées en conduisant l’étude. En effet, pour tenir compte de l’expérience de mise en œuvre sur
les terrains précédents il faut que ces terrains soient capitalisés. Vous êtes donc invités à rédiger
un rapport sur votre terrain, un document interne qui compléterait ce guide et permettrait à de
futurs chefs de projets d’étude CAP ER de tirer profit de votre expérience. Quelques lignes ou
« lessons learned » sur les avantages/inconvénients de telle ou telle méthode pour choisir, collecter, contrôler, nettoyer, analyser ou bien encore disséminer les données. Cette capitalisation permettra aux équipes suivantes d’être plus efficaces dans la lutte pour la réduction des accidents
par mines et ENE.
Les points à retenir : Utiliser les données
•Le rapport de l’étude doit-être assez détaillé pour qu’une personne tierce puisse comprendre vos méthodes, la justification de votre choix de population, les résultats et conclusions.
•Organiser une réunion avec les parties prenantes pour diffuser les résultats de la CAP
et collecter des suggestions et recommandations du gouvernement local ou des partenaires non gouvernementaux.
•Utiliser les données CAP d’une manière à pouvoir influencer des allocations de ressources, mettre en place des campagnes d’éducation au risque des mines, de choisir les
bons canaux de communication, et choisir le contenu pour former ou intégrer les acteurs
de l’ER ou d’autres publics.
15. « Appui à la mise en œuvre et au suivi d’une démarche de capitalisation d’expériences », Coordination Sud, 2004, 5 p. ZIEGLE Cécile. Ce
document pose les questions à se poser lors d’une démarche de capitalisation.
http://www.coordinationsud.org/IMG/pdf/demarche_capi_site_15_07.pdf
66
Activités complémentaires de la recherche
En plus des informations rassemblées par l’étude CAP classique, vous pouvez choisir de
conduire une recherche informative supplémentaire auparavant ou après la CAP afin de
mieux la concevoir, de la compléter ou de l’affiner plus sur les données rassemblées.
Des activités de recherche supplémentaires peuvent inclure des méthodes qualitatives ou quantitatives.
La sélection de méthodes peut dépendre du financement et du temps disponible, mais devrait
en fin de compte être corrélée avec le type d’informations nécessaire aux PEPAM. Les études
qui utilisent des questions fermées sont limitées dans leur capacité d’explorer le «comment et
pourquoi» avec des questions probantes. Elles peuvent, cependant, révéler des secteurs qui
doivent être étudiés en profondeur en utilisant des méthodes qualitatives avec des entretiens
semi-structurés et une taille d’échantillon plus resserrée. Des méthodes qualitatives qui exigent
moins de temps et moins de ressources financières, peuvent éclairer les mêmes questions sur les
connaissances, les croyances et pratiques. Cependant, des méthodes qualitatives ne sont pas
conçues pour produire des évaluations numériques et des tests statistiques.
La plupart des méthodes de recherche qualitatives les plus largement usitées incluent des discussions de groupe (« Focus group opinion» dans le contexte international), des entretiens approfondis, l’observation d’interactions lors d’activités d’ER, et les rencontres avec les parties
prenantes. Ces méthodes sont décrites brièvement ci-dessous.
Une variété d’autres approches qualitatives (comme études de cas, récits, « community mapping », cartographie communautaire)) plus limitées mais qui peuvent être extrêmement utiles
pour atteindre les objectifs de recherche spécifiques. Chaque méthode possède ses avantages
et inconvénients, et l’utilisation de certaines méthodes permet, plus que d’autres, la triangulation
nécessaire à toute recherche. Cela a l’avantage de rendre le travail plus cohérent, de révéler des
sujets et des questions fondamentales nouvelles nécessaires à l’élaboration d’une stratégie pour
la prévention contre les mines et ENE.
• Les discussions de groupes
Ce sont de courtes discussions approfondies autour de l’opinion et de l’expérience des différents
participants. A la différence de l’étude CAP classique, cette méthode permet de faire ressortir
les dynamiques de groupe, les interactions et échanges entre les pairs sur le sujet des mines et
ENE. Les « focus group discussions » permet un travail de récolte de données approfondi avec
des questions ouvertes qui permettent de dépasser les réponses superficielles et d’évoquer les
ressentis des participants. Ces discussions sont particulièrement intéressantes pour répondre
aux questions « comment » et « pourquoi » quand certaines tendances et données quantitatives
ont déjà été identifiées via l’étude CAP.
Ces “focus group”, conduits par un facilitateur de parole, regroupent en général différents publics
clés que l’on voudrait comprendre pour les programmes de prévention, cela peut être des personnes
qui vivent ou qui ont vécu le danger des mines et ENE, des personnes qui conduisent des activités
de prévention, des personnes qui sont reconnus comme experts par les communautés. Ceci marche
parfois moins bien lorsqu’il s’agit d’aborder certains sujets personnel ou culturellement plus sensible.
67
Groupe de discussion16
Objectif
Utiliser la discussion en groupe pour recueillir des renseignements de nature générale, préciser des détails ou recueillir les opinions sur un point précis auprès d’un petit groupe de
personnes sélectionnées représentant différents points de vue.
Cette méthode peut également servir à dégager un consensus. Aux fins du suivi-évaluation,
les groupes de discussion sont utiles pour évaluer les opinions sur le changement, la qualité
des services des projets ou des prestataires et pouf recenser les domaines dans lesquels
une amélioration a été notée.
Comment procéder
1.Choisissez les participants (dans l’idéal, de quatre à huit personnes). En fonction de l’objectif que vous avez défini, vous pouvez travailler avec un groupe homogène ou avec un
groupe hétérogène. Il vous est également possible de recourir à plusieurs groupes de
discussion, dont chacun sera assez homogène, mais qui seront très différents les uns des
autres. Vous obtiendrez ainsi des comparaisons intéressantes.
2.Posez au groupe une question d’ordre assez général (par exemple, «Quel impact pensezvous qu’une intervention particulière a eu sur l’utilisation durable des sols?»).
3.Discutez de cette question durant la période de temps que vous vous êtes fixée à l’avance,
soit une ou deux heures au maximum. Le facilitateur n’interviendra que très peu, uniquement pour s’assurer que toutes les personnes qui veulent s’exprimer peuvent le faire. II
vous sera peut-être nécessaire de répéter de temps en temps la question en utilisant des
mots différents ou de vérifier que tout soit bien clair.
4.Prenez des notes détaillées du débat. Il est plus facile d’animer un groupe de discussion
à deux - l’un pour animer la discussion et l’autre pour prendre les notes. Vous pouvez
également enregistrer la discussion mais vous vous heurterez alors au problème habituel
de transcription, qui prend du temps et a un effet inhibiteur sur le groupe.
5.Un moyen de vous assurer que l’information recueillie est fiable est de continuer à organiser des
séances de groupe différentes jusqu’à ce que les données recueillies deviennent répétitives.
Conseils pratiques d’utilisation
Si l’animation du groupe est bonne, cette méthode peut permettre d’obtenir des informations détaillées. Elle favorise en général la richesse des réponses et vous offre également
une précieuse occasion d’observer les discussions et de mieux comprendre les comportements, les attitudes, le langage et les sentiments.
Toutefois, animer un groupe de discussion demande un savoir-faire considérable - pour
animer le groupe et pour produire un compte rendu fidèle des réponses. La dynamique de
groupe, notamment l’impact qu’auront les timides, les dominateurs, les perturbateurs, etc.
peut faire obstacle au bon déroulement de la discussion. Le facilitateur doit faire particulièrement attention à cette problématique pour faire bien participer tous aux séances.
Cette méthode peut être utilisée pour dégager un consensus. Toutefois, un petit groupe
ne peut être représentatif de toutes les opinions, par exemple d’une organisation ou d’une
communauté. Par ailleurs, si le groupe n’est pas assez homogène, les désaccords peuvent
être très importants. Réfléchissez donc bien à sa composition.
Cette méthode peut vous fournir des informations bien ciblées plus rapidement et généralement à moindre coût qu’en faisant appel à une série d’informateurs clés ou d’enquêtes
sociales plus structurées.
16. PSEP- guide électronique d’information- planification, suivi-évaluation participatifs au service de l’impact”.
68
• Entretiens individuels
Des entretiens Individuels sont en général conduits par un interviewer utilisant un guide d’entretien semi-structuré. Des entretiens individuels avec des informateurs clefs (comme des décideurs, des leaders communautaires ou des leaders religieux) peuvent être particulièrement utiles
pour explorer leurs avis individuels et leurs expériences quant au danger des mines et ENE dans
le pays ou leur communauté. Des entretiens individuels peuvent être plus appropriés que des
« Focus group discussion» pour obtenir des informations sur des sujets sensibles, comme le fait
de devoir passer par des zones minées ou de devoir toucher des ENE pour en récupérer le métal
ou l’explosif. Des entretiens peuvent être conduits pour apprendre « Comment l’on a commencé à
traverser des zones minées », « Comment l’on perçoit le danger des mines », « Pourquoi certains
engins ne représentent pas pour eux un réel danger », « Comment parties des engins ou mines
peuvent leurs servir à toute autre chose dans leur vie quotidienne ». Les entretiens sont importants pour parvenir à une compréhension approfondie des questions qualitatives en particulier. Ils
servent à comprendre (et non à mesurer) les usages et traditions liés à la présence des mines et
la parole étant libre (bien que guidée par une série de questions) ces entretiens sont utiles pour
évaluer, par exemple, les répercussions qui n’avaient pas été prévues (positives ou négatives), les
opinions concernant la pertinence et la qualité des interventions, etc.
• Rencontre de travail avec les parties-prenantes
Des réunions et rencontres avec les parties prenantes peuvent être tenues avant ou après la CAP
pour différentes raisons. Il faut de toute manière choisir stratégiquement ceux qui seront ou qui
sont déjà nos partenaires dans le combat contre les mines (associés d’organisations non-gouvernementales, les représentants du Centre Anti-Mines (MAC) ou d’une autre institution gouvernementale et des leaders d’opinion communautaires).
Ces échanges peuvent permettre d’introduire l’étude CAP et leur laisser une opportunité de participer au développement de la stratégie d’implémentation. On peut aussi imaginer des exercices/
ateliers de groupe à réaliser lors de ces rencontres afin de renforcer les actions d’une manière
coopérative. Ces ateliers sont une manière de partager les informations, d’améliorer la coordination er d’explorer des occasions nouvelles d’implications, de partenariats, tout en démultipliant
les informations sur les ressources existantes.
• Observation directe
L’observation directe peut fournir des informations sur des comportements réels, comme des
sujets discutés en famille ou en communauté sur le sujet des mines. L’observation peut aider à
découvrir comment les acteurs observés interagissent, qui sont les porte-paroles, quelles informations sont transmises et quelle communication non-verbale pourrait révéler leur interrelation.
Cette technique est vivement recommandée pour l’étude des « Pratiques ».
Toutes ces méthodes exigent d’être bien documenté sur le sujet et de s’approprier les méthodes
analytiques qualitatives. Chaque méthode correspond à un certain type de questions et devrait
être usitée en fonction de ses avantages et inconvénients dans la conduite de votre recherche.
69
Entretiens semi-structurés17
Comment procéder
1.Définissez l’objet de l’enquête et les informations que vous souhaitez en tirer et élaborez
une liste de questions ouvertes pour l’entretien. Les questions doivent être formulées de
manière à ce que les personnes interrogées puissent exprimer leurs opinions au cours
de la discussion. La présentation des questions en séquence logique permettra le bon
déroulement de la discussion. Voir le tableau ‘Exemples de formulation de questions,
méthode Questionnaires et enquêtes’, pour avoir des idées sur la manière de libeller utilement les questions.
2.Décidez qui devra être interviewé, combien de personnes doivent être comprises dans
l’échantillon et si les entretiens doivent être menés individuellement ou en groupe.
3.Constituez une équipe et assurez la formation de ses membres pour que ces derniers
comprennent bien l’objet de ce travail et acquièrent les compétences appropriées (comment favoriser la discussion, prendre des notes précises et utiles, etc.). Dans la mesure
du possible, il vaut mieux que les entretiens semi-structurés soient effectués par deux
personnes, dont l’une mènera la discussion et l’autre prendra des notes détaillées. Vous
pouvez enregistrer les entretiens, mais cela peut être très inhibiteur pour les personnes
interrogées et la transcription ultérieure est très exigeante en temps.
4.Testez au préalable les questions pour vous assurer qu’elles sont appropriées et suffisamment précises, et que les réponses permettent d’effectuer une analyse utile.
5.Si vous effectuez des entretiens de groupe avec plus d’un enquêteur, il pourrait être utile
d’organiser à la suite de l’entretien une brève discussion interne sur la dynamique de
l’entretien, pour évaluer la validité des réponses et décider si les questions ou leur enchaînement doivent être revus.
6. Analyser les renseignements issus des entretiens.
a) Faites un bref résumé de ce que dit chaque personne.
b) Examinez les réponses. Lorsque vous en avez examiné à peu près 25%, notez les points
les plus fréquemment mentionnés. Usez ensuite toutes les réponses et enregistrez combien de personnes ont parlé de chacun de ces points principaux. Ou bien, par exemple,
répartissez les réponses entre les «pour» et les «contre» ou répartissez-les de manière à
montrer les divers degrés d’enthousiasme sur un sujet.
c) Relevez toute citation importante pour souligner certains points.
d) Demandez à quelqu’un d’autre de regarder également les réponses pour éviter que votre
subjectivité ne prenne le dessus lors de l’interprétation des réponses.
e) Numérotez chaque personne ayant répondu.
f) En suivant la liste des points que vous avez dressée à l’étape b) ci-dessus, numérotez les
points principaux. Grace à ce système de codage, classez par ordre de priorité, résumez
puis analysez les renseignements.
17. PSEP- guide électronique d’information- planification, suivi-évaluation participatifs au service de l’impact”.
70
Conseils pratiques d’utilisation
Les entretiens semi-structurés peuvent aisément être utilisés parallèlement à une autre méthode. Par exemple, vous pouvez suivre un transect (voir méthode ‘Transects’) en compagnie de producteurs avec lesquels vous effectuez un entretien semi-structuré. L’entretien
semi-structuré peut être une façon plus détendue d’obtenir des renseignements que par
questionnaires. De plus des sujets non prévus peuvent surgir et s’avérer très intéressants.
Toutefois, ces renseignements peuvent ne pas être suffisamment précis pour permettre une
analyse statistique.
Outre que cela demande du temps, il est également plus difficile de faire une synthèse des
renseignements issus des questions ouvertes pour en tirer des résultats précis. Il peut aussi
être difficile de bien garder le cap durant l’entretien, ce qui rend difficile la comparaison
entre différents entretiens. Une bonne prise de notes est particulièrement importante pour
rendre l’interprétation possible.
Investissez du temps et de l’argent dans la formation de ceux qui conduiront les entretiens
semi-structurés. La formation devra porter sur la préparation de l’équipe, le contexte de
l’entretien, le fait de savoir écouter, de savoir poser les questions, de savoir apprécier les
réponses, de prendre des notes et d’effectuer un examen autocritique.
Les équipes en charge des entretiens de groupe doivent être attentives à certains détails,
par exemple il faut utiliser un langage simple et évitez le jargon ou les expressions techniques pour être certain que tous les membres du groupe comprennent bien les questions.
Il faut se renseigner à l’avance sur ce qui pourrait être politiquement ou culturellement sensible car ce type de sujets peut susciter de vives émotions et entraîner des conflits au sein
du groupe.
71
Conclusion
L’étude CAP est directement reliée à la programmation et à l’évaluation des activités d’éducation
à la prévention des accidents par mines ou ENE. Les données rassemblées dans des études CAP
sont nécessaires pour fournir une base d’information, des évidences pour donner la priorité à certaines interventions et rassembler des informations spécifiques sur les connaissances, attitudes
et pratiques des communautés impactées par les mines et ENE.
La conduite d’une étude CAP enrichit et informe la conduite d’activités contre les mines et
fournit aux chefs de projets et organisations œuvrant dans la réduction des accidents par
mines et ENE une base crédible pour la prise de décisions stratégiques. Les études CAP
fournissent la ligne de bases et les mesures complémentaires d’efficacité pour mettre en
place des Programmes d’Education à la Prévention des Accidents par mines et ENE.
Les six étapes et les outils présentés dans le guide devraient être adaptés pour répondre aux
besoins des programmes. Le guide encourage aussi l’utilisation de méthodes de recherche supplémentaires (comme l’observation ou les discussions de groupe) pour compléter les données
rassemblées par le questionnaire de l’étude CAP. L’utilisation d’un questionnaire combinée avec
des recherches complémentaires plus qualitatives permet d’obtenir des résultats plus complets
qui pourront être utilisés de manière efficace pour soutenir les stratégies d’actions contre les
mines locales, nationales, et mondiales.
72
Bibliographie
•Advocacy, communication and social mobilization for TB control “A GUIDE TO DEVELOPING
KNOWLEDGE, ATTITUDE AND PRACTICE SURVEYS”, World Health Organization, 2008
http://whqlibdoc.who.int/publications/2008/9789241596176_eng.pdf,
•L’enquête épidémiologique, Handicap International, France 2006, par Patrick Jullien,
•KAP analysis 2004-2005, MRE impact Monitoring in Afghanistan
http://www.intersos.org/KAP%20analysis%202004-2005.pdf,
•Knowledge, attitudes, practices related to Landmines and Unexploded Ordnance, North
West Zone Somalia, january 2007,
•MRE knowledge, Attitudes and Practices Survey in Northern Iraq 2008-08-06,
•Concept Note for Knowledge Attitude Practise Survey in Northern Iraq,
•Workshop Report Consultation with MRE stakeholders on Review of gaps and analysis of
Mine Risk Education Material 21-24 January 2007 Amman,
•Proposition pour un programme de sensibilisation mines pour les populations réfugiées,
mission exploratoire dans les camps de réfugiés de la région 5 en Ethiopie 24/11/94 au
22/12/94. Dicquemare Philippe, Hirard Patrick, Handicap International internal document,
janvier 1995,
•HIV and AIDS Knowledge, Attitude, Practices and Accessibility Study, final report for HI,
The steadman group, November 2007,
•Guide pour mettre en œuvre un PEPAM, HI,
•Evaluating the impact of MRE projects, HI’s experience,
•Evaluation Report for Handicap International France, Strengthening and Promoting
Associations and Community Networks for Sustainable Mine Risk Education,
•Document de positionnement sur l’ER/RE Policy statement, Handicap International, August
2007,
•International Mine Action Standards Mine Risk Education Best Practice Guides book 8
Evaluation, Geneva November 2005,
•Guide méthodologique, l’évaluation de l’impact, Prise en compte de l’impact et construction
d’indicateurs d’impact. Fond pour la promotion des études préalables études transversales
73
évaluations, juin 1999,
•Evaluation du programme prévention des accidents par mines de l’UNICEF au Sénégal
(Casamance) 1999-2005, conclusions principales et stratégies futures, Décembre 2005,
Ziguinchor. UNICEF.
/
Pour les activités complémentaires de la recherche
•« PSEP- guide électronique d’information- planification, suivi-évaluation participatifs au
service de l’impact”
http://portals.wi.wur.nl/ppmefr/?Entretiens_semi-structurés
•Participatory survey methods for gathering information
http://www.fao.org/docrep/W8016E/w8016e01.htm#knowledge,%20attitude%20
and%20practice%20surveys
/
Pour en savoir plus sur l’éthique de la recherche
•Comité d’éthique de la recherché avec des êtres humains de l’Université Laval
http://www.cerul.ulaval.ca/
•L’Éthique en direct ! @IRSC
http://www.cihr-irsc.gc.ca/f/29083.html
/
Pour des techniques de capitalisation
•VILLEVAL Philippe. Learning and sharing experience: lessons for learning processes in
NGOs/Capitalisation d’expériences... expérience de capitalisations : comment passer de
la volonté à l’action ? in Traverses, n° 15, Octobre 2004, 46 p. (Localisation : 516.VIL)
Based on experiences of HI and the GRET, this document provides insights conceptual and
methodological benchmarks for implementing approaches of «capitalization of experience.»
In english : http://www.handicap-international.fr/fileadmin/documents/publications/
TraversesUK.pdf
A partir d’expériences de HI et du GRET, ce document apporte des éclairages conceptuels
et des repères méthodologiques pour mettre en œuvre des démarches de « capitalisation
d’expérience ».
En français : http://www.handicap-international.fr/fileadmin/documents/publications/
Traverses.pdf
•ZIEGLE Cécile. Appui à la mise en œuvre et au suivi d’une démarche de capitalisation
d’expériences, Coordination Sud, 2004, 5 p.
Ce document pose les questions à se poser lors d’une démarche de capitalisation.
Accessible sur internet :
http://www.coordinationsud.org/IMG/pdf/demarche_capi_site_15_07.pdf
/
Pour les techniques d’échantillonnage
•http://www.statcan.gc.ca/edu/power-pouvoir/ch13/prob/5214899-fra.htm
Statistique Canada
- l’échantillonnage aléatoire simple;
- l’échantillonnage systématique;
- l’échantillonnage avec probabilité proportionnelle à la taille;
- l’échantillonnage stratifié;
- l’échantillonnage en grappes;
74
- l’échantillonnage à plusieurs degrés;
- l’échantillonnage à plusieurs phases.
/
Pour élaborer le questionnaire :
•http://coe.sdsu.edu/eet/Articles/surveyquest/index.htm
•http://translate.google.fr/translate?hl=fr&sl=en&u=http://coe.sdsu.edu/eet/Articles/
surveyquest/start.htm&sa=X&oi=translate&resnum=1&ct=result&prev=/search%3Fq%3D
Likertscale%2Bquestion%26hl%3Dfr
/
Pour le contrôle de la qualité des données
http://www.childinfo.org/files/Survey_Quality_Control.ppt#261,6,NonResponsesurvey
quality control
75
Annexe A
Comment savoir quel type de questions utiliser ?
Type de question
Utilisé pour...
Question ouverte
Rompre la glace dans une interview, lorsque mots eux-mêmes des répondants sont
importants, lorsque l’interviewer ou le chercheur ne sait pas toutes les réponses possibles.
Question fermée
Classement des données collectées ordonné, quand tous les choix de réponse sont
connus; des résultats statistiques quantitatifs sont souhaités.
Échelle de Likert
Pour évaluer le sentiment d’une personne sur quelque chose.
À choix multiple
Quand il ya un nombre limité d’options (prendre garde à bien informer les répondants
sur le nombre de réponses à sélectionner).
Ordinal
Pour comparer des choses à d’autres choses.
Catégorique
Lorsque les réponses sont catégorisées, et que chaque répondants doit tomber dans
seulement l’une d’entre elle.
Numérique
Pour les nombres réels, comme l’âge, le nombre de mois, etc.
76
Annexe B
Cycle du projet CAP
• Déterminer les objectives
• Identifier les groupes cibles
• Etablir les questions
• Etablir l’instrument pour la collecte des données
• Etablir la meilleure méthode d’échantillonnage
• Mettre en ouvre l’échantillonnage
• Recrutement des agents de collecte
• Formation des agents de collecte
• Suivi des équipes de collecte
• Insertion des données dans la base des données
• Analyse des données
• Ecriture du rapport final
• Présentation des résultats de l’enquête
77
Annexe C
Exemple de questionnaire CAP
In light of the Mine and Unexploded
Ordnances Presence
Chechnya, RF
Survey on Knowledge, Attitudes, Practices
2004, UNICEF
Drugs
Bombing, fighting and other attacks/aggression related to the conflict
Lack of financial resources
Alcohol
Unemployment
Don’t know
Questionnaire N°:
Date of interview: _ _________________________
Name of the interviewer: ____________________ 2. Since 1996,
A) Have you already been in an abandoned
Presentation of the interviewers: hello, how are building (or factory)?
you ? Our names are X and Y, we’re working B) Have you already been into a forest?
for the Ministry of Education, the NGO? and C) Did you already collect scrap metal?
UNICEF. If you agree, we would like to ask you
D) Have you already been in abandoned military
some questions in order to know how to preplace or battle area?
vent certain type of injuries. This questionnaire
is used with other people chosen randomly in E) Did you already see somebody playing with
the area but also all over Groznenskyi district. It an uxo?
will not be used at an individual level and it is not F) Did you already take abandoned tracks?
a test. We do not need your name or address, G) Did you already take an uxo in your hands?
so it will be confidential, feel free to speak! Try H) Have you already been in an unused field out
to answering as exactly and as honestly as pos- of the village/city?
sible and do not hesitate to tell us if a question
or a word is not clear... we can explain them to
you! Are you ready to take part in the interview? Yes, No, Don’t
once several times never remember
1. Among the list of problems mentioned below, according you, which are the two main
problems that affect the most your village/
town/city?
Disease
Crime
Lack of freedom for movements
Mines and unexploded ordnances (uxos)
Lack of entertainment
Now, I will ask you several questions about the
problem of mines and uxos...
3. in the area where you live, are there places
where you can’t go because of the mines or
uxos?
Yes If yes, A) what kind of places? :
__________________________________________
78
8. Did you already see a real landmine?
No_ ____________________________________
Don’t know
Yes, once
Yes, several times
No, never
Don’t remember
B) Despite this situation, have you been in this
(these) place(s)?
Yes, once
Yes, several times
If yes, A) Describe the object(s) [shape, colours]:
No, never
__________________________________________
__________________________________________
Don’t remember
4.Please, give two examples of indications
that an area may be affected by landmines:
If yes, B) In which sort of place(s)?:
__________________________________________
__________________________________________
A) ________________________________________ 9. Imagine you find an attractive uxo, what
B) ________________________________________ would you do? (only one answer)
Don’t know
Carefully take it and bring it to adults
5. “If one day you see an anti-personnel
Throw it away
mine on your way, to prevent you from an inCarefully, try to dismantle it UNICEF Northcident, you will not approach it but carefully Caucasus - Mine Action - KAP survey 39
go round it and continue your way”. Do you
Carefully, try to burn it in order to destroy it
agree with this?
Carefully, hide it in a safe area
Leave it there and report the information to
Yes, fully agree
the adults
Yes, fairly much agree
Don’t know what I would do in this kind of
No, fairly much disagree
situation
No, completely disagree
Other: __________________________________
Don’t know
6. Do you have mine victim(s) [not uxo-victims] in your family?
Yes If yes, whom? [no names]: ____________
__________________________________________
No
7. Do you have mine victim(s) [not uxo-victims] among your friends?
Yes
No
If yes, how many? : _________________________
10. Did you already see a [real] warning sign
for mines?
Yes, once If yes, where? : _________________
Yes, several times
No, never what kind of signs? : ____________
__________________________________________
Don’t remember
11. Have you already done something to
avoid a mine-uxo incident?
79
Yes
No
Don’t remember
If yes, what kind of action? :
months
__________________________________________
Not these last 12 months
__________________________________________
Don’t remember
12. Has anyone you know done something to Surveyor : Read the boxes, do not give examples
avoid a mine-uxo incident?
15. If you have received material about the
danger of mines and uxos, do you still have
this material?
Yes
No
Don’t remember
Yes If yes, which material? :_ ______________
If yes, what kind of action? :_ ________________ __________________________________________
__________________________________________
No
13. Did you get any sort of information or
Don’t remember
lesson about the danger of mines and uxos?
16. If yes, do you use it?*
Yes
No
Don’t remember
Yes If yes, how do
…………………………………
No
If yes, explain what was the source of informaDon’t remember
tion (several answers possible):
you
use
it?:
17. The messages you have learned about the
People, Whom? (give details):______________ mines and uxos are useful for you (they can
__________________________________________ really
help you to avoid an incident)?
Material, What kind? (give details):_ ________
__________________________________________
Yes, fully agree
Yes, fairly much agree
No, fairly much disagree
No, completely disagree
Don’t know
Activities, What kind? (give details):_________
__________________________________________
Others, What kind? (give details):___________
__________________________________________
18. Nowadays, to save yourself from a mines14. If yes, considering ALL of sources of in- uxos incident, what is the most important
formation you could have on MRE, how of- message you should apply?
ten have you been informed for the last 12 __________________________________________
months?
__________________________________________
Around daily
Around weekly
Around monthly
Around once during the last 12 months
Around twice during the last 12 months
Around three to ten times during the last 12
19. Why do you think some people your age
don’t apply the safety messages to prevent
mines/uxos incidents?
__________________________________________
__________________________________________
80
20. Do you think you need more MRE?
experts », « les autorités locales », « les démineurs ». Tout dépend du contexte de l’étude et
du type d’informations que vous souhaitez obYes
tenir !
No
Les données pourront ainsi être analysées séDon’t know
parément Le même questionnaire peut bien
évidemment être utilisé pour « les hommes »,
21. Do you know a mine affected village/ « les femmes », « les couples », « les membres
town/city who have succeeded in protecting de la famille ». De même pour « les experts »,
themselves from mine incidents?
« les autorités locales », « les démineurs ».
Yes
No
Don’t remember
A) If yes, what was the problem? :
__________________________________________
__________________________________________
B) What has been done to solve the problem? :
__________________________________________
__________________________________________
22.Age: ___________________________________
23.Sex:____________________________________
24.District origin: __________________________
25. Is there any comment or concern you
would like to add about the subject of mines
and uxos?
__________________________________________
__________________________________________
UNICEF North-Caucasus - Mine Action - KAP
survey.
__________________________________________
__________________________________________
After the completion of the interview, if the student has responded with wrong messages (related to wrong behaviours), do not leave him
with them. Correct verbally each message!
Il est cependant possible de regrouper les catégories de populations en fonction de leurs
caractéristiques communes et de réaliser un
seul et même questionnaire par catégorie (« catégorie homme » et « catégorie femme », « les
81
Annexe D
Exemples de questions sur les Connaissances, Attitudes,
Pratiques et Croyances
General perception of what mines and UXO
are and their effects: Q1 & 4
12. If you see a friend or family member lying
injured in a Minefield, what would you do?
1. Do you know what Mines and UXO are?
13. Some people take risks going into dangerous areas, according to you why does this
happen?
Source of MRE info Q.2
2. From what source did/do you receive infor14. How can you avoid a Mine/UXO accident?
mation about Mines/UXO?
3. Are mines/UXO currently a problem for you
and your family, are they affecting normal life?
Perception of Mines Risk Education Q15&Q16
15. Have you changed your behaviour in any
way after a Mine awareness presentation?
4. What can Mines/ UXO do?
5. Where mines and UXO are most likely to be?
6. Wich are the signs that indicate you that there
are Mines or UXO in a certain area?
The impact of mines in everyday life: Q3 Q7
Q8 Q9 Q13
16. Have you seen evidence of changes in behaviour by other people around you directly as
a result of a Mine Risk Education presentation?
General perception of what mines and UXO
are and their effects: Q1 & 2
1. Do you know what Mines and UXO are?
7. Are there Landmines/UXO in your village or in
the surrounding areas?
2. What can Mines/ UXO do?
8. How do you know that ?
Source of MRE info Q.3
9. Did Mine/UXO accidents occur in the past in
or around your village?
3. From whom did you receive information
about Mines/UXO?
11. What would you do if you think you are in a The impact of mines in everyday life: Q4 Q7
Q8 Q9 Q16
Minefield?
82
4. Some people think Mines are problem, other
don’t. Are mines/UXO currently a problem for
you and your family, affecting your normal life?
The casual attribution and feeling about
mines/UXO: Q.10-11
Attitudes and believes
10. Do you believe everything happen because
of : Choice, Lack of knowledge, The destinity/
Fate, God will, Other(specify)
11. How do you feel when there is a Mine incident? (anger, sadness, fear, resignation, indifference, other)
12. In your opinion, who is responsible for Mine
incident? (yourself, demining organization, the
government, the destiny, God, others)
16. Some people take risks going into dangerous areas, according to you why does this
happen?
83
HANDICAP INTERNATIONAL
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